La source: Freaks, le film : qui sont les monstres ?

Radio France Radio France 9/20/23 - Episode Page - 50m - PDF Transcript

François Sainterre

Aujourd'hui, on va faire sensible d'une histoire de monstre et de cinéma, celle du film Freaks.

Cette œuvre est inclassable.

Réalisée par Todd Browning, elle met en scène, pour la première fois sur grand écran,

celles et ceux que l'on nomme pudiquement phénomène de foire.

Sorti en 1932, au début du cinéma parlant, mais aussi en pleine crise économique,

Freaks est rejeté par le public américain.

Décidément, pas du tout politiquement correct.

Non, le public n'interpare pas à cette sombre histoire de vengeance, d'être deforme,

victime de la monstrosité de jandies normaux.

Sensuré un peu partout aux USA, interdit en Angleterre durant 30 ans,

Freaks ruine son réalisateur.

Mais avec l'autre temps, cette fiction d'une heure à peine est devenue un classique du 7e art,

à l'ambiance unique, oppressante, un maître et talon du cinéma de minuit à la télé,

un film maudit devenu film culte.

Notre invité aujourd'hui, Lauren Delas, le monsieur cinéma de François Sainterre.

Affaire sensible, une émission de François Sainterre,

récit documentaire Sophie Deschamps, coordination franco-gnard,

chargée de programmes rébécadenantes, réalisation Ellen Bisiot.

Fabrice Drouelle

Affaire sensible, sur François Sainterre.

Nous sommes le 28 janvier 1932,

et la scène qui se déroule dans cette salle de cinéma californienne est incroyable.

Des spectateurs, et surtout des spectatrices, hurlen, crient et sortent en courant.

La métrogole d'une mailleur avait prévenu une étape dans l'audace à l'écran et franchi.

Mais le majeur n'avait pas prévu la violence et la réaction du public,

venu assister à l'avant-première de Freaks.

Pour la production, le film est humaniste et plein d'empathie pour ses monstres humains,

c'est Freaks en anglais.

Pour les spectateurs, cette terrible histoire de vengeance,

des anormaux sur les normaux, tel le champ de l'exicale à l'époque, est insupportable.

La presse éreinte le film, le qualifie de répugnant, obscène, pervers.

Les critiques sont sanglantes, comme celle d'Elinor Hughes dans le Boston Herald du 20 février 1932.

Todd Browning peut maintenant se retirer en paix, satisfait d'avoir réalisé le fin du fin dans l'horreur.

Quant à ceux qui apprécient les pitoyables et grotesques erreurs de la nature, ils peuvent les contempler dans Freaks.

Ce genre de chose, une fois qu'on l'a vu, se tapit dans les coins obscurs de l'esprit

pour ressurgir de temps à autre avec une persistance affreuse.

L'intrigue d'une cruauté sadique a des relents pervers.

Ces pitoyables et grotesques erreurs de la nature, comme l'écrit Elinor Hughes,

ce sont les phénomènes de foire, tels qu'ils sont appelés en France à l'époque.

Aux États-Unis, ils sont exhibés dans des sideshows, des barraques de fortune,

jouxtant les cirques, où ces humains dix formes sont parqués et jetés en pâture publique.

Des attractions nombreuses et populaires en ce début de 20e siècle aux États-Unis, mais aussi en Europe.

Rien de tel dans Freaks, non pas de voyeurisme.

Même si le film commence dans l'un de ses stands de foire,

ce n'est là que le décor, la toile de fond d'une véritable histoire.

Et si les personnages sont réellement physiquement cabossés,

on va dire bizarre, la plupart sont des acteurs, engagés, payés en tant qu'acteurs.

Cette fiction en noir et blanc qui défrait la chronique est donc signée Todd Browning.

A 52 ans, le cinéaste qui a débuté sa carrière comme assistant du grand réalisateur américain,

D. W. Refit, a déjà une carrière dont dit long-métrage.

En 1931, il fait un carton avec son Dracula,

premier film du cinéma fantastique parlant interprété par le célèbre acteur Bella Lugosi.

Il retrouve alors la MGM, le mythique studio Hollywoodien dirigé par le jeune Irving Talberg.

Ce dernier propose d'abord à Browning un scénario sur harcèlement du pain,

le gentleman Gambrieller.

Mais lui a une autre idée en tête.

Adapter la nouvelle Spurs soit épromb de Todd Robbins.

Celle-ci, la nouvelle, se passe dans un petit cirque itinérant,

en France, dont la troupe est composée de phénomènes de foire.

Or, Todd Browning connaît bien le milieu du cirque,

pour y avoir exercé dans sa jeunesse des métiers de clowns et de contortionnistes.

Irving Talberg, lui-même physiquement diminué,

accepte finalement la proposition de Todd Browning.

Un soutien décisif.

Comme le raconte Christophe Bir, historien du cinéma sur France Culture,

le 6 août 2005, dans cinéma et dépendance,

au moment de la sortie en France d'un DVD collecteur de Frimms.

On le décrit comme quelqu'un d'un peu de chétif, de malin,

c'est un type qui a des problèmes de santé,

et il trouve un exutoire.

En tout cas, ce scénario va foller complètement les pontes de la MGM,

et c'est grâce à Talberg que le film est maintenu en projet, en préparation,

et sera finalement réalisé.

Le patron de la MGM fait alors appel à deux scénaristes.

Il leur intime de sortir une histoire horrible.

Oui, horrible.

Afin d'offrir concurrence au projet des autres grandes compagnies,

Frankenstein pour Universal et Dr. Jekyll and Mr. Hyde chez Paramount.

Même si le texte de la nouvelle Toll Robin s'est profondément remanié,

les scénaristes conservent la trame de départ,

à savoir l'histoire d'un petit homme Hans,

financé à Frida, l'illipussienne L aussi.

Mais Hans tombait perdument amoureux de Cleopatra,

la grande et belle trapeziste du cirque,

apprenant que ce muissier fortuné, elle lui propose de l'épouser.

Mais tout dégénère, lors du Banquet de Noces,

quand Hans réalise qu'il n'est pas aimé,

et surtout lorsque Cleopatra refuse avec des goûts d'être considérés comme l'un des leurs.

Les flics, vont alors venger Hans au cours d'une nuit d'orage.

Une scène d'une épouvante absolue, sur laquelle nous reviendrons.

Pour autant, flics n'est pas un film d'horreur,

car Toll Blooming éprouve une grande tendresse pour ses êtres

cabossés par la vie et qui la gagnent en s'exhibant.

L'originalité de son regard de cinéaste nous montre leur vie quotidienne,

hors de la piste.

C'est à peine si l'on voit Cleopatra sur son trapez ou Frida,

l'écuière entrée sous le chapitre, assis sur son poney.

Non, la caméra donne surtout à voir les intrigues amoureuses des saltins banques.

Flics ou non, d'ailleurs.

Dans ce domaine, tout le monde est logé la même enseigne.

La troupe forme ainsi une micro-société comme le révèle.

En 1999, le philosophe Jean Lucifer, dans l'émission Transformé sur Transculture.

C'est très étrange.

Il y a une idée de la société aussi.

Il y a quelque chose de très étrange, pas tellement du corps,

mais du fonctionnement d'une micro-société faite rassemblement de hasard,

enfin de cas inviables, dans toute autre forme communautaire,

et qui produit des alliances, des haines, des moqueries,

de la séduction, de la souffrance, mais de la consolation.

Je trouve ça très bien à une époque où,

à un moment de l'histoire, on sait que tout de même

il y avait des règlements effroyables et hygiénistes sur l'espèce humaine.

Bon, partout dans le monde.

Pas question non plus d'effrayer le public en exploitant de façon obscène

les défauts des personnes infirmes.

Quand bien même, il s'agit de comédie.

Todd Browning suggère au contraire que les freaks

ne sont pas ceux que l'on croit.

Autrement dit, que des êtres physiquement normaux

peuvent être psychologiquement monstrueux.

Ainsi, le journaliste du monde, Mathieu Macheret,

décrive freaks, lorsqu'il ressort en 2018

à la cinématique de Paris commun,

filment où les contours de l'humain se confondent

avec les déformations hideuses de l'inhumain.

Je reprends ces mots.

Et le ton est donné dès la première scène du film.

Au sein d'un sideshow,

une sorte de monsieur loyal

présente au public des phénomènes de foire

invisible à l'écran et il prévient.

Mesdames et messieurs, nous ne vous avons pas menti.

Nous avons des monstres vivants.

Ils vous font rire et frémi,

mais vous pourriez être l'un d'entre eux.

Ils n'ont pas demandé à venir au monde, mais ils sont nés.

Ils ont leurs propres lois.

Au fond, c'est en un seul et vous laissez offenser tous.

Au fond, c'est en un seul et vous laissez offenser tous.

C'est la phrase clé de freaks.

Cette première séquence

contient en effet déjà tout le propos du film.

Comme l'explique Jean-Pathiste Thoray,

spécialiste du cinéma américain

le 8 juillet 2005 dans Mauvais Genre,

sans France Culture.

Quelle la différence entre freaks

c'est n'importe quel film montrant des monstres,

des gens maquillés, des faux monstres, etc.

C'est le pacte du je sais bien mais quand même.

C'est-à-dire qu'en fait, au cinéma,

on accepte de voir les choses les plus atroces qui soient.

Parce qu'on sait, en même temps,

de façon évidemment inconsciente,

c'est le vieux contrat psychanétique du cinéma,

que tout ça n'est pas vrai, c'est que de l'illusion.

Et freaks, c'est un exemple qui est particulier

puisque je sais bien, mais il n'y a pas le mais quand même.

Ça veut dire que j'ai du monstre

et je ne peux jamais me réfugier en tant que spectateur.

Derrière cette idée, même inconsante,

des choses abominables à l'écran.

Parce que je sais bien, mais en plus, c'est vrai.

Certains de ces humains, malmenés par la nature,

sont d'ailleurs de vrais vedettes de cinéma.

Ainsi, le Lully pucien allemand, Harry Hertz,

l'un des rôles principaux du film.

Il y a des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles, des rôles,

des rôles principaux du film.

Ils montent sur scène dès l'âge de 11 ans

avec sa sœur Daisy Doll, Hertz.

Cette dernière joue Frida,

la fille ancée délaissée par Hans

dans Freaks.

C'est d'ailleurs Ted Browning qui a fait passer Harry

devant la caméra dès 1925

dans le Club des Trois,

où Harry Hertz s'est légisé en bébé.

Mais ils ne sont pas des nains

comme on l'entend parfois.

Leur seule particularité

est d'être plus petit que la moyenne.

Ils sont considérés comme des monstres

tout en entrant

dans la catégorie des phénomènes.

Daisy et Violet Hilton

sont-elles aussi très connues

quant à Browning's engagement.

Ces jolies sorciamoises anglaises

nées en 1908

sont attachées par le bassin.

Vendu très jeune pour être exhibé

dans des foires, elles ont connu l'enfer

durant de longues années.

Puis en 1931 elles sont libérées

à leur guise.

Et de plus, elles apportent une touche d'humour

au film. Puisque lorsque le fiancé

de l'une embrasse,

l'autre ressent la même plaisir.

Ce qui est en fait totalement faux,

physiquement parlant.

Il y a aussi la femme à barbes, Madame Olga.

Après une enfance chaotique, elle

cesse de se raser à l'âge adulte

et se produit dans 25 cirques

parfois prestigieux.

Toutefois, son unique incursion cinématographique

avec Ted Browning tournera court.

Elle déclarera plus tard que Freaks

est une insulte à tous les monstres du monde.

En revanche, pour rassembler les autres phénomènes,

Todd Browning et la MGM

se sont livrés un casting hors du commun.

Et puis, en notamment, les sides show américains

et européens, comme le précise

Christophe Beer en 2005,

sans France Culture.

Tous les personnages sont effectivement réels.

Ils ont été recrutés

à travers tous les États-Unis

à partir de photos

envoyées. Il y a aussi eu

des essais filmés.

Certainement

un courrier abondant venant

même d'Europe depuis la fin

du XIXe, depuis

Barnum. C'était aussi

un spectacle très populaire

et aujourd'hui

c'est un spectacle

qu'on donne facilement.

Mais à l'époque, les gens n'avaient pas

un regard forcément

des approbateurs

et ça faisait partie des actions principales

des faits de forêt.

Dans ces foires, les bizarres et humaines

les plus courantes en ce début de XXe siècle

sont les Pinheads.

Littéralement, têtes d'épargne.

Il s'agit de personnes dotées

de toutes petites têtes de forme conique.

Cette malformation congénitale

entraîne souvent une débilité.

Un retard de croissance et des problèmes de vue.

Un sit-up Browning fait-il jouer

Schlitz, un homme

qui porte des robes de fillette

qui mesure à 1,27 m, et dont

l'âge mental ne dépasse pas

3 ou 4 ans. Un être vulnérable

que le cinéaste prend

sous son aile et qui le protège.

Comme on peut le voir d'ailleurs sur les photos du tournage.

Des clichés sur lesquels on aperçoit

deux autres Pinheads, les sœurs

Elvira et Jenny Lee Snow

surnommés Zippepip

dans le film.

Parmi les personnes les plus abimées,

il y a l'homme larve, sur le main,

Prince Randian. Totalement

dépourvu de membre, il fait pourtant preuve

d'une étonnante autonomie.

Ainsi, dans Freex, il allume lui-même

le cigarette et la fume, tout en lançant

avec l'humour un l'un des acrobats

du cirque. Êtes-vous capables

de faire des tours avec vos sourcils ?

Un personnage forcément

dérangeant. Aux yeux, par exemple,

du spécialiste du cinéma américain

Jean-Baptiste Thoré.

C'est l'homme larve.

Il dit, cet être réduit à un membre

et à une action, dans ses réplations

ces espèces de battements d'une que monstrueuse

menacent en nous la dernière humanité.

Cette performance de foire nous détourne

à peine une question plus inquiétante.

Que peut faire un tel boudin, non de ses désirs,

non de son sommeil, mais de ses excréments ?

Et l'homme larve, la vraie question

qui se pose, c'est est-ce que cet homme a un pénis

lorsqu'il doit déféquer comment il fait

et lorsqu'on nous dit qu'il a une famille

qui a été mariée, pour moi c'est quelque chose d'inconsevable.

C'est une petite, près de l'intelligible.

Comment un homme comme ça a pu se marier,

avoir une famille, après avoir pris un enfant,

un fils qui s'occupait de lui,

qui translait sur les tournages, etc.

Citons également l'homme tronc, Jolie Eck.

Né en 1911, il n'a pas de jambe.

Ce qu'il oblige à se déplacer sur les mains.

Pour vivre, il s'est produit dans des sites choses

dès l'âge de 12 ans.

Dans Freaks, il apparaît plusieurs fois

se tenant sur un seul bras,

un éternel sourire aux lèvres, mais sans rôle particulier.

La beauté sans bras, sur le mêlard Vélus de Milo vivante,

s'appelle Francis O'Connor.

Né en 1914, cette jeune femme impressionne

par sa virtuosité, quant avec ses pieds,

elle réalise que tout un chacun exécute avec ses mains,

autrement dit, manger, boire.

Mais ceci fut mais il arrête de manipuler un arme à feu.

Dans Freaks, on la voit plusieurs reprises

dans les scènes de la vie quotidienne de cette troupe de cirque.

Mais comme le note Leïla Hans,

qui interprète Vénus,

une des rares personnes normales bienveillantes,

les Freaks ne s'appitoyaient pas du tout sur leur sort.

Enfin, le seul monstre fabriqué

est celui de la femme Poul.

Une transformation radicale

subie par la belle trapésiste cléopâtre

lors de la vengeance des Freaks.

Un monstre que l'on le découvre,

suspense oblige, qu'à la fin du film,

lors du retour dans le sideshow de la première séquence.

Mais la déception n'est pas loin,

estime Pascal Resterochi, diplomé de Lidec,

l'institut des hautes études cinématographiques.

Je pense que la vraie conclusion du film,

c'est ce plan d'elle dans la force.

Et ce plan est décevant,

ce n'est plus ce que l'on voit,

d'un seul coup on retombe sur le trucage cinéma.

On voit bien, mais il n'existe pas de femme Poul,

c'est impossible.

Alors on voit simplement,

planter comme ça dans le sable,

d'un box de cirque,

un mix entre femme et poul

auquel on ne peut pas croire.

On reconnaît vaguement la tête de Cléo,

mais il manque un œil,

visiblement elle ne peut plus parler,

elle pousse un cri de volaille.

Donc on peut imaginer qu'on y a coupé

aussi d'alans ou du corde vocal,

ou je ne sais pas quoi.

En tout cas elle est apparemment

complètement privée d'intelligence.

Et puis il reste plus que le tron

qui est couvert de poul

et puis de bras, c'est tout.

...

...

...

...

...

...

L'histoire du film Freaks,

The Toll Burning.

...

Le tollage de Freaks

débute à l'année octobre 1931

et dure un mois.

Mais dès le départ,

tout va de travers.

Ces créatures étranges

qui circulent librement

dans les locaux de la MGM

font peur.

Nulment curieux.

Le personnel de la compagnie

évite soigneusement

de les croiser

et de s'asseoir à leur table

à la cantine.

La légende,

prétend même

que le célèbre écrivain

Francis Scott Figerald

aurait tué un whole coeur

juste en les voyant.

La protection est ainsi obligée

d'installer un réfectoire

en plein air,

réservé à ses actrices

et acteurs disons

hors normes.

Mais étonnamment,

les protagonistes du film,

dont certains ont la vue

sur déjà des modèles,

ne manifestent guère

de solidarité les uns

envers les autres.

Contrairement au rôle

qu'ils jouent dans le film,

ceux qui fera dire

plus tard

A Toll Burning.

La rivalité professionnelle

des Freaks

était étonnante.

Aucun n'a jamais eu

un mot gentil pour un autre.

Essayez un peu

de travailler avec

des gens comme ça.

Chacun avait été

une vedette unique

dans le monde du cirque

car on voit rarement

plus d'une monstrosité

à la fois

sur une fête foraine.

J'avais là

une douzaine de stars,

les plus grands phénomènes

du monde,

je leur devais des égards

qu'aucun acteur

d'Hollywood n'a jamais reçu.

De plus,

si Browning bourre au travail lui-même,

ménage ses monstres

pour mener son film à bien,

il est en revanche

un fact avec l'équipe technique.

L'assistant caméra

qualifie le tournage

du plus dur

sur lequel il a eu

à travailler

n'hésitant pas

à traiter le cinéaste

de salaud.

Ceux qui étaient employés

à l'usine de textile,

oui c'est ainsi qu'on

nommait la MG même

à l'époque,

essayez de se faire

envoyer sur

d'autres films

car ajoute-t-il

« Il nous aurait tué

à la tâche

pour obtenir à l'écran

tout ce qui était

dans son possible ».

Ce à quoi

il faut ajouter

des difficultés techniques

de tout ordre,

notamment

la scène nocturne

durant laquelle

les monstres poursuivent

Cléopâtre.

Ainsi la fabrication

des éclairs

à l'aide d'un grand vase

contenant une charge

de poudre d'aluminium

s'avère-t-elle

très dangereuse,

comme l'indique

le script

Bill Arschelden.

Todd avait demandé

les éclairs

et le truc

ne marchait pas.

Bon, on a attendu,

attendu

et l'électro a cri,

attention ça va sauter.

L'équipe doit alors

s'enfuir

dans la panique

pour qu'il soit bien que mal

les décors.

Par ailleurs,

Todd Browning

n'est pas encore

très à l'aise

avec le son,

puisque,

rappelons-le,

nous sommes

au tout début

du cinéma parlant.

Du coup,

certaines scènes,

dont celles

du Banquet de Nos

ne seront synchronisées

que lors du montage.

Un véritable calvaire

pour les personnes

qui s'y collent.

Comme le raconte

l'un des monteurs,

Basil Wrangl.

J'étais un très jeune homme

à l'époque

et mon expérience

avec Todd Browning

a été des plus pénibles.

Il met jusqu'à 4h

du matin,

chaque putain de journée.

Parfois,

il laissait tout tomber

pour aller déjeuner

dans l'après-midi,

alors on s'installait

et on attendait son retour

jusqu'à 2h du matin.

La scène du repas

de mariage

est tellement difficile

à monter

que le réalisateur

renoue avec

certaines astuces

du mouet

en l'annonçant

par un intertitre,

par exemple,

le Banquet de Nos.

Enfin,

il ne s'agit pas de raté,

car elle est essentielle.

C'est elle

qui montre

aux yeux de tous

la duplicité de Cléopâtre.

La belle trapésiste

a combili réparable

en refusant de tremper

ses lèvres

dans une coupe

de champagne commune.

Un geste hautement symbolique

qui a ressigné

son intégration

dans la communauté

des freaks

comme l'analyse

Pascal Risterucci.

Elle ne peut pas.

Elle remet la barrière.

C'est ça

qui ne lui pardonne pas

parce que là,

ça,

c'est la trahison suprême.

Elle a brisé le rite,

elle l'a refusée,

elle les a insultées.

Et ils partent,

d'ailleurs,

la façon dont ils quittent

le champ

est très belle.

Ils partent

comme des monstres.

Ils quittent la table,

et tant qu'ils étaient assis,

on ne voyait pas

leur monstrelosité

dès qu'ils sont debout.

Ils n'ont pas

l'air d'avoir

quitté.

Ils n'ont pas

l'air d'avoir

quitté.

Ils sont debout.

On voit qu'ils sont

incomplets

ou tout petits

ou bancales.

Ils partent vraiment

comme une espèce

de masse animale

vers le fond du champ

avec des airs très effrayés.

Et elles les a

rendues

à leur nature de monstres.

Et ça, c'est impardonnable.

Donc ils vont la rectifier

parce que pour eux,

le pacte est signé.

Pour eux,

elle est la reine des monstres.

Elle n'a pas voulu

lancer un camp même.

Donc puisqu'elle n'a pas

accepté

l'entrée symbolique

dans ce monde,

ils vont lui rectifier

le corps

comme ça va y entrer

pour de vrai.

Le montage

enfin terminé,

la malédiction

qui pèse sur Freex poursuit.

Comme on l'a vu,

l'avant-première californienne

à San Diego

en janvier 1932

est un vrai désastre.

On raconte même

que de femmes a tenté

de poursuivre

l'MGM en justice

accusant le film

d'avoir provoqué

sa fouscouche.

Bref,

ça commence mal.

Du coup,

la fiction est remaniée

et amputée d'une bonne demi-heure,

ramenant sa durée

à une heure tellement

afin d'expurger

les détails

les plus insoutenables,

notamment

la scène de la vengeance

des Freex.

Pas tellement,

on est prudent.

Mais,

tronqué ou pas,

cette séquence

est rangeant

pour Jean-Baptiste Torrelle.

Car Elbrou,

il est repère moron.

Il l'explique

en 2005

dans Mauve Genre,

son france mutuel.

Là,

où mon avis,

Bronning est fort,

c'est que c'est le 3e tour de vice.

C'est qu'il nous dit,

mais il y a des monstres aussi

qui sont monstrueux.

La séquence finale,

où on voit cette espèce

d'essin

qui repte

dans la boue.

Bronning,

il les filme

plus tôt,

mais il les filme

vraiment comme une série

de larves

sauvages.

Donc,

ce qui est très compliqué,

finalement,

il y a des humains qui sont monstrueux,

et puis,

mais eux,

les monstres,

on les touche pas.

Non,

Bronning,

il peut plus loin,

il dit,

il y a des monstres

qui sont monstrueux.

Et ça,

c'est quelque chose

qui rend aujourd'hui

son plus tard

le film toujours

aussi dert pour Jean.

Des scènes disparaissent,

dont certaines sont

potentamiques.

D'autres sont ajoutées

pour amadouillent le public,

notamment

les pilotes apiennes,

pourtant

peu crédibles,

de la réconciliation

de Hans et Frida,

de Lili Pussien.

Mais rien n'y fait,

le film est plutôt

mal accueillé

aux USA

à sa sortie officielle

le 20 février 1932.

Il fait même

un four

à Los Angeles,

pire,

à San Francisco,

il n'est même pas

à la fiche.

Mais il marche très bien

en revanche

à un sim synaptique

et clubland,

Boston Newstones,

un bol

dans les Minnesota

et Omar

dans les Nebraska.

Les critiques

ne sont pas tendres non plus.

Ainsi,

le professionnel

de cinéma

juge Friggs,

cruel et violent,

tout en dénonçant

le fait

d'exploiter

des exclus

sous couvert

d'en avoir pitié.

Le Boston Evening

enfonce le clou

le 20 février 1932.

Dans Friggs,

ce n'est pas

le browning talentueux

que nous avons connu.

Ici,

il n'y a plus rien

qu'un catalogue

des horreurs

traîné en plein lumière

devant la caméra

pour être photographiés

sur le premier fond venu.

Bref,

le cinéaste

est accusé

de vouloir faire

de l'argent

sur le dos

de ces monstres

qui rapions-le

pour certains

sont des vedettes

qui gagnent

très bien leur vie.

De son côté,

le critique John C. Moffitt

assaine six mois plus tard

dans le Kansas City.

Ce film

est inexcusable.

Sa production

a demandé

peu de cervelle

mais sa vision

demande

beaucoup d'estomac.

Il a été

fait pour l'argent.

Avec Friggs,

le cinéma

fait un grand pas

vers une sensation nationale.

Il ne s'en prend

qu'à lui-même.

Les ligues féminines

de Vertu ne sont pas en reste

et se déchaînent

mais pour une autre raison.

Elles accusent Todd Browning

de détourner

le Code Haze,

un système très

puritain

d'autocensure

adopté en 1930

par la profession

pour moraliser les films.

Ici,

ce sont donc

les allusions sexuelles

qui sont visées.

Comme ces dialogues

goût Cléopâtre

l'attrapésiste,

en recevant son amour

reculant sa roulette,

lui demande comment

les œufs,

alors que son penneau

a rentré ouvert,

laissent deviner

sur sa combinaison.

Certaines critiques

sont heureusement

plus nuancées.

Ainsi,

l'oregano d'Aidy

journal a taxé

les scènes de vengeance,

estimant que

cette partie a échappé

à Todd Browning

et tourna la sauce

olivoudienne.

Entendait par là

le film d'horreur.

L'hostilité

est-elle à travers

les USA que la MGM

organise

la première New York

qu'est-ce qu'en juillet ?

Ce qui n'empêche pas

les senseurs

de l'État New York

de demander le retrait

de la scène

ou Cléopâtre

vers une poison

dans les Champagnes Downs

sous le prétexte

il faut bien le dire

qu'il informait

le public

d'une technique criminelle.

Toutefois,

à quelques exceptions

prêts,

les médias New York

qui sont plus cléments.

Ainsi,

le Time

présente Todd Browning

comme l'un des rares

réalisateurs

vraiment personnels

aux États-Unis

qualifiant en passage

Friggs

d'un des films

les plus macabres

jamais réalisés.

Mieux,

le motion picture

airhold

prend sa défense

le 8 août 1932.

Si Friggs

a déclenché

les foudres

la faute en revient

à la campagne publicitaire

dont il a fait l'objet,

je trouve que c'est un film

intéressant

et divertissant.

Puis,

plus caustique,

le journal annonce

ajoute

après l'avoir

vu je n'ai pas fait

que je m'as

ni attendu

à la vie de mes proches.

Mais Friggs

peine aussi à décoller

dans la ville

qui ne dort jamais.

Le film est alors

retiré de la fiche

partout aux USA

provoquant un gouffre

financier cuisant

pour la MGM.

Sur les 316.000 dollars investis

elle n'en récupérera

que 164.000.

Autrement dit pas

plus les spectatrices

que les spectateurs américains

ne s'identifient

à ces Friggs.

Sans doute

trop éloignés d'eux

de leur préoccupation quotidienne

n'oublient pas

que l'Amérique

traverse alors

une grave crise économique

provoquée par

le grave financier

du fameux jeu du noir

de 1929.

La sortie de Friggs

provoque aussi

de remous en Europe.

Ainsi, l'ambulataire

l'interdit-elle

immédiatement

le considérant

là aussi comme

dérangeant

et extrêmement choquant.

Un véto

qui ne sera lavé

que 30 ans plus tard

en 1962.

Pire,

en France,

le film

ne sera diffusé

en salle

qu'en 1969.

Todd Browning

est alors

totalement incodue

dans l'exabone.

Comme l'expliqué

Jean-Claude Romer,

scénariste à critique,

ainsi que le spécialiste

de cinéma

Claude Jean-Philippe

dans le cinéma

des cinéastes

sur France Culture.

Personne ne sait

qui est Todd Browning.

C'est vraiment le

cinéaste maudit

inconnu

au bataillon

des histoires du cinéma

et on en parle

pour signaler

qu'il a été l'assistant

de Griffith

pour intolérance.

Un point, c'est tout.

On en parle

maintenant davantage,

étant mieux

et on en parlera

de plus en plus

et j'en suis ravi

parce que c'est

très, très important.

A l'époque,

je m'occupais la programmation

d'un cinéma

avec mon ami Michel Caen

et nous avions

eu la joie

de pouvoir enfin

programmer

en grande réédition

Fricks

de Todd Browning

et ça avait été

pour la plupart des gens

une révélation.

Ça a été un très grand succès

dans les salles d'art et d'essais

et puis ça a été

un très grand succès

du cinéclab aussi.

Oui et je dois dire

que grâce à Pierre Chernia

nous avons pu également

le programmer

pour la première fois

au monde

dans une télévision

puisque même la télévision

américaine

n'avait pas osé

le programmer

et la télévision anglaise

n'en parlons pas

puisque même en Angleterre

il avait été interdit

jusqu'à ces dernières années

au point de vue

d'exploitation dans les salles.

De plus,

il faudra attendre

2005

pour la sortie

en DVD

de la version sous-titrée

en français

et 2018

pour que la cinématique

de Paris

propose

une rétrospective

Todd Browning

avec une belle sélection

de ses œuvres

dont Frick

évidemment.

Mais revenons

aux États-Unis.

Si la MGM

lui sort

brisé

de cet échec

d'autant que

le studio lioudien

lui tourne d'eau.

Il fera

encore quatre films

mais il devra renoncer

à de nombreux projets personnels

jugés

trop aventureux.

En 1939

il décide

d'arrêter le cinéma.

Il a

59 ans.

Il s'installe

alors

définitivement

avec sa femme

à Malibu Beach.

Pour passer le temps

l'ex cinéaste

collectionne

des chopes de bière allemande

et des figurines mièvres

tout en élevant

des chiens et des canards.

Todd Browning

meurt un cancer de la gorge

le 6 octobre 1962.

L'année même.

Ironie de l'histoire

Goulangleterre autorise

enfin

la projection de Frick

sur son sol.

Même si de nos jours

cet opus unique

est devenu

un film occulte

il se cite toujours

la controverse.

Il est impossible

pour nous

le public d'aujourd'hui

de ne pas sombrer

par moment

dans le voyeurisme

car de telles aberrations

de la nature

ont aujourd'hui quasiment disparu

et c'est tant mieux

pour eux.

Nous sommes donc

sans cesse

ballotés

entre curiosité

et empathie

comme l'indique

en 2005

le critique

et historien

du cinéma

Philippe Prouillet

dans Mauvais Genre

sur Transculture.

Notre position

va être très ambigue

parce que le film

en permanence questionne

qu'est-ce que vous êtes

venu voir.

Et le monstre numéro 1

c'est le monstre

qui évoquait Jean-Baptiste

tout à l'heure

cette femme poule

qu'on nous annonce

mais qu'on ne voit pas

c'est-à-dire qu'elle est

dans un enclau

on entend des cris

des spectateurs

qui voient

et nous

tout le travail

va être devenir

de spectateur du film

à spectateur du monstre

et c'est tout ce chemin-là

qu'on nous invite

à faire

et pour le faire

on doit avoir

toute une

hérance

et une quête

qui passe

par le parcours

des personnages eux-mêmes

et donc c'est ainsi

qu'avant

de voir

cette femme

on va suivre son histoire

et elle est trapésiste

elle est au sommet du cirque

et à partir de là

on va être constamment

dans un système

de relations

entre d'un côté

les gens normaux

et les frixes

et de même

chez les monstres

le couple de Nain

est très particulier

eux ils ne sont pas

dix gracieux

et le thème du voyeurisme

qui nous est donc amené

par la mise en scène

de cette première séquence

va courir tout au long du film

cette ambiguïté

qui a visiblement dérouté

le public

à la sortie de Frick

en 1932

signé aussi

le style et le talent

de Todd Browning

c'est l'une des raisons

pour laquelle

il est aujourd'hui

totalement réhabilité

pour les spécialistes

du septième art

il fait même

partie du panthéon

des grands réalisateurs

de l'histoire

de cinéma

de là dire qu'il est

un monstre

du septième art

peut-être

France Inter

affaire sensible

Fabrice Drohelle

Le film Fricks

dont nous allons parler avec vous

Laurent Delmas

de France Inter

présentateur et producteur

avec Christine Masson

de l'émission

on aura tout vu le samedi

à 10h

bonjour Laurent Delmas

Bonjour Fabrice Drohelle

je vais vous faire une confidence

je ne vais pas être le seul

dans ce cas

j'avais découvert Fricks

je crois

de la télé

c'est sûr

dans le cinéma de minuit

voilà

et je trouvais que c'était

typiquement le film

d'un ciné-club

ou du cinéma de minuit

avec son ambiance

découvert Fricks

le soir

tard

c'est quelque chose

quel souvenir vous gardez

de ce film

quand vous l'avez découvert

et peut-être avant

de faire du cinéma

enfin de l'analyse

du cinéma

votre métier

mais bien sûr

c'était bien avant

et comme vous

c'était grâce à Patrick Brion

sur France 3

le cinéma de minuit

je crois que c'est

cette émission culte

mythique

et est à la base

de beaucoup

beaucoup de vocations

fil amateurs

ou professionnels

peu importe

mais c'est vrai

que découvrir

le film

finalement sur petit écran

dans une atmosphère

un peu intime

qui n'est pas la salle

de cinéma

qui n'est pas

tout à fait

le lieu normal

de sa vision

ça contribué

peut-être

ça renforcé

peut-être

son côté

extrêmement étrange

et assez dérangeant

il faut le dire

alors après moi

je l'ai revu

dans des au cinéma

mais y compris

le ciné-club

c'est-à-dire que

le ciné-club de mon lycée

le passé

très régulièrement

il y avait le cuirassé

Potemkin et Frix

c'était les deux piliers

de la sagesse cinéphile

étrange

je crois que je n'étais pas

employé ce mot

pendant le récit

et je l'aime bien ce mot là

étrange pour ce film

c'est peut-être le

c'est peut-être

localificatif

propre pour ces films

étrange

étranger

comme disait l'autre

c'est-à-dire qu'effectivement

on a le

on a je crois

toute cette thématique

qui est étranger

au fond

qui est étranger

et qu'est-ce qui est étranger

et qui est étranger

par rapport à nous

c'est ça qui traverse

intégralement le film

et qui le rend un objet

incroyable

c'est-à-dire que

au fond

on s'aperçoit

c'est que

chacun

apporte son regard

à ce film

il y a une chose

très symptomatique

c'est que vous savez

la cinéphile française

elle est en général

vertébrée

entre les cahiers

du cinéma et positif

en tout cas ça a été

le débat pendant

des années

j'ai que j'agère

des décennies et des décennies

et bien sûr ce film-là

il n'y a pas eu un antagonisme

sur l'un était pour

l'autre

il était contre en général

c'était comme ça

il y a deux grandes revues

de cinémas situées

ils étaient pour le film

tous les deux

tous les deux

mais pour des raisons

diamétralement opposées

c'est-à-dire que positif

défendait la vision

d'une sorte de film

surréaliste

bunieux et liens

effectivement

maniant l'étrange

comme quelque chose

de très poétique

et les cahiers

défendait le film

pas pour les mêmes raisons

pour les raisons presque inverses

en disant

mais c'est un concentré

d'humanité

ça nous montre

l'humanité telle qu'elle est

avec ces mauvais penchants

entre guillemets

mais qui sont des penchants moraux

évidemment que ces êtres

sont deformes

mais c'est pas leur faute

en revanche

le cerveau

de ces êtres-là

et aussi des gens

d'inormaux

peut-être deformes

et donc on approche

l'humanité

avec ce film au plus près

c'est étonnant

de voir combien

Frix

Chari

d'interprétation au pluriel

de sentiments

presque opposés

et en tous les cas

presque contradictoires

aussi à certains égards

et c'est ce qui en fait

sa richesse

moi je pense très honnêtement

que c'est un film

on continuera

à tourner autour

et c'est ça l'étrangeté aussi

on continuera

à tourner autour

dans le siècle avenir

parce que je pense

qu'on en a fait

on en a lâché

jamais le tour

pour un film qui dure

une heure

c'est un sacré pari

et qu'on continuera

effectivement

à avoir des débats

par exemple

est-ce qu'un film

peut changer notre regard

parce qu'au fond

c'est ça aussi

l'une des questions

d'individes par Frix

nous sommes en 1932 en plus

au moment où il sort

alors on peut se dire

c'était encore plus gonflé

de sortir un film en 1932

qu'aujourd'hui

mais j'en suis pas sûr

et quelle est votre avis ?

c'est extrêmement gonflé

à tout usage

à tout époque

je pense

effectivement

l'un de vos

l'un des intervenants

qu'on a entendu dans la première partie

disait à Juste Tide

que dans les années 30

pour aller vite

le génisme était en mouvement

et que ça pose

un certain nombre de questions

très très prégnantes à ce moment-là

mais je pense que ces questions-là

parce qu'elles font partie

de l'humanité

c'est-à-dire parce qu'elles

nous interrogent

sur notre capacité

ou notre incapacité

à vivre l'étranger

l'étranger

à le vivre normalement

toutes ces questions-là

traversent les décennies

traversent les siècles et les époques

et une fois de plus

c'est pour ça qu'on continuera

à mon avis de regarder

longtemps, longtemps, longtemps

fixe

faut-il d'ailleurs espérer qu'un jour

on le regarde de façon détachée

je ne crois pas

ça perdrait sa force

exactement je crois qu'il faut

impérativement qu'on continue

à être à la fois

dérangé, bouleversé, charmé

attiré, révulsé

c'est autant de sentiments

qu'on a à l'égard de ce film

et je crois que c'était

la volonté de Bronning

parce qu'il faut quand même

rappeler que c'est un film de studio

or un film de studio

c'est fait pour faire de l'argent

c'est clair, c'est posé sur la table

c'est-à-dire qu'il n'y a pas

l'idée de faire des films

d'experimentaux

c'est un film de studio

donc c'est un film fait par

le type qui venait de faire

Dracula et qui s'était fait

une réputation

et un solide portefeuille

d'un garni

il fait frix

il ne se dit pas tout d'un coup

je vais tomber

dans le film d'auteur

ou expérimental

surtout lui il est dans une optique

de commerce

bon ben il se trouve que

comme vous l'avez très très bien raconté

côté commerce

c'est un bide total

mais pour le reste

pour le reste

c'est un formidable objet

de cinéma

après on en parle

90 ans plus tard

exactement on en dit

la preuve vivante

voilà alors frix

film precursor

en avance

sur son temps

il fallait bien que ça arrive

c'est

là pour le coup c'est

Pascal Risterucci

spécialiste de cet émarre

elle aussi

qui le souligne en 1999

on l'écoute

frix vraiment

je pense

c'est un film charnière

enfin

d'articule

façon unique

je l'impression

tout un ensemble de choses

qui gravitent autour du cinéma

c'est vraiment

tout ça est dans un film

pour une fois

c'est à dire à la fois

quand même tout ce que le cinéma

doit aussi

entre autres autour du monstre

il y a cette mémoire là

même sujet

le cinéma

à ses débuts

s'intéresse quand même

volontiers au monstreur

et puis encore aujourd'hui

énormément

donc il y a ça comme thème

après il y a toute la question

effectivement technique et esthétique

de où est-ce que je coupe

enfin

où est-ce que je coupe

dans des corps

qui sont déjà

même

qui sont prélécoupés

alors qu'est-ce qu'on fait

avec ça

et puis il y a aussi

la narration réaliste

auquel

le film joue

pendant tout le début

enfin on est dans un film

qui n'est pas très loin

du néoréalisme

avec cette idée

d'être au bord du documentaire

avec des gens qui jouent

leur propre rôle

et puis à la fin

on a l'effet spécial aussi

c'est-à-dire que vraiment

on a tout

Vous êtes d'accord avec

l'ensemble de votre concert ?

Ah c'est tout à fait éclairant

pertinent et c'est toute

la polysémie

du film de

Bonding c'est pour ça

qu'on arrivera pas à épuiser

la matière

moi j'en suis intimement convaincu

il faudrait

des livres et des livres

et encore vraiment

on continuera

à interroger

la planète Frix

vraiment

France Inter

Affaire sensible

Fabrice Drouel

Laurent Démas

puisque nous racontons

l'histoire du film

Frix

c'est l'occasion

de parler de Todd Browning

alors il y a eu

Dracula

vous l'avez rappelé

tout à l'heure

premier film fantastique parlant

d'ailleurs

qui on l'a vu contrairement

à Frix

c'était un énorme succès

après

Todd Browning

Frix

ça ne fonctionne pas

je ne sais pas si on a

la conscience

au moment où le film

ne fonctionne pas

qui va laisser une trace

importance dans l'histoire

je ne sais pas

où on est la carrière

de Todd Browning

à ce moment-là et après

je pense qu'il n'y a pas

de conscience non non

que au contraire

il y aurait peut-être

même

dans le studio

et

l'idée peut-être

même de mettre

le film sous le boisseau

ah oui oui

parce que le film

disparaît presque physiquement

il est interdit

en Angleterre

c'est sûr mais

après

il y a un moment

où on a cru vraiment

même que le film

n'existait plus

on a cru que le film

ne pouvait plus être montré

donc il y a eu

quelque chose de l'ordre

de l'inconscient

c'est-à-dire du fait

c'est un tel objet

étrange

un tel objet

bizarre

que peut-être

qu'il faudrait l'oublier

peut-être qu'il faudrait

faire comme si on l'avait pas fait

au fond

il y a cette idée-là

qui court

à mon avis

tout au long de la première

histoire du film

qui est fait par quelqu'un

en plus

une fois plus

qui est

pas blanc blanc

du point de vue

de l'étrangeté

parce que

bon alors non seulement

c'est un des premiers

à avoir fait des films de gangster

mais bon ça

film de gangster

mieux

mais ça c'est pas

très étrange

mais quand même par exemple

il a fait un film

avec l'acteur

incroyable

qui s'appelle

l'on chanet

et le film s'appelait

l'inconnu

et c'est un film

sur quelqu'un

qui fait

semblant de

pas avoir de bras

ça annonce Frix

mais c'est quand même

d'une grande perversité

c'est-à-dire que

pour Bronning

cette interrogation-là

elle existait

bien avant Frix

ce qui fait d'ailleurs

qu'il faut lui donner acte

de ça

Frix n'est pas

dans la carrière de Bronning

comme une sorte

d'objet

à part

un coup d'éclat

une volonté

tout d'un coup

d'aller

faire des mecs

un peu d'un mécanique

de rouler des mécaniques

pas du tout

il a cette interrogation-là

du corps

du corps d'effet

du corps abîmé

du corps pas montré

du corps qu'on dissimule

et du corps abîmé

il a ça

vraiment Bronning

de toute évidence

et presque

je dirais

depuis le début de sa carrière

donc c'est pas chez lui

un hasard

si il fait Frix

le film en revanche

ne marchera

vous l'avez

on l'a déjà dit

ne marchera absolument pas

quelle place occupe

Todd Browning

finalement

dans l'histoire du cinéma

comme toutes les comètes

comme ça

c'est-à-dire

c'est un objet sombre

c'est un peu

peut-être c'est

on est un peu

du côté de Kubrick

et de Milan

il sait de l'espace

c'est peut-être lui

le mégaliste qu'on voit

dans le film de Kubrick

en formule une explication

c'est peut-être ça

c'est peut-être l'âme

c'est peut-être oui

c'est peut-être l'âme de Bronning

avec les singes

on sait pas

non plus sérieusement

c'est vrai que ça a été

on l'a entendu là aussi

un destin très curieux

c'est-à-dire un quelqu'un d'oublié

comme le film

on a oublié le film

on a oublié Bronning

et puis on est en train de le redécouvrir

parce que c'est effectivement

certainement une pièce maîtresse

du dispositif Hollywoodien

des grands studios

de la naissance du cinéma

avec Griffith

puis de la naissance

des grands studios

de la naissance des genres

les films de gangster

les films d'horreur

Dracula c'est un personnage

quand même extraordinaire

il n'est au moment où

Frankenstein aussi

on n'a pas parlé de Frankenstein

mais c'est le même moment

donc c'est quand même

des moments structurants

de l'histoire du cinéma

il y aura je pense

enfin on peut dire un avant

et un après Bronning

quasiment vraiment

donc de ce point de vue là

la postérité

elle est forte

elle est vive

oui bien sûr

toute dernière question

Laurent Delmas

ce film aujourd'hui

il pourrait être

requalifié de films au walk

vous savez

éveillez-vous

éveillez-vous devant la différence

oui

et c'est pas plus mal d'ailleurs

c'est vrai donc vous avez raison

vous avez raison

c'est un film aussi

dont on peut donner

s'interroger sur la postérité

enfin par exemple

moi j'ai vu à Cannes

récemment là

au dernier festival de Cannes

il y a un film du français

Thomas Caillé

très jeune talentueux

enfin jeune talentueux réalisateur

qui a fait les combattants

pour son deuxième film

il fait un film

qui s'appelle

Le règne animal

c'est un très beau film

avec Romain Duris

et Romain Duris

qu'est-ce qui se passe

ben un jour

sa femme progressivement

se transforme en oiseau

et tout autour de lui

l'humanité

est en train de se transformer

une partie de l'humanité

en animal

ça fait penser

mais à Frics

mais de façon sidérante

et c'est une façon

de montrer la modernité

de Bronning

et la modernité

de son interrogation

une fois de plus

on a faim c'est parfait

on a le masse

comme d'habitude

alors on vous retrouve

le samedi

à 10h

on aura tout vu

avec Christine Masson

et puis alors j'ai parlé

tout à l'heure

de cinéma et dépendance

sur France Culture

il s'agissait de France inter

il faut nous rendre

ce qui nous a parti

même si c'est la même maison

absolument

allez à bientôt

c'était à faire sensibles

aujourd'hui Frics

de Todd Browning

une émission que vous pouvez

réécouter en podcast

bien sûr

à la technique aujourd'hui

de Frics Timber

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:49:34 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles : une histoire de monstres, et de cinéma, celle du film Freaks.