Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - La malédiction du pull-over rouge. Episode 1

Europe 1 Europe 1 9/26/23 - 32m - PDF Transcript

Je vous propose de vivre une expérience passionnante et aussi, je vous préviens, très dérangeant.

Il s'agit de revisiter en trois épisodes l'affaire Ranuchi.

L'histoire de cette petite fille, Marie Dolores Rambla, assassinée en 1974 par Christian

Ranuchi, qui, deux ans plus tard, a été condamnée à mort et guillotinée.

Dans votre tête sans doute, cette histoire porte un autre nom, l'affaire du pulau vert rouge.

Je vous le raconterai dans le deuxième épisode, il n'y a pas d'affaires du pulau vert rouge,

il n'y a jamais eu d'affaires du pulau vert rouge.

Et dans le troisième épisode, vous découvrirez comment cette mystification peut peut-être

expliquer que des décennies plus tard, le frère de Marie Dolores Jean-Baptiste soit devenu un meurtrier

et même un double meurtrier.

Ça va beaucoup vous secouer tout ça.

J'ai écrit cette série en m'appuyant sur une formidable série documentaire de Canal Plus

réalisée par Julien Serri, Dolores, la malédiction du pulau vert rouge.

Elle est disponible sur My Canal.

Voici donc le premier épisode, il est incontournable pour se mettre les idées au clair.

Il s'agit de raconter l'affaire Ranuchi jusqu'à l'exécution de Christian Ranuchi.

Je l'ai écrit avec Thomas Audoir, réalisation Céline Lebrun.

Le lundi de Pentecôte 1974, vers 11h du matin, dans une cité HLM de Marseille, la cité Saint-Aniès.

Deux enfants, un petit garçon de six ans qui s'appelle Jean-Baptiste et sa sœur de huit ans, Marie Dolores.

sont en train de jouer dehors en bâte chez eux.

La mère régulièrement jette un coup d'œil par la fenêtre de sa cuisine

et puis à un moment vert, 11h20, elle ne voit plus que son fils.

Alors elle se penche à la fenêtre.

Jean-Baptiste, elle est née haute à seule.

Elle est partie avec un monsieur qui avait perdu son chien noir pour l'aider à le retrouver.

Les parents se précipitent en bas de l'immeuble.

Ils font le tour de la cité à la recherche de leurs filles.

Ils ne la trouvent pas et pas non plus d'hommes aux chiens.

Mais qu'est-ce qui t'a dit, mes yeux ? Pourquoi tu n'es pas salaire avec eux ?

Il m'a dit, je reste ce côté avec ta grande sœur

et toi tu vas faire le tour par l'autre côté de l'immeuble pour chercher le chien

et puis on se retrouvera ici.

Il n'a fait qu'obéir le pauvre.

C'est un petit garçon qui n'a même pas ces temps.

Il n'a fait qu'obéir.

Alors les parents font ce commissariat.

Ils signalent la disparition de leurs petites filles de 8 ans, Marie Dolores.

Et cette disparition, honnêtement, ressemble à un enlèvement.

À ce stade, le petit Jean-Baptiste est le seul témoin de la disparition de sa petite sœur.

Le monsieur est arrivé avec une voiture, il m'a appelé avec ma sœur.

Après, il a dit que je cherchais le chien.

Il a perdu son chien ?

Oui.

Après, il a dit que je passe par là-bas et ma sœur reste là.

Et alors tu es partie chercher le chien ?

Oui.

Et ta sœur est restée avec le monsieur ?

Oui.

Et quand tu revenus, le monsieur n'était plus là et ta grande sœur non plus ?

Non.

Et les policiers demandent aux gamins à quoi il ressemblait ce monsieur.

Il répond qu'il était jeune, qu'il avait des cheveux noirs, qu'il était grand,

qu'il portait un costume gris et qu'il parlait comme les gens d'ici.

Et après, les policiers lui demandent, et là, voiture.

Qu'est-ce qu'il avait comme voiture, ce monsieur ?

Mais c'était une voiture, elle était grise.

Les policiers demandent alors à Jean-Baptiste

s'il y a une voiture du même modèle parmi celles qui sont garées en bas de son HLM.

Oui, celle-là peut-être.

Il vient de désigner l'une des voitures de police, une Simca 1100.

A peu près au même moment, se déroule un autre événement d'apparence beaucoup plus anodin,

un accident de voiture à 20 km de Marseille.

Vincent Martinez roule tranquillement en direction de Toulon,

et soudain, au carrefour dit de la pomme, une voiture grille en stop

et vient le percuter par la gauche.

Il fait un tête à queue et le chauffard s'enfuit.

Heureusement, un couple qui arrive juste derrière a tout vu.

Il s'appelle Aline et Alain Aubert.

Ils ont vu l'accident et ils se lancent à la poursuite de la voiture,

un couple et 304 Peugeot bleu.

Et un kilomètre plus loin, il voit la voiture arrêter au bord de la route.

Et il voit surtout le chauffard qui s'enfuit à pied, qui grimpe un talu au-dessus de la route

et qui s'enfonce dans la végétation.

Alain Aubert lui crie.

« Revenez ! Revenez, vous n'avez aucune raison de vous cacher !

Y a que de la tolle froissée ! »

Mais le type ne répond pas et il disparaît.

L'Aubert note le numéro d'immatriculation de sa voiture, 1369 SG 06.

Et ils font demi-tour jusqu'au carrefour de la Pomme pour aller donner le numéro à Vincent Martinez,

l'automobiliste accidenté, lequel va tout de suite porter plainte à l'agendarmerie.

« Dites-moi monsieur, il était tout seul là ce monsieur dans sa voiture ?

Ah oui, oui, il était seul.

»

Quelques minutes plus tard, toujours dans le même coin,

un fermier, monsieur Guazzone, voit arriver un homme à pied.

« Bonjour monsieur, j'ai eu un problème avec ma voiture là.

J'étais en train de pigniquer près de l'entrée de la champignonnière

et puis j'ai pas serré le frein à main.

Ma voiture a glissé dans la galerie et maintenant j'arrive plus à la sortir.

Je me suis amourbé, quoi.

Vous pourriez venir m'aider à la sortir avec votre tracteur ?

Le pays en dira qu'il n'a pas vraiment cru à son histoire,

que la voiture n'a pas pu rentrer comme ça dans ce tunnel.

Mais bon, il y va avec son tracteur.

Et il note que la voiture, un coupé 304 Peugeot, a reçu un choc à l'avant droit.

Et il le sort de là.

Mais qu'est-ce que faisait ce type dans cette champignonnière seule ?

Le surlon de main.

Vincent Martinez, vous savez, l'automobiliste accidenté,

découvre l'enlèvement de la petite fille en lisant le journal.

Et il fait tout de suite le lien avec la voiture qu'il l'a percutée.

Il se dit, c'est pour ça qu'il s'est enfui.

Parce qu'il venait d'enlever la petite fille.

Sauf que la veille, quand il apportait plainte, il l'a dit que l'homme était seul.

Et donc il rappelle les gendarmes.

Dites ?

Oui, oui, j'aimerais modifier ma déposition.

Oui, voilà.

Je voudrais ajouter qu'un enfant a pu se trouver à bord.

Voilà.

Merci.

Le problème, c'est que les deux témoins de l'accident,

les Aubert, eux non plus, n'ont pas parlé de quelqu'un d'autre.

Interrogez la veille par les gendarmes.

Après l'accident, ils n'ont parlé que du conducteur.

Et donc eux aussi, modifient leur déposition.

Quand il est descendu de la voiture pour grimper sur le talu,

il tenait quelque chose dans les mains.

Je dirais un paquet, peut-être, oui.

Gros, volumineux.

En attendant, pour les policiers qui manquaient de pistes,

on voit là une belle.

Et donc ils vont là où le couple Aubert a vu cet homme grimper au talu.

Il fouille les abords.

Et au bout de deux heures, sous les broussailles,

il tombe sur le corps d'une petite fille.

Un petit corps lardé de coups de couteau.

Pour l'identifier, ils font venir sur place le père Ramblin.

Au hurlement qu'il pousse, ils comprennent que c'est elle.

Évidemment, je les policiers cadris toute la zone à l'entour.

Ils cherchent des indices.

Et à un moment donné donc, ils entrent dans la champignonnière.

Une sorte de tunnel qui s'enfonce dans la colline.

Et au fond de la galerie, parmi d'autres objets,

qui jonchent le sol.

Ils tombent sur un pull, un pull au vert rouge.

Il n'a pas l'air d'être là depuis longtemps.

Il n'est pas humide.

Il n'est pas moisie.

Et donc les policiers le ramassent.

Et ils décident de le joindre à la procédure.

C'est le premier objet saisi dans le cadre de cette enquête.

Il devient donc le scellé numéro 1.

À ce stade, en vérité,

rien ne le relie à la mort de la petite.

Cette champignonnière est parfois, paraît-il,

fréquentée par des couples qui se donnent du plaisir.

Ce peut être juste un oubli,

un amant fougeux qui s'est déshabillé

et par habillé entièrement.

Et puis, les policiers font venir un chien.

Ils le font partir de l'intérieur de la champignonnière,

à l'emplacement où la voiture de Ranuchi

s'est embourbée.

Et ce chien

les traîne à 30 mètres

de l'endroit où était le corps

de Marie Dolores.

Notez que ce chien ne va pas

jusqu'à l'endroit où était le corps.

30 mètres, c'est tout près.

Mais ça n'est pas à côté non plus.

Et maintenant,

il y a un suspect qui s'impose.

Le propriétaire de la voiture,

les Aubert ont noté le numéro

du coupé Peugeot 304,

1369 SG 06.

Alors, les policiers filent à la préfecture,

fouillés dans les fichiers d'immatriculation.

La voiture appartient à un certain Christian Ranuchi,

20 ans, représentant de commerce

et qui vit à Nice,

chez sa mère,

où il est arrêté sur le champ.

Christian Ranuchi est interrogé

toute la soirée et toute la nuit.

20 ans,

il va forcément craquer.

L'accident, le dédé de fuite,

tout ça, oui.

Oui, je reconnais, c'est moi.

Mais le meurtre de la petite, non.

Je vous jure que c'est pas moi.

C'est encore riasse.

La garde à vue s'écoule,

il ne lâche rien.

Au petit matin,

pour tenter de débloquer la situation,

les policiers décident de confronter Ranuchi

aux couples Aubert.

Avant d'assister aux face-à-face déterminants

entre les témoins de l'accident et Christian Ranuchi,

il faut quand même que je vous prévienne

qu'à ce moment-là,

les Aubert ont encore modifié leur témoignage.

Vous vous souvenez qu'après l'accident,

il n'avait vu qu'un homme

quitter sa voiture et s'enfuir.

Et qu'ensuite, ils avaient rajouté

qu'il avait un paquet dans la main.

Et bien maintenant,

le paquet, ça leur est revenu.

C'était un enfant.

Un enfant avec un short ou une culotte blanche.

Témoins à la noix, oui.

Du genre qui vous pourrit s'endossier.

Pour commencer,

Christian Ranuchi est présenté à Aline et Alain Aubert

derrière une vitre centaine

au milieu de policiers du même âge.

On appelle ça un tapissage.

Et bien, ils ne le reconnaissent pas.

Certes, ils l'ont vu de loin,

mais ils ne le reconnaissent pas.

Et ensuite, on les met face à Ranuchi,

qui vient d'essuyer une nuit de garde à vue.

Le face-à-face dure quatre heures.

Et à un moment,

Mme Aubert craque.

Je vous ai vu, monsieur.

Je vous ai vu, c'est vous.

Et là, Ranuchi vacille.

Il blesse les yeux.

Et il avoue.

Il a enlevé et tué Marie Dolores Rambla.

Pour la police, c'est bouclé.

Après quatre heures d'interrogatoire,

il a finalement consenti à avouer la vérité,

à savoir qu'il était bien l'auteur

du meurtre de la petite fille.

Les mobiles profondes,

il a l'impression qu'il les cache actuellement,

parce que certainement, il éprouve un sentiment de pudeur.

Il déclare qu'il avait enlevé la petite fille,

mais qu'il avait l'intention de la ramener à la maison,

et qu'en réalité,

étant poursuivi par l'automobiliste

dans les conditions que je vous ai indiquées,

il a perdu la tête et il a tué la petite fille,

parce qu'il craignait que les gens qui le poursuivent

ne puissent l'accuser d'avoir entraîné la petite fille

dans la colline pour la violer,

ce qui, selon lui, n'était pas le cas.

Elle a simplement été tuée de plusieurs coups de couteau,

et l'autopsie qui a été pratiquée ce matin

est véritablement catégorique à ce sujet.

Et l'arme du crime, alors,

monsieur Rannautier,

où est-ce que vous l'avez mise ?

Je l'ai mise dans un tas de fumiers

à côté de la champignonière.

On va sur place avec un détecteur,

une poêle à frire,

et au bout de deux heures,

on retrouve le couteau dans un tas de tourbes.

Ça va peser lourd ça,

très lourd,

même si il a fallu deux heures pour le trouver.

Le couteau était là

où il a dit...

Le 18 juin,

Christian Rannautier

adresse un premier courrier à sa mère.

Maman chérie,

toute cette affaire

était déjà écrite.

Tout s'est déroulé

sans que toi ni moi

n'y puissent rien.

Il aurait suffi d'un clou

sur la route. J'aurais crevé un pneu.

Et le stop,

l'accident et ses conséquences

n'auraient pas existé.

Ne cherche pas

à te reprocher quoi que ce soit.

Que je cherche

notre vie,

mon éducation,

tout,

absolument tout,

était parfait.

Figurez-vous que c'est le correspondant

d'European à Marseille à l'époque,

Roger Ardoin,

qui trouve à la maman de Christian Rannautier

un avocat,

l'un des meilleurs du coin, Paul Lombard.

Lequel Lombard confie le dossier

à un bleu de son cabinet

pour qu'il se fasse les dents.

Jean-François Le Forçonné, 25 ans,

qui commence par aller voir Rannautier

à la célèbre prison des Beaumettes.

Dites-moi, Rannautier,

c'est vous qui l'avez tué, cette petite ?

C'est obligatoire, ma moins.

Et là,

le jeune maître Le Forçonné

plonge dans le dossier.

Et il tombe sur des pistes,

des pistes qui pourraient l'aider

à pousser l'idée que ce type a peut-être avoué

un crime qu'il n'avait pas commis.

Premier point litigieux,

la voiture.

Le frère de Marie Dolores, pas tout à fait 7 ans,

a commencé par évoquer une voiture grise.

Et quand on lui a demandé

s'il a envoyé une du même modèle

sur le parking de son HLM,

il a désigné

une Simca 1111.

Et puis, il n'y a pas que lui qui a vu la voiture.

Un garagiste qui a son atelier

tout près des lieux de l'enlèvement

l'a vu lui aussi.

Et il a vu la petite monter dedans.

Moi, je dis que c'était une Simca

de sang-grise.

Je suis sûr et certain.

Alors un enfant de 7 ans peut se tromper.

Mais un garagiste

sur une voiture.

Cela dit, amusez-vous

à aller comparer sur Internet

les deux voitures se ressemblent.

Même ligne, à parler phare,

qui sont ronds chez Simca

et rectangles chez Peugeot.

Ils sont donc deux à l'avoir vu.

Le petit Jean-Baptiste

et le garagiste.

On présente Ranucci

aux deux.

Alors, Camillean,

tu le reconnais le monsieur ?

Ah non, non, pas du tout.

Et vous, monsieur ?

Vous le reconnaissez ?

Ah non.

Ah non, c'est pas lui,

je le reconnais pas.

Troublant,

j'ai vu de près

La juge

décide trois semaines après

d'organiser une reconstitution

sur place.

Une reconstitution qui commence

par le moment où Ranucci,

qui vient d'avoir son accident,

sort de sa voiture avec ce paquet

devenu une petite fille

et grimpe sur le talu.

Sans s'y attarder,

je m'y attarde de moi parce que ça m'intrigue

et pas que moi.

Comment Ranucci est-il

descendu de sa voiture ?

Monsieur Mme Ober, s'il vous plaît,

dites-nous par quelle porte est sortie

l'homme que vous avez vu ?

Eh bien,

par la portière conducteur,

c'est ça chérie ?

Oui, par la portière conducteur.

Or, ça n'est pas possible.

Et les coins, c'est

la portière.

Par l'accident.

Mais la juge s'en fiche.

Bon, bien écoutez, d'accord.

On va pas passer des heures là-dessus.

Allons tout de suite à l'essentiel.

On va aller sur place.

Bien.

Ranucci,

euh...

Où l'avez-vous tué ?

Est-ce que vous pouvez refaire le geste ?

Non.

Eh...

Non, non, non.

Je veux pas refaire ça.

Je me souviens pas.

Je me souviens pas.

Je me souviens pas.

À ce moment-là, la juge,

hors d'elle, attrape les photos du cadavre.

Regardez ça,

Ranucci.

Ça, hein ?

Vous venez de ça ?

Elle lui colle les photos sous le nez.

Et l'autre fait une crise de nerfs.

On dirait qu'il est amnésique.

Il dit qu'il ne se souvient de rien.

Sans pour autant dire qu'il est innocent.

Jamais.

La instruction est bouclée en un an.

Ma petite maman.

J'ai l'impression d'être tombé

dans un piège.

La manière dont l'instruction

a été faite

était le ressort qui a fermé le piège.

J'ai tiré le gros lot du malheur.

Ça m'aimais avoir acheté un billet.

Jusque-là, Maître Paul Lombard,

ténor du barreau de Marseille,

avait laissé le jeune le forcené

à la manœuvre.

Il a l'impression qu'il est en première ligne.

Il sait qu'il a l'opinion contre lui.

Il veut tenter au moins

de se mettre la presse dans la poche.

Il organise donc un dîner chez lui.

Il invite sept ou huit journalistes,

dont bien sûr Roger Ardoin,

d'European.

Moi, que les choses soient très claires,

ça fait l'intention

de plaider l'innocence.

J'ai suffisamment

dans le dossier pour penser qu'Anoutchilier

est innocent.

Qu'est-ce que vous en pensez ?

Et Paul, ça,

ça me paraît hasardeux quand même.

Il y a beaucoup de choses

qu'il accuse quand même.

Il a raison.

C'est une mauvaise idée.

Bah toi contre la peine de mort, Paul.

C'est ta solution.

Mais Paul Lombard

ne changera pas d'avis.

Lui et le forcené

plaideront l'innocence.

Ce que d'ailleurs leur demande

Rhanouchi lui-même.

Parce que lui aussi maintenant,

il dit qu'il est innocent.

100% innocent.

Quand on connaît la fin de l'histoire,

évidemment, c'est une folie.

Mais pour l'instant,

on ne connaît pas la fin de l'histoire.

Le dossier est branlant.

Il est bourré de failles.

Les avocats y croient.

Le procès s'ouvre le 9 mai

1976

devant la Cour d'Assises

d'Aix-en-Provence.

Aujourd'hui,

franchement, on mettrait

deux ou trois semaines

à juger Rhanouchi.

On va le faire en deux jours.

Pendant lesquels le palais de justice

va rester sous pression de la foule

qui crie à mort,

à mort.

Christian Rhanouchi

entre dans le box.

Il fait tout de suite mauvaise impression.

Il est trop bien habillé.

Il est trop dendu.

Et ensuite, il est buté.

A prendre des notes.

Et puis,

les témoins défilent à la barre.

Vincent Martinez avec lequel il a eu l'accident,

les Aubert

très accusateurs

et enfin le commissaire Alessandra

qui a dirigé l'enquête.

Et là Rhanouchi s'emballe.

Il m'avait extorqué les aveux,

monsieur.

C'est faux.

Vous m'avez donné des coups de matraque.

C'est faux Rhanouchi.

Vous êtes un monstre.

Christian Rhanouchi

dans l'ensemble

se défend mal.

Que diriez-vous de la jeune Marie Dolores,

monsieur Rhanouchi ?

Je dirais que nos routes se sont croisées.

Je la connaissais pas.

Je n'y peux rien.

Il est arrogant.

Entêté.

Aggressif.

À un moment, la défense

abat sa carte maîtresse.

Une certaine madame Matéhi

qui vient à la barre.

Est-ce que vous pouvez

nous raconter madame ?

Ce dont vous avez été témoins

quelques jours avant le drame

qui a emporté la jeune Marie Dolores ?

Oui.

Voilà, on habite

une cité de Marseille.

Et ma fille jouait dehors

avec une copine.

Et là, un homme

dans une voiture

qui portait un pullover rouge,

rouge je précise,

est venu leur parler

pour leur dire qu'il avait perdu son chien

et leur demander

de l'aide pour le retrouver.

Elle était la marque

de la voiture madame ?

Une Simca.

Une Simca-11, ça.

Bim !

Parce qu'il est démontré que

Ranucci n'était pas à Marseille

ce jour-là.

Sauf que l'avocat de la famille Rambla,

maître Gilbert Collard,

ne se laisse pas faire.

Madame,

pouvez-vous nous donner

le nom de la camarade

qui jouait avec votre fille

ce jour-là ?

Elle est incapable

de donner le nom.

Et du coup, elle passe

pour une manteuse.

Maître Collard, avocat

des parties civiles

est le premier à plaider.

Il ne réclame pas la peine de mort.

Les Ramblas sont contre.

Je dirais au contraire

Hein ?

Qu'il reste vivant

et que d'une certaine manière

Marie Dolores reste vivant

elle aussi dans les remords

de quelqu'un.

Et puis l'avocat général,

Armand Vialla se lève

et il requiert la mort.

Et juste après,

c'est à mettre long barre

de plaider l'innocence.

Donc...

Il faut la chasser

de nos prétoires

lorsqu'elle entre par une porte.

La justice sort par l'autre.

Je pleure non,

coupable.

Je dis

qu'au moment où il a avoué

Christian Rannucci

n'était pas en possession

de toutes ses facultés.

Allez-vous condamner

sur la foi d'un dossier en plâtre ?

Je ne suis pas

du côté des assassins

mais je ne suis pas non plus

du côté de l'erreur judiciaire.

À quitter

Christian Rannucci, mesdames et messieurs,

le sang se lave

avec les larmes,

pas avec le sang.

Donc la peine de mort

n'existera.

La nuit,

la nuit

régnera sur les cours d'assises.

Les jurés mettent deux heures

à délibérer.

Huit hommes et une femme.

Et le verre dès que tombent à 20h30.

Accuser

levez-vous je vous prie.

À la question

Christian Rannucci est-il coupable ?

Les jurés dans leur majorité

ont répondu oui.

À la question Christian Rannucci

a-t-il des circonstances atténuantes ?

Les jurés dans leur majorité

ont répondu non.

La cour et les jurés

vous condamnent à la peine de mort.

C'était condamné à mort.

L'opinion publique est satisfaite.

La question est de savoir

si la justice a été normalement rendue.

Maman chérie,

je ne comprends toujours pas pourquoi ils m'ont condamné.

Il m'avait l'air d'être des gens sensés

et pourtant ils n'ont pas hésité à me condamner

en faisant abstraction des témoignages.

Ces avocats se pourvoient en cassation

rejetés.

Jusqu'un espoir, la grâce présidentielle,

jusqu'à arrêtant président moderne,

il a dit plusieurs fois

qu'il était opposé à la peine de mort.

Mettre l'ombard

est reçu à l'Elysée en tête-à-tête

par le président.

Et quand il sort de son bureau,

il est à peu près sûr de l'avoir convaincu.

Sauf que le jour même,

un petit garçon, Vincent,

est enlevé à son tour à Marseille

et retrouve et mort.

À ces obsèques, les gens réclament

la guillotine.

Alors Giscard,

n'aura pas le courage.

Christian Rannucci

est emmené à la guillotine le lendemain matin

28 juillet

à l'aube.

Il ligne dernière lettre de sa mère.

On lui offre une dernière cigarette.

Il la fume.

On lui offre un verre d'alcool.

Il le refuse.

Et il refuse aussi le prêtre.

On le ficelle.

On le porte au pied de la guillotine.

On le plaque

sur une planche en bois.

Et la lame tombe.

Et après,

on passe le gédot.

Everland me,

help me,

and shine.

Beautiful child,

pray for my soul.

La suite très dérangeante

de cette histoire,

dans le deuxième épisode.

Podcast inspiré d'une série de canal plus

réalisée par Julien Serri,

la malédiction du pulau vert rouge,

disponible sur mycanal.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En juin 1974, une petite fille de 8 ans, Marie-Dolorès Rambla, est enlevée à Marseille. Son corps est retrouvé le lendemain, tout près des lieux d’un accident dans lequel est impliqué un certain Christian Ranucci.