La source: Natural Born Killer 1/5 : L'affaire Mary Bell ou la fabrication d'un monstre

Radio France Radio France 8/6/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

France Inter

Aujourd'hui, il aura à faire sensible l'affaire Mary Bell ou la fabrication d'un monstre.

En 1968, deux petits garçons de 3 et 4 ans sont retrouvés morts à Newcastle en Angleterre.

La police ne tarde pas à mettre la main sur le coupable et découvre avec effroi qu'il s'agit d'une jeune fille de 11 ans, elle s'appelle Mary Bell.

Pourtant, elle est une petite fille qui ressemble à toutes les autres, dont on attend comme de toutes les autres,

l'innocence, la gentillesse, mais elle a tué et elle est incapable du monde en remords.

Alors, elle devient aux yeux de l'Angleterre tout entière, rien de moins que l'incarnation du mal.

Une journaliste britannique, Guita Serrini, assiste au procès de cet enfant.

Alors, elle ressort intriguée, tout de même.

Elle a dit on vivait chose terrible avec gamine pour en arriver là, se dit-elle oui mais quoi ?

Près de 30 ans après l'affaire, Guita Serrini retrouve Mary Bell.

Elle veut écrire un livre sur son histoire pour tenter de répondre à la question que personne à son procès n'avait voulu se poser.

Comment une si jeune fille est-elle devenue une meufrière ?

Notre invité aujourd'hui, Caroline Eliachev, psychanalyste pédopsychiatre,

également scénariste de trois films de Clochabrol, La Cérémonie, Merci Pour Le Chocolat et La Fleur du Mal.

Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,

récit documentaire Romain Weber, coordination Christophe Barrère, réalisation Marion Lelé.

C'est un jour de novembre 1995 dans une ville du nord de l'Angleterre.

Autour d'une table, dans un bureau, sont assises deux femmes.

Serrini, une journaliste de 74 ans, Guita Serrini,

et une femme de 38 ans qui s'appelle Mary Bell.

Le bureau dans laquelle elle se trouve est celui d'un agent de probation,

parce que Mary Bell est en liberté conditionnelle depuis 15 ans.

Ma mère, vous étiez le diable, vous savez, Lance Mary.

Elle disait que vous aviez écrit un livre rempli de mensonges.

Guita la regarde.

Mary a les mêmes yeux bleus, les mêmes cheveux noirs que la première fois qu'elle l'a vue.

A l'époque, elle avait 11 ans.

Guita 47.

Depuis, Mary a passé 12 ans en prison,

et Guita est devenue une journaliste connue comme la spécialiste des forces du mal,

qui parfois colonise l'humain.

C'est elle qui a recueilli les confidences d'Albert Speer,

ministre d'Hitler, son architecte,

et c'est le Franz Stangen, commandant du camp d'extermination de Treblinka.

Sa mission, traquer l'origine du mal.

Guita Serrini a écrit un livre sur Mary en 1972, 23 ans plus tôt.

Mais la mère avait fait obstacle,

et la journaliste n'avait pas trouvé tout ce qu'elle cherchait.

Si Mary Belle et Guita Serrini se rencontrent ce jour de novembre 1995,

c'est parce que Guita avait écrit un nouveau livre.

La mère de Mary vient de mourir,

elle ne sera plus là pour empêcher la journaliste de comprendre ce qui est arrivé.

Mais il faudra donner beaucoup de vous-mêmes, prémient-elle,

parler de choses insupportables.

Mary le sait,

et elle dit,

je veux parler de la façon dont tout ça est arrivé,

reprendre toute l'histoire depuis le début.

Le premier rendez-vous, allie aussi moins plus tard,

chez Guita Serrini, qui écrit.

Je ne savais pas précisément à quelle heure elle arriverait à Londres.

Mais la veille en début de soirée, elle avait téléphoné depuis la gare

pour annoncer qu'ayant suffisamment d'argent,

elle prendrait un taxi, et qu'il était inutile de venir la chercher.

C'était la dernière fois que je l'avais entendue

avant qu'elle n'arrive le lendemain matin, à 11h, épuisée.

Une énorme valise et quatre sacs plastiques remplis de papier

et de photo à la main.

Et pour cause, Mary a passé la nuit dehors sous des porches.

La journaliste lui ouvre, constate son état déplorable.

Elle lui fait couler à bain, la méolie.

Et Marie ne commence à parler que le soir venu.

Mais elle est incapable, tout comme la journée suivante,

de parler d'autres choses que de son enfant.

Car elle a une fille, oui, de 11 ans, et précisément 11 ans.

C'est l'âge qu'elle avait en 68, quand elle a tué deux petits garçons.

Nous sommes alors en juin 96, et avant de fouiller dans ses souvenirs,

Mary veut montrer à Guitare qu'elle n'est pas comme sa mère,

et qu'elle aime sa fille, elle.

Le travail peut ensuite commencer.

Guitare sérénie lui remord leur rencontre 28 ans plus tôt.

J'ai vu Marie Belle pour la première fois le 5 décembre 1968,

au tribunal de Newcastle-Opentine, où se tenaient les assises.

Marie, 11 ans, et son ami Norma, de deux ans plus âgés,

étaient sur le banc des accusés pour le meurtre de deux petits garçons.

Marie était petite à l'époque,

beaucoup plus petite que l'autre fillette, et très jolie.

Elle avait des cheveux brun court, et des yeux d'un bleu intense.

Trois coups sec résonnent dans la salle comble du tribunal de Newcastle.

On n'entend plus que les petits rires des deux accusés,

couverts par lui ci justice, qui annonce arriver de la cour.

La salle se lève, les avocats font signe à leurs clients de faire de même.

Elle s'exécute en regardant autour d'elle, désemparée.

Le président entre.

A ses pieds devant lui, les accusés font deux têtes de moins que tout le monde,

parce que ce sont deux petites filles, 11 et 13 ans.

À côté de Marie, il y en est fait sa voisine Norma.

Les deux habitent Newcastle au nord de l'Angleterre,

une ville qui, en 1968, détient de tristes records.

Criminalité, alcoolisme, chômage, tout y passe.

Les mines de charbon fermaient, les chantiers lavalent aussi.

Et dans cette ville morose, Scotswood, le quartier de Marie,

on l'appelle la ruelle des rats.

Des maisons insalubres et des terrains vagues.

C'est précisément dans une maison abandonnée et sur un terrain vague,

qu'au mois de mai, puis qu'au mois de juillet 68,

on a découvert les corps de Martin Brown et de Brian Hove,

quatre et trois ans.

Etre anglais.

Sur le ventre du second, Brian Hove a été gravé une lettre N,

ou peut-être M, N comme Norma, M comme Marie.

La police avait remonté leur piste.

Marie avait dessiné le corps de sa première victime

dans un cahier que son instincteur avait trouvé.

Norma et elle avaient efflu des mots qui revendiquaient carrément

le deuxième meurtre.

Elles avaient ensuite essayé de s'enfuir en écosse

parce qu'elles voulaient vivre avec les chevaux,

manger les carottes et creuser les trous sous terre pour s'abriter.

Ces deux petites filles avaient tué avec une légèreté terrifiante.

Elles avaient 11 et 13 ans et en 1968 en Angleterre,

les plus de dix ans sont jugés comme des adultes.

Brian Raycroft, délégué à la protection d'enfance à Newcastle,

se souvient des procès.

Comme c'était un crime très grave,

c'est passé par les procédures normales,

avec audience publique, avocat de la défense,

avocat de la partie civile, etc.

Tout cela a été concentré sur deux petites filles,

avec des cheveux noirs et de grands yeux

qui semblaient découvrir le monde.

C'était complètement inadapté à la situation.

Les enfants ne pouvaient pas réagir correctement.

Il n'y avait aucune chance

pour que ce procès soit équitable.

Derrière Mary et Norma sont assises de leur famille.

Les parents et les grands-parents de Norma,

lui qu'elle la main et la console, quand elles pleurent.

Ces dix frères et sœurs l'accompagnent tous les matins

devant la salle d'audience

et le retrouvent même en droit tous les soirs.

Mais la petite Mary, elle n'a pas le même soutien.

Derrière elle, il y a Billy, son père,

et Betty, sa mère, que tout le monde a remarqué.

Elle porte une périte blonde de travers,

sangle d'ostensiblement,

prend la main de sa fille quand les journalistes regardent,

lui donne des coups de coudes et lui pince le bras

quand personne ne la voit.

Chaque jour, c'est souvenir Mary,

je pensais que quand je rentrerais chez moi,

elle me battrait à mort.

Brian Redcroft de la protection de l'enfant s'ajoute.

Les deux petites-filles étaient très différentes.

Mary était très intelligente et maligne

et répondait aux juges de façon très fine.

Remarque.

L'autre petite-fille n'était pas aussi intelligente

et était complètement déstabilisée par le procès.

Et la cour a distingué les deux petites-filles en disant

« C'est qui est intelligente doit être coupable

et l'autre n'est pas. »

Jeudi 12 décembre 1968,

le juge savrait sa mère et

Mary dit-il doucement

« Est-ce qu'on t'a parlé de Dieu ?

Oui, monsieur.

Et c'est-tu ce que c'est que la Bible ?

Oui, monsieur.

Bien.

Et si tu prends la Bible et joues devant Dieu

de dire la vérité,

qu'est-ce que tu crois que ça signifie ?

Qu'il faut dire la vérité, monsieur.

Très bien, reprend le juge.

Elle peut prêter serment.

Et ainsi toute la journée, Mary l'interrogeait.

Mais dans sa procès pour meurtre,

en sensant titre en angleterre,

on ne cherche pas à connaître l'accusé,

à identifier ce qui, dans sa vie,

qu'il en vient d'attuer.

Non.

Nous, on sentit aux faits et les faits à câble, Mary.

Le premier petit garçon, elle l'a tué seule,

en l'étranglant.

Pour le deuxième, son ami Norma est impliqué

sans qu'on comprenne qui de Mary

ou de Norma a tué.

Mais Mary semble arrêter la meneuse

et Norma a suivi le mouvement.

C'est donc Norma qui comprend pitié

et Mary qu'on accable.

Le procureur dit-elle

qu'elle est anormale, vicieuse, cruel,

avec une dose de ruse diabolique.

Le psychiatre, la traite de psychopathe,

la presse écrit qu'elle est une tardaine naissance

et de mauvaise graine, un monstre d'enture.

L'avocat de Norma le conseille,

on est tenté de la décrire comme le diable,

mais ce n'est pas sa faute si elle est née.

Dans la salle, qui t'a sérénée

à le sentiment que si cet enfant a tué,

ça n'a rien diabolique.

Elle a dû se passer quelque chose de grave

dans sa courte vie.

Là où tous voient le mal,

elle voit la détresse.

Elle répond à la radio botanique en 1997.

Quand je regardais cet enfant

dans ce tribunal d'adultes

entouré par tous ces gens,

tout ce que je voyais,

c'était une petite fille

qui était profondément perturbée

et qui avait dû vivre des choses terribles.

Elle ressemblait beaucoup

dans ses réactions,

dans ses expressions

à certains des enfants que j'avais vus

en 1945 à Dachau

quand j'y étais entrée

avec l'armée américaine.

Leur visage,

leur réaction aux adultes

ressemblait à celle de Marie Bell

en 1968.

Quand Marie,

par la guitare de sa première victime,

elle secoue toujours la tête.

Je n'avais pas l'intention

de le tuer pour toujours,

dit-elle.

Je crois que pour moi, c'était

qu'on va tu sera rentré à temps pour le goûter.

Et elle ajoute, c'est donc j'avais le plus peur.

C'était que les avocats racontent

que je m'étais battu avec une fille

et que je l'avais traité de prostitué.

Qu'ils me demandent alors

comment je savais ce qu'était une prostituée.

C'était rio, un peu confus.

Guita Serini fait un lien.

Et la relance.

Vous aviez peur qu'on vous demande

si vous connaissiez ce mot à cause de votre mère.

Hein ? C'est ça ?

Mario, c'est les épaules.

Je ne me souviens pas si je me le suis formulé comme ça.

Le mardi 17 décembre 1968

à 14h15,

le jury revient avec le verdict.

Norma est jugée non coupable.

Marie, elle, coupable des deux homicides.

La voilà reconnue comme la seule meurtrière

et sa complice Norma est acquittée.

La mère de Mary éclate en sanglots.

Tous le regardent un air à gêner

tant s'épleure sonne faux.

Le juge condamne enfant de 11 ans

à la réclusion à vie

et claud procé par ses mots.

L'enfant Mary Belle peut être emmené.

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durée :00:54:29 - Affaires sensibles - En 1968, deux petits garçons de trois et quatre ans sont retrouvés morts à Newcastle, en Angleterre. La police ne tarde pas à mettre la main sur le coupable et découvre avec effroi son identité. Les deux enfants ont été tués par un autre enfant, une jeune fille de onze ans qui s’appelle Mary Bell.