Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Rachel, la grande empoisonneuse - Le récit

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Une formidable histoire du tout début du XXe siècle, 1902, l'histoire d'une empoisonneuse

en terre cascone dans le Gers.

Cette histoire, je l'attire dans un livre de Jean-Claude du Lyon, paru récemment aux

éditions Orphil Volus, Rachel, la grande empoisonneuse.

Thomas Haudoir m'a aidé à l'écrire, réalisation Céline Le Bras.

Nous voilà en novembre 1902, soyez les bienvenus à Sainte-Lars, petit village du Gers.

Laissez-moi vous présenter Gaston Galtier, le juge de paix du village, celui qui tranche

les petits litiges et les histoires de voisinage.

D'habitude, Gaston Galtier, ce qu'on appelle un bon vivant, d'habitude, il a un appétit

dog.

Mais là, en ce moment, ce n'est pas la grande forme, et partez que ça ne va pas bien.

Il peut plus manger que du liquide, il y avait ça ou un mal de ventre, pauvre Gaston.

Je ne sais pas ce qu'il a.

Le 7 novembre 1902, le voit la alité à ce tortre de douleur.

Il vomite toute la nuit.

Au point que sa femme Rachel fait appeler le docteur Labate.

Adieu, madame Galtier.

Qu'il me va ?

Pas trop bien, docteur.

Mon gaston a ramené toute la nuit.

Je ne sais pas ce qu'il a.

Le docteur Labate avec Jean-Mine Gaston, il n'a pas l'air trop inquiet.

Ce n'est pas grand-chose, madame Galtier.

Une indigestion, une fatigue de l'estomac.

Il n'avait qu'à lui donner l'eau gazseuse, et de la glace bien froide.

Et je vais vous presquer, il a un peu de gâtif que vous allez chercher à la femme ainsi.

Pour le reste, il faut qu'il se repose.

Et vous ne lui faites rien manger, mais que le à la diète.

Mais trois jours plus tard, le pauvre Gaston est toujours au lit,

est toujours aussi mal en point.

Aurélie ! Aurélie !

Faites-le lui dans comme bouillon.

Ça lui fera du bien.

Aurélie, c'est la bonne.

Quand elle apporte le bouillon à Gaston.

Mais c'est quoi que vous me faites manger là ?

Il y a trop de sel et trop de poivre.

Mais non, Gaston, c'est toi qui a mauvaises bouches.

C'est pas trop salé.

A peine redescendu au reine de chaussée,

Rachel et la bonne entendent un bruit sourd à l'étage.

Alors elles remontent toutes les deux en courant.

Miladio, Gaston !

Qu'est-ce qui t'arrive ?

Gaston est tombé d'une nuit.

Le docteur Labatt n'est pas disponible.

Rachel en fait venir un autre.

Et en l'attendant, elle reste à veiller son mari.

Rachel !

Rachel, approche-toi.

Rachel, je crois que pour moi, cette fois c'est fini.

Alors écoute-moi.

Ecoute-moi bien.

Ta fortune ne va pas te permettre de rester ici avec notre fils.

Pierre, écoute-moi.

Va à Cassoneu.

Et débrouille-toi pour faire prendre une assurance vie

de ma mère.

Elle ne va pas tarder à mourir.

Comme ça,

tu aurais de quoi vivre.

Quelques secondes plus tard, Gaston Galtier est mort.

Quand le docteur arrive, c'est trop tard.

Il trouvera Rachel sur une chaise, applaudit.

Les proches et la famille sont déjà là,

à veiller le mort.

La suite est très étrange.

Rachel envoie un télésgramme à deux docteurs du village où elle est née.

Cassoneu.

Elle ne leur parle pas du tout de la mort de son mari la veille.

Au contraire, elle leur écrit simplement,

Gaston, très malade, venait immédiatement.

Du coup, quand ils arrivent, ils sont un peu surpris.

Eh ben Rachel, il est mort contre Marie.

Et partit que je sais qu'il est mort.

Mais de quoi qu'il est mort, je sais pas.

Moi non plus, je sais pas.

Je vois des traces noires ici au niveau du thorax.

Mais d'où ça vient ?

Ça, je ne sais rien.

J'ai envie de dire, il n'en sait rien.

C'est l'essentiel, vous verrez.

En attendant, il faut bien l'enterrer,

ce pauvre Gaston Galtier.

Et passer les funérailles, assumer le deuil.

Dans ces années-là, dans le Gers, on ne discute pas avec le deuil.

On se met dans noir, et puis c'est tout.

Et on porte sa peine publiquement.

Et Rachel, elle a de la peine.

Ça, on ne pourra pas dire l'inverse.

D'autant qu'avec Gaston, juge de paix,

elle avait une petite vie mondaine à Saint-Claire.

Ce n'était pas Saint-Germain-des-Prés, mais quand même.

C'était mieux que rien.

Et là, depuis qu'il est mort, c'est rien.

Et donc, elle décide d'aller s'installer quelque temps chez ses parents à Casseneuil.

Et à Casseneuil, sur les bons conseils de son Gaston, avant de défaillir,

elle va se renseigner pour faire prendre une assurance vie à sa grand-mère.

Une assurance vie, une femme si âgée et dans son état.

Mais enfin, madame, c'est impossible.

C'est impossible.

Bah oui, il a vu la vie hier, je gasto.

Quelqu'un qui est mourant, on ne peut pas lui prendre une assurance sur la vie.

Ça serait trop simple.

Et de fait, la grand-mère ne va pas bien.

Rachel en profite pour s'occuper d'elle.

Je vais te faire des petits plats, mamie.

Tu es là, ça il a mieux.

Mais les petits plats ne peuvent rien contre l'âge.

Et en janvier 1903, deux mois, jour pour jour après Gaston,

la grand-mère passe de vie à Trépa.

Quand la grand-mère meurt, Rachel mérite de rien.

Son père, monsieur Dupont, est toujours vivant.

C'est lui qui hérite.

Mais c'est un brave homme et, comme beaucoup de parents, il en fait un peu profiter sa fille.

Tais, Rachel, voilà mille francs que je tiens de ta grand-mère.

Ça pourra t'aider.

Et puis je te donne aussi une maison que je suis ici.

Bon, c'est pas Versailles, mais ça vaut quand même dans les 3 500 francs.

Du coup, si tu veux rester ici à Casseneuil, maintenant que tu es veuve,

ça sera facile.

Rachel reste effectivement à Casseneuil tout le mois de février,

mais dès le mois de mars, elle fait le choix de regagner Sainte-Claire.

De retour à Sainte-Claire, en mars 1903, Rachel Galdier a épongé celle-là.

Et elle renoue avec quelques-unes de ses amis, notamment madame Ducassé, l'institutrice.

Elle l'empreinte régulièrement des lieux.

Elle s'entende bien, tous les deux.

En revanche, avec sa bonne Aurélie, c'est en train de tourner vinaigre.

Aurélie s'est mise à recevoir des lettres anonymes disant que son mari, Jules, la faisait cocu.

Et Jules, furieux de ce mensonge, a découvert que c'est Rachel qui a écrit ses lettres.

Pourquoi est-ce que Rachel a fait ça ? Personne n'en sait rien.

En attendant, Aurélie a démissionné.

Mais qu'importe, Rachel lui a déjà trouvé une remplaçante.

Maria, Maria Escriba.

A part ça, Rachel a toujours un gros souci.

Mettre son fiston pierre à l'abri du besoin.

Le coup de l'assurance vie au nom de sa grand-mère n'a pas marché.

Il lui faut trouver autre chose.

Alors elle demande à son frère qui, pour compliquer un peu cette histoire, s'appelle aussi Gaston.

Gaston Dupont.

Et Gaston, l'avantage, c'est qu'il n'est pas encore marié.

Il fréquente, hein, mais il n'a pas encore convolé.

Et il n'a pas d'enfant.

Gaston, mon frère, est-ce que tu serais d'accord pour prendre une assurance vie au bénéfice de mon petit pierre ?

S'il t'arrive quelque chose, une assurance vie ?

Mais ça coûte de l'argent, ça, tous les mois.

Ça coûte de l'argent 300 francs par mois.

300 francs par mois.

Mais t'inquiète pas, je m'en occupe.

Tu n'as rien à payer.

Si je n'ai rien à payer, alors t'accords.

Il est gentil, le frère.

S'il venait à disparaître, 50 000 francs reviendront au petit pierre.

Même si la probabilité qu'il meurt avant Rachel est assez faible, il est plus jeune qu'elle.

Là-dessus, le frangin doit aller faire son régiment à Toulouse.

Rachel lui écrit,

« Ne viendrais-tu pas me rendre visite à Sainte-Clarre avant de partir faire ton service ?

Pourquoi pas ?

Il l'aime bien, sa sœur Rachel, et il l'a voie peu.

Alors le 4 août 1903, le voie l'assure son piclou en haut pour Sainte-La.

Il y arrive sur les coups de cinq heures de l'après-midi.

Oh mon Gaston,

comme tu me fais plaisir de venir me voir,

tu vas rester un peu.

Eh non, ma pauvre Rachel,

je vais partir demain à trois heures.

Je dois être à la caserne à Toulouse demain soir.

C'est un peu court, mais qu'importe.

Rachel se connait ses fourneaux et il digne tous les deux.

Un peu plus de soupe, mon Gaston.

Je te remercie, mais non.

J'ai une de ces malvoins de...

Bouge pas, je m'en vais là-dedans dans le cabinet.

Le pauvre Gaston vaut m'y triber ses boyaux.

Le lendemain matin, il va un peu mieux,

et en début d'après-midi,

eh ben merci,

ça m'a fait plaisir de te voir, Maglaine de Seule.

Il faut que je me mette en route,

on m'atteint au régiment à Toulouse.

Le trajet du pauvre Gaston vers Toulouse

est un chemin de croix,

et à peine arrivé,

le voilà à l'infirmerie de son régiment.

J'ai une de ces malovents, le docteur.

Je sais pas ce que j'ai.

Sans doute un héritème ionique,

et une légère irritation digestive.

Connais rien.

Vous allez vous le mettre en tête vite.

Et de fait, il se remet.

Piaston du Pont

Effectue son service militaire à Toulouse,

et avant de rentrer chez lui,

il va voir son ami Jules à peau.

Oh Gaston,

que je suis content de te voir.

Et moi, d'où Jules ?

Et alors,

où en es-tu ?

Tu es marié,

et pas encore.

Mais bientôt.

J'ai une bonne amie,

à Libourne,

près de Hordeau.

Je ne viens, elle s'appelle.

Et je compte bien m'épouser.

Et ben,

t'es,

voilà une bonne honnête.

Quand il prend la route de retour,

Gaston décide comme à l'aller

de s'arrêter à Sainte-Lars

voir sa soeur rachel.

Oh pute,

quand tu me fais plaisir Gaston,

je t'ai mis ton nez un bon petit dîner.

On va se régaler.

Le lendemain matin,

Gaston ne va pas bien,

du tout.

J'ai un de ses mal aux ventres, rachel.

Il députe sa noix dans les écrevilles,

ce que tu m'as fait à dîner hier.

Sa m'a mis un pète aux ventres.

Et il le sur le lendemain,

et il ne va pas mieux.

Appelle le docteur Labatt.

Oh, bon,

je pense que c'est réel, hein, jeune homme.

Vous allez plein d'un laxatif,

et puis du cinapisme confré.

Hein?

Ca vous fera bien.

Du cinapisme confré,

autrement dit de la farine de Moutard.

Ne riguez pas, hein.

Ca se vend encore aujourd'hui.

Le pauvre Gaston écrit

à sa fiancée jeune Ovière.

Ma chérie,

je suis soufflant

sur quelque tas.

Mais les jours passent

et il ne va pas mieux.

C'est même de pire en pire.

Maintenant, il transpire

et il manque de s'étouffer.

Rachel fait prévenir ses parents

que son petit frère ne va pas bien

et ils arrivent à Saint-Claire

et ça s'empire encore.

Alors Rachel fait revenir le docteur Labatt.

J'avoue que je ne comprends rien.

Je ne comprends pas du tout ce qu'il a.

J'avoue que je me sens

bien impuissant.

Si le docteur est impuissant,

voyons ce qu'on pense

le pharmacien Rouaide.

Un voisin va lui poser la question.

Des vomissomins,

vous dites,

et des douleurs à l'estomac?

Oh!

Le mari de madame Galtier

souffrait déjà des mêmes symptômes.

C'est onan quand même, hein.

C'était onan, on est fait.

Et le pauvre Gaston Dupont

meurt au cours de la nuit suivante

à trois heures du matin.

Décidément,

sale temps pour les Gastons.

Si on se résume

dans cette histoire,

en quelques mois,

on a trois morts.

Gaston, le mari de Rachel,

Gaston, le frère de Rachel

et la grand-mère,

même si elle était vieille.

Je sais ce que vous pensez.

Vous pensez qu'elle les a tués,

tous les trois,

qu'elle les a empoisonnés.

Vous n'êtes pas seul à le penser,

je vous rassure.

À Sainte-Lars, ça commence à cancanner.

D'autant que Rachel a déjà

remballé ses habits de deuil.

Je l'ai vu l'autre jour.

Elle avait un gorsage.

Il est bien ouvert.

Elle a rigolé.

Ça ne se fait pas quand même

quand on vient de perdre le coup sur le coup

?

Ça, ça se fait pareil ?

Et voilà

que des affiches apparaissent

sur les murs de Sainte-Lars.

Des affiches

dans un village de 1 500 habitants.

On ne peut pas les louper.

Il y en a même une

sur la maison de Rachel Rue des Nobles.

Avec écrit en gros

Madame Galtier

a empoisonné son mari et son frère.

Sympa l'ambiance à Sainte-Lars.

Au juge de paix,

la gendarmerie et le procureur

reçoivent aussi des lettres du même tonneau.

Anonies, bien sûr.

Attention,

tous les habitants de Sainte-Lars

n'accusent pas Rachel.

Ces amis ne croient pas un mot de ses rumeurs.

Cela dit,

moi je crois

que pour l'avoir son honneur

on devrait faire des autopsies

sur les trous à cadavres

et comme ça,

même ses amis ne croient

qu'à moitié

à son innocence.

Et donc, une enquête commence.

C'est d'abord le juge de paix Meryl,

remplissant de Gaston Galtier

qui s'y colle.

Et très vite, lui-même

n'a plus beaucoup de doute.

Il prévient donc le procureur de lectours.

Très bien, Meryl, très bien.

Très bonne travail.

Écoutez, je vais délivrer les tout de suite

à de compalations

à cette femme Galtier.

Quelques jours plus tard,

un dimanche,

le procureur de la République,

le juge d'instruction

et le commissaire gréfié

se présentent au domicile

de Rachel, rue des Nobles.

Ils font fouiller la maison,

ils saisir deux ou trois choix.

Et le jour même,

ils entendent des témoins.

Et bien, je crois que nous n'avons

plus beaucoup de doute.

Cette femme est une empoisonnage.

Et donc,

je m'avais prendre un mandat d'arrêt.

Le soir même,

Rachel Galtier

dort à la prison de Rectaux.

Ce qui, au début,

n'a pas l'heure du tout de l'effrayer.

Gardien !

Gardien,

je voudrais un chocolat chaud

pour mon petit déjeuner.

Mais, madame Galtier,

c'est que ça coûte de l'argent.

Peu importe, Gardien.

Je paye au ré.

C'est qu'elle a des sous,

la diablesse.

Ça lui a rapporté tout ça.

C'est le juge d'instruction

dans Saus,

qui est chargé de l'enquête.

Il commence par aller perquisitionner

la maison des parents de Rachel,

à Casneuil.

Et plus précisément,

voilà ce que j'ai trouvé.

Des bijoux,

et pas que un,

toute une quantité de bijoux.

Elle les avait mis au fond d'un tiroir

de sa commode.

Donc là, on a des broches,

ici des bagues,

ici des bracelets,

une chaîne,

et puis là, une montagne d'argent.

Voilà ce que j'ai trouvé,

mais ce que le juge chez ses parents.

Mais tout sortait tout ça.

Le juge lui pose la question

et il a posé les bijoux sur la table.

Dites-moi, Mme Galtier,

d'où est-ce que vous tenez tout ça?

Tous ces bijoux sont des cadeaux

de femone et pou, M. le juge.

Ça, Mme Galtier,

c'est ce que vous voulez me faire croire,

hein?

Mais vous n'y arriverez pas très longtemps.

La provenance de ces bijoux

que vous détenez

est bien plus obscure

que ce que vous prétendez.

Mais pas du tout, M. le juge.

Il n'y a rien d'obscur.

Vous savez ce que je pense, Mme Galtier.

Je pense

que vous avez empoisonné votre mari,

puis votre frère

et ainsi que votre grand-mère.

Et le seul moyen

d'en être sûr,

c'est de pratiquer des autopsies

sur les trois cadres.

Quand dites-vous,

et je n'en dirais rien, M. le juge,

faites donc comme vous voulez,

d'une certaine manière,

ça me rend un service.

Vous voulez que je n'aie rien fait de mal.

Et donc,

on déterre les trois cercueils

au cimetière de Casseneuil.

Le juge d'instruction est là,

le procureur de la République

et trois médecins légistes,

dont le docteur Land,

qui est maire de Bordeaux.

Il est venu voir

et dire ce qu'il pense de Rachel.

Bon, évacuez-moi tous ces gens,

nous procéderons à l'eximation

que quand ils seront partis.

Et donc,

on sort les trois cercueils,

on les met sur une charrette

et on les emmène dans une grange

à l'abri du regard.

On ouvre,

on en sort les cadres

et on les pose tous les trois sur une table.

Ils sont trois médecins légistes

en par calard.

Ils se mettent à découper

et ils remplissent des bocaux

avec les tripes et les boyaux

de chacun des morts.

Bien,

nous allons en terminer, M. le juge.

Nous allons emmener tout ça à Bordeaux

et puis vous rendrons nos conclusions

sous peu.

Ce qui est étonnant,

c'est qu'au même moment,

de sa cellule,

Rachel Galtier n'a pas l'air du tout inquiet,

comme si elle était sûre

qu'ils ne trouveront rien.

En attendant,

elle vient de demander

qu'on fasse venir un coiffeur.

Elle a de l'argent,

elle en profite.

Cela dit, prudente,

elle embauche aussi un avocat,

maître Nux,

du barreau de l'Hecto,

il paraît que c'est le meilleur.

Elle a bien raison

qu'elle n'a pas l'air du tout inquiet.

Le juge

fait régulièrement venir Rachel

dans son bureau.

Chez Mme Galtier,

je m'intéresse

à ces bijoux qu'on a retrouvés

dans votre chambre

chez vos parents.

On me dit

que vous êtes amis

avec Mme La Rue.

La Rue, c'est ça?

Alors, j'ai décidé

à vous

en posant les bijoux

sur la table de mantelle.

Compassez-vous, Mme Galtier.

Et là, Rachel courbe les Chines

cette confrontation

avec son ami La Rue,

elle n'en a pas envie.

Ça se voit.

Pour la chaîne en or,

je veux bien le reconnaître

que j'ai profité d'être invité

chez Mme La Rue

pour de la voler

au coup de son fils.

À côté de ce qui lui est reproché,

c'est-à-dire trois empoisonnements,

ça ne pèse pas lourd.

Mais ça donne une idée du personnage.

Et pour la suite,

on attend toujours les résultats

et s'analysent.

Et elle, pendant ce temps-là,

eh bien, ça a l'air d'aller.

Elle n'a pas l'air inquiète du tout.

Elle boit son chocolat au lait

tous les matins.

Un succulent repas de midi,

une collation à quatre heures

et un dîner à dix-neuf heures.

Le juge a décidé de ne plus l'interroger

tant qu'il n'aura pas les résultats.

Mais il y en a un

qui, à ce stade, c'est déjà

ce qui s'est passé

ou à peu près.

C'est le pharmacien de Sainte-Lars.

Le docteur Rouaide,

quand on est venu lui annoncer

la mort de Gaston, le frère,

après celle de Gaston, le mari,

dans la même condition,

après les mêmes vomissements

et dans la même maison,

il a tout compris.

C'est-à-dire que

je me suis souvenu

que, dans les semaines

qui ont précédé,

Mme Galtier

m'a plusieurs fois envoyé ses bonnes

pour acheter le arsenic.

Elle disait que des rats

s'attaquaient à son linge.

Alors, je lui en ai donné

plusieurs fois

et la bonne revenait toujours

et elle en voulait de plus en plus,

de plus en plus souvent.

À un moment, j'ai dit non,

je peux plus vous en donner.

Alors,

ils n'ont pas encore reçu

les résultats des analyses.

Mais moi, je sais ce qu'ils vont trouver

de l'arsenic.

Mon arsenic.

Qu'est-ce que je m'en veux ?

Il a raison.

Les analyses viennent d'arriver

de Bordeaux.

Le frère Gaston Dupont

on a trouvé dans ses tripes

8 à 10 fois

la dose mortelle d'arsenic.

Elle n'y est pas allée molot,

la rachète

et son mari Idem

et la grand-mère aussi.

Elle l'a empoisonné

tous les 3.

Pourquoi ?

Vous connaissez ma théorie ?

Il n'y a pas de sexe dans cette histoire.

C'est l'argent.

Basique, nette,

l'héritage du mari,

celui de la grand-mère

et l'assurance vie du petit frère.

Voilà.

Elle a fait tout ça pour ça.

Et c'est avec cet argent

qu'elle se paie tous les matins

son chocolat au lait.

Rachel

déménage à la prison de Hoche

car c'est là qu'elle va comparer

devant la cour d'assises.

Et là,

on en apprend une bien bonne

grâce à la presse locale, figurez-vous.

À la prison de Hoche, Rachel,

c'était prise d'amour

pour un co-détenu, Albert.

Véridique, hein.

Les hommes et les femmes, bien sûr,

ne sont pas détenus ensemble,

mais Albert est cuisinier

et il distribue les repas

dans le quartier des femmes.

Voilà comment cette histoire d'amour a débuté.

Alors on me dit qu'ils n'ont pas faits

de la prison.

Quoi qu'il en soit,

la prison a mis un terme à tout ça.

Mais il continue de s'écrire

et le journal a mis la main

sur quelques-unes de celles.

Ils auraient voulu les publier.

Mais non,

trop licencieux, comme on dit à l'époque.

Trop cru,

trop cochon, quoi.

Tout ça pour dire que cette histoire

passionne dans le coin.

Il va y avoir beaucoup de monde

ou de monde.

Le procès de Rachelle Galdier

s'ouvre à Hoche le 26 octobre 1904.

Il doit durer quatre jours.

La salle est comble.

Et Rachelle,

Rachelle étant deuil

de la tête aux pieds.

Elle qui était passée si vite au corsage

a fait marche arrière.

Toute de noir vêtue

avec un long voile noir sur le visage.

Une veuve au portée-là.

Très réussi.

Et ça colle parfaitement

avec ce qu'elle a à dire

sur cette affaire.

Je suis absolument innocent.

Je n'ai empoisonné personne.

Et en vérité,

je suis une victime

qui a perdu son mari,

son frère

et sa grand-mère.

On ne lui fera jamais

dire l'inverse.

Mais quand les légistes viennent à la barre,

plus personne ne la croit.

Rendez-vous compte

que dans le corps de Gaston Dupont,

il y avait entre 8 et 10 fois

de quoi tuer quelqu'un.

Et c'est conforté

par le témoignage du pharmacien du village

qui a vendu l'arsenic.

Moi, j'ai cessé de la vendre

quand j'ai réalisé

qu'elle avait chez elle

suffisamment d'arsenic

pour empoisonner

son quartier.

Elle n'a pas bien eu la diablesse.

Et les bonnes

viennent enfoncer le clou.

Bon, elle m'aurait envoyé

sans ses, sans le chercher.

Mais comme c'est moi qui ferais le linge,

je voyais bien que cette histoire

déjà,

ça n'allait pas.

A priori,

l'affaire est dans le sac.

Ce qui est intéressant dans ce procès,

c'est qu'à un moment,

on s'intéresse à l'état psychique

de Rachelle Galtier.

Son avocat, Maître Nux,

a fait venir 2 experts, médecin.

Que pouvez-vous nous dire,

docteur,

sur le psychisme de l'accusé ?

C'est incontestablement

une femme qui est atteinte

d'hystérie.

À tel point de n'ailleurs,

qui lui faudrait des soins.

D'accord ?

Et vous, docteur,

connaissez-vous ?

Je suis d'accord avec le diagnostic

de mon confrère.

Cette femme est hystérique.

Hystérique, docteur,

au point qu'il faudrait

l'interner dans un asile de Lyénais ?

Non, non.

Nous n'en sommes pas là.

On pourrait croire

que cette histoire d'hystérie

est une stratégie de la défense,

mais manifestement,

l'avocat-général lui-même,

au moment de son réquisitoire,

admets que peut-être,

il y a un problème de ce côté-là.

Nous avons assisté hier

à une belle et savante joute

entre professeurs de nos facultés.

Et nous avons admiré leur éloquence.

Mais ils nous ont laissé l'impression

que leur science

est très vague.

La société a confiance en vous,

messieurs les jurés.

Vous refuserez la pitié

à cette femme qui sème sa route

de cadavres.

Et vous fêlez

dans quelle mesure

vous pourrez lui accorder

des circonstances

atténuables.

Et voilà maître Nux

qui se lève pour plaider.

L'accuser, messieurs les jugés,

est atteinte d'hysterie.

L'hysterie

est une maladie mentale.

Rachelle Galtier est malade.

Vous devez le dire

et émettre dans votre jugement

le voeu

qu'on la fasse internée

dans une maison d'aliénée.

Les jurés délibèrent

et pendant ce temps par précaution

on met Rachelle

à l'abri du regard du public

dans une petite pièce à côté.

Et le président annonce le verdict.

Madame Galtier Rachelle

les jurés

vous déclarent coupables des vols

et des assassinats par un poisonement.

Mais à moins

il est retenu

les circonstances atténuantes.

Et les jurés

vous condamnent à la peine

de vingt années

de travaux forcés.

À l'annonce du verdict

Rachelle Galtier ne branche pas.

Elle demande juste

une scie à être un gendarme

qu'elle affume le plus paisiblement du monde.

Et toujours drapée dans son voile noire

elle quitte le tribunal pour la prison

protégée par une haie de militaire.

Et comme ça se fait

en général à l'époque

dans la foulée du procès

un chansonnier écrit une complinte

qui sera chantée dans tout le pays.

Ciel qu'elle est donc

ce monstre d'un femme

dont le poison

sème la mort

affrémissée

c'est une femme

belle pourtant

et jeune encore.

Rachelle Galtier

est emprisonnée à Montpellier

elle sera finalement libérée

après dix-huit années de prison.

J'ai tiré cette histoire

du livre de Jean-Claude Julien

aux éditions Arfil Volis

Rachelle la grande empoisonneuse.

Des centaines d'histoires disponibles

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En novembre 1902, à Saint Clar dans le Gers, le juge de paix Gaston Galtié, meurt dans les bras de sa femme, Rachel Galtié. Il a été empoisonné à l’arsenic.