Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Sophie Masala, La démembreuse de Toulouse - Le débrief

Europe 1 Europe 1 4/11/23 - 15m - PDF Transcript

Renaud.

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Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Ondelat reçoit un invité,

acteur direct de son récit.

Je vous ai raconté l'enquête sur le meurtre en 2016 à Toulouse,

de Marine Planche,

tuée et démempré par l'une de ses collègues de travail, Sophie Massala.

Et pour débriefer cette histoire,

je suis avec l'avocate de la famille de Marine Planche,

maître Laurent Bogué, du barreau de Toulouse.

27 ans de prison, est-ce que vous êtes d'accord avec moi

pour dire qu'elle ne s'en sort pas si mal que ça?

Oui, étant précisé que toute façon,

une fois encore les attentes d'une famille dans la douleur

ne sont pas nécessairement calibrées par rapport au quantum de la peine.

Ce qui avait été, je dirais remarqué et apprécié par la famille,

c'est que la circonstance aggravante de l'état de faiblesse de Marine Planche

avait été retenue dans le cadre du délibéré de la cour d'assises

et qu'effectivement, tous les mensonges qui avaient porté atteinte,

non seulement à l'intégrité corporelle de la victime,

mais surtout sa réputation,

ont été au fil de ces journées de procès complètement balayées.

Donc elle craque au procès,

et elle avoue ce qui était évident,

c'est-à-dire qu'elle n'a pas tué en état de légitime défense.

Racontez-moi à ce moment, maître Bouguet, où elle lâche enfin la vérité.

J'ai envie de dire que, de toute façon, ce qui interroge,

c'est le formidable décalage entre les froids qui inspire le dossier

dont vous avez rappelé dans le détail la teneur,

un corps qui est redécouvert un petit peu comme on assemblerait les pièces d'un puzzle,

une angoisse effectivement, une incompréhension au niveau de la famille,

et puis un travail de qualité accompli méthodiquement par les services d'enquête,

qui, entre tous, ont permis d'établir une culpabilité complètement avérée.

C'est-à-dire qu'on sait que, par rapport au profil de Sophie Massala, c'est elle.

On sait qu'à l'âge, je dirais, avec une cruauté,

une violence sans jamais manifester le moindre signe d'arrêt ou le moindre signe de remords,

elle se saisira de la carte bancaire de sa victime,

tout en la faisant vivre, entre guillemets, par l'intermédiaire de texto

pour mystifier un petit peu les membres de sa famille qui sont dans l'inquiétude.

Elle retirera de l'argent. Enfin, on est véritablement sur une froideur absolue.

Mais au procès, elle craque. C'est-à-dire qu'elle ment toute l'instruction,

elle ment tout le début du procès, puis tout d'un coup,

semble-t-il sur les conseils de son avocat,

elle admet que l'autre ne l'a harcelée pas

et que c'est elle qui l'a tuée, qu'elle ne l'a pas agressée en premier?

Elle est acculée. Sophie Massala subit le feu roulant des questions

des différentes parties, les partis civils, évidemment,

l'avocat général et le président qui l'a met face à ses nombreuses contradictions.

Et il arrive un moment où l'ambiance est tout simplement intenable

et que si elle ne fait pas l'effort d'avancer vers les jurés,

je pense qu'elle va tout droit dans le mur.

Si vous m'autorisez cette expression, donc elle en lâche un peu,

mais nous restons à jeun au niveau effectivement des explications

et surtout du travail de résilience et de remise en cause

qu'on était en droit d'attendre d'elle.

Je vous rappelle que du temps s'est écoulé.

Elle a vécu plusieurs années en détention provisoire.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'a pas le sentiment

que Sophie Massala ait beaucoup réfléchi sur la portée de ses actes.

C'est son avocat, semble-t-il, qui l'amène à lâcher des choses sur la vérité?

C'est le rôle d'un avocat de faire ça, maître Bouguet?

Je pense que oui.

Je pense qu'effectivement, le procès pénal est un moment de vérité

et que c'est à l'honneur effectivement des gens d'Europe

que de pouvoir défendre parfois malgré eux les clients

qui leur ont confié cette mission.

Et dans le cas de Sophie Massala, ces conseils ont été, je dirais,

de bons conseils, c'est le cas de le dire, en lui recommandant

un changement de position qui était en réalité absolument nécessaire

parce qu'elle était totalement acculée.

Alors l'idée évoquée, maître Bouguet, par l'expert psychiatre,

est celle d'une blessure narcissique qui remontrait à l'enfance

et qui serait donc le moteur du crime,

le désamour en gros qu'elle vivait de la part de Marilyn Planche.

Est-ce que c'est une explication qui vous intéresse?

Oui, bien sûr. C'est de toute façon une piste qui convient d'explorer

parce que là encore, je dirais que le passage à l'acte dans sa clôté,

dans ses éléments constitutifs, le découpage du corps,

le fait que la tête soit conservée comme un trophée pose évidemment question.

On n'est pas systématiquement confronté à ce genre de scènes effroyables.

Et donc évidemment, on va rechercher, je vous rejoins tout à fait

par rapport à ce que vous disiez dans votre récit sur le fait qu'un criminel

est souvent un enfant malheureux, même si tous les enfants malheureux

ne devaient pas un passage criminel. On est bien d'accord.

Mais dans le cas de Sophie Massala, l'idée c'est qu'on a effectivement

un besoin quasiment obsessionnel de reconnaissance.

Je complète, je dirais le propos en disant qu'elle ne s'est jamais mise en situation

d'être appréciée par rapport à ses qualités

parce qu'il y a toujours dans le comportement de Sophie Massala

des transgressions qui vont effectivement la conduire à devoir répondre

de faits qui sont parfois infractionnels.

Vous citié cette espèce d'appétence maladive à l'argent,

ce qui est sans doute effectivement consubstantiel à l'idée

effectivement d'apparaître sous ses meilleurs atours,

mais elle a une gestion effectivement de sa propre existence

qui est de toute façon caractérisée par un déni permanent.

C'est-à-dire que de l'aveu même de son entourage familial, amical,

Sophie Massala passe son temps à raconter des histoires et à se raconter des histoires.

Si on suit la logique du coup de cette dépendance affective,

on est amené à se demander si Marilyn Planche n'a pas été dure avec elle.

Trop dure, mais elle savait pas bien sûr.

Alors moi j'ai eu l'occasion devant la cour d'assises

parce que j'accepte qu'on soit dans le cheminement et effectivement de l'explication,

mais vous aurez noté que ça n'est pas parce que Sophie Massala propose une explication

qu'il faut la tenir nécessairement pour acquis.

C'était bien toute la difficulté.

Et c'est vrai que ce que le dossier révèle,

c'est que Sophie Massala qui aurait souhaité effectivement refaire une vie professionnelle

en étant effectivement appréciée, remet encore une fois sa réputation en cause

parce qu'il y a des détournements au niveau notamment des chèques déjeuners.

Et on peut sérieusement penser que Marilyn qui était un peu, je dirais,

la maman de toute cette équipe dont l'activité consiste de toute façon à des handicapés au travail.

Donc il y a eu une empathie naturelle, elle à son niveau c'est sans doute rendu compte

qu'effectivement Sophie Massala transglaissait à nouveau des règles de fonctionnement.

Et à priori, ce qui est en jeu, c'est que Sophie Massala ne supporte pas d'être dénigrée

en dépit du caractère avéré des fautes qu'elle cobait.

Et ce qui se joue en phénomène de miroir, c'est un peu l'explication qu'on avait avancée,

c'est qu'elle reprochait en quelque sorte finalement à Marilyn Planche

d'être tout ce à quoi elle ne parviendrait jamais.

Et donc c'est insupportable pour elle parce qu'elle aura passé son temps à dénigrer une victime irréprochable

au niveau de son comportement, je dirais familial, amical et professionnel.

Et elle est allée sans aucune forme de retenue la salir en éfficant qu'elle travaillait mal,

qu'elle a détourné des dossiers, qu'elle lui avait fait des avances sexuelles.

Enfin bref que c'était quelqu'un effectivement qui trompait son monde

et qui ne devait pas mériter la réputation qu'on lui faisait.

Et je crois que ça a joué très profondément dans le psychisme de Sophie Massala

en correspondance avec effectivement les félures narcissiques dont on était en train de parler.

C'est-à-dire que ce besoin de reconnaissance et besoin d'amour, en fait non seulement elle ne l'obtient pas,

mais ce qui lui est insupportable c'est que Marline Planche incarne très précisément ce à quoi elle n'aboutira jamais.

Le démembrement du corps, alors elle le présente-elle comme utilitaire.

Elle était trop grosse pour que je la transporte et que j'évacue le cadavre.

Mais on a un petit doute parce qu'il y a une énorme froideur quand même dans le découpage d'un corps qui dure 8 heures

et son transport, enfin le transport des morceaux qui dure 4 heures dans le caddie jusqu'au canal.

Ce n'est pas utilitaire ça, ça c'est machiavélique.

Vous avez tout dit M. Delatté, c'est-à-dire qu'à un moment donné on ne peut pas satisfaire,

je dirais, à un jury populaire d'une explication à l'écume des vagues.

C'est bien plus profond que ça. Effectivement il est une chose de donner la mort à quelqu'un,

étant précisé qu'il y a un guet à pan, elle avait utilisé les clés et en réalité Marline Planche

a la le temps de se dévettir tout simplement parce que son bourreau est caché dans un recoin

effectivement de son appartement et qu'elle se dissimule à sa vue.

Donc en réalité Marline Planche, elle est victime effectivement d'un piège.

À partir de là, imaginez qu'elle prenne une initiative avec les handicapes qui étaient les siens,

elle était atteinte d'une quasi-saisité et elle était effectivement un peu handicapée sur le plan physique.

Il est inconcevable qu'elle est plus effectivement se montrer menaçante à l'égard de ce film à cela.

Ça c'est la première réalité. La deuxième réalité c'est qu'il est une toute autre démarche

et vous en conviendrez facilement, qui consiste effectivement à aller faire ces petites courses

dans le magasin d'outillage du coin, porter acquisitions du matériel pour effectivement découper un corps,

pour en assurer le transport, pièce par pièce, étant précisé que si on doit être tout à fait complet

pour définir l'horreur, quand elle transporte la tête de sa victime, elle le fait dans un sac à dos

en empruntant le métro, c'est-à-dire qu'en fait, au vu de tous, elle ne vit pas avec la moindre difficulté

le transport de la tête de sa victime, qu'elle va presque de manière symbolique,

un peu comme dans les sociétés primitives, conservée, alors dans une partie du jardin

qui joue effectivement son appartement, mais qui concrètement situe le lieu de ses cultures

à moins de 30 centimètres de l'endroit où elle met sa tête pour dormir.

Donc vous voyez, c'est quand même des choses qui interpellent, qui interrogent,

parce qu'il y a un moment où on se dit, malgré tout, si le passage à l'acte a été, comme elle le prétendait,

y réfléchit puisqu'elle a évolué, c'est plus de la légitime défense, mais malgré tout,

ça présente une dimension un peu accidentelle, il n'y a jamais le moindre remord

qui pousse l'intéressé à se présenter aux forces de police en disant, bon voilà,

l'irréparable a été commis, en fait, je me suis rendu coupable de quelque chose que je ne désirais pas,

c'est pas du tout la mécanique qui est à l'œuvre, en réalité, elle assume si bien

qu'elle est capable pendant 8 heures de siller le corps avec une scie à métaux.

Alors à côté de ça, il y a quelque chose que je trouve assez saisissant,

les gens regardent la télé, quand même ça fait 20 ans qu'on parle des experts à la télévision,

chacun sait que quand on a un téléphone portable dans sa poche, ça permet de nous tracer au millimètre,

et bien là, elle va à Montpellier avec le téléphone portable de la victime,

aller retour la scène sur le palier à laquelle assiste le voisin,

à partir du moment où le voisin l'a vu, elle ne peut pas tuer Marineine Planche, elle la tue quand même,

c'est-à-dire qu'elle est irrationnelle, elle va se faire pincer, elle le sait.

Mais je crois si vous voulez que ces mécanismes de défense,

on compte totalement, elle vit dans un univers parallèle fait de déni, de falsification,

de discours parfaitement contradictoires, dans le même temps d'attitude de séduction

à l'égard des psychiatres, des experts, elle est toujours en train d'essayer

de manipuler un peu son auditoire, on a pu noter d'ailleurs qu'elle s'y employait au moment du procès,

et que lorsque elle échoue effectivement dans ses entreprises,

eh bien c'est quoi qui est à l'œuvre, c'est-à-dire en fait un champ pulsionnel

qui la submerge complètement, et là elle se comporte de manière quasi-animale,

et lorsqu'effectivement la raison reprend ses droits, alors là elle va essayer d'aménager sa vérité

et de raconter effectivement des histoires qui n'ont en réalité ni que ni tête.

Merci infiniment maître Laurent Bogué du Baro de Toulouse d'avoir accepté le débrief de cette histoire.

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En mai 2016, à Toulouse, on retrouve flottant dans le Canal du Midi, les morceaux du corps d’une femme, deux bras et une jambe. Très vite, les soupçons se portent sur l’une de ses collègues de travail avec laquelle elle était en conflit.