Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Sandrine Delporte, suiveuse ou meneuse ?

Europe 1 Europe 1 3/24/23 - 40m - PDF Transcript

Nous allons nous intéresser au cas de Sandrine Del Porte et de son amant Ramon Cortés.

Ils comparèsent tous les deux devant la cour d'assises de Perpignan pour l'assassinat de

Rosine Roich, la femme de Ramon. Au cours de deux procès, ils se rejettent la responsabilité du

crime. Ouvrons ensemble la Côte B du dossier d'instruction de Sandrine Del Porte et Ramon

Cortés.

Europin, Christophe Andelat.

Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

On de l'autre raconte.

Côte B sur Europin.

Cette affaire est un grand classique.

Le mari, la maîtresse et la coque.

La coque s'appelle Rosine Roich.

Elle a fini au fond d'un trou avec une balle dans la tête.

Le mari dit que c'est sa maîtresse qui l'a manipulé et que c'est à cause d'elle qu'il a tué.

La maîtresse répond pas du tout.

C'est lui, l'instigateur du crime.

Il est vrai que Sandra Delport est très accessoire.

Il est évident qu'elle n'a pas tiré, il est évident qu'elle n'a pas tué, il est évident qu'elle n'a pas voulu, elle-même être à l'origine de quoi que ce soit.

Mais qu'elle a été emportée dans ses faits.

Ramon Cortés et Sandrine Delport sont jugés pour assassina.

L'affaire remonte à 2013.

Ramon Cortés aurait enlevé la mère de ses enfants qui l'avait quitté quelques mois plus tôt.

Rosine Roich a été retrouvée abattue d'une balle à Brouillard.

Sandrine Delport, elle n'était absolument pas sous le jugue de Ramon Cortés.

Elle était certes très amoureuse de lui, mais déterminée dans son amour à être seule la femme de Ramon Cortés.

Mais ce qui est vrai, c'est qu'elle a tout fait pour que lui, il a pu se la gâcher.

Deux accusés face à face, Ramon Cortés et Sandrine Delport s'amétrestent de l'époque et s'accomplissent.

L'un et l'autre s'accusent et vice-versa.

Elle est le vrai commanditaire de tout ça et Ramon Cortés, sans elle, pouvait pas commettre un crime pareil.

Quand il réalise ce qu'il a fait, il va pas supporter l'idée de laisser le corps de celle qu'il aime sans ses cultures.

Maître Jean-Marc Darigade, avocat de Ramon Cortés.

C'est plus fort que lui, c'est plus fort que sa culture, c'est plus fort que tout ce qui a pu aider à commettre ce gestil réparable.

Et il va aller se dénoncer le soir même au commissariat de Perpignan et va dire, j'ai assassiné mon épouse.

Ordonnance de mise en accusation.

J'ai fait une énorme connerie.

Je viens de tuer ma femme Rosine sur un chemin de terre.

Elle m'avait quitté pour un autre.

Ça fait longtemps que je pensais à la tuer, mais sans réellement avoir l'intention.

Il y a deux jours, j'avais envie et puis je me suis dit va courir.

Je suis allé à Bruya et j'ai vu un trou dans la campagne.

Et là je me suis dit en voyant ce trou, si tu la tu, tu ne souffriras plus.

Le même jour, je suis allé chercher un calibre à la cité à côté de Maïol.

Ça fait au moins dix jours que j'avais envie de cela.

Je pensais qu'en la tuant, je ferais partir tout le mal que j'avais envie.

Ramon Cortès fit en prison.

Mais pour l'instant, Sandrine Delporte sa maîtresse n'est suspectée de rien.

Et depuis la prison, au téléphone, les deux amants recoulent.

Et bien entendu, les policiers écoutent tout.

Il lui dit je vais t'épouser, je vais t'épouser.

Est-ce que tu voudrais m'épouser?

Chris Cristol, avocate de Sandrine Delporte.

Et on se rend compte que alors qu'ils sont sur écoute, elle est dehors et lui en détention,

la seule chose qui lui importe, c'est que cet homme l'épouse.

C'est d'être à lui qui soit à elle, qui soit liée.

Voilà. C'est-à-dire qu'il n'y ait plus d'espace entre eux,

même si ils sont séparés par des murs, qui soient vraiment l'un à l'autre, absolument.

Il l'empêche de sortir, il ne le sort pas,

il lui demande de s'habiller de façon la plus courte possible pour ne pas attirer le regard des hommes.

Il la surveille.

Appel téléphonique de Ramon Cortès à Sandrine Delporte.

Moi chérie, tu sais que toutes les nuits je m'endors avec tes photos.

Toutes les nuits.

J'ai un peu plus d'être ici.

Je te jure, je vais sortir.

Il faut que tu m'attends, hein?

Mais oui, mon amour. Bien sûr, je serai toujours là.

Mais il ne faut pas que tu déconnes, hein?

Il t'a dit quoi, le garagiste, l'autre jour?

Rien. T'inquiète pas, bébé.

Ok. Mais arrête tes conneries, je ne veux pas que tu revoies cet amour.

Et on va avoir des écoutes téléphoniques,

il va lui dire qu'il va se marier, qu'il va l'épouser

et qu'il va être la première femme à porter son nom.

Parce qu'aucune des femmes qu'il a eu auparavant dans sa vie et qu'il en a eu beaucoup,

n'a jamais porté son nom.

Donc on est face à un couple avec une femme Sandrine Delporte

qui accepte l'idée de se marier avec celui qui vient d'assassiner la mère de sa fille

et qui va être condamnée à des années de prison.

Peu lui importe son amour et plus fort, etc.

Ne toutes pas à mon coeur.

Je t'avais dit quand je me suis engagé avec toi.

Je t'avais dit que je m'étais engagé pour un final.

A part si c'est toi qui arrêtes, je n'arrêterai pas.

C'est toi qui a les cartes en même, mon amour. D'accord?

Si j'ai pris la décision de porter ce debat, c'est pas pour rien.

Tu sais que je t'aime et que je suis là jusqu'à ce que tu sors.

Il a continué à alimenter cette histoire d'amour.

Ce qu'elle croyait être une histoire d'amour.

En lui disant tu es la femme de ma vie, tu es la plus belle, tu es la plus merveilleuse,

tu es Mireïna.

Mireïna mon soleil, ma vie, mon âme, voilà.

C'est un des mots comme ça, une espèce de lyrisme.

Certains vont nous dire qu'il y a un peu des mots de pacotis.

Ils sont tellement gros qu'on a du mal à y croire.

Mais elle avait un besoin vital d'y croire.

Et on voit clairement que le patron, c'est lui.

Côte B28, rapport psychologique de Catherine Auves-Pion.

Sandrine Delport est divorcée.

Elle émerde quatre enfants issus de deux unions différentes.

À chaque fois, elle décrit des partenaires dominateurs

qu'ils l'ont privée de liberté

et pour lesquels elle a eu des sentiments passionnels et fusionnels

au point de leur obéir et de se sacrifier pour eux.

Elle est consciente d'avoir répété le même type de relation.

Quand on est con, on le reste.

J'ai pris deux fois le même. Je ne suis rien ni personne.

Je suis une femme sans intérêt.

Je ne suis pas capable de prendre de décision, de tenir tête.

Je me laisse dominer et j'accepte tout.

Je ne suis même pas un humain.

J'ai vécu comme une table ou une chaise.

C'était une femme par ailleurs qui était une femme blessée dans sa chair

et dans l'image de soi.

C'est-à-dire elle était à peine bonne à être utile,

mais pas à autre chose.

Et là, elle a eu des difficultés, notamment l'endométriose.

Elle a été opérée à plusieurs reprises.

Elle a eu de grandes douleurs.

Et on a fini, malheureusement, par lui retirer l'utérus.

Toujours au lendemain, elle s'est retrouvée comme une femme

en n'étant plus en capacité de faire des enfants.

Elle a été capable de dire à la psychologue

qui a évoqué cette question, qu'elle se vivait un peu comme un cercueil.

Comme si les enfants qui auraient pu naître de son ventre

qui n'était pas née étaient là comme dans un tombeau.

Le tombeau de ce qui aurait pu être possible,

mais des rêves auxquelles on a renoncé.

Et ça l'a beaucoup, beaucoup affecté dans son image de femme.

C'était vraiment quelqu'un avec une estime ne soit très très faible

et dans une grande fragilité qui avait vu en gros tous ses rêves

et ses espérances s'écrouler

et qui se retrouvait à 40 ans avec ses enfants,

pas de travail chez sa mère.

Difficile, vraiment difficile.

Et là soudain, un mot de quartesse.

Alors là, c'est autre chose.

Alors là, c'est autre chose.

Depuis la restation de Ramon Cortès,

sa maîtresse Sandrine Delporte se mûre dans le silence.

Elle obéit à Ramon et elle assure aux enquêteurs

qu'elle n'a rien à voir avec l'assassinat de Rosine, la femme de Ramon.

Et elle répète la même rangaine à sa famille.

Quand le drame arrive, on appelle Sandrine, on lui posait question.

Muriel, sœur de Sandrine Delporte.

Et elle, elle est complètement appurée, elle pleure.

Elle ne comprend pas, elle dit qu'elle ne comprend pas ce qui se passe.

Elle est vraiment terrorisée, terrorisée de dire

parce qu'elle ne comprend pas la situation.

Elle ne comprend pas du tout ce qui se passe qui est écrit dans les journaux.

Et du coup, on lui pose pleine question.

Est-ce que tu étais au courant, qu'il voulait tuer sa femme?

Et elle, non, elle me dit qu'elle ne sait pas du tout.

Et puis donc, nous, ce qu'on fait,

on ne prend connaissant que ce qui est écrit dans les journaux.

Le reste, on ne le sait pas.

On ne le sait pas du tout.

Ramon Cortès aurait enlevé la mère de ses enfants

qu'il avait quitté quelques mois plus tôt.

Rosine Reuch a été retrouvée abattue d'une balle à Brouya

à quelques kilomètres de serrées où elle travaillait.

Il y a quand même des choses qui sont difficiles à vivre pour moi

parce que je vois Sandrine qui est dans une dépression,

je la vois qui n'est pas bien

et je la vois aussi par rapport aux enfants

où il y a des choses qu'elle ne fait pas aux enfants,

c'est-à-dire qu'elle ne s'occupe plus les enfants comme avant

et elle est toujours accrochée à un téléphone

qu'elle ne quitte jamais

et que dès qu'elle voit un numéro, elle décroche assez loin.

Pour moi, l'attitude qu'elle avait,

c'était dangereux pour les enfants et pour elle

et on ne le comprend pas.

Moi, je ne le comprends pas.

J'ai beau lui demander des explications, elle ne me parle jamais.

Un an après l'arrestation de Ramon Cortès,

les policiers placent sa maîtresse Sandrine en garde à vue

et elle craque.

Oui, j'étais présente le soir du drame.

J'étais avélu en voiture quand il a enlevé sa femme.

Mais je vous jure, je n'ai rien fait, je n'ai pas tiré.

Lorsqu'elle est arrêtée au mois d'octobre,

c'est le monde s'écroule sur nous en fait.

Le motif de l'arrestation, c'est assassinat

et recèle de pièces à conviction.

C'est une réclusion à 30 ans voire à perpétuité.

Donc là, franchement, je suis assise

et j'avais l'impression que mon corps était enfoncé dans la chaise

et que j'étais en train de tomber dans un trou noir en fait.

Mais vraiment, et je ne suis pas la seule

parce que j'ai mon petit frère à côté de moi

qui était venu aussi, il y a ma mère

et tous les trois, on est tellement abasourdis

qu'on lui demande trois fois de nous expliquer

puisqu'on ne le comprend pas

et on sort de chez l'Amokat, on est complètement...

mais vraiment perdu.

Pernu parce qu'on ne comprend pas du tout le chef d'accusation.

Je suis très en colère, très très en colère

parce que, du coup, je me suis dit

pendant un an, je lui ai posé la question

de savoir si elle était au courant de quelque chose

et moi, j'apprends au bout d'un an qu'on l'accuse d'assassinat

donc ça veut dire qu'il y avait quelque chose,

c'est-à-dire qu'elle était au courant

et je lui ai dit mais comment la papule me le dire

donc je suis très très en colère envers Sandrine

et j'ai besoin d'exprimer cette colère.

Du coup, j'ai demandé un permis de visite

pour pouvoir aller la voir, déjà,

aussi pour voir comment elle allait

parce que je supposais moi qu'elle n'était pas très bien.

La première fois que je vais la visite de la prison,

fort heureusement, pour moi, j'ai quand même ma mère

qui est avec moi et ma soeur,

ma petite soeur qui avait eu une première visite précédemment

et on passe ses portiques,

première portique, deuxième portique.

On rentre dans une cour, on ressort dans une autre cour.

On a des sasses à passer et puis après on a cette salle d'attente.

Une petite salle d'attente, très sombre,

d'ailleurs très sombre et on attend,

on attend qu'on puisse nous dire

à quel numéro de parloir on peut aller.

Une fois qu'on l'a,

on a une petite salle et on attend qu'elle rentre,

on attend qu'elle arrive.

On entend clac clac tout le temps,

ces portes de fer qui se ferment tout le temps.

Et là, elle arrive.

Et elle arrive et c'est vrai que l'émotion est tellement forte

que du coup, tout le monde pleure.

On pleure et seulement après on peut parler.

Et lorsque je l'ai vue,

je n'ai pas pu faire autrement que tout lui dire.

Je lui ai dit ce que je pensais,

je lui ai dit ma colère, je lui ai tout exprimé.

Elle a beaucoup pleuré.

Mais en fin de compte, plus tard, elle m'a dit merci

parce qu'en fin de compte, tu m'as exprimé ce que tu ressentais

et je lui ai dit bien de savoir.

Et que c'est un repère important.

Dans notre enfance, on était dans le Nord.

On est tous nés dans le Nord de toute façon.

Lorsque mes parents décident de partir dans le Sud,

c'est surtout pour les problèmes de santé de ma petite soeur.

Donc mes parents ont pris la décision d'aller dans le Sud à Perpignan.

On est partis, on commençait soit la pré-adolescence, soit l'adolescence

et du coup, c'était quand même une ambiance différente.

On est contents parce qu'on est dans le Sud, il fait beau, on a la mer.

Mais en même temps, on se retrouve un peu plus isolé

puisque toute la famille dans le Nord et nous, on est les seuls et dans le Sud.

Et je pense qu'on a tous ressenti un peu cette sensation d'être un peu seule.

Et en fin de compte, du coup, les liens se ressentent entre frères et sœurs.

Côte B-28, rapport psychologique de Catherine Auves-Piant.

Sandrine Delporte, admets avoir été tuée, opposante, dans son adolescence.

J'ai pu être rebelle.

Je me mettais en colère contre les professeurs et contre le directeur du collège.

J'ai séché les cours, je me suis fait virer pour ça.

J'avais un mauvais comportement parce que je répondais.

Ça a énervé mes parents.

J'ai redoublé ma troisième et je suis rentré dans les Nord.

Sur sa vie sentimentale, elle l'a résumé ainsi.

Ma première relation, c'est avec le père de Léa que j'ai connu au lycée.

La deuxième, avec le père de mes trois autres enfants, un médecin que j'ai épousé.

C'était une maman à plein temps avec des emplois du temps sur le frigo pour les activités des enfants.

Maître Iris Cristol, avocate de Sandrine Delporte.

Avec très peu de temps pour elle, mais ça correspondait à ce qu'elle souhaitait.

Jusqu'au moment où elle a réalisé qu'elle s'était complètement oubliée là-dedans.

C'est-à-dire qu'elle était une maman très épanouie que ses enfants allaient bien.

Mais quant en que femmes, les choses étaient très compliquées.

Parce que c'était manifestement un homme qui était plus dominateur qu'autre chose.

Et la femme en Sandrine Delporte s'est asséchée, s'est étulée, a douté d'elle-même.

Et elle s'est renfermée, des violences ont commencé à s'établir quand parfois cet homme s'est mis à mal parler à ses filles.

Et elle a fini par partir et se réfugier dans la région perpignanaises dont elle était originaire

pour mettre de la distance avec ce foyer qui était en Bourgogne et avec ce mari qu'elle craignait beaucoup.

Et donc elle s'est établie chez sa mère.

Code P28, rapport psychologique de Catherine Auves-Pian.

Quand je suis revenue chez ma mère à Perpignan, Ramon était là.

On est natifs du même village.

Il m'a dit qu'en cas de problème, il m'aiderait.

On était très soudés.

On était fourrés ensemble.

Il venait souvent me voir.

Ça a fini par évoluer en couple.

Lui était marié, je le savais.

Il n'avait pas honte de moi.

Il était très attentionné, doux, câlin et tendre.

Je n'ai jamais aimé autant quelqu'un.

Cette liaison, c'était toutes ses espérances de jeune fille.

C'est-à-dire qu'à 40 ans, il l'a sorté.

Il allait avec elle boire des amis.

Il lui disait « Fais-toi belle, parce que tu es belle ».

Elle était allée chez le coiffeur, elle se mettait en valeur.

Elle faisait attention à elle.

Quand il marchait dans la rue avec elle,

il la regardait comme si elle était la plus belle femme du monde.

Cette hommage-là, elle lui en a été d'une infinie gratitude.

Je pense que ce que Sandrine Delport a aimé avant tout chez Ramon Cortés,

c'était la façon dont elle le regardait.

C'est ce qu'elle voyait dans ses yeux, qui était vitale.

C'est-à-dire qu'elle était plus qu'elle qui était au fond du saut quelque temps avant.

Elle était aimée.

Elles se sentaient revivre tout simplement,

alors qu'elle s'était dit que tout ça s'était derrière elle

et qu'elle serait plus jamais qu'une bonne maman,

mais que c'était déjà pas si mal.

Alors à partir de là, il y en a fait un peu ce qu'il voulait.

Pour en dire les choses clairement,

il est devenu incontournable dans la vie de Sandrine Delport.

Elle l'a présentée à ses enfants.

Il venait, il venait pas, mais il était celui qu'on attendait.

Il n'avait pas d'autre.

Il faisait comme il voulait,

puis il n'est pas de ses hommes à qui on demandait compte en plus.

Mais pour autant, elle était ravie,

qui puis arrivait ravie de pouvoir l'attendre, ravie de tout ça.

Mais les choses se sont gâtées le jour où elle s'est installée chez elle.

Ramon Cortès, homme à femme,

s'installe dans sa relation extra-conjugale avec Sandrine.

Et en même temps, le jitton ne supporte pas l'idée

que Rosine, sa femme, aille elle aussi voir ailleurs.

Les expertises psychiatriques dévoilent un Ramon Cortès fragile,

à l'opposé de son allure de beau gosse méditerranère,

enregistrement de Ramon Cortès.

Avec la même passion,

ligeront autrement.

Ramon Cortès, il a grandi dans le mi-verre,

où finalement, son seul proche parent,

ça a été la musique, sa guitare.

Maître Jean-Marc Darigab, avocat de Ramon Cortès.

Il a grandi avec, accroché à sa guitare, à sa voix,

et il était bonne danseur aussi,

il en sait bien le flamenco.

Il a grandi comme ça, tout seul, dans une fratrie humaine.

Côte B-400-14,

rapport d'expertise psychologique de Daniel Cany.

Ramon Cortès déclare,

je n'ai jamais connu mon père,

ma mère m'a abandonné quand j'étais petit,

j'ai été élevé par mes grands-parents

dans une famille jitaine.

Sa mère n'a élevé aucun de ses six enfants,

née de quatre pères différents.

Puis un jour, il a rencontré cette jeune fille qui passait,

qui était inaccessible et qui est devenue accessible

et qui est devenue sa femme.

C'est comme ça qu'il s'est construit,

et c'est pour ça qu'il ne pouvait pas la quitter.

Et qu'elle est restée et qu'elle reste encore

l'unique femme qu'il n'est jamais vraiment aimé.

Côte B-400-15,

rapport d'expertise psychologique de Daniel Cany.

Après avoir vécu quelques années chez ses grands-parents,

Ramon Cortès en ménage avec Rosine

dans un appartement indépendant.

Trois enfants suivront.

Je l'aimais, mais dans ma communauté,

on me disait que je devais me mettre avec une jitane

parce que les françaises, elles peuvent partir.

Mais ma mère, elle était jitane et elle nous avait laissé.

J'ai dit à ma femme que nous deux,

c'était pour la vie et la mort.

C'est un séducteur, voilà, c'est un séducteur,

mais c'est pas un séducteur machiavélique,

c'est un type plutôt inconsistant, on va dire,

qui passe d'une femme à l'ordre, etc., qui séduit.

Mais c'est pas un méchant.

C'est vraiment pas un méchant.

Et ce qui s'est passé, c'est que cet homme-là,

il n'a aimé qu'une seule femme.

Mais tout en étant toute sa vie inconsequente,

à son égard,

alors même qu'il avait rencontré,

à l'âge de 14 ans,

que c'était un amour qui était né

à des conditions difficiles, lui de la communauté gitanne,

elle, le nom.

Et puis il va rencontrer Sandrine Delport,

qui, elle, est tout à fait un autre personnage,

elle, elle vient d'un univers de la bourgeoisie,

je ne sais plus quelle ville de province,

elle est femme 2, c'est la femme du Toubime,

de la ville, elle est intelligente,

elle a du caractère, elle s'emmerde dans sa vie,

et puis elle rencontre Ramon Cortés, qui lui dit,

tu es ma vie, tu es ma fleur, ma guitare, etc.

Donc elle tombe follement amoureuse de lui,

mais elle, elle ne va pas faire comme les autres.

Elle, s'il décide de venir avec elle,

il va rester avec elle.

La femme de Ramon Cortés

ne supporte pas qu'il s'installe

dans cette liaison avec Sandrine.

Alors elle le quitte pour un autre homme.

Ramon Cortés, une main devant, une main derrière,

par vivre et pleurnicher sur son sort,

chez sa maîtresse Sandrine Delport.

Un jour de juin 2013,

il était avec ses valises en disant,

j'ai quitté ma femme.

En gros, je les surprise avec un autre homme,

et de toute façon, ça n'était plus possible,

c'est toi que j'aime, donc j'arrive.

Ils ont passé un été difficile.

Ils ont passé un été très difficile,

parce que, alors que lorsqu'ils étaient des amants splendides,

qu'ils n'avaient pas à demeure,

la relation était, même si elles pouvaient être particulières,

par moment, la relation était très réussie et panouissante.

À partir du moment où les venus s'installent,

ils s'installaient en pleurant chaque jour.

En pleurant chaque jour, parce que, disait-il,

son épouse Rosy-Noix

l'empêchait pour le punir,

de l'avoir quitté pour elle,

Sandrine Delporte,

de voir son enfant.

Et ça, il voulait, impérativement,

voir son enfant, pour lui, c'était sa chair.

Et Sandrine Delporte était très sensible

à cet corps de là.

Selon Sandrine Delporte,

Ramon pleure sa femme

et son fils chéri.

Et il lui demande donc

de l'aider à récupérer son fils.

Son plan est machiavélique.

Donc, il ne finit même pas à lui dire

je ne sais pas où est mon enfant,

on l'a enlevé.

Si j'arrive à le voir,

il faudra qu'on installe par exemple un GPS

dans le quartable de mon fils

pour pouvoir suivre ses mouvements,

savoir où il est,

que j'ai au moins une idée,

parce que là, je ne suis plus rien pour lui.

On ne me forme même pas de l'endroit où est mon fils.

Donc, elle va croire à ça.

Elle va même acheter avec sa carte de crédit,

un GPS, les téléphones qu'il faut pour les suivre.

Elle va même coudre avec lui,

enfin, en tout cas l'aider à coudre

ce qu'il faut dans le quartable

le sac à dos du garçon

pour qu'on puisse le suivre,

persuader qu'il s'agit bien

de suivre cet enfant

et que cet homme qu'elle adore

est privé de son fils.

Ramon Cortes, il est incapable

d'acheter une traceur GPS.

Il est incapable d'avoir l'idée même

de s'en servir et est incapable

d'avoir de penser à le mettre ce traceur

dans le sac d'école de son propre fils

pour traquer la mère.

Elle a fait le dossier révèle

qu'elle a fait des reconnaissances

avec son téléphone sur le lieu

où on va découvrir le cadavre, la veille.

Elle va toujours tout nier son téléphone.

Il borne partout où il ne faut pas.

Elle va nier toutes les connexions téléphoniques

qui la câblent pourtant.

Elle est là à côté de lui

au moment du drame

qu'elle est restée dans la voiture.

Alors même que ce qu'elle a fourni

la corde, elle a fourni les pioches

et elle a fourni tout.

C'est comme ça qu'on va l'identifier.

On va trouver son ADN

sur les outils qu'on servit

à insévelir le corps de la victime.

Ramon Cortes

raconte une nouvelle version

aux juges.

Attends de nez.

Mais sa nuit, elle était avec moi après du trou.

On s'est engueulés.

Comment ça tu ne prends pas le pistolet?

Et elle allait retourner dans la voiture

pour me le donner.

J'ai tiré, bam,

Rosine était dans le trou

et Sandrine bat un.

Elle m'a aidé à l'enterrer.

Sandrine, elle porte, elle a tout quitté pour lui.

Elle a quitté sa région,

elle a quitté son mari médecin.

Donc une fois qu'elle arrive dans le sud

vers Perkinia et qu'elle découvre qu'en fait

elle aura jamais la situation de Monopole

parce qu'elle a détecté

un intuitif qu'elle est

parce qu'elle est très intelligente aussi.

Elle a détecté qu'en fait,

il ne s'est pas réjammé de la mère de sa fille.

Donc en fait, en réalité,

elle lui dit,

il faut s'en débarrasser maintenant.

Et je pense que c'est elle

qui le pousse à faire quelque chose

qu'elle ne faisait jamais.

La maîtresse ne fait pas appel

mais Ramon Cortès,

si les deux ex-amants

se retrouvent donc de nouveau

face à face

dans un second procès.

Le procès repart totalement à zéro

avec deux accusés face à face.

Ramon Cortès et Sandrine

d'elle portent sa maîtresse de l'époque

et s'accomplissent.

L'un et l'autre s'accusent

et vice-versa.

Alain, comme à l'autre,

le président de la cour demande

quelle a été votre participation.

Sandrine d'elle porte, nerveuse,

les bras croisés répond.

Je n'ai rien fait,

j'ai juste conduit la voiture,

je n'ai rien voulu savoir.

Ramon Cortès répond,

je n'ai pas tué ma femme,

c'est Sandrine d'elle porte qui a tiré.

Elle ouvrait pas la bouche,

elle le jouait au maximum

mais elle le jouait mal, moi je trouve.

Elle parle de la femme

sous imprises psychologiques, etc.

J'ai jamais ressenti ça chez elle,

on sentait de la froideur

parce qu'on lui avait demandé

de ne pas

réagir.

On lui avait demandé de pas attirer l'attention

mais en réalité

derrière ce masque de froideur

on ne sait pas trop ce qui se cachait

parce qu'elle a été nulle passibilité.

Moi je ne suis pas connu le premier procès

donc je ne sais pas comment elle pouvait être

quand elle se défendait

un actrice principal

et active à sa défense.

Là elle s'est condamnée d'un rôle hyper passif,

perfroi,

un dedans, elle a respecté

un script qui lui avait été fait

mais elle n'avait pas du tout intérêt

à bouger, ça c'est sur la santé.

Code P28, rapport psychologique

de Catherine Auvespian.

Décrit les partenaires dominateurs

qui l'ont privé de liberté

et pour lesquels elle a eu

des sentiments passionnels et fusionnels

au point de leur obéir

et de se sacrifier pour eux.

Elle est consciente d'avoir

répété le même type de relation

avec deux hommes différents.

Quand on est con, on le reste

j'ai pris deux fois le même.

C'est ce qu'elle dit parce qu'on a enculé

un peu de ça, qu'elle a connu

des hommes très mal traitants en amont.

Il n'y a pas de plaintes, il n'y a rien,

elle est partie, c'est elle qui le dit.

Et ensuite elle se remettrait avec un autre homme

qui est mal traitant à nouveau

mais contre Cortès, il n'y a pas de plaintes non plus.

Elle ne dit pas qu'il a été violent.

Elle ne le dit jamais

parce que sinon elle aurait du mal à expliquer

qu'elle a fait tout ça pour partir avec lui.

Après elle veut se marier avec lui

parce qu'il faut le faire quand même.

Alors même qu'il est incarcéré,

sous le joug de quelqu'un de violent

alors que là il est neutralisé,

il est en prison,

il va prendre des années de prison

parce qu'il assume l'assassinat,

elle le dit, je vais me marier avec toi.

Donc elle n'est pas...

L'emprise, elle est terminée là,

il n'est plus là tous les jours, etc.

Donc moi je n'y crois pas du tout.

Je ne comprends pas d'ailleurs

qu'on n'ait pu faire autant de forces

en route psychologique que moi.

Moi je n'y crois pas du tout.

Le joug de quelqu'un,

à rencontrer Sandrine Del Porte

après plusieurs années de détention.

A la barre,

son diagnostic est limpide.

Les hommes exerçaient sur elle

une emprise.

Ce qui est certain,

c'est qu'elle a déjà été

dans cette situation où elle a été

l'objet et voir la victime d'enprise

avec son second mari.

Ce dernier se montrait violent

se montrer dévalorisateur, l'isolée de sa famille et donc ne lui laisser aucune

initiative et là elle a été véritablement victime de cette emprise.

Alors ensuite, semble-t-il, elle se remit dans une situation tout à fait identique,

ce qui est classique, en matière soit de violence conjugale, soit de difficultés

relationnelles et là il semble bien qu'elle ait été quand même, en tout cas de ce qu'elle

en dit, victime de cette pression psychologique, victime de ce défaut de considération d'elle-même,

ce rabaissement de l'estime d'elle-même et finalement aussi de la violence de cet homme.

Elle dit, je me sens libre depuis que je suis en prison, ce qui est un paradoxe absolument

fabuleux, donc elle met en contrepoint ce qu'elle vit aujourd'hui entre quatre murs et avec une

limitation de sa liberté et de son autonomie, elle met ça en positif par rapport à ce qu'elle

dit avoir vécu dans la relation avec M. Cortes, donc c'est là où elle était emprisonnée.

Il semblerait que cette formulation signe, en effet, la dépendance et l'emprise qu'il pouvait avoir sur elle.

Côte B-33, rapport d'expertise psychiatrique du docteur de plat.

Sandrine Delport affirme qu'elle a appris la magie noire avec son ex-marie,

la rendant réceptive au discours de Ramon sous l'emprise duquel elle se serait placée.

Je crois aux esprits qui apparaissent, d'ailleurs je porte une croix en acier pour me protéger

contre les mauvais esprits, il m'arrive d'avoir des rêves prémonitoires.

Cette emprise avec Ramon de Cortes et qui lui faisait croire des choses qui n'existaient pas.

Muriel, sœur de Sandrine Delport.

Du genre, mon père était déjà décédé, il lui faisait croire que le fantôme de mon père était avec eux

et il a pris cette image là pour faire faire à Sandrine tout ce qu'il avait envie de faire.

Mais pour voir vraiment avec elle pour qu'elle puisse faire, enfin c'était le marionnette.

Elle était vraiment la marionnette de Ramon de Cortes parce qu'il utilisait cette image de mon père

avec laquelle il savait qu'elle avait une emprise particulière, qu'elle avait une relation particulière aussi avec mon père.

Alors comment on peut qualifier cette relation?

Une relation de dominé, une relation d'emprise.

Maître Iris Cristol, avocate de Sandrine Delport.

D'abord, je crois qu'une histoire d'amour tout à fait rationnelle qui au-delà des qualités qu'on prête à l'autre

parle d'abord de soi et la résurrection de cette femme fait qu'elle se serait jetée dans le feu pour lui.

Parce qu'elle avait besoin d'être cette femme qui a regardé de cette façon-là.

Parce que la façon de qu'il a regardé, ça devenait son identité.

Et qu'à partir de là, je pense qu'on peut asseoir toutes les formes d'emprise possibles et imaginables.

Il y a des femmes qui acceptent même des violences après parce que le lendemain, elles sont à nouveau regardées comme ça.

Tout simplement parce que c'est un besoin vital, ça vient de combler une faille narcissique fondamentale

et que si cette faille-là n'est pas comblée, elles ont l'impression qu'elles vont s'écrouler, que ce sera pire,

qu'elles vont disparaître, se diluer.

Et c'est tout à fait le cas de Sandrine Delport qui avait cet attachement viscéral, irrationnel,

mais vraiment comme une addiction à Ramon Cortez.

Donc oui, je pense qu'il y a une forme d'emprise, l'emprise au sens où qu'est-ce que c'est l'emprise?

L'emprise, c'est quand on n'arrive plus à réfléchir par soi-même.

Voilà, on ne peut plus réfléchir par soi-même.

Et je pense que Sandrine Delport, j'en suis absolument convaincue, n'avait plus la capacité de réfléchir par elle-même.

À l'issue des pléloiries, le président de la Cour d'Assise s'adresse à Sandrine Delport.

Madame Delport, quels sont vos derniers mots?

Je suis entièrement désolé de tout ce qui s'est passé.

Quand je suis entré en prison, je voyais que ma souffrance.

Peut-être que vous ne me pardonnerait pas, mais je vous demande pardon.

Je ne cherche pas l'acquitement. J'ai ma part de responsabilité.

Mais je vous demande de ne pas me donner la même peine qu'à Perpignan.

Mais elle a pensé qu'elle devait, à la famille de la victime, reconnaître sa responsabilité,

quitter à ce que les siens se détournent de elle.

Mais les siens ont eu l'intelligence et la noblesse de caractère,

de considérer que c'était un trait de courage et pas un trait de lâcher,

que de reconnaître les choses et ne se sont pas détournées d'elle.

On appelle Sandrine Delport et de nouveau condamné à 18 ans de prison.

Ramon Cortés s'écope de 30 ans de prison, comme en première instance,

mais sa peine est alourdie par une sûreté de 20 ans.

En détention, Sandrine Delport engage un travail thérapeutique hebdomadaire

avec une psychologue.

Sandrine, en fait, avec le suivi qu'elle a eu avec la psychiatre

et puis la psychologue pendant son incarcération,

s'est essayée de trouver pourquoi elle était toujours dans ses relations

de dominant dominé et qui avait crescendo en plus dans la violence.

Muriel, sœur de Sandrine Delport.

Ce qu'ils ont pu trouver, ce qu'ils ont pu déterminer avec elle,

c'est le fait qu'elle avait un besoin de trouver un idéal masculin

qui pouvait représenter vraiment l'autorité.

C'est-à-dire qu'elle, en fait, elle ne voulait pas être la représentante

de l'autorité envers ses enfants aussi et elle a recherché

toujours un homme qui pouvait prendre ce rôle autoritaire

et ne pas être dans le modèle de sa mère, en fait, de notre mère.

C'est-à-dire que ma mère a toujours été l'autorité,

c'est-elle qui faisait, qui commandait et qui nous dirigeait vraiment d'une main très ferme

alors que mon père était une main souple et plutôt assez cool

et elle ne voulait pas se chez Mala.

En fait, elle a cherché l'opposé.

Elle a cherché l'opposé, mais dans l'extrême, en fait.

À l'heure où nous enregistrons, Ramon Cortès purge sa peine

et Sandrine Delport, toujours soutenue par sa famille, envisage une sortie prochaine.

C'était ton de la traconde Côte B, rédaction en chef Guillaume Mori,

en quête Vincent de Bi, réalisation Boris Pachinsky.

Le podcast de ce programme est disponible tous les vendredis,

dès six heures du matin.

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Redécouvrez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité de Sandrine Delporte et Ramon Cortès, ces deux amants qui ont exécuté l’épouse de Ramon, Rosine Roig, d’une balle dans la tête. Au cours de deux procès, ils vont se rejeter la responsabilité de cet assassinat. Qui dit vrai ?Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.