Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Sophie et Sébastien, « le pacte des amants diaboliques »

Europe 1 Europe 1 10/28/23 - 38m - PDF Transcript

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On de l'âtre à compte.

Christopher Delathe.

En 2013, Sophie Richard et Sébastien Chanteurot, 24 et 26 ans, sont amants.

Mais elle est mariée.

Après trois mois et demi de romance, il décide de tuer le mari gênant.

C'est lui qui l'a achevée à coups de pioche.

C'est elle qui a tout manigrancé.

Ouvrons ensemble la Côte B du dossier d'instruction

de Sophie Richard et Sébastien Chanteurot.

Europe 1, Christopher Delathe.

Dans le système judiciaire français,

le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues

et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

On de l'âtre à compte.

Côte B sur Europe 1.

En octobre 2013, à Somsweep, dans la marne,

Sophie Richard, mariée à un militaire, s'ennuie.

Alors pour ton mère de famille de deux jeunes enfants,

elle va voir si l'herbe est plus verte ailleurs.

Grâce à un site de rencontres sur Internet,

elle tombe amoureuse de Sébastien Chanteurot.

Trois mois et demi plus tard, les amants élaborent un plan diabolique.

Se débarrasser du mari gênant.

Plus c'est, bref, comme rencontre,

plus l'intensité ou l'organisation criminelle est sophistiquée.

Jean-Luc Ployé, expert psychologue.

Quand on élabore ce type de pacte,

c'est effectivement, je vais être ton héros, en quelque sorte.

Tu marmes le bras, je le sais, mais en même temps,

je vais le faire, parce que tu me le demandes.

C'est quelque part un discours comme ça qu'on entend.

C'est une pseudo preuve d'amour, en quelque sorte.

Et donc ça, c'est redoutable en matière criminelle, si vous voulez.

Il y a aussi une espèce de surenchère.

Quand on rencontre quelqu'un, manifestement,

l'autre veut se positionner de façon la plus positive possible.

On n'est pas dans le passionnel, mais on est dans l'irrationnel, en quelque sorte.

Parce qu'évidemment, quand nous, on a de la distance,

quand on essaie d'observer ça à distance comme ça,

on se dit, mais c'est pas possible.

En trois mois et demi, ils ont pu élaborer ça, c'est invraisemblable.

Oui, mais c'est la réalité quand même.

S'ils se confirment, le scénario est digne d'un mauvais film de série B.

Les enquêteurs se dirigent vers la thèse du drame familial

pour le meurtre du sergent mécanicien Julien Tevenet, 24 ans,

dont le corps a été retrouvé le 26 janvier dans son garage.

Le corps de la victime massacré à coups de pioche

a été découvert au domicile familial de Somsweep par son épouse et un voisin.

Le crime devait être parfait en faisant croire à un cambriolage qui aurait mal tourné.

Mais très vite, leurs soupçons se sont portés sur les deux amants

en cause des contradictions durant leur déposition

ainsi que la mise en scène apparente des lieux du crime.

Avant d'aller voir les protagonistes en quelque sorte,

je ne connais pas le dossier, ça ne m'intéresse pas.

Je le lis après tout simplement parce que quand je vais les voir,

je ne veux pas être influencé par quelques éléments que ce soit du dossier.

C'est une façon de travailler.

J'ai des collègues qui travaillent de façon complètement différente

qui disent qu'il faut absolument connaître le dossier avant.

Moi, ça fait 35 ans que je pratique comme ça.

Par contre, je vois que c'est effectivement un assassinat,

une complicité d'assassinat, donc c'est un couple.

Donc moi, ça m'intéresse beaucoup à la fois

d'analyser la personnalité de l'un et de l'autre,

mais surtout en matière expertale pour expliquer au juré

ce que j'appelle la systémie du coup,

c'est-à-dire comment ça fonctionne l'un par rapport à l'autre.

Donc là, ce qui m'importe moi, c'est de les voir le plus rapidement possible,

l'un et l'autre.

Je ne peux malheureusement pas les voir en même temps,

ce qui m'aurait fort intéressé si vous voulez,

mais je ne peux pas le faire.

Juridiquement, je ne peux pas le faire, je n'ai pas le droit.

Je pense que je les ai vus à peu près à l'intervalle d'une dizaine de jours.

Moi, je les vois un moment donné où manifestement,

Mme Richard me dit que c'est M. Chantereau

qui a effectivement commis le crime,

une espèce de déferlement de violence comme ça,

et elle me dit qu'elle, par contre, elle assume le fait

qu'elle lui ait mis un somnifère pour l'endormir le matin,

pour qu'il puisse pas réagir si vous voulez.

Et par contre, M. Chantereau, lui, a un discours très variable

où manifestement, il se rend compte progressivement

qu'il est dans de beaux droits, assassinats,

avec préparation, etc.

Et là, il contourne complètement les choses.

Il inverse complètement les choses.

Mais ça, je le vois souvent dans des affaires comme ça,

de pactes criminelles,

c'est-à-dire qu'il y a une espèce d'entente,

de complémentarité criminelle,

jusqu'à la scène de crime.

Après, je constate pratiquement dans tout ce type de dossier,

c'est chacun pour soi.

La maison d'arrêt de Rince, c'est une toute petite maison d'arrêt

avec une grande cour pavée.

Maître Pierre Lombroseau, avocat de Sébastien Chantereau.

À l'époque, il y avait un potager, même, dans cette cour pavée.

On passe le portique,

et puis on est amenés dans un parloir avocat.

Parloir avocat, c'est une toute petite pièce

qui fait la moitié d'une cellule.

Donc ça doit faire peut-être 4 mètres carrés, quelque chose comme ça.

Toute petite fenêtre, des barreaux, il y a très peu de lumière.

Et on attend que les surveillants aient cherché le détenu

pour que vous puissiez le voir.

Et ce qui est toujours impressionnant,

c'est qu'on est dans une espèce de bulle,

puisqu'on est dans cet tout petit espace

qui est un petit peu éloigné du reste.

Et on entend des clés, on entend des cris,

on entend des bruits.

Et à chaque fois qu'on entend un bruit,

ou un bruit de clé, on se dit, ça y est, il arrive.

Et on est toujours un peu traqueux

avant de voir pour la première fois un client,

parce qu'on se demande comment il va être,

s'il va nous plaire, si on va lui plaire,

s'il y a une relation qui va pouvoir s'instaurer.

Donc on est toujours un peu, pas sur la défensive,

mais on est toujours inquiets

de comment ça va se passer la première fois.

Et le surveillant vous amène cet homme.

...

Alors là, Jean Tro, il est très ténébreux,

il est très tésueux ou taisant,

en même temps on sent dans son regard

une grande sensibilité, quelque chose de perdu

et le fait qu'il ne se rend pas compte

ou qu'il ne comprend pas bien ce qu'il fait là.

Donc je le fais à soir,

il y a une petite table,

comme une petite table d'école, vous voyez,

et on est de l'un en face de l'autre.

Et à ce moment-là, c'est à moi,

tout de suite je le comprend,

d'entamer la conversation,

parce que lui, il n'entamera pas tout ça.

Et je le pousse pour que petit à petit

il me raconte comment les choses ont pu se passer

et qu'est-ce qu'il a animé

sur le plan psychologique,

qu'elle a été le détonateur

pour ce passage à l'acte.

...

Monsieur Chantreau,

je sais que c'est difficile pour vous,

mais je suis là pour vous aider.

Faites-moi confiance.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

Je ne sais pas moi.

Je ne sais pas.

Je l'aimais.

Je voulais qu'on soit heureux.

Il fallait supprimer son bourreau, c'est tout.

Elle me disait qu'il l'a mal traité.

Alors moi, vous savez, je piquais le beaucoup.

Quand il a fallu tuer,

je t'ai prêt à le faire.

...

Et donc voilà, on commence comme ça,

tout doucement, tout doucement,

parce que c'est vraiment quelqu'un de très timide

et très introverti,

et c'est quelqu'un qui ne fait pas confiance comme ça.

Et en même temps, très gentil,

il doit être très douce.

Aucune manipulation dans sa façon de fonctionner,

très directe.

Il pourra me dire à certains moments

que tuer pour lui, c'était quelque chose d'évident.

J'ai jamais connu quelqu'un qui disait ça.

Enfin, tous les clients que j'ai eu,

même si peut-être ils le pensaient,

ils ont toujours eu une certaine retenue,

même vis-à-vis de leurs avocats.

Ils vont pas leur dire spontanément,

finalement, je dois te dire,

j'ai pris du plaisir.

C'est quelque chose qui n'existe pas.

...

C'est un type qui m'a fait, en même temps,

froid dans le dos,

par cette espèce de côté un peu comme ça,

glacial et détaché de la réalité des choses,

de l'incompréhension de ce qui s'était passé.

Et puis de cette façon évidente,

pour lui, il a tué.

Il aurait été faire ses courses ce matin-là.

Je vais exagérer, mais c'était un peu la même chose.

...

Et donc on le prend pour, au départ,

pour quelqu'un de dangereux,

de néanmoins humains

et en même temps,

qui a une espèce de... qui glace.

Donc on se quitte,

et je me dis,

il va y avoir du travail.

D'un côté, je suis complètement...

En vrai, c'était une des premières fois.

Je suis complètement bouleversé par ce type.

Donc je me dis,

il va falloir que je commence à travailler avec lui

sur sa personnalité

pour ou la comprendre totalement

et être capable de l'exprimer

vis-à-vis d'un juge

ou d'une cours d'assisage un jour.

Et donc il va falloir beaucoup travailler

et puis il va falloir beaucoup travailler avec lui

sur la façon qu'il va se présenter

parce que si il se présente comme ça

devant un juge d'instruction

ou devant une cours d'assisage,

c'est perpétuité.

...

Le psychologue Jean-Luc Ployer

est mandaté pour comprendre le fonctionnement du couple.

Il rencontre d'abord Sophie Richard.

À 24 ans,

une femme froide

sans une once de remords.

...

Je suis mandaté pour aller voir madame Richard.

Donc je la vois, si je me souviens bien,

à la maison d'arrêt de Chalon Champagne,

dans la marne.

Enfin, je l'ai vu deux fois d'ailleurs

parce qu'elle m'avait tout à fait

quelques questions complémentaires à lui poser.

La première fois, je la vois.

Je sais simplement qui elle est,

quel âge elle a,

et qu'est-ce qu'on lui reproche

d'avoir des faits, c'est-à-dire complicité d'assassinat.

J'ai repéré d'une part

une adhésion à l'expertise,

c'est-à-dire qu'elle était relativement courtoise,

elle était paraîtissante,

en quelque sorte.

Son amant l'a été beaucoup plus

dans un premier temps, en tous les cas.

Mais elle était très contrôlée

et j'avais repéré une espèce de mise en place

chez elle de carapace, comme ça,

où c'était très difficile de fissurer cette carapace.

Ce qui m'a tout à fait étonné,

quand je la vois la première fois,

c'est sa prestance,

sa vigilance.

Elle est extrêmement consciente

de l'enjeu même de l'expertise,

si vous voulez.

Et à aucun moment de l'expertise,

pour ça que je vais la revoir,

j'ai vu chez elle

ce que j'appelle une vibration émotionnelle.

C'est quand même pas rien.

Elle est là pour complicité d'assassinat,

son mari qui est mort,

sur la scène de crime,

il y avait également ses enfants qui étaient présents.

Elle est incarcérée.

Et en règle générale,

on observe souvent chez ce type de personnage,

ce qu'on appelle un syndrome dépressif réactionnel,

soit l'incarcération,

soit au fait, soit l'instruction,

elle, pas du tout,

dans le contrôle totalement.

Donc ça, ça m'a beaucoup intéressé.

C'est ce que j'ai perçu immédiatement.

Son comportement, ses postures, ses attitudes,

ses réactions au moment de l'expertise,

j'ai un peu l'habitude quand même,

aucun achéprise.

En permanente, elle était sous le contrôle,

alors qu'elle est très jeune.

À la 24 ans, au moment où je la vois,

manifestement,

c'est quand même,

effectivement, c'est ce qui m'a questionné le plus

en quelque sorte par rapport à sa personnalité.

Très structurée, très organisée.

Alors, c'est pas des mots en l'air en matière criminelle.

Ça veut dire que

compte tenu de ce potentiel-là,

elle peut mettre en place

une organisation criminelle

relativement structurée

ou sophistiquée, si vous voulez.

Côte B10-0-70

Expertise psychologique

de Jean-Luc Ployer.

Quant à son rapport à la culpabilité,

Mme Richard est sans expression

émotionnelle, explicite

ou spontanée.

Elle va regretter le fait d'avoir administré

un subnifère à son mari

et de ne pas avoir appelé les secours.

En revanche, elle n'évoque pas

le décès de son mari

et en éventuelle traumatisme

sur ses enfants.

Je dis, Mme Alain, vous êtes mis en examen

pour complicité d'assassinat.

J'insiste sur le terme complicité

pour voir un petit peu comment

elle va se positionner par rapport à ça.

Immédiatement, elle assume

en quelque sorte sa responsabilité criminelle

au niveau de la préparation,

au niveau de l'intentionnalité,

voire de la préméditation

pour que son mari disparaisse.

Après, elle va rationaliser

les choses en disant

si j'ai pris cette décision-là,

c'est parce que

Sébastien Chantrault m'a expliqué

qu'en fait, mon mari, il était violent

et qu'il fallait que je fasse attention

donc il fallait que

le supprimer en quelque sorte.

...

J'ai recherché aussi s'il n'y avait pas

dans son parcours de vie

notamment dans ses conditions d'enfance, adolescence,

d'éducation, en quelque sorte

des éléments

qui auraient pu participer

d'une façon ou d'une autre

à la jeunesse des fesses, c'est une question qui nous est posée.

Alors en ce qui la concerne

manifestement,

c'est l'aîné d'une fratrice 4 enfants

d'après ce qu'elle m'a dit,

avec ce que j'ai appelé dans mon jargon

une problématique névrotique, mais relativement banale

comme des millions de personnes peuvent en avoir.

Ce n'est pas cette problématique là qui va la pousser

à commettre ces fesses-là, si vous voulez.

En disant qu'elle était plutôt malheureuse

quand elle était plus jeune

notamment dans son fonctionnement familial

elle était complexée

par un problème physique

elle dit que je n'ai pas eu d'adolescence

car j'étais petit et grosse

avec l'équivalent de ce qu'on appelle maintenant

une forme de harcèlement

notamment scolaire

elle précisera qu'elle était un peu

boucémissaire du collège

est-ce la réalité

est-ce une façon de se victimiser

ça c'est autre chose

et donc après ce qui m'intéresse

c'est que très vite quand même

puisqu'au moins on défait à les jeunes

mais très vite elle se précipite

dans une espèce d'autonomie

de prise d'autonomie d'indépendance

par rapport à son milieu familial

et donc là

à 16 ans elle rencontre un premier homme

Christophe

parce qu'elle voulait absolument

avoir des enfants très jeunes

enfin c'est ce qu'elle me dira si vous voulez

donc il y a eu 4 ans de concubinage

elle a vécu avec cet homme-là

chez ses parents d'ailleurs

dans un premier temps

et elle me précisera qu'il l'onigna la porte

elle s'est retrouvée enceinte

elle a perdu le bébé

elle a eu des débuts

de parentalité difficile si vous voulez

alors je vais poser la question aussi

par rapport à son mari

qui est dans le 2e ou 3e homme

qu'elle rencontre en quelque sorte

et là elle me parle

d'un mari qui la sécurise

qui la rassure, qui la protège

donc c'était effectivement

important

mais elle me dit aussi

qu'il était relativement absent

puisque militaire

et donc ça s'est relativement rapidement

dégradé aussi au niveau du couple

et elle me parlera également

de mise en place

assez rapide de violence

dont elle aurait été victime de la part

de Julien

elle sent que son couple

se dégrade etc alors qu'ils ont des enfants

enfin en bas âge

manifestement elle se confie

à une amie, cette amie lui dit

prend un amant

et c'est ce qu'elle fait très vite

ça se passe de façon intense

en quelque sorte avec cet amant

Côte B1008

rapport d'enquête de personnalité

Sophie Richard

écrit son mari Julien

ainsi

il me disait que j'étais gros c'est moche

je ne me sentais plus aimé

vient ainsi de rencontre

sur internet

elle tombe sous le charme de Sébastien Chanterot

elle dit de lui

il m'a rendu l'amour

c'était un pilier pour moi

mon rayon de soleil

j'étais gentil avec les enfants

nous retrouvions le goût de vivre

j'étais convaincu qu'il était amoureux

de moi et que j'avais enfin

trouvé la bonne personne

Sophie Richard raconte sa vie

de couple à Sébastien Chanterot

elle raconte un enfer

et elle décrit un torsionnaire

un sale mec

mais est-ce la vérité ?

elle se plaint de violences etc

vis-à-vis de son mari

alors que dans le dossier

on se rendra compte que

le mari n'était absolument pas

organisé comme ça

sur la plan de la personnalité

parce que c'était trop

je m'étais guillimé là-dessus

elle l'a décrit de façon inverse

ou alors ce que j'appelle en miroir

c'est-à-dire que c'est plutôt elle

qui fonctionnait dans le couple

dans la toute puissance ou dans la maîtrise

ou dans le contrôle

elle a aussi une conduite

complètement folle avec son mari

elle lui prend sa carte bleue

elle l'empêche d'avoir de l'argent

elle lui donne de l'argent de poche

le mec il est militaire

sur une base

il s'occupe de réparer les hélicoptères

c'est un type érudit

c'est un technicien

il l'accepte

que sa femme lui donne 20 balles

pour vivre et que tout le reste

serve pour soi-disant

le bien de la maison

les gens se rencontrent pas par hasard

elle a rencontré cet homme

avec le même mode opératoire

parce qu'elle l'a rencontré aussi

sur un site de rencontre

elle en a fait une espèce d'esclave

elle a voulu sa mort pour pouvoir bénéficier

de la totalité entre guillemets de sa fortune

et elle s'est servi

on est un peu en miroir

elle s'est servi du même type d'homme

qu'elle pourra

à servir de la même façon

mais cette fois-ci pour exécuter le mari

je ne dis pas qu'elle s'est une grande perverse manipulatrice

ce que je veux dire simplement

c'est qu'elle aussi doit avoir

ses névroses

parce que pour avoir cette haine

parce que finalement inconsciemment

c'est une espèce de haine envers les hommes

et cette volonté de pouvoir dominer

et jusqu'à

jusqu'à tuer

pour pouvoir bénéficier des avantages

qu'un homme peut vous donner

il faut avoir quelques petits problèmes

psychologiques aussi

Les procès verbaux

contenus dans la Côte B de Sophie Richard

révèlent une femme manipulatrice

son amant Sébastien Chantereau

se révèle tout aussi diabolique

sa froideur

va jusqu'à impressionner

son propre avocat

il m'a comme avoué

au bout d'un certain nombre de mois

qu'il avait été lui-même

affolé

de voir qu'il pouvait prendre du plaisir

à tuer

donc des remords il n'en a pas

en revanche des regrets oui il en a

c'est à dire qu'il regrette absolument

d'avoir tué cet homme

parce qu'il s'est rendu compte de qui c'était

au cours de l'audience

qu'il a des regrets de cette fée manipulée par cette femme

et qu'il a des regrets bien évidemment

de se retrouver en prison

encore pour 10 ans

en fait plus on va se rencontrer

plus petit à petit

je vois le petit garçon

en lui petit à petit

c'est un petit garçon

qui se met à pleurer et qui explique

que

il a rencontré cette femme sur internet

qu'il était tombé follement amoureux

qui pensait vraiment qu'il allait

pouvoir vivre avec elle

qu'elle arrêtait pas de lui dire que c'était une femme battue

que son mari était horrible

qu'elle avait pas d'argent

que les enfants étaient maltraités

et que

tout d'un coup c'était devenu comme une mission

pour lui de sauver

cette femme et ses enfants

et il avait enfin quelque chose dans sa vie

pour lequel

il pouvait se battre

et c'est vers elle qu'il a été

dès que le meurtre a été commis

puisqu'il a été déjeuné chez elle

je crois le lendemain à midi

avec cette fameuse Sophie Richard

pour lui demander

de leur offrir ses fameux billets

pour aller à Disneyland avec les enfants

mais c'est quand même la première personne

qu'il a été voir juste après

et je pense qu'il avait besoin

d'une espèce de réconfort

même s'il pouvait pas dire

qu'il avait besoin

et il m'a toujours expliqué

que c'était vraiment ses grands parents

qui l'avaient étayé

mais il m'a expliqué aussi

qu'il avait jamais été réellement étayé

et que le fait

qu'il n'ait pas être figure paternelle

voilà on est

il n'y a pas de grande barrière dans sa vie

il n'y a pas eu de rappel à l'ordre

il n'y a pas eu de le bien

le mal

voilà

Côte B201

rapport d'enquête de personnalité

Sébastien Chanteauro

est admis à un BEP mécanique auto

mais il n'obtient pas le diplôme

il fait des petits boulots

dans des pizzerias ou des pompes funèbres

c'est à cette période

qu'il a ses premières relations

sentimentales

il rencontre Émilie

une jeune femme plus jeune que lui

il a une vingtaine d'années

il va vivre quatre ans avec elle

dans un appartement à Reims

où il n'aura pas le droit de sortir

il n'aura pas le droit d'aller voir

ses grands-parents

il me décrit une espèce

d'appartement dégueulasse

dans lequel personne se lave

tout est sale

il y a des ordures partout et il va vivre quatre ans

là-dedans

et dans cette espèce de relation

complètement sous l'emprise

où il m'expliquait

qu'il ne pouvait pas s'en sortir

et que quand il voulait s'en sortir

il se prenait des coups

de pouvoir supporter, accepter

d'être dans cette espèce

de syndrome abandonnique

qui fait que pour être aimé

on est prêt à accepter

tout et n'importe quoi de l'autre

jusqu'à l'humiliation

totale

et la possession totale par l'autre

c'est impressionnant

donc c'est complètement contradictoire

et paradoxal par rapport à ce que lui

commettra après

et c'est juste après

il va rencontrer Sophie Richard

quelques mois après la rupture

et le fait qu'il est réussi

à partir de cet appartement

et donc

bien évidemment qu'il y a un monde

entre le moment où je le rencontre pour la première fois

et quand on arrive à la reconstruction

c'est le même homme

mais c'est son autre face

Ils sont arrivés l'un après l'autre

Sophie Richard 25 ans

et Sébastien Chantereau son amant 27 ans

devant eux plusieurs heures de reconstitution

dans la maison de Subswipe

où a été tué Julien Tevenet

objectif, mieux comprendre ce qui s'est passé

ici la nuit du 24 au 25 janvier

dernier

l'amant affirme avoir donné les coups mortels

en frappant au thorax Julien Tevenet

que faisait à ce moment précis la jeune femme

aux enquêteurs

elle déclare que son rôle s'est arrêté en amont

il y a des choses qui nous choquent

sur la façon dont

Sophie Richard

et Sébastien Chantereau

vont mettre en scène

la mort de ce pauvre garçon

pendant la reconstitution

Sébastien Chantereau lui a toujours dit

que c'était elle qui l'avait tué

et Sophie Richard bien évidemment

va expliquer que c'est Sébastien Chantereau

qui a donné le coup mortel

parce qu'en fait c'est ça qu'on recherche

ce qui apparaît de façon évidente

ce qui apparaît de façon évidente

c'est que c'est elle qui a donné les cachets

pour faire dormir le mari

d'un autre côté

il faut bien porter le corps de la maison au garage

donc Sophie Richard a du non non

moi j'ai jamais porté le corps

et Chantereau dit bah oui c'est pas possible

je pouvais pas porter le corps de cet homme en dormi

de la maison il doit y avoir je sais pas

peut-être 15 mètres de la maison

jusqu'au garage dans ces conditions

voilà donc

effectivement on va avoir une espèce de ping-pong

entre les deux qui vont essayer

de démontrer en tout cas pour Sébastien Chantereau

que forcément Sophie Richard

était là à tout moment

parce que même quand il était dans le garage

et c'est là où on voit l'emprise

qu'elle pouvait avoir sur lui

sur le plan psychologique

c'est que quand il est dans le garage

en tout cas à la reconstitution on le voit très très bien

c'est elle qui fait des allers-retours

entre la maison où elle est en train quand même

de donner le bas à ces deux petits enfants

sachant que la chambre des enfants

est mitoyenne du garage

donc dans le garage

Sébastien Chantereau dit

elle venait

et elle m'engueulait donc elle me disait

mais je comprends pas

regarde y a la fourche je sais pas

prend la fourche mais lui a un coup de fourche

le procureur lui est très content

parce qu'il compte les points

et entre avocats de la défense c'est la guerre

...

notre position à nous

c'est de dire si on l'a fait

c'est parce que Sophie Richard

on était sous l'emprise de Sophie Richard

et sous l'emprise psychologique totale

de cette femme et on est un être faible

et étant un être faible

on s'est laissé complètement mené par le bout du nez

et bien évidemment de l'autre côté c'est de dire

mais cette Sébastien Chantereau

c'est un être ignoble

fou, sérieux le killer

capable de faire tout et n'importe quoi

et il suffisait que Sophie Richard claque des doigts

pour qu'il fasse exactement ce qu'elle voulait

et il prenait en plus du plaisir à le faire

...

Pour tenter de décrypter le fonctionnement

du couple

le psychologue Jean-Luc Ployer

utilise le test dit de Rosenzweig

des planches de bande dessinée

dans lesquelles les personnages

vivent un moment de frustration

Sophie Richard et Sébastien Chantereau

doivent compléter les bulles de dialogue

Le résultat est la pide

Ce qui m'intéresse

au niveau du passage de l'acte

puisque là il s'agit d'un passage de l'acte

un assassinat évidemment

qu'est ce qui fait qu'à un moment donné

on passe à l'acte ou pas si vous voulez

pourquoi il n'y a plus de censure, de contrôle etc

donc là j'essaie de repérer

dans ce test là

effectivement si effectivement la personne

qui le passe contrôle bien

son impulsivité

va envahir pulsionnellement

prendre la distance

ou bien passer à l'acte

de façon relativement importante

ça me permet aussi

quand il s'agit d'un couple

de mesurer si

qui est impressionnable, influençable

ou pas

ou si il y a deux leçons

ou si il y en a un qui l'est plus que l'autre

ça me permet de répondre

dans ces questions là

là c'était pour moi tout à fait significatif

c'est à dire que

il y avait madame Richard

dans l'organisation

dans la maîtrise

dans la toute puissance

dans la prise initiative

par rapport aux actes de la vie quotidienne

c'est elle qui est là-bas

qui structure

et monsieur Chantereau

et plutôt je vais dire

dans une espèce de neutralité comme ça

dans les actes de la vie quotidienne

mais avec également chez lui

ponctuellement

ce que j'appelle un très mauvais contrôle pulsionnel

c'est à dire que

si il y en a un des deux qui va passer à l'acte

concrètement c'est lui

c'est pas forcément organisé chez lui

mais à un moment donné

il peut pas différer les choses

et il passe à l'acte

après effectivement

compte tenu des résultats du test

j'essaie effectivement

de croiser

avec quelques éléments du dossier

que j'ai par ailleurs

et notamment

par exemple quand je regarde

le casier judiciaire de l'un et de l'autre

je me rends compte évidemment

qu'il y en a un

je vais aller dire qu'un casier

le gire relativement fourni

si je puis dire

notamment par rapport

à les problèmes de violence

antérieure

notamment des violences conjugales

alors que l'autre

est totalement vierge

si vous voulez donc manifestement

ça corrobore en quelque sorte

ordonnance de mise en accusation

le casier judiciaire de Sébastien Chanteurot

comporte deux mentions

une condamnation à 15 jours de prison

avec sursis pour outrages et violences aggravées

et une peine d'un an de prison

avec sursis et mise à l'épreuve

pour violences aggravées

en situation de récidive

pour moi

qui réfléchis sur

surtout sur la systémie du couple

qui a fait quoi

comme une espèce de muscle

qui fonctionne dans synergie

si vous voulez

qui alimente qui

manifestement

assez rapidement

pour moi en tous les cas

par rapport aux questions qu'on me pose

aux hypothèses de travail

que je vais élaborer

moi j'ai aucune certitude

si vous voulez

mais immédiatement

je me dis

c'est plutôt elle

qui était du côté

du commanditaire

de l'idée

de tuer son mari

plutôt que lui

c'est à dire que

compte tenu

des traits de personnalité essentiellement

Côte B 10 0 68

Expertise psychologique

de Jean Luc Ployer

Mme Sophie Richard

a agi en toute circonstance

avec un bon niveau de conscience

d'attentionnalité

et son libre arbitre n'a pas été affecté

en ce qui concerne sa personnalité

par une problématique éventuelle

soit d'emprise

soit de soumission relationnelle

à son âme

La presse les a surnommées

les amants diaboliques

un couple jugé

aux assises de la marne

depuis ce matin

un homme et une femme

qui aurait fomenté la assassinat

de Julien Tevenet

militaire de Somsub

Quand j'arrive

dans une cour d'assises

j'ai un réflexe

je regarde

les mises en examen

physiquement

pour voir si je m'en souviens

alors de temps en temps

ils ont relativement changé

ils ont soit pris du poids

soit effectivement

un peu tassé par les médicaments

ou etc

moi ce que j'avais repéré

au moment du procès

ils étaient dans une espèce

d'espace

de bulle

si vous voulez

où il n'y a plus du tout

d'interférence

l'un par rapport à l'autre

c'est à dire c'était totalement

étanche

l'un par rapport à l'autre

c'est à dire qu'il n'existe plus

l'un par rapport à l'autre

Et bien Sophie Richard

à l'audience

elle va jouer un peu

la veuve éplorée

c'est à dire que

elle va

expliquer

qu'elle voulait pas

qu'elle voulait vraiment pas

qu'effectivement

son mari

n'était pas gentil avec elle

mais que jamais

elle aurait imaginé

ce genre de choses

et que

c'est un chanteau

qui lui a soufflé tout

parce que Sébastien Chanteau

était très amoureux d'elle

et que pour lui

c'était extraordinaire

de se dire qu'il allait

supprimer

le mari

et permettre

aux couples

de pouvoir

enfin vivre libre

se faisaient 4 mois

qui se connaissaient

ça faisait pas 3 ans

donc

c'est pour ça que Sébastien Chanteau

aussi

donne une espèce de rêve

de petit garçon

pour Sébastien Chanteau

il est évident

qu'il a sauvé

Sophie Richard

et c'est vrai que

à partir du moment

où Sophie Richard l'accuse

pour lui

c'est un effondrement total

donc la seule solution

c'est le déni

et c'est la vengeance

c'est la riposte

c'est de dire

puisque

aujourd'hui

tu viens expliquer

alors que

je pensais que notre amour

était indéfectible

et j'ai fait tout ça

pour toi

pour toi effectivement

et que

tu me trahi

moi je vais dire

exactement ce qui s'est passé

et là

ça part d'humanité

surgit

et là effectivement

le fait qu'ils soient en pleurs

est compréhensible

parce qu'il est dans l'effondrement

il se rend compte

effectivement

qu'il a fait un truc

qui est juste impossible

et qu'il n'aurait jamais fait

s'il n'avait pas

croisé le chemin

de cette femme

oui les accusés

vous savez risque

la réclusion criminelle

a perpétuité

finalement on en est pas très loin

avec les 30 ans

par l'avocat général

pour elle c'est sûr

Sébastien Chantrault

et l'exécutant le manipuler

mais c'est quand même bien lui

dans cette affaire

qui a donné

cette coup de pioche

après

qu'est-ce qui est le plus grave

est-ce que le plus grave

c'est de vouloir tuer quelqu'un

ou est-ce que le plus grave

c'est de tuer quelqu'un

est-ce que le plus grave

c'est d'amener quelqu'un

jusqu'au meurtre

et de lui tenir la main

même de façon presque

violente

pour qu'il y aille

ou est-ce que c'est

effectivement d'avoir

porté le commentaire

la cour d'assises de la marne

a renvoi les deux amants

dos à dos

ils écopent

de la même peine

Sophie Richard et Sébastien Chantrault

sont condamnés

à 30 ans

de réclusion criminelle

C'était Ondelat raconte

Côte B

rédaction en chef

Guillaume Maury

en enquête 20 centobis

et réalisation

Mathieu Fred

Retrouvez Ondelat raconte

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tous les vendredi et samedi

des 6h

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Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité des amants Sophie Richard et Sébastien Chantereau. Seulement 3 mois et demi après leur rencontre, il assassine le mari gênant. Sébastien Chantereau reconnait 7 coups de pioche mais ce serait Sophie Richard qui a tout manigancé. L’expert psychologue Jean-Luc Ployé décode le fonctionnement de ce couple.Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.