Vivons heureux avant la fin du monde: Very bad yoga : posture ou impostures ?
ARTE Radio 10/11/23 - Episode Page - 37m - PDF Transcript
Le soir de la nuit des étoiles filantes, ça t'était au mois d'août, il s'est passé un drôle de
trucs. Je m'étais tranquillement allongé dans un prix pour regarder le ciel avec l'herbe fraîche
sous mon dos, la volactée, le champ des grillons. Et je sais pas, c'était tellement agréable que
bizarrement j'ai fini par en faire une attaque de panique. C'est-à-dire que par contraste j'ai
réalisé qu'en fait pendant l'année, jamais je me sens comme ça aussi détendue. Et à partir de là,
c'était parti, j'ai commencé à avoir des flashs de tout ce qui allait recommencer, donc 15 jours,
1, 2, 3, 1, 2, 3, 4, la vie de bureau, les enseignées, les épisodes à finir à temps,
j'ai le retour cas, c'est pas ça, le mal de dos, j'ai oublié mon page. Et donc, j'ai décidé de
m'inscrire au yoga. Vivement heureux avant la fin du monde.
Un podcast anti-cris pour nous aider à repenser nos modes de vie. En ligne, chaque mois,
si on y arrive. Une proposition de tel final tel réalisée par Arnaud Forrest et produite
rareterradio. Épisode 21. Donc je le fais comme ça. Et puis ça ira bien.
En vérité, c'est pas la première fois que je me mets au yoga. J'ai déjà essayé le yoga
vignasse à flots, où on enchaîne les postures les unes derrière les autres, le yoga yengar,
où il faut s'arnacher avec des sangles pour étirer les muscles, et même du yoga spécial pour
faire mon centre. Mais à chaque fois, j'ai arrêté très vite. Parce qu'il y avait quelque chose qui
m'était mal à l'aise. Je ne saurais pas dire quoi exactement, mais l'impression d'être ridicule
en position du lotus, les mains en prière sur le cœur au milieu d'autres dames qui cherchaient
comme moi la paix intérieure dans leurs brassières en lycra. Mais c'est contradictoire. Parce qu'en
même temps, dans ces cours, j'ai découvert des postures qui font un bien fou. Par exemple,
maintenant, si j'ai une montée de stress au bureau. Attends, c'est quoi déjà quand tu configures
? Tu prends 48 volts ? Je ne sais jamais. Si c'est 148 volts, ça fait 20 ans. Je ne sais toujours pas
si c'est avec 48 volts. Je pars dans un petit coin, me faire la demi-torsion du poisson puissant,
et juste de m'essorer la colonne vertébrale et de respirer à fond, je repars pour un tour.
Avec 48 volts. Merde. Il me dit qu'il ne veut pas. Donc, je ne sais pas trop quoi penser. Est-ce
que je passe à côté d'une discipline qui pourrait me changer la vie ? Est-ce que cette
gêne que je ressens ne serait pas finalement de la paresse ? Ou est-ce qu'il y a bel et bien un
problème avec le yoga ? En tout cas, le yoga tel qu'on le pratique dans les studios de Centre-Ville.
D'ailleurs, est-ce que c'est vraiment du yoga, ce qu'on fait quand on va dans ce genre de cours ?
Et donc, j'ai essayé de creuser la question et j'ai découvert une journaliste qui est aussi
professeure de yoga. Elle s'appelle Marie Koch et elle a publié il y a quelques années une enquête
très approfondie sur le yoga. Et ce qui m'a touché dans son travail, c'est qu'au point de départ
de son enquête, il y a un malaise dans lequel je me retrouve assez bien. Le premier malaise que
j'ai ressenti, c'était effectivement de me retrouver dans des salles parisiennes après le travail
entouré de gens qui me ressemblent, donc des femmes CSP+, plutôt minces et blanches, et de me
retrouver en fait à chanter des mantras sans savoir ce que c'est, sans jamais traduire toutes les
postures qui sont données en sens cri, pour donner en fait cette idée d'un savoir traditionnel et
d'un savoir qui n'est pas le nôtre. Et quand je commence à poser des questions aussi bêtes que
d'où vient le yoga, qu'est-ce qu'on est en train de pratiquer ? Pourquoi est-ce qu'on fait les choses
comme ça ? Mais pourquoi il faut mettre son pied comme ça ? Pourquoi il faut mettre un 45° et pas
70° ? On me disait tout le temps, c'est la tradition, c'est comme ça qu'on fait, c'est pour ouvrir le,
enfin voilà tous ces trucs qu'on entend toute la journée, de c'est pour ouvrir le coeur, c'est pour,
je ne sais pas quoi, honorer les gurus mais lesquels, comment, qui, pourquoi, pourquoi est-ce qu'on fait
ça etc. On ne pouvait pas questionner ce décor homme. La réponse était toujours la même que c'est
comme ça parce que le yoga est resté un changé depuis 5000 ans. Et ça je me rendais bien compte
que ce n'était pas vrai. Toutes ces petits aménagements qu'on trouve maintenant de façon
quasiment systématique dans toutes les salles, le Buddha, alors que ce n'est pas une discipline
bouddhiste, le Buddha, les encens, les petites tentures indiennes, la musique douce, la petite
tisannerie à la fin, éventuellement le petit bar qui fait les jus des toques, c'est le granola. Donc
il y a comme ça une espèce de grand mélange des genres et en même temps qui est désigné comme
quelque chose de traditionnel. Et ça c'est vrai que le malaise il était là. Voilà c'est ça qui
était vraiment le point de départ de ma réflexion quoi. Je trouve qu'ici Maricoc met le doigt
sur ce que je ressens depuis le début sans arriver à le nommer. Au fond ce qui me gêne je crois
avec le yoga, c'est de me retrouver à mimer des rituels issus d'une tradition que je ne maîtrise
pas et sur laquelle je plaque des clichés. L'exemple qui me vient là tout de suite c'est namasté,
un mot, un doigt si j'ai bien compris, que les professeurs de yoga profèrent à la fin de chaque
cours les mains jointes en signe de gratitude et en général tout le monde répond en coeur
namasté, les yeux fermés, un peu comme si c'était une incantation et qu'on participait à une
cérémonie venue du fond des âges. Sauf que j'ai fini par découvrir que namasté c'est juste une
formule de salutation en fait pour se dire bonjour ou au revoir. Et en plus maintenant namasté c'est
devenu cette espèce de slogan passe partout qu'on retrouve écrit sur des t-shirts, des meugs ou
en néons rose fluo pour décorer les murs des salles de cours. Ça veut plus rien dire en fait,
ça m'est encore plus mal à l'aise. Salut les yogis, je suis avec Luna pour une séance de
yin yoga autour du printemps. Et ce qui est intéressant dans le travail de maricoc c'est qu'elle a
observé que ce sentiment d'imposture, il touche pas seulement les élèves comme moi. Alors ça c'était
un peu la surprise à la parution du livre mais c'est un malaise qui est partagé en fait par beaucoup
de profs. Quand j'ai commencé l'enquête tout le monde m'a dit attend-toi à ce qu'on te jette
des cailloux quoi. Et en réalité ce que j'ai reçu comme retour des profs c'était une espèce
de soulagement parce qu'il y a énormément de profs qui m'ont écrit pour me dire c'était des
questions que moi même je n'osais pas me poser. Ça pouvait être des enseignants qui enseignaient
depuis des années, qui avaient des studios opinions sur eux etc. mais qui eux-mêmes n'osait pas se
poser ces questions là parce qu'il y a le côté effectivement comme il y a aussi toute une mythologie
aussi sur l'enseignement du yoga qui a un enseignement oral qui a été fait depuis très longtemps
de gourous à disciple qui eux-mêmes deviennent des gourous donc il y a aussi ce côté un peu
savoir secret donc questionner cette enseignement c'est aussi questionner la lignée questionner
les anciens questionner les sages quoi donc le tabou était aussi présent vachement chez les profs
même de pouvoir par exemple expliquer qu'il y a plusieurs écoles et que quand on est dans un
certain type de cours on suit l'enseignement d'une certaine école mais que ce n'est pas un yoga
global dans le monde du yoga dans l'histoire du yoga dans le milieu du yoga il ya énormément de
chapels il ya énormément d'histoires différentes il ya des courants et donc ça je me rendais compte
en fait que le milieu du yoga n'assumait même pas cette pluralité en fait quoi il fallait montrer
que le yoga était une sorte d'entité indivisible un changé pour que ce soit plus fort que ce soit
comme une espèce de science révélée et pas comme une pratique qui avait traversé les âges les
époques et les pays quoi je pense aussi que c'est un des attraits du yoga de proposer
justement ce package complet il ya vraiment cette espèce comme ça de paque qui est je pense
extrêmement pratique aussi dans un dans le monde dans lequel on vit quoi on a l'impression que voilà
on prend la pause de deux heures et qu'on a fait l'expérience complète c'est aussi une façon de
de pas dire que le yoga c'est une discipline un peu ingrate dont on est censé ne rien attendre
mais évidemment en termes de marketing c'est moins intéressant de raconter le yoga comme ça aussi
quoi la question qui commence à pointer le bout de son nez dans ce que décrit maricoc là vous la
voyez arrivé comme moi c'est celle de l'appropriation culturelle et oui carrément mais c'est bien
comme ça que ça s'appelle quand on récupère une tradition venue d'ailleurs un ailleurs qui a
longtemps été colonisé en plus pour la mettre à sa sauce et en tirer une exploitation commerciale
donc j'ai tapé appropriation culturelle slash yoga dans ma barre de recherche et j'ai attérée
sur le compte instagram de poulemt dévi une jeune française d'origine indienne qui se définit
comme analyste culturel en vrai elle ne s'appelle pas poulemt dévi c'est un pseudonyme qu'elle a
choisi pour s'exprimer sur les réseaux sociaux et qui rend hommage à une parlementaire indienne
célèbre qui s'est battu contre le système des castes notre poulemt dévi à nous a grandi à
jeune villier dans un quartier populaire qui s'appelle la cité rouge auprès de ses parents
qui sont arrivés de Pondicherry dans les années 80 le yoga c'était très respecté c'était
plutôt quelque chose qui se déroulait les dimanches c'était le jour on était tous là à la maison et
ça commençait le matin avec mes parents qui étaient assis par terre et l'image que j'ai c'est
vraiment de mes parents ma mère elle est avec sa robe de chambre mon père il est avec le kaili en
fait c'est une longue jupe qui est portée par les hommes en asie du sud et il est torsennu il nous
montrait des postures et après il nous racontait des histoires liés aux mythologies hindous sur
les divinités alors vu que c'est une histoire pour les enfants il y a toujours un peu il y a
toujours du fantastique quoi et du coup ça ça nous plaisait beaucoup et je me souviens que c'était
super drôle parce qu'en fait le yoga il était il est super sacralisé puis en même temps c'est
très cru et du coup c'était vraiment des moments de partage de pause dans le temps et d'apprentissage
et si poulem dévi se permet aujourd'hui d'employer le terme d'appropriation culturelle c'est que
quand devenue adulte elle a poussé la porte des salles de yoga qui à l'époque se mettait à
fleurir un peu partout elle s'est sentie comment je veux sur la soupe ce qui est quand même ironique
pour quelqu'un qui est tombé dedans quand elle était petite c'est assez compliqué pour moi d'assister
à des cours de yoga en fait je suis la seule personne non blanche et en plus de ça je suis la
seule personne indienne et même au-delà de ça ils sont très minces ils sont ils sont super
gênés ils sont super fit quand je regarde les tenues qui portent il ya un effort particulier qui
est fait dans l'esthétique alors que pour moi le yoga justement c'est l'endroit où on fait le
moins d'effort au niveau d'esthétique quoi mais puis jamais et puis on y va et l'endroit en lui-même
je le trouve toujours hostile et je pense que le pire c'est lorsqu'on mélange le yoga à l'indouisme
mais de manière comment dire confuse le fait de voir des divinités des statues des idoles posées
par terre mais à côté des chaussures notamment dans un des studios que j'avais écoutoyé c'était
une statue de ganache c'est un jeu que j'affectionne beaucoup parce que dans mon enfance ma mère me
racontait beaucoup des histoires de ganache et ganache c'est le lieu du savoir j'aime beaucoup
ce qui représente et donc le fait de le voir par terre comme ça ça crée une fissure dans mon
coeur parce que je me rappelle automatiquement de ma mère et je me dis mais qu'est ce qu'elle
dirait ma mère si moi je suis hirtée mais ma mère elle serait encore plus humiliée par ce geste
et je pense que le pire c'est qu'il soit à côté des chaussures parce que les chaussures c'est
vraiment hyper mal vu dans notre culture dans le sens où on rentre à la maison quand on se déchausse
on enlève aussi toutes les frustrations le stress du travail ma mère disait ça les mauvaises choses
de l'extérieur ça reste dehors. Poulain de dévi m'a aussi raconté qu'à une époque à la
vie essayait le yoga en ligne notamment une chaîne youtube extrêmement célèbre qui s'appelle yoga
with adrien. ça accumule des millions et des millions de vues sur les vidéos on voit donc
adrien une américaine qui ressemble un peu à natalie portmane mais toujours habillée en les guine
elle est installée sur son tapis devant une baie vitrée très lumineuse qui donne sur un beau jardin
souvent affalée à côté d'elle il y a son chien benji qui a l'air crevé d'or tout le temps et elle
propose du yoga mais alors pour tous les goûts vous pouvez trouver du yoga contre les douleurs
au cervical ou la migraine ou pour favoriser votre transit intestinal aussi du yoga pour quand on
est à l'aéroport et qu'on sait pas quoi faire ou du love yoga pour la saint valentin
personnellement j'ai testé yoga for panic and anxiety une séquence de 20 minutes que honnêtement
j'ai bien aimé mais ça je me suis bien gardé de le dire à poulain de dévi
ça s'apparente à être une professeur de fitness ou de pilates qu'on retrouve en
salle de sport et ce que j'aime pas en fait c'est qu'elle utilise le yoga comme pratique
sportive elle en parle pour moi comme si c'était des étirements en fait et j'ai rien contre ça
sur le fait que effectivement les étirements ça fait du bien au corps ça fait du bien à la tête
ça repose etc mais pour moi c'est pas du yoga en fait quand mes parents pratiquaient le yoga c'était
pas seulement un moment de relaxation parce qu'il y avait tout un apport d'histoire d'explication des
postures de transmission d'un savoir sur les traditions indous sur la mythologie donc c'était
pas juste une pratique où on vient on répète des postures et on part en fait en fonction de
vous grandissez dans la famille dans laquelle vous grandissez les valeurs que vous avez etc
histoire elle variera aussi il y avait toujours une notion de justice sociale de faire le bien de
faire le bon de réparer les erreurs et nous inculquer le respect des autres le respect de soi et
surtout véhiculer de la compassion envers les autres j'ai le retour casse dans le studio du
truc que vous êtes en train de monter donc ça va pas le faire je vais fermer
heureusement qu'au bureau ma demi posture du poisson puissant j'entends tout donc ça va ça
va pas je l'ai fait toute seule en cachette dans un petit coin parce qu'au fond en réduisant le yoga
à de simples mouvements qui me calme les nerfs et le mal de dos et bien j'occulte toute la dimension
culturelle et spirituelle de cette discipline et en plus je suis mal installée et donc quelque
part je comprends bien que ça puisse paraître insultant pour des personnes issus du sous-continent
indien mais bon attention poule endevi ne dit pas non plus que seul les personnes d'origine
indienne comme elles sont à même de pratiquer un yoga authentique au contraire d'ailleurs sur
son compte elle milite même pour des cours de yoga plus inclusifs et ouvert à tous en revanche pour
elle la moindre des choses si on veut essayer d'avoir une pratique un peu respectueuse de cette
discipline et bien c'est de se pencher sur l'histoire pour justement arrêter de se raconter des
histoires essayer de comprendre ce qui s'est passé avec le yoga comment il est arrivé jusqu'à nous
comment il s'est transformé et pourquoi on en a fait ce qu'on en a fait je propose de mettre les
blocs à peu près à portée de moi donc ils sont tout à l'avant du tapis de la culer l'air un petit
peu comme ça vous avez pas les chercher loin derrière vous alors j'ai enfilé mon légine et je
suis partie à lyon pour assister à une séance de yoga avec une professeur un peu spécial qui
s'appelle zineb faci trouver une position confortable donc les jambes peuvent être complètement
allongée vous pouvez éventuellement plier les genoux ramener les pieds au sol si c'est plus agréable
pour le bas du dos à première vue le centre de bien-être ou à l'officier est plutôt dans le moule
habituel et prenez le temps simplement ici de laisser le corps se relâcher il y a un présentoir
à tizana yurvédic à l'entrée plein de plantes vertes dans de mignons petit peau en céramique tout
étant bois naturel c'est beau propre lumineux comme sur pinterest pour se rassembler dans cet espace
et ce temps de la pratique mais si je puis me permettre zineb faci on a un peu plus sous le tapis
que la moyenne déjà elle a fait des études de sciences politiques et quand après avoir travaillé
dans l'aide au développement elle a décidé de devenir professeur de yoga assez vite elle a ressenti
le besoin de mener des recherches historiques en plus de sa formation initiale et peut-être pour vous
aider à rassembler cette attention à l'empêcher de se projeter vers le futur vers le passé moi la
question qui a vraiment motivé mes recherches c'était la question de savoir un peu comment on
en est arrivé là quand elle dit recherche c'est pas juste cliquer sur deux pages wikipedia et
basta zineb faci est carrément retourné à la fac pour passer un diplôme universitaire en
culture et spiritualité d'asie parce qu'elle voulait dissiper une espèce de malentendu comme elle
dit déjà à l'époque prémoderne il n'y a pas un yoga il y a des yogas le yoga en fait si on se
penche un peu sur son histoire avant le 19e siècle on se rend compte que c'est une pratique des marges
que c'est une pratique principalement de personnes qui renoncent à une vie comme vous et moi et qui
va s'adonner complètement à la vie spirituelle dans le but de sortir du cycle des renaissance donc
c'est des concepts quand même très propres déjà à l'indes et aux religions soit un doux soit
bouddhiste donc on va pas trouver le bonheur dans cette vie c'est impossible c'est complètement
illusoire cette vie ciba cette vie mondaine elle est source de souffrance et ce qu'on va essayer de
faire à travers le le yoga ça va être un moyen de se libérer de la condition humaine ordinaire
donc c'est pas exactement ce qu'on nous dit aujourd'hui aujourd'hui ce qu'on dit c'est à
travers le yoga vous allez pouvoir avoir une vie plus épanouie plus sereine être plus positif donc
c'est ce yoga qui va renvoyer l'image de personnes en général des femmes minces jeunes
athlétiques souples belles à l'hygiène de vie parfaite quelque chose qui est de l'ordre un peu
de la biomoral quoi ça des espèces d'ambiance on devrait être positif il faut sourire où tout
le monde parle doucement donc je me suis dit qu'est ce qui a fait qu'on a changé complètement de
discours c'est ce qui a permis finalement ce grand malentendu entre guillemets pour le comprendre
zineb faci a enquêté pendant deux ans et elle en a tiré un livre avec un titre marrant le yoga
nouvel esprit du capitalisme voilà il va pas avec le dos de la cuillère mais à l'intérieur sa
recherche historique est méticuleuse documenter et moi elle m'a sorti de la caverne parce que jusqu'à
maintenant je croyais que c'était les hippies qui nous avaient ramené du yoga que ça faisait
partie de la contre-culture des années 70 flore pauvre reste en mouton mais ça démarre bien
plus tôt en fait l'histoire occidentale du yoga avec la colonisation de l'Inde par l'empire
britannique évidemment c'est là que tout a commencé parfois on parle pudiquement de la
rencontre du yoga avec l'occident ou de l'influence de l'occident sur le yoga c'est des termes qui
cachent en fait effectivement la dimension de domination qu'a subi l'un d'à ce moment là
au 19e siècle l'un des sous-dominations coloniale britannique et on va avoir ce regard qui va être
porté par les colons britanniques sur la religion indou qui a un regard négatif qui va être considéré
comme une religion faite de folklore d'imaginoire de superstition etc etc et en même temps ce
regard là il va être fait à la fois de rejet et de fascination paradoxalement l'Inde va être
aussi vue par l'occident de manière générale comme étant le berceau d'une sagesse originelle
capable de le régénérer moralement qui n'aurait pas été corrompu par la modernité qui sera un
contrepoint de la société occidentale moderne philosophe mais aussi aride désenchanté etc etc
rien que ça déjà ça met un peu de complexité dans ce que je me racontais jusque là cette
histoire de fascination répulsion et tout ce vieux fantasme ambigu d'une Inde sous-développée
mais qui pourrait aussi nous sauver dans cette poule indienne nous rencontrons deux jeunes
français ils appartiennent à cette confrérie internationale des voyageurs sans bagages et
sans argent partie de tous les horizons du monde industrialisé ils sont venus chercher autre
chose comme moi mais ni les uns ni les autres nous n'échappons à nos civilisations j'ai peur qu'ils
rêvent là comme je la rêve moi même et ce que j'avais encore moins vu venir c'est que cette
imaginaire coloniale certaines élites en doux vont s'en imprégner petit à petit mais pour se
le réapproprier et essayer de retourner le stigma de finalement ces élites en doux elles vont être
anglophones elles vont un peu servir de passeurs entre guillemets entre ces deux cultures et elles
vont pour mieux se mesurer au colomb décider de revisiter un petit peu leur pratique religieuse
de les réformer alors c'est pas une réforme qui touche tout l'Inde et tout l'Indouisme là ça
reste un phénomène relativement marginal mais qui va avoir une grosse influence sur la formulation
du yoga moderne donc le discours que va avoir cet élite en doux c'est ok vous nous dominez
politiquement vous nous dominez militairement aussi évidemment économiquement mais nous on a quelque
chose que vous vous n'avez pas et ça va être notre cadeau au monde finalement ils vont chercher
à moderniser entre guillemets l'indouisme à revoir l'indouisme et le yoga à l'aune de certaines
valeurs dites moderne donc la question de l'universalisme la question du progrès aussi et du
progrès social entre autres et là le yoga va être érigé par certains gurus par exemple comme
vivait kananda comme la religion rationnelle que les philosophes des lumières rechercheraient et
jusqu'à aujourd'hui on peut dire que c'est une entreprise finalement de soft power assez réussi
parce que le yoga aujourd'hui une pratique mondialisée les enseignements de ces gurus indiens
circulent énormément aujourd'hui un peu partout dans le monde vivait kananda le gurus que zineb
faci vient de citer il est célèbre parce que c'est un des tout premiers à être parti aux états unis
pour exporter le yoga sous une forme hybride qui mélange les héritages indiens et occidentaux il
a débarqué à son francisco pour l'exposition universelle de 1893 et c'est lui qui a ouvert la
voie au yoga qu'on pratique aujourd'hui vivait kananda il va être très influencé par tout un
tas de mouvements de l'époque comme la nouvelle pensée donc qu'il y a un mouvement para protestant
qui est un peu entre guillemets lancette de la pensée positive et du développement personnel qui est
cette idée en gros que par la volonté et par la force du mental on peut faire changer les choses
dans nos vies on peut se guérir etc il va être très influencé par la psychologie aussi qu'une
discipline naissante à l'époque tout un tas de choses comme ça qui vont faire que l'induisme et
le yoga qui va enseigner aux états unis ou en tout cas qui va contribuer à élaborer ça va
être un yoga extrêmement imprégné de conception religieuse philosophique occidentale
donc il y a vraiment cette reformulation du yoga et de l'induisme à l'aune finalement de ce regard
occidental mais aussi pour réaffirmer une certaine supériorité de l'indes d'être au même niveau
finalement que les puissances coloniales ça nous permet de déconstruire un petit peu voilà cette
image d'un yoga authentique qui professerait une vérité unique pour revenir à quelque chose de
beaucoup plus finalement complexe et qui nous permet aussi de comprendre comment on en est arrivé au yoga
d'aujourd'hui qui nous permet aussi finalement de sortir d'une image très fétichisante à la fois
du yoga mais aussi de l'indes voilà tous ces clichés de mamma india d'une inde qui serait exotique
mystérieuse profondément spirituelle ça peut paraître valorisant mais en réalité c'est des discours
qui sont fétichisants qui essentialisent à la fois l'indes et culture c'est sa geste et ses traditions
you all read the title of the film the ultimate freedom ultimate freedom means complete
freedom in body and mind and in the self itself in order to experience this total freedom indian
sages and saints introduce the subject called yoga petit à petit ce qui m'apparaît grâce au
travail de ziné faci et de maricoc c'est à quel point ma mauvaise conscience d'occidental privilégié
m'a joué des tours parce qu'au fond j'étais en plein raccourci historique avec mon malaise
d'appropriation culturelle en réalité c'est beaucoup plus tortueux l'histoire du yoga moderne
sa brasse de la violence coloniale évidemment mais aussi des formes d'empowerment indien et ce
serait quand même le comble de l'oublier juste un exemple pour finir ce yoga postural que professe
notre fameuse adrien sur sa chaîne youtube et ben à l'origine il vient des nationalistes indous
qui comptaient beaucoup de yogis dans leur rang et oui on se couchera moins bête ce soir alors que
le mouvement pour l'indépendance de l'indes commence à se structurer on va trouver ben d'autres
personnes qui vont choisir justement de retourner le sigmat de retourner le regard colonial et de
s'en emparer et le yoga va encore entrer en jeu ici puisque ça va être des militants indous qui vont
reprendre à leur compte l'image perpétuée par les colons d'un corps indien qui serait efféminé
qui serait faible et qui donc justifierait la sujettissement de l'indes eux ils vont retourner
ça ils vont dire ok ben si on est faible si on est efféminé il va falloir qu'on se forge
des corps fort puissants sans aussi à même de justifier en gros notre indépendance et pour
faire ça alors c'est le moule de l'époque c'est pas que en Inde ça se passe aussi en Occident voilà
c'est ce qu'on appelle la culture physique nationaliste qui émerge mais en gros ils vont
se dire ben on va pas simplement prendre les gymnastiques qui arrivent jusqu'à nous par le
biais des colons on va aller chercher dans d'autres propres finalement creusé culturel ils vont à
ce titre là faire renaître un certain type de yoga qui est ce qu'on appelle le hatha yoga donc
ils vont aller prendre dans le hatha yoga la dimension posturelle qui n'était pas du tout
central dans cette pratique là mais qui était importante mais pas centrale ils vont laisser de
côté tout le côté ésotérique toute la théorie de la libération tout le côté salut de l'âme
etc et ils vont reprendre la pratique physique en faire une pratique vraiment très atlétique qui
serait à même ben justement de forger ces fameux corps sains puissants capables finalement de créer
une arme de scène et puissante yoga est un means for freedom et yoga est le yende en freedom
ça
Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga ! Yoga
Yoga ! Yoga !
ça ne vous éloignera pas de la pratique.
Moi, c'était ma peur quand je me suis lancée dans cette enquête.
J'avais vraiment peur de me dire,
là, ça va me dégoûter du yoga.
Et en fait, pas du tout.
En sachant ce que je pratique, comment je pratique, pourquoi je pratique,
et en fait, il y a ce sentiment d'imposture aussi qui a disparu,
parce que je ne fais pas semblant de m'inscrire
comme ça dans une grande lignée de gurus
qui remontra la vallée de l'induce,
ne serait-ce, par exemple, de dire,
aujourd'hui, on va faire un cours de yoga moderne.
Le yoga, tel qu'on le pratique, en fait, dans sa période moderne.
Moi, je ne dis pas namaste.
Je dis bonjour et je dis merci.
Quand on fait le home, je peux dire, voilà,
dans le yoga, certains disent qu'on pratique le home
pour recréer le son primal de l'univers, etc.,
le son de la création du monde.
Mais on s'est aussi rendu compte plus récemment
que ça permettait d'atteindre le nerve vague,
qu'il y ait quelque chose qui est important
pour la détente globale du corps, etc.
Et aussi, le home, ça peut être juste une pratique
où vous oser sortir un son de votre bouche,
et c'est aussi un exercice pour écouter les autres.
Donc voilà, je fais une pratique physique
avec beaucoup de respiration et des sortes de gestes
et de moments un peu suspendus qui créent
quelque chose de spirituel qui m'échappe un peu.
Voilà, c'est tout.
Et moi, ça me convient comme ça.
Ici, pour observer les écoles de la pratique.
Aussi, je pense qu'on a besoin de rituel
et qu'on prie tous un peu, quand même,
même le plus hâté d'entre nous dans les moments des espoirs.
On va quand même demander un petit coup de pouce au ciel
ou espèce d'entité, on ne sait pas très bien ce qu'on sait,
qu'on soit croyants ou pas.
Et je pense aussi que le yoga, ça a été une façon,
à un moment où les églises sont fermées,
où c'est compliqué d'être musulman,
c'est compliqué de faire son coming out de foi, quoi, etc.
C'est beaucoup plus facile aussi de passer la porte d'un cours de yoga
où on va pouvoir, même si on sent qu'il y a un malaise, etc.,
pouvoir avoir ce temps de méditation
qui est quand même une forme de prière.
La posture de l'enfant, par exemple,
ça ressemble beaucoup à la prière musulmane, par exemple.
Enfin, ce truc de s'agenouiller,
d'avoir le front contre le sol, etc.
Donc ça répond aussi à ces choses-là et ça fait de l'effet.
Sauf qu'on n'est pas obligés de dire
que c'est une science secrète qui m'a été transmise
dans un 200 heures en Inde parce que j'ai passé un mois riche et cash.
Et attention, vous allez connaître l'illumination.
Ça, c'est pas possible de dire ça.
Bon, d'une certaine manière, maintenant,
j'ai plus trop d'exclusives à falloir que je lui mette pour de vrai.
Mais j'ai pas dit mon dernier mot.
Je suis sûre qu'on peut trouver d'autres questions gênantes
à soulever dans le yoga.
Je vais chercher, attendez le prochain épisode.
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Le yoga made in France à la loupe
On s’inscrit au Yoga pour aller mieux, dompter le stress qui nous ratatine la cervelle, relaxer ses lombaires, sourire enfin à la vie. Mais bizarrement, il arrive qu’on ne se sente pas si bien que ça, une fois positionné en lotus sur son tapis. Surgit parfois un sentiment de malaise ou une vague impression de ridicule : qu’est-ce qu’on fabrique là en legging à chanter Shiva ou Krishna ? Comment réussir à toucher sa clavicule droite avec son orteil gauche ? Pourquoi s’infliger le gong du bol tibétain ? Est-ce qu’on ne serait pas en pleine carte postale exotico-néo coloniale ?
Dans ce premier épisode, Delphine Saltel, tente de prendre position sur le Yoga, en tout cas celui que l’on pratique aujourd’hui dans les studios qui fleurissent en centre-ville. Elle mouille la brassière en prenant un cours de Hatha Yoga, rencontre des Yogis et des enseignants, soulève la question de l’appropriation culturelle et se penche sur l’histoire moderne de cette discipline multimillénaire. Derrière le mythe d’un yoga ancestral pur et authentique, se dégagent des pistes pour distinguer postures et impostures, et trouver une pratique éclairée du “chien tête en bas”.
Remerciements à Victoire Tuaillon et au centre Sésam de Lyon.
Avec :
- Marie Kock, enseignante de Yoga et autrice de Yoga, une histoire-monde - De Bikram aux Beatles, du LSD à la quête de soi, Éditions de la découverte, 2019
- Pulan Devii, analyste culturelle
- Zineb Fahsi, professeur de Yoga et autrice de Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme, Éditions Textuel, 2023
Ressources :
- Mark Singleton, Aux origines du Yoga postural moderne, Éditions Almora, 2020
- Extrait du film L’Inde fantôme, de Louis Malle, 1968
Enregistrements : septembre 23 - Texte, voix, prises de son et montage : Delphine Saltel - Réalisation, mixage et musique originale : Arnaud Forest - Illustration : Raphaëlle Macaron - Production : ARTE Radio