Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Sophie Masala, La démembreuse de Toulouse - Le récit

Europe 1 Europe 1 4/11/23 - 36m - PDF Transcript

Renaud.

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Ce qui est passionnant dans une affaire criminelle,

c'est le petit moteur qui amène à tuer.

Ce sont les ressorts du crime.

Pourquoi?

Dans l'histoire que voici, vous allez être servi,

car les ressorts du meurtre sont stupéfiants,

du jamais vu en ce qui me concerne.

Il s'agit de l'enquête sur le meurtre de Marilyn Planche

en 2016 à Toulouse.

Pour débriefer cette histoire,

je ferai appel à maître Laurent Bogué,

avocat de la Partie civile dans ce dossier,

interview à écouter dans un deuxième podcast.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Odoir,

réalisation Boris Pachinsky.

Européen, Christophe Fondelat.

Cette histoire commence par la découverte d'une jambe

en mai 2016 à Toulouse.

Une jambe qui flotte entre deux eaux dans le canal du midi.

Une jambe avec une chaussette qui dépasse d'un sac poubelle.

Les policiers la sortent de l'eau,

et ils voient tout de suite que c'est la jambe d'une femme.

Regarde, elle était pilée du haut en bas.

C'est une femme, c'est certain.

La découpe est propre, chirurgicale.

Vu l'état et l'odeur, elle est dans l'eau depuis plusieurs jours.

Et vu la taille de la chaussette,

la dame devait chausser du 35, peut-être du 36.

Le reste du corps doit être dans le canal.

Alors on envoie des plongeurs ratissés le fond,

et à dix mètres environ de l'endroit où la jambe a été découverte,

on trouve un bras,

un bras tout aussi proprement découpé que la jambe.

Et le reste, le deuxième bras, la deuxième jambe, le tronc et la tête surtout, où sont-ils?

À Toulouse, le canal du midi est ratissé tous les jours par un bateau,

la midi nette qui tente de maintenir le canal propre.

Est-ce qu'on n'aurait pas remonté des sacs poubelles récemment?

Ah bah oui, un sac identique aux deux autres, gris, avec un lien rose.

Célébre un droit, mais rien d'autre.

Il manque toujours la deuxième jambe, le tronc et surtout la tête.

La tête ça aiderait à identifier la morte.

À moi, qu'elle m'était signalée disparue.

Et c'est le cas.

Une femme est venue il y a deux jours au commissariat de Toulouse,

signaler la disparition de sa sœur.

Marine, une planche, comme une planche.

En vérité, ça fait quinze jours qu'on est sans nouvelles.

On a reçu des SMS, mais c'était bizarre.

Comme si c'était quelqu'un d'autre qui les avait écrits.

Et donc il y a deux jours, une enquête a été ouverte.

Des policiers ont interrogé les proches de cette femme disparue.

Sa mère, sa sœur, ses collègues de travail.

Alors, est-ce que les deux bras et la jambe sont les siens?

On va vite le savoir, les trois morceaux sont sur la table en inox du médecin légiste.

D'abord de quoi est morte cette femme?

Sans la tête et sans le dron, il ne va pas être facile de répondre à la question.

Mais au-delà de l'identification, les conclusions du légiste sont très intéressantes.

On pourrait peut-être commencer par les découpes.

Je pense qu'on a utilisé une scie.

Une scie à dents courte probablement une scie à métaux.

Nous avons trouvé un fragment métallique dans une déplée du bras droit.

Autre chose, nous avons sur les deux avant bras au niveau du poignet des entailles d'environ 5 cm de longueur.

Et ces entailles ne présentent aucun saignement.

Ce qui veut dire qu'elles ont été réalisées après la mort, après la mort.

Donc ces entailles ne correspondent pas à un suicide.

Vous avez raison, ça ne peut pas être un suicide.

Le labo a aussi réalisé une comparaison ADL.

Il s'agit bien de Marie-Line Planche, 52 ans célibataire.

Elle travaillait à l'agéfi, un organisme qui s'occupe de l'insertion des handicapés.

Très investi dans son travail.

Une chic-fi. Une chic-fi.

Penchons-nous sur ce SMS qu'elle a envoyé à sa mère quelques jours après sa disparition.

Rennes, je suis parti jusqu'à vendredi à la campagne.

Pas de réseau là où je suis.

Je t'appelle quand je rentre.

Bisous.

La mère et la sœur disent qu'il est bizarre ce SMS.

D'abord parce que Marie-Line appelle sa mère par son prénom.

Rennes.

Au lieu de maman.

Comme elle le fait d'habitude.

Il y a des photos d'orthographe.

Elle n'en faisait jamais.

Et puis elle finit par bisous.

D'habitude elle écrit bise ou je t'embrasse.

Quand la disparition de Marie-Line Planche a été signalée,

deux jours avant la découverte de son corps démembré,

la police est allée chez elle, tout près du capitale, en plein centre de Toulouse.

Ils ont hoqué.

Personne n'a répondu.

Alors ils sont allés voir les voisins.

Et notamment son voisin de palier du premier étage.

Il a raconté une scène très étonnante.

C'était douce, mais sur les coups de 13 heures,

elle était sur le palier et elle criait.

Au secours.

Au secours.

C'était bizarre.

Elle était en culotte, en t-shirtée, en chaussettes,

sur le palier.

Et on voyait qu'elle voulait s'enfuir par l'ascenseur.

Elle a une femme est sortie de chez elle.

Et elle l'a prise par les cheveux.

Et elle l'a ramenée à l'intérieur en me disant vous inquiétez pas.

Elle a une crise de nerf et elle est déranger.

Je n'ai pas cherché à en savoir plus.

Alors, les policiers ont décidé de forcer la porte de l'appartement de Marie-Lé.

Ils ont découvert un désordre incroyable.

Mais rien qui ressemble à des traces de lutte.

Et pendant au plus de traces des fractions.

Alors,

est-ce qu'on ne peut pas trouver dans l'histoire personnelle de Marie-Line

quelque chose qui va nous mettre sur une piste.

Son entourage décrit une femme discrète.

Entièrement dévouée à son travail.

Totalement investie dans l'aide au handicapé.

Elle ne comptait pas ses heures.

Son travail, c'était toute sa vie.

Une nonne.

Une nonne.

Pas d'amis.

Pas d'amants.

Juste une petite sympathie pour le gardien de l'immeuble

à qui elle donnait des parts de tarte.

Une vieille fille quoi.

Avec tout ce que ça a touchant.

La pauvre.

Depuis des années,

elle voyait plus de l'œil droit.

Et récemment, elle voyait plus trop de l'œil gauche.

Une cataracte.

Elle venait de se faire opérer.

Elle était en arrêt maladie.

Elle qui était si solitaire.

Ça n'arrangait rien.

Décidément, je la trouve très touchante.

Marie-Dix.

Très touchante et morte assassinée.

...

Mais il y a une tâche dans le décor.

Il y a toujours une tâche dans la vie des gens sans histoire.

A son travail, on lui avait collé une collègue dans les pattes.

Une Sophie.

Ne courant pas ces mâles,

Marie-Dix ne pouvait pas l'avoir en peinture.

Alors elle l'avait cantonnée,

à l'archival,

à la relecture des dossiers.

Alors qu'elle savait le même grade,

le même titre de conseillère.

Est-ce que cette femme humilier

par cette mise au placard,

cette Sophie,

n'est pas celle qui l'a tuée.

Celle qui l'a prise par le bras

sur le palier de son appartement

pour la ramener à l'intérieur.

Alors qu'elle criait au secours,

en chaussettes et en culottes.

Ce jour-là,

Connègue a reçu un SMS

de Marie-Dix.

Je l'ai l'a, ce SMS.

Regardez.

Sophie m'a appelé

et envoyait des messages

pour prendre de mes nouvelles.

Je comprends pas trop pourquoi

elle a fait ça,

vu la situation entre nous.

Tu crois que je dois la rappeler?

C'est un peu pervers, tout ça.

Et vous avez répondu?

Oui, voilà.

Juste en dessous, regardez.

J'ai écrit

un message serait plus adapté.

Ça donne un peu de distance.

Vous n'avez pas...

Et alors?

Je lui dis par SMS

que je la rappellerai le soir

quand je serai à la maison.

Et vous l'avez rappelé?

Non.

Non, regardez ce qu'elle m'a répondu.

Je suis fatigué, je t'appellerai demain.

Je dors à moitié.

Ça vous a suffi comme en réponse?

Non.

Et pourquoi?

À cause des fautes d'orthographe

et de la syntaxe.

Regardez, ça en est bourré.

Marilyn faisait jamais de fautes

dans ces messages.

Des SMS comme ça en mauvais français

avec des fautes.

C'est pas du tout le genre de Marilyn.

C'était une femme

un peu à l'ancienne.

Et qu'est-ce que vous en avez fait de ça à vous?

Eh bien je suis allé

quand même chez elle.

Et elle vous a ouvert?

Non.

J'ai juste laissé un mot dans la boîte aux lettres.

Et qu'est-ce que vous avez écrit sur ce mot?

Eh bien j'ai écrit quelque chose comme

il y a un gros problème avec Sophie, il semblerait

qu'elle t'évolait ton portable, pourrais-tu me rappeler de toute urgence?

Et elle vous a rappelé?

Non.

Et vous pensez qu'il y a un problème avec cette Sophie?

Oui.

Marilyn a-t-elle utilisé sa carte bancaire

après sa disparition?

Oui.

10 jours plus tard.

2 jours avant qu'on ne retrouve des morceaux de son cadavre

démembré dans le canal.

Quelqu'un a voulu retirer 1500 euros avec sa carte

dans un distributeur du centre de Toulouse.

Refusé.

Alors le quelqu'un a fini par retirer 300 euros.

Mais ce n'est pas elle qui a fait ce retrait.

Sur et certain.

Marilyn ne retirait jamais plus de 100 euros.

Jamais.

Et elle avait toujours au même distributeur de la société générale

près de chez elle.

Elle n'allait jamais ailleurs.

Malheureusement le distributeur du centre-ville

n'était pas équipé d'une caméra.

Mais ça n'est pas elle qui a utilisé la carte.

Sur et certain.

C'est quelqu'un d'autre.

Et sans nul doute, son assassin.

...

Eh!

Le téléphone de Marilyn.

Qu'est-ce qu'il raconte?

Eh bien que jusqu'à sa disparition, le 12 mai,

son portable était chez elle.

A Toulouse.

Normal.

Mais que le lendemain, il n'y était plus.

Il bornait à Montpellier.

A 250 km.

Il est resté là-bas trois jours.

Et puis il est revenu à Toulouse.

Et deux jours plus tard,

il a cessé des mètres.

Vous devez savoir que cette Sophie qui attire toutes les attentions

vient justement de Montpellier.

Elle a un petit studio à Toulouse où elle dort la semaine.

Mais tous les week-ends,

elle rentre chez elle à Montpellier

où vivent son mari et ses enfants.

Tous les week-ends.

Alors, on peut imaginer que le téléphone de Marilyn

a fait l'aller-retour dans sa poche.

Ou dans son sac.

Pas Marilyn.

Le téléphone.

Juste le téléphone.

Marilyn était probablement déjà morte.

...

La Sophie qui joue désormais la suspecte numéro un

s'appelle Sophie Mazallah.

Et ses collègues de travail qui étaient aussi celles de Marilyn

ont des tas de choses troublantes à raconter sur son compte.

D'abord, elle s'est fait passer il y a quelques semaines

pour avoir volé des tickets restaurants.

Glacieux.

Mais secondaires dans cette enquête.

En revanche, qui est riche d'enseignements,

c'est une scène racontée par le délégué du personnel.

...

Un jour Sophie m'a dit

je vais tout déballer sur Marilyn.

Elle m'a dit c'est pas celle qu'on croit.

Elle ramène des dossiers chez elle.

Elle travaille mal.

Et elle a ajouté quelque chose qui m'a

beaucoup troublé.

Et auquel franchement, je n'ai pas cru une seule minute.

Elle a prétendu que Marilyn l'a harcelé sexuellement.

C'est peut-être vrai.

Non.

Je ne dis pas que Marilyn aimait peut-être les femmes

plus que les hommes, je n'en sais rien.

Mais harceler une femme,

ça me paraît impossible.

Je crois que Sophie mentait.

Voleuse.

Menteuse.

Tueuse.

Démambreuse.

...

Le téléphone de Sophie Mazalard

raconte une histoire redoutable.

Il a fait exactement le même parcours que celui de Marilyn.

Toulouse, Montpellier, Toulouse.

Au même date.

Au même heure.

Au maître près.

Le téléphone de son ennemi était dans son sac à main.

Pas de doute.

Et c'est elle.

C'est elle qui a envoyé les sémesses bourrées de faute.

Pas de doute non plus.

Et c'est donc elle qui l'a tuée.

Pas de doute.

Ou disons...

Peu de doute.

...

Sophie Mazalard est arrêtée à l'aéroport de Montpellier

à sa descente d'avion

alors qu'elle rentre d'une réunion à Paris.

Un peu étonnée mais sans plus.

Et dans son sac à main,

on retrouve la carte bancaire de Marilyn Planche.

La diablece est imprudente.

...

Au même moment,

sur les bords du canal du midi,

un sans-abri trouve une valise qui pue la mort.

D'autant il y a un tronc de femmes

en état de décomposition avancée.

Et quelques heures plus tard,

le même sans-abri

découvre un sac poubelle sur le bord du canal.

Et dedans, il y a une jambe de femmes.

Le puzzle est bientôt terminé.

Il ne manque plus que la tête.

...

Au commissariat central de Montpellier,

Sophie Mazalard est sur le grill.

Elle est calme.

Mais elle ment.

Elle ment quand elle dit que Marilyn était son amie.

Elle ment quand elle dit qu'elle avait de l'admiration pour elle.

Elle ment quand elle raconte qu'elle se voyait régulièrement à l'extérieur.

Et elle ment encore quand elle prétend que Marilyn l'invitait à dîner chez elle.

Et elle sert cette improbable accusation

de harcèlement sexuel.

Regardez le genre de message qu'elle m'envoyait.

Sophie, je suis à Montpellier depuis hier soir.

Il faut que je te vois.

Sophie, tu peux pas comprendre combien je t'aime.

Elle était amoureuse de moi.

C'était insupportable.

Ce serait insupportable si c'était vrai.

Et rien n'est moins sûr.

La suite est beaucoup plus intéressante.

Elle reconnaît que le 12 mai, jour de la disparition de Marilyn,

elle est allée l'avoir chez elle

pour mettre les points sur les I, comme elle dit,

pour que le harcèlement cesse.

Marilyn s'est jetée sur moi.

Alors pour me défendre, j'ai saisit une bouteille en vert

et je l'ai frappée.

Vous l'avez frappée où?

Au visage?

J'étais en colère, vous comprenez?

Et ensuite?

Ensuite, je les donnais à un coup de pied.

Elle est tombée.

Je me suis mise à lui donner des coups de pieds dans le ventre.

C'est malheureux à dire, mais...

Ça m'a fait du bien de la taper.

Elle méritait.

Et ensuite?

Ensuite, je suis parti.

Elle était morte.

Non, elle était vivante.

Vous en êtes sûr?

Oui.

Et c'est tout.

Non, quelques heures plus tard, je suis revenu.

Et alors?

Elle était sur son lit.

Il y avait une lame de rasoir par terre dans sa chambre.

Elle s'était taillée des lévennes des deux poignées.

Un suicide.

Un suicide.

Et là, qu'avez-vous fait?

J'ai pensé qu'on allait m'accuser de l'avoir tuée,

mais je savais pas quoi faire du corps.

Elle était trop grosse pour que je la transporte.

Et c'est là que vous avez décidé de la découper en morceaux.

Oui.

Puisqu'elle s'est suicidée, comme vous le dites.

Vous auriez pu appeler la police?

Eh bien non.

Elle est allée acheter des outils, une siame taux, des sacs-coubelles, des gants.

Et elle l'a découpée en morceaux.

La tête, les bras, les gens, le tronc.

Ça lui a pris huit heures environ.

Et après elle a tout mis dans son caddie.

Il lui a fallu quatre heures pour arriver jusqu'au canal.

Mais le lendemain, toujours en garde à vue,

Sophie Masala capitule.

Elle finit par concéder que le suicide est une mise en salle.

Que c'est elle qui lui a taillé des lépoignées post mortem

pour faire croire à un suicide.

Étonnamment, il n'y a qu'un sujet sur lequel elle ne baisse pas la gare.

On était amis.

Vraiment amis.

C'est faux.

Même si ça lui fait du bien de le dire, ça ne change pas grand-chose.

C'est elle qui l'a tuée.

Et à propos, où est la tête?

C'est à la juge qui s'apprête à la mettre en examen pour meurtre

qu'elle finit par le dire.

J'ai enterré sa tête sous

les arbustes qui sont sous mon balcon à Toulouse.

Vous comprenez?

Je tenais quand même à ce qu'elle ait une sépulture descente.

Au regard de la suite, ce souci de descends, c'est un petit bichot.

Les policiers vont déterrer la tête sous son balcon.

Et le légiste révèle que Marilyn a reçu des coups très violents à la tête.

Que ces coups seuls auraient pu la tuer.

Mais que probablement aussi, elle a été étranglée.

Car l'ocioïde, c'est un petit bichot.

Les policiers vont détérer la tête sous son balcon.

Mais que probablement aussi, elle a été étranglée. Car l'ocioïde est cassée.

Sophie Masala a frappé Marilyn à mort.

Elle a étranglée.

Elle lui a scisaillé les veines du poignet.

Elle a découpé son corps à la scie à métaux pendant toute une journée.

Sophie Masala est une barbare.

Comment devient-on une barbare?

Nous, lui, vient cette cruauté, ce manque total d'empathie pour sa victime.

Pour cette pauvre Marilyn si seule, si malheureuse en vérité.

La faille.

Où est la faille?

Il y a souvent une faille dans la vie des tueurs.

Presque toujours en vérité.

Sophie Masala n'a pas de passé judiciaire sérieux.

Mais un passé tout de même.

Elle a détourné l'équivalent de 15 000 euros de chèque

quand elle travaillait comme comptable à la faculté de médecine de Montpellier.

Elle a été condamnée pour ça à trois mois de prison dont deux avec sursis.

Elle a dû rembourser.

Mais ça, ça ne laisse pas présager de sa barbarie.

Alors la faille, où est-elle?

Elle est dans l'enfance.

Elle est toujours dans l'enfance.

Son père s'est suicidé quand elle avait 10 ans.

Sa mère la remplacait dès le lendemain.

Par un homme qui a exigé que tous les enfants l'appellent désormais papa.

Le corps du vrai papa de Sophie était encore tiède.

Et puis sa mère, sa mère ne l'aimait pas.

En tout cas mal.

Elle aurait préféré avoir un fils.

Elle me l'a dit.

Elle m'a dit aussi qu'elle aimait pas que je sois rousse.

Les psychiatres appellent ça une faille narcissique.

Une femme qui a toujours voulu être plus aimée qu'elle ne pouvait l'être.

Elle souffrait de ce qu'on pourrait appeler une attique-tion à l'affection.

Dès lors on peut penser que le mépris qu'avait pour elle madame planche

déclenchait sa décision de l'éliminer.

Il n'y avait pas d'autres issues.

Je pense que Sophie Massala en vérité, quand elle ne peut pas devenir amie avec quelqu'un

on fait aussitôt son ennemi.

Et que probablement elle ne sait pas faire autrement.

Où on est amie avec elle.

Où on est son ennemi.

Mais enfin cette femme n'avait jamais tué.

Et pourtant elle a sans doute connu d'autres frustrations.

En matière affective d'autres personnes qui ne voulaient pas être ses amis.

Elle a tenu parce qu'elle avait un mental de mythomanes.

De petits arrangements avec la réalité qui lui permettait de se construire avec plus de tignité qu'elle en avait réellement.

Et probablement que Marie-Line Planche ne lui a pas laissé mettre en place

l'illusion qu'elle était son amie.

Une illusion qui à votre sens aurait suffi.

Oui, probablement.

Il y a d'autres éléments éclairants dans la vie de Sophie Massala.

Par exemple son rapport avec l'argent.

Elle a accumulé des dettes toute sa vie et des crédits à la consommation pour les rembourser.

Il lui fallait de l'argent tout le temps.

Au point qu'un jour elle est allée voir son mari et qu'elle lui a demandé l'autorisation

de s'inscrire sur internet comme escort girl.

Jusqu'à 5 passes par jour, à 150 euros la passe.

C'est comme ça qu'elle a épongé ses dettes.

La juge organise une reconstitution dans l'appartement de Marie-Line Planche.

Madame Massala, comment vous êtes-vous introduite dans l'appartement de Madame Planche?

Vous avez sonné? Elle vous a ouvert?

Non. Je lui avais volé un jeu de clé.

Et quand vous êtes entré dans l'appartement, qu'est-ce qui s'est passé?

Quand elle m'a vu, elle a paniqué.

Alors elle a ouvert la porte, elle est sortie sur le palier et elle s'est mise à crier et à appeler au secours.

Et vous l'avez faite rentrer dans l'appartement?

Oui.

Et quand on a été dedans, elle magiflait tellement fort que je suis tombé par terre.

Elle s'est mise à Califourchon sur moi.

Je me suis dit, elle va me tuer.

Alors j'ai attrapé une bouteille.

Je me suis mis à la frapper.

Vous êtes en train de me dire que ce faisant, vous n'avez fait que vous défendre?

Mais oui. C'est comme ça que ça s'est passé.

C'est elle qui m'a agressé la première.

Pourquoi pas?

Peut-être.

Mais c'est elle qui l'a tué. Et pas l'inverse.

Le procès de Sophie Mazela s'ouvre le 21 octobre 2019 devant la Cour d'assiste Toulouse.

Dans la presse depuis le début, on l'appelle la dépeuseuse du canal.

Le genre de saubriquet qui attire les fous à un procès.

Madame Mazela, vous m'a tené que vous avez agi par légitime défense?

Oui. C'est comme ça que ça s'est passé.

Mais ces avocats ont bien compris que personne n'a valerait ça.

Ça n'est pas tenable, Madame Mazela.

Mentir ne pourra que vous nuire.

Faites-moi confiance. Dites que la vérité.

Les avocats ne cherchent pas toujours à couvrir leurs clients à tout prix,

à les laisser s'enfermer dans leur télé.

Parfois ils sont là pour les faire avancer, pour les sortir de l'ornière dans laquelle ils se sont mis.

Et souvent ça marche.

Vous m'a tené, Madame Mazela, que vous n'avez agi que par légitime défense?

Non.

C'est moi qui l'ai frappée sur le crâne.

Elle m'avait rien fait.

Et je voudrais dire aussi qu'elle ne m'a jamais agressée sexuellement.

Elle a bien fait de dire ça, la vérité.

En mentant sur cette agression sexuelle dont tout le monde sentait qu'elle n'avait jamais existé,

elle ne faisait que s'enfoncer, elle exaspérait tout le monde et sans doute probablement les jouerait.

Au terme de quatre jours de débats, l'avocat général dress un portrait au vitriol.

Elle est une femme envieuse, perverse, manipule la trice.

Elle a commis un acte parfaitement antinume,

en démembrant sa collègue avec la plus grande froideur.

Elle est dangereuse, elle mérite la prison à perpétuité.

Le délibéré dure à peine trois heures et elle a bien fait dire la vérité.

Ces avocats ont été de bons conseils car elle échappe à la perpétuité.

Elle est copte d'une peine de 27 ans de réclusion criminelle.

Elle ne s'en sort pas si mal au regard de la cruauté de son meurtre et du démembrement qui a suivi.

Et d'ailleurs elle l'a compris, elle ne fait pas appel.

Ce récit a été illustré d'un bout à l'autre par des extraits des six suites pour violoncelle de Jean Sébastien Bach

dans une interprétation du Yo-Yo Ma.

Sous-titrage ST' 501

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En mai 2016, à Toulouse, on retrouve flottant dans le Canal du Midi, les morceaux du corps d’une femme, deux bras et une jambe. Très vite, les soupçons se portent sur l’une de ses collègues de travail avec laquelle elle était en conflit.