Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Tina : esclave en France - Le récit
Europe 1 9/10/23 - 31m - PDF Transcript
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On de l'attracte.
Christopher Delat.
Voici l'histoire stupéfiante de Tina Ocparin.
Aujourd'hui Tina Omakou.
Une jeune nigériane adoptée au début des années 2000
par un footballeur vedette du Paris Saint-Germain,
Godwin Ocparin et sa femme Linda.
Pour en faire en vérité, une esclave.
Je tire cette histoire du livre de Tina,
paru en 2010 chez Michel Lavon,
et que vous trouverez en poche chez Jélu.
Ma vie a un prix.
Et Tina sera là tout à l'heure.
J'ai écrit ce récit avec tuc dual de Dieu le veu,
la réalisation et de Céline le Bras.
Il faut d'abord que je vous raconte
le premier drame de ma vie.
Maman.
Ma pauvre mère ténit Omakou.
Je ferme les yeux et je la renvoie comme si c'était hier.
On l'habite dans la banlieue de Légos,
la capitale de Nigeria.
Elle dirige un petit commerce.
Elle prépare des plats à la maison
et des cousines vont les vendre en ville.
Et mon père Simon Omakou est employé dans une usine.
Et un jour, le ventre de maman s'arrondit.
On dirait qu'elle cache un gros ballon sous son boubou.
Alors Tina, tu préférais
un petit frère ou une petite sœur ?
Une petite sœur ?
Elle pourra partager mes jeux.
Et surtout, je serai plus seul à devoir aider maman
parce que à la maison, on dit toujours
Tina fait ci, Tina fait ça.
Ah, mon frère Emmanuel, on ne lui demande jamais rien.
Ça fait longtemps que j'ai compris qu'ici,
les hommes sont les rois des feignants.
Alors je prie de toutes mes forces
pour que le bébé soit une petite fille.
Mais quand Ayuba vient au monde,
c'est un garçon.
Ne pleure pas, Tina.
J'aurai un autre bébé.
Et cette fois, je te promets que ce sera une petite fille.
Une petite sœur, rien pour toi.
Et puis un jour, à nouveau,
le ventre de maman s'arrondit.
Et à nouveau, je fais des prières
pour que ce soit une petite sœur.
Et puis...
Simon vient vite de t'en faire ma perdu, le bébé.
Elle va mourir.
Il faut l'amener d'urgence à l'hôpital.
Je veux l'avoir,
mais mon père me repousse.
Maman est morte le soir même, à l'hôpital.
J'ai pas pu lui dire au revoir.
J'entends les adultes parler
de fatigue, de fausse couche, de fatalité.
Et moi, au fond de mon cœur,
je me pose une terrible question.
Est-ce qu'elle est morte ?
Parce qu'elle voulait me faire la petite sœur
qu'elle m'avait promie.
Et puis un jour,
mon père rentre du travail et nous appelle.
« Manuel !
Tina, hayo, ben, venez ici, venez ! »
On se précipite dans le salon
et on découvre une femme.
« Je vous présente l'ami.
À partir de maintenant,
l'ami va vivre avec nous.
Et on va bientôt se marier.
Je la regarde.
Mais où mon père l'a-t-il déniché ?
Qu'est-ce qu'il peut bien lui trouver ?
Enfer, réveille-toi, Simon, ouvre les yeux.
Tu vois bien que cette maigère
est tout le contraire de ma mère.
En tout cas, à peine installée chez nous,
elle se conduit en maîtresse de maison.
Je ne l'aime pas.
Et elle l'a bien compris,
elle me le rend bien.
Un jour, mon père vient me voir.
Son visage est grave,
comme quand il a réfléchi longtemps.
« J'ai pris une décision, Tina.
Tu vas aller vivre chez ton oncle.
C'est pas une punition,
au contraire, j'aime beaucoup
mon oncle bala qui vit de l'autre côté de l'égosse.
Il est célibataire, il n'a pas d'enfant.
Et donc une nouvelle vie commence.
Mon père vient nous voir tous les week-ends.
Et un week-end, il me dit.
« Tina,
tu te souviens de madame Ankpara ?
Tu devineras jamais ce qu'elle m'a proposé.
Non, je ne devine pas.
Et bien, elle veut te prendre chez elle dans sa maison.
Elle veut t'adopter.
Jamais.
Je ne veux pas trahir ma mère.
Alors il n'insiste pas.
Mais il m'en reparle la semaine suivante.
Et il m'expose tous les avantages
que j'aurais à devenir la fille
de cette femme très riche.
Et son mari est footballeur.
Il est footballeur professionnel en Europe.
Il gagne des millions et des millions.
S'il t'emmène avec eux en France, Tina,
t'auras une vie meilleure.
Tu pourras aller à l'université ?
Et là-haut, je peux te dire
que ta maman sera très fière de toi.
Quelques jours plus tard,
mon oncle Bala me fait grimper sur sa moto
et il m'amène dans le quartier résidentiel de Légos.
Il s'arrête devant une belle bâtisse.
Un gardien vient ouvrir.
« Bonjour.
Nous venons voir madame Ankpara.
Je me rédis, mais je l'ai su.
Et j'ouvre des grands yeux.
Je n'en reviens pas de ce que je vois autour de moi.
Oh ! cette grande télévision
à écran plat dans le salon.
Et madame Ankpara nous accueille.
Je connais sa fille Sophie.
On était copines quand on était petites.
Je pourrais la voir Sophie.
Ah non ! Sophie, elle est en Europe.
Avec son père,
son petit frère Steve et sa petite soeur Cindy.
Voilà.
Les adultes ont décidé pour moi.
Je vais aller vivre chez les Okpara.
Alors, une semaine plus tard,
je quitte la maison de mon oncle
pour aller m'installer chez eux.
Madame Ankpara m'accueille
et elle m'explique qu'ils vont m'adopter.
Et dès que tu seras notre fille,
on ira rejoindre tout le reste de la famille à Paris.
En France ?
La France, je sais où c'est.
C'est riche et c'est froid.
Et c'est loin.
Ça me fait un peu rêver,
mais ça me fait aussi un peu peur.
En attendant,
mon existence est complètement chamboulée.
J'ai une grande chambre pour moi toute seule.
Je mange tous les jours des plats délicieux,
mais ce qui m'est pas de par-dessus tout,
c'est qu'il n'y a jamais de panne d'électricité
alors que chez nous dans les quartiers pauvres,
on ne sait jamais quand le courant revient.
Et puis un jour en me tenant un passeport,
je l'ouvre.
Je m'appelle désormais Tina Okpara.
Mon départ pour la France est prévu le 11 janvier 2001.
Je viens d'avoir 12 ans.
Le jour du départ, mon père, mes frères et mon oncle viennent me dire au revoir.
Mon père me prend les mains dans les siennes.
Tu as de la chance, tu sais.
Tu vas avoir une vie meilleure, Tina.
Tu dois pas faire d'histoire, hein.
Sois bien sage.
De grosses larmes coulent sur mes joues.
Mon père me sert très fort dans ses bras, très fort.
Ne pleure pas, Tina.
Je te promets qu'on se reverra bientôt.
Tu t'es trompé, papa.
Tu t'es trompé, on ne s'est jamais revu.
T'es parti rejoindre maman.
Et on m'a raconté que quand tu as fermé les yeux,
tes dernières paroles ont été pour moi.
Quand je descends de l'avion à l'aéroport Charles de Gaulle,
le froid, c'est l'hiver ici.
Et je vois une petite foule qui attend dans le hall.
Et je le vois qui m'attend.
Godwin-Augpah, mon nouveau père.
Il s'approche, il pose sur mes épaules un manteau.
Il m'intimide un peu.
C'est un champion, mon père.
Il s'approche, il pose sur mes épaules un manteau.
Il m'intimide un peu.
C'est un champion chez nous.
C'est un des super eagles.
Tout le monde le connaît.
Bonjour Tina.
On va à la maison ?
Comment aurais-je pu imaginer que cet homme,
cet homme qui vient de me sourire avec bienveillance,
était en train de me conduire
vers l'enfer ?
Le nez collé à la vitre de son 4x4 Land Cruiser.
Je regarde le paysage.
Tout est gris, gris, gris, gris, gris partout.
La Courneuve, Saint-Denis, Gennevilliers, Colombe.
Et enfin le Véziné.
Voilà ta nouvelle maison.
Elle te plaît ?
Si elle me plaît.
Mais c'est un palace.
Il me conduit à l'étage jusqu'à une grande chambre.
Et sa femme Linda est là,
couchée dans le lit.
Bonjour Tina.
Elle sert contre elle un tout petit bébé
de quelques semaines.
Comment il s'appelle ?
Il s'appelle Samuel.
Ma chambre
est une petite pièce lumineuse.
Elle est tapissée d'un papier peint
au motif de fleurs roses et bleues.
C'est une chambre de petite fille.
Je m'approche du lit.
Je me mets à genoux.
Notre père qui est au cieux.
Que votre nom soit sanctifié.
Que votre reine vienne.
Que votre volonté soit faite sur la terre.
Je demande au Seigneur de ménir
mon père, mes frères et toute ma famille.
Je me couche.
Et je m'endors aussitôt.
À la maison, les journées sont longues.
Mes sœurs et mon frère sont à l'école
et je me retrouve toute seule.
Linda m'a expliqué qu'il était trop tard
pour m'inscrire.
Tu iras à l'école à la rentrée, hein ?
En septembre.
Dans six mois.
Du coup, elle a trouvé de quoi m'occuper.
Elle me demande de
balayer, de passer la serpillère,
de ranger les chambres, de faire la vaisselle.
Je me dis qu'elle est fatiguée par le bébé, alors
j'obéis.
Je fais de mon mieux.
On va déménager.
Godwin change d'équipe.
Il quitte le Paris Saint-Germain
pour le standard de Liège, en Belgique.
Et ils ont trouvé la maison de leur rêve.
À château.
C'est pas loin, hein ?
Bien.
Dans cette maison, tu vas dormir en bas.
À partir de maintenant, Tina,
ce sera ta place.
En bas ?
Mais en bas, c'est la cave.
Je promets sa fin.
Je descends l'escalier au ralenti.
Il y a 13 marches.
Et j'arrive dans une pièce froide
et humide avec une ampoule nue
qui se balance au plafond.
Il y a des cartons éventrées,
des valises déglinguées.
Et au milieu, un matelas jeté
à même le sol.
Ce soir-là, pour la première fois,
je récite pas le Notre-Père.
Je m'allonge tremblant de peur.
Et je pense à mon Père.
Pourquoi ?
Pourquoi m'a-t-il donné
à cette famille ?
Linda a fait des achats
pour la rentrée scolaire.
Et elle distribue à chacun
un cartable, une trousse, des caillers.
Mais il n'y a rien pour moi.
Je vais pas à l'école.
Toi ?
Tu veux aller à l'école ?
Mais tu es nul, ma Povtina.
Tu crois qu'on prend les nuls à l'école ?
Hein ?
T'es juste bon à balayer.
Et encore faut être tout le temps derrière toi.
Ah ! Et puis tu pues.
C'est pas possible de sentir aussi mauvais.
Linda m'a donné un réveil.
Je dois le faire sonner
tous les jours à 5 heures.
Je prends une douche,
puisque je pue.
Ensuite, je repasse les uniformes des enfants.
Je vérifie que rien ne manque
dans leur cartable.
Je prépare leurs petits déjeuners.
Leur toilettes.
Je les habille. Je prépare leurs gouttés.
Et je les accompagne jusqu'à leur école internationale.
Et après ?
Le ménage.
Linda exige que je change les draps
deux fois par semaine.
À midi, par chance, il reste à la cantine.
Je balais l'escalier.
Et là, en principe, j'entends un rugissement.
Tina !
Tina !
Sa majesté Linda
vient de se réveiller.
Elle a faim.
Alors j'arrive avec un plateau
et une assiette de spaghetti avec des piments,
des oignons et des fruits de mer.
C'est son plat favori.
Non mais tu crois pas que je vais bouffer ça ?
Demi tour.
Je vais faire autre chose.
Et après, quand elle se lèvera, elle trouvera
de la poussière sur une étagère.
Alors elle me crirra dessus et elle me frappera peut-être.
Avant de partir faire du shopping.
Avec une copine.
Un jour dans une poubelle.
Je trouve un vieux cahier.
Et je le prends parce que pour moi,
c'est un trésor.
Je le cache sous mon t-shirt et je vais le planquer.
Et désormais ce cahier,
j'y pense toute la journée.
C'est comme un ami qui m'attend.
Le soir, dès que je descends,
je me précipite et je commence à écrire.
J'écris toute ma rage,
toute ma haine,
toute ma solitude.
Elle a honte de rien.
Elle a honte de rien.
Elle dire même pas la chasse
quand elle a terminé.
C'est moi qui suis obligé
de le faire
quand je fais sa chambre.
Écrire.
Écrire me fait tellement de bien.
Je n'ai jamais entendu Linda
au paradis rechotée.
Pas même à ses enfants.
Quand elle veut leur témoigner son affection,
elle leur fait un cadeau.
Et le reste du temps, elle n'en veut pas
autour d'elle.
On est cinq enfants dans cette villa.
La maison devrait être remplie de rire.
Il n'y a que des hurlements
et les colères de Linda.
Les enfants
se sont aperçus que j'étais pas
considéré comme eux.
La mère me frappe.
Et samedi, ça interpose carrément.
Et Sophie, qui me voit trimé
à longueur de journée, me donne parfois
un coup de main en cachette
pour plier du linge
ou essuyer de la vaisselle.
Et un jour, Sophie
découvre mon cahier.
Qu'est-ce que c'est ça ?
T'as pas osé écrire ça
sur maman ?
T'inquiète pas, je dirais rien.
Promis.
Ho !
Ho là !
J'ai une bonne nouvelle
à noter dans mon cahier.
Magda et Patrick viennent passer
quelques jours à la maison.
Ce sont des amis de Godwin et Linda.
Ils se sont connus à Bruxelles au début des années 90
quand Godwin jouait en Belgique.
Et quand Magda est là,
mon sort s'améliore.
Linda n'ose pas me maltraiter
devant elle.
Et un jour à la cuisine, Magda me dit
« T'es malheureuse chez tes parents, Tina ?
Je lui fais oui
de la tête.
Je voudrais partir loin d'ici.
Écoute, je connais pas la loi française.
Je sais pas quel âge un enfant peut quitter sa famille.
Quitter sa famille.
Mais où je pourrais aller ?
Je connais personne. Je parle très mal
le français. Je suis
pris aux pièges.
Je vais me renseigner, Tina.
Et en attendant,
soit forte
et soit courageuse.
Je serai toujours là pour toi.
Magda et Patrick sont repartis.
Et moi,
je suis retourné à mon enfer.
Ce jour-là,
je me dispute avec Sophie. Une broutille.
Un truc de gosse.
Je vais le dire à maman.
Et quelques instants plus tard.
Tina !
Tina !
C'est vrai que t'as un cahier.
Va le chercher tout de suite.
Je vais le chercher.
Je vais mourir.
Elle me l'arrache des mains.
Oh là là !
Mais tu sais, ce qui peut arriver, c'est qu'elle
tombe là-dessus.
Ça le prive.
Tu veux m'envoyer en prison ?
Elle attrape une chaussure.
Un escarpin d'or de couleur blanche.
Et elle me déchire le crâne.
J'ai trouvé un autre petit carnet.
Aspirale dans une poubelle.
Et je l'ai volé.
Celui-là, elle le trouvera pas.
En revanche, je fais plus de prière.
Pas parce que j'ai oublié Dieu.
Parce que c'est lui qui m'a oublié.
Et les mois passent.
Et les années.
Et maintenant j'ai 15 ans.
Et un jour se découvre.
Que Linda a un amant.
Elle arrive avec lui un jour à la maison.
Un jour que Godwin n'est pas là.
Elle nous le présente comme un ami d'enfance.
Les enfants, vous pouvez l'appeler tonton.
Et avec tonton,
il s'enferme dans la chambre d'amis
un bon moment.
Et quand il réapparaît.
On va faire un tour.
La nuit tombe.
Ils ne sont pas rentrés.
Et là, Godwin appelle.
Nina ?
Passe-moi maman.
Elle n'est pas là maman.
Ah bon ?
Et où est-ce qu'elle est ?
Passe-moi Sophie.
Et Sophie.
Lui dit.
Lui dit qu'elle est allée se promener avec tonton.
Et là-dessus, tonton et Linda rentrent.
Elle porte d'entrée sous.
Godwin.
Alors il attend le lendemain que le tonton soit parti
pour exploser.
Il hurle.
Il hurle à faire trembler les murs.
Et en plus, il a épluché les comptes bancaires.
Elle a un autre amant.
Elle lui paye un appartement.
Cette nuit-là,
comme Linda a claqué la porte
pour ne dormir à pas là,
j'ai le droit de dormir
sur le petit canapé du salon.
Et au milieu de la nuit,
Godwin vient me réveiller.
Lève-toi, Nina.
Viens avec moi.
Et ils m'entraînent
jusqu'à la cave.
T'as déjà pensé
à ton avenir plus tard, Nina ?
Ah, est-ce que tu voudras faire ?
Tu voudrais pas te marier
avec un homme célèbre ?
Bonneur, par exemple, comme moi.
Je pourrais t'aider, hein ?
Mais avant, faut que tu fasses quelque chose pour moi.
Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
Bah,
je vais jouer avec toi, quoi.
Je vais coucher avec toi, si tu préfères.
Et là,
il m'attrape à la gorge.
J'ai touffre.
Je pleure, je supplie.
Il m'écarte les jambes de force.
Il s'allonge sur moi.
La douleur.
Cette brûlure.
Combien de temps ça dure, je sais pas.
Mon esprit s'est
coupé de mon corps.
Quand il se redresse, son regard est vide.
Et là, il me bloque la gorge.
Si je veux, Nina,
je peux faire de ta vie un enfer.
Alors, tu dis rien à personne, hein ?
Tantant, rien.
Si tu parles, je te tue.
Il recommence au Noël suivant.
Il prétexte qu'il faut aller chercher
une bouteille de gaz.
Et il m'emmène en voiture
sur une aire de repos.
Va à l'arrière, Tina.
On fait sa vie, t'es plus en rentre.
Non.
Et là,
je vois la portière.
Et je me mets à courir.
droit devant.
Et je rentre à la maison.
Et Linda m'attends sur le pas de la porte.
Et je lui dis tout, tout.
Manteuse, hein.
Mais pour qui tu te prends ?
Tu crois que mon mari va coucher avec toi ?
Mon mari, il est footballeur, hein ?
Il peut avoir toutes les femmes
qu'il veut.
Alors tu crois qu'il va coucher avec un animal
qui pue ?
Et elle me force à lui demander
pardon.
Et bien sûr, il recommence.
Il a été remercié par son club de Liège.
Il se retrouve sans club.
Et à partir de là, il me viole
tous les jours.
Et parfois même plusieurs fois par jour.
J'en peux plus.
J'en peux plus.
Si je m'en fuis pas,
je vais mourir.
Je fais plusieurs tentatives
d'évasion.
La première fois, je finis au commissariat.
Et comme j'ai saison, les policiers appellent
ma famille.
Et ça recommence.
Les viols.
Linda surgit d'un coup.
Et elle se met à pousser des cris de harpies.
Mais tu n'es qu'une salope
qui aime le sexe.
Je vais te donner
une leçon tina que t'es pas prêt d'oublier.
Je vais te marquer
jusqu'à la fin de tes jours.
Et là,
là je la vois qui prépare une casserole
de sauce au piment.
À poil.
À poil, salope.
Elle tient une seringue en plastique.
Elle la remplit de la sauce.
Elle se jette sur moi.
Je sens la seringue
qui fouille entre mes jambes.
Et elle marge avec
de son venin.
Et je hurle de douleur.
Et à la fin, elle me gifle.
Et là,
elle sort un rasoir.
Je vais te marquer, salope.
À jamais.
Et elle pose la lame sur mon sexe.
Et le sang jicle.
Et je hurle.
J'espère que t'as compris cette fois.
Et je veux pas voir de sang sur la moquette.
Et tu nettoies tout ça.
Une fois de plus,
je m'en fuis.
Je saute par-dessus la grille.
J'atterris chez la voisine.
Et puis je saute dans un autre jardin.
Et puis encore un autre.
Et je vois une femme.
Et cette femme me dit d'aller voir des voisins.
Un voisin qui est médecin.
Et sa femme.
Et ses voisins appellent la police.
Ne t'inquiète pas.
On est là pour toi.
On est là pour t'aider.
On te laissera pas retourner chez ces gentils.
Jamais.
J'ai tout raconté au policier.
Tout.
On m'a placé dans un foyer.
Et un jour l'éducatrice m'annonce.
Vos parents ont été arrêtés Tina.
Et on en a parlé hier soir à la télé.
On a la photo de Godwin dans les journaux.
Il a été mis en examen
pour violence volontaire sur mineur,
pour viol et agression sexuelle par personne
ayant autorité.
Et Linda, pour violence volontaire sur mineur,
acte de torture et de barbarie.
Ils sont tous les deux
en prison.
Ça me paraît
irréel.
La magistrate
qui est en charge de mon dossier
a décidé
d'organiser
une confrontation
dans son bureau.
On m'a demandé de choisir une avocate.
J'ai choisi Maître Perron.
J'entre
dans le bureau de la juge.
Je m'assois.
Et je vois arriver
Linda au para.
Quand elle entre dans la pièce,
je suis
comme paralysé.
Je regarde le bout de mes chaussures.
J'essaye de reprendre mon souffle.
Faut pas que mon regard
croise le sien.
La grève fière
lit les déclarations que j'ai faites à la police.
Vous bâtiez Tina,
Madame Aupara.
Mais non.
Je n'ai jamais levé la main sur elle.
Ça a toujours été une enfant difficile.
Quand son père m'a demandé de l'apprendre,
qu'il arrivait à rien avec elle.
Que c'était une vraie garce.
Elle avait même pas 10 ans.
Il m'a dit qu'elle était efficieuse, qu'elle couchait avec tout le monde.
Qui vont-ils croire ?
Quelques jours plus tard,
me voilà confronté
à Godwin.
Je n'ai jamais touché.
Jamais.
J'ai pas pourtant surpris avec elle
alors que vous aviez une relation sexuelle.
Mais c'est elle qui m'a piégé.
Elle est venue me rejoindre
toute seule et
elle m'a fait des choses.
Chacun de ces mensonges
sont un rouleau compresseur
qui me passe dessus.
La prochaine étape
c'est le procès devant la cour d'assises.
Le procès,
dans la cour d'assises de Versailles
en mai 2007.
Et je suis sacrément surpris de voir autant de monde.
Il est vrai qu'un ancien footballeur
du PSG aux assises, c'est pas courant.
Mme Oppara
Dans quelle circonstance
avez-vous adopté Tina ?
C'était la fille de nos amis.
Les gosses.
Sa mère était morte
et son père ne savait plus quoi faire d'elle.
Elle couchait avec tout le monde
même avec son frère.
Et elle se prostituait.
Et donc il prétendait que j'étais la seule
à pouvoir la reprendre en main.
Mme Oppara, avez-vous
acheté Tina ?
Vous avez déclaré pendant l'instruction
avoir versé l'équivalent de
365 euros
au père de Tina.
Oui mais c'était pour l'aider.
Il voulait s'acheter une moto.
J'ai été acheté
cette révélation
ma néantie.
On m'a vendu.
Mme Oppara
est-ce qu'on vous frappait ?
M. Oppara me frappait
mais c'est sa femme qui me frappait
le plus souvent.
Enfin c'est faux !
Tout ça c'est de mensonges, elle a été
traité comme les autres.
C'est pas une espèce de menteuse.
On se répétait ce que tu viens de dire.
M. Oppara
reconnaissez-vous
avoir eu des relations sexuelles
avec votre fille adoptive ?
C'est arrivé qu'une seule fois.
Mais je l'ai pas forcé.
Disons que c'est elle qui a couché avec moi.
M. Oppara, levez-vous.
La cour vous déclare coupable
des faits de violence volontaire sur mineur
de viol et d'agression sexuelle
par personne ayant autorité
et elle vous condamne
à la peine de 13 années
de réclusion criminelle.
M. Oppara, levez-vous.
La cour vous déclare coupable
des faits de violence volontaire sur mineur
d'actes de torture et de barbarie
et elle vous condamne
à la peine de 15 années
de réclusion criminelle.
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
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L’histoire de Tina Okpara, devenue Tina Omaku. En 2001, la jeune nigériane est adoptée par un footballeur vedette du Paris Saint-Germain, Godwin Okpara, et sa femme Linda, pour en faire une esclave.