Bookmakers: Constance Debré (3/3)
ARTE Radio 10/18/23 - Episode Page - 40m - PDF Transcript
Les écrivains au travail par Richard Goethe Sur Arthéradio
Peut-être que cette urgence et la littérature meurent,
la littérature qui partage le monde,
la littérature qui est devenue le contraire d'elle-même,
qui est devenue la bourgeoisie même,
son rempart, sa décoration, sa justification.
Comme l'Église est devenue le contraire du Christ,
qui était la pauvreté, la religion des pauvres et du pur amour,
et pas le pouvoir.
La littérature doit mourir peut-être pour redevenir cette chose de la nuit,
cette activité de kafar, ce langage de rats,
et non cette chose affreuse,
cette chose culturelle, aussi répugnante que les autres choses culturelles,
alors que les livres n'ont rien à voir avec la culture,
que ce qu'il y a dans les livres c'est beaucoup plus important que la culture,
que ce qu'il y a dans les livres ce n'est pas le beau, ce n'est pas le spectaculaire,
ce n'est pas la distraction, ce n'est pas le goût,
ce n'est pas l'époque, les questions de l'époque et le débat d'idées,
c'est juste cette chose de rats ou de kafar,
ce qui est absolument solitaire dans l'expérience.
Peut-être que les écrivains doivent redevenir ceux qu'ils sont,
ceux que je suis,
un kafar, un rat,
écrire ce qu'on est seul à savoir,
ce qu'on a vu, ce qu'on a compris,
écrire qu'on n'y comprend rien,
écrire comme on n'y comprend rien,
ou bien se taire.
Peut-être que c'est devenu sale aussi les livres.
Constance de Bré se décrit parfois comme le baron de Charlus,
option Sidvichus,
c'est-à-dire un troublant noble proustien,
raffiné et ambigu,
qui aurait mis les doigts dans la prise du punk des Sex Pistols
avec le désir revendiqué
de dire la violence et l'obsénité de nos vies lamentables.
C'est jubilatoire qu'on fit-elle
un léger chointement dans la voix
qu'elle nomme comme son accent snom.
Publier en 2020 aux éditions Flammarion,
Love Me Tender est, après Playboy,
le roman auto-fictif de son affranchissement familial,
d'une solitude assumée fondamentale,
le journal de bord d'une pré-quincagénère
qui se confonte aux normes en vivant pleinement son coming-out.
Où, encore et surtout,
les confessions singlantes, un peu bouleversantes
mais sans un gramme de pâteau,
d'une mère dépossédée de son enfant
qui interroge et réinvente l'amour filial.
J'assume tout, j'écris démasqué.
La vérité est la solution la plus simple
et la plus excitante.
Il s'écoule 40 000 exemplaires
de ses 150 pages immodestes
traduites au Royaume-Uni, aux États-Unis
ou dans les pays scandinaves.
Sur le même principe,
le livre suivant, non NOM en 2022,
ausculte sa généalogie,
disseque son origine,
les malheurs et les vertus de son clan
et marche aussi très bien,
32 000 exemplaires vendus.
Le dernier ouvrage en date,
Offence, amène Constance de Bré
à sortir des sentiers de l'autofiction.
Sujet, l'histoire vraie d'un criminel
de 19 ans, déjà père et sérieusement
dans la déche,
qui assassina une vieille voisine
de 10 coups de couteau pour lui voler
450 euros.
Le meurtrier s'adresse à nous,
Constance aussi, pour restituer le procès
et les circonstances psychosociales
de la tragédie,
érigant le tueur en sein
qui serait coupable à notre place.
La démarche ne convainc guère,
mais le livre se vend après
de 10 000 copies.
En dernière instance,
de cette comparition immédiate
dans les studios d'art et radio,
Constance liera la traduction
des paroles d'une chanson de Léonard Cohen
qui présente d'étonnantes similitudes
avec son œuvre des Enchantés.
...
Constance Debré,
coupons court à toute ambiguïté.
Qu'il est la part de fiction,
dans Playboy,
dans Love Me Tender et dans Non.
Est-ce que tout est vrai ?
Tout est arrivé, tout est vrai.
Ça, je le répète à chaque interview.
Mais l'intérêt, c'est la distorsion.
Et par ailleurs, bien sûr qu'il y a de l'ambiguïté,
c'est la littérature, le roman
et quelque chose de sale.
C'est le lieu de l'impureté.
J'ai foutu ma gueule, mon corps, mon cul,
dans les livres.
Les gens vont être troublés parce qu'à la fois,
il y a un personnage, il y a quelque chose
qui n'est pas exactement comme une discussion de café
et à un moment, c'est quelque chose de vrai.
Voici ce qui arrive à Constance D.
Elle continue à vivre dans un relatif ascétisme,
passant d'appartement en appartement et de fille en fille.
Elle flingue à la calache sa vie de famille
et sa vie d'hétéro.
Elle n'a plus tellement d'endroits pour elle,
ce qui est épuisant et fortifiant.
Mais du jour au lendemain, son ex ne veut plus lui parler
et voit d'un très mauvais œil son changement de vie
aussi bien sexuel que professionnel.
Constance pleure la garde de Paul, son fils,
qui écrit une lettre tribunale, qui ne veut plus l'avoir
et qui lui parle très peu lors de rares visites
encadrées par des experts.
Plusieurs années, c'est cool comme ça.
Et dès la première page, elle interroge
cette forme d'amour sacralisé.
Je ne vois pas pourquoi l'amour
entre une mère et un fils ne serait pas exactement
comme les autres amours.
Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s'aimer ?
Pourquoi on ne pourrait pas rompre ?
Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'en foutre
une fois pour toutes de l'amour,
de l'amour prétendu, de toutes les formes d'amour
même de celui-là.
Pourquoi il faudrait absolument qu'on s'aime
dans les familles et ailleurs,
qu'on se le raconte sans cesse les uns aux autres
ou à soi-même ?
Je me demande qui a inventé ça,
de quand ça date, si c'est une mode,
une névrose, un toque, du délire,
quelles sont les intérêts économiques,
les ressorts politiques.
Je me demande ce qu'on nous cache,
une grande histoire de l'amour.
Je regarde les autres et je ne vois que des mensonges
et je ne vois que des fous.
Quand est-ce qu'on arrête avec l'amour ?
Pourquoi on ne pourrait pas ?
Il faudrait que je sache, je me pose la question.
La narratrice se voit
limiter, disons,
dans son rôle de mère,
mise en cause
et donc elle se dit est-ce que c'est possible
de vivre sans,
puisqu'il y a des ruptures en toutes les autres formes d'amour
et des ruptures
avec les parents quand ils meurent, généralement,
mais dans l'autre sens,
ce n'est pas envisagé, ce n'est pas tellement raconté
et donc est-ce que c'est possible ?
Un des thèmes centraux de Love Me Tender,
c'est la dépossession.
Dépossession d'un fils, dépossession matérielle
puisque Constance vit avec 2 t-shirts
et un matelas dans une piole de 9 m2
ce que vous concevez
comme un exercice spirituel
de cellules monastiques
faisant à l'occasion les poubelles.
Combien de temps, exactement,
dure cette période-là ?
Dépossession, oui.
Moi j'aime bien, c'est plus simple,
il y a moins de choses dans l'esprit.
Puis j'avais pas de fric, donc j'avais pas de fric.
Derrière Love Me Tender,
moi je m'en fous en fin de cette histoire
et de mes emmerdes, etc.
Derrière ça, il y a la question de l'épreuve,
encore une fois, il y en a un certain nombre dans ce livre,
donc comment les épreuves vous font
à devenir ?
Ulysse serait pas Ulysse s'il n'ait pas passé
de temps de temps à se faire emmerder
à droite à gauche.
Et à mon avis la liberté est là,
la liberté c'est pas de devenir sexuel,
ou de balancer ses livres
par la fenêtre et de vivre avec moins de choses.
Ce sont des choses qui sont totalement superficielles.
Et la liberté c'est ça,
c'est le rapport au monde,
c'est le rapport entre l'individu
et les événements.
Ces événements sont vécus par une figure
qui renouvelle le personnage popularisé par Molière.
Si don Jean est une figure
très importante
à la fin du 18ème,
je deviens vraiment chiant, mais c'est passionnant
parce que c'est une figure pré-révolutionnaire
don Jean, et c'est pour ça qu'il est condamné
à la fin, dans la pièce ou dans le repéra,
c'est parce qu'il va contester,
il conteste l'église,
il conteste la noblesse,
il conteste tout le monde, il en a rien,
la question c'est pas de se taper des filles,
la question c'est l'ordre,
c'est une figure révolutionnaire.
Dès qu'une société condamne quelqu'un,
c'est parce que cette personne
conteste l'image que la société a d'elle-même.
Et pas parce que
les mecs ont tiré une boîte de tons francs pris,
c'est pas ça.
Parmi les choses dont vous vous débarassez,
il y a les livres, vous jetez Baudelaire,
Homer, Musil, Duras,
une très belle bibliothèque,
pensée comme un autoportrait, c'est faux.
Ce sont juste des signes qui ont traversé le cortex,
façonné plus ou moins,
de la mort.
Il faut rien respecter,
mais surtout pas les livres.
Et par ailleurs, les transformer
en trucs de déco, alors là c'est grotesque.
Page 12, il est noté,
je préfère écrire que travailler,
mais écrire c'est du travail,
c'est même la raison d'être de ce podcast.
Quelle est votre discipline quotidienne,
votre protocole, est-ce que vous écrivez
plutôt le soir ou le matin ?
L'écriture, pour moi c'est une forme de travail,
mais pas trop. Quand je suis dans,
c'est autre chose, voilà.
Quand je ne lâche pas, quand je ne le repas,
quand je ne vois pas de gens.
J'ai quand même besoin d'un espace vide.
Mais j'ai besoin de vie,
de matériel et de vie de personne.
Mais bon, ça se fait.
Vous avez publié plusieurs fois un poste
qui disait en lettre capitale,
urgent, cherche pièce vide pour travailler,
ni meub, ni cuisine, chambre de bonne, studio,
ce genre, Paris.
Je pense que je vais louer un truc pas très cher
à la campagne.
Enfin, j'ai trop de meubles hostiles,
quoi, c'est pas moi, tout ça.
Donc, je n'arrive pas du tout.
On est tous comme ça, on cherche aussi
une mauvaise raison parce qu'on n'y arrive pas.
Là, je dis que c'est la part.
Après, j'ai arrêté de fumer, ça aide pas.
De toute façon, je vais beaucoup voyager
dans les mois qui viennent.
D'abord à New York et ensuite à Los Angeles.
En prévision à libre ?
En partie.
Sujet confidentiel ?
J'ai l'impression qu'il y a juste une sorte
de temps.
Combien d'heures vous arrivez à écrire d'affilés ?
Ce n'est rien. Écrire, pour moi, c'est pas être
au bureau et taper des mots.
Si j'ai leur dit sur les genoux, je le regarde
comme je peux scroller sur Instagram.
Je mets une virgule et je l'enlève.
Ça peut être comme ça.
Parce qu'il faut voir, revoir, revoir,
tester l'effet sur soi, essayer de comprendre
les questions de rythme, les questions
d'intensité, de trucs, de...
C'est ces choses-là.
J'irais presque de lumière.
J'ai voulu aussi ça.
Je peux le faire toute la journée.
Merveilleuse transition à la question de la lumière.
Vous avez dit, je voulais d'un style le moins
verbeux possible, très direct, sangrat,
efficace, avec aussi peu de psychologie
que possible parce que je déteste ça.
Et pour faire comprendre cette idée, vous avez
une fois fait référence à une image très connue
du photographe américain William Eggleston
qui montre une ampoule
nue, reliée par trois fils au plafond
d'une chambre d'un rouge tout à fait
lynchien, chaud et inquiétant.
Pour les personnes qui nous écoutent et qui voudraient
observer, pendant que nous parlons cette photo
de 1973, son titre est
Greenwood Mississippi de, je répète, William
Eggleston. Vous avez dit que cette image
est à la fois banale et d'une force
incroyable. C'est exactement
ce que vous visez ?
Un livre c'est pas juste un morceau, c'est pas
une photo. Je ne pourrais pas me contenter
de faire cette image, cette image,
cette image pendant 200 pages.
Oui, il y a des moments où je veux c'est ça.
Mais pour que l'effet soit le même
que ça disons, il faut un moment qui est d'autre chose.
Sur la photo, on voit
aussi un poster au mur
avec le détail d'une prise de catch ou de lutte
greco-romaine en trois postures. Voulez
vous aussi du corps à corps méthodique.
Je parle des personnages dans les textes.
J'aime bien mettre une langue qui soit portée
par des corps disons et raconter la vie
des corps un peu. Moi c'est un truc que j'assume.
J'assume ma gueule, j'assume
l'écrivain qui est derrière
quoi.
L'auteur doit être incarné.
Je pense qu'on est aussi
à une époque d'image
et il faut aller jusqu'au bout du truc.
On me remarque parce que je suis
ce que je suis. J'ai le crâne rasé, je suis
grande et qu'on est
quand même dans un monde où les
écrivains n'ont pas une image très nette.
Enfin il n'y en a peu.
Wellbeck par exemple très très bien joué ça
je pense, de sa gueule, de sa dégaine.
Moi je ne l'ai pas poussé
comme ça mais je ne suis pas
contre la question du corps et de l'image.
C'est une fausse pudeur.
Moi je suis un intelligente par un corps.
Comment tu marches et comment tu as
cette responsabilité dans l'existence
si moi ça m'intéresse.
La littérature, le roman, c'est faire une proposition
de forme. C'est faire une proposition de forme
au cas où de l'existence.
Toutes œuvres d'art c'est ça.
Quelles formes les auteurs,
les artistes décident d'avoir
aussi dans l'existence.
Et si ils sont informes je suis là.
Je vois que la gueule que t'as commenter habillé
je n'ai pas envie de lire ton livre tu vois.
Pour obtenir ce style sans gras
vous coupez quoi ? La moitié de ce que vous écrivez
est-ce que c'est pour ça que toujours vous
lire son 6 cours, 150 pages maximum ?
J'écris pas 800 pages et pour arriver
à 150 pages. Là il y a 4 pages
au début je suis à au quai je ne sais pas trop
puis je les mets à la fin, puis en moins
ils disparaissent, mais j'en ai 100 paragraphs.
En gros puisque je n'arrête pas de couper
et de rajouter, il fait quasiment toujours
la même time. Sauf au début oui il faut qu'il grossisse un peu
et qu'il n'arrive pas comme un petit
nourrisson à 200 pages serait-ce génial mais non.
Avez-vous écrit en pensant qu'un jour
votre fils vous lirait ? Vous êtes-vous
censuré pour lui ?
Alors je ne peux pas ne pas me poser la question
je le voyais pas beaucoup à l'époque mais j'en ai parlé
avant la sortie c'était très important. Il n'y a pas longtemps
il m'a demandé quand c'est ce que je pourrais le lire je dis
écoute je ne peux pas t'interdire maintenant
je pense que pour telle ou telle raison
pas tout de suite.
Il vous écoutera ?
Il a tempérament
il ne le coûte pas forcément ce qu'on lui dit
c'est ce qui me paraît le signe d'une éducation
réussie donc je me réjouis
ce que j'écris est plus
important que tout y compris mon
fils c'est tout.
Si il n'y a pas d'irrespect c'est pas la peine
à la relecture je trouve que c'est
assez beau en fait ce que je dis de lui
mais il y a une immense violence
une grande violence quand on écrit
sur les vrais gens
d'un livre immense violence
quelle que soit la façon dont on écrit
mais c'est la violence
ou on l'assume
ou on l'assume pas et on n'écrit pas le livre
quand on le fait avec des adultes
bon bah c'est des grandes personnes
à forcerer des grandes personnes
qui ont des rapports avec vous sachant
que vous êtes écrivains
quand c'est son fils
c'est plus difficile
mais je ne vois pas d'autre manière de faire
ils se démerdera avec ça
comme on se démerde tous avec plein de choses
il est même dans les rues et sur des bâtiments
mon nom
il me tombe sous les yeux
et la voix de la madame et ratépe me le rappelle
au cas où je voudrais descendre
à la prochaine station
qui s'appelle comme moi
leur obsession pour leur nom propre
mon nom propre, moi qui n'ai pas de propriété
mon nom de famille
moi qui n'ai plus de famille
et comme une protection contre la mort
leur rempart contre le tremblement
les bourgeois sont des gens qui tremblent
c'est ça souvent que les autres ne voient pas
la peur immense des bourgeois
dans cette histoire du nom
j'ai moi aussi une place
au début on me regarde de travers
avec mes colères silencieuses et mes vêtements de garçons
on me prend à part, on me demande pourquoi
mais quand je grandis
et que je rapporte des mentions
et quand Henri IV et quand le droit est encore des mentions
et puis le barreau
et puis tous mes petits succès bourgeois de ce genre
bien sûr je commence à leur plaire
j'aurais pu être l'héritier parfait
ou plutôt le seul héritier c'était moi
ce n'était pas ma sœur
ce n'était aucun de mes cousins
tout le monde le savait et moi aussi
j'aurais pu être comme eux
j'aurais pu accepter
plutôt crever
B L U T O T C R E V E R
comme j'ai fait tatouer sur mon cou
ça m'aide à rester cadré
bien sûr que l'héritier c'est moi
bien sûr je l'ai désiré
Constance Debré
non
avez-vous conçu
non et no m
comme le troisième volume d'une trilogie
voyez-vous ces trois orages comme un bloc
non mais trilogie en fait
on n'est pas dans un monde où il y a des trilogies
non mais je rigole
ils sont impliqués les uns dans les autres
ils sont déjà annoncés dans Playboy
je crois que meilleur pas chez ma famille
c'est dans Playboy je me suis bien marré
après je suis devenu moins drôle
le titre de ce quatrième roman
non n o m
peut s'entendre comme un non n o n
à ce sujet vous répondez
ce double sens à l'oreille me va
mon nom est son refus
certes mon nom est un peu connu
on ne cesse de m'y renvoyer le plus souvent sous forme de fantasme
la plupart de ses fantasmes sont des clichés
la pauvre petite fille riche
de l'analyse maférent
des choses un peu ridicules
mais qui ont l'avantage de m'avoir fait éprouver très tôt
la bêtise de toute origine
le livre s'ouvre sur le corps mort
de votre père dans sa maison de Tourenne
lavé et habillé en vue de ses funérailles
j'aime bien me lancer un cadavre
à la tête des gens au début d'un livre
surtout que ça illustre
la question d'en finir avec l'origine
puisque c'est la fin de votre origine biologique
oui oui bah il se trouve que mon père est mort
pendant la créature de... non il était
origine que vous trahissez par principe
alors que vous auriez pu être
dites-vous l'héritier parfait
mais je le suis
je ne pouvais faire que ça
il doit être content parce que franchement
il faut bien réussir, n'obliger
bon mais je ne pouvais pas réussir comme eux
j'étais obligé de les tuer
il faut des hérités pour hériter
voilà je les fais, j'ai bien rempli le contrat
dites deux là, des mes parents et des autres
vous théorisez sur la violence de classe
comme en croisade
la vie lamentable qu'on voit partout et qu'il faut dire
l'obsénité de nos vies lamentables
à laquelle vous vous associez heureusement
vous voyez maintenant comme un soldat
vos affaires tiennent dans deux sacs
vous jetez quand ça déborde
il faut se désir de se gouverner
et on n'y arrive jamais complètement
mais c'est toujours bien de se voir comme un état souverain
vous appelez
à éloigner les enfants de leurs parents dès leur plus jeune âge
vous appelez à la suppression de l'héritage
de l'obligation alimentaire entre membres
de la même famille
de l'autorité parental
du mariage, de l'affiliation, de la tutelle
de la minorité, du patrimoine, du domicile
de la nationalité, de l'état civil
de la famille, du nom de famille
et même de l'enfance si on peut
soldat, nous devons impérativement
reprendre ce territoire à l'ennemi
qui est pu
gardez vous
quand on é lance de grandes idées comme ça on attend quoi
c'est une blague
s'il y a un moment comme ça de diatribes
c'est pas tout sur le même temps
et c'est pas au premier degré
les premières préoccupations de l'état
c'est que ça mouffte pas
ça plus le capitalisme
on a envie de choses
on est comme des cons avec nos téléphones
on a à peu près la paix
de temps en temps il y a des poubelles qui flambent
mais globalement ça va
il faut quand même rappeler que les institutions
sont là pour nous ramener
nous coller les pieds
dans la famille, l'école
la question du domicile moi je suis toujours été fasciné
de voir que différents pans du droit
nous obligent à avoir un domicile
en vrai qu'est-ce que ça peut foutre
à l'état que j'ai un appart
ou pas
c'est un lieu où l'état peut vous attraper
c'est tout
le fisque
ou la police
pour faire une perquisition
peu importe
et ça c'est un truc très très ancien
je suis pas en train de parler de Macron là
c'est pas si évident dans le texte
que ce soit une blague
c'est sérieux comme les blagues le sont
le discours contient sur l'école
ok moi je vous ai dit j'ai eu un prof super
en première
l'école
c'est quand même un cauchemar
parfois on arrive au moins à apprendre à lire à l'école
mais ça apprend le respect
ça apprend aux gens à devenir des moutons
bon
un de mes souvenirs les plus nettes c'était
putain mais quand ça s'arrête ce truc d'enfance
où on n'est pas libre
et on doit par exemple
être à une table on fait faire des choses
après il faut aller déjeuner à la cantine
et jouer au billet dans la cour
pardon je m'emballe sur l'école
c'est quand même un truc de contrainte
de contrainte décor en particulier
moi je suis rassurée
quand j'entends que mon fils respecte pas les profs
voilà ça me rassure
le problème c'est que quand c'est pas obligatoire
ça fait des catastrophes
le très sérieux journal britannique de garden
a écrit en début d'année
pour parler de votre style
que vous subvertissez la ponctuation
à quoi ce critique faisait-il allusion à votre avis
je sais que je n'aime pas tellement les vircules
je suis obligée d'en mettre
parce que sinon c'est indisible
les trucs abscons c'est insupportable
donc il faut en mettre un peu de la ponctuation
même si visuellement je n'aime pas ça
pour le dernier offens
si j'ai passé à moi
à enlever quasiment toute la ponctuation
pas que ça se voit trop parce que
si on voit que ça
si on voit que ça c'est méga chiant
puis je vais dire
il y a des types du nouveau roman
qui l'ont déjà fait
donc on va pas refaire les trucs d'il y a 50 ans
ça c'est merci
bon après j'ai repassé un mois à la remettre
pas complètement mais pas mal
j'aime pas pour tuer
comment on nous apprend à le faire lucer
ce livre non
sort en 2022 de nouveau chef-la-marion
et marche aussi très bien
20 000 exemplaires en grand format
12 000 en poche
vous avez maintenant
un lectorat fidèle qui vous suit
dans vos aventures
c'est donc le moment
pour proposer une variation
un pas de côté bienvenue
il est coupable oui
mais il est coupable à notre place
puisqu'il faut bien que quelqu'un porte la faute
puisqu'il faut bien que quelqu'un porte la peine
je me condamne
d'avoir cru un instant
que je pouvais m'échapper
d'avoir cru alors
que des gens comme nous
ne doivent rien croire
qu'il n'y a rien à croire
je suis coupable
oui
mais je suis coupable à votre place
puisqu'il faut bien que quelqu'un porte la faute
puisqu'il faut bien que quelqu'un porte la peine
l'indignité
met alors tout entière
et de son propre fait
plutôt que de celui des autres
l'indignité comme étendard pourquoi pas
je fais moi qui écrit ce livre
par ce livre et les autres
l'éloge des grandeurs négatives
c'est lui les faits
c'est moi qui parle
tout est vrai
tout
lui, moi, vous
j'écris la vie des saints
Constance de Barré, offense
vous avez dit qu'offense
vous avez permis de sortir un peu de votre biographie
et c'était hyper agréable, reposant
la biographie peut enfermer, être répétitive
je ne vais pas raconter mes journées à la piscine
sur 5 ou 20 livres
ce n'est pas mal de sortir de la confusion de l'auteur
avec le personnage
si l'écrivain que je suis ne parlait que de lui
franchement je ne le dirais pas écrivain
parce qu'il se joue
dans un crime, dans un procès
de grandes grandes choses
de la question du nous
de la question de la société, de la question du bien et du mal
mais pas un niveau simplement individuel
un niveau collectif
comment il y a un partage des choses pour dire qu'on fait le bien
en disant que c'est l'autre qui fait le mal
de mettre de confort et payer par
de grandes souffrances
qu'il y a un enfer qui
qui chauffe notre paradis
c'est ça que je voulais mettre en scène
en racontant mon meurtrier
l'origine d'offense est achetée dans votre vie d'avocate
en bon lieu parisienne
un jeune homme pauvre, déjà père à 20 ans
pris en otage en quelque sorte par un dealer
et qui le doit de l'argent
tu une vieille dame de 10 coups de couteau
il lui faisait ses courses
et comme l'ont dit les journaux
il l'a tué pour 450 euros
au procès il dira qu'il l'aimait bien
vous avez plaidé pour ce garçon ?
l'origine elle est dans Dostoevsky et Camus
à 17 ans quand on lit ça on dit
ah oui, là il y a quelque chose de la lui-même
là il y a quelque chose de nous tous ensemble
il y a quelque chose de l'horreur de la société
je le sens
et quand j'ai Christive c'est de ça que je veux parler
mais je peux pas dire que l'origine
ce soit mon expérience d'avocat
c'est quelque chose de plus ancien
le drame qui est au coeur d'offense
c'était déjà évoqué dans le livre précédent
non
il y a tout un chapitre où vous racontez entièrement
l'histoire de ce garçon
en expliquant que vous avez retrouvé
de nombreux éléments du dossier
vous êtes même fascinés par ces baskets
des nikes requins
où vous achetez les mêmes
pour pouvoir j'imagine
consciemment ou inconsciemment
vous mettre dans ces pompes
je sais qu'un jour je les ai achetés
mais je sais pas y'a pas des sens plus que ça
au fait d'acheter une paire de nikes
mais en souvenir de ce type qui était en taux
ouais
que vous avez défendu ?
oui
oui oui
bah mal peut-être
passant de nom à offence
ma première réaction en tant que lecteur
c'était de me demander pourquoi revenir sur cette histoire
puisque vous l'aviez déjà très brièvement traité
pourquoi ne pas explorer la figure du condamné
et cet enfer qui chauffe notre paradis
à travers une autre affaire
puisque j'imagine que vous avez plaidé
défendu des dizaines et des dizaines
de personnes
je toujours pensais à lui
je suis un peu gêné de paraitre ça comme ça
pour le coup y'a des vrais
grandes souffrances derrière
mais bon ok
pareil j'assume la cruauté, la violence
donc je l'ai fait
mais ce qui me plaisait dans cette histoire
c'était sa grande simplicité
et cette figure du meurtrier
du type qui va tuer une vieille dame
encore une fois à Skolnikov
c'est la même chose
vous parlez bien sûr du jeune et bel assassin
de crime et châtiment de Doseyevsky
un jeune mec qui va tuer une vieille
bon ok
tu n'as pas changé de camis
tu peux une vieille dame
et tu as un arabe sur une plage
mais c'est pas pourquoi il le fait
qu'est-ce qui se passe à ce moment-là
il ne se souvient que du coup à la gorge
pour qu'elle se taisent
puisqu'elle criait
et puis du sang
du sang qui ne s'arrêtait pas
comment il avait pu y aller si fort sur le coup
comment il avait pu lui trancher le larynx
en étant au-dessus d'elle
avec le petit couteau de cuisine
celui que tout le monde a, celui qu'on a tous
c'est ce qui les a le plus étonnés
il en soupçonnait de mentir
de l'avoir égorgé par derrière
quand elle était assise à sa table
et lui debout
c'était comme il a dit
elle part terre et lui à genoux
il l'a tué comme on prie
l'ange c'était lui
c'était le bien contre le mal
elle et lui
mais pas comme les flics les juges ont pensé
le mal c'était elle
elle qui était l'aide, qui était lourde
qui le retenait
tout ce qu'il le retenait
le mal c'était le poids des choses
et à l'aideur de tout
il fallait bien qu'il y ait un combat
une fois
une fois dans la vie
avoir lutté
être allé au bout
être allé
face à face
une fois
une fois pour le restant des jours
peut-être alors qu'elle a cessé d'être le mal
peut-être que c'est ça qui s'est passé
quand il s'est baissé sur elle avec le couteau
que le mal a transité
d'elle à lui
qu'il lui a pris le mal
le mal de sa vie minable
de sa méchanceté et de sa l'aideur
qu'il l'a sauvé
elle et tous les autres
qu'il a pris à sa charge
toute la saloperie de la vie minable
à elle et à tous ceux qui sont autour de lui
depuis si longtemps
depuis toujours
peut-être que c'est à ça qu'il serve
eux les gens comme eux
peut-être que c'est à prendre tout le mal
que servent les assassins
tant pis pour la dame nation
Constance Debré
Offense
Détail
dans la première version
celle imprimée dans le nom
l'assassin a tué de 17 coups de couteau
dans la deuxième le nombre de coups descend à 10
Oui bien vu
parce que j'ai repris la vérité
je m'étais un peu emballé
comme il y a du vrai derrière
sinon c'est pas la peine de lui doubler
le nombre de coups de couteau
Quand on vous demande de quel droit
vous prenez la parole à la place de ce jeune garçon
vous dites quelque chose qui est toujours bon à rappeler
cette histoire de légitimité
est une vaste connerie
le mouvement moral le plus important
c'est se mettre à la place de l'autre
la personne que j'aime
un type qui dans l'enlaru
mon ennemi
mon ami
l'indifférent et étranger
le jour où on ne parlera plus que de sa soi-disant position
on n'aura plus que des histoires parallèles
et chacun sera conforté
prétendument par respect
dans un égoïsme
une incuriosité
une indifférence qui me dégoûte
néanmoins
j'ai ressenti un troupe de l'énonciation
on démarre avec une description assez froide
du lieu du crime
on commence donc par croire que c'est vous
Constance
ou une narratrice omnisciante
qui s'exprime
puis dès le début
un jeu surgit
c'est en réalité le turc qui parle
utilisant à l'occasion
le nous des marginaux
comme lui
chapitre 2 on passe au île
et vous reprenez la main
un jeu s'adresse aux lecteurs
mais ce n'est pas encore bien clair
est-ce que c'est vous
Constance Debré écrivain
peut-être
peut-être pas
puis au milieu du livre
ça se mélange de manière assez confuse
parfois c'est le turc qui parle
parfois c'est vous
parfois le turc parle d'une communauté de marginaux
parfois Constance Debré parle à la société tout entière
le dispositif
qui n'a rien d'original en soi
manque de clarté
pour moi c'était un des enjeux littéraires
c'était de jouer dans la question d'énonciation
qui est plusieurs jeux
et même plusieurs nous
moi je parie sur la confiance de lecteurs
après s'il y en a qui lâche
j'ai eu l'impression que le livre
était le premier jeu
de quelque chose de plus vaste
de plus grand
de plus creusé
je voulais pas que ce soit plus
je voulais qu'il soit comme ça
juste comme une pierre
un truc fermé
pouf voilà
dans votre livre en chantier
est-ce que vous écrivez en ce moment
est-ce que vous écrivez encore au jeu
c'est pas complètement fixé ça
il y a peut-être un jeu
mais c'est la biographie
je parle dans des trucs vachement plus loin
qui m'intassent beaucoup plus
des choses réelles
que j'essaye de poser
pour qu'elle fasse de l'effet
pou
je vais lire
un dernier petit extrait de Playboy
j'ai toujours eu un problème avec le fric
c'est à m'angoisse d'en gagner
c'est quand je suis pauvre
et que j'ai les huissiers au cul
que je me sens à ma place
est-ce qu'on peut parler d'argent
ah oui oui, avec plaisir
quand vivez-vous de votre art
de votre travaux d'écriture au sens large
sans avoir besoin d'exercer une autre profession
en parallèle
quasiment depuis que j'écris
alors avec plus ou moins de confort
donc depuis 2018
t'es la sortie de Playboy
j'ai à peu près tout de suite lâché le barreau
tu sais j'étais encore inscrit
mais j'avais quasiment plus de dossiers
je pouvais pas abandonner les gens
au moment de l'audience
mais depuis que j'écris
j'ai vu de ça
si ça n'allait pas marcher
j'allais pas te planver
donner aussi un peu de panne à chaud geste
rentrons dans les détails si vous le voulez bien
vous rappelez-vous
à combien s'élever la valeur
à reçu des éditions du rocher
pour votre tout premier roman
non
en 2004
je sais pas si j'en ai eu
peut-être zéro
aucun souvenir
à combien s'élever la valeur
à reçu des éditions stock
pour Playboy en 2018
je crois que c'était 2000
mais je sais pas si il faut le dire
ça moi je m'en fous
mais c'est pour eux
tout le monde le dit ici
ah oui je sais
et puis alors par ailleurs j'oublie
si j'ai un problème avec l'argent
c'est que je...
je suis mauvaise avec les chiffres
je vous jure
je peux vous dire
comment je vis
et combien je paye ma souloque
et où je fais mes courses
mais je peux même pas vous dire
la valeur que j'ai reçu
pour mes derniers livres
je sais pas
je sais que je vis avec
mais est-ce que ça a
considérablement augmenté
entre 2000 balles
et c'est avec quoi je vis aujourd'hui
oui ça a considérablement augmenté
parce que maintenant j'arrive
à payer une souloque
et j'ai plus de problèmes
quand je fais des cours
je prends des limes
et tout ça
et c'est cher
parce qu'en fait
c'est vraiment des conneries
mais...
non non
donc là je suis à Reine du Pétrole
je vais pas m'acheter un appart
mais jamais de la vie malheureusement
qui peut se permettre d'écrire
à part les singlés
qui à 50 ans lâchent tout
en se disant bah c'est pas grave
je m'en fous je dors dans la rue
c'est bon
bah c'est les gens qui ont le cul au chaud
ou qui soient profs
ou qu'ils ont un appart
par leur parent etc
du coup faut pas s'étonner
que la littérature soit bourgeoise
et méga chiante
puisque c'est des gens
qui ne savent pas
ce que c'est que la survie
parce que c'est
la vraie peur
j'exagère évidemment
qu'il y a des écrivains
qui ne font pas comme ça
et que la bourgeoise
a par ailleurs produit
les plus grands textes
de la littérature
c'est pas des gens
qui ont le risque
dans la peau
il faut se mettre
un peu en position de risque
ça c'est une des choses
qui m'intéressent
en écrit tu vois
on a revu en mode risque
qui est peut-être
la réponse à la toute première question
ah bah d'accord
ok vous l'avez eu
à combien c'est le vrai
la valoir d'offense
plus ou moins
mais honnêtement je sais pas
à quoi
ça peut être 20 000€ aujourd'hui
ah oui certainement oui
même beaucoup plus
beaucoup plus je sais pas
je vis en gros
avec
2005 par mois
après j'en sais rien
parce qu'il y a des trucs
qui viennent
des traductions
je sais pas quand ça tombe
ces choses là
depuis très très peu
quand je tire de l'argent
j'ai pas peur
que ma carte soit allée
est-ce que vous négociez
quand on vous propose
un avaloire
que vous dites non
je veux plus
non mais là je suis bien
je confie en ce qu'on propose
je pense que
Alex est super cool
et Flamarion aussi
honnêtement
non
mais bien sûr que non
je veux pas partie des écrivains
qui vont négocier
pour avoir un avaloire
qui vont jamais
rembourser avec leur ventre
tellement c'est élevé
et qui font de la cavalerie
entre cinq maisons
et du coup les mecs
on comprend pas
ils vendent 600 bouquins
mais ils se sont achetés
une maison de campagne
mais en fait ça me fatigue
je m'en fous j'ai pas besoin
de plus que ce que je gagne
et non je vais pas négocier
une question
de nos réalisateurs
Samuel Hirsch
et Charlie Marselet
quel est le son
du réel
qui correspond le mieux
à votre œuvre
à votre univers littéraire
on voit du métro
le putain de porte
il se ferme vous voyez
parce que je sais pas
j'ai du prendre trop le métro
c'est d'un temps je sais pas
vous faire gaffe à ce que
les portes ne se referment pas
sur nous
oui c'est ça
c'est quoi ?
c'est un petit lapin
un petit lapin rose
c'est ça
c'est bien
je me fous pas mal
de me faire rejeter
de me faire jeter
mais j'en ai marre
d'avoir honte de moi bordel
même cette émission
n'est pas frais
faites leur croix
que vous êtes dingue
pour terminer
quand Libération vous demande
quelle est la chanson
que vous aimeriez entendre
à vos funérailles
vous répondez
everybody knows
de Leonardo Cohen
sorti en 1988
ouais
en précisant
c'est une manière non tragique
de dire le tragique
comme c'est aussi
la chanson phare
de l'un des plus grands films
consacrés à l'art
de faire de la radio
à savoir
Pump Pops of volume
du canadien Alan Moyle
avec Christian Slater
en lycée un rebelle
qui monte une antenne
pirate dans le sous-sol
de sa maison
pour se libérer
et les autres avec lui
de la solitude
dénondie du conformisme
et de ses angoisses
j'adore
surtout l'idée
qu'une fois
le droit d'aller n'importe où
puis je vous demandais
de nous lire
cette rapide traduction
de l'essentiel des paroles
tout le monde sait
que les dés sont pipés
que la guerre est finie
que les bons gars ont perdu
que le combat a été truqué
que les pauvres resteront pauvres
que les riches resteront riches
c'est comme ça
que ça marche
tout le monde sait
que le bateau fuit
que le capitaine a menti
tout le monde se sent
comme le jour
que votre père
ou votre chien vient de mourir
tout le monde sait
que c'est maintenant ou jamais
que le contrat sent le sapin
que la peste est en chemin
que ce vieux noir de Joe
continue de ramasser
du coton blanc
pour vos rubans
tout le monde sait
ce que tu as vécu
sur ta croix pleine de sang
sur la colline du calvaire
jusqu'à la plage de Malibu
c'est comme ça que ça marche
tout le monde le sait
tout le monde sait
que les dés sont pipés
que la guerre est finie
que le bon gars ont perdu
que le combat était truqué
que les pauvres resteront pauvres
que les riches resteront riches
c'est comme ça que ça marche
tout le monde le sait
tout le monde le sait
tout le monde le sait
merci beaucoup qu'on s'en devrait
non merci, merci beaucoup
chers auditrices, chers auditeurs
merci d'avoir écouté
ce nouveau numéro de bookmakers
les écrivains au travail
très grand merci
surtout à mes complices
Charlie Marseillais
pour la prise de son
la réalisation
et le mixage
Mathilde Gamonpré
pour le montage
Alicia Marie
pour ses 3 secondes
de prise de son
et le mixage
Mathilde Gamonpré
pour le montage
Alicia Marie
pour ses 3 secondes
de prise de son
pour ses 3 secondes
de prise de son
à l'arrêt de trame
de l'hôpital Robert de Bré
Samuel Hirsch
pour toutes les musiques originales
Vincent Herdeven
pour le piano
que vous entendez en ce moment même
Manon Prigeant
et Samuel Hirsch
pour les lectures
Lou Marseillais
et Joseph Hirsch
pour les éclats d'enfance
Sylvain Cabot
pour le portrait
dessiné de l'invité visible en ligne
sans oublier notre détective sauvage
Clarice Legardien
pour ses coups de main spontanés
en termes de documentation
J'en profite pour signaler que le
bookmakers avec Maria Pourchet
enregistré en 2021
est devenu un livre
en version augmentée
avec de nouvelles questions
et de nouvelles réponses
sur le processus de création
de l'autrice de feu
et du récent western
Cela s'intitule
Le signe offert à l'empereur
En librairie
n'est le 27 octobre
aux éditions Point et Arte
Édition
La prochaine fois
je recevrai
avec joie
André Marcovic
Est-ce que t'es là ?
Est-ce que tu écoutes ?
On les a bien eu, hein Médor ?
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
La règle du je
Bookmakers #26 - L'autrice du mois : Constance Debré
Née en 1972 à Paris, Constance Debré se décrit parfois comme « le baron de Charlus option Sid Vicious ». C’est-à-dire : un authentique noble proustien, raffiné et ambigu, qui aurait mis les doigts dans la prise du punk des Sex Pistols, avec le désir revendiqué de « dire la violence » et « l’obscénité » de nos « vies lamentables ». « C’est jubilatoire », confie-t-elle avec un léger chuintement dans la voix, qu’elle nomme avec humour son « accent snob ». Ex-avocate pénaliste, elle est surtout l’autrice, en seulement cinq ans, de quatre livres à succès principalement autofictionnels, épurés et nerveux, en rupture avec les conventions sociales ou familiales, de « Play boy » (Stock, 2018) à « Offenses » (Flammarion, 2023).
Constance Debré (3/3)
« J'assume tout quand j'écris "je", j'écris démasquée. La vérité est la solution la plus simple. Et la plus excitante. » Publié en 2020 aux éditions Flammarion, « Love me tender » est le roman auto-fictif de l’affranchissement familial de Constance Debré, « d'une solitude assumée, fondamentale », le journal de bord d’une pré-quinquagénaire qui se confronte aux normes en vivant pleinement son coming-out. Ou encore, et surtout, les confessions cinglantes, un peu bouleversantes et sans un gramme de pathos d’une mère dépossédée de son fils, qui réinvente le lien et interroge l’amour filial. Il s’écoule quarante mille exemplaires de ces cent cinquante pages, traduites au Royaume-Uni, aux États-Unis ou dans les pays scandinaves. Sur le même principe, le livre d’après, « Nom » (2022), ausculte sa généalogie, son « origine », les malheurs et les vertus de son clan, et marche aussi très bien : trente-deux mille exemplaires vendus.
En janvier 2023, « Offenses » amène Constance Debré à sortir du couloir de nage de l’autobiographie romancée. Sujet : l’histoire vraie d’un criminel de dix-neuf ans, déjà père et sérieusement dans la dèche, qui assassina une vieille voisine de dix coups de couteau pour lui voler 450 euros. Le meurtrier s’adresse à nous, Constance aussi, pour restituer le procès et les circonstances psycho-sociales de la tragédie, érigeant le tueur en « saint » qui serait « coupable à notre place ». La démarche ne convainc guère, mais le livre se vend à près de dix mille copies. En dernière instance de cette comparution immédiate dans les studios d'Arte Radio, Constance lira la traduction des paroles d'une chanson de Leonard Cohen, qui présente de troublantes similitudes avec son œuvre désenchantée.
Enregistrement : septembre 2023 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Montage : Mathilde Guermonprez - Musiques originales : Samuel Hirsch - Piano : Vincent Erdeven - Lectures : Samuel Hirsch, Manon Prigent - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Clarisse Le Gardien, Joseph Hirsch, Lou Marcelet, Alicia Marie - Production : ARTE Radio
- Samuel Hirsch