Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Pma, Arthur retrouve son géniteur - Le débrief

Europe 1 Europe 1 3/8/23 - 21m - PDF Transcript

Eh mais pousse-toi un peu!

Mais je peux pas, regarde.

Là, t'es sur ma cuisse quand même.

C'est bon, les loulous, là. Vous êtes tous installés?

Je peux démarrer?

Non, non, attends, maman.

Basile, Inas et Léna sont pas encore montés.

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Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Ondelat reçoit un invité,

acteur direct de son récit.

Voilà, je n'ai pas tout raconté de ce livre

qui s'appelle Le Fils qui paraît donc au

aux éditions de l'iconoclast et qui est signé

Arthur Kermalvesen qui est là avec moi

et qui raconte donc dans ce livre son histoire.

Il faut donc raconter ce qui se passe après,

ce qui s'est passé depuis d'ailleurs,

cette première rencontre.

Finalement, il posait cette question

quelle place est-ce que je vais trouver dans votre famille,

quelle place a-t-il trouvé?

Et bien il a trouvé des questions,

c'est-à-dire que

en fait on réfléchit ensemble

à la place qu'il faut inventer.

Donc Julien répondu qu'il fallait être créatif.

C'est à inventer quelque chose qui n'existe pas?

Oui, voilà, il y a quelque chose qui n'existe pas.

En revanche, dans ma tête, il y a toujours eu

un père, une mère et un géniteur

qui a toujours su comment j'avais été conçu.

Est-ce que c'est si clair que ça?

Et d'ailleurs, en fait, ce qui s'est vraiment passé

c'est que j'ai compris le jour où je l'avais rencontré

que c'était la première fois que Gérard

était vraiment devenu donneur.

C'est la première fois qu'il était face

à la conséquence directe de son don.

Oui, lui n'avait pas vu les conséquences.

Eh ben non.

Pour lui, c'était du sperme.

Exactement, mais le jour où j'ai retrouvé mon donneur

c'est mon père qui est redevenu encore plus mon père.

Et ma famille est devenue la famille

qu'elle avait en fait toujours été.

Et c'est ça qui était assez intéressant pour tout le monde.

Parce que tout le monde a été chamboulé quand même par ça.

Finalement, vos parents n'ont pas voulu le voir,

pour l'instant?

Moi, je suis assez pudique avec eux.

Tant qu'eux ne formulent pas une demande

positive qui viennent d'eux-mêmes,

je ne leur dis pas, alors,

quand est-ce qu'on va se faire un barbecue avec Gérard?

Mais la porte n'est pas fermée, quoi.

Mais la porte n'est pas fermée, je sais qu'ils y réfléchissent.

Ce que j'apprécie chez mes parents,

c'est qu'ils prennent toujours le temps

dans leur réflexion.

Ils ont vu une photo, ça n'a pas été facile,

c'était pas gagné non plus ça.

Mais ils ont consenti, votre mère a vu la photo de Gérard?

Oui, mais il faut dire que Gérard reste sur Facebook.

Alors si vous voulez voir sa photo,

pour vous aussi c'est possible.

Mais pour votre mère, c'était peut-être moins simple.

Mais on lui a pas mis de flingues sur la temple,

elle n'est pas obligée d'aller sur Facebook.

Vous vous êtes posé, j'ai trouvé ça intéressant,

lors de la dernière fête des pères, la question de est-ce que je l'appelle ou pas.

Ce qui quand même semble indiquer que, comment dire,

cette place n'est pas si claire que ça.

Et vous avez dit non, et puis après vous avez dit je vais l'appeler demain,

le lendemain de la fête des pères,

pour marquer que ça n'est pas la fête des pères, mais que quand même.

Et puis finalement, vous n'avez rien fait.

C'est ça?

Je me suis retrouvé face à un dilemme assez compliqué.

Pourquoi? Parce que le donneur remplit qu'on ne le veuille ou pas

une fonction paternelle de reproduction.

J'ai hérité moi de quelque chose

que normalement un papa donne,

ou qu'un homme donne à une femme pour que cette femme puisse devenir maman

et lui-même, soit pour lui-même qui devienne père,

soit pour qu'un autre homme puisse devenir père.

Et donc c'est vrai que, vu qu'il n'y avait pas de point de comparaison,

je ne savais pas comment faire.

En fait, comme je sais qu'en face,

Gérard a aussi une...

Il a des enfants?

Il a des demandeurs?

Mais des demandeurs, on sent qu'il est demandeur.

Quand il vous appelle mon bébé,

il y a un truc qui n'est pas clair.

On en a souri tout à l'heure quand l'histoire a été diffusée.

Vous l'avez écouté, je vous ai vu sourire.

C'est vrai que c'est un passage un peu gênant.

Il va au-delà du rôle du géniteur quand il vous appelle mon bébé.

Oui, et en fait, on est face exactement à ce que je cherchais,

c'est-à-dire la dimension humaine du donneur.

C'est-à-dire que le donneur n'est pas le stéréotype,

l'espèce de clone social qu'on nous dépeint en nous disant

c'est un monsieur généreux qui n'a rien demandé,

n'allez pas l'embêter.

Mais en fait, par rapport à son histoire,

moi, quand je l'ai rencontré, par exemple, il m'a confié une mission.

Il m'a dit, tu sais, avec mes loulous, on ne se parle plus depuis très longtemps.

Voilà, il est fâché avec ces deux fils.

Enfin, en tout cas, il y a une rupture de communication.

Et il m'a dit, j'aimerais bien que tu m'aides à être la courroie de transmission

et de faire en sorte qu'on arrive à se rabis-baucher.

Et donc, moi, j'ai essayé à mon petit niveau d'apporter ça.

Et quand j'en ai parlé à mon père de cette mission que me donnais Gérard,

j'ai vu que mon père était très ému parce qu'il me dit que c'est extraordinaire.

C'est un homme qui aide un couple qui n'arrivait pas à devenir parent.

Il nous a permis de devenir parents.

On t'élève, et le jour où on t'a tout donné nous en tant que parent,

il te demande de recevoir ce que lui-même avait cherché à nous donner.

Enfin, c'est vraiment superbe.

C'est vrai que c'est touchant et érouvant.

La vie est complexe.

Au fond, comme si le bonheur n'était garantie,

ni quand vos parents sont vos vrais parents,

ni quand vos parents ne sont pas forcément vos géniteurs.

C'est-à-dire que rien n'est acquis, tout se gagne.

Rien n'est acquis, tout se gagne.

Et puis en même temps, je trouve que les histoires se répondent.

Ma mère est psychanalyste et je suis très sensible, moi,

tout ce qui est de l'ordre de la transmission psychogénéologique.

Et quand on entend que ma mère dit à mon père,

tu comprends si tu ne vas pas déclarer cet enfant à la mairie

auprès de l'officier d'État civil,

il va devenir pupille de l'État.

Et quand j'interroge mon donneur,

j'apprends que son propre père était pupille de l'État.

Donc pour moi, c'est un clin d'œil de nos deux histoires familiales

qui finalement se font du bien sans jamais s'être rencontrés.

Je veux qu'on parle de cette scène

qui est au début de votre histoire, qui m'a beaucoup frappée,

qui est celle de votre naissance.

Vous racontez que votre père met du temps à vous apprivoiser.

Je reprends vos mots très exactement

et que votre mère est obligée de lui dire, vas-y,

parce que sinon, cet enfant va devenir pupille de l'État.

Donc sans doute, suis-je moi aussi très nourri de psychanalyse, sans doute trop,

mais il y a là quelque chose qui sans doute est le moteur de tout ça.

C'est-à-dire qu'il y a un doute sur l'amour paternel, ou pas.

Elle est dérangeante cette scène.

Alors cette scène, pour moi,

est un clin d'œil par rapport à l'histoire familiale

que je retrouve dans la famille de Gérard.

Non mais c'est comme s'il y avait un secret de famille

que vous connaissez au moment où vous naissez.

C'est un truc dérangeant que vous connaissez au moment où vous naissez.

Vous n'avez conscience de rien, mais c'est là.

C'est probablement le cas pour n'importe quelle naissance

puisque ça m'a fait la même chose avec mes enfants,

mais il y a un inconnu, un truc qui jaillit dans notre vie.

Donc je peux comprendre comment dire ce retrait.

C'est votre mère qui vous raconte tout ça?

Oui, en fait, on a un carnet.

Chaque enfant a un carnet dans lequel ma mère a écrit des pensées

et qui nous a remis quand on avait une quinzaine d'années.

Pour avoir fait une psychanalyse,

je peux vous livrer la réflexion.

Le moteur de mon combat, ou de cette quête, on dira,

c'est qu'en réalité, le fait pour des parents

de ne rien savoir du géniteur

est quelque chose qui peut susciter des craintes et des questionnements.

Et se traduire par un manque d'amour?

Pas du tout. C'est pas un manque d'amour, c'est des réflexions.

Par exemple, moi je sais très bien que dans cette famille,

de manière consciente ou inconsciente,

j'ai été désigné comme étant le trouveur,

c'est-à-dire celui qui sortira un petit peu cette famille de la torpeur.

Je vous donne un exemple qui est d'ailleurs cité dans le livre.

Je devais avoir une dizaine d'années, je suis chez le pédiatre,

et la question des antécédents familiaux est posée.

Et ma mère répond de son côté et répond aussi pour mon père Stéryl.

Et à la sortie, je dis à ma mère,

mais comment peux-tu parler des antécédents familiaux organiques

de quelqu'un qui est Stéryl?

Les antécédents familiaux de mon donneur, tu ne les connais pas.

Et ma mère me répond, or j'avais oublié.

Et en fait, il est là, le déclencheur, c'est que je pense que l'anonymat

crée parfois un tel déni que ça peut devenir dangereux.

Encouragé par l'appariment en plus, c'est-à-dire?

Encouragé par l'appariment.

C'est plus pratiqué l'appariment aujourd'hui, dans le cadre des PMA, tout le monde.

Ah si, l'appariment est toujours pratiqué aujourd'hui.

Donc on cherche toujours ce mensonge en fait, à faire à crédibiliser ce mensonge.

Oui, et d'ailleurs, autant on peut comprendre,

enfin on peut comprendre même si ça correspond à une époque

où il y a des caractéristiques physiques, mais on va jusqu'au groupe sanguin.

Donc le groupe sanguin n'a aucun bénéfice médical,

voire même peut mettre en danger la vie de la mère qui va porter l'enfant,

puisque s'il n'y a pas de compatibilité du résus sanguin entre le fétus et la mère,

il peut y avoir le risque de rejet du bébé et donc de mettre en danger la santé de la mère.

Aujourd'hui, nous, par exemple, dans l'association que je dirige,

on demande d'arrêter avec cet appariment qui va jusqu'au groupe sanguin.

Et ça a été fait pour qu'en cours de troisième, en cours de biologie...

Oui, quand on apprend que si on a les yeux bleus, la mère machin...

...que vous n'appreniez pas que votre père n'ait pas votre géniteur.

Mais moi, j'ai envie de vous dire, et alors?

Un père, c'est celui qui est présent, c'est celui qui s'occupe de vous,

qui pense à vous, qui vous aime, qui vous gronde, et qui vous veut du bien.

Alors après, il y a votre mère qui est donc influencée par François Sdolto,

comme toutes les femmes de sa génération.

Elle devait écouter François Sdolto, l'écouter le matin à la radio,

et être donc pénétrée par ses idées assez modernes, finalement.

Votre mère est assez moderne, et elle fait le choix de vous dire les choses,

de ne pas le dire à tout le monde.

Je comprends aussi, mais de vous le dire.

Vous la remercier de ça.

Honnêtement, même si...

Enfin, moi, je n'ai pas d'idéologie sur le sujet.

C'est-à-dire que le secret du mode de conception,

je pense que s'il y a une recette, c'est de dire aux parents, attention,

on ne dit pas de la même façon à un enfant qui a 4 ans, 8 ans, 12 ans ou 15 ans,

la façon dont il a été conçu.

Donc il faut beaucoup, à mon avis, il va falloir se pencher sur comment le dire à l'enfant...

Elle l'a bien dit pour ma mère, non pas.

Je ne sais pas si ma...

C'est une histoire de petite graine de monsieur Généreux, de...

Je ne sais pas. Honnêtement, je suis pas sûr que...

Mes parents étaient particulièrement précurseurs sur la façon de le dire,

en revanche de le dire si tôt,

parce qu'il faut bien voir que ma mère nous en parlait quand on était dans son ventre.

Je l'ai vu faire ça avec ma petite soeur.

Alors c'était très gentil, très doux,

et en même temps, est-ce qu'on n'est pas à deux doigts de l'adultisme?

Est-ce qu'on ne fait pas porter des questions qui sont quand même terribles?

Mais elle, dans son idée, c'était sans doute pour que ça fasse partie de votre vie

dès les premières minutes, que ça soit quelque chose de diffus, de là dès le début.

Elle voulait surtout ne pas mentir à ses enfants.

Elle voulait que y ait de la confiance,

et qu'on puisse se sentir en sécurité sous son toit.

Donc je le comprends.

Après, ma femme, qui est conçue comme moi, elle, elle l'a découverte à l'âge de 29 ans.

C'est plus trauma.

Et ben...

Pas sûr.

Mais moi, je l'envie. Mais elle m'envie, et me dit que...

C'est bien, c'est super honnête.

On n'est jamais contents de ce qu'on a.

Je pense qu'on peut d'ores et déjà poser cette conclusion.

Jusqu'à quel point votre père partage-t-il la démarche de votre mère?

Quand on lit votre bouquin, parce qu'il faut lire entre les lignes,

et puis vous venez de me dire que vous avez fait une psychanalyse, donc les choses...

C'est pas clair.

C'est très difficile le rôle d'un homme dans une PMA.

Déjà parce que c'est une violence,

et qu'ensuite, l'homme a quand même peur de perdre sa femme.

C'est...

La PMA, en tout cas pour les couples hétéros, à la base, c'est une violence.

Parce qu'on leur retire quelque chose qu'il pensait avoir naturellement.

Donc c'est vrai qu'il y a vraiment une grande violence.

Après, je crois que mes parents ont été très rassurés par Georges David,

qui est décédé récemment et à qui il faut rendre hommage,

puisque c'est lui qui a créé les premiers sécaux.

C'est à lui que votre père écrit cette lettre assez touchante quand même,

dans laquelle il dit j'avais des objections, je n'en ai plus.

Parce que, parce que, parce que vous étiez là.

Parce que Georges David était très rassurant.

Il a mis en place une éthique remarquable.

C'était un homme profondément bon.

Enfin, je sais, c'est pas très à la mode de dire ce genre de trucs,

mais ça court pas les rues des bonhommes comme lui.

Donc il a permis la naissance des nains aimants de gens.

Et puis, encore une fois, les sécaux s'utilisent toute l'éthique

qu'il a mis en place et la pratique.

Mais je pense que c'est...

Alors justement, pour revenir à votre question précédente,

le professeur Georges David, avant de décéder,

était un peu désolé qu'il y ait autant de secrets dans les familles.

Il s'attendait pas à ce qu'il y ait tant de tabou encore.

Ça n'est pas lui qui l'avait décréter le secret, mais en pratique,

les médecins implantateurs, en vérité, prenaient le secret sans le dire.

Oui, alors c'est vrai qu'avant les années 90,

on disait aux familles de surtout oublier le don,

de faire comme si cet enfant était le leur biologique.

Vous pensez que si votre mère ne vous l'avait pas dit,

vous l'auriez senti,

ou alors peut-être penseriez-vous aujourd'hui que votre père est votre génitaire?

C'est une excellente question.

Mon...

Ce que je crois, c'est que les secrets du mode de conception

appartiennent à la même famille que les secrets de filiation.

Et donc, autant il y a des secrets qui viennent préserver l'intimité,

parce que c'est un savoir qu'on a sur soi,

autant il y a des secrets qui sont partagés avec d'autres,

sûrs, quelqu'un d'autre.

Et là, c'est un peu comme l'humidité dans une maison

qui remonte dans les murs et puis un jour, ça tombe.

Dans la famille de ma femme, le mur est tombé.

Alors, il y a quand même un passage qui est extrêmement dérangeant.

Moi, je suis très content que vous ayez retrouvé votre géniteur

grâce à ce site internet américain, 23andme,

mais l'existence de ce site internet, je la trouve très dérangeante,

il se constitue donc quelque part en Californie,

aux États-Unis, une banque de données génétique,

en l'absence de tout contrôle, accessible à n'importe qui,

qui permet à chacun d'apprendre des choses

sans y être préparées et sans que les personnes soient préparées,

est-ce que le secret soit révélé?

Est-ce que vous-même, d'ailleurs, vous le dites dans le bouquin,

vous auriez aimé que ce soit légal,

le fait de passer par cette voie légale ne vous a pas plu,

ce site est un truc monstrueux.

Avec ce genre de site,

le rapport à la vérité reproductive a complètement changé pour tout le monde.

Oui, c'est comme ça qu'on vérifie.

N'importe qui va découvrir qu'il est en fait

pas la progénie fure de cet homme-là.

Donc ce site est extrêmement inquiétant.

Il y en a plusieurs.

Il n'y a pas que cette compagnie-là, il y en a plein.

Il y en a en Europe.

Il y en a aussi en Europe.

Après, c'est quand même très bien marquetté,

parce que moi, ce qui m'a attiré dans un premier temps,

c'est que je me suis dit qu'il t'a ne pas connait mes origines,

au moins je connaitrais mes origines géographiques.

Et comme j'étais persuadé d'avoir des origines libanaises,

et bien en fait, j'en ai un peu...

Pas du tout.

En fait, j'en ai un peu, mais bon, bref.

Parce que vous l'avez fait, vous avez fait un deuxième site sur...

En fait, le jour où j'ai retrouvé Gérard,

et que j'ai vu que c'était un type très sympa,

je me suis dit qu'il faut que j'aide les autres

issus du don de Gérard à retrouver.

Donc je me suis mis sur toutes les...

En fait, voilà.

Je suis passé de celui qui était contre les tests ADN,

à celui qui a fait presque tous les tests ADN,

de toutes les compagnies.

Après, la question, c'est surtout par rapport au traitement des données,

et je sais que Tony Suelmy a vendu des données

génétiques à un laboratoire suisse.

Je trouve assez hallucinant qu'on utilise des informations.

Dans notre dos, quoi, c'est ça qui est le plus...

Dans notre dos et puis qu'on touche rien,

que c'est quand même une part de nous-mêmes.

Vous ne parlez pas de votre compagne, votre femme.

Vous envoyez donc les tests en même temps.

On ne sait pas, elle, si elle arrive à retrouver.

Vous avez de la chance de retrouver quelqu'un en vérité,

parce que les autres n'y arrivent pas, c'est ça?

En fait, le drame que je vis,

c'est qu'au moment où je retrouve Gérard,

ma femme n'a aucun match.

Rien.

Rien.

Et à la fois, elle est ravie,

parce qu'elle se dit, c'est super.

On va pouvoir...

Enfin, c'est super pour Arthur.

Et en même temps,

ça la renvoie au fait qu'elle a strictement à rien.

Alors que franchement, sur ce sujet,

s'il y en a une qui a dépensé énormément d'énergie,

parce qu'elle a mené un recours

devant les tribunaux français,

elle a fait ça en droit.

Voilà, elle est devant la cour européenne des droits de l'homme,

et son recours consiste à juste poser la question

à son donneur de savoir s'il accepte

l'anonymat qu'on lui impose alors qu'à l'époque,

il n'y avait pas de loi.

Son recours, c'est

est-ce que l'État français veut bien qu'on pose

une question à un être humain?

C'est ça, le fond du sujet.

C'est comme ça que se résume son recours.

Mais pour elle, Rihanna a lancé,

ni à ce moment-là, ni depuis.

Elle n'a pas rien.

Elle est toujours dans le noir.

Elle est dans le noir le plus total.

Vos sœurs, puisque vous avez fait le premier pas,

alors elle, ça leur a pas pris la tête du tout,

elle avait bâti leur vie là-dessus.

Elle savait surtout que je faisais tout le boulot.

Oui, mais c'est pas le même donneur.

C'est pas le même donneur, mais j'essaye de changer la loi, moi.

Moi, mon but, c'était pas du tout de retrouver pour moi-même.

C'était de faire évoluer la loi.

C'était de faire évoluer et qu'il y ait un vrai débat.

Elles ont tenté quelque chose aux sœurs depuis, par curiosité ou pas?

Dans ma famille, à part mon chien, tout le monde a fait le test.

D'accord, même vos parents?

Bien sûr. Mon père a fait le test, alors qu'il est stérile,

mais il l'a fait pour quoi?

Parce qu'il m'a dit qu'il m'a imaginé un enfant qui a été abandonné,

qui recherche ses origines, et bien je serai la porte d'entrée dans cette famille

pour qu'il puisse retrouver sa famille biologique.

Vous l'avez fait faire un sacré chemin à vos parents, quand même.

Ouais, c'est vrai, je les ai pas ménagés, mais ils sont solides.

Ah ouais, parce que, voilà, ils se sont des aristaux, un peu bourges,

votre mère est psychanalyste, quand même, ce qui semble indiquer

une certaine ouverture d'esprit quand même, très cateau, etc.

Vous les avez amenés sur un chemin incroyable.

Et ils vous ont accompagné jusqu'au bout. Vous écrivez la lettre avec eux, Agérat?

Oui, d'ailleurs, oui, j'écris la lettre avec eux,

et un jour, ma mère me dit, Arthur, parce qu'on parle un peu de droit aussi,

elle me dit, mais le droit dit qu'il faut trouver un juste équilibre

entre eux, le donneur, les parents et l'enfant.

Elle me dit, j'ai discuté un soir avec des amis psy,

vous imaginez l'ambiance autour de la table, elle me dit, mais c'est vrai

qu'on peut se demander, finalement, si c'est pourquoi rechercher un équilibre,

alors que le déséquilibre est énorme.

Je dis à moi, mais comment ça?

Elle me dit, mais le seul qui est touché dans sa chair,

Advitam Eternam, qui va le transmettre à ses enfants, c'est l'enfant.

Moi, j'ai été concerné dans ma chair,

pendant le temps de la gestation, pendant 9 mois, c'est vrai.

Et donc, je savais qu'en me disant ça, elle me demandait un peu pardon

de ne pas avoir compris au début, en me disant,

non parce qu'elle revendiquait un droit à l'intimité,

sauf qu'elle a compris qu'en fait,

l'intimité qui est vraiment chariée, c'est celle de ses enfants.

Vous avez veillé dans ce livre, en tout cas,

ça se voit à ce que vos parents s'en sortent la tête haute,

n'est-ce pas? Je ne me trompe pas.

Mais mes parents...

Ils sont extravaux, parents.

Ils sont super.

C'est ce que je...

Franchement, ils sont super.

Il y a eu de toute cette histoire qui n'était pas gagnée au départ de l'histoire.

Mais vous savez, les psys pensent qu'on choisit ses parents

avant de venir sur Terre.

Et donc, je leur redis officiellement,

si j'avais dû vraiment choisir,

c'est vrai, je pense que je les aurais choisi une nouvelle fois.

Lisez ce livre formidable qui va évidemment nourrir

votre réflexion au moment où il est question

d'étendre la PMA en France au couple homosexuel.

Ce genre de questions se posera.

Lisez ce livre qui s'appelle Le Fils,

qui paraît aux éditions de l'iconoclast

et qui est écrit par Arthur Kermalvesen,

qui était là avec moi.

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Grâce à un don de sperme, Inès et Henri ont 3 enfants : Gaëlle, Arthur et Joséphine. Dans les années 80, Arthur est obsédé par l’idée de connaître son père biologique. Un jour, ils se rencontrent.