La source: Serial Killer 1/5 : Francis Heaulme, le routard du crime
Radio France 8/13/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
François Inter
Aujourd'hui, d'en faire sensible, retour sur le parcours sanglant de Francis Holm.
Lorsqu'en janvier 1992, le genre d'armes Jean-François Abgaral
passe les menottes au poignet de cet individu,
il pense en avoir enfin terminé avec une enquête de plus de deux ans.
L'homme qui le tient est son suspect numéro un,
dans l'affaire du meurtre de Aline Perez,
une aide soignante retrouvée morte sauvagement assassinée sur une plage près de Brest.
Mais alors que l'enquête qui le mobilise depuis mai 1989 touche à sa fin,
Jean-François Abgaral a une intuition.
Aline Perez n'est pas la seule victime de Francis Holm.
Alors, durant plusieurs mois,
Pugnaz, le genre d'armes va se plonger dans le parcours signeux
de ce vagabond qui sillonne la France depuis plus de sept ans.
Et il découvre très vite que partout où il passe,
Francis Holm laisse derrière lui de nombreuses traces et sans doute de nombreux meurtres,
dont celui de deux enfants à Montigny-Némès,
pour laquelle le jeune Patrick Dill s'avait été accusé à tort,
victime de ce qu'on peut appeler en l'espèce une horreur judiciaire.
Notre habité aujourd'hui, Michel-Marie,
journaliste et grand spécialiste français des faits d'hiver,
il est avec nous en studio pour la seconde partie de l'émission,
il a couvert l'affaire Francis Holm pour détective.
Affaire sensible, une émission de France Inter, diffusant direct,
récit documentaire gaz par velu, coordination franco-nière,
chargé de programme, rébécadonnante, réalisation David Leprince.
Fabrice Drouelle, affaire sensible, sur France Inter.
Je la connais à la plage, je suis allé, mais la veille, le 13,
j'avais pris des médicaments, en plus j'avais bu.
Alors là, j'ai eu mon rêve, j'ai vu un homme qui prenait une femme,
avec un couteau, mais j'ai juste rêvé.
Mardi 7 janvier 1992, l'adjudant de gendarmerie renée Jean-François Abgar
a pris place dans la voiture de ses collègues de l'Est de la France.
Ce jour-là, il est en Alsace, à des centaines de kilomètres de la Bretagne
où il travaille, il vit.
Après une dizaine de minutes de route de Pistrasbourg,
la voiture bleue de gendarmerie passe devant le panneau indiquant l'entrée
de la commune de Buchevilleur.
Jean-François Abgar sait que ce moment-là est un moment important.
Il enquête sur le meurtre d'Aline Perez,
une aide soignante retrouvée morte, assassinée sur une plage
près d'Obreste en mai 1989.
Après deux ans à courir derrière son suspect numéro un,
Amgar l'en est sûr, le dénouement est proche.
L'homme qu'il s'apprête à arrêter s'appelle Francis Holm.
C'est un sans-missile fixe, un vagabond de 33 ans.
Il est grand, porte de grosses lunettes au verre légèrement fumée
posée sur un visage émassier et un menton en galoche.
Ses lèvres fines constamment rentrées dans sa bouche
lui donnent presque un heure de vieillard.
Jean-François Abgar a conné parfaitement ce visage.
Il croit d'ailleurs tout connaître du personnage.
Il l'a rencontré deux fois, deux interrogatoires
durant lesquels le gendarme s'est forgé d'intimes convictions.
Francis Holm est bien le meurtrier qu'il recherche.
D'ailleurs, le vagabond lui a fait comprendre haut à sa manière.
Comme le racontait même Jean-François Abgaral en 2004
dans un numéro de fête entrée d'accusé
consacré au paro criminel de Francis Holm.
Notre conversation était assez courte
puisqu'il a vu que je n'avais pas d'éléments nouveaux
pour le confondre.
Il s'est amusé de me voir empêtrer dans mon enquête.
J'ai une audition très limite.
Avant de partir, il m'a glissé une petite phrase
qui m'a bien choquée, c'est-à-dire
qu'il m'a dit je sais que tu sais.
Oui, mais cette fois la donne a changé.
Au terme d'une enquête fastidieuse, Jean-François Abgar a enfin
en sa possession l'élément clé
pour confondre Francis Holm,
un témoin au clair.
Le grammaire me commence alors une nouvelle partie de son travail
et s'enferme en salle d'interrogatoire
avec son suspect pendant de longs heures.
Durant lesquels, il va peu à peu se plonger
dans la vie de celui qui s'avère être un routard du crime.
On fait la route, hein, on a forcément un pépin un jour ou l'autre.
Je sais que, moi, c'est fait que je vais quelque part
et quelqu'un qui fait une connerie.
Francis Holm naît le 25 février 1959
à Messe, en Moselle.
Il est le fils de Marcin Lénicolle.
Avec sa petite soeur Christine,
il vit une enfance difficile.
Son père, modeste électricien, est un alcoolique violent
qui s'en prend aussi bien sa femme que son fils.
Ce n'est qu'auprès de sa mère que le garçon physique
déjà particulier semble trouver du réconfort.
Pour lui, elle est une sainte.
Né, Nicole Holm, qui travaille alors comme femme de ménage
est dépressive et alcoolique, elle aussi.
Elle est une mère aimante mais très souvent absente.
Les deux enfants sont donc livrés eux-mêmes.
Ils doivent se débrouiller comme ils peuvent pour manger.
Et quand ce ne sont pas les voisins qui leur rapportent le dîner,
Francis descend à la supérette acheter des boîtes de pâté pour chat.
Une curieuse habitude qui le suit partout.
À tel point qu'il se fait parfois appeler Félix
comme Félix le chant.
La scolarité de jeune homme est chaotique.
Il se retrouve vite inscrit dans un établissement spécialisé
pour élève difficile, où il suit un CAP pour devenir électricien.
Mais là encore, Francis Ault ne trouve pas sa place.
D'ailleurs, il est souvent absent en raison de ses passages
répétés en optapsychiatrique.
Ces seuls moments de répit sont ses sorties à vélo
avec le groupe de cyclistes qu'il rejoint à l'adolescence.
Il quitte l'école.
Il commence à travailler pour une entreprise
des travaux publics situés près de ses parents.
Encore une fois, il laisse une impression étrange à ses collègues.
Il est perturbé, tout le monde le voit,
comme son ancien patron et sa femme.
Il se coupait la joue, il se taillait les bras
ou il se griffait avec une fourchette.
Un jour même, il s'est attaché le poignet
avec un fil de fer serré avec une tonneille.
C'est une infirmière qui lui a enlevé le fil de fer.
Autrement, il repart du samain.
Je lui disais toujours pour que tu t'aies fait du mal
que tu t'es coupé parce que bien souvent,
il se taillait les poignets.
Je disais, oh, ça n'allait pas.
Mais jamais, il nous a donné d'explications, jamais.
Le fragile équilibre de Francis Holm
tombe en ruine le 16 octobre 1984
quand sa mère meurt des suites d'un cancer.
Pour lui, le choc est terrible.
Il était jusque là, son seul et unique repère,
la sainte qui, pense-t-il, alors le protégeait.
Lors de l'enterrement,
Holm se jette sur le cercueil déjà plongé dans la fausse.
La famille Holm s'écroule.
Marcel est déjà parti de l'appartement familial
pour s'installer avec sa nouvelle compagne.
Christine, la sœur de Francis, s'installe, elle,
chez son fiancé.
Si bien que, du jour au lendemain,
Holm se retrouve seul, s'enfilé,
livré à son alcoolisme et à ses pulsions violentes.
Pour l'amour de ma mère, 84,
c'était foutu.
Je me suis dit,
faut l'équider, je veux l'équider.
Donc ma mère était en vue, je me suis retenu, mais...
Trois semaines plus tard, le 5 novembre 1984,
il quitte le travail en compagnie de son collègue, Joseph Molinz.
Les deux décident d'aller voir tel que vers dans un bar du coin.
Mais la soirée se prolonge et les deux hommes
sont en ivro pastissés à la bière.
Vers 22 heures, Francis Holm monte
dans la voiture de son collègue.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il roule
dans une rue de Pont-Amousson,
ils tombent sur Lionel Gineste,
une jeune femme de 17 ans qui fait du stop sur un rond-poids.
Elle cherche à rentrer chez elle, à limer,
un village situé à quelques kilomètres de là.
Les deux hommes proposent de la déposer.
Très bien, sans se poser de question,
la jeune femme monte à bord.
La voiture s'engage alors sur la D950
et prend la direction de l'Ouest.
Mais après quelques minutes,
le conducteur tourne subitement à gauche
et s'enfonce dans un chemin qui mène à la forêt de Puyvenel.
Lionel Gineste prend peur,
mais à la beau crier, ici, personne ne peut l'entendre.
Joseph Molinz arrête sa voiture en lisière du bois.
Il tire la jeune femme de l'habitacle et la viol.
Francis Hall met toujours assis sur le siège passager.
Il observe la scène.
D'ailleurs, il s'est mis d'accord avec son collègue.
Il ne veut pas.
Il ne peut pas la violer, me revanche.
Il veut la tuer.
Lorsque Joseph Molinz lui fait signe,
il sort de la voiture,
plonge une main dans sa poche
et sort un au-pinelle.
Pendant que ce complice sert la gorge de Lionel avec une ficelle,
Francis Hall ne tente plusieurs fois de l'égorger
avant de lui trancher la carotide.
Le corps, sans envie de la jeune femme,
est découvert le lendemain,
abandonné sur le petit chemin forestier.
Ce passage à l'acte,
quelques semaines après la mort de sa mère,
marque un basculement pour Francis Hallme.
Il a perdu son travail
et au bout du compte, il est parti de sa vie.
Une des cent ans en fer que sa soeur raconte.
J'ai décrédit chez un petit épicier.
Le loyer n'était jamais payé,
donc le propriétaire, c'est tout à fait normal.
Mon frère a fini dans la rue
et puis il a fait armée du salut et puis il a fait sa route.
Puis il a fini, on va dire,
vagabond.
Hallme, air de foyer, maïs, sang, gare, SNCF.
Il passe aussi du temps dans les hôpitaux
où il enchaîne les cures de désintoxication à l'alcool.
Le 29 décembre 1986,
il est hospitalisé près de Messe.
Ce soir-là,
il décide avec deux autres patients de s'échapper
pour aller boire.
À 5h du matin, au terme d'une nuit de beurrerie,
les trois hommes tombent néané à mécanique Maurice,
une caissière de 26 ans en route pour le travail.
Il l'enlève et il la tue.
Le 22 juin 1987,
Francis Hallme arpente une augue de charle-gulles maisières
lorsqu'il décide d'entrer dans une maison
pour tenter de la cambriolet.
Il est surpris par les deux occupantes
qui tentent de le faire fuir.
Georgette Maness et Gislène Ponsard,
86 et 61 ans,
sont tués de dizaines de coups de couteau.
Hallme quitte ensuite la région.
Il part pour un road trip à travers la France.
Il fait du stop, prend des trains, toujours sans billet.
Il effectue également des séjours en cures
de désintoxication en hôpital psychiatrice,
psychiatrique ou en établissement spécialisé.
Il passe dans le sud-ouest, dans le nord
ou encore en Bretagne.
Au début du mois d'avril 1989,
il se trouve aux abords du golfe de Saint-Tropez.
Il est précisément à Port Grimo.
Les touristes sont encore peu nombreux,
mais des vacances s'y occultent
déjà à les quelques camps inouverts du bord de mer.
Le 5 avril.
Il est en compagnie d'un homme
rencontré quelques heures plus tôt
lorsqu'il croise le regard de Joris Viville.
Le jeune garçon belge de 9 ans
est en vacances avec ses parents dans un camping de la ville.
Francis Holme lui pose une question,
mais Joris, qui ne parle pas français, lui répond en flamant.
Énervé par cette réponse qui ne comprend pas,
Holme frappe l'enfant et l'embarque de force en véhicule.
Les recherches pour retrouver Joris Viville,
un enfant de 10 ans disparu mercredi,
n'a rien donné aujourd'hui encore.
Le point sur les recherches avec André Grandis et Michel Partage.
Joris, 10 ans, et ses parents viennent depuis 5 ans
de la campagne des prairies de la mer à Port Grimo.
Le père a accepté de nous parler des circonstances
de la disparition de Joris.
Il avait l'habitude de sortir sans dire où il valait ?
Non, pas du tout. Quand il allait quelque part,
il était toujours, pas pour un moment, je vais là,
et quand il partait, c'était quand même après un quart d'œuf,
il était de retour.
Oui, il parle français ?
Pas du tout, quelques mots, oui et non, et c'est tout.
Des bords de mer au canot de Port Grimo,
les recherches s'effectuent de l'aube à la nuit tombée.
Le corps de Joris Viville est retrouvé le 22 avril
à une vingtaine de kilomètres du camping où il a été enlevé.
Le meurtre du petit garçon choque par sa violence d'abord
parce que c'est un infantici de la Transgression
et puis le médecin légiste qui autopsie la dépouille
rend son rapport.
Joris Viville a été écranglé avant d'être transpercé
de plus de 80 coups de tournevis.
...
...
...
...
...
...
...
...
Aujourd'hui, itinéraire d'un tour Francis Holm.
Francis Holm...
Qu'est-ce que vous voulez ?
Mais Francis Holm, j'ai un problème ?
J'ai envie que vous aillez te poignarder.
Du pire alcohol !
Vous le casse, criz !
Vous le casse, criz !
Affaire sensible.
...
Francis Holm ne s'attarde pas dans le sud-est.
Au début du mois de mai 89,
moins de deux semaines après le meurtre de Joris Viville,
il est en Bretagne.
Hospitalisé à Quimper, après un malaise cardiaque.
Mais il s'échappe régulièrement d'établissement.
Parfois, durant plusieurs jours,
il a pris ses habitudes dans une communauté émaïs au relais caron
près de Brest.
Le 14 mai, il est avec celui qu'on surnomme le Gaulois,
un autre sans-domisil fixe qui a fait étape dans le foyer.
Les deux hommes boivent des bières,
sont dérochés, prennent la route en surplomb de la plage.
Il est à peu près 17 heures.
Il remarque une femme allongée sur une cérillette
profitant d'un bain de soleil printagné.
C'est Aline Pérez.
A 17h05, elle se rallonge après avoir échangé quelques mots
avec un promeneur.
Holm descend sur la plage.
Il l'adresse et tue sauvagement l'aide soignante de 49 ans.
Son corps est retrouvé moins d'une heure plus tard.
L'enquête est confiée à la section recherche
de la gendarmerie de Rennes.
Dès qu'on arrivait sur la plage du relais caron,
l'adjudant Jean-François Ambral constate la violence du crime,
comme il le raconte dans son livre intitulé
« Dans la tête d'histoire ».
Rapidement, j'examine le corps.
C'est une petite femme d'une cinquantaine d'années au cheveux court.
Elle jit sur le dos, les jambes droites et les bras alignés.
Des gravillons sont collés sur sa joue droite.
Elle ne porte qu'un slip de bain.
Je suis frappé par l'aspect effrayant de sa blessure à la gorge
pour tant très peu en sanglanté.
Le cou a été tranché du milieu jusqu'à l'arrière de l'oreille gauche.
Une plaie propre, nette et précise.
D'autres coups de couteau apparaissent au niveau du sternum et à la base des reins.
La soudaineté et la brutalité de l'agression sont hors nord.
...
Aucun motif ne semble justifier le meurtre et d'Aline Perez,
une mère de famille sans histoire.
Ces affaires sont toujours présentes sur la plage
et aucune trace d'agression sexuelle n'est constatée.
Grâce à un témoin, Jean-François Ambral apprend
que les deux hommes étaient présents sur les rochers en contre haut de la plage.
À leur apparence, on jure qu'il s'agit de sang de messiles fixes.
Le gendarme sera alors dans le centre d'hébergement Emmaus
qui se trouve à une centaine de mètres de là.
Mais lorsqu'il arrive sur place, il ne trouve personne.
On ne voit rien d'étonnant selon les volontaires du centre
qui expliquent que les SDF freudent toujours les confrontations avec la gendarmerie.
Mais Jean-François Ambral ne repart pas les mains vides.
Il a en sa possession la liste de tous ceux qui sont passés par là les jours précédents.
Il la diffuse dans tous les commissariats gendarmerie de France.
Il ne reste plus qu'à attendre.
Un mois et demi plus tard, il reçoit un coup de téléphone
d'une gendarmerie de la Manche.
Ses collègues viennent de contrôler un sang de messiles fixes dans un train.
Ils s'appellent Francis Holm
et son nom se trouve bien sur sa liste.
Dans le documentaire de 13h15 le dimanche,
Francis Holm l'insaisissable,
Jean-François Ambral raconte sa première rencontre
avec celui qu'on appellera très vite le routard du Grigme.
On s'installe et je lui explique qu'il va être retenu
que j'ai besoin de savoir des choses sur son itinéraire,
sur son emploi du temps.
Et à peine on a commencé à s'installer,
qu'il me dit qu'il est sur la route depuis la mort de sa mère,
qu'il a vécu des choses qui l'ont traumatisé,
notamment son service militaire.
Au cours duquel il a appris à tuer une sentinelle.
Je ne vous cache pas qu'avec mon coéquipier on est un peu surpris
parce qu'on se demande ce que c'est que ce personnage.
Sachant qu'il vous parle avec une intensité extrêmement forte,
il vous fixe du regard et il ne vous quitte pas des yeux.
Il distribue ses mots, il attend de voir ce que ça fait.
C'est un sentiment un peu étrange.
Finalement il me décrit la façon dont il a appris,
soit disant, à tuer une sentinelle.
Et en trois gestes, il me décrit exactement ce qui est arrivé à l'intérêt.
Ça c'est pas quelque chose qu'on apprend à l'armée
et c'est pas des choses qu'on a l'habitude de voir
dans des scènes d'action criminelle.
Il ne s'arrête pas, il me dit qu'il avait des rêves de crime,
à tel point qu'il est obligé d'aller se laver les mains
pour effacer le sang virtuel qu'il a sur les mains.
Donc c'est très dérangeant.
Moi j'ai vraiment l'impression d'avoir à quelqu'un
qui relève directement la psychiatrie.
Ce premier interrogatoire éclaire le gendarme
car tout porte à croire que Francis Holm a quelque chose à se reprocher.
Pourtant, et il affirme,
le 14 mai, il était hospitalisé à Quimper,
à 80 km du lieu du crime.
Après vérification, Jean-François Aboual doit se rendre à l'évidence,
Francis Holm dit vrai, il est obligé de le relâcher.
Mais paraquille qu'on ne le voit pas,
il décide tout de même de se rendre à l'hôpital
pour quelques vérifications.
Et il fait bien.
Car il apprend que le relevé de température Holm
avait sur lui n'est pas une vraie garantie.
Non, les aides soignants laissent régulièrement
le soin aux patients de prendre leur température eux-mêmes.
Alors, était-il vraiment à l'hôpital
lorsque ce relevé a été effectué ?
Jean-François Aboual découvre également
que le lendemain du meurtre est sur la plage Bretonne,
une femme de ménage avait noté la présence de sable
dans la chambre de Holm.
Cette fois, Jean-François Aboual en est persuadé.
Il tient son coupable.
Mais qui pour l'heure, s'est volatilisé.
Il faut encore trois mois pour le retrouver.
Et cette fois, c'est un coup de téléphone
d'une gendarmerie de mort de Mosel qui me le met sur la piste.
Un certain Francis Holm vient de se présenter
pour déclarer la perte de ses papiers.
Jean-François Aboual monte alors dans un train
direction l'est de la France.
Mais l'entrevue ne se passe pas comme prévu.
Francis Holm calme sur ses positions.
Il sait que les gendarmes n'ont pas de nouveaux éléments
pour l'arrêter et il ne compte pas se laisser faire.
Pourtant, il semble comprendre que l'enquêteur n'est pas due.
C'est d'ailleurs ce jour-là qu'il lui glisse.
Je sais que tu sais.
Un aveu qui n'en est pas un, en tout cas, pas aux yeux de la loi.
Donc encore une fois, le gendarmes est contraint
de laisser filer Francis Holm qui s'évanouit dans la nature.
Et il faut attendre deux ans pour que l'enquête se dénoue.
Le 26 décembre 1991,
un SDF qui se fait appeler le Gaulois est arrêté à Bourges.
L'enquêteur le recherche depuis sa dernière rencontre
avec Francis Holm,
durant laquelle il avait mis ce qu'il qualifiait alors de Pépin
sur le dos de ce dénommé Gaulois.
Jean-François Abral comprendra plus tard
que lorsqu'il évoque des Pépins,
Holm parle en réalité de meurtres.
Alors sans hésiter, et alors que sa hiérarchie
n'est plus entier, réticente à le suivre,
le gendarmes prend la route en direction de Bourges.
L'interrogatoire débute mal.
Le Gaulois ne veut rien dire.
Dans son lit, il n'est même pas allé en Bretagne de sa vie.
Mais au bout de plusieurs heures, il finit par craquer, classique.
Voilà cette fois-ci, je vais tout vous dire.
Je me trouvais dans le buisson juste au-dessus de la plage.
Holm est arrivé, il a bu la moitié d'un lit de main rouge.
Il était très énervé.
Nous sommes descendus sur la plage par les rochers près du buisson.
Il avait une femme qui bronzait là.
Il s'est dirigé vers elle.
Je l'ai suivi d'une dizaine de mètres.
Holm était comme fou.
Je croyais qu'il allait la violer, alors je l'ai suivi pour intervenir.
La femme, quand elle l'a vue arriver, s'est ainsi sur sa serviette.
Elle avait peur.
Elle lui a demandé ce qu'il voulait.
Il a dit, je vais te sauter.
Elle s'est levée et a grippé Holm.
Lui l'a aussi tôt saisi au coup.
Je ne suis pas intervenu parce qu'il m'a dit méchamment,
pourquoi tu me suis?
La femme s'est mise à crier, je suis parti en courant.
J'ai rejoint la gare.
J'ai pris le premier train pour Paris.
J'avais peur.
Ce témoignage change tout pour Jean-François Abraal.
C'est l'élément clé qui lui manque depuis deux ans
et qui confirme ce dont il était déjà certain,
Francis Holm et le meurtrier de l'impéresse.
Et il sait où le trouver.
Lui a d'ailleurs rendu visite rassamment.
Holm vit dans un petit appartement à Berchviller,
près de Strasbourg.
Il est arrêté le 7 janvier 1992.
La troisième rencontre entre les deux hommes sera à l'album.
Et cette fois, il n'est plus question de se défiler.
Et Holm l'a bien compris.
Là, c'est tout à fait une autre histoire.
Parce que Holm ne joue plus.
Il s'aperçoit que les éléments qui lui sont présentés,
à savoir l'identification du témoin qui le met en cause,
est en possession des gendarmes.
De lui-même, lorsqu'il va consulter l'album photographique,
que je vais lui montrer,
où le fameux Gaulois est présent,
il va lui-même me raconter l'histoire en me disant
« Mais tu l'as trouvé celui-là ? »
« Je veux dire oui. Qu'est-ce qu'il t'a dit ? »
« Ben que c'est moi. »
Et puis il va expliquer l'histoire, les coups de couteaux,
par où il s'est sauvé, il va faire un schéma,
en expliquant sa position sur la plage, la position de la victime,
la position du Gaulois,
quelque chose d'extrêmement précis,
quel couteau il a utilisé.
Son alibi nous explique comment il est sorti de l'hôpital,
par où il est passé, comment il est revenu.
L'hôpital qu'il a commis à Brest,
tout à fait spontanément, et, en détail,
sans jouer.
L'affaire est désormais,
entre les mains des juges d'instruction,
mais le genre Mamm Grahle a une co-fiction profonde.
L'aide soignante,
n'est pas la seule victime de Francis Holmes.
Durant ces interrogatoires,
ce dernier évoque à plusieurs reprises
des scènes de meurtres dont il aurait été témoin.
Souvent délirant,
ces propos recèlent pourtant
des éléments étrangement proches de la réalité.
Jean-François Mgral décide alors de diffuser un message au gendarmerie et commissariat de France.
Il dresse le portrait de Francis Holm et détaille ce qu'il sait de son parcours.
Des enquêteurs de Reims, Bordeaux ou encore Avignon ne tardent pas le contacouter.
Tous sont intéressés par le profil et le parcours du tour d'Aline Pérez.
Quelques mois plus tard, Francis Holm est mis en examen dans trois autres affaires.
Au début de l'année 93, les investigations menées par Jean-François Mgral
font suffaisamment de bruit pour que les responsables parisiens de la gendarmerie nationale
lui offrent la possibilité de travailler à plein temps sur le cas Francis Holm.
Après tout, il est celui qui le connaît le mieux.
Il a réussi à établir une relation avec le toitur.
Il est donc le mieux placé pour coordonner les enquêtes qui le concernent.
Le gendarme quitte alors Reims pour s'installer à Ronisoubois
où se trouve alors l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie.
Et c'est donc depuis la région parisienne qu'il va remonter la trace de Francis Holm.
Dans les heures qui suivent son arrivée, Jean-François Mgral diffuse une fiche d'information
à tous les postes de police et gendarmerie de France.
Holm Francis a probablement commis de nombreux meurtres sur l'ensemble du territoire national.
N'agit pas toujours de la même façon, mort donnée par coup de poing, pierre, couteau, étranglement.
N'utiliserait pas d'armes à feu.
Des habits s'évictiment entièrement, ou en partie, qui choisit au hasard de ses rencontres.
L'effort devra porter sur toutes les traces de passage de l'individu,
les affaires de meurtres non solutionnées, les disparitions et découvertes de cadavres.
Les renseignements seront transmis avec le nom de code Holm Francis.
Jean-François Mgral plonge alors dans le parcours de Francis Holm,
retrace sa route grâce aux éléments dont il dispose déjà.
Il consulte tous les registres ou apparaît son nom.
Et il y en a beaucoup.
Amandace Ncf, contre le police, hôpitaux publics, établissement psychiatrique,
registre médicipaux, encore foyers et maïs, partout où il passe,
Holm laisse une trace.
Très vite, les gendarmes parviennent à dessiner l'itinéraire du vagabond.
Entre 1986 et 1992, Francis Holm a parcouru la France en long en large et en travers.
Il a visité par moins de 87 départements.
Amgral demande ensuite la liste des meurtres non résolues à travers le pays
sur une période de 10 ans, entre 1981 et 1991.
En tout, ce sont près de 1125 affaires qui ressortent des fichiers informatiques.
En superposant la carte des trajets de Holm à celle des meurtres non résolues,
Jean-François Amgral et son équipe retiennent finalement une cinquantaine de cas
pour lesquels il pourrait être impliqué Francis Holm.
Le gendarmes devine alors qu'il est encore loin d'avoir percé tous les secrets de ce Francis Holm.
Peu de temps après, l'enquêteur est sollicité par des gendarmes de la région de Metz
qui cherchent encore l'assassin de Laurence Guillaume,
une jeune femme retrouvée morte dans un champ le 7 mai 1991.
C'est vers 13h30 que Laurence, une adolescente de 14 ans,
disparu la nuit de mardi à mercredi, a servir les Sainte-Barbe près de Metz,
qui a été retrouvée morte poignardée.
Son corps a été découvert dans un chemin de terre près de Rugy, situé à 20 km de son village.
C'est un jeune de 15 ans qui l'a trouvé dénudé et marqué au visage.
Laurence était rendue à Metz dans la soirée de mardi pour sortir avec des amis à la foire de Metz.
Elle les a quittés à 22h30 pour rentrer chez elle à une casaine de kilomètres en cyclomoteurs.
Ses parents inquiets de ne pas l'avoir rentré ont prévenu police et gendarmerie.
C'est le père de la jeune fille qui a retrouvé le cyclomoteur à 1 km du village.
L'engin a été posé sur sa béquille, les clés de contact par terre, affaire cassé et sans compteur.
Le corps a été transporté à la mort pour autopsie,
qui permettra de déterminer si l'adolescente a subi des sévices sexuelles.
Jean-François Bralme a alors aidé ses collègues à décrypter la personnalité trouble de Francis Holme.
Oui, il se percevait souvent dans des affabulations rockambolasques, mais ils glissent toujours de princesse aux indices.
Si, durant les premiers interrogatoires, il n'y fermement, il finit toujours par reconnaître son crime.
Par exemple, on découvre que le 7 mai 1991, Holme est à la foire de mes amesses.
Il y rencontre un certain Michel et sa cousine, Lawrence Guillaume.
Ce soir-là, Michel et Francis Holme boivent beaucoup.
Le jeune homme se confie à son compagnon de beuvrie.
Il lui parle de ses vues sur sa cousine.
Et lorsque Lawrence décide de rentrer chez elle en scooter, les deux hommes commencent à la suivre en voiture.
Après une vingtaine de minutes de route, la voiture de Michel percute le dos de Lawrence.
Il l'a fondmontée de force avant de se garer près d'un champ.
Là, Michel viole sa cousine.
Francis Holme la tue.
Les interrogatoires permettent de mettre un nouveau nom sur la liste des victimes de Francis Holme.
Mais elle permet aussi de révéler encore un peu plus la personnalité du retard de crime.
Jean-François Ambral comprend que Francis Holme ajoute agit toujours sans préméditation.
Il tue par opportunisme et par pulsion.
Il comprend aussi qu'il agit régulièrement avec des complices, souvent des rencontres fortunes.
Il comprend enfin que les complices en question sont toujours les auteurs des sévices sexuelles.
La raison est simple. Francis Holme a la maladie de Kleinfelter. Autrement dit, il est impuissant.
Alors il tue.
C'est un crime de sadex.
Et pour moi, le sexe, c'est rien. Je suis impuissant.
Tu m'avais jamais dit que t'étais impuissant ?
Ah voilà, je te dis.
Par la suite, d'autres enquêteurs continuent de contacter Jean-François Ambral.
Un à un, les noms s'ajoutent à la liste des victimes de Francis Holme.
Il y a Lionel Ginest, tué en 84 dans une constance au similarité troublante avec le meurtre de l'orange Guillaume.
Puis, Jean-Jet Manes et Justin Ponsard à Charleville-Mésière.
Et il avoue aussi le meurtre de Joris Viville à Port Grimaud. Enfin, il reconnaît le meurtre de Jean Rémi,
un retrait de 65 ans qui l'a poussé d'une falaise à Boulogne-sur-Mer.
Dans ces affaires, Francis Holme ne dit jamais tout,
refusant la plupart du temps de livrer le nom de ses complices, se perdant parfois dans des explications farfelues.
Mais les enquêteurs font leur travail et la justice progresse.
Au mois de mai 94, la cellule dirigée par Jean-François Ambral arrête son travail.
Si le gendarme fait un dernier tour de France des gendarmeries à Cobissaria pour tenter de mettre ses collègues sur la piste de Francis Holme,
sa mission s'arrête là.
Holme est mis en examen pour huit affaires distinctes, son marathon judiciaire déduite.
Francis Holme, le routard du crime de nouveau jugé à Messe par la cour d'assises de Moselle,
déjà condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du net, soignante sur une plage de Brest.
Francis Holme, soupçonné d'une vingtaine d'autres assassinats comparés aujourd'hui pour le viol et le meurtre d'une gamine de 14 ans.
Et puis le procès de Francis Holme, a draguignant le routard du crime, déjà deux fois condamné,
comparé cette fois pour le meurtre d'un petit belge de dix ans.
Joris enlevait près d'un camping de grimo en 89.
Et revoici un tueur en série devant la justice.
Francis Holme a déjà été condamné à deux reprises à perpétuité.
Son marathon judiciaire le mènera aujourd'hui et demain devant les assises du Pas-de-Calais à Saint-Thomère.
Il y comparètera pour le meurtre d'un sexagénère en 92 à Boulogne-Tour-Mer.
Il s'agit du plus ancien dossier criminel de meurtre et moselle.
Demain, devant la cour d'assises de ce département, le tueur en série Francis Holme et Joseph Mollin se comparèteront pour viol et meurtre à gravé.
Francis Holme comparètera à nouveau devant une cour d'assises.
Le tueur en série sera jugé aujourd'hui à Messe pour le meurtre d'Anique Morris.
Francis Holme, de retour dans le box des accusés, c'est son neufième procès.
Le retard du crime a déjà été condamné six fois. Il purge deux peines de prison à perpétuité.
Cette fois, Francis Holme comparait à Rince devant la cour d'assises.
Il doit répondre de trois meurtres commis dans la région en 88 et 89.
Le procès de Francis Holme pour le meurtre de Aline Perez s'ouvre à la cour d'assises de Quimper au début du mois de janvier 94.
Son premier passage devant la justice est sans appel. Il est condamné à vingt ans de prison.
En septembre 95, c'est la cour d'assises de Messe qui le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Lawrence Guillaume.
Le 28 mai 97, il est condamné par la cour d'assises de Dralignan à la prison à vie pour le meurtre du petit juriste vivile 9 ans.
Le 9 septembre 99, la cour d'assises de Saint-Homère le condamne à 15 ans de prison pour le meurtre de Jean Rémy.
Le 8 décembre 2001, il prend perpétuité pour le meurtre d'Anique Maurice à Messe.
Enfin, le 16 décembre 2004, ce sont 30 ans de prison infligés par la cour d'assises de Rince pour l'assassinable Sylvia Rossi, Gislène Ponsard et Georges Etemades.
Mais alors que l'on croyait son marathon judiciaire terminé, Francis Holme est de nouveau rattrapé par la justice en 2017.
Est-ce le procès qui livrera la vérité ? On peut en douter au regard des 30 années qui séparent les faits de ce cinquième procès.
Celui de Francis Holme pour le meurtre de deux garçons de 8 ans en 86 à Montigny-les-Messe.
Il s'est ouvert ce matin aux assises de la Moselle. Le tueur en série est accusé de les avoir tué à coup de pierre.
Il a déjà été condamné 8 fois pour meurtre. Patrick Dill s'a passé 15 ans en prison pour ce double meurtre avant d'être innocenté.
Henri Leclerc a été mis hors de cause au début de l'année. J'ai commis les meurtres, mais Montigny ce n'est pas moi, a dit tout à l'heure à la cour Francis Holme.
Il a bouclamé son innocence. Francis Holme est reconnu coupable. 17 mai 2017, du meurtre des deux jeunes garçons à Montigny-les-Messe.
Un verdict confirmant l'appel un an plus tard en juin 2018. Son pourvoi en cassation n'échangera rien.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un tuck pas de sirène.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il s'agit d'un verdict confirmant.
Il m'intelligible.
François Inter
Affaire sensible, Fabrice Drohelle
Aujourd'hui l'affaire Francis Holm dont nous parlons avec notre invité Michel Marie. Bonjour.
Bonjour François.
J'ai un journaliste spécialiste du fait d'hiver. Vous avez couvert cette affaire pour détective.
Puisque je parle de fait d'hiver, vous avez la passion de ce domaine-là. Qu'est-ce qui vous fait courir justement ce domaine-là ?
Qu'est-ce qui vous plaît dans le fait d'hiver ?
Il y a beaucoup de choses qui me plaisent dans le fait d'hiver.
Et principalement, cet analyse du comportement humain, quand on peut décortiquer le passage à l'acte criminel,
quand quelqu'un comme vous et moi se retrouvent dans un box de cours d'assises,
quand je dis comme vous et moi, je me comprends évidemment quelqu'un qui a fait un parcours, qui a travaillé, qui n'est pas un voyou,
et qui subitement, en quelques fractions de seconde, a pulvérisé sa vie.
Ce type peut nous ressembler et je suis toujours très curieux de voir la façon dont les choses ont déraillé,
dans un cerveau à priori normalement fabriqué, d'un seul coup tout déraille.
Et voilà, c'est une des raisons, il y en a beaucoup d'autres, qui ont fait que je me suis passionné pour le fait d'hiver.
Mais c'est pas que ça, le fait d'hiver c'est aussi le reflet d'une société.
On est vraiment au centre des choses quand on travaille sur les faits d'hiver, un peu comme les policiers ou les gendarmes.
Je crois qu'on est vite rattrapés par cette espèce de curiosité, mais qui n'est pas une curiosité malsaine.
C'est de voir comment ça fonctionne et comment les policiers font leurs investigations, comment ils arrivent à identifier.
Là on va parler d'abgrave, j'imagine.
Ce type est hors norme.
Cet acharnement, ce besoin d'aller jusqu'au bout du bout, il est unique ou presque unique.
Alors on a parlé du dernier procès celui de Montigny-Lémès concernant Hulme.
Alors c'est surtout, je ne vois pas qu'on passe à sous-silence, quand même, une libération à la fin du calvaire pour ce pauvre Patrick Dils,
Martin, victime d'une abominable erreur judiciaire, de l'acharnement inhumain, de la police, de la justice et de ses co-détenus qui l'ont littéralement supplicié.
Bon ça arrive rarement, heureusement, mais je ne vais pas passer sous-silence la souffrance de cet homme.
Vous avez couvert plusieurs procès de Francis Hulme.
Qu'est-ce que vous retenez de ce personnage ? La question est très ouverte, j'imagine.
Qu'est-ce qui vous a le plus frappé ? Et peut-être en comparaison avec d'autres personnages dont vous avez couvert les crimes, les exactions ?
Francis Hulme ne ressemble pas à ses crimes.
Francis Hulme, quand vous le voyez dans le box de la cour d'assises, on dira un papy, un pommetier édanté, courbé, les cheveux gris, un petit peu de ventre.
On a l'impression qu'il dort, qu'il s'intéresse absolument pas, il assiste au procès de quelqu'un d'autre, il subit un procès.
Et les gens qui l'ont fréquenté ou en tout cas qui l'ont approché, les témoins, les enquêteurs, décrivent des moments intenses avec lui de colère,
où il a les yeux injectés de sang, où il est pris de tremblement, quand il évoque la mort de sa mère, quand il voit une jeune fille passer sur un vélo,
il a une pulsion, ce type a une pulsion, et vous l'avez dit tout à l'heure, il est impuissant.
Donc sa façon de passer à l'acte, son acte sexuel, c'est de donner la mort en réalité.
Il y a la mort de sa mère, il y a cette infirmité, cet handicap, ça fait beaucoup, et en face, il y a effectivement ce genre d'armes.
Vous avez raison, Monsieur Abgral, parle-moi de ce professionnel, parce que je pense que vous pouvez d'abord le présenter comme archi professionnel.
Oui, oui, c'est facile, les mots me manquent pour le qualifier, mais vous parliez de Patrick Dills tout à l'heure,
je veux dire Patrick Dills, il doit une fière chandelle à Jean-François Abgral, parce que sans Jean-François Abgral, on aurait jamais confondu,
ou en tout cas on aurait jamais jugé Francis Hulme pour les crimes de Montigny-Lémès, et Patrick Dills aurait terminé sa peine en prison.
Il a fait un travail absolument remarquable, Jean-François Abgral, et ce qui est fou dans cette histoire, c'est qu'il a des bribes d'aveux,
quand Hulme lui dit entre deux crimes dont il n'est pas saisi, il lui dit j'ai eu un pépin, il était sur son vélo, des gosses m'ont jeté des pierres,
ça se passait le long d'une voie ferrée, et Abgral il voit pas de quoi on parle, donc il va faire des recherches,
une fois qu'il a terminé ses auditions et qu'il a renvoyé Francis Hulme à sa place en prison,
et il ne retrouvera pas trace de l'affaire de Montigny-Lémès, et pour cause puisqu'elles ont été effacées du fichier,
puisque Patrick Dills avait été condamné, et ça aurait pu en rester là, sauf que les avocats de Patrick Dills, dans un pourvoi en cassation,
ont entendu parler du travail de Jean-François Abgral, s'en rapproche de lui, et là, le rapprochement est fait, et à partir de ce moment-là, la machine judiciaire va se mettre en route.
– Alors toujours concernant le marathon judiciaire de Francis Hulme, peut-on imaginer, alors oui on peut tout imaginer,
qu'il se retrouve à nouveau devant la justice dans le futur, je veux dire qu'on trouve une nouvelle affaire qu'on n'a pas détéré pour l'instant ?
– Tout est possible, tant qu'il y a des, quand on dirait, un service colqué, celui-là qui s'est installé à Paris, à Lanterre,
avec un pool de magistrats, je pense que Francis Hulme, on ne sait pas tout de lui, comme on ne sait pas tout de fournirait,
tout s'est tué en série.
– Au pouvoir de François Vérov ?
– Accessoirement aussi de François Vérov.
– C'était l'ancien gendarme et le policier qui a tué plusieurs fois, et qui avait eu, je crois plus de 30 ans tranquillement,
jusqu'au moment où l'ADN a parlé.
– Oui, le seul élément qu'on avait pour Vérov, c'était son ADN, et comme il était policier, enfin il était gendarme d'abord,
puis policier ensuite, c'est vrai que ce n'est pas les premiers qu'on contrôle dans une enquête criminelle.
– Mais c'est bien de rappeler qu'il existe, en France, un Pôle Cold Case, qui enquête sur d'éventuelles crimes
qu'on n'aurait pas encore découvert dans le parcours d'un ou d'une série au killer.
On se retrouve dans Michel-Marie dans 3 minutes, le temps d'écouter Dominique à Les Vagues et les Regrets.
Qui va monter dans la fusée
Des traînées blanches dans un ciel
qu'on ne pourra pas remplacer
Prenons place dans la nacelle
Regardons passer la fusée
Par en dessous si on savait
combien de vagues et de regrets
Voilà qu'au bord du crépuscule
sorti d'immeubles d'entrepôt
Des corps agités se bousculent
tout autour de tables de jeux
Ils questionnent tous les possibles
les cartes flambent dans leurs yeux
De regarder les autres vivre
vous autres parfois tous les mots
derrière tout ça si on savait
combien de vagues et de regrets
Pourtant chaque jour c'est un miracle
l'aube accepte de se lever
tant de raisons donnant rien faire
rien qu'à nous voir nous activer
que des brumes providentiels
face de nous des innocents
Il n'est pas d'affaires aux humaines
qui ne rendent grâce aux phares avant
Par en dessous si on savait
combien de vagues et de regrets
Affaire sensible
sur France Inter
Michel-Marie on l'évoque dans le récit
Jean-François Abgral a vraiment persévéré
dans son enquête et au bout d'un moment
contre l'avis de sa hiérarchiste
vraiment une quête solitaire il est arrivé
à un moment où c'était une quête solitaire
Le comportement de Jean-François Abgral
a apporté ses fruits
il n'y a pas apporté les résultats
mais c'est malheureusement pas toujours le cas
d'enquêteur acharné
et je pense que sa hiérarchie
l'a pris pour un illuminé
qui se sentait investi
d'une mission extraordinaire
et comme on ne voyait pas le résultat
arriver je pense qu'on a essayé
de le freiner en disant
il faut qu'il se calme
il va nous faire une bêtise
la suite leur a donné tort
tant mieux
en fait Abgral je crois qu'il avait
compris l'attitude
le dialogue qu'il fallait avoir
avec Francis Olm
il a une espèce de décodeur
qui lui permet de rentrer en relation
avec Francis Olm ce qui n'était pas le cas
des autres enquêteurs
et c'est comme ça finalement
qu'il a réussi à
aller jusqu'au bout
et obtenir les confidences
de Francis Olm
vous avez assisté à plusieurs procès
parmi les procès de Olm
parce que j'imagine
Abgral a porté
beaucoup de lumière à la cour d'assises
surtout dans le dernier procès
celui de Montigny les messes
où le policier Patrice
ou Patrick Varley
était revenu à la barre
confirmé
son travail
il ne voulait pas se dédire
il ne voulait pas
reconnaître qu'il avait pu se tromper
donc il est venu
expliquer que pour lui
le coupable c'était Patrick Dils
et que ce procès était
une mascarade judiciaire
et donc évidemment
on attendait beaucoup de François Abgral
il est venu
il a remis un peu d'ordre
dans tout ce foutoir
et tant mieux
mais on a refait un peu
aussi le procès de Patrick Dils
à cause de ça
d'ailleurs les parents des victimes
faut se mettre à leur place
ils sont pas juristes
ils sont juste écorchés
par ce qui est arrivé
à leurs enfants
on leur a désigné un coupable
la deux reprises
j'évoque les deux premiers procès de Patrick Dils
avant de finalement la quitter
à l'ordre un troisième procès
puis maintenant on leur sort
sous le chapeau
en disant non finalement c'est pas Patrick Dils
c'est François Dils
pour des gens qui ne connaissent pas le système judiciaire
c'est très compliqué
c'est-à-dire que pendant des années ils se sont convaincus que c'était Patrick Dils
et puis d'un seul coup
on leur dit que c'est plus ça
François Abgral est venu
mettre un petit peu
d'humanité dans tout ça
et puis il faut reconnaître quand même une chose
c'est que dans le dossier il n'y avait rien
à part quelques petites bribes
pour accrocher
comme on dit en jargon judiciaire
François Dils
les scellés ont été détruits
après le procès de Patrick Dils
c'est-à-dire les pierres on aurait pu retrouver
l'ADN de François Dils
elles ont été détruites
les vêtements que portaient les gosses
lorsqu'ils ont été tués ont été détruits
il y avait de l'ADN sur ces vêtements
forcément
à partir du moment où on a jugé définitivement
Patrick Dils
les scellés ont été brûlés
donc le procureur de la République
c'est-à-dire l'avocat général
de la cour d'assise de Mez
quand il a requis
contre François Solme
il était un petit peu
un petit peu embêté
d'ailleurs j'avais
retrouvé un passage
il dit l'absence d'aveu
ne veut pas dire qu'il n'est pas coupable
donc quand un avocat général vous dit ça
ça commence pas bien
il dit simplement c'est lui qui en premier
en parle alors qu'on ne lui demande rien
ça c'est vrai
c'est vrai qu'à aucun moment
Jean-François Abgral
savait qu'il avait en face de lui
le tueur des enfants
de Montigny-Mets
et je ne sais plus en quelle année mais en 1992
ou en 1991
lorsqu'il a cette phrase
en disant je lui ai un petit pépin
sur le long des nouveaux ferrets avec des gosses
c'est-à-dire Jean-François Abgral
il sait pas de quoi on parle
donc si ce jour-là
François Solme n'avait rien dit
il n'y aurait jamais eu le procès
donc Abgral a eu
de la chance sur ce coup-là mais il l'a bien vérité
bien sûr
et la chance entre toujours en ligne de compte
quand on arrive à résoudre une affaire
ce qui n'est pas le cas de l'affaire Grégory
j'en parle parce que je tiens entre mes mains
un livre que vous avez co-signé
co-écrit avec Christophe Guérat-Sophie
et Julie Régoulé
alors
le soutien c'est la véritable enquête
les secrets de l'affaire
parce que les autres enquêtes étaient pas véritables
si mais c'est là
celle-là est beaucoup plus complète
celle-là est plus complète
bon d'accord qu'est-ce que vous apportez de nouveau
un ou deux points
on va pas faire le catalogue mais
vous dites que cette affaire n'a pas été illucidée
elle est partie allemand
il y a eu plein de rebondissements
dans les dernières années
et malheureusement
on est tard dans cette affaire
beaucoup de témoins sont morts
et je pense qu'on s'arrêtera là
mais en tout cas ce livre est passionnant
je vous conseille de l'aider
et ça reste aussi le plus grand fait d'hiver
de l'après-guerre celui qui a le plus marqué
si tenté qu'il faille faire une hiérarchie
mais ça se dit beaucoup
je vous remercie infiniment
je vous en prie
au revoir
c'était à faire sensible aujourd'hui le cas
Francis Hall, une émission que vous pouvez réécouter
en podcast bien sûr
à la technique aujourd'hui, il y avait Marie Potier
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durée :00:54:57 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, retour sur le parcours sanglant de Francis Heaulme. - invités : Michel Mary - Michel Mary : - réalisé par : David Leprince