La source: Un avocat porté disparu : le mystère Jacques Vergès

François Sainter.

Aujourd'hui, d'un infersensible, huit ans d'absence et de silence

pour un secret impénétrable, la mystérieuse disparition de Jacques Vergès.

Le 15 août 2013, l'avocat, Jacques Vergès, meurt à Paris emporté par un haricardien.

Mais à quel âge? Certains supposent 88, d'autres 89, l'un ira jusqu'à 90 ans.

Aujourd'hui encore, personne ne le sait.

Un mystère de plus qui s'ajoute à une vie parsemée devant nombre.

Un jour résiste angoliste, le suivant au service des Algériens dans leur lutte pour l'indépendance,

Vergès a rencontré Che Guevara, Mao Tse-Tung, puis a défendu Klaus Barbie,

le terroriste Carlos et le jardinier Omar Raddad, entre autres.

Militant, avocat, par moment les deux en même temps.

Cet homme, que dis-je, ce personnage, donne l'impression d'avoir été partout à la fois et nulle part en même temps.

Pire ou mieux, entre 1970 et 1978, pendant presque 9 ans,

il disparaît des écrans radars, ne laissant derrière lui aucun indice.

Bienvenue dans le parcours romanesque de Jacques Vergès,

sur la fois notamment d'un travail d'enquête de journaliste Bernard Violet dans sa biographie non autorisée Vergès, le maître de Londres.

Notre invité aujourd'hui, François Gibo, avocat, écrivain, il était proche de Jacques Vergès,

un ami qu'il a d'ailleurs affronté dans le prétoire.

A faire sensible une émission de France Impère, diffusé en direct,

récit documentaire Adrien Carrac, coordination franco-gnard,

chargé programme Rébecca Donante, réalisation Frédéric Milano.

Fabrice Grouelle, affaire sensible, sur France Inter.

Au RTF Information, Éric Coudert, Hubert Machetoux.

Maître Jacques Vergès, dont le nom revenait souvent dans les procès au moment des affaires d'Algérie,

M. Jacques Vergès a disparu de son domicile depuis le 12 mars dernier.

Depuis l'indépendance de l'Algérie, M. Vergès partageait ses activités entre Paris et Algiers.

Il a quitté son domicile algérien le 8 janvier dernier pour se rendre à Paris, puise en Espagne.

On l'a vu pour la dernière fois le 12 mars dernier à l'Iquente.

Depuis, personne n'a plus eu de ce nouvel.

Dimanche 24 mai 1970, Paris.

Dans les kiosques à journaux de la capitale, on peut lire en une du journal du dimanche,

qui est devenue Jacques Vergès.

Dans les colonnes de l'Hebdomadaire, un journaliste écrit que

rien ne permet pour le moment d'expliquer comment ni pourquoi l'avocat parisien a disparu.

Un temps évoqué comme dans le flash d'interactualité que vous venez d'entendre,

un prétendu voyage en Espagne franquiste.

Une hypothèse jamais corroborée par le moindre témoignage sérieux.

Seule certitude, Vergès a été vu pour la dernière fois en public, à Paris, 3 mois plus tôt.

Ce jour-là, le 23 février, l'avocat prend la parole lors d'un meeting anti-impérialiste

à la maison de la mutualité, dans le cinquième arrangissement de la capitale,

aux côtés de militants marxistes et d'un membre des panternoirs américaines.

En face, une foule composée de militants maïouistes et ici et là,

quelques policiers des renseignements généraux.

Non loin, le fils de l'avocat, Jacques, assure le service d'ordre.

Lorsque le meeting se termine, Vergès et son fils partent dîner dans un restaurant du quartier,

tenu par l'ex-femme de l'avocat.

Jacques, ou le fils donc, confiera plus tard.

Une fois notre dîner terminé, je lui ai fait la bise, je suis monté me coucher.

Je n'imaginais pas que je n'allais plus le revoir pendant des années.

Dans les jours qui suivent, les amis de Vergès témoignent l'avoir vu en bonne forme,

mais avec la tête d'un homme préoccupé.

La femme de l'avocat, la militante indépendante d'istes algériennes,

Jamila Bouirède, avec il vit à Vergès,

affirme elle que son mari l'a accueillie à Orly avant de partir à rendez-vous.

Bien, ensuite, plus rien.

Sur les raisons de cette disparition, l'intéressé laissera toujours planer le doute,

comme ici sur France Inter, au début des années 90.

On ne peut pas s'empêcher de penser à votre disparition de 70-78,

je sais que comme d'habitude, vous n'avez rien révélé,

vous avez disparu pendant 9 ans.

Je ne sais pas disparu.

Certains m'ont perdu de vue.

Oui, énormément de gens, c'est marrant, même vos enfants vous ont perdu de vue pendant 9 ans.

Vous n'avez pas disparu, mais vos enfants pendant 9 ans ne savaient pas où vous étiez.

Ça, ça ne s'appelle pas de la disparition, vous avez raison.

Mais alors, forcément, les légendes s'accumulent,

alors on peut imaginer que vous ayez fait des stages de terrorisme ou des choses comme ça?

Oui, bien sûr, mais c'est un raisonnement qui est très dangereux.

Si vous ne racontez pas à tout le monde à quelle femme vous avez couché cette nuit,

on finira par vous dire que vous êtes un homosexuel.

Avec qui vous avez couché cette nuit?

Voilà le genre de raisonnement.

Vous ne voulez pas me répondre, c'est pas possible?

Pardon?

Vous ne voulez pas me répondre, ouais.

Ecoutez, je le respecte de la vie privée des personnes avec qui je couche.

Les proches de vergesse, dont sa femme craignent que l'avocat n'ait été victime d'un enlèvement,

orchestré par les autorités algériennes ou les services secrets d'un pays d'Europe de l'Ouest.

L'avocat, qui se qualifiait lui-même de commis voyageurs permanents de la Révolution Maoïste,

était depuis plusieurs années sous la surveillance des services secrets occidentaux.

Il était aussi dans la ligne de milieu du colonel Boumédien, le président algérien.

La raison est simple.

Pendant la guerre d'Algérie, Vergesse a défendu avec XL des militants du FLN

et il aurait eu vent de quelques secrets d'État.

Pour le pouvoir algé, il représente donc une molasse.

Un constat confirmé par des notes des services de renseignement français

qui témoignent de l'intérêt des algériens, justement,

à suivre les moindres faits et gestes de Vergesse.

Le journal l'horreur, lui aussi, va dans le sens d'une disparition en connotation politique

et se demande si cette affaire n'est pas une nouvelle affaire.

Ben Barca, du nom de ce militant politique marocain enlevée à Paris,

cinq ans plus tôt, à l'automne 65 et dont personne n'a retrouvé la trace.

Un appel à témoins est diffusé par la police.

Au même moment, plusieurs de ses confrères avocats penchent eux

pour un tout autre scénario, une disparition préméditée.

On ne sait pas la première fois que Jean Vergesse voilà-t-ilise

et lui arrive souvent de disparaître pour quelques jours, parfois une semaine.

Il en profite alors pour rencontrer certains clients

ou des relations considérées comme infréquentables par les autorités françaises.

Mais au-delà de cette présomption,

un élément est crédit l'hypothèse d'un départ volontaire.

Une semaine après l'annonce de la disparition de Vergesse,

un mot manuscrit est déposé dans la boîte aux lettres des éditions minues à Paris.

Jérôme Lindon, l'éditeur de Vergesse, prévient la presse.

Maître Vergesse est à l'étranger, en bonne santé, dit-il, et libre.

Alors, l'avocat est-il lui-même à l'origine de ce mot?

Des années plus tard, Jérôme Lindon reste persuadé que l'écriture est bien celle de Vergesse.

Le directeur des éditions minues pense aussi que la plupart du temps, son auteur,

s'est simplement caché à Paris.

Effectivement, Vergesse avouera plus tard,

avoir séjourné à plusieurs reprises dans la capitale entre 1970 et 1978.

La rumeur prétend qu'il se déguisait et changeait de nom toutes les semaines

pour ne pas être reconnue.

Mais, malgré ses précautions, il sera démasqué par quelqu'un qui croise dans la rue.

Vous êtes revenu un jour à Paris, une femme vous a reconnue?

Ce que vous avez fait à ce moment-là, vous ne souvenez pas de ça?

Ah, si, si, si. C'était pas une femme, c'est une bonne femme.

Et la veuve de quelqu'un qui m'avait dans le nez.

Et je la vois en train de faire la queue chez un traiteur.

Au moment où je m'en vais, et je me dis,

je n'étais pas encore décidé à sortir vraiment de ma clandestinité,

de ma présence discrète à Paris.

Ah, vous mettez le temps, mais vous avez...

Et je me dis, cette bonne femme va demain dire, je l'ai vu.

Alors, il faut rendre cette bonne femme pas crédible.

Alors, la regardant, je lui dis, alors, la grosse, ça boume.

Elle m'a regardé, absolument choquée.

C'est comme si je vais ouvrir ma braguette et montrer quelque chose.

Et je suis parti en me disant, et bien, c'est gagné.

Quand elle verra des gens, elle dira, il m'a regardé,

il m'a dit, alors, la grosse, ça boume.

Et tout le monde dira, c'est pas possible.

Alors, pourquoi ces allers-retours se sentent à Paris

sans jamais prévenir sa famille?

Jacques Vergès, se pensait-il ou se savait-il menacer?

Où avaient-ils des choses à faire,

et dont il ne voulait que personne ne soit au courant?

Pendant presque 9 ans, Jacques Vergès est ainsi un fantôme

qui voyage sans passeport aux quatre coins du monde.

Certains de ses compagnies maouistes affirment avoir vécu en Asie

ou au Moyen-Orient,

quant au même moment d'autres sont sûrs de l'avoir croisé

en Europe de l'Est derrière l'Ori d'Odphère,

un arbre au lieu qui alimente les théories les plus folles, et évidemment.

Parmi celles-ci, sur la base du témoignage de deux diplomates,

des journalistes vont émettre l'hypothèse

que, pendant cette période, Vergès a séjourné un an en plombe-penocamboche.

Il serait venu rendre visite à l'un de ses anciens camarades d'université,

un certain Salote Sartre,

un personnage plus connu sous le nom de Polpote, le chef des Khmer Rouge.

Alors, Vergès conseillait d'un régime génocidaire qui fera 1,7 million de victimes?

La théorie est alléchant pour la presse,

d'autant que l'avocat est né quelque part au début des années 20

entre la Thaïande et le Cambodge.

Si aucun élément n'accrédite cette hypothèse,

le lien entre Vergès et les dîners Khmer Rouge et Cambodge

fait un surprenant retour dans l'actualité, lorsqu'en 2007,

Jacques Vergès a retourné en plombe-pen pour défendre un autre de ses amis,

le premier ministre du régime Khmer Rouge, que s'en pense,

traduant justice pour crime contre l'humanité.

Au micro du correspondant de France Inter,

Jacques Vergès explique pourquoi il s'est porté volontaire.

Je le connais depuis la Sorbonne, depuis le quartier latin.

Je suis apprécié son honnêteté, son intégrité, son désintéressement, son humanité.

Comment a réagi votre client, son arrestation?

Vous avez pu le voir, discuter avec lui?

Oui, avec beaucoup de philosophie.

Il est désireux de s'expliquer, il est très serein.

Est-ce qu'il maintient toujours qu'il n'était pas au courant des crimes

quand il était commis sous les Khmer Rouge?

Écoutez, actuellement, vous avez un livre de lui qui vient de sortir

où il explique sa position, qui n'a pas chargé de position depuis le débat.

Vous devez dire que vous allez plaider non coupable?

Ça me semble évident.

Cet épisode confirme que Vergès connaissait bien plusieurs haut dignitaire

du régime Khmer Rouge. Aux journalistes qui s'en relâchent,

lui poseront la question, il ne fera jamais aucun commentaire.

Ce contentant simplement de répondre avec un sourire.

Le Carbodge, c'est une thèse intéressante,

mais malheureusement une thèse parmi de nombreux autres.

Au début des années 80, après une réapparition à Paris en homme libre

et en bonne santé, mais sans vouloir s'étaler sur sa disparition,

l'écrivain et philosophe Régis Dobre, qui a collaboré avec Vergès

pour la revue Révolution, évoque lui une autre piste, la Chine communiste.

Au début des années 60, Jacques Vergès avait déjà fait annonce

et joueur à Pékin pour rencontrer Mao.

De ce voyage, le jeune avocat avait ensuite confié à des amis

avoir été bouleversé, et dès lors, il avait embrassé la cause maoïste.

Alors, en Chine, aucun élément là encore ne vient attester cette théorie.

Dobre et lui-même affirment plus tard au journaliste Bernard Viollet

qu'il ne se souvient plus avoir tenu des propos à l'endonissance.

Interroger à son tour sur sa manie de changer de version

et de vivre dans un univers de mensonges de mauvaise fréquentation,

réelle ou supposée, Jacques Vergès se fâche.

Vous n'avez pas marre du monde un petit peu dans lequel vous vivez

ce monde pas très, très sain quand même, en fin de compte?

Quel monde?

Le monde des terroristes, le monde de la Magouille.

Mais je ne vis pas dans le monde du terroriste,

ni dans le monde de la Magouille.

C'est absolument comme si vous disiez à un médecin,

vous n'avez pas assez de vivre dans ce monde du cancer.

Mais le médecin, le soir, quand il bouffe,

il bouffe pas des cancer qu'il a opéré pendant la journée, enfin.

Non, vous n'avez pas marre. Vous vous sentez très bien, tous les jours, très bien.

Moi, quoi que je fasse, ça, c'est terrible.

Quoi que je fasse, quoi qu'on pense de moi, je me sens très bien.

À Paris, les renseignements généraux qui avaient déjà un œil sur Verges

bien avant sa disparition se lancent aussi à la recherche de l'avocat.

Les autorités françaises craignent qu'ils continuent à tisser des liens

avec des mouvements radicaux et des groupes terroristes d'extrême-auge.

Sur ce point, la déclassification de certaines archives

révèle que les RG n'ont rien trouvé.

Dans des notes de synthèse,

une question d'un passage par l'Italie où Verges aurait financé un journal de gauche.

À moins qu'il ne soit un agent du KGB recruté à Prague au début des années 50

et dont il serait désormais l'agent de liaison entre plusieurs organisations terroristes.

Dernière piste envisagée par les RG,

un séjour au Proche-Orient, avec passage au sud-diment,

dans un camp d'entraînement du FPLP, organisation armée palestinienne.

C'est là que Verges aurait pu faire la connaissance du terroriste Carlos,

un homme qu'il défendra dix ans plus tard.

Dans un entretien avec des journalistes potant avant sa mort en 2013,

il admet ses liens avec le Proche-Orient à cette période-là.

Il explique qu'il est alors en contact avec Alias Samsalamé,

chef des opérations du groupe terroriste septembre noir

et cerveau présumé de la prise d'otage des J.O. de Munich,

un individu que Verges considérait comme un grand avocat et un ami.

La piste palestinienne est aussi celle que privilégie

le réalisateur Barbachorder, auteur d'un film documentaire

sur la vie de Verges.

Il confie en 2017 sur le plateau de Clique X sa conviction

que l'avocat français a bien séjourné au Liban.

Il y a une vérité que j'aimerais savoir,

parce que personne ne la sait sur Jacques Verges,

où est-il passé?

Je répondais juste oui ou non, je le sais.

Oui, je sais, je peux vous le dire.

Il était avec Wadi Adad,

il était avec les palestiniens les plus sanguinaires

et les plus intelligents,

et le jour où Wadi Adad est mort,

deux jours après, il était de retour à Paris.

C'est dit dans le film, mais comme il était encore vivant,

je ne pouvais pas insister, je l'ai mal monté,

mais c'est dit dans le film.

Donc là, il a tout à fait sorti de son rôle d'avocat

et il a été devenu carrément militant.

Résumons, il y a d'un côté ce qui pense que Verges a été enlevé

et ce qui pense qu'il a disparu volontairement

pour s'engager dans des causes politiques.

A bien lire entre les lignes de sa vie,

Verges semble donner raison au second.

Un enlèvement en Algérie sur ordre de gouvernement,

eu une disparition volontaire au Carboge,

en Chine ou au Proche-Orient, on l'a dit, certes,

mais si la vérité se cachait ailleurs.

Dans l'une des toutes dernières interviews où j'en ai le point,

Jacques Verges déclare, Histoire de Claude Débat,

un soir de mars 1970,

ma porte s'est ouverte et le vent m'a soufflé par.

Et je suis parti pour des aventures qui ont duré 9 ans.

J'étais un peu partout,

parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre.

Nombre de mes amis sont morts

et pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux.

J'étais en moi-même, j'étais...

Il était évident que je n'étais pas sur la Lune,

que je n'étais pas sur la planète Mars.

Maintenant, pourquoi je n'en parle pas,

parce que ça fait partie de ma vie

et que je suis un homme secret.

C'est encore une autre de mes caractéristiques.

Si tu t'envoles

la mer viendra toujours

belle rivière

les fleurs sont vengent

dans les blés lourds

viendront toujours

si tu t'envoles

si tu t'envoles

tu me viendras

les blessures d'amance

ne sourent pas

si tu t'envoles

la sorcière a toujours

recert les fleurs

les amours m'amorent

par les bons jours

n'iront toujours

Si tu t'envoles

si tu t'envoles

tout finira

les choses de l'amour

ne vivent pas

si tu t'envoles

la mer viendra toujours

la fleur de l'amour

c'est son vent

ma belle amour

qui meurt toujours

Aujourd'hui, Jacques Vergès

à faire sensible

sur France Inter

Je suis là pour défendre

deux inculpés

pour qui je ne cache pas que j'éprouve

de la sympathie et de l'estime

et en principe tout.

Il y a 100 ans, on condamnait un jeune officier

qui avait le temps d'être juif

Aujourd'hui, on condamne un jardinier

parce qu'il a le tort d'être maghrévin

Je disais à Barbie

Innocents

Non, monstres non plus

Vous êtes un personnage de notre temps

Vous êtes l'officier subaltern

d'une armée d'occupation

dans un pays qui résiste

Vous n'êtes pas plus innocent

mais pas plus coupable

Comme je l'ai dit dans ma plédoirie

La France était aujourd'hui

à la croisée des chemins

Elle a choisi celui de l'hostilité

au pays arabe

Et bien au moins le choix est clair

Je crois personne

Paris, 27 novembre 1984

domicile de l'écrivain Jean-Edir Nali

Le téléphone sonne

A l'autre bout du fil

la voix d'une jeune femme

Il s'agit de l'une des secrétaires

de Jacques Vergès

Un allié que son patron vient d'avoir

une idée marrante et rigolote

et qui lui a demandé de l'appeler au plus vite

Toujours à la recherche d'un coup

qui permettrait de faire parler de lui

l'écrivain qui connaît Vergès de longue date

écoute attentivement

La femme lui dit

Maître Vergès attend de vous un livre

dans lequel, au cours d'un dîner

il vous ferait des confidences

et vous vous l'y poseriez des questions

comme par exemple

Où étiez-vous M. Vergès pendant votre disparition

Il faudrait inventer quelque chose

de complètement imaginaire, voyez-vous

de marrant

Jean-Edir Nali l'interrompt

Quoi, ce serait des informations plausible

ou il me dirait la vérité

La secrétaire lui dit

ce qu'il dirait serait

oui plausible, ajoutant avec ironie

il ne faut pas chercher la vérité avec Jacques Vergès

voyons

Le projet de cette biographie romancée

arrangée de Vergès sur sa disparition

écrite par Edir Nali

En revanche, les moindres détails

de ce projet et la conversation

entre la secrétaire de l'avocat

et l'écrivain seront enregistrés et d'actilographieux

et pour cause

le téléphone de Edir Nali

personnage passablement perturbé

et sur écoute de la cellule élyséenne

qui sera plus tard au coeur de l'affaire

des écoutes de l'Elysée, un scandale

qui éclatera en 1993

et qui entachera la fin

du deuxième septembre de François Mitterrand

Vergès aura beau démentir

sa propension à réécrire sa vie

comme bon lui semble

apparaît incontestable

Connu pour ses méthodes atypiques

à la barre des tribunaux et l'utilisation

qu'il fait déjà des médias

pour prendre à témoin l'opinion

et dénoncer des décisions de justice

qu'il considère injuste

Connu également pour faire planer le doute

sur sa vie et jouer de ce doute

pour décritibiliser les journalistes

Vergès se retrouve au coeur

de François Mitterrand, campagne de presse

au milieu des années 80

Parmi les articles qui fleurissent

à son sujet, on le traite d'un avocat du diable

ou bien encore de salaud lumineux

Ce titre a été utilisé par un journaliste

qui à la veille du procès Abdullah

et du procès Barbie

manifestement il n'était pas d'accord

avec mes positions mais il était forcé de rappeler

il disait que pendant la guerre

je m'étais engagé et j'avais fait la guerre

dans les troupes de De Gaulle de 17 à 20 ans

que ensuite j'avais pris avec

je disais-t-il courage la défense

des prisonniers du FLN

et je disais maintenant il fait

ce qu'on voit

on a l'impression parfois que ce qu'il a fait

c'était pour nous emmerder un jour

et si vous voulez donc c'est un salaud

mais il est lumineux

c'est une division qui me va un peu ironique

je suis salaud aux yeux de certains

mais ils ne peuvent pas

nier qu'un peu de lumière dans ce qu'ils appellent

une salaud prix

L'histoire personnelle

Jean de Verges s'écrivait en féligrane

de ce que le principal intéressé lui-même

a bien voulu en dire

lors d'entretien ou d'interview

oui, dire car il n'a jamais voulu

écrire son autobiographie

comme il a toujours refusé de livrer

aux journalistes et historiens

des informations nécessaires pour que ces derniers

puissent alors tout raconter son histoire

non, mais ce qu'on sait

c'est qu'ils seraient nés aux environs

de 1924-1925

probablement à Ubonne

à Thaïlande, là où son père était consul de France

sa mère est vietnamienne

et après l'avoir épousée

son mari aurait falsifié les certificats de naissance

de ses deux fils, Paul

et Jacques les déclarant jumeaux

en réalité

Verges seraient nés, bon Jacques

avant Paul, à moins que ce ne soit l'inverse

impossible à dire

c'est à la réunion qu'il grandit

où il aurait mon bar comme copain de lycée

en 1942

à l'âge de 17 ans

il s'engage avec son frère

dans la résistance au sein des forces françaises libres

il quitte la réunion

à bord du contretorpille orléopard

de la marine française et rejoint l'onde

la figure du général de Gaulle

son engagement, sa détermination

tout cela fascine Verges

jeune volontaire qui admire le chef

de la France libre

sa personnalité, surtout

en 1945

à la fin de la guerre, Verges adhère au Parti communiste français

sa vision de la france gaullienne

se fracasse alors sur le mur de ses convictions

anticolonialistes

c'est à cette période

qu'il se lit d'amitié avec Salazar

le futur polpote

en l'espace de quelques années

il gravit les échelons du Parti communiste

sa verve, son discours

ses prises d'opposition radicales

plaisent

il devient secrétaire de l'Union internationale communiste des étudiants

il déménage à Prague

Côtois et Richard Laker

qui deviendra chef de l'État est allemand

ou Alexandre Echelpin

plus tard patron d'IQJB, KGB

il sera même en Chine

ou il rencontre Mao

il a 29 ans lorsqu'il s'inscrit

pour l'examen du Baro

et des gens lui

cette conviction commune à tous les avocats

tout le monde doit être défendu

je ne vois pas quel cynisme

qu'il y aurait à défendre des Palestiniens

ou bien défendre des Palestiniens à Thènes

je ne vois pas du tout

ce qu'il y a du cynisme dans cette affaire

et Klaus Barbie

j'avais à mes côtés un africain

de Brazzaville et un algérien d'Alger

il n'était pas là par cynisme

il était là par conviction

pour dire aux autorités françaises

vous reprocher Barbi des choses que vous-même

vous avez commises

et je dirais plus loin

le Général de Sarès

un officier de la légende honneur et général

a tué plus de mon algé

que Barbi et Alion

en général quand les gens qu'on défend

qui sont possibles n'accompagnent pas le bien

par définition parce que

Mère Theresa n'a pas besoin de moi pour se défendre

et le soeur Emmanuel

il n'y a pas de mal absolu

il y a un bien absolu

autrement si on a cette pensée on ne devient pas avocat

on se fait flic

pour moi tout le monde doit être défendu

le métier d'avocat c'est celui qui nous permet

le plus possible d'humanité

et donc c'est ça

ce qui me guide

c'est le plan politique

faire un transfert en quelque sorte

cette défense

dit de défense de rupture

sera désormais sa marque de fabrique

une technique transgressive

qui vise à renverser l'accusation

et l'affaire proprement dite

passe alors au second plan

une démarche qui c'est la dit

n'est pas toujours coroné de succès

la preuve, j'ai mis la bouhérelle

et qu'on allait à mort

puis gracier vergesse

ils s'engagent au côté du FLN

dans les années 60

et c'est donc 10 ans plus tard

en 70 qui disparaient

on ne le revoit que 8 ans plus tard

nous sommes alors dans les années 80

celles qui vont placer Jacques Vergès

au centre du jeu judiciaire mais surtout

médiatique

avocat de deux membres du groupe d'action direct

défenseur également de plusieurs terroristes

comme Georges Ibarim Abbalah

il plaide à chaque fois en utilisant

la structure et utilise les médias

comme une caisse de résonance

pour dénoncer des acharnements

politiques et judiciaires comme il dit

cette décennie 80 est aussi saloue

Vergès va endosser son croustine d'avocat

de la terreur

en 87 il est à Lyon

souriant devant les photographes

de la salle du tribunal de la cour d'assise du Rhône

lui l'avocat de Klaus Barbie

voici un extrait de sa plaidoirie

sans plus tarder Klaus Barbie

victime expiatrice par trop commode

d'un bataillon de la vengeance

qui n'est pas l'armée des victimes inombrables et fraternelles

la pauvre immense armée sans visage

et sans nom

et qui recrue toujours encore et aujourd'hui

et toujours et toujours et sans relâche

répondez

non à toutes les questions

qui vous seront posées

le 4 juillet 87

au terme de 9 semaines d'approcé pour l'histoire

et après 6 heures et demie de délibération

la cour reconnait Klaus Barbie

coupable de crime contre l'humanité

et le condamne à la prison à perpétuité

pour la déportation

de centaines de juifs de France

et notamment à la restation le 6 avril 1944

de 51 personnes

à la maison d'enfants dix yeux

et leur déportation à Auschwitz

le procès Barbie est un tournant

dans la carrière de Vergès, bien sûr

elle a fut le désormais du titre

de défenseur des infréquentables

bon il y met un peu du sien

puisque par la suite il défendra le terroriste Carlos

mais en 1994

changement d'écart, changement d'ambiance

et surtout de scénario

Jacques Vergès et cette fois sur les marches du tribunal de Nice

où il clame l'innocence de son client

incertaine Omar Raddad

et il parle encore

d'un acharnement judiciaire

faisant comme d'habitude le procès de la justice

Omar Raddad

condamné pour le beurre de sa patronne

Guylaine Marchal

Vergès se permet de comparer le sort du jardini

à celui d'Alfred Dreyfus

la phrase fera la une de la presse

et restera gravé dans les mémoires

de tous ceux qui ont suivi ce dossier

dans les années 2000

Vergès voyage et défend

à peu près tous les affreux jojo de la planète

il est au tribunal spéciale

pour plaider en faveur de son ami Kiosampan

premier ministre du gouvernement

Marc Rouges

on le voit aussi à la Cour pénale internationale de l'AE

où il défend

l'ancien président serre Slobodan Milzevic

l'incendiaire de l'ex-Gugoslavie

il voyage en Afrique

et il plaît à Paris où il défend

une brochette de potentaz africain fréquentable

corrompu

le gabonné Omar Bongo

le chadien Idris Déby

et le congolais Denis Sasung

En 2004

son nom est évoqué pour devenir l'avocat

de la scène avant que ce trophée

finalement ne lui échappe

Quelques livres

une pièce de théâtre où il incarne son propre rôle

un film celui de Barbara Trudder

où il en rejoule encore ses grandes affaires

Jacques Vergès est devenu davantage

une icône culturelle et médiatique

qu'un avocat qui plaît d'autres tribunales

Sa disparition

aux environ des 88, 89 ou 90 ans

en 2013 en tout cas

fait la une de la presse

mais rares parmi ses anciens confrères

sont ceux qui lui rendent hommage

il est vrai que Vergès

s'en le souffre comme personne

mais tout de même, certains parlent

comme George Eastman

Quand on parle de Jacques Vergès

comme naté nord du barreau

c'est une évidence donc une banalité

il était beaucoup plus que cela

d'abord il avait un talent médiatique

qui faisait et je le dis

s'emportait à sa mémoire

dans les caméras que dans les salles d'audience

et ensuite

il ne livrait jamais

ses véritables motivations

avant d'être un avocat

Vergès est un combattant

Jacques Vergès a un parcours

constitué d'ombre et de lumière

ces deux éléments qui constituent une vie romanesque

et bien dans le genre

celle de Jacques Vergès est un morceau de choix

ce défaut

à l'infini

elle semble bien fidèle

comme un ange

un ami

elle paraît

puis disparaît

dans la nuit

les papas de l'ombre

elles se lancent

allongées

légère des côtés

regarde la danse

dans l'obscurité

t'y verras

caché

toutes sortes

de nuances

sans inespérés

tu voudrais la prendre par surprise

il se peut qu'elle ait déjà fui

tu es par la clarté du jour

elle reviendra au détour de la nuit

ne demande rien à l'ombre

dans la nuit profonde

ne soit pas effrayé

c'est géant

impossible

c'est double

c'est à l'infini

laisse pleiner l'ombre

silencieuse et radée

elle vive

à tes côtés

laisse la

t'envrouter

n'est pas peur de l'ombre

laisse la

s'allonger

légère

tes côtés

regarde la danse

dans l'obscurité

t'y verras

caché

toutes sortes

de nuances

sans inespérés

France inter

affaire sensible

Fabrice Drouel

aujourd'hui la vie et l'œuvre de Jacques Vergès

dont nous allons parler avec notre invité

François Gibo

Bonjour, merci de m'avoir invité

merci de lui, vous êtes un avocat et écrivain

vous avez été proche de Jacques Vergès

c'est un ami que vous avez

même affronté si je puis dire

au tribunal

à l'écoute de ces récits

quel souvenir vous revient de Jacques Vergès

peut-être un fait précis

une anecdote quelque chose qui vous a marqué

et qui pourrait résumer le personnage

tel que vous le voyez vous

difficile de résumer un personnage

comme ça, il était multiple

il était pilé face

il pouvait être

très différent

même politiquement

il pouvait passer à droite

un jour le lendemain

il pensait à gauche

il était très

très surprenant mais je viens d'entendre

avec Hedgeman

je connais bien que j'admire beaucoup

qu'il a un très très grand avocat

il a dit

ce que je conteste moi

c'était pas un avocat c'était un combattant

qu'est-ce que c'est qu'un avocat

si c'est pas un combattant

on est là pour ça

ça peut choquer beaucoup de gens

les assassins, on défend

des poseurs de bombe

mais c'est la fonction sociale

de l'avocat

d'être au côté de criminels

de gens abominables, de gens qui ont commis

des crimes quelquefois atroces

c'est ça

alors si on ne veut pas ça

alors il faut pas être avocat

peut-être disait-il, Verges c'était un avocat

un combattant mais un combattant

de cause politique

ou un engagement personnel

vous voyez que l'avocat est un combattant

de la vérité

et surtout de la défense

parce que tout le monde peut être défendu

mais lui apparemment il parle de Verges

comme un combattant politique

ce que ne sont pas tous les avocats

dans les procès politiques

il avait eu essentiellement

des caractères politiques

il faut pas forcément

défendre

les opinions de son client

mais il faut les expliquer

il y a une très belle définition de la plédoirie

pléder c'est expliquer

parce que je jugeais c'est comprendre

voilà alors

vous pouvez expliquer

quand on entend quand même

de justifier

d'expliquer comment il pourquoi

c'est ce qu'a fait Verges toute sa vie

il l'a fait très courageusement

parce que 9 fois sur 10 contre l'opinion publique

bien sûr

on va reparler de Verges

avocat mais je voudrais revenir au moins petit moment

sur l'homme

vous étiez ami avec lui c'est ça?

oui j'étais ami je l'ai connu

je l'ai connu à cet âge

j'ai connu en fait en 78

moi je venais d'être élu membre

du conseil de l'ordre

et après 10 ans d'absence

il est revenu au barreau

il a demandé sa réinscription au barreau

il y a évidemment beaucoup

d'avocats

des anciens bâtonniers

des membres du conseil qui étaient opposés

d'avoir des emmerlements

et moi j'étais

disant que vous n'avez aucune raison

de l'en refuser c'est vrai

il avait démissionné

un avocat qui a démissionné

peut demander à revenir

sauf bien entendu s'il était condamné

c'était pas le cas

et alors je crois qu'il l'a su

que j'avais défendu

et

qui s'est approché de moi à ce moment-là

surtout que le bâtonnier

créant des incidents quand il a été

réinscrit on s'est dit

il va nous attirer

des tas de difficultés pour ne pas

employer un mot du vulgaire

bon

et alors on a décidé

d'envoyer un jeune membre du conseil

c'était moi

assister aux audiences

pour intervenir en cas de difficulté

argumenter pour qu'il revienne

non

mais en cas d'incidence

on a voulu

aller voir le président

arranger les choses

je l'avais parlé avant

on a sympathisé à ces occasions

d'ailleurs

je n'ai jamais eu

à intervenir c'était un bon avocat

qu'il savait

jusqu'où il pouvait aller

qu'est-ce qu'il vous séduisait chez lui

qu'est-ce que vous aimiez?

son intelligence d'abord

sa culture

sa culture qui était une culture politique

mais aussi littéraire

c'était un grand lecteur

un grand littéraire

et puis

son talent d'avocat

d'ailleurs je pense que

il n'était pas forcément le meilleur avocat

de sa génération

ou de son temps

qu'Ajman était un plus grand

des gens comme Tixier Vignancourt

et

Maurice Garçon

c'était des

très très grands talents

ou Badinter

ou Cybredin

c'était

d'excellents

à la barre tous ces hommes

dont je viens de citer les noms

voilà alors donc

moi je pour moi

rencontrer Vergèl

c'était passionnant

ça a été une occasion

d'avoir avec lui des contacts

très curieusement

ce qui nous a beaucoup lié

c'est qu'il avait été

l'avocat du FLN

et que moi j'avais été l'avocat

de l'OAS

tous les gens

qui de près ou de loin

ont connu la guerre d'Algérie

moi je les connais comme militaire

puis comme avocat

comme avocat de l'OAS

on reste marqué à vie

par les événements qu'on a vécu

c'est une plaie ouverte

ça restera une plaie ouverte jusqu'à mon dernier jour

voilà ce que je peux dire

et ça montre aussi que le métier

d'avocat qui a ceci de fascinant

c'est que vous étiez

finalement les défenseurs de partis adverses

oui bien sûr

et ça vous empêchait pas

d'être proche, d'être ami

et j'ai été aussi ami avec d'autres

défenseurs du FLN

je pense à Murad Ousseidic

un très bon copain

je m'est intervenu

à ses obsèques

j'ai fait un petit bout de discours

et puis je pense à une autre

qui s'appelait Michel Beauvillard

qui était aussi

un des avocats

du FLN

qui était rejeté

par toute la société française

ils ouvrent

et ils se défendent

et une fois encore c'est la mission

c'est la mission sociale de l'avocat

mais quand on a avocat

d'une personne qui a défendu

une cause politique

c'est une autre dimension que d'être avocat

de quelqu'un qui a

une autre personne dans le cadre d'un fait d'hiver

oui bien sûr

il y a aussi les avocats

qui sont spécialisés dans les divorces

ou dans les affaires commerciales

il y a plusieurs façons

d'exercer la profession

moi j'ai exercé

un peu comme vergesse

encore que évidemment

j'ai pas fait

j'ai pas

adopté des positions

aussi choquantes que lui

dans les...

il s'est engagé complètement à fond

il s'est engagé à fond

mais c'est

le rôle de l'avocat

il n'a jamais été sanctionné

encore qu'il ait pris

un avocat

qui défend dans un procès politique

n'est pas obligé de partager

les opinions

moi j'ai défendu

deux personnes

qui étaient en prison en France

et j'ai pensé d'ailleurs

curieusement que je serais peut-être plus efficace

que vergesse

parce que moi je disais au juge

j'ai pas eu

à plaider les affaires

parce qu'il y a eu la loi d'amnistie

mais

rentrons d'Algérie où j'avais servi comme officier

pendant un an

je disais au juge

moi j'étais dans l'armée française

j'étais contre le FLN

mais j'aurais été algérien

qu'est-ce que j'aurais fait

je n'en sais rien

probablement j'aurais été dans le bled

et ça c'est un argument qui touchait les juges

plus que

plus que beaucoup d'autres

à déterminer le bien et le mal

et on n'en sort pas comme des verges

ça c'est de flics en fait

et l'avocat c'est pas ça

on va se retrouver dans quelques minutes

après avoir écouté Green Tiping

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France Inter

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Affaire sensible

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ça revoit ce que vous disiez Franchois

oui ça rejoint tout à fait

ce que je vous disais

je crois qu'il a été trop loin

dans l'affaire Barbie

ça c'est sûr

alors reste la question de sa disparition

alors j'imagine que vous n'avez pas la réponse au mystère

non je n'ai pas de réponse

mais j'ai posé la question

évidemment parce qu'on dit

ensemble de temps en temps

presque toujours tous les deux

il ne voulait pas qu'il y ait d'autres convives

il me disait on digne tous les deux

c'est lui qui me téléphone

il me disait mon colonel

parce que je suis colonel de l'armée française

alors ça l'impressionnait beaucoup

quand est-ce qu'on dit ensemble

et puis on prenait date

et un jour je lui ai dit

est-ce que vous...

on sait toujours vous voyez

est-ce que vous à moi

vous avez confiance en moi

vous allez me raconter ce que vous avez fait pendant ces 10 ans

et il m'a dit non

et personne ne saura jamais

car j'ai détruit

toutes les archives

relative à cette période

et

les gens que j'ai rencontrés à l'époque

sont des gens qui ne parleront pas

voilà

ce qu'il m'a dit

c'était pas un aveu

de choses illégales

c'était le fait que

il a beaucoup voyagé pendant ces 10 ans

je crois

il est allé probablement au Moyen-Orient

il est allé au Cambodge

ce qu'il a reconnu

il a rencontré

il était une grande notoriété

il était extrêmement connu

il était l'un des avocats français

les plus connus

et il a probablement été consulté

par des hommes politiques

ou peut-être par des terroristes

qui risquaient un jour

l'arrestation

et qui voulaient préparer leur défense

c'est probable

il considérait qu'il y avait une frontière

qu'on ne passait pas

car ce n'est probablement qu'on ne saura jamais

on s'en remettra

mais tant mieux pour lui

on ne saura pas

quand il m'a dit ça

j'ai cru

d'ailleurs on a

ces archives

je crois qu'elles sont au musée

du barreau de Paris

et il n'y a rien dedans

qui permet de savoir

ce qu'il a fait pendant ces 10 ans

avec du haut de votre expérience

vous avez connu beaucoup de choses

quand même, vous avez connu l'évolution

du métier d'avocat

quel regard vous portez sur

les avocats médiatiques

ça devient presque un pionnisme

les avocats sont de plus en plus médiatiques

il y a eu l'hivergesse dans ce cas

Kejman, George Kejman

qui est beaucoup se mettre en avant

dans les médias

du pomoreti

quel regard vous portez sur la fonction

des avocats médiatiques de l'avocat d'aujourd'hui

moi je vous contredit un peu

je pense qu'aujourd'hui les avocats

sont moins médiatiques

que du temps

des procès

des procès

de la libération

je crois que des gens comme Isorny

comme Maurice Garçon

comme Florio

comme Tixé Vignancourt

aujourd'hui

il n'y en a pratiquement pas

je voyais vous

je pense que

les avocats

comme Tixé Vignancourt

par exemple

ont tenu dans la société française

une place que aucun avocat

ne tient aujourd'hui

d'autant plus

il n'y a pas le sol

beaucoup de part du personnel politique

vient du barreau

et Tixé Vignancourt a fait une carrière politique

qui s'est présentée à l'élection présidentielle

de 1965

oui Isorny aussi

je rappelle au passage

on va se quitter François Chibault

je rappelle que vous êtes un spécialiste

de Céline

vous avez écrit aussi un roman

qui s'appelle La bonne étoile

que je n'ai pas eu le temps de lire

mais de ce que j'en sais

ça semble être comme un roman philosophique

c'est un récit assez court

philosophique

c'est ça?

sans domicile fixe

qui marche dans la nature

quand même il a fait des choses

dans sa vie

il a été débarqué

ça se passe aux Etats-Unis

il a été débarqué sur une plage

de Normandie

il a été blessé

il est traumatisé

il va vivre tout seul dans la nature

alors il marche

et un jour il rencontre

qui est comme lui elle marche

et ça s'appelle La bonne étoile

je vous coupe un peu parce que c'est la fin de l'émission

en tout cas merci de votre présence

je vous conseille cette lecture

je suis en train de la conseiller aux éditeurs

merci François Chibault, à bientôt peut-être

merci

c'était Affersensible aujourd'hui

Jacques Vergès, une émission que vous pouvez réécouter

en podcast bien sûr

il y avait Clément Berman

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