Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Sur les traces d'un SS - Le récit

Europe 1 Europe 1 9/24/23 - 28m - PDF Transcript

Stéphane Alix est un journaliste. Au début, il a eu une carrière rationnelle, très rationnelle,

qui d'ailleurs, à bien y réfléchir, avait déjà à voir avec la mort, puisque de ses 19 ans,

à ses 34 ans, il est reporter de guerre, essentiellement en Afghanistan. Et les jeunes

reporters de guerre sont souvent des trompes à mort. Et puis en 2001, un événement boulevers

se savit. Son frère Thomas meurt sous ses yeux dans un accident de voiture en Afghanistan. Et à

partir de ce moment-là, la mort devient son sujet, ce qui se passe avant, pendant et surtout

après la mort. Et Stéphane Alix arrive à la conclusion qu'il y a une vie après la mort,

qu'on peut parler avec les morts. Comme les bouddhistes qu'il a beaucoup fréquenté,

il croit à la réincarnation. Par honnêteté, je vous le dis. Moi, je n'y crois pas. Mais sans le juger,

je vais vous raconter ce qui lui est arrivé. Au début de l'année 2014, Stéphane est en

surchauffe. Ses bouquins, sa promo, son institut de recherche sur les expériences extraordinaires,

ses émissions pour M6, il est au bord du burn-out. Et il décide de faire un break. Et comme ça fait

longtemps qu'il s'intéresse au shaman, au sorcier d'Amazonie, il choisit de se retirer dans un centre

shamanique, au Pérou, au fin fond de la forêt amazonienne, dans une cabane en bois. Seule,

pendant deux semaines, il se fait juste porter à manger, il n'a sur lui ni téléphone ni ordinateur,

lui, face à lui. Et un après-midi, il se lance comme souvent dans une séance de méditation. Il

s'allonge sur son lit, il ferme les yeux et au milieu de la forêt, il laisse son imagination

vagabonder. Il est un aigle, un aigle en train de survoler la cime des arbres, en suivant le cours

d'une rivière. Et soudain, au bord de la rivière, dans son rêve éveillé, il voit des silhouette noires,

des gens qui marchent. Alors toujours en rêve, il plonge vers la rivière.

Et voilà ce qu'il écrit. La rivière disparaît et laisse place à un paysage uniformément blanc,

comme recouvert de neige. Je suis à leur niveau maintenant, au sol. Et je vois un char et derrière

des hommes qui avancent protégés, des soldats, des soldats allemands. C'est la guerre. Stéphane a

l'impression d'être avec eux, d'être un soldat allemand lui aussi. Mais il y a mieux que ça. Il se voit en S16.

Je sens une espèce de proximité très forte avec l'un de ses hommes, que je vois prendre un éclat de but

instantanément dans la gorge, s'écrouler au sol. Et voilà, je sais qui s'appelle Alexander,

je sais qu'il est Oberstund Führer. Je ne parle pas un mot d'allemand mais ce grade me vient

immédiatement à l'esprit. Très rapidement, son nom de famille me vient aussi, Hermann. Je vois

un tatouage avec 25 et qui s'avère être son âge. Puis je vois cette scène de la mort se répéter.

Il voit aussi le visage de ce S16. Chatin, presque blanc, les cheveux râts sur les

temples et sur la nuque mais plus long sur le dessus. C'est Alexander Hermann et grand,

mince, musclé. Il porte un long menthonoir. C'est le prototype du soldat nazi. Et ce rêve

éveillé dure comme ça une demi-heure. Mais il continue en antestéphane pendant tout son séjour

dans la forêt. Et si cette scène n'était pas seulement un rêve, et si elle avait vraiment

eu lieu pendant la guerre.

Stéphane rentre à Paris et quand il arrive chez lui, la première chose qu'il fait c'est d'ouvrir

internet et de taper sur Google Alexander Hermann S16. Et là, il tombe sur des listes

et des listes d'officiers nazis, sur des sites polonais. Et il trouve deux Alexander Hermann

qui ont tous les deux été S16 et dont un était Obersturmführer. Le soldat S16 de son rêve a donc

bien existé. Et c'est très troublant. C'est très troublant. Et au début, pour être honnête,

ça l'est frais. Spontanément, il n'a pas envie d'aller plus loin. Alors pendant des semaines,

il essaie d'oublier ce rêve éveillé. Il retourne à ses activités, à ses bouquins,

à ses recherches, à ses émissions de télévision. Mais c'est une question pour le coup très

rationnelle qui le ramène à Alexander Hermann. Comment est-ce qu'on devient S16 ? Pourquoi est-ce

qu'on devient le mal ? Comment est-ce que quelqu'un d'a priori normal, n'est en Allemagne dans un pays

civilisé ayant produit Goethe et un nombre d'autres personnes éminentes, comment est-ce que ce pays

peut plonger dans une horreur absolue ? Et comment des gens qui pourraient être nos voisins,

nos amis, des gens tout à fait fréquentables, en viennent à commettre des atrocités pareilles ?

Alors en mars 2015, un an après son rêve éveillé, Stéphane Alix retourne sur Internet. Il retrouve

les listings et il ouvre la boîte de Pandore, bien décidé à aller jusqu'au bout.

Toujours sur Internet, Stéphane repère le nom d'un historien spécialiste d'ESS,

Charles Trang, qui a l'air de posséder beaucoup d'archives. Alors il l'appelle, il lui raconte

tout. Son rêve est ce ESS, c'est Alexander Hermann, qui lui est apparu en songe. L'historien est

évidemment un peu surpris, mais il accepte de jouer le jeu et il se met à pianoter sur son ordinateur.

Et il rappelle Stéphane quelques heures plus tard.

Et vous pensez qu'il y a une trace de lui dans les archives ?

Ah oui, oui c'est possible, d'autant qu'il était officier. Et c'est facile d'accès ça ? Oui,

certaines archives sont publiques, elles sont à Berlin, mais il y a des copies aux Etats-Unis

près d'Washington et je connais un jeune homme qui fait sa thèse là-bas, si vous voulez on peut

lui demander de chercher. L'historien lui donne le mail de ce thésar français et Stéphane lui écrit

tout de suite. Et l'autre lui répond le soir même. Chers messieurs, le dossier d'Alexander Hermann

est disponible sur microfilms. Il semble assez complet, 87 pages. Je vous l'envoie dès que je

l'aurai numérisé. Formidable, le dossier complet de l'Haubeurs-Sturmführer Hermann arrive sur

la boîte mail de Stéphane le 23 mars 2017 en début d'après-midi. Il l'ouvre tout de suite,

bien sûr. Et c'est bien son dossier militaire qui comprend des pages entières qui semblent avoir

été écrites par Hermann lui-même, avec une écriture pas de demouche. Le problème c'est que

tout évidemment est en allemand et tout en lettres gothiques. Et Stéphane est donc incapable de

déchiffrer ses textes. Alors il envoie le tout à l'historien Charles Trang et assez vite,

il a un premier retour par mail. Ça va vous intéresser. Je vois sur le document 3 qu'Alexander

Hermann a partené aux fameuses divisions Totenkopf, qui veut dire tête de mort. Ça n'était pas un

tendre. Et là du coup, Stéphane apprend comment son Hermann a été tué. C'est écrit sur son

acte de décès qui est dans le dossier. Alexander Hermann a été touché par des éclats

d'obus à la poitrine et dans le cou. Et souvenez-vous, c'est très exactement la scène que Stéphane

dite avoir vu en rêve au Pérou. Petit flashback. Je sens une espèce de proximité très forte avec

l'un de ses hommes, que je vois prendre un éclat d'obus instantanément dans la gorge.

Stéphane aurait donc vu dans son rêve une scène qui s'est réellement passée 74 ans

plus tôt. C'est très troublant. C'est vraiment cet acte de décès qui pour moi a constitué

un espèce de moment fracassant dans mon enquête parce qu'il stipule qu'Alexander

Hermann est mort d'un éclat d'obus à la gorge. Et donc à ce moment-là, les questions se

bousculent dans sa tête. Qu'est-ce qui relie ce rêve qu'il a fait à ce personnage du réel ? Et

là il voit deux hypothèses. Je vous rappelle qu'il croit à tout un tas de trucs auquel des

tas de gens dont moi ne croient pas. Première hypothèse. Au cours de sa méditation, il a

capté un fantôme qui passait par là. Bon, deuxième hypothèse assez vertigineuse. Au cours de sa

méditation, il lui est revenu en mémoire sa vie d'avant. Ce qui voudrait dire qu'il l'a été

Alexander Hermann il y a 74 ans. Je vous entends vous marrer et je suis comme beaucoup d'entre vous.

Je ne crois ni au fantôme ni à la réincarnation. Mais qu'est-ce que vous avez comme autre

piste à proposer ? Pour expliquer que 74 ans plus tard, Stéphane est vu en rêve une scène

qui s'est réellement passée en 1941. Allez-y, je vous écoute. Alors suivons-le dans sa logique,

au moins par curiosité. Stéphane Alix et Charles Trang continuent de passer au crible tous les

documents du dossier. Il y a tout son dossier militaire. Et là il faut s'accrocher. Parce que

ce Hermann n'était vraiment pas un tendre. C'était un nazi, pur et dur. Et si c'est sa vie d'avant,

eh bien elle ne sera pas facile à assumer. Première chose, Hermann n'a pas été enrôlé de force dans

l'ASS. Il a commencé par rejoindre les jeunesses hitlériennes à 15 ans. Et à 16 ans et demi,

il s'est engagé. Et il était tellement doué qu'on l'a envoyé à l'école des officiers SS. Et vous savez

où il a fait son stage de fin d'études. À Dachau, le camp de concentration où sont morts d'abord des

prisonniers politiques et dans la foulée, des juifs, des handicapés, des malades mentaux, des

homosexuels. Hermann a participé à tout ça. Et ensuite il a fait la guerre en France, puise

en Union soviétique où il s'est fait tuer. Dans son dossier, il y a aussi la

trace de son mariage. Car Hermann s'est marié au tout début de la guerre en mai 1940 avec une

certaine Louise. Et ça, Charles Trang trouve que c'est une très bonne nouvelle. Et oui, au sein de la

SS, vous devez savoir que tous les mariages devaient être approuvés par le bureau pour la race et le

peuplement. Et donc il y a certainement eu une enquête, une enquête approfondie pour vérifier la

pureté raciale des deux époux. Et il doit y avoir des archives de tout ça. En Allemagne et aux

États-Unis, à Washington. Vous pouvez y avoir accès sans problème.

Stéphane reprend à leur contact avec le jeune Thésar français qui vit sur place. Et quelques jours

plus tard, l'autre lui envoie une copie numérisée du dossier familial d'Alexander Hermann. Et dans

ce dossier, il y a un petit trésor. Il y a sa photo, la photo d'Alexander Hermann. Et elle colle

parfaitement à l'homme que Stéphane a vu dans son rêve. Une sorte de mannequin nazi. Blanc,

les cheveux plaqués en arrière, l'arrêt à gauche, le front dégagé, le nez court, la mâchoire

solide, les yeux bleus, 1,78 m pour 75 kg. Un arien. L'arien type. Et il y a aussi une photo de sa

femme, Louise. L'air timide. Apparemment, ils n'ont pas eu d'enfant. En revanche, et ça c'est bien

intéressant. Alexander Hermann avait un frère, Alfred. Cinq ans de plus que lui, étudiant en

médecine. Ah, il n'a pas servi dans la SS, mais dans la Wehrmacht, l'armée régulière allemande.

Et là, Stéphan Alix se dit, il faut que j'essaye de retrouver des gens de sa famille, en Allemagne,

ce frère, et peut-être encore vivant. Et là, il se met à écrire à tous les Hermanns de

Plohen en Allemagne. La ville d'où venait Alexander ? Aucun retour. Aucune réponse. Ce qui est à

moitié étonnant. On se vente rarement d'avoir eu un officier SS dans sa famille. Donc, il y va.

Il prend la route de Plohen en voiture. Depuis plusieurs semaines, j'ai l'impression de vivre

entre deux temps, l'époque actuelle et les années 30-40. Une étrange sensation me saisit lorsque

je quitte la Belgique pour l'Allemagne. Je suis joyeux de me trouver sur cette terre. J'attends

énormément des jours à venir. Plohen, la ville des Hermann, se trouve pas loin de la

frontière Czech. Quand l'Allemagne a été coupée en deux après 45, Plohen s'est retrouvé en RDA, côté

communiste. Et quand Stéphan arrive au centre-ville, c'est étrange. Il a l'impression d'une familiarité,

comme s'il connaissait déjà. Pour l'aider dans ses recherches, il a contacté un traducteur,

André, qui, par chance, est marié à une spécialiste de généalogie, Andréa. Il commence par aller les

voir. Vous dites avoir une liste de Hermann d'homicidier à Plohen ? Oui, oui, la voilà. Je vais essayer de les

appeler. On cherche donc un descendant de qui ? Eh ben a priori du frère, du frère d'Alexander

Hermann, Alfred. Bien. Mais ils font chou blanc. Aucun des Hermanns de la liste n'est lié à la famille

du SS Alexander Hermann. Aucun. En revanche, enfouyant dans les documents apportés par Stéphan,

Andréa, la généalogiste, fait une trouvaille. Avant la guerre, les parents d'Alexander Hermann ont vécu à une

autre adresse que celle qu'avait identifié Stéphan. C'est là que le petit Alexander a passé son

enfance et son adolescence, juste avant de s'engager dans la SS. C'est une nouvelle piste. Stéphan

se précipite à cette nouvelle adresse. 47 n'a une dorferche trace. C'est un immeuble abandonné

de cinq étages, totalement décati. Il fait le tour du pâté de maison et il se glisse dans le jardin

derrière l'immeuble, envahie par les herbes folles. Et une fois de plus, l'endroit lui semble

familier. Il a l'impression d'avoir joué dans ce jardin, toute son enfance. Toujours cette idée

qu'il pourrait être la réincarnation d'Alexander Hermann. Stéphan reste là un bon moment comme

hypnotisé, et puis il finit par regagner son hôtel. Le lendemain, Stéphan prend la route de Dachau

près de Munich. C'est l'un des premiers camps de concentration nazie. C'est là que Hermann

est censé avoir fait son stage de fin d'études. Soudain devant moi, l'enseinte, les miradores,

reconnaissables entre tous. C'est un choc. Je ne m'attendais pas à découvrir l'endroit si brutalement.

Je me sens lourd, oppressé. Le voilà donc à Dachau, avec ce portail à l'entrée, surmonté

du slogan, Arbite my fry, le travail rend libre. Et là, Stéphan se pose au milieu du camp,

et il est assailli d'images. C'est ce qu'il dit. Il voit des exécutions, des tortures,

des prisonniers affamés. Et comme il envisage d'être la réincarnation d'un type qui a fait

ça, eh bien c'est lourd. C'est lourd à porter. Et il éclate en sanglots, et il se met à parler

à voix basse, à Alexander Hermann. Tout ça t'a appartené. Tout ça, ça n'est pas

moins cet héritage guérisant. Et si je peux, je t'aiderai. Je vous le redis. Vous le suivez

ou vous ne le suivez pas dans cette idée. Mais Stéphan Alix vit comme la réincarnation

d'Alexander Hermann. Et donc la continuation de sa vie monstrueuse. Car oui, c'est un personnage

très difficile à porter. Alexander Hermann était au coeur de la machine nazie. Son dossier

indique qu'après Dachau, il a été muté dans un autre camp. Le camp de Zarsenhausen au nord

de Berlin, où il a été nommé Adjudan, affecté au tâche administrative du camp. Et ensuite, il

est parti faire la guerre. Et on le retrouve notamment à partir de septembre 1939, à 150 km

au nord-est de Varsovie, en Pologne, où sa division SS participe à ce qu'on a appelé

des actions juives. C'est-à-dire des exécutions de masse de juifs. Le 24 et le 25 septembre 1939,

sa division exécute 800 civils juifs, intellectuels et résistants. Et d'après ce que disent les livres

sur cette époque, le chef d'Alexandre Hermann, un certain Nostit, appliqué les ordres à la lettre,

c'était un fanatique. Alors oui, pour Stéphane Alex, c'est une parentée difficile à porter.

Il rentre à Paris en voiture, presque d'une traite, avec comme un besoin urgent de rentrer à la maison.

Un déclic s'est opéré dans la cour de Dachau. Une rupture, le début de la guérison, de la libération finale.

Je porte la culpabilité de trop de morts, ceux de mes souvenirs et ceux de mes rêves, trop de morts,

trop de douleurs en moi. Et évidemment, il repense à ses morts, à lui et surtout à son frère,

morts sous ses yeux à Kaboul en Afghanistan en avril 2001. Ils étaient partis en reportage ensemble,

ils roulaient dans deux voitures différentes, son frère devant et lui derrière.

Son frère a été pris dans un accident, il continue de porter cette culpabilité.

Alors peut-il en plus supporter la culpabilité des crimes d'Alexandre Hermann ?

Ça fait beaucoup pour un seul homme. Et le voilà donc à Paris, mais pas pour longtemps, à peine arrivé.

Il se dit, il faut que j'aille en Russie, il faut que j'aille là où il est mort, sur le champ de bataille, près de Saint-Pétersbourg.

Et il débarque donc à Saint-Pétersbourg, à la mi-octobre 2015, c'est-à-dire pile 74 ans, après la mort de Hermann sur le champ de bataille.

Mais comment trouver précisament l'endroit où il est mort et l'endroit où il a été enterré ?

Comme en Allemagne, il prend un interprète qui s'appelle Nicolas et il replonge dans le dossier militaire de Hermann

et dans les livres qui racontent la campagne de l'armée allemande en Union soviétique.

Et le voilà sur les lieux supposés de la dernière bataille de l'officier SS, à Sourayaniv.

Quand j'ai repanté les forêts de cette zone qui se trouve à l'est de la, ce qu'on appelait le chaudron de Demyansk,

on voit encore les bunkers, on voit encore les zones où étaient camoufflées les soldats, on se promène dans la forêt

et on sent presque la dimension de cette guerre encore présente dans les boulots, dans les arbres et dans les villages russes.

Voilà ce qu'il sait grâce aux archives et aux livres.

La dernière bataille d'Alexander Hermann a lieu le 20 octobre 1941.

Ça fait un mois que les Allemands se battent dans ce coin.

Il y a eu des bombardements toute la nuit précédente et à 6h du matin,

L'auberge Trumführer Hermann et sa compagnie reçoivent l'ordre de partir à l'assaut du village de Sourayaniv.

Ils sont appuyés par des chars légers.

Ils longent un ruisseau en contre-bas de la route qui mène au village.

L'artillerie russe les pylones.

Plus que 500 mètres et la Stéphanalyx imagine la suite.

Alexander Hermann soif, sa tête bourdonne du vacarbe assourdissant des armes.

Derrière un canot d'assaut, lui et ses hommes parviennent en visuel de Sourayaniva.

Ces bottes sont lourdes.

Ils cherchent sa respiration.

Ils se décalent pour observer à l'avant du blindé alors ils sentent quelque chose heurter son cou.

Ces jambes se dérobent et ils s'effondrent.

Et l'auberge Trumführer de la Waffen-SS Alexander Hermann meurt, à 25 ans, sous le feu soviétique.

Il est 10h10, 74 ans plus tard.

Stéphanalyx longe le même ruisseau en contre-bas de la même route.

Et le décor ressemble très exactement au rêve qu'il a eu au Pérou.

Et là d'un coup, il dit qu'il est cloué sur place.

À cette seconde, une vague puissante monte du sol et me fait vaciller.

Je suis submergé par l'évidence, c'est ici, à cet endroit qu'il est tombé.

Sous mes pieds.

Alors maintenant, il veut retrouver sa tombe.

Il sait qu'Alexandre Hermann est enterré dans un village voisin, à Mirochnie.

La généalogiste allemand d'Andréa a réussi à en savoir un peu plus.

Écoute, Hermann et d'autres soldats ont été enterrés dans un cimetière de fortune au bout du village.

Après la guerre, ce terrain a été vendu et d'après ce que je sais, une maison a été construite dessus.

Et bien la tombe d'Alexandre Hermann y est toujours, je pense.

Mais à mon avis, sous la maison. Je pense qu'il n'a pas bougé de là.

La maison, justement.

Eh ben la voilà.

C'est une bicoque d'effraîchis devant laquelle un chien monte la garde.

Et une femme en sol.

Qu'est-ce que vous voulez ?

Stéphan et son interprète lui expliquent.

Et elles confirment.

C'est vrai, hein. C'était un cimetière ici pendant la guerre.

Mais il y a une dizaine d'années, les Allemands sont venus faire des fouilles.

Sous le poulailler là-bas, vous voulez voir ?

Bah oui, volontiers.

Entrez.

Vous voyez ? Bah les corps étaient là.

Au pied de la maison, Stéphan Alix remarque une trappe.

Et cette trappe-là ? Elle mène où ?

Bah dans la cave.

Vous motorisez à visiter votre cave ?

Bah si vous voulez.

Stéphan Alix descend par la trappe.

Le plafond est très bas.

Il avance pliant d'eux.

À l'intérieur, il y a des provisions pour l'automne.

Des choux, des pommes de terre, des citrouillets, des courges.

Le sol étant terre battue.

Stéphan se met à genoux.

Et puis il s'allonge.

Allongé dans l'ombre fraîche.

Sous le plancher d'unis bas,

je suis arrivé à destination.

Dans un caveau,

couché sur la tombe d'Alexander Hermann,

si près de ce corps qui fut le mien, avant.

Et avant de partir,

il adresse une prière à tous ces morts qui sont autour de lui.

Je pars.

Ne venez pas avec moi.

Il y a une lumière pour chacun d'entre nous.

Vous ne pouvez pas me suivre.

A vous de chercher cette lumière,

elle est là pour chacun de vous.

À partir de ce moment-là,

Stéphan Alex dit qu'il se sent plus léger.

Il n'a pas obtenu la réponse à toutes ces questions,

mais il se sent comme guéri.

Libéré de son obsession.

Son récit se termine par cette citation de Romain Garry.

Lorsque vous écrivez un livre mettant sur l'horreur de la guerre,

vous ne dénoncez pas l'horreur,

vous vous en débarrassez.

...

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Au cours d’une méditation, Stéphane Allix voit en rêve un officier SS, Alexander Hermann. Le journaliste entame des recherches et découvre que l’homme a vraiment existé. Débute alors une longue enquête…