Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Opération commando : Arès 7 - Le débrief

Europe 1 Europe 1 3/13/23 - 15m - PDF Transcript

Eh mais pousse-toi un peu!

Mais je peux pas, regarde.

Là, t'es sur ma cuisse quand même.

C'est bon, les loulous, là. Vous êtes tous installés?

Je peux démarrer?

Non, non, attends, maman.

Basile, Inas et Léna sont pas encore montées.

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Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Je vous ai raconté une opération des forces spéciales en Afghanistan en 2006,

marquée par la mort du chef de groupe Louis Clepage, tué par les Talibans.

Ainsi adapté de la série de Stéphane Ribogade pour Canal Plus,

que je vous encourage vraiment à regarder sur Mike Canal.

Et pour débriefer cette histoire, je suis avec vous,

Général Christophe Gommard, vous avez dirigé un bataillon des forces spéciales,

le troisième RDP.

Vous avez été ensuite le patron des forces françaises.

Et ce jour-là, le jour où Louis Clepage était mort,

vous commandiez les forces spéciales en Afghanistan à Spinboldak.

C'est rare qu'un commando meurt au combat.

Heureusement, c'est assez rare, mais cela arrive.

Louis Clepage ne sera pas le seul à décéder en Afghanistan et tuer en Afghanistan.

Et puis d'autres mourront plus tard, en particulier au Mali.

Et d'autres, également dans ce qu'on appelle le Levant,

c'est-à-dire entre l'Irak et la Syrie.

Donc oui, c'est rare, heureusement, malheureusement, ce sont des choses qui arrivent.

Et quand on s'engage dans les forces spéciales, effectivement, c'est quelque chose que l'on sait,

même si, évidemment, on espère que ça n'arrivera pas.

Voilà, mais ça fait partie, malheureusement, du job, entre guillemets.

Dans le récit que je viens de faire, il y a ce moment où, finalement,

ce soldat, j'ai fusionné plusieurs profils de ce commande aux trépels

pour raconter cette histoire au nom d'un seul homme.

En vérité, dans le film de Céphane Ribogate, c'est plusieurs bonhommes qui racontent leur histoire.

J'ai fusionné tout ça pour en faire le récit d'un seul homme.

Il dit, il n'y a qu'une solution pour nous, c'est le groupe.

On ne peut encaisser ça qu'en groupe.

Ce qui est vrai, moi, je les ai reçus le lendemain,

puisque tel que c'est raconté, effectivement, il passe encore une nuit sur le terrain,

histoire de fouiller, de s'assurer qu'il n'y a pas d'autres taliments qui ressortent.

Ce qui faisait la force, qui a fait leur force, c'était la force du groupe, en effet.

C'est-à-dire qu'en fait, les uns et les autres s'épollaient.

Et lorsque j'ai reçu à Spinboldack, dans le petit fortin qui nous servait de base arrière,

bon, ils étaient tous marqués, c'était là, il parlait tout à l'heure de silence qui planait.

Oui, c'était ça. Personne n'avait envie de parler, en effet.

Évidemment, on avait besoin de débriefer, c'est-à-dire,

de baver l'action exactement pour savoir comment ça s'est passé, qui a fait quoi, comment s'est arrivé,

de façon à comprendre et à tirer, j'allais dire, ce qu'on appelle un retour d'expérience

de cette action et de ce combat de rencontre avec un groupe d'unisaines de talibans.

Dans le film, il y a une scène.

Enfin, il y a la scène de Debeuilfe, elle est firmée en réel, à l'époque.

Ce qui m'a surpris beaucoup, c'est d'entendre ces hommes raconter que c'est la première fois,

qu'ils vont à la guerre.

Alors certains, oui, c'est pas le cas de tous en réalité.

Mais c'est vrai que l'Afghanistan commence en 2003,

ce qu'il y a vu comme opération, d'autres avaient connu pas forcément le feu,

mais connu des opérations très précises, très sensibles,

dans lesquelles le feu n'a pas forcément été engagé, mais dans lesquelles d'autres avaient entendu le feu.

Après, c'est vrai que selon la jeunesse, selon l'ancienneté,

certains ont connu le feu et aujourd'hui, il y a toute une génération de forces spéciales

qui ont connu le feu à plusieurs reprises, tous, tous.

Entre les interventions en Afghanistan, au Mali, en Irak, Syrie, etc.

Ça fait 4-5 ans que certains s'entraînent, ils n'ont jamais connu le feu.

Oui, mais j'allais dire, à la limite, c'est bien, c'est-à-dire que la France n'est pas en guerre

et la France ne mène pas la guerre, j'allais dire quelque part.

Mais c'est ça, et vous savez ce que l'on dit chez les commandos,

on dit la sueur et parle le sang, et plus on est entraîné, mieux c'est dans le cadre d'un combat.

Et on voit bien, à travers le récit de ce combat à Salam Kaleh,

qu'effectivement, les gens réagissent très bien, ils sont entraînés pour ça.

Donc chacun sait ce qu'il doit faire, ce qu'il a à faire, et c'est ce qui se passe.

Il y a plus d'opérations spéciales aujourd'hui qu'avant, non?

Alors, ça dépend beaucoup, j'allais dire, des engagements militaires de la France.

C'est vrai que 2006, finalement, ensuite, il y a eu toute une partie en Afghanistan

où beaucoup ont connu de nombreux engagements, j'allais dire, sous le feu.

C'est vrai que c'est peut-être le début, et aujourd'hui, c'est sans doute un peu ralenti,

mais on a connu une dizaine d'années dans lesquelles, effectivement,

les forces spéciales n'ont été longuement et fortement engagées

avec beaucoup, effectivement, d'échanges de feu.

Quelle est la part des forces spéciales dont vous pouvez dire elles ont eu lieu

et la part dont vous ne pouvez rien dire?

Alors, en fait, ce que l'on cherche à protéger, c'est les actions qu'on peut être menées,

en général, en amont de l'action.

Puisque une fois que l'action a eu lieu, j'allais dire, elle a eu lieu.

Donc, il y a des gens qui savent et pas uniquement le monde des forces spéciales.

Il y a une petite différence à faire avec, j'allais dire, les gens de la DGSE

qui mettent des actions clandestines, donc auquel cas,

l'Etat français ne les reconnaîtra pas forcément.

Les opérations des forces spéciales, oui.

Les actions des forces spéciales, oui.

Elles restent discrètes pour éviter, effectivement, que nos savoir-faire soient connus des autres

et donc qu'un adversaire potentiel les connaisse

et donc réagissent en fonction de ce qu'ils saignent nous.

Donc, notre puissance de feu, nos modes opératoires, nos capacités à agir,

tout ça, effectivement, restent très discrètes.

Et les actions ou les lieux où on est envoyés restent discrètes pour éviter, effectivement,

qu'un adversaire potentiel puisse, j'allais dire, sortir et agir contre nous.

Les 13 commandos de Trépel qui arrivent à Spinn-Moldak

racontent l'état des hommes qui viennent relayer

et ils nous disent qu'ils sont au bout du rouleau,

qu'ils sont ravagés par la fatigue, par le sable, par les combats, par la barbe

qui n'ont pas rasé pendant ces quatre mois.

C'est donc un métier qui est physiquement usant, même si on n'est pas au feu.

Oui, c'est usant parce que, d'abord, les gens patrouillaient énormément sur le terrain,

ils étaient souvent dehors.

Donc, quand on est dehors, on dort à la belle étoile, j'allais dire, on dort peu.

Il fait froid.

Alors, il faisait froid, effectivement, après,

ça, c'est sur cette période évoquée dans le film de St-Phanébojad,

en fait, ça se réchauffe sur la fin et le printemps arrive.

Mais c'est vrai qu'il y a des nuits, ils faisaient extrêmement froid.

Les gens sont fatigués, force, effectivement.

D'abord, le confort est quand même assez spartiate,

même si la nourriture reste bonne, et j'allais dire,

les soldats français et en particulier les forces spéciales sont bien soutenus.

Mais oui, quand on repart, on est fatigués d'avoir une certaine tension.

Oui, c'est autant psychologique que physique, finalement.

Oui, oui.

Il y a une vraie tension parce que c'est bien raconté dans votre petite série.

C'est que, quand on prenait un véhicule, en fait, on ne savait pas

tomber sur un engin explosif improvisé.

Ce qui n'est pas dit ici, c'était les véhicules suicides.

Donc, en fait, des véhicules qui veulent se jeter sur votre véhicule

pour se faire exploser avec vous.

Donc, en fait, on est tendu, dès qu'on est sortis du camp,

en fait, on est en tension parce que tout peut arriver.

Et donc, on fait attention à tout.

Et c'est bien dit, attention, il y a un homme avec un téléphone portable.

C'est exactement ça.

C'est-à-dire qu'en fait, on regarde partout pendant qu'on se déplace.

Et finalement, les temps de repos, lorsqu'on est en dehors,

c'est-à-dire de la base, sont limités.

Ce qui est très intéressant, c'est que cette différence

se constate de différence entre les pratiques

des forces spéciales françaises et celles des Américains.

Les hommes le disent avec beaucoup de franchise,

eux, sans naïveté, je pense.

Mais ils n'hésitent pas à parler avec les villageois,

à boire le thé avec les villageois,

à donner des bonbons aux enfants, à leur sourire.

Et ils disent que les Américains procèdent pas du tout comme ça.

Je pense que c'est très français.

Au-delà des forces spéciales, c'est très français.

Les soldats français en général et les Français en général

vont assez facilement vers les autres.

Ce mélange, assez facilement.

Alors que les Américains, en plus tendance,

à se retrancher dans leur fourroir d'opérationnole base,

donc derrière des merlons de sable ou de terre ou de cailloux,

ne sert pas la main.

J'ai été moi-même sidéré, et je raconte ça dans ce livre,

effectivement, que lors d'une chourasse,

c'est-à-dire un rassemblement avec les gens du village,

les Américains ne servent pas les mains,

ou alors s'ils serraient la main aussitôt après,

ils se laveraient avec du gel hydroalcoolique.

Alors maintenant, on connaît bien le gel hydroalcoolique depuis le Covid,

mais chose qui ne se faisait absolument pas.

Ils arrivaient casqués, j'allais dire, avec des gilets par balles,

alors que nous, quand nous arrivions, nous étions sans gilets par balles,

avec éventuellement un pistolet au côté en cas de besoin.

Mais c'est bien tout.

Donc il y a bien cette différence de culture très nette

entre un soldat français et un soldat américain.

Mais c'est stratégique ou c'est juste humain?

C'est juste humain, c'est une question de culture.

Les Américains, en fait, un Américain,

il se sent, j'allais dire, opposé à une population partout et dans le monde,

nous, on se sent assez proche de la population qu'on va voir.

Parce qu'en fait, on était là, finalement,

pour aider ces Afghans qui luttaient contre les talibans.

Lorsque, à lieu, ce moment dramatique au cours duquel l'eau et le pâche est tuée,

il y a une autonomie des commandos sur place,

quant aux décisions qui prennent, ou ils doivent tout le temps référer à vous,

donc à l'époque.

Non, c'est la grande différence avec, j'allais dire,

si on prend la guerre entre l'Ukraine et la Russie aujourd'hui,

c'est que justement, il y a une autonomie de décision sur le terrain.

Contrairement, par exemple, à l'armée russe.

Et on voit bien ça dans l'armée ukrainienne.

C'est-à-dire que, à tout niveau, on prend ses responsabilités.

Alors, bien sûr, il y a un briefing préalable,

et on s'est bien dit, 4 heures d'études, etc., préalable,

dans lequel on dit, voilà ce qu'on va faire,

voilà les modes d'action utilisés.

On étudie tous les cas non conformes.

C'est-à-dire ce qui peut arriver comme problème pendant cette action.

Et donc, effectivement, alors après, ils réfèrent,

parce qu'ils ont besoin d'un appui,

ils ont besoin d'évacuer Loïc le Page,

et donc là, ils appellent le PC.

Et moi, je me souviens très bien de ce matin-là,

donc le 4 mars 2006,

où effectivement, dans ce cas-là,

il y a la radio qui résonne dans le PC,

et les gens disent « tic tic », ça veut dire « troupe in contact ».

Ça veut dire, effectivement, on est au contact.

Et auquel cas, effectivement, le silence se fait dans le PC,

on sort les gens qui n'ont pas besoin d'être là,

on regarde ce qu'on peut faire,

qu'est-ce qu'on a comme moyen disponible immédiatement,

ou pas, donc combien de temps on peut avoir un appui aérien,

si on peut avoir un drone,

si on peut avoir un hélicoptère pour renforcer éventuellement.

Donc tout ça, effectivement, donc on met tout en oeuvre.

Et je reconnais que l'armée américaine,

en ce cas-là, parce qu'en fait,

mon chef à l'époque était américain,

nous envoyait les moyens très vite, alors évidemment,

il fallait une heure de déplacement,

plus une heure de mise en route,

c'est ce qui a raconté entre 5 et 2 heures.

2 heures, c'est énorme, soit c'est rien.

Et c'est étonnant.

Parce que c'est tout près, c'est 80 km.

Ah, c'est un peu plus loin, parce que Kandar était un peu plus loin.

Ah, c'est de Kandar que vient l'hélicoptère.

Il ne vient pas de spinbal deck.

Non, non, il décollait de Kandar.

Spinbal deck, en fait, c'est une base au milieu de nulle part,

au milieu d'une grande étendue de sable,

entre des montagnes.

Et donc, oui, la réaction est quand même,

elle a été assez rapide.

Et le premier réflexe, c'est bien dit,

mais comment est-ce que sa famille est prévenue?

Le rôle du chef qui est-elle bien, c'est de prévenir, effectivement,

le chef du commandant aux opérations spéciales de l'époque

et de faire remonter par message exactement ce qui était passé.

Et c'est ensuite, effectivement,

le pachat d'Alfusco, donc des commandos marines,

qui étaient les prévenirs, donc,

la femme de l'hélicoptage, donc haute de l'hélicoptage,

et ses deux enfants, donc son fils Alexi et sa fille Eleonore,

pour laquelle j'ai toujours une pensée.

Que vous connaissez, bien entendu.

Je connais que j'ai rencontré par la suite, oui, bien sûr.

Ce qui me surprend aussi, c'est qu'on ne les râpatrie pas.

C'est-à-dire que, franchement, dans n'importe quel métier,

un de vos collègues se fait tuer, on dit, ok,

allez, tout le monde entre, on va envoyer du neuf.

Là, il continue la mission.

Le jour même, il dorme le soir même, sur place,

et dès le lendemain, il repart en mission.

Alors, sur place, oui.

Mais ça, j'ai dit, c'est normal.

Sinon, j'ai dit, on retire les gens.

Malheureusement, j'ai dit, la mort fait partie du métier militaire.

On ne leur dit pas, vous avez gagné, c'est ça?

Oui. Alors, il reste sur le terrain,

parce qu'en fait, la mission n'était pas terminée.

Ils ont été renforcés entre temps par des gens

qu'on a envoyés en renfort.

Du CPADIS.

Du CPADIS, plus un chef, un commando marine, d'ailleurs,

un capitaine de Fregat, qui se pronommait Ulis.

Et sur place, effectivement, donc ensuite,

on ne les râpatrie pas, parce que la mission n'est pas terminée,

et ça ne serait pas bon sur le plan psychologique.

Maintenant, sur place, on a un médecin,

on a un nomonier, et puis il y a les autres camarades.

Et donc, je pense que c'est bien qu'ensuite,

on puisse en discuter, on puisse avoir ce retour d'expérience,

et l'oïc-le-page n'est pas le seul mort,

malheureusement, que j'ai eu à gérer

lorsque j'étais chef sur le terrain.

Effectivement, ce qui est dur, c'est en rentrant,

parce qu'en rentrant, on va avoir la veuve,

on va avoir les enfants, on va avoir les parents.

Il s'avère que l'oïc-le-page, son père,

était le premier général commandant des opérations spéciales,

donc un de mes prédécesseurs.

Prédécesseurs.

Donc, de fait, alors, j'ai eu au téléphone,

bien sûr, parce que lui, il cherche à comprendre,

il y avait deux fils, un qui était au premier régiment

par juilletier d'infanterie de Marine de Bayonne,

et l'autre qui était effectivement au commandant Marine,

en l'occurrence, au commandant d'Autré Pelle.

Mais c'est quelque chose de très marquant,

et je pense qu'on a dit tout à l'heure la force du groupe,

et je pense que cette cohésion est absolument nécessaire

pour s'en sortir.

Et j'allais dire, il faut les repartir de l'avant,

et le groupe en question, le groupe de l'oïc-le-page,

est reparti très vite sur le terrain pour réengager les gens,

et j'allais dire, non pas qu'ils oublient,

parce qu'évidemment, on n'oublie jamais ça.

J'allais dire, psychologiquement,

il se sent très engagé et toujours utile à la mission.

– Ça pleure, un commandant, ou ça peut pas?

– Si, ça chiale.

– Ça chiale, parce qu'on est des jourtrises

de voir partir un ami et un frère d'armes, évidemment.

– Je rappelle le titre de votre livre,

général Gommard, Soldat de l'ombre,

au cœur des forces spéciales

dans la collection poche de chez Harper et Collins.

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En janvier 2006, un groupe de 13 commandos marine du commando Trépel de Lorient débarque à Spin Boldak en Afghanistan, pour une mission de surveillance des Talibans. Dans la vallée escarpée de Maruf, ils tombent dans une embuscade.