Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Pierre Laget, le docteur empoisonneur - Le récit

Europe 1 Europe 1 10/5/23 - 30m - PDF Transcript

Je vous raconte une affaire criminelle de 1929 à baisiller dans l'héro, l'affaire

du docteur Lager.

Une affaire qui voit réapparaître un poison auquel les assassins avaient renoncé puisqu'il

est détectable, qui est l'arsenic.

Une histoire que je tire du livre de Jean-Pierre Fournier aux éditions Le Papillon Rouge,

l'affaire Lager, une énigme qui boule vers à la France.

Il sera là tout à l'heure pour le débrief.

Thomas Houdoir m'a aidé à écrire cette histoire.

Réalisation Céline Le Bras.

On est à la fin de l'été 1929 à baisiller dans l'héro.

Et Marie-Louise, Marie-Louise Lager, se sent pas traque.

Depuis qu'elle est rentrée de vacances chez son frère Pierre dans le Tarn, elle a beaucoup

maigris, elle se sent faiblarde, elle tousse, elle a des saignements et surtout des démangerçons.

Ça la gratte toute la journée.

C'est infernal.

Oh, j'ai dû interpréter avec quelque chose de là-bas ! C'est mon frère ! Moi, je

sais pas, mais quelque chose ! Alors elle va voir son médecin, le docteur Roulot.

Allez-y ! Tousser ! Inspirez ! Bon, je ne vois pas trop, je vais vous prescrire des

vitamines.

J'espère que ça ira mieux.

Et de fait, assez vite, ça va mieux.

Mais quatre mois plus tard, à Noël, elle va réveillonner avec sa maman et son frère

et le lendemain, elle retourne malade.

Elle vomite toute la nuit.

Alors elle appelle son frère Pierre, il est dentiste, mais c'est un docteur.

Mais qu'est-ce qui t'arrive, ma pauvre Marie-Louise ? Je devrais faire des infusions, ça devrait

aller mieux.

Elle prend ses infusions que son frère a gentiment fabriqué pour elle, ça ne lui fait rien,

pire.

Ça s'aggrave.

Et maintenant, en plus d'évomissement, elle a le visage à enfler et des plaques d'urticaires

partout sur le corps.

Elle retourne donc voir le bon docteur Roulot.

Je me demande, Marie-Louise, si ça n'est pas une intoxication alimentaire, vous ne

pensez pas ?

Après Noël, c'est assez banal, et donc, il lui recommande des soupes et des tisanes.

Mais Marie-Louise ne va pas mieux.

Et donc sa mère et son frère décident de venir s'installer chez elle pour l'adorloter.

Elle en a bien besoin.

Mais les tisanes n'y font rien.

Et fin janvier, Marie-Louise n'est toujours pas sur pied.

Le bon docteur Roulot n'explique pas son état et son dentiste de frère, non plus,

d'autant que ça s'aggrave.

Elle ne tient plus sur ses jambes, elle a la tête qui tourne dès qu'elle se met debout.

Bon, puis maintenant, j'ai les jambes lourdes, et les bras aussi, et puis des engourdissements

dans les doigts.

La mère fait alors appeler un autre médecin, le docteur Pagesse.

Il vient, il l'oscule-te longuement.

Bon, bon, bon, je pense que c'est une intoxication.

Alors de quelle origine ça ?

Je n'en sais rien, mais c'est une intoxication.

Et en sortant, il va voir son confrère Roulot.

Chers amis, si vous voulez mon ami, il faudrait pas tarder à l'hospitaliser.

Mais on tarde.

Sauf que le 1er février, c'est-à-dire un mois après Noël, Marie-Louise ne va pas

mieux.

Et les deux docteurs en conclut qu'elle a été empoisonnée.

Et ils appellent son frère Pierre, le dentiste, pour le lui dire.

Empoisonnée ? Marie-Louise ? Mais comment est-ce possible ?

L'urgence m'ont cher qu'en frère, à notre avis, c'est de l'hospitaliser.

Alors l'hospital de Bézier, ou une clinique, c'est à vous de voir, mais vous devriez

appeler une ambulance, c'est vite, hein ?

Une ambulance.

Une ambulance, le frère dentiste renacle un peu, c'est que son cabinet est installé

chez Marie-Louise.

Alors une ambulance devant son cabinet ?

Vous comprenez ? Il faudrait pas qu'on me dise que j'ai raté un patient, vous

voyez-vous ?

Il est gonflé.

Heureusement, l'après-midi même, il change d'avis.

Et Marie-Louise est emmenée en ambulance, dans une clinique de Bézier, la clinique

arriva.

Empoisonnée donc ? Mais comment ? Et par qui ? Et surtout pourquoi ?

À la clinique, Marie-Louise souffre beaucoup.

Elle a des difficultés à parler, à respirer, sa peau est couverte de tâches, ses cheveux

tombent.

Et là, elle réalise soudain que sa belle-sœur Suzanne, la femme de son frère Pierre, qui

est morte à quoi ?

Trois mois.

Avez à peu près les mêmes symptômes.

Et surtout, elle se souvient que la première femme de Pierre, Sarah, est mort il y a sept

ans d'une soi-disant crise cardiaque.

Et elle se dit, sa première femme, sa deuxième femme, et aujourd'hui moi, ça tombe comme

à grave l'autre, dans l'entourage de Pierre.

Non ?

Et elle n'est pas la seule à se poser des questions sur son frère deux fois voeuf.

Ça cancane dans le quartier.

Les gens, ses patients, surtout, trouvent qu'il s'est consolé un peu vite après la mort

de Suzanne.

Il a eu une maîtresse, le diable, et il se cache à peine ! Il s'en est bien vite

remis.

Et là, Marie-Louise se dit, au cas où j'y passerai moi aussi, je vais faire un testament.

Et donc elle rédige un testament dans lequel elle désigne sa mère Marie comme l'égataire

universelle.

Sa mère, il n'est pas son frère, il ne manquerait plus qui s'enrichit sur sa mort,

celui-là.

Et toujours hospitalisé, Marie-Louise ne se prive pas de dire ses soupçons à voix

haute depuis son lit.

Ce que je trouve bizarre, voyez-vous ? C'est que je suis malade après avoir été chez

mon frère, qui lui-même avait eu sa femme mourue il y a trois mois, il y a des mêmes

symptômes, vous voyez ?

Elle dit ça pour que tout le monde soit au courant, au cas où il lui arriverait quelque

chose.

Et donc à la clinique arrivale, tout le monde est au parfum, les médecins, les infirmières

et même la religieuse qui dirige la clinique, sœur Anne Thérèse, qui prend en conséquence

une décision radicale.

Cette ans sorte que ce monsieur l'agé ne puisse pas mettre les pieds ici, et s'il

vient, empêchez-le d'entrer.

Sœur Marie-Jésus, un homme poisonaire !

Pierre l'Ager, ça va de soi, finit par apprendre que sa sœur a des soupçons.

Et comme il n'est pas idiot, il comprend qu'il va y avoir une enquête et qu'on va

ressortir les vieux dossiers, la mort de ses deux chers épouses par exemple.

Et donc plutôt que de subir, il décide d'agir.

Assez finement, d'ailleurs.

Monsieur le commissaire, je réclame une enquête sur le mal qui flappe à ma sœur.

Enfin, et comme les symptômes ressemblent pas rétiles à ceux de ma pauvre femme,

eh bien je veux qu'on enquête aussi sur le mal qui a emporté Suzanne.

Exumez-la s'il le faut, pratiquez une autopsie, ce sera pénible à vivre, mais,

il vaut encore la vérité.

Il faut savoir bien jouer.

Est-ce qu'un coupable demanderait qu'on fasse une autopsie, non ?

Sauf que dans le même temps, il est écrit au procureur pour supplier que l'on exume

pas sa chère Suzanne, qu'on épargne à ma pauvre Susie l'infâme souillure d'une

exhumation, qu'on la laisse dormir en paix.

Il s'adapte, il fait comme il peut.

À la clinique, il faut maintenant établir de quoi souffre Marie-Louise.

Les analyses du Rhin confirment qu'elle a été intoxiquée.

Mais pourquoi, pour l'instant, les médecins ne le savent pas ?

Mais, il pense à l'arsenic.

Et ça, c'est pas compliqué, il y a un test, le test de marche, qu'on pratique sur un

échantillon de cheveux.

Si c'est l'arsenic, on le saura, le test est infaillible.

Dans l'attente des résultats, Marie-Louise porte plainte pour empoisonnement sur sa personne

et contraint connu, comme on disait à l'époque, c'est-à-dire qu'elle n'ose pas désigner

son frère.

C'est dur.

Dans la foulée, le procureur de baisier ouvre une information et désigne un juge d'instruction.

C'est parti ! La machine est lancée.

La première chose que fait le juge, c'est de se rendre à la clinique pour interroger

Marie-Louise.

Et elle lui déballe tout.

Quand ça a commencé, ça m'a fait réfléchir, monsieur le juge.

J'avais le même mal que les pauvres belles-sœurs qui en sont mortes.

Vous comprenez, j'ai trouvé ça bizarre, monsieur le juge.

Et puis je me suis aperçu que je suis tombé malade après avoir séjourné chez mon frère.

Et que ça s'est aggravé à chaque fois qu'il s'est occupé le moins.

Et là, elle se met à parler d'un bouillon qu'un jour il lui a fait réchauffer.

Oh ! ça lui a pris cent ans de réchauffer ce bouillon.

Mais surtout, elle entre ouvre au juge d'instruction la porte du mobile.

C'est qui me doit beaucoup d'argent, énormément d'argent.

Eh ! si je passe, il ne me doit plus rien, vous voyez, il ne me doit plus rien.

Le juge n'a plus qu'à s'engouffrer.

Il convoque sur le champ un collège d'experts en leur demandant de faire rapidement, on

ne sait jamais, toutes les analyses sans urine et cheveux.

Il veut être certain qu'il a été empoisonné.

Le frérot vient d'entendu avant de tout ça.

Et comme il a une maîtresse, Paul, il se dit dans le contexte, c'est pas bon pour moi.

Et donc il lui adresse une lettre de rupture.

Ma petite poloucherie, je viens te dire, pour que tu sois quoi qu'il arrive en dehors de

tout ça, pour qu'à ton tour tu ne sois pas soupçonné, ne serait-ce que d'être la

cause de cette action comme un pute, il faut nous séparer, ne plus nous revoir, au moins

tant que cela ne sera pas éclairé.

Je sais que je vais te faire une grosse peine.

C'est mignon, cette lettre de rupture, et en même temps c'est un peu lâche, parce

que cette pôle, cette pôle belus, c'est sa maîtresse depuis dix ans, c'était sa

secrétaire.

Alors il a raison de rompre, c'est plus prudent, mais parcouriez tout de même, qu'elle manque

de courage.

Et juste après, Pierre Lager écrit trois lettres.

Alors je vous préviens, cette scène n'est pas facile à comprendre, est-ce qu'il est

au bout de rouleau, est-ce qu'il est prêt à se balancer, est-ce que c'est une ruse,

encore une de ses ruses ?

Toujours est-il que dans ces trois lettres, Pierre Lager annonce sa mort prochaine, il

va se suicider.

Il envoie la première à ses amis les Costes, Louis et Juliette.

Il leur explique qu'il a des soucis d'argent, qu'il a des dettes, qu'il n'arrive pas

à rembourser.

Il leur demande de prendre soin de son fils Jean, et il termine par cette phrase.

« Chers amis, priez pour votre malheureux pierre ! »

Il envoie la deuxième lettre à son beau-frère Georges, très différente.

« Georges, tout est fini, le sort est jeté, à l'heure où tu livres à ses lignes,

je ne serai plus qu'un cadavre, je ne peux pas supporter plus longtemps le poids de cette

accusation qui pèse sur moi.

Je sais trop que même lavet et déclarer hors de cause, elle me suivra toujours et partout,

et que je suis un homme irrémédiablement perdu.

»

Quant à la troisième lettre, il l'envoie à un journaliste, Léon Dupré, le correspondant

à baisier du journal Le Petit Méridionnel.

Et dans cette lettre, il ne rentre pas dans les détails, il n'évoque pas ses problèmes

d'argent ni les soupçons qui pèsent sur lui.

Rien de tout ça.

Je vous l'allez.

« Chers messieurs Dupré, je vais volontairement me tuer.

Pourquoi ?

»

Vous le saurez un jour.

Et dans cette perspective, je viens vous demander, vous supplier, au nom de tout ce

qu'ont représenté les familles âgées, Alexandre et Le Boucher, au nom de mes pours

enfants, de ma vieille maman, de ma sœur, de fer dans votre journal et ceux de vos

confrères bithéroits, le silence le plus absolu sur ma mort.

Et ça, c'est absolument incompréhensible.

Enfin, pourquoi diable veut-il qu'on cache sa mort ? Quoi qu'il en soit, Pierre Lager

poste ses trois lettres, et là, vous vous attendez à ce que je vous annonce sa mort ?

Eh ben non, quand les trois destinataires reçoivent les lettres, il est toujours vivant, mieux.

Il semble mener une existence sereine, et naturellement, aucun des destinataires n'ose

lui demander.

Alors, Monsieur Lager, c'est pour le cas ?

Il est tellement vivant, qu'il se rend même dans sa résidence secondaire du Tha.

C'est de là-bas que viennent ces problèmes d'argent.

À la mort de sa tendre épouse, il a hérité, et avec l'argent, il s'est acheté des terres

agricoles autour de sa propriété pour y créer un élevage de poules.

Mais comme il n'avait pas assez, il a fait un crédit à la banque, et en parallèle,

il s'est mis à bourser côté, et là, au lieu de gagner de l'argent, il en a perdu.

C'est pour ça qu'il a emprunté de l'argent à sa sœur Marie-Louise.

En tout cas, il a bien fait d'aller passer quelques jours à la campagne, parce que pour

lui, ça se complique.

Les médecins experts viennent de recevoir les résultats du test de marche pratiqués

sur les cheveux de Marie-Louise.

Il y a bien des traces d'arsenic.

Et ce qui est formidable avec le test de marche, c'est qu'il permet de dire quand

elle en a pris précisément.

Elle en a pris à Noël, et à Noël, elle était en famille avec sa mère et son frère.

Et ensuite, elle en a pris jusqu'au 1er février, date de son arrivée à l'hôpital, un petit

peu, tous les jours.

Mais il y a mieux, avec ce qu'elle a avalé.

Elle devrait être morte ! Elle devrait être morte et enterrée ! On lui a donné des doses

de cheval.

C'est miraculeux qu'elle soit vivante ! Miraculeux !

La suite est logique.

Le 10 février 1930, Pierre Lager est arrêté et incarcéré à la prison communale de

Bézié.

Et dès le lendemain, c'est dans le journal Le Petit Méridionnel, un docteur de Bézié

arrêté sous l'inculpation d'une tentative d'empoisonnement.

Son nom n'est pas dans le titre, hein ! Mais il est dans le corps de l'article.

Et dans la foulée, la presse de Paris en parle aussi.

Il est devenu célèbre !

Pour nourrir son dossier, le juge veut savoir qui, précisément, s'est occupé de Marie-Louise

entre son retour de vacances dans le Tarn et son hospitalisation.

Réponse, sa mère, son frère Pierre et la bonne madame Clavier.

Mais madame Lager, maire, finit par lâcher que…

La deuxième qu'est-ce qu'il fait, le Jamier, c'est surtout Pierre Vain qui lui

prépare les repas, ça, c'est sûr, son frère.

Et lui, maintenant qu'il est en prison, qu'est-ce qu'il a à dire pour sa défense ?

A-t-il de l'Arsenic chez lui à Bézié ? Ou dans le Tarn ?

C'est-à-dire que oui, bien sûr que j'en ai, comme beaucoup de gens à la campagne,

quoi.

J'ai acheté la Morora parce que j'avais des souris.

Et il aurait, monsieur Lager, que vous devez de l'argent à votre sœur.

Ah oui, oui, oui, c'est vrai.

Je lui dois quatre-vingt-dix mille francs.

Mais je ferai tout pour la jambousser, hein !

Mais à part ça, il ne sait pas qui a pu administrer de l'Arsenic à sa soeurette.

C'est assez habile, hein, comme défense.

Il reconnaît qu'il a de l'Arsenic.

Il reconnaît qu'il doit de l'argent à sa soeur.

Mais le poison, c'est pas lui.

C'est la meilleure défense qui vaille.

Le juge fait fouiller son appartement et celui de Paul, sa maîtresse,

comme quoi la congédienne a servi à rien, on ne trouve pas d'Arsenic.

Il ordonne une enquête de personnalité.

En dehors de sa maîtresse et de ses problèmes d'argent,

il n'y a pas d'autre faille dans sa vie.

La maîtresse, à propos.

Qu'est-ce qu'elle en dit de tout ça ?

Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Oui, je le fréquente.

Depuis le mois de mai.

Il vient chez moi tous les soirs.

Mais attention, monsieur le juge, il y dort pas, hein, pour comprendre.

Il doit veiller sa soeur souffrante.

Vous êtes certains qu'il veille sa soeur ?

Ah, mais bien sûr, monsieur le juge.

Si vous saviez comme il a été péné quand elle est tombée malade.

Le lendemain, bonjour le secret de l'instruction,

l'audition intégrale de la maîtresse et dans le journal.

En tout cas, depuis que l'affaire est dans les journaux,

les putacières de baisiers s'en donnent à cœur joie.

Tous les jours, le procureur a droit à des lettres anonymes.

On veut rajouter des morts dans l'entourage de l'âge.

Le juge en a assez, hein.

Ce qu'il veut, lui, ce ne sont pas de nouvelles victimes.

Ce qu'il veut, ce sont des preuves.

Le 14 février, le juge, le procureur et le médecin légiste

se rendent aussi maitières de baisiers.

Et ils emmènent l'âge menottes aux poignées.

Ils exhument les cercueils de Sarah et de Suzanne,

sa première et sa deuxième épouse.

Des journalistes ont réussi à se forfiler,

ils n'en perdent pas une miette.

Les deux cercueils sont emmenés à l'hôpital de baisiers

et l'âgés, comme il a fait médecine, et qu'il en a vu d'autres,

et priaient d'assister à l'autopsie.

Ça marquera les journalistes, ça.

Qu'il ait assisté à l'autopsie de ces deux femmes.

Pour eux, ça voudra dire qu'il n'a pas de cœur,

qu'il a le cœur froid.

Ça dure toute la matinée.

On fait des prélèvements, on referme les cercueils,

Pierre Lager retourne en prison et les cercueils dans leur tombe.

Et maintenant, on attend les résultats.

Le lendemain, le juge décide de confronter le frère et la soeur.

Et comme, entre temps, Marie-Louise est rentrée chez elle,

c'est là-bas que ça se passe, chez elle.

Et au final, ça n'a aucun intérêt parce qu'elle l'accuse,

lui dit qu'il est innocent, rien de neuf sous le soleil.

Et ce qui est plus étrange, c'est que dans la foulée,

Marie-Louise retire sa plainte contre Pierre.

Bon, elle sait que maintenant, la justice s'en occupe,

qu'une enquête est ouverte, c'est son frère, voyez-vous.

Et de fait, l'enquête se poursuit.

Et évidemment, puisqu'elle est la victime,

il y assurait l'une enquête de personnalité.

Qui, oh lala, la coquine révèle l'existence d'un âmement.

Oui, ma bonne dame, un espagnol, binchenté, un homme marié.

Et ça fait des années que ça dure, son surnom, c'est Toréador.

Et vous savez ce qu'il fait dans la vie, ce Toréador ?

Il est macro.

Ah, ça change un peu beaucoup l'image qu'on se faisait de la brave Marie-Louise, hein ?

Non ? Bah si.

La presse, en tout cas, s'en régale.

Dans cette affaire, c'est la cerise sur le gâteau.

Un macro.

Marie-Louise.

Du coup, bien que victime,

c'est maintenant Marie-Louise qui fait la une de radio-rumeur.

Il se murmure qu'elle aurait la jetouille.

La civilise, Marie-Louise.

Heureusement de bonnes âmes viennent jurer qu'elle est chaste comme une nône.

Le juge décide alors de mettre Pierre Lager à l'isolement, à l'époque on dit « Maître au secret ».

Il le soupçonne d'être depuis sa cellule,

à l'origine des rumeurs qui viennent de salir sa sœur Marie-Louise.

La jetouille, sa sœur est l'huile.

Et bien sûr, à un moment,

tombe les résultats des analyses réalisées sur les cadavres des deux épouses.

Sarah, mort en 1922.

Et bien, c'est une probable intoxication arsenicale.

Et pour Suzanne, il y a six mois, c'est pas probable.

C'est certain.

Intoxication arsenicale avérée.

Et ben voilà, on y est.

Il est cuit le coco.

Il a tué ses deux épouses.

Et il a voulu tuer sa sœur.

Avec la même méthode, il les a empoisonnés à l'arsenic.

Le juge le fait donc revenir dans son bureau,

où il continue de mentir comme un arracheur de dents qu'il est.

Votre première femme, M. Lager.

Sarah.

Les expertises nous démontrent que c'est probablement l'arsenic.

Sarah.

Oh.

C'était Yaby El-Lontin.

Il a mon souvenir.

Les médecins à l'époque n'ont pas pu se mettre le décor sur les causes de sa mort.

Pour Suzanne, M. Lager.

C'est aussi l'arsenic, Sarah.

C'est certain.

Ah bon ?

Elle prenait un médicament de la liquide de Foller.

Et ils ont dû confondre avec l'arsenic.

Ah, il est retort, le Lager.

Et là, le juge commence à s'intéresser aux autres morts.

Tous ces noms qu'on lui a suggérés et qu'il avait négliger jusque-là.

La Tati, par exemple.

Mme Pitoiser.

Mort à un âge avancée, certes.

Mais dont Lager aperçut un héritage conséquent.

Est-ce qu'elle n'aurait pas avalé la potion magique, elle aussi ?

Le juge fait détérer son cercueil,

réaliser les prélèvements, toujours en présence de Lager,

qui n'a pas l'air inquiet.

Et on comprend vite pourquoi.

Le test de marche est négatif.

Il n'y a pas d'arsenic.

La Tati est morte de sa belle mort.

En revanche,

il y a un problème avec la bonne.

Sa bonne.

En examinant l'écarnée de Comte de Pierre,

le juge s'aperçoit qu'il a aussi

spolié son employé de maison.

La pauvresse est illettrée.

Elle lui a confié la gestion de ses comptes et de ses économies.

La naive.

Il a tout siphonné.

Et il a tout placé en bourse.

Mieux.

Il ne lui verse plus de salaire.

Au mois de décembre,

un an après le Noël à l'arsenic dans le Tharn,

le docteur Pierre Lager est renvoyé

devant la cour d'assises de l'Héro.

Et en mai, il est transféré à la prison de Montpellier.

Le procès s'ouvre le 3 juin 1930.

Toutes les gazettes locales et nationales sont là.

Pour l'occasion,

elles ont publié dans les jours qui précèdent

des doubles pages sur l'affaire,

des dossiers complets,

avec des photos de Lager,

de sa sœur Marie-Louise,

de ses deux épouses

et même de la tante pitoisée.

Il y a même, tenez-vous bien,

des envoyés spéciaux du Times

et du Daily News

qui sont venus des États-Unis et d'Angleterre.

Et soyons clairs,

tous réclament la tête du dentiste.

Oui, dans les années 1930,

les journalistes participent à la curée.

À plus aujourd'hui,

ah non, ça ne se fait plus.

Quand Lager entre dans le box,

on voit tout de suite qu'il a soigné son apparence,

la barbe notamment,

magnifiquement coupée,

une gravure de mode,

écrivent les journaux.

Lager a enrôlé deux avocats

et leur argumentaire est très simple.

Un docteur,

car il est docteur,

n'aurait jamais choisi l'arsenic, enfin.

Il savait que l'arsenic était détectable

très longtemps après,

dans les cheveux.

Donc, ça n'est pas lui.

Donc, il est innocent.

Sauf que les médecins viennent dire à la barre

que les doses étaient vraiment très fortes,

qu'elles étaient destinées à tuer

et que tous les témoins disent

qu'il était le seul à administrer

des traitements à Marie-Louise.

Le procès dure trois jours

et à la fin,

Pierre Lager est déclaré

coupable,

coupable de l'empoisonnement

de sa sœur Marie-Louise

et coupable de la mort

de sa deuxième femme, Suzanne.

Pour la première, il y a un doute,

et naturellement,

il est condamné à mort.

Il est promis à la guillotine de Montpellier

où ça fait 30 ans

qu'il n'y a pas eu d'exécution.

Le pourvoi en cassation,

rejeté.

La gêna plus qu'un espoir,

la grâce présidentielle du président

Paul Doumer.

10 jours plus tard,

il est gracié.

Le chef de l'État a été sensible

à un rapport d'expertise toxicologique

qui remet en cause les analyses scientifiques

qui ont étayé le dossier.

En conséquence de quoi,

Pierre Lager est condamné

aux travaux forcés

à perpétuité.

Et à l'époque,

ça veut dire la guillanne

avec passage

par le pénitentier de l'île d'oreille.

Lager débarque en guillanne

en octobre 1931.

Il est emmené sur l'île royale,

mais il ne reste pas longtemps

fort ça.

Très vite, il est nommé infirmier

à l'hôpital.

Et il finit même par être

assistant du chirurgien.

En 1938,

sa peine est réduite à 20 ans.

Et le 1er septembre 1944,

il est retrouvé mort

dans sa cellule.

Il s'est

suicidé,

empoisonné.

Figurez-vous.

À l'arsenic,

ça on ne le saura jamais,

il n'y a pas eu d'autopsie.

Il a laissé une lettre

qui se termine par ses mots.

Adieu à tous.

Et je pardonne

sa dernière ruse.

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Une affaire criminelle de 1929 qui se déroule à Béziers, dans l’Hérault. L’affaire du docteur Laget où l’on voit réapparaître un poison auquel les assassins avaient renoncé puisqu’il était détectable... L’arsenic.