La source: Wernher Von Braun, la Lune à tout prix

Radio France Radio France 9/13/23 - Episode Page - 52m - PDF Transcript

François Sainte-Aire

Aujourd'hui, dans Un Faire Sensible, l'histoire hors du commun de Werner von Braun,

ingénieur et scientifique de génie, né dans l'Empire allemand,

Werner von Braun marque le 20e siècle d'une emprunte indélébile.

Lui qui rêve d'espace depuis son plus jeune âge

se montre prêt à toutes les compromissions pour y parvenir.

Engagé par l'armée allemande à la veille de l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir,

il va passer 15 ans au service de régime nazi pour le développement d'armes révolutionnaires,

les missiles V2, une invention destructrice qui s'abat sur les grandes capitales européennes,

dont l'ombre qui mettra des mois à s'en relever.

Mais c'est bien cet arme qui va offrir à Werner von Braun une issue inespérée à la fin de la guerre.

Recruté par l'Amérique, qui tente alors de mettre la main sur les plus brillants cerveaux allemands,

il va mettre sa science au service de la conquête spatiale,

offrant aux Etats-Unis leur plus belle réussite, la Lune.

Werner von Braun, une vie pour le pire et le meilleur.

Notre invité aujourd'hui, Michel Tadoldi, journaliste et réalisateur,

il est l'auteur du livre intitulé Un Pact avec le diable, publié en 2023,

donc cette année chez Alba Michel.

Affaire sensible, une émission de France Inter, diffusion directe,

récit documentaire gaz par value, rédaction chez Franck Cognard,

chargé de programme rédécadonnante, réalisation LN Visio.

Fabrice de Roel, Affaire sensible, sur France Inter.

Lundi 21 juillet 1969, Houston, Texas.

Il est près de trois heures du matin, et dans le centre de contrôle de la NASA,

le forêt palpable. Concentré derrière leurs écrans,

des dizaines d'ingénieurs de l'Agence spatiale américaine

scrutent des milliers de données et analysent toute une série de scénaries.

Six heures plus tôt, le LEM, le LAM,

le module lunaire de l'émission Apollo 11, baptisé Eagle, s'est posé sur la lune.

À son bord, Neil Armstrong et Buzz Aldrin.

Avec les ingénieurs au sol, les deux astronautes passent en revue

l'interminable checklist qui précède le moment phare de cette mission tant attendue,

le premier pas de l'homme, le fameux petit pas pour lui, le pas géant pour l'humanité.

À 2h56 du matin, tous les voyants sont au verre.

Équipés de leurs imposants de combinaison lunaire,

les deux astronautes ouvrent le sas de Eagle.

Et devant plus d'un demi-milliard d'êtres humains captivés devant leurs écrans de télé,

Neil Armstrong descend au premier.

Hippity hoppity, hippity hoppity, hippity hoppin' over here, landale.

Hippity hoppin' along.

Assez au fond de la salle de commande et principaux responsables de l'agence spatiale américaine

observent les immenses écrans sur lesquelles sont retransmises en direct

de les images des premiers pas de Neil Armstrong sur le sol lunaire.

L'un d'entre eux savoure particulièrement cet instant.

Un certain Ferner von Braun, 57 ans,

il est l'architecte principal de cette ambitieuse mission.

L'ingénieur allemand, naturalisé américain quelques années plus tôt,

vient de réaliser un rêve fou qui l'entretient depuis près de 40 ans.

Ferner Magnus Maximilian von Braun, 200 ans,

nait le 23 mars 1912 sur le sol de l'Empire allemand.

Il est le troisième enfant d'une famille de la noblesse prussienne

dont le patriarche fait une brève carrière politique

à la suite de la première guerre mondiale.

Enfants surdoués, mais à la scolarité chaotique,

Ferner von Braun se découvre une passion pour l'espace dès son plus jeune âge.

Il a à peine dix ans,

lorsque sa mère lui offre sa première lunette d'observation des étoiles.

Enthusiaste, il lit avec frenésie les essais des pères de l'astronautique,

de ruse constante sur Kholbsky et l'américain Robert Godard.

De cette passion, naît une ambition folle.

Faire voler un engin dans l'espace et pourquoi pas y emmener des hommes.

Si les théories des scientifiques confirment la possibilité de l'offrir,

dans la pratique, on est encore très loin.

Il n'a pas encore 18 ans quand il rejoint un groupe de passionnés

qui se retrouve chaque semaine sur un terrain vague berlinois.

Sur ce lieu surnommé l'aéroport des fusées,

de jeunes ingénieurs encadrés par le physicien Hermann Hubert

testent un laçablement de nouveaux prototypes de fusées

à carburant liquide, haute, de celles-ci,

et de celles-ci.

Il y a encore une fois,

un type de fusée à carburant liquide, haute,

de seulement quelques dizaines de centimètres,

des modèles qui parviennent difficilement à atteindre

les dix mètres d'altitude.

C'est peu, mais c'est déjà suffisant pour intéresser l'armée allemande.

Au début de la décennie 1930,

la République de Weimar décide de se pencher

sur le potentiel de ses nouveaux engins.

Car si le traité de Versailles

empêche le réarmement conventionnel de l'Allemagne,

rien n'est dit sur ces fusées encore expérimentales.

Mais il faut maintenant recruter la bonne personne

pour mener à bien le développement

de ce que les responsables allemands

perçoivent alors comme des armes potentielles.

Et c'est bien le jeune verner von Braun

qui retient l'attention des responsables militaires allemands.

Dans l'émission de France Inter Histoire possible,

l'historien Yves Le Manheur raconte la suite des événements.

Très rapidement, ils ont constaté

que parmi le noyau berlinois de passionnés de fusée,

il y avait ce jeune homme de 18-19-20 ans

qui était au-dessus du lot par sa capacité de réflexion,

par ses connaissances mathématiques.

Et en 1932,

il signé un accord très, très secret

entre van de Brandt et l'armée allemande.

C'est un contrat de recherche.

On lui propose de poursuivre ses études,

de développer une thèse,

de recevoir des émoluments de l'armée

et de réserver les conclusions de cette thèse

sur la propulsion des fusées à la recherche militaire.

Donc van de Brandt est recruté par la Reich Wehr,

par l'armée allemande,

à la veille de l'arrivée au pouvoir des nazis.

Et l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler

ne remet pas en question le contrat passé par Ferdinand von Braun

avec l'armée allemande.

Pour l'heure, le jeune ingénieur se concentre sur son travail.

Le 16 avril 1934,

il publie sa thèse,

intitulée technique des fusées et recherche dans le domaine du vol spatial.

Elle est classée confidentielle

et lui ouvre la voie vers les mises en application de sa théorie.

Quelques mois plus tard,

Ferdinand von Braun dirige ainsi le tir de ses deux premiers prototypes.

Baptisé Max Seboritz,

ses deux petites fusées d'un mètre 60,

atteignent 2200 mètres d'altitude pour l'une et 3000 pour l'autre.

Un vrai succès,

qui offre au jeune ingénieur la possibilité de se consacrer pleinement

au développement des prototypes suivants.

À 22 ans seulement,

von Braun est placé à la tête de l'un des programmes militaires

les plus ambitieux et les plus secrets du vieux continent.

Mais si le jeune et charismatique ingénieur dispose de moyens considérables,

il sait aussi qu'il doit trouver le lieu pour le développement de ses fusées.

Et il lui faut un endroit isolé, loin de toute habitation,

pour ne pas risquer de causer des morts

et proche de la mer vers laquelle seront lancés ses fusées.

C'est au printemps 1936 que von Braun et son équipe trouvent le lieu idéal.

Situé sous une petite île, le long de la mer Baltique,

à quelques kilomètres de la frontière polonaise,

le port de Pelenmunde répond à toutes les conditions.

Après un décret signé le 2 avril,

les habitants sont forcés de quitter le lieu

et dès le jour suivant,

les travaux d'installation de la nouvelle base de recherche balistique allemande déduent.

Si une partie de l'état-major soutient von Braun,

Hitler lui n'est pas vraiment convaincu.

Le chancelier qui entame le réhormement de l'Allemagne

est un partisan de la guerre conventionnelle.

Il mise donc sur une armée puissante,

de l'artillerie lourde et des milliers de chars d'assaut

capables d'ouvrir la voie aux troupes du sol.

Alors, et peut-être pour s'attirer les bonnes grâces du dirigeant nazi,

et bien la fente von Braun, désormais âgée de 25 ans,

se montre zélé.

En 1937, à la tête du très secret programme balistique,

il adhère au parti national socialiste

sous le numéro de membre 5.738.692.

Il espère gagner du temps et surtout de l'argent

pour continuer à développer ses fusées.

C'est depuis son centre de Penumbund

qu'il assiste au début de la Nouvelle Guerre

qui s'abat sur le vieux continent et sur le monde.

Le Contiano, ministre des affaires étranges et italiens,

est arrivé dans la capitale pour signer le pacte de Berlin

qui réunit l'Allemagne, l'Italie et le Japon

en un bloc décisif.

Le Japon reconnaît à l'Allemagne et à l'Italie

le droit de réorganiser l'Europe

alors que ces deux pays reconnaissent au Japon

le droit de direction

dans les régions asiatiques de l'Estat moyen.

Ce pacte constitue un bloc de 250 millions d'hommes

qui est destiné au rétablissement de la paix mondiale.

Monsieur Conneribentrop, ministre du Reich,

accompagne le Contiano et l'ambassadeur du Japon Kurosu

jusqu'à la salle de réception

de la nouvelle chancellerie du Reich à Berlin.

C'est là que sera signé le pacte

et qu'il recevra les taux des trois États.

Alors que les troupes du troisième Reich

déferlent sur l'Europe,

les équipes du programme balisticalement

enchaînent des tirs de prototype.

Le but fixé par l'État-major est clair,

mettre au point un missile puissant,

capable de s'abattre sur les capitales alliées

et réduire à néant l'espoir d'une reconquête.

Mais l'arme tente attendue se fait désirer.

Dirant plus de trois ans,

Fjernher von Braun et ses équipes

enchaînent les tirs de fusée intermédiaire.

On est encore loin de missiles balistiques intercontinentaux.

Pour l'heure, il ne s'agit que de petites fusées hautes

de quelques mètres et capables de parcourir

au mieux quelques dizaines de kilomètres.

C'est en 1942 que Fjernher von Braun touche au but.

Sa fusée A4, dont la version militaire

est baptisée V2, semble enfin être au point.

La fusée haute de 14 mètres

et capable de transporter près d'une tonne d'explosifs,

c'est elle qui doit tenir les promesses de l'ingénieur allemand.

Deux premiers tirs d'essai sont réalisés

au début de l'été depuis la base de Penenbund.

Si les résultats ne sont qu'à moitié conclure,

les responsables de l'armée présents pour l'occasion,

dont un Idrich Himmler,

sont subjugés par les promesses de cet arme révolutionnaire.

Et c'est finalement le 3 octobre 1942

qu'un tir entièrement satisfaisant est réalisé.

Pour la première fois,

un engin construit par l'homme

atteint 80 kilomètres d'altitude,

la porte de l'espace.

Et c'est l'heure de gloire pour Fjernher von Braun.

Adolf Hitler le rencontre deux fois cette année-là

et ne tarie pas de loge.

Pour lui, l'ingénieur et l'archétype de la Rien ultime.

Avec son maître 85,

sa cheveure blonde, son charisme rayonnant

et son intelligence hors du commun,

il est, selon le chancelier,

l'incarvation de Dieu Nord Victor.

Rien que ça.

Convaincu par les essais du V2,

Hitler et l'État majoralement décident au début de l'année 1943

de lancer la production du missile à l'échelle industrielle.

Et encore une fois, c'est Fjernher von Braun qui est aux manettes.

Pour éviter de se faire repérer par l'aviation alliée,

le régime décide de construire une usine souterraine,

un quelques kilomètres du camp de concentration

de Durham et Dunbar.

Plus de 60 000 déportés sont mobilisés

pour la construction de cette usine haute main stratégique,

puis pour la fabrication de quelques 3000 exemplaires

du missile V2.

Von Braun, qui rêvait quelques années plus tôt

de construire des fusées pour se rendre dans l'espace,

se trouve désormais à la tête

d'une usine géante de fabrication d'armes

de destruction massive.

Une usine qui ne laisse aucun répit

à ses ouvriers condamnés à mourir à la tâche.

Et le condition d'esclave pour ces hommes

que l'ingénieur allemand n'ignore pas, bien sûr.

On connaît parfaitement les conditions de travail

de ces hommes qui fabriquent le missile V2.

On fait porter ou déporter sur leurs dos,

avec leurs mains, des presses qui pèsent des tonnes et des tonnes,

tout ça à coup de gourdain dans une sous-nutrition absolue.

C'est vraiment une sauvagerie absolue

qui règne dans les tunnels de Dora,

et ça Von Braun le sait, puisqu'il s'y rend

à plusieurs reprises, avec d'autres ingénieurs de PLM-1,

pour mettre en place la chaîne de fabrication.

Non seulement il le voit, mais il l'intègre dans ses calculs.

Pour Werner Von Braun, les déportés

du camp de concentration de Dora,

ils sont français, ils sont soviétiques,

ils sont polonais, ils sont tchèques,

ce sont des facteurs de production comme d'autres.

Il est dans cette option technocratique

où la fin justifie les moyens,

où il y a urgence à produire l'arme nouvelle,

quel que soit le coût.

Le tout premier missile V2 est tiré le 8 septembre 1944,

depuis la Belgique.

Sa cible, Paris.

Alors que les alliés sont déjà engagés

dans la reconquête des yeux continents,

le missile tombe sur un immeuble de maison alfort

en banlieue parisienne.

Il fait 6 morts et plus de 30 blessés.

Dans les semaines qui suivent,

c'est l'ombre qui fait les frais de la création

de Werner von Braun.

En quelques mois, 1400 projectiles

s'abattent sur la capitale britannique,

causant la mort de plus de 2700 personnes.

Mais c'est bien dans le camp usine de Dora

que les V2 font le plus de victimes.

En tout,

ce sont plus de 20 000 déportés

qui perdent la vie dans la construction

de l'usine souterraine et dans la fabrication

des missiles allemands.

Mais aussi puissants soient-ils,

qui arrivent trop tard pour parvenir

à inverser de l'histoire.

Comme beaucoup de responsables allemands,

Werner von Braun, qui a désormais

le rang de commandant SS,

sait que la défaite de son pays

est inéluctable et d'ailleurs,

il a déjà commencé à préparer sa fuite.

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durée :00:51:05 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’histoire hors du commun de Wernher von Braun. - réalisé par : Helene Bizieau