Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Nadine et Jérôme Baude, meurtre en famille - Le débrief

Europe 1 Europe 1 8/28/23 - 15m - PDF Transcript

Pour commenter son histoire du jour, Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Je vous ai raconté l'enquête sur le meurtre en 2002 dans la région d'Evreux en Normandie de Joel Baud,

tuée par son fils Jérôme Baud, manipulé par sa mère Nadine Baud, qui à la fin est condamné beaucoup plus que lui,

puisqu'elle prend 25 ans et lui est condamnée à seulement 12 années de réclusion criminelle alors qu'il a commis le geste.

Histoire que je débriefe avec vous, maître Jean-Paul Legendre, vous étiez avocat de Jérôme Baud dans ce dossier.

Ce verdict quand même est assez incroyable, 12 ans pour votre client, 25 pour elle.

Honnêtement, vous espériez un tel résultat ?

Alors, c'était un résultat qui paraissait conforme. Moi, l'idée, je me faisais du dossier.

Il est certain que le contraste des personnalités s'est accentué au cours de l'audience avec quelqu'un qui a une personnalité très forte,

qui était la maman, ça s'est apparu, qui a pu apparaître aussi comme effectivement très calculatrice dominante,

alors que Jérôme, manifestement, était quelqu'un, très honnêtement, qui donnait tous les signes de la douceur,

presque d'une certaine innocence, mais vous l'avez bien bien appelé, et je crois que ça s'est tellement apparu que ça s'est ressenti dans le verdict.

Avec cette incidence aussi, c'est que les deux accusés ne se sont jamais accablés l'un l'autre, chercher plutôt à se protéger.

Jérôme n'a jamais rien dit qu'il soit néfaste à sa mère, et il faut reconnaître que Madame Baud, également,

on n'a jamais dit quoi que ce soit, qu'il pouvait nuire à son fils.

Ça n'a pas facilité votre travail, ça, mettre le genre, parce que, évidemment, vous, en tant qu'avocat de la défense,

votre intérêt, c'était de la charger elle, et vous n'avez pas pu.

Mais on ne peut pas nous plus aller outre la volonté supérieure de son client, si vous voulez, il y a un moment où voilà.

Et en plus, moi, j'ai misé sur le fait que Jérôme avait tout intérêt à appeler la vérité, et la vérité de ce qu'il était, de ce personnage,

qu'on comprenne bien que lui qui, effectivement, matériellement avait porté des coups, en fait, n'était que l'ombre portée d'une autre personnalité.

Je reste persuadé que sa mère ne lui a jamais intimé d'assassiner son père.

Je crois que c'est beaucoup plus subtil, beaucoup plus profond, comme influence de l'un sur l'autre.

Madame Baud, il faut reconnaître, c'est quelqu'un qui, moi, m'est apparu comme étant intelligent,

alors intelligent avec probablement des failles de comportement,

et avec un don que tout le monde n'a pas, ce don de dominer les autres.

J'ai rarement rencontré des gens avec cette sorte de qualité,

ça serait une qualité si elle ne l'avait pas employé à autre chose.

Alors qui est à l'origine du monde de mensonges dans lequel vivait cette famille ?

C'est pas le petit, ça peut pas être le petit, c'est forcément les parents.

C'est pas le petit, mais manifestement, tout le monde y compris la malheureuse ultime, tout le monde s'était coulé dans cette idée.

Je me souviens de l'ébalissement d'un ami très très proche de la victime,

quand il a appris à l'audience ce que racontait M. Baud de sa situation,

il était très surpris qu'il n'ait plus mentir de cette façon-là.

Je pense que c'était un bras d'homme.

C'est-à-dire qu'il était vétérinaire alors qu'il n'était pas par exemple ?

Oui, il y a d'autres, oui oui, c'était le chose le plus grand,

mais la famille avait besoin de vivre dans l'illusion de ce qui était perçu.

Par exemple, ils étaient locataires de la maison qu'ils s'occupaient,

mais pour tout leur entourage, ils en étaient les propriétaires.

Et moi, ce qui m'avait frappé, c'est qu'ils avaient effectué des travaux

qui, au général, sont effectués par les propriétaires et pas par les locataires,

même les plus conscients du Oda.

Est-ce que Jérôme aimait des regrets quant au rôle qu'il a joué ?

Et est-ce qu'il verbalise le fait que sa mère l'a manipulé ?

Non, moi, c'est une histoire ancienne maintenant, il y a beaucoup de dossiers depuis.

Jérôme, je pense qu'il était malheureux de ce qui s'était passé.

Maintenant, à l'époque du procès, il manifestement,

il n'avait pas encore coupé totalement le lien ambilical avec sa maman.

Donc c'est compliqué pour lui parce que son intérêt à lui,

à titre personnel, ça serait de la changer un peu.

Et il ne le fait pas parce qu'il l'aime, toujours.

Tout à fait, tout à fait.

Et si vous voulez, je dirais un peu réciproquement,

moi, il y a une chose qui m'a quand même frappé,

parce que, faut être honnête, elle apparaissait comme la méchance,

comme la gigatrice, etc.

Et aussitôt après, le verdict que vous venez de rappeler,

vous savez que c'est traditionnel, des avocats,

on va voir aussitôt nos clients,

ce serait ce que pour débriefir un tout petit peu.

Et je les trouve tous les deux dans la même cellule,

dans les bras l'un de l'autre, ce qui est un peu normal,

la mère aussi, etc.

Et elle prend la parole, le premier me regarde,

et elle me dit, maître, si je fais appel,

est-ce que ça remet en cause la décision pour mon fils ?

Et là, j'avoue qu'elle a remonté un peu dans mon estime,

parce qu'elle a manifestement privilégié l'intérêt de Jérôme,

qui avait tout intérêt à garder cette décision,

au déprimant d'une décision, là, consèrement,

qui peut paraître quand même...

Il y avait la succession pour quelqu'un qui, encore une fois,

à mon avis, d'abord, n'avait rien fait matériellement,

sauf que transport de cadavres, quand même,

et qui ensuite, encore une fois,

je ne pense qu'elle n'a jamais ordonné,

mais toute son attitude, toute sa personnalité,

a induit Jérôme à passer à l'acte.

Quel mot est-ce que vous utiliseriez, vous,

mettre le gendre, pour qualifier la relation

dans le cadre du crime entre la mère et le fils ?

Elle le manipule, c'est conscient,

elle pense qu'en l'utilisant, elle prendra moins cher,

elle, au cas où ?

Personnellement, maintenant, Frédé,

on a toujours une vérité un peu relative des dossiers,

mais moi, je ne pense pas qu'il y ait une manipulation

au sens habituel du terme, avec une stratégie,

avec des mots, etc.

Je pense que c'est plus l'effet d'une personnalité...

Parce que c'est ça, Nadine Baudin,

c'est une personnalité exceptionnellement forte,

c'est dommage qu'elle ait gâché des qualités

pour une vraie dérise,

et c'est l'influence sur quelqu'un

qui, lui, est naturellement...

Jérôme, à l'époque, je ne sais pas comment dire aujourd'hui,

c'est un agneau, c'est un garçon

qui tout de suite inspire la douceur

et probablement quelqu'un qui n'est pas de taille

à résister à une personnalité qui est très forte.

Je pense que c'est uniquement à ce niveau-là,

et elle a dû exprimer souffrance,

une crainte, et c'était peut-être pas que...

C'est une personnalité compliquée.

Vous voulez dire qu'au moment du crime,

elle ne lui ment pas à dessin pour qu'il touche son père ?

Personnellement, je ne crois pas.

Maintenant, j'étais dans le camp de la Défense,

donc c'est souvenir que j'en ai.

C'est souvenir que j'en ai,

et je pensais à quelque chose de plus complexe

dans leur rapport.

Bon, maintenant, elle, encore une fois,

à l'audience, elle a aussi quelque part assumé.

Elle ne s'est pas débattue

contre l'accusation qu'elle voyait

en disant que c'était la véritable instigatrice, etc.

Oui, elle n'a pas crié au long.

Non, non, elle a essayé de se défendre,

pas toujours à l'attoratement,

mais c'est curieux.

Le contraint, c'est d'une personnalité intelligente,

et c'était très forte,

et puis en même temps,

on a bien compris le problème qu'elle avait.

Elle le gère de façon stupide,

si vous voulez, s'assassiné son mari,

ça n'avait aucune raison.

Mais je ne crois pas

que la manipulation soit allée ailleurs,

si vous voulez, avec une mise en scène,

avec une préparation pour contraindre

ou amener son fils à le faire.

Je pense que son emprise était tellement puissante

sur son titre qu'il n'y avait pas besoin de cela.

La nature...

Vous venez de prononcer le mot « maître le gendre ».

L'emprise, c'est le bon mot pour qualifier leur relation.

Ah oui, oui.

Si vous voulez d'autres mots,

c'est normal, vous en savez comme celui-ci,

mais on a été écartés.

Parce que si vous voulez,

il y a une relation,

on pourrait dire intellectuellement

un peu incestueuse, si vous voulez.

Mais je ne pense pas que c'est une incestueuse.

Non, mais c'est ce qu'on appelle une mère castratrice.

Ah oui, oui.

Elle fait dondon avec lui.

Elle fait dondon avec lui

et au fond, elle le contrôle intimement.

Totalement.

Elle représente tout pour lui, si vous voulez.

On peut aimer ses parents profondément,

mais c'est vrai que c'était...

Mais en fait, lui, c'est parce qu'au départ,

qu'il y avait une très bonne nature.

C'est quelqu'un d'affectueux,

c'est quelqu'un...

qui n'inspire la douceur.

Vous vous croisez le soir dans l'arrivée,

vous n'avez pas peur.

Et elle, c'est une personne

qui présente plutôt bien.

Toutes,

c'est pas des marginaux,

ce n'est pas vraiment des pervers,

mais c'est des gens qui sont partis

dans la dérive d'un mensonge

depuis des années pour tout le monde.

Voilà.

Le mensonge...

Le mensonge, maître le gendre,

maladif.

Ah oui, oui, oui, oui.

Si vous voulez, le mensonge, c'est un piège,

je pense, pour tout le monde.

C'est une facilité, et puis on y recourt,

on y recourt de plus en plus.

Vous l'avez très bien rappelé,

à tout le monde, on a besoin

de se montrer à un niveau,

à leur cieux, plus élevé que leur véritable situation.

Mais le fond est compris

vis-à-vis des amis intimes,

depuis des années, à l'égard des grands parents.

J'ai l'impression qu'ils sont dus

de brave gens qui venaient fêter

et faire des cadeaux à Jérôme

pour les examens qu'il avait réussi

mais qu'il n'avait pas passé.

C'est quand même assez donnant.

Qui tombe de l'armoire

et qui était absolument pas

parti prenant de tout ça, c'est Laman.

C'est Jacques, lui, la Lucine.

Mais imaginez que lui,

il est réveillé en pleine nuit

par son croix-le-jeilligienne

qui saute les...

Parce qu'il pense au départ qu'il peut être coupable

et il découvre d'un seul coup.

Enfin, il tombe des nuls et il découvre cette situation.

Il découvre qu'il y a un mari

ce qu'il ne savait pas.

Il découvre que malheureusement

son amante est probablement criminelle

et que peut-être lui

s'il pensait des questions

pour ce qui aurait pu se passer.

C'est un très brave homme.

On imagine ce qu'il a pu vivre.

Il y a un élément

qui quand même

fige l'intentionnalité

de téléphones portables.

Jérôme Baud dit, c'est ma mère

qui m'a conseillé d'échanger

mon portable avec celui d'Elodie.

Et Elodie accepte.

Pourquoi est-ce qu'elle accepte ?

Est-ce qu'elle est au courant ?

Est-ce qu'elle sent quelque chose ?

Parce qu'un échange de portable,

c'est que tout simplement j'ai regardé

les experts à la télé

et je sais qu'on va savoir où j'étais

par mon portable.

Oui, mais moi, le souvenir que j'ai,

je peux tout relire,

il me semble qu'Elodie a vraiment été

mis hors de cause.

Je ne sais plus quel était le prétax

qui avait été trouvé pour emprunter le portable.

Mais vous avez raison,

il y a plusieurs éléments dans le dossier

qui sont un peu troublants.

L'accusation, forcément,

ne s'en est pas privée.

Laissez penser qu'il y avait eu

des éléments préparatoires

de repères, etc.

Et il y avait aussi

mettre le gendre des éléments de barbarie.

Parce que

mettre le feu à un cadavre

de quelqu'un qui n'est pas encore mort,

donc un faux cadavre

c'est quand même d'une cruauté

sans nom.

Alors je ne vous cache pas que c'était

un moment un peu pour la défense,

ce n'est pas le meilleur moment

lorsque très normalement

l'accusation s'en est prévalue.

Maintenant,

je ne pense pas,

je ne pense pas qu'il était

du tout démontrique que

Nigero, ni Madame Baud

avait conscience de cela.

Parce que vous savez,

il y a parfois un état,

alors ce qui était compliqué,

c'est qu'elle, par contre,

touchait à la profession médicale,

donc ça lui fait qu'elle était reprochée.

Maintenant, je ne pense pas qu'on puisse aller au-delà.

Très honnêtement,

je ne crois pas.

Moi, je n'ai cru qu'ils avaient

conscience de cela

quand ils mettent le feu.

Mais c'est une dérive.

Là, c'est une folie.

C'est une folie.

À votre connaissance, évidemment,

tout le monde est sorti de prison aujourd'hui.

Oui, oui, oui.

C'est un peu normal.

Les gens, ils n'ont pas envie de revoir quelqu'un,

qu'est-ce que vous voulez,

qu'ils viennent parler d'agréables avec moi.

C'est rare, ça m'est arrivé, mais c'est rare.

Ça les ramène vers la face noire

de leur vie.

Ils sont restés fusionnels pendant la carcération.

Très longtemps, oui.

Oui, très longtemps.

Moi, j'ai eu des nouvelles...

Il y a du temps maintenant,

un petit peu de...

un petit peu de Jérôme.

De Saint-Maman, je ne crois pas.

Je ne crois pas.

J'espère qu'il a pu évoluer,

prendre, devenir pleinement un adulte.

J'espère.

Je vous remercie infiniment,

d'être le gendre d'avoir accepté

le débris de cette histoire qui n'est pas d'hier

et qui remonte au début

de votre carrière, ou pas loin.

Merci, merci infiniment.

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En décembre 2002, dans la région d’Évreux en Normandie, une femme vient signaler la disparition récente de son mari, Joël Baude. On découvre son cadavre dans une voiture calcinée par un incendie. Selon le légiste, il a été battu et respirait encore quand on a mis le feu.