Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Opération commando : Narcops - Le récit

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Voici le récit détaillé d'une opération menée par les forces spéciales françaises

en 2008.

C'est le commandot très pelle de l'Orient qui est à la manœuvre au pot milieu de

l'Atlantique.

Il s'agit d'intercepter un cargo qui transporterait 4 tonnes de cocaïne vers l'Europe.

Réci que je tire de la série Opération spéciale de Stéphane Ribogade que vous pouvez voir

sur mycanal.

Pour le débrif, le général Christophe Gomar, ancien commandant des opérations spéciales

de 2011 à 2013 et auteur de Soldats de l'ombre au cœur des forces spéciales, livre publié

en poche chez Harper et Collins interview à écouter dans un deuxième podcast.

J'ai écrit cette histoire avec Nicolas Lupien, réalisation Boris Pachinsky.

Le narcotrafic se situe à la troisième place du commerce mondial, juste derrière le pétrole

et l'alimentation.

On estime que le business de la drogue pèse 500 milliards de dollars par an et la cocaïne

a elle seule 50 milliards.

Chaque année, 2 000 tonnes de cocaïne quittent l'Amérique du Sud en bateau en direction

de l'Europe.

Dans toutes sortes de bateaux, portent container, cargo, yacht, voilier et même mini sous-marin.

Personne ou qu'un État ne peut lutter seul contre ce rade marée.

Alors sous la tutelle des Nations Unies, les différents pays coopèrent.

Et la marine nationale française est au cœur de ce système.

Et si besoin, elle fait appel au commandant des forces spéciales pour intercepter les

bateaux en haute main.

En novembre 2006, les services secrets américains obtiennent un renseignement et ils appellent

tout de suite les Français.

Il s'agit d'un cargo panaméen, le Ciudad de Oviedo.

Selon nos informations, il est sur le point de transporter une importante quantité de

cocaïne à destination de l'Espagne.

Quelle quantité? Vous avez une idée?

Entre quatre et six tonnes de cocaïne pool destinées au marché européen.

C'est pour vous, ça?

Et pourquoi donc font-ils appel aux Français?

Eh bien parce que la marine française est chargée d'opérer dans l'Atlantique.

Les Américains, eux, se concentrent sur la Caribbean.

Quatre à six tonnes de cocaïne à intercepter au beau milieu de l'Atlantique, c'est une

première pour la marine.

Elle est équipée, hein, pour ça.

Elle dispose d'une frégate stationnée en Martinique qui s'appelle le Ventos et qui

a un hélicoptère à bord.

Bonjour, commandant Mathis, dites-moi, vous pourriez être opérationnel rapidement pour

une interception dans l'Atlantique?

Euh, oui, oui, oui.

Bon, on n'a pas terminé l'invitaillement et le chargement d'émunitions, mais bon,

on a le plein.

On a les hommes, donc oui, oui, on est opérationnel.

Bien, on va commencer par vous envoyer cet homme du commandeau Trapel de l'Orient.

Les hommes du commandeau Trapel font partie des forces spéciales, ce sont des commandeaux

maris, ils sont capables d'arraisonner un navire, ils sont entraînés pour ça, ils

sont un peu et même très marqués par une opération qu'ils ont menée il y a quelques

mois en Afghanistan, leur chef de groupe Loïc Lepage a été tué par l'État libre,

mais leur métier est d'encaisser les coûts et de toute façon, ils sont indispensables

dans ce genre d'opération.

La frégate Levantose apparaît dès le lendemain, 7 novembre 2006, avec 140 hommes à bord,

il faut aller vite, ils n'ont que quelques jours de venteux pour mener l'opération.

Le commandant a un problème avec l'hélico, il n'est pas opérationnel, ça c'est pas

une bonne nouvelle, tant pis que voulu vous, on partira sans hélicoptère.

Ça effectivement c'est un problème car l'hélico est bien utile pour localiser les bateaux

et c'est dedans que se mettent en général les tireurs d'élite des commandeaux pour

protéger les opérations, mais comme le dit le commandant, tant pis, Levantose prend

la mer.

Honnêtement, localiser le ciudad des Oviedo dans l'Atlantique, c'est un peu comme chercher

une aiguille dans une botte de foin, les américains ont identifié la zone dans laquelle ils

naviguent, mais la zone est là.

La zone dans laquelle il est sent, c'est se

trouver à peu près la surface de trois départements français.

Bon, donc il est parti du Panama en direction de l'Espagne, moi je pense qu'il a pris

cette route là, il n'y en a pas 36, si on évalue sa vitesse de croisière, moi je

pense qu'il se situe quelque part dans cette zone, ok, de toute façon je pense qu'on

va avoir vite un retour de la viande surveillance et j'espère qu'il n'a plus de localisé.

Ah oui ça je ne voulais pas encore dit, mais Levantose dispose de son propre avion de

patrouille maritime, un Atlantique 2, capable de repérer une cible de jour comme de nuit

et qui vole suffisamment haut pour ne pas se faire voir, et c'est indispensable, parce

que dans ce genre de trafic de drogue, les gros cargo naviques en général, avec plein

de petits bateaux autour, qui jouent leur rôle de sentinelle, s'ils voient un avion

passés au-dessus d'eux, ils préviendront tout de suite le Siodat d'Eau Viedon.

A bord de l'avion, les pilotes commencent par photographier un par un, tous les bateaux

qu'ils se volent, des clichés qui sont tout de suite analysés par les hommes qui sont

à bord, bon c'est bon, on l'a localisé, c'est ce bateau là, prévient Levantose,

et là on pourrait se dire, c'est bon il n'y a plus qu'un, sauf qu'il y a un problème

juridique, la convention de Viedon, tu connais la règne, on ne peut pas raisonner ce bateau

tant qu'on n'a pas constaté d'actilicite, je sais, je sais, si on ne voit pas le transport

de la drogue, on peut faire une opération de contrôle, on peut demander les papiers,

mais on ne peut pas fouiller le bateau, je sais, tout ça, mais enfin on ne va quand

même pas laisser passer quatre tonnes de cocaïnes sous nos yeux, j'espère que non, mais c'est

pas la loi, qu'est-ce que tu veux? Autrement dit, pour intervenir, il faut prendre le

bateau en flagrant délit, mais il y a un espoir, selon les américains, le ciudad des

Viedos va recevoir une cargaison de drogue dans les prochaines heures, si les Français

parviennent à assister au transbordement de la drogue, alors ils pourront arraisonner

le cargo et le fouiller.

Bon, on a une tuile, encore une, l'Atlantique II a des problèmes mécaniques, il est bloqué

en martinique, mais c'est pas vrai, qui va suivre le chargement de la drogue, alors

c'est tout, on est trop loin, et oui, pour ne pas se faire boire de l'équipage du

cargo, le venteau se lui colle aux fesses, mais de loin, juste derrière la ligne d'horizon,

il est à 15 kilomètres au moins, moi je vois qu'une solution, on va utiliser l'étraco

et puis c'est tout, c'est risqué, mais on n'a pas d'autre solution.

L'étraco, c'est une embarcation rapide spécialement conçue pour les commandos, à

un gros odiac de 8 mètres de long, ils vont l'envoyer de nuit faire le tour du surdate

des Oviédos, le plus discrètement possible, et avec un peu de chance, les gars à bord

assisteront au chargement de la cargaison de drogue, a priori ce sera un bateau qui

viendra se coller au surdate le temps du transfert.

La nuit vient de tomber, ils sont là, sept commandos sur leur étraco, balotés par

les vagues, comme un bouchon au milieu de l'Atlantique, et soudain, regarde là-bas

cette lumière, c'est un avion, c'est un avion, il va vers le cargo, il est super

bas, il va larguer quelque chose, ok on rentre.

De retour sur la frégate, le chef des commandos va direct voir le commandant.

Je pense qu'on a assisté à un airdrop qu'on donne, je pense que l'avion a largué un

ballon de cocaïne, on pensait que la caméra est arrivée par bateau, finalement elle est

arrivée par avion.

Très bien monsieur, beau travail, on a un flagrant délit, on va pouvoir l'intercepter,

et le visiter, il nous manque juste l'autorisation du Panama, et oui, puisque c'est un bateau

panamé, en attendant, à bord du ventose, on s'organise, bon voilà comment on va procéder.

L'airdrop a eu lieu ici il y a à peu près 40 minutes, donc on approche en comportement

pêcheur, c'est-à-dire feu éteint, routiratique, etc, dès qu'on est prêt, un run d'attaque,

et poliment vous investissez le bateau.

Dans leur zodiac, les commandos repartent en direction du ciudad d'Euviedo, et le

ventose lui aussi sera proche, tout faisait temps, et quand il est à quelques mètres

du cargo, clique, il allume tous ses projecteurs.

S'il y en a d'un au vieux d'eau à mon batbeur, je vous contacte sur le canal 16, est-ce

que vous m'entendez? Stop the ship, I repeat, stop your ship, oui je vous entends, est-ce

que vous pouvez prendre les problèmes dedans?

Sur le toit de la frégate, les tireurs d'élite surveillent la scène, et là le pachet du

ventose prend un gros risque, il vient se coller au cargo en pleine main, à ce moment-là

le cargo stop, et les commandos passent à l'action.

Pour eux sur le zodiac, c'est une sacrée montée d'adrénaline, il lance une échelle

de corde, et il monte à bord.

Maintenant le risque c'est que l'un des gars du bateau sort une arme, pour l'instant

leur boulot c'est de prendre le contrôle du navire, rien de plus, le sujet n'est

pas de fouiller pour trouver de la drogue, pas encore, ça leur prend plusieurs heures,

mais ça y est, il contrôle la salle des machines et le poste de pilotage.

Pendant ce temps, l'équipage du ventose interroge les marins du Siodat d'Euviedo et collecte

leur passeport.

Vous venez d'où vous? Panama? Non, nous soyons Wador, Équateur, et vous, nous soyons

Colombiens.

Tous les passeports sont photographiés et les clichés envoyés à Interpol.

Les hommes à bord sont-ils connus des services de police? La réponse est oui.

Vous avez à bord une personne qui est suspectée d'avoir transporté 2,3 tonnes de cocaïne

de Colombie en Floride, accusée pour détention de drogue en 1995.

Et d'autres sont des meurtriers qui ont fait de la prison, rien que du pola.

Ça y est, l'autorisation vient de tomber, l'article 17 de la Convention de Vienne

est applicable, ils vont pouvoir fouiller le bateau, mais les gars du cargo ont l'air

sûr de leurs cons, vous ne trouverez rien, et bien on verra.

Le lendemain matin, une équipe de 3 mécaniciens du Ventos embarque sur le cargo.

C'est à eux de chercher la cocaïne.

Normalement ça va aller vite, parce qu'après le largage, ils n'ont pas eu le temps de

la planquer.

Mais 24h c'est cool, et ils n'ont toujours rien trouvé.

Un état major à Paris, on commence à avoir des doutes.

Attention, attention, pour agir dans le cadre de l'article 17 de la Convention de Vienne,

il nous faut des certitudes contre la présence de la drogue à bord.

On a vu un airdrop en général, donnez-nous 3 jours pour fouiller entièrement le bateau.

3 jours? Bon je vous fais confiance, mais on ne pourra pas aller au-delà.

Les mécaniciens du Ventos continuent de fouiller chaque recoin du cargo.

C'est un gros bateau, 140 mètres de long, ils soulèvent toutes les trappes, ils s'enfoncent

dans tous les trous, ils déboulonnent, ils sondent, ils démontent, ils vont même jusqu'à

plonger sous la coque, rien.

Mais enfin c'est pas possible, ils n'ont pas eu le temps de cacher la cocaïne au

point qu'on ne puisse pas la trouver? Et bien si, ou alors il n'y en a pas, ou alors

ce largage fait par avion n'était pas de la drogue, le doute s'installe.

Pour l'instant là, à l'état-major à Paris, on commence à s'impatienter sévère.

Écoutez on a fouillé 80% du bateau mon général, il nous reste 20% à faire.

Et finalement, on arrive au bout des 3 jours fatidiques et ils n'ont rien trouvé, ils

vont devoir laisser repartir le sud-à-té au viedou, avec sa cargaison de cocaïne

parce qu'ils en seront convaincus, elle est là, quelque part, mais où?

Mon général, il nous reste deux endroits à inspecter, les soucs de gasoil qui sont

à l'avant et à l'arrière du bateau, donnez-nous un nouveau délai s'il vous plaît.

Mais on est déjà hors délai Mathis, je vous donne 12 heures, un pas une de plus, dans

12 heures vous quittez le navire et vous le laissez repartir, j'ai été clair?

Parfaitement mon général, merci.

À partir de là, la pression est maximum, bon, on nous donne 12 heures supplémentaires,

donc on traîne pas, vous dévisez les trappes d'accès au cul, c'est parti.

La trappe qui permet d'accéder à la première cuve est fermée par de gros boulons, ils

sont complètement rouillés.

Ah ça peut pas être là, regarde, j'arrive pas à les dévisser, ils n'ont pas été

dévissés depuis longtemps, j'arrive pas, ces boulons sont indémentaires, ça peut

pas être là impossible, alors les mécanos passent à la deuxième trappe, là c'est pas

pareil, regarde, on dévisse les boulons quasiment à la main, regarde, c'est comme dans du

beurre, ça sent bon ça, ça sent bon, ça sent bon, ça y est, ils ont réussi à démonter

la trappe, moi j'ai fait un sondage sur l'eau de la cuve, on a du gasoil, sur environ

je dirais 20 cm, et alors en dessous c'est très bizarre, c'est de l'eau de mer, de

l'eau de mer, dans une cuve de gasoil, tu l'as dit c'est bizarre, il y a de l'espoir

les gars, il y a de l'espoir, depuis que les mécaniciens ont commencé à s'attaquer

à cette cuve, les commandos qui sont avec l'équipage s'aperçoivent qu'ils deviennent

nerveux, à partir du moment où les mécaniciens ont commencé à dévisser, ils sont complètement

changés de visage, le capitaine a carrément changé de couleur, on sent clairement de

l'attention chez eux et une sorte d'angoisse qui monte, c'est très bien ça, ça prouve

qu'on est sur la bonne piste! Bon, maintenant il faut videranger cette

fichu soute, dedans a priori il y a 120 mètres cubes de gasoil et surtout d'eau de mer,

avec quoi on va la vider, écoute j'ai regardé leur pomme de transfert, elle marche pas,

nous on a bien une petite pompe mais elle est pas très puissante, 120 mètres cubes ça

va prendre du temps, on en a pas beaucoup, bon tant pis on a pas le choix, et là les

mécanos se mettent à actionner la pompe sur le pompe, et pas d'aboum, le bateau est

tellement rouillé que la pompe passe à travers, attention les gars, faut pas se rater,

les marins français mettent 12 heures à videranger la soute à gasoil, avec cette

difficulté qu'ils ne peuvent pas balancer le contenu à la mer, la marine nationale

française qui jette du gasoil dans l'océan, ça ferait tard, et donc il leur faut trouver

une autre cuve pour transvaser les 120 mètres cubes, et ça aussi ça prend du temps, mais

ça y est, la cuve est vide, les mécanos posent une échelle et ils descendent à l'intérieur,

il y a encore pas mal de flottes au fond, fais moi passer des sauts, et les voilà maintenant

qui écopent le fond de la cuve à la main, au total ils ont mis 20 heures à vider complètement

la soute, et regarde, il y a une plaque là, une plaque boulonnée, une trappe au fond de

la cuve, ça commence à sentir beau, d'autant qu'elle ne figure pas sur les plans récupérés

auprès du capitaine, bon c'est parti on déboulonne, il déboulonne, il soulève la

trappe, oh la vache, elle est là, c'est bon on l'a trouvé, la cavité est remplie de

ballaux jusqu'à la gueule, il y a une grosse quantité, écoute je sais pas, vu d'oeil,

ils ont mis 3 jours à trouver la coque en stock, des hommes descendent dans le trou,

l'endroit fait quoi, 50 mètres carrés, la taille donne deux pièces, il est plein de

ballaux de cocaïne jusqu'au plafond, il y en a pour des centaines de millions d'euros,

quand la mafia qui a chargé ses drogues sur ce bateau va apprendre la nouvelle,

ça va leur faire un sacré coup sur la tête, dis-moi, tu peux en remonter juste en seuls,

pour façon néchantillonnage rapide pour être sûr que c'est de la coque, une fois le

ballaux sur le pont, il est ouvert d'un coup de couteau, scratch, c'est bien la poudre blanche,

l'un des gars en met un tout petit peu au fond d'un tuba ici, c'est positif, c'est du clorhydrate de

cocaïne. Et en même temps, on ne voit pas vraiment pourquoi ils auraient mis de la farine au fond de

la coque, à la fin, les marins mettent tous les ballaux sur la balance, quatre tonnes trois,

quatre tonnes trois de cocaïne basse, pure, jamais, jamais la France n'avait saisie une telle

quantité de drogue, et dans cette opération tout le monde a sa part du succès, les hommes du

commandeau Trépel ont assisté au larguage de la drogue et ils ont à raisonner le surdate

des Oviedo, et les marins du vantos, eux, ont réussi à localiser la cocaïne sur le bateau.

Quand au chef d'état-major à Paris, il a sa part lui aussi, son interprétation disons souple

de l'article 17 de la convention de Vienne, a permis de ne pas laisser repartir le navire et de

signer l'une des plus grosses prises de drogue, de l'histoire.

Vous avez aimé cette histoire? Christophe Andolat, vous propose de la débriefer avec

un invité dans un podcast d'ores et déjà disponibles sur votre application.

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En novembre 2006, à Fort-de-France, les soldats des forces spéciales ont pour mission d'aborder et d'inspecter un cargo rempli de drogue. S'en suivra une saisie record de 4,5 tonnes de cocaïne pure.