Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Valérie Bacot, je n’avais pas d’autres solutions

Europe 1 Europe 1 9/2/23 - 39m - PDF Transcript

En mars 2016, Valérie Baco a tué son mari d'une balle dans la nuque.

Elle était déterminée à ne pas le rater.

Et elle avait ses raisons.

Ouvrons ensemble la Côte B du dossier d'instruction de Valérie Baco.

Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

En 2016, Valérie Baco a 36 ans.

Et depuis 24 ans, elle vit l'enfer avec Daniel Paulette.

Cet homme a d'abord été le compagnon de sa mère.

Et il l'a violée quand elle avait 12 ans.

Il a été condamné pour ses viols et à sa sortie de prison.

Ah bah il l'a recommencé.

Valérie Baco était sous-emprise.

Elle a épousé son beau.

Ils ont eu 4 enfants.

Et les humiliations et les violences ont continué.

Daniel Paulette frappait et violait Valérie Baco.

Il l'a même forcé à se prostituer.

Il programmait tout.

Valérie Baco.

C'était où il trouvait des clients sur Internet.

Il fallait que je me mette sur le bord de la route et attend que quelqu'un s'arrête.

Et lui, il était derrière moi caché.

Il avait ses écouteurs.

Et moi, j'avais mes écouteurs et j'écoutais.

Je faisais comme un robot tout ce qu'il disait.

Lui, il est dehors et il regarde.

Et par les oreillettes,

me dure exactement ce que je dois faire comme lui.

Il veut être laissé à un petit trou

dans la fenêtre du coffre

pour qu'il puisse regarder tout ce qui se passe.

J'en casse parce que

si je ne le fais pas, il me frappe.

Il faisait de moi ce qu'il voulait.

Valérie Baco était terrorisée par son époux.

Mais elle n'a jamais trouvé la force de le quitter.

Et le 13 mars 2016, elle craque.

Et elle tue Daniel Paulette

d'une balle de fin de l'enrif dans la nuque.

Nous sommes un soir.

Maître Nathalie Tomagini, avocate de Valérie Baco.

Où Daniel Paulette va indiquer à Valérie

que demain, il y a un gros client connu de Valérie

qui est particulièrement pervers salace

qui souhaite donc voir Valérie

et donc un rendez-vous et d'ores et déjà fixé.

Et ce soir-là, lorsqu'il partait comme ça

pour leur rendez-vous nocturne,

il devait donc préparer un sac

où ils emmenaient à la fois des objets

sexuels, Godmisché et autres.

Et il y avait également un révolver

qui les amenait avec eux pour se protéger

s'il y avait des mauvaises rencontres

et s'ils pouvaient être en danger.

Le client avait 20 minutes de retard.

20 minutes pendant lesquelles Valérie

et Daniel Paulette étaient dans la voiture

seule en pleine nuit.

L'arme est en présente et Daniel Paulette

toujours extrêmement nerveux, bélicueux,

en train d'invectiver Valérie.

Putain, tu vas prendre chair, moi je te le dis.

Et ce client-là, on le connaît toi et moi.

T'as intérêt à le satisfaire.

Cette homme l'a forcé, elle saignait.

Lorsque l'homme est parti, Daniel l'invectivait,

on lui disait qu'elle pleurait, elle saignait.

Daniel Paulette lui hurlait dessus, on disait qu'elle n'avait pas fait

ce qu'il fallait faire, qu'il allait perdre le client.

Et elle était dans un état de dissociation

terrible, il faut dire le terme,

puisqu'elle venait de subir un viol.

Et il y avait cet arme, instrument du destin

ou pas, qui se trouvait là.

Elle a saisi l'arme et elle a tiré

une balle dans la nuque de Daniel.

J'ai tiré sans comprendre ce qui se passait

et je me suis souhaitée parce que j'ai cru qu'il allait me tuer.

Et je l'ai dit à mes enfants et ils m'ont dit

t'inquiète pas, on va t'aider.

On est là pour toi.

Et on a vécu comme ça jusqu'à ce qu'un légendaire

vient de m'arrêter.

On est à six et on attend l'arrivée

de notre futur client, Valerie Baco.

Et on l'a voie arrivée avec une surveillante.

On a de la peine à imaginer qu'il s'agit d'elle.

Parce qu'elle est toute petite,

elle est toute fraile,

elle a de longs cheveux bruns

et des yeux bleus, immenses

et un visage d'enfant.

Et une innocence tellement rare

sur le visage d'une accusée.

Parce que je le rappelle,

nous l'avons tout de suite accueillie

et défendue comme une victime,

qu'elle était, mais elle était accusée

du meurtre du père de ses quatre enfants.

Et c'était inimaginable

de voir une telle pureté, une telle condeur

dont le regard et sur ce visage

d'une manière générale,

que ça était un choc.

Et de surcroît quand elle a pris la parole.

Parce qu'elle avait une voix d'enfant également.

Madame,

oui, je suis contente de vous voir.

C'est gentil.

Mais je ne sais pas quoi vous dire.

J'ai fait quelque chose de mal.

Mais je peux vous dire,

ma vie, ça a été un calvaire.

Je ne vous cache pas que lors des premiers échanges,

c'est toujours difficile.

Parce que ce sont des femmes

qui n'ont plus confiance en l'autre

et qui, malgré la condeur

de Valérie Baco,

sont là aussi pour juger

la personne qui est en face d'elle

pour savoir si elle va pouvoir nous faire confiance.

Elle qui a fait confiance à tant de gens

qui a été déçue, bafouée par tant de gens.

Donc il faut créer le lien.

Et c'est ce qui a de plus dur.

Parce que dans ce type d'affaires,

ce qu'il faut avant tout,

c'est précisément créer ce lien de confiance.

Il faut qu'une accusée victime

ait confiance

dans son avocate, dans ses avocates.

Et c'est ça qu'il faut établir.

Donc c'est petit à petit.

C'est comme si on apprivoise.

C'est comme le petit prince et le renard.

C'est vraiment ça, c'est tisser,

tisser le lien petit à petit.

Alors évidemment, vous en doutez,

on ne commence jamais par les faits.

On n'aborde jamais les faits

qui sont les plus douloureux.

On commence par lui demander

si elle va bien,

comment se passe sa détention.

Pour ensuite, dans un deuxième temps,

lui demander de nous parler d'elle,

de nous raconter son histoire

avec ses mots, ce qu'elle a vécu.

Valérie Baco, 36 ans,

a vécu l'enfer avec son mari Daniel Paulette.

Viol, cou, insulte,

pendant près de 20 ans.

Avant d'être son mari,

Daniel Paulette a été son beau-père.

Elle vivait avec sa mère.

Valérie Baco n'avait que 12 ans

et c'est à ce moment-là que les violons commençaient.

Le départ, c'était des attouchements,

des signes d'infection,

mais que moi, à mon âge, je ne comprenais pas.

Si je trouvais ça bizarre, je ne comprenais pas.

Valérie Baco.

Après, c'était devenu des attouchements,

mais c'était devenu des viols.

J'ai essayé plusieurs fois de me débattre

et j'ai appris qu'il fallait mieux que ça se passe vite

et que ça vait moins mal.

Ça a duré jusqu'à ce que ses sœurs

le dénoncent au gendarme,

qu'il est parti en prison.

Quand il a fini sa peine, il est revenu à la maison

et ça a commencé très peu de temps après.

Ce qu'a vécu Valérie était froidable.

Elle est extrêmement jeune, Daniel Paulette.

Il a tissé sa toile d'araignée

et vous avez cette toute jeune proie

qui n'a encore aucune défense,

qui s'est fait prendre au piège très vite.

L'emprise est tellement forte déjà à l'époque.

C'est qu'interroger sur les agressions

de Daniel Paulette à son égard,

de son beau-père à son égard,

Valérie n'ira.

Valérie dira qu'elle était totalement consentante

et qu'il ne l'a jamais violée.

Ordonnance de mise en accusation.

En 1995, Daniel Paulette a été condamné

à quatre années de prison

pour des faits d'agression sexuelle sur Valérie Baco.

Deux ans et demi après cette condamnation,

le beau-père de Valérie Baco est retourné au foyer

et il a recommencé à violer sa belle-fille.

Et de nouveau, lorsqu'elle a environ 16 ans,

la reviolez et elle tombera enceinte de ses entrefaits

et finalement, elle quittera le domicile

contrainte et forcé, jeté à la rue par sa propre mère

parce qu'elle ne supportait pas finalement

que sa propre fille lui prenne la place

dans le lit de son amant.

Et par la suite, elle n'avait d'autre choix

que de partir avec lui

parce qu'elle n'avait nulle part

où elle est Valérie.

Elle partira, jetée à la rue,

mais secourue entre guillemets là aussi

par Daniel Paulette qui se présente

sous les traits de son sauveur

alors qu'il n'est autre que son abuseur

et qui l'épousera et lui fera quatre enfants.

Valérie Baco, 18 ans, s'installe avec Daniel Paulette,

48 ans.

Il vit dans une maison de Beaumont en Sonéloir.

Daniel Paulette travaille comme chauffeur poilot.

Valérie ne travaille pas.

Son mari, la force a resté au domicile

pour s'occuper de la maison et de leurs quatre enfants.

...

Le quotidien de Valérie

était fait de peur, d'angoisse,

du retour de cet homme

qui, lors de tous les déjeuners,

les dîners, les soirées,

l'invectiver, lui disait qu'elle était

bonne à rien, qu'elle était nulle,

que c'était qu'une conne.

Et il est évidemment assorti de coups,

de renversements,

des assiettes, des bols qui volaient en éclats,

des coups de poing dans les murs,

sur elle-même,

et aussi des bousculades sur les enfants.

Donc oui, une vie faite de fureur,

de frayeur.

...

Ça m'est arrivé plusieurs fois de lui dire

mais frappe tout de suite

parce que je savais qu'après,

après, c'était plus calme

et à la fin, c'était

que je me posais la question

et si on allait passer le week-end ou pas.

...

Il faut être dans une vigilance permanente.

Il faut que tout soit nickel à la maison.

Si jamais il rentre

et qu'il y a quelque chose qui n'est pas en place,

mais elle le sait très bien,

Valérie, il n'y aura jamais rien

de parfaitement en place

parce que ce qu'il faut savoir, c'est que

quoi qu'on fasse,

qu'on fasse une chose où son contraire,

ça ne va jamais.

Et c'est là où on devient folle.

Parce que même si vous anticipez tout,

si vous êtes absolument parfaite,

de toute façon, vous allez recevoir votre clé.

...

Elle parle d'abord

d'un règne de la terreur généralisée.

...

Il ne se portait aucun bruit.

Il fallait que l'air pas soit prêt.

Elle ne pouvait absolument pas sortir,

évidemment pas avoir d'amis, etc.

Elle était chronométrique

quand elle faisait ses courses

et il abusait d'elle parce que

elle estimait que de toute façon,

elle ne comptait pas souffre comme objet.

C'est comme une marionnette.

Elle ne peut pas faire autrement que de ne plus

penser,

que de ne plus choisir.

Elle doit obligatoirement subir.

Je pense que le seul moment où elle était actrice,

c'était

pour faire à manger, pour s'occuper du linge

de la famille,

éventuellement emmener les enfants à l'école.

C'est le seul moment où elle était

actrice de sa vie.

Tout le reste, elle était véritablement

dans le subir.

...

Code B19

Expertise psychiatrique du docteur

Denis Prier.

L'enfance de Valérie Baco

est marquée par des carences affectives

et éducatives sévères,

puis par des maltraitances physiques

et sexuelles.

Dessons au plus jeune âge.

Valérie Baco est battue par sa mère.

Et quand elle a 6 ans,

son frère est néagé de 9 ans,

la viole en lui imposant des félations.

...

Elle est incarcérée à Dijon, cette dame.

Elle est surprenante, Valérie Baco,

parce que lorsqu'elle la rencontre,

j'ai l'impression d'avoir une jeune fille.

Tellement, elle paraît jeune.

Elle n'est pas très grande, elle est menue,

elle n'est pas maquillée,

elle a les cheveux attachés en queue de cheval

et surtout,

c'est une jeune femme qui paraît

franchement beaucoup plus jeune

que son âge.

Et elle a un regard

qui est presque emprunt d'un peu de naïveté.

Donc elle nous réserve un accueil,

enfin, elle me réserve un accueil

extrêmement bienveillant.

C'est une dame

qui va s'exprimer

avec

beaucoup de

douceur, beaucoup d'authenticité.

Et puis c'est une dame qui s'exprime

finalement

avec une grande désence.

Elle a des tas de souvenirs,

elle peut détailler son enfance,

elle peut détailler sa vie

de femme et elle va expliquer

avec précision

les ressenties de peur

qu'elle a pu avoir.

Côte B23.

Expertise psychiatrique

du docteur Daniel Prier.

Valérie Baco parle assez facilement

de son histoire

avec une voix plaintive

et chevrotante.

Le visage souffrant est atone

tout au long de l'entretien.

Ce visage ne s'anime

que lorsqu'elle parle de la joie

retrouvée de ses enfants

après la disparition

de ses enfants.

Après la disparition de leur père.

Elle va pleurer

tout le long de son récit.

Tout le long de son récit.

Dès qu'elle parle

de la souffrance morale

de ses enfants ou de la sienne

morale et ou physique,

elle est effondrée.

D'un dame qui a beaucoup, beaucoup de chagrin.

Je crois aussi qu'elle s'autorisait

à pleurer.

Je ne suis pas certaine qu'elle

ait pu exprimer ses émotions

de la souffrance

lorsqu'elle était mariée à ce monsieur.

Elle a dû beaucoup, beaucoup contenir

et puis tout d'un coup

elle a pu lâcher tout.

Elle l'a fait

avec en même temps

une pleine conscience

d'avoir mal agi.

Elle disait je sais que je vais payer

et je dois payer.

Je pensais que j'ai fait.

Mais je n'avais pas d'autre solution.

Parce que à chaque fois

et il m'a toujours dit

si tu essaies de partir,

je te tuerai.

Et ce qu'il a terrorisé

c'était pas tant

d'être tué mais c'est que ses enfants

puissent soit rester avec leurs pères

soit eux-mêmes être tués.

Elle n'était pas certaine

d'être la seule victime

si elle décidait de partir.

La juge d'instruction

les ribacos expliquent que son mari

l'a terrorisé

mais que malgré les coups

les viols et la prostitution

elle n'est jamais parvenue

à le quitter

ou à demander de l'aide.

Elle n'a pas porté plantes

comme la majorité de ces femmes

qui vivent l'horreur

dont le micro familial

C'est cette peur terrorisante

depuis toujours qu'elle a en elle

qui fait que ces femmes

n'arrivent pas finalement à bouger

elles n'arrivent pas à avoir

l'énergie nécessaire

pour pousser la porte d'un commissariat

elles sont tétanisées

il y a aussi cette honte absolue

et puis elles pensent

parce que ça a été inculqué

par leur bourreau

que personne ne va les croire

que leur parole ne vaut rien

et donc elles ne le font pas

Les enfants ont essayé d'aller

à la gendarmerie

ils se sont fait envoyer pêtre

parce que c'était des gamins

qu'ils n'avaient pas que ça à faire

et que si je voulais porter plantes

j'avais trop peur justement

parce que comme je n'avais pas à sortir

automatiquement il aurait trouvé

ça bizarre et je serais

rentrée et

il m'aurait peut-être tué

Il était toujours possible

de se rendre

dans un service

dans une brigade de gendarmerie

Éric Chalet, avocat général

d'expliquer qu'elle était

régulièrement frappée

qu'elle était régulièrement

prostituée par son mari

et de demander à être

protégée par la gendarmerie

mais en fait la problématique c'était pas de savoir

si elle avait le temps d'y aller

si elle avait la volonté d'y aller

c'est qu'en réalité elle était prisonnière

dans sa tête de son mari

dans la continuité de l'inceste

qui lui avait imposé quand elle était toute jeune fille

et encore faut-il en être capable

c'est-à-dire qu'elle est placée

depuis large de 14 ans

dans une dépendance

et une emprise vis-à-vis de lui

qui la rend incapable

d'imaginer même que la gendarmerie puisse l'aider

Portez plainte ça aurait signifié

une convocation

et la première fois qu'on porte plainte

en général on a un simple rappel à la loi

elle aurait été rouée de cou

au moins

au retour de son mari

au moins non non

elle ne pouvait pas

tout le monde

avait dit à Valérie Baco

si tu essaies de partir

il va te retrouver et il va te tuer

elle était absolument certaine

qu'elle n'avait pas d'autres issues

ou de se tuer elle-même

et donc elle restait

de laisser ses enfants

sans parents ou avec un père

violent ou de tuer

ce mari violent

à cause de cette durée

de ce prolongement

du registre du subire

elle a fini par mettre de côté

ses propres ressentis

l'agresseur

pousse en quelque sorte

sa victime dans une sorte de congélateur

c'est-à-dire

c'est-à-dire c'est-à-dire

c'est-à-dire c'est-à-dire

c'est-à-dire c'est-à-dire

c'est-à-dire c'est-à-dire

c'est-à-dire

sa victime dans une sorte de congélateur

pour ne pas être envahie

par une panique abominable

la victime parvient

à dissimuler ce sentiment

sentiment de panique

de peur, de terreur etc

et puis elle essaie de rester calme

elle cherche

finalement

à apaiser son bourreau en obéissant

à ses ordres

c'est exactement ce qui s'est passé pour Valérie Bakko

et puis en réduisant progressivement

ce choc énorme qui est provoqué

par toutes les agressions subies

on parvient

à maintenir un pseudo équilibre

et à faire semblant

de vivre relativement normalement

c'est compliqué

au niveau psychologique

vraiment le syndrome de Stockholm

il est réservé à des personnes

qui subissent durablement

et intensivement une domination

et des violences

finalement il y a une espèce de familiarisation

je crois

qui est effrayante

aux subires et aux coûts

c'est absolument terrible parce que

ce sont des femmes qui finissent

par adopter une sorte

d'acclimatation

à des violences inouïes

c'est même pas conscient, c'est même pas volontaire

c'est indut, c'est à dire qu'on ne peut pas

faire autrement

effectivement on accepte

mais on ne peut pas

ne décide pas encore une fois

on accepte parce qu'on est placé

dans une situation

où rien d'autre n'est possible

et

ce que font ces femmes

ces victimes c'est qu'elles passent

leur vie effectivement

à endiguer

la violence du bourreau

c'est à dire qu'elles tentent

de minimiser les effets de cette bombe

pour justement

épargner surtout leurs enfants

Côte B-17

Expertise psychologique

de Laurence François

Valérie Bakou s'est sentie

en mesure de tuer son mari

quand sa fille de 14 ans, Carline

lui a fait part d'une conversation

avec son père

pour Valérie Bakou, le risque

que Carline subisse le même sort qu'elle

a provoqué un choc

Côte B-17

Comme tous les soirs

les enfants vont dire bonsoir

à leur père

et Carline

donc la seule fille

de Valérie

va dire bonsoir à son père

et son père la retient

et lui pose une question

pour le coup extrêmement

particulière

comment elle est sexuellement

donc vous imaginez

une fille de 14 ans

à qui son père

pose cette question

elle trouve ça plus que curieux

plus que bizarre

et elle s'en ouvre à sa mère

Maman

je comprends pas ce qu'il voulait papa

il m'a demandé comment j'étais

sexuellement

je savais pas quoi répondre

ça m'a gêné

et je me suis dit

il faut absolument que je te vise

elle Valérie elle comprend très bien

elle décode tout de suite

tout de suite le questionnement

père vert

de Daniel Paulette

et elle se dit

elle se dit non c'est pas possible

moi d'accord

moi j'ai fait tout ça pour les protéger

j'ai tout accepté

mais il peut pas toucher à ma fille

ça c'est pas possible

il va pas lui faire à elle

ce qu'il me fait à moi

et ça la travaille

toute la nuit

elle on est malade

parce qu'elle le connaît

et elle sait que ces mots-là derrière

il y a cette réalité atroce

et que peut-être

pour rapporter de l'argent

et qui va peut-être à nouveau

prostituer

sa propre fille

elle sait

qu'il on est capable

et c'est là que petit à petit

elle se dit

il faut que tout ça ça s'arrête

c'est plus possible

c'est la seule fois où elle a dit non

parce que je pense que

ses enfants

étaient sa priorité

et là tout de suite

Valérie Bakou a compris

que sa fille était en danger

et c'est ça

qu'il a motivé

à un passage à l'acte

c'est rien d'autre

le reste elle avait l'habitude

elle subissait

en revanche que sa fille

risque d'avoir la même vie qu'elle

ça elle s'est complètement refusée

elle était absolument certaine

qu'elle n'avait pas d'autre issue

c'est entouré de ses proches

que Valérie Bakou arrive au tribunal de Chalon-sur-Saône

la jeune femme

à la silhouette fralle est accusée d'avoir

tué son mari Daniel Paulette

son aîné le 16 mars 2017

poursuivie pour meurtre

sur conjoint avec préméditation

Valérie Bakou en cours la prison a perpétuité

je suis déjà préparée mes affaires

parce que je sais ce qu'il faut maintenant

je sais ce qu'il faut, ce qu'il faut pas en prison

je veux dire

voilà je sais que je tourne encore une

partie de ma vie

donc je me suis préparée mentalement

justement

j'ai préparé tout mon départ

tout ce qui était papier, tout ce qui était école

pour le plus petit

voilà je fais tout

tout mon rôle de mère

avant de partir

parce que je sais que je

je revivrai pas avec eux

à mon moment

parce que je fais quelque chose d'horrible

j'en fais pas

même si j'ai une partie de moi

qui me dit que c'est son procès

à lui aussi

c'est une affaire tout à fait

extraordinaire

inceste, violence

prostitution

un condensé d'horreur

pour la vie d'une seule femme

elle l'a tuée

elle l'a enterrée

avec ses enfants

elle a gardé le silence pendant 18 mois

elle est coupable

il y a une véritable effervescence

autour de ce procès

d'abord Vélia Ibaco est arrivée

à l'audience en disant

je mérite la prison

Eric Chalet, avocat général

au début de l'audience

c'est déjà un sentiment

en réalité d'une accusée

totalement appurée

ne maîtrisant pas réellement

la médiatisation déjà

de son procès alors même qu'elle en était

à l'origine avec sa défense

Vélia Ibaco c'est quelqu'un d'aspect très frais

elle a 40 ans

au moment de l'audience mais

elle l'emparait beaucoup moins

il y a une forme

de fragilité

qui se dégage d'aimes

qui est accentuée encore par l'assaut

de tous les journalistes

dans la salle des pas perdues

elle est arrivée

à l'époque on était encore en plein Covid

masquée comme nous tous d'ailleurs

la tête baissée

complètement recroquevillée

oppressée par cette

foule de journalistes

et j'ai dû demander d'ailleurs

que les journalistes reculent

pour qu'elles puissent accéder

à sa place tellement c'était dense

au début elle était terrorisée

totalement terrorisée

elle est ailleurs

elle est tellement sollicitée

tellement questionnée

tellement

l'enjeu est tellement immense

alors autant elle était vivante

quand je l'ai rencontrée

alors vivante aussi dans ses émotions

sa douleur, ses larmes

mais elle était vivante et là je la trouvais

presque un petit peu

un peu anesthésiée

un peu figée

ça devait être pour elle absolument terrible

elle craignait

ce procès

elle le craignait

elle savait

et elle estimait absolument normal

d'être punie

ça elle l'a dit à plusieurs reprises

mais en même temps bien entendu qu'elle craignait

parce que là elle allait

savoir et elle allait mesurer

le temps de séparation

qu'allait lui être imposé

avant de revoir ses enfants

parce que tout était là

tout était encore une fois

l'objectif c'était ses enfants

Code B25

Expertise psychiatrique

du docteur Denis Prier

Valérie Baco

était enfermée dans la certitude

que seul le passage à l'acte

pouvait lui permettre de sauver ses enfants

il ne semblait pas que cet acte

était imaginé pour se sauver elle

en conséquence

nous retenons une altération

de son discernement

et du contrôle de ses actes

et non une abolition

de son débat

de son débat

j'ai retenu

que Valérie Baco

avait été avant tout une victime au départ

le rôle de la roca générale

c'est rappeler les valeurs de la société

et la première des valeurs de la société

c'est la valeur de la vie

et ça c'était nécessaire

de le rappeler et en tout état de cause

on ne pouvait pas la condamner

sans prendre en compte

l'altération du discernement

de l'absence de risque de réitération

ce qu'elle avait créé avec ses enfants

malgré la situation effrayante

qu'elle leur a fait subir aussi

d'enterrer leur père

moi je réfléchissais

par rapport au dossier que j'avais

en main

pour expliquer au juré

que Valérie Baco

n'était pas responsable

de ses faits

de son passage à l'acte

et pour cela j'avais

les expertises en main

qui allaient dans mon sens

donc je décide

de plaider l'abolition

du discernement

et donc de pousser le curseur

au plus haut

cette femme ne pouvait avoir d'autre choix

que de tuer son bourreau

pour pouvoir s'en libérer

c'est à dire que son geste

est quasiment automatique

qu'elle n'a pas réfléchi

qu'elle n'était pas consciente

de ses actes

donc là on est vraiment dans l'abolition

du discernement

et lorsqu'il y a un moment donné

une violence supplémentaire

et d'un coup

tout ressort

et la violence de la sedomie

avec ce client

a fait tout exploser

c'était trop

un passage à l'acte

qui est quasiment automatique

et on est bien dans ce qu'on appelle

l'abolition du discernement

il y a plus de discernement

ce n'est plus possible

elles ne résonnent plus

ces femmes comme vous et moi

elles en sont incapables

et donc elles tirent

la cour d'assises de chalon sur son

ne retient pas l'abolition

de discernement

de valérie bako

elle est condamnée à 4 ans

de prison dont un enferme

pour le meurtre

de son mari

valérie bako avait déjà

purgé cette peine de détention

elle quitte donc le palais

de justice

libre

c'est un nouveau combat maintenant

pour toutes les autres femmes

et toutes les maltrétins

merci

c'est les commandes valérie

si on peut vous demander

vous êtes soulagée

elle n'est pas soulagée mais vidé

vidé mentalement

et physiquement

vous étiez préparée à partir en prison ce soir

oui

vous rentrez chez vous

oui et je pourrais

je pourrais être là pour mes enfants

merci

merci

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Ecoutez Christophe Hondelatte dévoiler la personnalité de Valérie Bacot. Pendant plus de 20 ans, Valérie Bacot a vécu l’enfer avec son mari Daniel Polette. Il la battait, la violait, et la prostituait. Pour se défaire de l’emprise de son mari, Valérie Bacot l’a abattu d’un coup de révolver dans la nuque. Elle ne voulait pas le rater.Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.