La source: Serial Killer 3/5 : Guy Georges, "le tueur de l’Est parisien"

Radio France Radio France 8/13/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

France Inter.

Aujourd'hui, on va faire sensible l'affaire qui gorge le tour de l'est Parisien.

De 1991 à 1997, cet homme tue cette femme à Paris.

La plupart dans l'est de la capitale d'où sont surnoms.

Pendant toutes ces années, les policiers du 36Q des Orphèvres vont chercher, enquêter, buter, jusqu'au traumatisme professionnel.

Et Français, eux, découvrent la figure du serial killer qu'ils pensaient réserver aux États-Unis.

Une inquiétude collective alimentée par la presse gagne la capitale et le pays tout entier.

Pendant plusieurs mois, les policiers traquent ce tour qu'ils ne parviennent pas à identifier.

Ils savent, ils disposent d'un ADN commun, retrouver sur plusieurs victimes,

mais il aurait impossible de mettre un nom sur le tour de l'est Parisien.

Qui est-il ? Où est-il ?

Les deux questions de base auxquelles tout policier qui ne trouve pas de réponse est un policier en échec.

C'est de cette histoire, nous nous parlerons également avec Patrice Bertin, journaliste, ancien directeur de la rédaction de France Inter.

Il est l'auteur du livre Sérielle Douleur, 7 familles face à Guy George, publiée en 2004 aux éditions.

Le cherche lui dit.

A faire son site d'une émission de France Inter, en partenariat avec Lina, préparé par Simon Maisonob,

avec l'appui de Léa Dupuyen-Kin et des documentalistes de Radio France et de Lina,

coordination Christophe Barrère, programmation musicale, Thierry Dupin,

réalisation Coyenne Guyenne et Jérôme Chellius, à la technique aujourd'hui, David Federmann, Jean-Noël Velland.

26 janvier 1991, il est minuit 48, quand le chef de groupe de la Brigade Criminelle de Paris,

de permanence, ce soir-là, est réveillé. Michel Bustamante, à l'habitude de ses appels nocturnes,

cela fait presque 15 ans qu'il est inspecteur divisionnaire au 36 quai des Orphèvres.

Lui et son équipe doivent tout de suite se rendre sur la scène d'un crime à Paris dans le 14e arrondissement.

Arrivé sur les lieux, l'équipe de Michel Bustamante entre dans l'immeuble et cravit les 6 étages,

qui menent une petite chambre de bonnes.

Sur le lys simple du petit studio G. Pascal Escarfaille, une jeune femme blonde, de petite taille.

Elle est dénudée, sa tête est renversée en arrière, ses bras sont derrière son buste.

Elle a la gorge tranchée, on découvre son collant retourné et sa jupe à l'envers.

Son tigeur noir, il est rabattu vers le haut pour dégager ses seins.

Le soutien gorge est coupé entre les deux bonnets, son sous vêtement aussi, des deux côtés.

Entre le studio studio et le corps de la jeune fille violentée, violer le contraste est saisissant.

Les quatre policiers sont sous le choc.

Ils reprennent leur esprit et constatent les faits.

Le sac à main de la victime, ses papiers d'identité, sa carte bancaire sont introuvables.

Le téléphone a été arraché.

A trois heures du matin, Michel Bustamante appelle le père de la victime pour lui annoncer la terrible nouvelle.

A l'autre bout du fil, Jean-Pierre et Scarfy restent sans voix.

La douleur dans le silence.

L'enquête commence.

Elles sont d'abord le voisinage, interroge les proches.

La photo de Pascal et Scarfy et son dossier sont mis en évidence sur le bureau de Michel Bustamante

comme une obsession avec ce désir de ne jamais lâcher, considérer ce dossier comme une affaire personnelle.

Mais rien, pas un témoignage, pas un élément, pas un début de piste pour retrouver le coupable.

Dans ce genre de situation, on a coutume de dire que l'enquête piétine une formule commode pour théoriser l'échec.

L'absence des fractions et les fragiles témoignages des voisins laisse penser que l'assassin est un proche de sa victime.

Alors, son tour à tour soupçonnée le père de Pascal et Scarfy et son petit ami, ses copines de la fac,

le fils d'un magistre appui, de nouveaux éléments viennent étayer le dossier, croit-on.

Le rapprochement avec un autre crime quelques années auparavant dans la maison du grand-père de la victime,

on soupçonne un électricien présent sur les lieux des deux drames,

purent coincidences, des lettres anonymes sont envoyées, fausse piste, là encore.

Les enquêteurs ne le savent pas, mais ils viennent de découvrir le premier meurtre d'une série macabre.

L'auteur de ce crime, c'est Guy Georges.

En ce mois de janvier 1991, il est en semi-liberté à la maison d'Arrin de Caen.

Le soir du rame, il a décidé de ne pas rentrer à la prison et il tue.

De 1991 à 1997, Guy Georges va agresser et enlever la vie à une dizaine de femmes à Paris.

Pascal et Scarfy est la première victime d'une liste.

Pendant six ans, la brigade criminelle va traquer ce serial killer,

le suivre tout au long de ses sept meurtres et de ses agressions,

une longue traque dont la presse ne s'empart réellement qu'en 1997.

15 novembre 1997, Paris 11e arrondissement Estel Magde est retrouvé morte dans son appartement

deux mois seulement après la découverte du corps de l'étudiante Magali Sirotti par l'équipe du commandant Vasquez.

Pour la première fois, l'hypothèse d'un fleur en série est évoquée par la presse.

Sans vouloir exagérer, on peut dire ce soir qu'une petite psychose est en train de gagner le 11e arrondissement de Paris.

Autrement dit, les quartiers de Bastille et de République.

Dans cet arrondissement, en effet, on a retrouvé le week-end dernier

le corps d'une jeune femme de 25 ans égorgée chez elle.

Et on pense que son assassin pourrait être un tueur en série,

un serial killer, comme on dit aux Etats-Unis,

qui aurait déjà assassiné deux femmes en 94 et 95 dans le même secteur géographique.

Et peut-être d'ailleurs une quatrième jeune femme, le 23 septembre dernier,

cette fois-ci dans le 19e arrondissement.

Depuis trois ans, l'équipe de la brigade criminelle de Gérald Sanderson enquête

sur une série de meurtres de jeunes femmes dans des appartements.

Lorsqu'elle découvre le cas d'Estelle Magde, elle sait.

Les policiers reconnaissent immédiatement la signature du tueur en série, celui qu'ils cherchent.

Dans l'appartement, on trouve un switch shirt guériclaire à capuche.

Les premiers prélèvements de SWIR sur ce vêtement sont immédiatement envoyés pour analyse génétique.

Les résultats confirment la première impression des policiers.

Il s'agit bien de l'ADN de SK1 pour serial killer numéro 1, découvert dès 1995.

En effet, c'est le même code génétique que celui retrouvé sur les autres scènes de crime

le 9 décembre 1994 chez Agnès Nishkamp, une décoratrice d'intérieur de 32 ans

et le 8 juillet 1995 chez Helen Friedking, une psychomotricienne de 23 ans.

Toutes les deux ont été violées et égorgées selon le même rituel et toutes les deux dans l'Est de Paris.

Et ce n'est pas fini.

On trouve le même ADN que sur le mégot de cigarette laissé par l'homme chez Elizabeth Ortega, cette jeune femme a rescapé.

Dans la nuit du 16 au 17 juin 1995, elle a croisé la roue du suspect, mais elle a réussi à s'enfuir.

Alors, elle devient le témoin clé de l'enquête.

Elle dress un portrait robot de l'homme, le décrivant comme maghreb impuissant et athlétique.

Pendant des mois, elle aide les policiers dans leur patrouille entre Bastille et République.

Elle s'improvise auxiliaire de police.

De surcroît, les enquêteurs ont dans leur jeu un autre indice.

Chez l'une des victimes, ils ont retrouvé dans son sang une empreinte de pied dont le second orteil est plus grand que le pouce.

C'est ce qu'on appelle un pied égyptien assez rare pour être noté.

Alors, ils interpellent à Touva, ils déchaussent, ils vérifient, ils font des prises de sang pour comparer les ADN.

Mais ce coup de pouce n'en est pas un.

Les investigations sur ce terrain ne donnent rien.

Le temps passe et quelques circonstances aggravantes s'invitent.

Les attentats à Saint-Michel de 1995, la mort de la princesse Lady Dye,

autant d'événements qui mobilisent les enquêteurs et les détournent de leur objectif.

Ainsi, quand ils découvrent en 1997 coup sur coup les cadavres de Magheli Siroti et d'Estel Magd,

il est trop tard.

Le tour est revenu et a encore sévi.

Chez les parents des victimes, c'est la colère et l'incompréhension.

Ceux de Magheli Siroti confient leur effroi.

On ne sait rien depuis deux mois, on ne sait rien.

Ils nous ont rien dit pour que c'est tout.

Il faut surtout absolument que ça cesse, ça cesse, qu'il y en ait pas d'eau.

Parce qu'on disait peut-être qu'ils vont l'attaper parce que notre fille, bon, c'est la dernière.

Il faut que ce soit la dernière et puis non, malheureusement,

maintenant une autre famille est dans le même cas que nous et c'est malheureux, c'est malheureux à dire.

Et pourtant depuis un an,

une nouvelle patronne est arrivée à la tête de la brigade criminelle,

s'appelle Martin Montaille.

On l'a dit, poigne de fer dans un gant de velours,

capable de remettre de l'ordre 36 qu'est des orphèves.

Et puis, elle fait de l'assassinat de femmes une priorité et une affaire personnelle, elle aussi.

La policière sent que dans cette histoire, quelque chose cloche.

Elle détecte un manque de discussion et de cohésion entre les équites,

notamment entre celles de Gérard Sanderson et de Christian Pellgrin.

Le premier s'occupe des meurtres en appartement,

le second enquête depuis 1994 sur deux meurtres perpétrées dans des parkings,

ceux de Catherine Rocher, le 6 janvier 1994 et d'Elsa Benadie, le 6 novembre de la même année.

Même tableau, les deux femmes ont été retrouvées, violées,

poignardées dans leur voiture, dans un parking souterrain.

Dans les deux cas, aucun témoin.

Une tâche de sang sur un prospectus et une empreinte digitale sur le capot de la voiture pour seul, un diss.

En revanche, c'est le même mot d'opératoire.

Les sous-vêtements sont découpés à l'arme blanche entre les bonnets pour le soutien gorge,

sur les côtés pour le sous-vêtement.

La braguette des pantalons est découpée.

Les victimes présentent les traces de couteaux sur la poitrine et sur la gorge.

Détails sordides, mais éléments fondamentaux pour l'enquête d'où leur évocation dans ce récit.

Certes, des éléments diffèrent entre les meurtres et les appartements et ceux des parkings et tout de même.

Il y a des similitudes.

Et c'est aussi ce que se dit la troisième équipe, celle de Michel Bustamante,

qui travaille depuis des années sur le meurtre de Pascal Escarfaill et le meurtre de 1991.

Au moment de l'assassinat d'Estelle Mac dans 1997, le dernier en date,

un membre de l'équipe entend la description de la scène découverte par ses collègues.

Il demande à voir les photographies.

Il les compare à celle de Pascal Escarfaill, bingo, c'est du copier collé.

En cette fin d'année 1997, la brigade criminelle en est désormais quasi-certaine.

Les sept meurtres au commis de 1991 à 1997 sont l'œuvre du même tueur.

Alors en s'aptive, ils ont décidé de rappeler la rescapée.

Elles avaient horté gars pour mettre à jour le portrait robot du suspect et le diffuser.

Depuis ce matin, le portrait robot du tueur en série de l'Est parisien

est placardé sur les murs de tous les commissariats.

Il est aussi publié aujourd'hui par le parisien et par François.

Du coup, le téléphone n'a pas arrêté de sonner à la brigade criminelle.

Et ce soir, il semblerait que la police ait élargi son enquête.

On parlerait maintenant de sept meurtres.

La brigade criminelle se retrouve face à ce qu'elle redoute depuis le début.

Une fuite médiatique.

En effet, la presse diffuse l'information.

Les familles des victimes prennent la parole.

Le tueur en série se retrouve sous le feu des projecteurs.

Cette exposition pourrait le faire fuir.

Donc, il faut agir et vite.

Toutes les équipes se mettent sur l'affaire.

Le juge d'instruction en charge du dossier Gilbert Tille

passe à la vitesse supérieure.

C'est une course contre la montre.

Les policiers lancent un appel à témoin.

Le suspect est de type nord-africain.

À jeux de 25-30 ans, il mesure entre 1,75 m et 1,80 m.

Atlétique, 80 kg environ, teint très mat.

Il s'exprime en français, sans accent.

Porte un blouson de type Bombers, couleur foncée,

un numéro vert et diffusé.

À partir du 26 novembre 1997,

le portrait robot du tueur présumé est partout.

La presse, le publiant une.

Les journaux télévisés ouvrent sur le monstre de la Bastille,

comme ils disent, le tueur de l'est parisien.

Alors, l'inquiétude s'installe à Paris.

Pas forcément la psychose, mais l'inquiétude.

J'aurai nuit, la police est harcelée de coups de téléphone.

Tout le monde pense avoir croisé le serial killer au coin de la rue.

Les jeunes femmes n'osent plus sortir ou rentrer seuls la nuit.

Les ventes de bombes lacrymogènes explosent.

Les journalistes sont de ce sentiment

qui gagne tout un quartier de la capitale

à l'image de cette femme qui témoigne au micro de France Inter.

Les gens en parlent beaucoup, les gens ont peur

et les gens achètent le journal pour voir le portrait robot

et voir ce qu'il en est, essayer de faire quelque chose

pour que ça avance et qu'on le retrouve, je crois.

On achète le journal pour le portrait robot

et à la suite de ça,

certaines personnes ont l'impression

systématiquement de l'avoir rencontré

ou de le côtoyer quotidiennement.

C'est sûr, c'est lui.

Certaines personnes effectivement sont persuadées

d'avoir côtoyé le meurtrier.

Bizarrement, je pensais qu'étant donné

que c'est un personnage qui a l'air de s'attaquer aux jeunes femmes,

c'était plutôt les jeunes femmes qui avaient peur,

apparemment non.

Les jeunes femmes ont peur, mais aussi les femmes,

les gens âgés, un petit peu tout le monde se sent concerné.

Dans le voisinage, des portes qui étaient habituellement

assez ouvertes de jour comme de nuit,

des portes d'immeubles qui ont un code,

sont maintenant fermées, parce qu'on prend des précautions.

Chez le juge, Gilbert Tilly,

aux 36 cas des Orphèvres,

le plus important reste l'identification du toeur.

Et on sait à quel point un portrait robot et fragile,

alors, que faire ?

Eh bien, c'est une faille juridique

qui va venir au secours des enquêteurs

et leur permettre de découvrir enfin

qui se cache derrière le toeur

de l'est parisien.

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Le juge d'instruction Gilbert Tilly

fait partie de ses hommes que la réputation précède.

Sa bonomie et son franc parlait son légendeur.

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La loi interdit de constituer des fichiers génétiques,

effectivement, mais elle n'empêche pas

de comparer, au cas par cas,

un ADN avec d'autres traces.

Le juge d'instruction ordonne alors

à tous les laboratoires de France

de comparer l'ADN masculin inconnu de SK1

à ceux dont il dispose

dans leur laboratoire,

un par un.

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Et le 24 mars 1998,

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durée :00:54:59 - Affaires sensibles - De 1991 à 1997, Guy Georges tue sept femmes à Paris. Récit d'une psychose collective et d'une enquête, à la recherche du serial killer surnommé "le tueur de l'Est parisien".