Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Nadine et Jérôme Baude, meurtre en famille - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/28/23 - 33m - PDF Transcript

C'est un personnage récurrent dans l'histoire du crime, on les appelle les mentes religieuses,

des menteuses, trucueuses, manipulatrices, qui tuent avec beaucoup de sang froid ou mieux,

qui font tuer.

Celle d'aujourd'hui a fait tuer sa cible par un autre, et pas n'importe quel autre,

vous verrez.

Il s'agit de l'enquête sur le meurtre de Joël Baud en 2002, dans la région d'Evreux

en Normandie.

Nous la débrifrons avec maître Jean-Paul Legendre, avocat au barreau de l'heure, avocat

de la défense dans ce dossier, interview que vous écouterez dans un deuxième podcast.

J'ai écrit cette histoire avec Okis, réalisation Mathieu Frey.

Mais c'est quoi ça ? C'est quoi ce truc qui brûle là ? Mais c'est une voiture qui brûle ?

Ça alors, à deux heures du matin ? J'espère qu'il y a personne dedans ? Voyons voir.

Putain, elle a complètement cramé la caisse. Voyons voir s'il y a quelqu'un dedans ? J'espère

que non. Non, ça ne va pas regarder personne. C'est quand même bizarre qu'elle brûle comme

ça cette voiture. Il n'y a pas eu d'accident, et même pas dans le fossé.

Cet homme qui vient de découvrir cette voiture en feu le 5 décembre 2002 vers deux heures

du matin, sur une petite route de campagne de la région d'Evreux en Normandie, fonce

sur le champ à la gendarmerie.

Une fois sur place, les gendarmes éteignent les dernières flammes. La voiture est effectivement

complètement carbonisée. Il ne reste plus que la carcasse fumante. Rien dans l'habitat,

rien non plus dans le coffre. C'est quand même bizarre. C'est pas un accident,

on dirait qu'elle a été carrée là, cette voiture, sur le banc de la route.

Si tu veux mon avis, c'est une voiture volée. Mais pourquoi on est venus la faire cramer

là, en pleine cambrousse ? Je ne sais pas.

Bon, bah voilà, c'est pas l'affaire du siècle. Un dépaneur vient chercher la carcasse

et il va la déposer dans un garage. On cherchera tranquillement le nom du propriétaire à

tête reposée, fin de l'histoire, ou plutôt début d'une autre histoire nettement moins

banale.

Le lendemain, en début d'après-midi, une femme se présente à la gendarmerie voisine.

Elle est sans nouvelles de son mari, depuis la veille au soir.

Et il s'appelle comment votre mari ?

Joel, Joel Baud, B-A-U-D-E. Et vous ? Nadine Baud.

Le mari est bouché. Il travaille en région parisienne. Hier, il a pris la route très tôt,

vers deux heures du mat' avec la voiture de leur fils. Il devait rentrer ce matin à dix

heures et il est quatorze heures et il n'est toujours pas là. Une remarque au passage.

C'est une drôle de démarche que fait cette femme. Son mari a quatre heures de retard,

mais c'est un grand garçon de quarante-cinq ans. Elle a du peau que les gendarmes ne

l'envoient pas bouler. Mais ils ont bien raison de l'écouter jusqu'au bout.

Ce qui m'inquiète, c'est qu'il avait pas mal de liquide sur lui. J'espère qu'il

ne lui est pas arrivé quelque chose à cause de ça.

Combien de liquides ? Vous le savez ?

Autant les 4000 francs, je pense.

Là encore, pardon. Mais ça n'est pas non plus une fortune. 4000 francs, ça fait un peu

plus de 800 euros d'aujourd'hui. Et là, elle rajoute quelque chose d'assez étrange.

Ah oui. Je sais aussi qu'il prend régulièrement en stop un jeune homme de 27 ans, je crois.

Jean-Philippe, je crois qu'il s'appelle. Et je crois que c'est un garçon qui a pas

mal de problèmes d'argent, d'après ce qu'il m'a raconté.

Bizarre, non ? On dirait qu'elle désigne un possible coupable. Mais coupable de quoi ?

Ça les dit, ça, les gendarmes. Cette femme qui s'inquiète de son mari, disparu depuis

quatre heures seulement. Cet argent liquide qu'elle désigne comme possible mobile.

Mais de quoi ? Eh ben on sait pas. Et ce Jean-Philippe qu'elle semble désigner comme

un suspect de… Eh ben on sait pas non plus.

Et donc il est parti avec la voiture de votre fils, c'est ça ? Oui. Vous auriez des matriculations

et le modèle ? Oui, bien sûr. C'est une Peugeot 205. Et les matriculations… Attendez,

quelque part, attendez. Voilà, 32-32-VG-27.

Bon d'accord, écoutez je note, on va faire des recherches.

Et pour conclure cet entretien un peu surréaliste, la mise qui s'appelle donc Nadine Baud raconte

deux ou trois choses sur elle et sur son couple. Elle est ambulancière, elle a 42 ans.

Avec son mari disparu, ils ont un grand garçon de 21 ans qui s'appelle Jérôme

et qui est étudiant en médecine et chercheur à l'Institut Pasteur. 21 ans.

Chercheur. Il a pas traîné, hein, le gamin. Et puis elle livre un dernier élément assez touchant.

Depuis quelques mois, j'ai un cancer de la peau. Je suis soigné à l'hôpital Gustave Roussi

à ville juive, en région parisienne. Je sais pas si vous connaissez.

Si, si, si, on connaît. C'est l'hôpital de référence pour la prise en charge du cancer en France.

Le nec plus ultra. Cette femme a l'air un peu chelou, mais si elle a un cancer,

ma foi, ça peut se comprendre qu'elle perdoppe pied.

...

La suite, je suppose que vous l'avez anticipé dans votre petite tête de colombo du dimanche.

La voiture, la voiture retrouvée calcinée sur le bord de la route.

Et bien, c'est celle que conduisait Joel Baud, la bagnole de son fiston.

À un détail près, sa femme avait dit que l'immatriculation était 32-32-VG-27.

Et c'est 32-32-VG-27. Ça peut arriver.

Donc, à partir de ce moment-là, eh bien, l'affaire change de braquette.

On a un disparu et une voiture cramée.

Finalement, elle n'est pas bonne, hein, cette affaire.

...

Et les amis de Joel Baud, alors, et les collègues de la boucherie,

qu'est-ce qu'ils ont à dire sur la disparition de leurs potes ?

Sa femme vous a dit qu'il prenait régulièrement un auto-stopper quand il allait à Paris.

Ils m'ont jamais parlé de ça.

Bon, je crois qu'il prenait pas que son auto-stop, hein.

Il me l'aurait dit, hein.

Le prénom de Jean-Michel ne vous dit rien.

Oh non, non, strictement rien du tout.

...

Les gendarmes interrogent ensuite le fiston, Jérôme.

Il n'était pas là.

Il était en week-end avec sa copine dans un center park.

Il n'a jamais entendu parler, lui non plus, d'un garçon que son père prenait en stop.

Et voilà.

On est bien barré avec ça.

...

Cela dit, il reste la voiture.

Est-ce que la carcasse carbonisée peut livrer des indices ?

Peu probable.

On va voir des experts débarquent au garage où elle est entreposée.

...

Oh, je vois pas bien.

Je vois pas bien ce qu'on va pouvoir tirer de ce tâteau, là.

Mais bon, on y va.

Toi, tu explores l'avant.

Moi, je m'occupe de l'arrière.

Allez, c'est parti.

...

L'opération consiste à gratter le sol.

Tout a prulé.

Les sièges, le tableau de bord, les ceintures de sécurité.

Tout.

Sur le sol de la 205, il n'y a que des sangs et du charbon.

Les vitres ont bien sûr explosé avec la chaleur.

Hé !

Tu peux venir m'aider à dégager le pare-brise, là, à l'arrière ?

Le pare-brise explosé recouvre la carcasse des sièges arrière.

...

Mais qu'est-ce que c'est ça, bordel ?

Regarde.

...

Qu'est-ce que c'est ça ?

Eh bien, c'est un amas de chair calciné.

C'est un cadavre, mesdames et messieurs.

Enfin, ce qui n'en reste.

Un morceau de barbac d'environ 90 centimètres.

Un crâne et ce qui ressemble à une cache toracique.

Et c'est tout.

Il est là, Joel Bond.

Et on referme tout de suite la piste de l'accident.

Il n'y a pas eu de choc.

La voiture était garée sur le bord de la route,

moitié sur le bas-côté et moitié sur la chaussée.

Et puis le cadavre est à l'arrière.

Il n'est pas au volant.

Cette voiture, on l'a amené là

et on y a mis le feu pour tenter de faire disparaître le corps de Joel Bond.

Et ça s'est joué à pas grand chose.

Si l'homme qui est passé sur la route n'avait pas appelé les pompiers,

si les pompiers n'avaient pas éteint les flammes,

on n'aurait peut-être rien retrouvé du tout.

À l'Institut Médicodégal,

le légiste confirme qu'il s'agit bien de Joel Bond.

On s'en doutait.

Mais l'autopsie révèle une chose terrible.

Cet homme, messieurs, était vivant

quand on l'a mis le feu à la voiture.

Vivant ?

Il respirait encore ?

Il respirait, oui.

On a retrouvé des résidus de suite dans ses sinus.

Ça alors.

Autre chose.

Cet homme a été battu.

On a une marque de cou encore visible sur la nuque

et probablement aussi sur la bouche,

mais c'est moins évident.

Mission que c'est moins certain.

Vous voyez le travail ?

On a battu Joel Bond.

On l'a mis probablement inconscient à l'arrière de la voiture.

Et quand on a mis le feu, il respirait encore.

Et donc c'est un meurtre, bien sûr,

avec une dimension barbare.

Alors on va l'annoncer à sa femme Nadine

et à son fils Jérôme

et l'enquête change de braquée.

Est-ce qu'à ce stade, Nadine Baud

est considérée comme suspecte ?

Ben oui, évidemment.

Pour toutes les raisons que je vous ai déjà indiquées,

son empracement a déclaré la disparition de son mari,

la désignation d'un suspect, ce stopper,

qui manifestement n'existe pas.

Alors oui,

oui, à ce stade, l'hypothèse qu'elle est tuée et Joel existe.

Et donc, elle est placée sur Écoute.

Et un matin, une semaine après le drame,

on l'entend appeler un monsieur.

Comment ça va ma chérie ?

On serait pas évidents à gérer tout ça à mon coeur.

Oh chérie, chérie,

ma dame a un amment.

Et grâce aux téléphones,

on sait très vite de qui il s'agit.

Il s'agit d'une femme,

une femme,

une femme,

une femme,

une femme,

et de qui il s'agit.

Il s'appelle Jacques.

Et l'enquête révélera qu'il a eu un accident de voiture il y a un an,

que Nadine l'a transporté dans son ambulance

pour aller à ses séances de rééducation.

Et que voilà,

craque, craque.

Joel est en toute la semaine en région parisienne dans sa boucherie.

Nadine s'est installée dans une double fille.

Du lundi au vendredi,

avec son amment et le week-end,

avec son mari.

Et pour vous dire à quel point tous les deux se projeter dans l'avenir.

Dans les semaines qui ont précédé le meurtre de Joel,

Nadine et son amment

ont acheté une maison,

tous les deux.

Enfin, ils ont signé le compromis.

Ils devaient signer l'acte définitif

deux jours après le meurtre.

Les gendarmes se mettent à les filocher tous les deux.

Discretos.

Je les ai envisu.

Figure-toi qu'il y a son fils Jérôme qui est avec eux.

Le fils se balade donc avec sa mère et son amment

une semaine après l'assassinat de son père.

Il n'a pas de coeur, ce gosse.

Alors alors,

voyons ce que disent les téléphones de ces trois-là

la nuit du crime.

Officiellement, Nadine Baud dit qu'elle est restée chez elle

et qu'elle n'en a pas bougé.

Et bien, elle a menti.

Elle n'est pas chez elle.

Elle est à 10 km de chez elle, ici, à Verneau.

Et c'est pas tout.

Son fils Jérôme nous a dit qu'il était en week-end

au Centre parc de Verneuil-sur-Apre,

avec sa copine Elodie, je crois.

Son portable le situe bien là-bas.

Donc a priori, il n'a pas menti.

Sauf que dans la soirée, Elodie l'appelle.

Ce qui est quand même bizarre, puisqu'ils sont censés être ensemble.

Et elle, elle n'est pas du tout au Centre parc.

Son portable accroche la même borne téléphonique

que Nadine Baud.

Ça veut dire que la petite copine était avec la mère

et qu'elle serait dans le cou.

Si tu veux mon avis, ça veut dire que le gamin Jérôme

il a échangé son portable avec sa petite amie

et que c'est lui qui était avec sa mère.

Jérôme ?

Et oui, le gentil Jérôme.

C'est un tremblement de terre dans cette enquête.

C'est une hypothèse de fou.

Nadine aurait tué son mari Joël avec l'aide de son fils.

On commence à avoir assez d'éléments

pour placer Nadine, son fils ton Jérôme

et sa petite copine Elodie en garde à vue.

Et l'amant Jacques qui tombe des nus.

Vous me dites que Nadine est soupçonnée du meurtre

de son mari, c'est ça ?

Mais de quel mari vous parlez ?

Elle m'a dit qu'elle était divorcée depuis 20 ans.

Eh bien, elle vous a menti, monsieur.

Elle n'est pas du tout divorcée.

Son mari était en région parisienne la semaine.

Il travaillait là-bas, mais il passait tous ses week-ends avec elle.

Vous ne la voyez pas le week-end ?

Bah non.

Elle me disait que le week-end, elle prenait les cours

pour devenir infirmière, moi je la croyais.

Et c'est pour ça qu'on ne se voyait pas quoi.

Eh bien, elle vous a menti.

Elle passait tous les week-ends avec son mari.

Ça alors, j'en reviens pas.

Il tombe sincèrement de l'armoire, Jacques.

Nadine Baud est maintenant face aux gendarmes.

Elle n'a pas l'air du tout effondré par les soupçons qui pèseraient.

Elle est stoïque.

Elle ne voit pas pourquoi on la dérange.

On vous dérange, madame,

parce que vous nous avez menti sur votre emploi du temps.

La nuit où votre mari a été assassiné.

Mementi sur quoi ?

Vous n'étiez pas chez vous, madame.

Votre téléphone portable borne à venant

à dix kilomètres de chez vous.

Bon.

D'accord, là-dessus je vous ai pas dit la vérité.

J'étais pas chez moi, mais ça change rien.

Enfin, Joël est parti de chez nous cette nuit-là

à deux heures du matin pour aller travailler à Paris.

Ce qui s'est passé après moi.

Moi, j'y suis pour rien.

Ok. Voyons ce que les deux autres,

son fils Jérôme et sa petite copine Elodie,

racontent sur la nuit du crime.

Elodie d'abord.

La nuit du crime, vous avez dit mademoiselle

que vous et votre ami Jérôme

étiez en week-end avec des copains

au Centre-Parc de Verneuil-sur-Hare, c'est ça ?

Or nous avons des raisons de penser

que vous n'y avez pas passé tout le week-end.

En tout cas que Jérôme n'y a pas passé tout le week-end.

Qu'est-ce que vous avez à nous dire là-dessus mademoiselle ?

C'est vrai, Jérôme a pas passé tout le week-end avec nous.

Il est parti le samedi dans l'après-midi

et il est revenu le lendemain matin.

À quelle heure ?

Quatre heures du matin, je dirais.

Et vous, vous l'avez vu rentrer ?

Oui. Comment était-il ?

J'ai failli pas le reconnaître.

Il avait plus son collier de barbe,

il s'était rasé et il sentait le brûler.

Il m'a dit qu'il s'était cramé en allumant le barbecue

avec ses parents samedi soir.

En allumant le barbecue,

un feu dans une peugeot de 105.

On vient de faire un pas de chiens.

Et maintenant, allons voir comment Jérôme

se dépatouille avec tout ça.

Pardon de vous poser une question, Jérôme.

Je vous regarde là et je me dis

qu'est-ce qui vous est arrivé au niveau de votre barbe ?

Il y a comme des trous dedans.

Ma barbe ?

Oui, votre barbe.

Votre petit ami et l'audine nous a dit

que vous vous êtes brûlé à l'occasion d'un barbecue.

C'est ça un barbecue qui a eu lieu.

C'est étonnant, vous en conviens.

C'est un barbecue qui a eu lieu.

C'est étonnant, vous en conviendrez.

Donc la nuit ou le soir du meurtre de votre père,

vous avez vraiment fait un barbecue.

Cette nuit-là, monsieur.

Que voulez-vous qu'il réponde ?

Bien sûr que nous.

Il est fragile, Jérôme.

Il est brillant puisqu'il étudia

en troisième année de médecine à 20 ans.

Mais il est fragile.

Alors il raconte.

Le samedi,

j'étais au Centre Park.

Et ma mère m'a appelé.

Elle m'a dit, je suis inquiète.

Je crois que ton père a découvert ma relation avec Jacques.

Et elle a ajouté, ça va mal se passer.

Et comme elle avait l'air d'avoir

très peur, alors je suis allé à la maison

pour la soutenir.

Et vous avez échangé votre téléphone

avec celui de votre amie Elodie.

Ouais, voilà.

Et donc je suis arrivé à la maison.

Et puis mon père est arrivé.

Je tirais une demi-an après.

Et ça m'a surpris parce que

ça avait l'heure d'aller.

On a même pris l'apéritif, tous les trois.

Et puis à un moment donné,

il s'élevait.

Et il a dit qu'il était au courant

pour maman et pour Jacques.

Et toi, Jérôme,

pourquoi tu m'as pas dit que maman avait un amant ?

Pourquoi tu me l'as pas dit ?

Il était très en colère.

Alors, on a commencé à se battre.

Et pour me défendre, j'ai attrapé une bûche.

Et je lui ai mis un coup derrière la tête.

Et ma mère, elle est descendue au garage.

Et elle a vu mon père qui était étendu par terre.

Elle a pris son poux.

Et elle a vu qu'il était mort.

Et nous, on s'est mis à paniquer.

Personne ne croirait que c'est un accident.

Alors, on a décidé de faire disparaître le corps.

On l'a chargé dans la voiture.

Et puis on est partis.

Maman était au volant de la 205.

Et moi, je la suivais avec sa voiture.

On a roulé, je sais pas, une trentaine de kilomètres.

On s'est arrêté près d'emboît.

On avait pris un géricaine d'essence avec nous.

Je l'ai vidé sur la 205.

Et puis j'ai mis le feu.

Quelle heure était-il ?

2 heures du matin.

Après, j'ai ramené ma mère à la maison.

Je me suis touché.

Je me suis changé.

J'ai rasé ma barbe brûlée.

Et puis je suis retourné au Centre Park.

Donc c'est une dispute entre le père et le fils qui a mal tourné.

Et Nadine finit par confirmer qu'elle était là,

en disant que c'était un accident

et que la destruction du cadavre par le feu n'était qu'utilitaire.

Mais tout ça suffit à les envoyer en prison, tous les deux.

Du fond de sa cellule, le jeune Jérôme Baud écrit tous les jours à sa mère.

C'est la première fois de sa vie, vous entendez,

la première fois qu'il est séparé de sa mère.

Le week-end au Centre Park était son premier week-end,

sans maman, 21 ans.

C'est important de savoir ça,

quand il va s'agir de départager les responsabilités

de l'un et de l'autre dans le crime.

Ma chère maman, je suis très inquiet pour toi.

Et sages que je vais autant que je peux à la messe de la prison

pour prier pour toi.

J'espère te revoir vie.

Il me tarde qu'on regarde la télé ensemble comme avant

et qu'on fasse des dodos tous les deux comme autrefois.

Et oui, le garçon a fait des dodos avec sa maman

jusqu'à l'âge de 16 ans.

Je t'aime à l'infini maman.

Et il dessine sur ses lettres des fleurs et des petits cœurs

comme un gamin de 7 ans.

Que conclure de tout ça ?

Eh bien, Kennedy est une mère castratrice,

comme on dit, qu'elle l'a maintenue dans une forme d'immaturité

et de soumission.

Alors certes, a priori, c'est lui qui a donné le coup de bûche.

C'est lui qui a mis le feu à la 205.

Mais est-ce qu'on peut la dédouaner pour autant ?

Pas sûr, pas sûr du tout.

Maman, elle m'a raconté depuis quelque temps

que papa était violent avec elle

et qu'il l'a frappé.

Alors moi, j'ai jamais rien vu, mais quand même,

j'étais très inquiet pour elle.

Alors, quel est le vrai rôle de Nadine Baud

dans le meurtre de son mari ?

Eh bien, d'abord, on découvre qu'il y a quelques années,

14 ans environ,

Joël a déjà failli mourir.

Et là, c'est pas la faute de Jérôme, il avait 6 ans.

C'est la sœur de Joël qui raconte cet épisode aux gendarmes.

Un jour, il a fait un malade

mais un important comme malaise.

Et alors, à l'hôpital, ils ont trouvé des médicaments

dans son sang, figurez-vous.

Et Joël, il prenait pas de médicaments.

Bon, alors, on a dit que c'était une tentative de suicide,

mais il n'était pas du tout dépressif, Joël.

Et en fouillant le dossier médical de Joël,

les gendarmes découvrent qu'il a fait 2 autres malaises

cette année-là.

Et qu'à l'époque, c'est Nadine qui lui préparait

ses sandwichs quand il partait travailler à Paris.

Alors bien sûr, tout ça, il n'y a pas de preuves.

Mais quand on se pose la question de la responsabilité

de Nadine dans le crime, disons que ça éclaire

la scène d'un nouveau jour.

...

À part ça, Nadine se révèle être une menteuse de première peau.

Vous savez déjà qu'elle a menti à Jacques son amant

en lui faisant croire qu'elle était divorcée depuis 20 ans.

Et bien sachez qu'elle n'a pas non plus de cancer.

Et on ne la connaît pas à l'institut Gustav Roussi.

Même son fils y a cru.

Et elle l'a laissé le croire.

Mais il n'y a pas qu'elle qui mentait dans cette famille.

Le pauvre Joël mentait lui aussi.

Au lieu de boucher, il lui arrivait de dire

qu'il était vétérinaire.

Et Jérôme, le fiston, lui aussi ment.

Parce qu'il n'est pas du tout étudiant en médecine.

Il est encore moins chercheur à l'institut Pasteur.

Il y travaille.

Mais comment ployer ?

Via une agence d'intérim.

...

Le procès de la mère et du fils a lieu en avril 2006 à Évre.

Dans le box, Nadine bode à leur regard glacial.

Alors que son fils Jérôme à côté d'elle

est tout ratatiné sur son banc.

Et on commence par l'énoncer des mensons.

Vous prétendiez aussi, Madame,

que vous vous appeliez Nadine de Morel.

Alors de fait, votre nom de jeune fille est Morel.

Mais sans particules.

C'est pas vrai.

À l'origine, mon nom était bien de Morel.

C'est juste qu'un de mes ancêtres a vendu sa particule à la révolution.

Je peux vous dire que ça fait bien marrer dans la salle d'audience.

Cette femme est une menteuse pathologique.

Et vous, M. Jérôme Bode,

pourquoi avoir dit que vous étiez étudiant en médecine

et chercheur à l'institut Pasteur alors que c'était faux ?

Parce que c'était comme ça qu'on faisait à la maison.

Je peux vous dire quand j'ai eu mon B.O.P.

Mes parents, ils ont fait une fête à la maison pour fêter mon bac.

Comme si j'avais eu le bac.

Ce procès se déroule dans le cadre d'un assassinat.

À la fin de l'instruction,

le juge a conclu qu'il y avait préméditation,

que la mort de Joël Bode n'était pas un accident.

Jérôme Bode, je pense personnellement que ça n'est pas un accident.

Qu'en pensez-vous ?

Je l'ai frappé avec la bûche quand il avait le dos tourné.

Voilà comment ça s'est vraiment passé.

Mais je ne voulais pas le tuer.

Peut-être.

Peut-être, mais ça n'est pas exactement le même scénario

que celui qu'il a décrit pendant l'instruction.

Cela dit, le légiste vient redire à la barre

que le coup de bûche n'était pas mortel,

puisque la victime respirait encore

quand on a mis le feu à la voiture.

Madame Bode,

vous ne vous êtes pas aperçus que votre mari respirait encore

quand avec votre fils vous l'avez chargé dans la voiture ?

Pourtant, vous êtes ambulancière.

Non.

Non, et je peux vous dire que si on s'en était aperçu,

jérôme et moi,

on aurait appelé du secours,

ou pas.

Jérôme Bode,

pourquoi avez-vous échangé votre téléphone

avec votre petit ami Hélodie

avant de rejoindre votre mère le soir du meurtre ?

C'est ma mère qui m'a dit qu'il fallait faire comme ça.

D'accord.

Ça voudrait donc dire qu'elle avait l'intention

de le tuer ce soir-là,

ou de vous faire tuer votre père ?

Oui.

Disons que

elle vous laissant débarrasser.

Ça,

c'est sûr.

Et ce qui est intéressant,

c'est la synthèse que l'avocat général

fait lors de son réquisitoire

à la toute fin du procès.

Vous êtes, Madame Bode,

l'instigatrice machiavélique

du meurtre de votre mari.

Une perverse manipulatrice

qui s'est servi de son fils.

Dès lors,

elle acquiert une peine de 30 ans de prison

pour Madame Nadine Bode

et de 15 à 20 ans

pour son fils Jérôme Bode.

Et les jurés suivent son raisonnement.

Nadine Bode,

qui n'a pas donné de coups de bûche,

qui n'a pas mis le feu à la voiture,

prend 25 ans de réclusion criminelle.

Alors que son fils Jérôme

qui a donné le coup de bûche,

prend moins de la moitié,

12 ans.

Voilà la vérité de ce dossier.

Jérôme a été instrumentalisé

par sa mère.

Sous-titrage ST' 501

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En décembre 2002, dans la région d’Évreux en Normandie, une femme vient signaler la disparition récente de son mari, Joël Baude. On découvre son cadavre dans une voiture calcinée par un incendie. Selon le légiste, il a été battu et respirait encore quand on a mis le feu.