Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Susie et Georges, l'amour n'a pas d'âge - Le débrief

Europe 1 Europe 1 10/8/23 - 18m - PDF Transcript

Oh, non mais vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?

C'est un tout l'érable, croyez-moi.

Alors là, le sourire, tu penses qu'il va le garder longtemps ?

Au moins trois mois.

Allez, hop !

Préparez-vous à garder le sourire.

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Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Ondelat reçoit un invité,

acteur direct de son récit.

Voilà donc pour cette histoire tirée du très joli livre de Suzy Morgenstern

et Georges Rosenfeld,

Fleur Tardive au pluriel,

qui est publié par les éditions Bayard.

Vous êtes là Suzy ?

Je suis là, je souris du Noir et à l'autre.

Est-ce que j'ai été fidèle à votre histoire ?

Très fidèle, très fidèle,

il faut un peu plus peut-être de prose pour enrobé les moments chocs.

Alors quelle est l'histoire de ce livre d'ailleurs ?

Parce que bon, il y a tout un tas de choses que je n'ai pas dit sur vous.

Vous êtes écrivaine, vous publiez beaucoup de littérature pour enfants,

vous êtes connu pour ça en France, aux États-Unis,

vous avez reçu un certain nombre de livres,

il y a plein de gens qui disent,

ah mais c'est elle, ça y est, c'est Suzy Morgenstern.

Vous êtes connu, vous êtes écrivaine.

Lui, pas du tout, il n'est ni connu, ni écrivain.

Comment est-ce que vous arrivez à le convaincre

de tout raconter dans ce livre ?

Alors j'ai commencé, j'ai démarré premier chapitre

et je lui ai envoyé en disant que c'est une façon d'être ensemble

quand on n'est pas ensemble.

Et il a joué le jeu.

Et c'était ça, c'était un jeu, c'était pas pour faire un livre.

Alors comment ça va depuis la sortie du livre ?

Est-ce que vous allez bien l'un et l'autre ?

Et où en êtes-vous de cette promesse ?

Si tu tombes malade, c'est au revoir.

Ben non, c'était une fausse promesse,

et puis on est trop impliqués dans l'autre,

alors c'est plus possible.

Il n'est pas certain finalement,

parce que dans votre esprit, quand vous posez la promesse,

c'est si tu tombes malade, je m'abattre.

Oui, oui, c'est moi qui tombes malade.

Et il est là.

C'est moi, et puis ça, on se sent invulnérable,

et puis ça arrive.

Donc vous avez révisé votre position ?

Oui, j'y vais demain,

et puis on va faire des dédicaces

à nos chattels samedi après-midi.

Les premiers pour Georges ?

Je m'en doute.

Alors les auditeurs, on s'en doute,

étaient un peu surpris par votre côté cru,

le côté très cash de votre récit.

Moi, j'ai rien inventé.

Toutes les scènes que je décris sont tirées directement du livre.

Vous êtes très cash, Georges Mouin.

Je lui ai dit qu'à nos âges,

on n'avait pas le temps de faire la cour,

et puis je savais que s'il valait la tente,

on aurait attendu encore dix ans.

L'idée d'ailleurs de raconter votre histoire,

c'est de dire aux gens,

sortez de votre coquille,

il y a encore un tour à jouer,

un tour de manège, un dernier.

Oui, je pense que ça pourrait aider des gens.

J'espère, en tout cas.

Moi, je suis écrivain de jeunesse,

et puis maintenant, je suis devenu écrivain de vieillesse.

Je suis les deux extrêmes.

Les livres m'ont toujours aidé.

Alors, j'espère que ce livre va aider aussi.

C'était pas...

C'était un jeu entre nous.

Et puis, comme Georges, je suis salmone.

Et moi, comme vous pouvez entendre,

je suis une améloque.

Ma fille, qui est professeure à la Sorbonne,

elle corrige tous mes textes.

Alors, je l'ai envoyé,

et elle a dit, maman, c'est vachement bien.

Ça mérite d'être édité.

Et ça m'a donné le courage de le montrer

à mon éditeur chez Bayard.

Vous avez donc soixante ans au début de l'histoire, Suzy.

Oui, c'était il y a quatorze ans.

C'était il y a quatorze ans.

Vous avez en fait l'âge que Georges avait à l'époque, aujourd'hui.

Vous êtes veuve de Jacques, donc depuis 11 ans.

Comment est-ce que vous expliquez

vous qui avez l'air tellement sensuel

et intéressé par le sexe

que vous ayez à l'époque tiré un trait sur tout ça ?

Mais je crois que tout mon libido

était noyé dans des larmes.

Je pleurais, je pleurais, je pleurais.

Jacques était immense.

C'était un homme avec un charisme.

Un mathématicien français, un polytechnicien.

Je pensais qu'il était pour toujours

et puis j'avais peur de le trahir.

Mais ça, ça dure 11 ans ?

Ah oui, il méritait au moins 11 ans.

Moi, je me disais que vous aviez sublimé aussi.

Parce que vous avez été professeur d'anglais

à l'université de Nice, vous êtes donc écrivaine

pour enfants.

On a l'impression, à vous lire, que vous vous êtes lancé

dans une sorte de suractivité

pour sublimer cet libido en berne.

Mais oui, vous faites un bon petit.

Merci.

Oui, et puis j'acceptais toutes les invitations

aux quatre coins de la terre.

Pour les salons de livres ?

Dans des lycées français, dans les instituts français.

J'étais comme un informant des écoles.

Vous acceptiez une invitation par week-end, en gros,

pour résumer ?

Par semaine ?

Par semaine, oui, pour aller très loin,

en Chine, au Vietnam, en Californie.

Vous remplissiez le vide, quoi ?

Oui, oui.

Et ce que j'ai fait pour de vrai,

c'est de multiplier les retours à la maison

qui étaient très pénibles.

Et Georges, alors, est-ce que lui,

il a sublimé d'une manière ou d'une autre ?

Je crois qu'il était plus pratique.

Il s'est dit qu'il veut encore vivre.

Et il est allé à ce camp naturaliste

où il s'est fait beaucoup d'amis.

Parce que quand vous allez à ce camp naturaliste,

à deux, il a ses habitudes là-bas.

Oui, et moi, c'était très dur pour moi.

Un naturaliste, c'est...

Je peux pousser un homme au lit,

mais me montrer nu devant une vaste publique, non.

Quand vous dites naturaliste, c'est naturaliste,

ça veut dire à poil.

Sans internet,

est-ce que vous auriez fait la démarche

d'une agence matrimoniale, Susie ?

Non, non.

Internet, c'est anonyme,

c'est facile, c'est abordable.

Non, non.

Et puis, il n'y a pas de moyens, monat.

Je ne vais pas dans les bars.

Je ne saurais pas comment rencontrer un homme.

Et puis, il n'y a pas d'hommes.

J'étais prof, il n'y a que des profs,

des maîtresses, des bibliothécaires,

des éditrices.

Je ne traversais pas l'ombre d'un homme.

Vous croisiez des hommes dans la rue,

un clin d'œil, un café.

Bonjour, madame.

Jamais, jamais.

Jamais.

Et même dans les avions,

oui, c'était plein d'hommes d'affaires,

mais non,

je n'ai même pas pensé à leur parler.

Qu'apporte internet, alors là-dedans ?

Parce que vous avez failli tomber dans le piège

dans lequel tombent plein de gens,

qui consiste à rester dans le virtuel,

qui connecte, je drague,

je rencontre des gens par internet,

mais on ne se voit jamais.

Oui, oui.

Mais ça, c'est grâce à George.

Je lui ai dit que j'étais à Paris,

il a dit que j'arrive par le prochain train.

Alors, je me suis dit qu'il y a un homme décisif.

Alors, il y a un truc qui m'a bien intéressé

dans votre rencontre.

D'abord, vous échangez pas de photos.

Alors, ça, pour l'époque actuelle,

ça paraît surréaliste.

Il y a des photos, l'un de l'autre,

avant de vous rencontrer.

Non, parce que moi,

je n'ai pas mis de photos sur le site web,

parce qu'on me reconnaît un peu.

C'est assez anonyme la littérature

de jeunesse, mais quand même.

Ah oui, quand on t'invote non sur internet,

il y a votre photo partout, oui.

Oui, il a sentu de vue sur internet.

Mais vous, ça ne vous intéresse pas

de connaître son physique ?

Oui, il y avait une petite photo.

Il y a 40 ans.

C'est souvent ça sur internet.

Oui.

Et la question qui me venait juste derrière,

c'est, est-ce que plus on vieillit, finalement,

moins la question du physique compte ?

Mais finalement, la rencontre par internet

est une façon de se rencontrer

très ancienne.

Parce qu'on s'écrit,

on s'est écrit longtemps.

On s'est connaissait de l'intérieur avant de se voir.

Et puis ça n'avait plus d'importance.

Expliquez-moi ça, parce que, évidemment,

quand on est très jeune, moi je suis au milieu du chemin,

quand on est très jeune, il n'y a que le physique qui compte.

Il faut qu'elle soit mignonne, il faut qu'il soit mignon.

Et puis on voit bien qu'en vieillissant,

les gens deviennent moins centrés sur la question physique.

Ça n'a jamais été très important pour moi.

Je voulais un homme grand, parce que ça, c'est culturel.

En Amérique, il faut que l'homme soit plus grand que la femme.

Alors, ça, c'était important pour moi.

C'est tout.

A entendre vos donons, Susie, on voit de quoi il s'agit,

vous êtes juifs tous les deux.

Alors, j'ai un peu déjudaïsé votre histoire

pour la rendre universelle,

et puis il y avait plein d'expressions en Yiddish,

en hébreux qui n'étaient pas compréhensibles par tous,

mais ça a beaucoup compté dans votre histoire, ça.

Mais on a tout de suite parlé hébreu ensemble.

Parce que vous parlez hébreu tous les deux ?

Oui, oui.

George a vécu un kibbut, c'est la fondée un kibbut en Israël.

C'était un pionnier.

Et moi, j'ai fait mes études à Jérusalem.

Alors, on a tout de suite trouvé

une sorte de chaleur à parler hébreu ensemble.

Et lui, a été heureux de vivre avec vous les rituels qu'en vont chez...

Il ne pratiquait pas, il ne pratiquait pas les fêtes,

il ne faisait pas Shabbat.

Un des grands bonheur, on le lit dans votre livre,

c'est de faire ce Shabbat ensemble.

Oui, oui.

On est tout content.

Je vais en Suisse demain,

et on va faire Shabbat dans le petit soir.

Et c'est un grand moment dans notre semaine.

Et il est heureux de le découvrir avec moi

et de le pratiquer avec moi.

Et chez vous, c'est cacher, hein ?

C'est moi, c'est cacher, pas cacher, George.

Ma maison est cacher, mais pas mon estomac.

D'accord.

Et chez George, rien n'est cacher.

Alors, vous passez du cacher au pas cacher,

ça vous gêne pas ?

Ah oui, ah oui.

Vous n'êtes pas bloqués là-dessus ?

Non, je suis un peu végétarien,

un peu flexétarien,

un peu...

C'est seulement ce qu'il y a sur la table.

Alors, on est très touchés aussi

par la réaction de vos filles.

Notamment votre fille qui vit à Paris.

Est-ce que vous la comprenez un peu

dans sa réaction ?

Mais enfin, maman, t'es devenu singlet,

t'as pas 15 ans, t'es pas une ado,

tu découches pas, quoi.

Et puis tu t'entiges pas du premier homme

que tu croises ?

J'étais surprise par sa réaction,

mais elle avait l'habitude d'une maman

qui était présente, qui était sage.

Elle reconnaissait pas cette maman-là.

Et il y avait un sentiment de trahison

vis-à-vis de leur père, Dojac ?

Je n'ai jamais pensé,

et non, je ne pensais pas si c'était ça.

Je pensais que c'était plutôt

la mère bien rangée

qui devait rester comme ça.

Ah, gardez les petits-enfants.

Il faudrait que je leur demande

si c'était ça.

Ça continue un peu depuis

où la question est définitivement réglée.

Oh non, pas oui, c'est réglé,

c'est pas du tout, elles sont contents.

Elles sont contents,

parce qu'elles n'ont pas

à s'associer de moi et de ma solitude.

Oui, ça les soulage d'une certaine manière.

Oui, exactement.

George fait ce qu'elle aurait dû faire, elle,

c'est-à-dire prendre de vos nouvelles tous les jours.

Et oui, elles sont allées chez George,

et puis on a un peu une famille

qui va être composée maintenant.

Alors il y a vraiment une scène, moi,

que j'ai trouvée très très émouvante.

C'est la scène du lit que vous avez donc chez vous,

Anis, qui est le lit dans lequel, sans doute,

vous avez conçu vos enfants,

que vous avez construit avec votre mari,

bâti de telle sorte que vous puissiez voir la mère

depuis votre lit.

Et je comprends que vous vous posiez la question.

Est-ce que je peux mettre cet homme-là

dans ce lit qui a tant compté dans ma vie ?

Mais oui, mais la transition s'est faite naturellement.

Et ce qui n'est pas trop trop de problème.

Je peux vous dire quand même que si les lits sont standard,

c'est bien, parce que monter dans mon lit

à nos âges, c'est pas facile.

Ah oui, parce que pour moi, la mère, c'est un peu haut.

Ah oui.

C'est ça la conséquence.

Alors, vous avez pris la décision très intéressante

de ne pas vivre ensemble.

Est-ce que c'est ça la clé de la réussite

d'une histoire comme la vôtre ?

Oh, c'est la vraie formule magique.

Pourquoi ?

Parce qu'on n'a pas de problème,

on n'a pas de routine,

on se voit pour des bons moments,

seulement pour des bons moments.

Et oui, moi, je travaille énormément.

Et sans un livre à peu près,

ça ne s'écrit pas tout seul.

Et il faut que je travaille,

je ne peux pas vivre sans écrire.

Alors, oui, j'ai compris ça.

Et puis, c'est bien d'être interné

entre la solitude et le contre.

Je le conseille.

Évidemment, on ne peut pas le faire

quand on a une famille, des enfants,

mais nous, on peut le faire.

On a le luxe de pouvoir le faire.

La question de vivre ensemble,

c'est posé à un moment ?

Ça se pose un peu maintenant,

parce que, Georges,

oui, de plus en plus besoin de moi,

et c'est...

Ça se pose maintenant.

Mais il n'y a pas de décision encore ?

Non, mais oui,

il ne veut pas venir vivre à Nice,

parce que sa famille est à Neuchâtel.

Moi, je ne veux pas aller vivre à Neuchâtel,

parce que ma famille est ici.

Et non, c'est compliqué.

Une dernière question pour vous, Suzy.

Est-ce que ça rajeunit

de vivre une histoire d'amour comme la vôtre ?

Tardive.

C'est le potion

parfait pour rajeunir.

Il n'y a rien qui rajeunit comme ça.

Le sexe, wow, c'est quelque chose.

Merci beaucoup, Suzy.

Merci d'avoir accepté de nous confier cette intimité,

cette très belle histoire.

Direz donc de ce livre que je recommande

à tous ceux qui sont concernés.

Alors, finalement, ça fait beaucoup de monde.

C'est-à-dire que ça fait les parents,

mais ça peut aussi être lu par les enfants

qui veulent essayer de comprendre

pourquoi leurs pères ou leurs mères

s'est recasé comme ça tardivement.

Ce livre s'appelle Fleur Tardive.

Il paraît aux éditions Bayard.

J'ai pas dit Fayard, j'ai dit Bayard,

B-A-Y-R-D.

Et il est signé Suzy Morkenstern

et George Rosenfeld.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Susie et Georges, 60 et 74 ans, sont veufs et s’enfoncent dans la solitude. Jusqu’au jour où ils se rencontrent sur internet et redécouvrent l’amour.