La source: Mort à Mayotte
Radio France 7/25/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript
François Sainte-Aire
Aujourd'hui, dans la faire sensible, la mort tragique d'une adolescente de 18 ans qui a embrasé Mayotte en aucun soumdé.
Le 15 janvier 2011, le corps de cette jeune fille est découvert sur une plage de l'île.
Rapidement, les enquêteurs se concentrent sur l'une des fréquentations d'adjective, un certain Mathias Belner.
Toxicoman, connu de la justice, il aurait consommé de la drogue avec la jeune fille avant qu'elle se compte d'une overdose.
Affaire réglée donc ? Pas vraiment, car le juge d'instruction en charge du dossier assure que la poudre qui a tué l'adolescente
a été mise en circulation par une unité de gendarmerie de l'île afin de rémunérer ses indiques.
Alors, repous les flics de Mayotte ? Peut-être.
Mais derrière ce fait d'hiver tragique, l'affaire Rouquia est aussi un voyage vers Mayotte.
Cet archipel situe à 8000 km de Paris, sans unième département, aujourd'hui territoire oublié de la République.
Notre invité est Nicolas Guannard, journaliste polyjustice au parisien et auteur du livre,
intitulé l'affaire Rouquia ou les Ombres de Mayotte, paru en début d'année au presse de la cité.
Affaire sensible, une émission de France Inter, diffusée en direct, récit documentaire Guillaume Ballandras,
coordination Franconnière, réalisation Charles de Silia.
15 janvier 2011, Mayotte.
Le soleil se couche sur l'île au parfum.
L'air brûlant venu des montagnes enveloppe la baie de Trémanie sur la côte-teste de Grand-Terre.
Sur le rivage, quelques vagues mousseuses s'écrasent et reflûnent dans l'océan indien.
Couchés sur le sol, entouré de papier bulle et recouvert partiellement d'un carton,
le corps d'une jeune femme, G, étendu sur le ventre.
Un homme qui passait par là alerte les gendarmes.
Girent Farurland, une équipe de la section de recherche de Mayotte, fonce sur le site.
Dès son arrivée, la scène est figée et le péquimètre encadré se rubalise.
Dans la nuit tombante, un spot est disposé au-dessus du corps.
Il diffuse la lumière crue sur la victime.
Tout autour, une foule de curieux s'amasse.
Calpa en main, le commandant de la section de Lyotement Michel Alice, établit ses premières constatations.
Cette femme est jeune, une vingtaine d'années.
Elle porte une robe bleue à paillettes.
Ses pieds nus, son propre.
Le corps a donc probablement été transporté ici après la mort.
Les gendarmes balèlent les lieux d'un regard circulaire.
Ce bout de plage est envahi par les détritus, canettes, bouteilles de verre, vieux sièges de voiture.
Probablement un endroit squaté par les marginaux du coin.
Mais surtout, à quelques mètres du corps, il y a ce trou creuselat.
Environ un mètre soixante-dix de long pour soixante centimètres de large, comme une tombe improvisée.
L'agresseur a-t-il voulu enterrer sa victime, a-t-il été interrompu ?
Pour une estimation de l'heure du décès, on n'a pas la médecin.
Mais sans surprise, elle aussi refuse de se déplacer.
Voilà des mois que lui et ses collègues ne sont plus payés par la justice.
Alors, cette eau doit mouiller que les enquêteurs ont conclu que la mort est récente, très récente, moins de 48 heures.
Les environs sont ratissées, les poubelles vidaient, chaque recoin est inspecté à la lampe-torche.
Rien n'a signalé.
Alors, le corps de l'inconnu est placé dans une housse mortuaire, puis envoyé au centre hospitalier de Mayotte, où il sera autopsié.
Les techniciens replient le matériel, les enquêteurs rentrent à la brigade,
les marginaux du coin reprennent possession des lieux.
Rido.
1400 km2 de l'agon, entouré d'une immense barrière de corail.
Une eau turquoise qui abrite des merveilles de la nature.
Mayotte, un petit paradis géologique sanctuaire de la biodiversité que quelques pionniers sont bien décidés à faire connaître.
Petit bout de France, à 8000 km de Paris, Mayotte est un archipel composé de deux îles principales, intégrées à l'ensemble géographique des commorts.
Pourtant, derrière cette image qui fleur bon le documentaire touristique, couché de soleil sur une musique tropicale, la réalité elle semble empoisonnée.
Dans le 101ème département français en effet, les services publics sont à bout de souffle.
Au centre hospitalier, le matériel tombe en ruine.
Les chambres froides, par exemple, n'ont de froide que le nom, puisqu'aucune est réfrigérée.
Dans l'air brûlant et chargé d'humidité, c'est ici que le corps de la jeune femme anonyme retrouvée morte sur une plage et entreposée.
Les côtés de la médecine légale, c'est encore pire.
Malgré ces 210 000 habitants, Mayotte ne compte aucun spécialiste.
En général, on les fait venir de l'île de la Réunion, même parfois de métropole, quand ils veulent bien faire le trajet,
parce que les retards de remboursement s'accumulent, et rares sont ceux qui veulent avancer les frais.
Dans ces conditions, l'affaire, dite « file la plage », s'annonce comme souvent à Mayotte, compliquée.
Le soir même, le procureur revout une enquête de flagrance pour domicile volontaire et ordonne la volu d'un légiste.
Au sein de la section de recherche, on décide donc de mettre le paquet.
Les autres dossiers sont mis en pause, et le lieutenant Alice constitue une équipe de 25 gens marmes pour travailler à temps plein sur l'affaire.
Leur première mission est claire, donner un nom à ce corps qui repose à l'hôpital.
Grâce à un petit coup de pouce d'idestin, une réponse arrive le 17 janvier, soit deux jours après la découverte macabre.
Un brancardier, en effet, a cru reconnaître, l'une de ses amis, une certaine Rukkasundi.
D'origine comorienne, Rukka est une jeune lycéenne de 18 ans, scolarisée en seconde, lycée Bamanah à Mamutsu, la préfecture.
Dans sa classe, ses camarades dessinent le portrait d'un ado rebelle et des brouillardes, le genre à sécher les cours et à répondre au prof.
Parmi les témoignages, l'une de ses copines fait une révélation aux enquêteurs.
Rukka serait une sussou, c'est-à-dire une prostituée occasionnelle.
Dans le département le plus pauvre et le plus jeune de France, la nouvelle n'est pas vraiment surprenante.
La prostitution des mineurs est un phénomène qui inquiète de plus en plus.
Elles sont comoriennes ou malgâches, pour la plupart, mais aussi maoraises.
Et les plus jeunes ont parfois huit ans, oui, huit ans.
Ces dernières années, plusieurs phénomènes ont émergé à Mayotte, mis en exergue par l'absentéisme des élèves.
Ça veut dire que l'enfant, en arrivant devant son établissement, il y a quelqu'un qui vient le récupérer et l'amener où on ne sait pas.
Donc il faut qu'on soit vigilant sur cette question et on ne comprend pas non plus comment se fait-il que tard, le soir, on voit des jeunes filles qui font des stops.
A Mayotte, la prostitution des mineurs commence parfois dès huit ans et ne se réduit plus à la traite des mineurs d'origine étrangère.
On a toujours l'impression de donner la bonne éducation.
On a toujours l'impression d'échanger avec les enfants, mais là je m'aperçois personnellement ce matin que c'est pas suffisant.
Il faut être proche de son enfant et des amis, surtout les amis qui sont autour, parce que très souvent à l'enfant, ce qu'on ne fait pas directement aux parents.
Comme beaucoup de sussous, de sussous, Rukia a fréquenté les barres de nuit de la côte, le ninja à la jaune ou encore le barfly.
Tout le monde ici, ou presque connaît ces établissements, terminus nocturne, des âmes à la dérive.
Les filles du coin s'installent au comptoir en attendant qu'un homme, souvent européen, leur offre un verre.
Contre un peu d'argent, un sac de riz ou un tampon sur un document administratif, elles échangent leur charme.
Et puis les fondements économiques et la crise migratoire n'ont rien arrangé.
Et comme l'Europe est un travailleur social, vous savez, des Rukia Mayotte.
Il faut dire que sur l'une personne sur deux est étrangère.
Et on dit souvent du centre hospitalier qu'il est la première maternité de France.
Tous les jours, en effet, des camarades enceintes débarquent sur les plages pour y accoucher.
Chaque année, près de 10 000 naissances, ils sont recensés.
Avec un taux de fécondité à plus de 4 enfants par femme, la population a été multipliée par 1050 ans et la moitié des habitants a moins de 17 ans.
Malheureusement, cette colosse à l'hémoraphie n'a pas été gérée par les autorités.
En quelques années, l'ancienne avant de paix s'est embrasée.
Autour des villes, les bidons-villes ont poussé comme des champignons et les vols avec violences.
Autres braquages se sont multipliés.
L'acitude, abandon, les habitants se sentent oubliés, méprisés par l'État.
Parfois-même, ils s'organisent en milice pour tenter de rétablir l'ordre, comme le montre très bien ce reportage de France 24.
Ils ne font que des bêtises, ils font la loi dans le quartier.
Laissez-moi tranquille, laissez-moi tranquille.
Laisse-le, laisse-le.
Ce sont des criminels, il faut les tabasser.
Mais à chaque fois, quand on arrive à les attraper, on appelle la gendarmerie, la gendarmerie est la risque.
Mais c'est de mieux, on ne peut pas les prendre, on les relâche.
Ces menœurs se prévalent comme ça avec des coups-coups, on le sache.
Il faut arrêter.
Ah Mayotte, c'est la guerre, c'est la guerre qui se dit ici à Mayotte.
Ils pensent qu'il y a le premier ministre, mais ils viennent ici à Mayotte pour constater ce qu'ils passent,
ou bien Macron lui-même.
Il n'y a même pas longtemps, il est passé comme ça, il est allé en Inde.
Il n'a même pas dit, je vais aller le petit trou de Mayotte,
qui est là pour aller voir les gens, comment ils sont, pour qu'est-ce qui se passe.
Dans ce contexte, le fossé entre Maur et européen n'a jamais été aussi large.
Et forcément, ce ressentiment se manifeste aussi dans le travail de la justice et de la gendarmerie.
Ici, les services sont peuplés de fonctionnaires parachutés depuis la métropole,
et il aurait souvent difficile de comprendre la réalité maoraises.
Pour autant, certains comme Michel Alize font leur possible pour y parvenir.
Voilà trois ans que se lieutenant à la carrure imposante,
à Repente-l'île, et cette affaire ou qu'il y a, il la prend très au sérieux.
Alors, il file avec ses hommes un sapéré, car c'est dans cette commune au sud de Mamouzu
que vivait la jeune fille, avec ses parents, ses deux frères et ses deux soeurs.
Sans nouvelles de plus une semaine, personne ne s'était inquiété,
au cas avait pour habité de découcher.
Des années plus tard, dans un documentaire consacré à l'affaire,
réalisé par Grégoire Kenak et Alexandre Gosley pour les productions du moment,
sa mère se souvient de tous ces signes qui lui ont échappé sur le moment.
Elle habitait ici.
C'était une fille souriante, gentille.
Elle a 18 ans sur cette photo.
J'ai appris qu'elle fumait de la drogue.
Ça, j'en suis sûre.
Mais je n'étais pas toujours derrière elle, vous savez.
Dans la chambre de ce logement modeste,
les peluches cohabitent avec des affaires qu'on trouve plus rarement chez une ado de cet âge.
Des chaussures à talo aiguilles, des parfums, des bijoux et de nombreux sacs de marques.
Michel Alice laisse échapper alors à soupir.
Ses craintes se confirment.
De retour à la caserne, les empreintes à la victime sont passées dans le fichier.
Ce dévoile alors la trajectoire tristement classique d'une ado maoraises.
A la fois l'origine de quelques délits, un vol de portefeuille, des menaces contre une éducatrice,
mais aussi plaignante, notamment dans une affaire de viol qu'elle a subie en 2008.
Elle avait alors 15 ans.
Mais tout cela ne répond pas à la question.
De quoi est-elle morte ?
Le 23 janvier, une médecin légiste arrive enfin de Saint-Denis de la réunion.
Il aura fallu attendre 8 jours par réaliser une autopsie.
Présence de tâche verdâtre abdominale.
État dentaire parfait.
Aucune fracture.
Pas de traumatisme crânien.
Présence d'un hématome secutané au-dessus de l'oreille gauche, correspondant avec
deux traces d'empreinte d'un objet contendant.
L'autopsie n'a pas retrouvé les causes médicales pouvant expliquer le décès de Rukiasundi.
Cette examen est en faveur d'une mort violente d'origine probablement traumatique.
8 jours d'attente pour pas grand chose.
Aucune réponse définitive n'est apportée.
Même si l'algiste penche pour une mort violente, le doute subsiste.
La piste accidentelle ne peut donc pas être écartée.
En attendant, les prélèvements sanguins sont placés dans un frigo qui fonctionne à peine
avant d'être envoyé en métropole pour analyse.
Avec les résultats, on pourra alors établir les causes du décès.
Rapport en main, Alice pense en voix basse.
Faut-il chercher du côté du client violent, de l'amant jaloux ?
Et puis, que dire de ces rumeurs qui fendent l'archipel à la vitesse de la lumière ?
On raconte, par exemple, que la jeune femme aurait été tuée par avant d'ordre de poulet-urier,
un sociopathe, ou encore par deux Européens aperçus à bord d'une clio blanche.
À chaque fois, il faut aller vérifier avant de revenir à la case départ.
Et heureusement, il y a d'autres pistes plus tangibles à explorer
et, en premier lieu, la vie sentimentale de la victime.
Une parule, les amis proches de Rukia sont interrogés.
Peu à peu, une liste des relations de la jeune fille se dessine.
On y trouve un ex-petit ami, un amant plus ou moins régulier,
mais aussi des fréquentations plus louches.
Comme ces policiers chargent des mineurs en fume, par exemple,
ou encore cet ancien juge des enfants devenu patron de barre.
Mais parmi tous ces noms, un profil tout de même sort du lot.
Un garçon-coiffeur de 39 ans, originaire de l'est de la France,
un certain Mathias Belmer.
Réputé, violent, instable, c'est un habitué d'ajustice.
Il a été agarceré deux fois pour trafic de stupéfiants
avant d'être mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle
sur le mineur de moins de 15 ans.
Sur le tableau qui surplombe son bureau de la caserne,
Alice pinaise le portrait des délinquants, puis réunit ses hommes,
et il leur dit, celui-là, on va aller lui rendre une petite visite.
En attendant le rapport d'autopsie,
les premières conclusions de l'enquête,
elles sont transmises au parquet.
Le lendemain, 25 janvier,
une information judiciaire pour meurtre est ouverte.
Le dossier atterrit sur le bureau du sol, juge d'instruction du tribunal,
à Kim Karki.
Regarde à serrer l'èvre, fuit une écran dégarnie,
ce juge traîne une réputation sulfureuse auprès des gendarmes de Lille.
En 7 fin janvier 2011, voilà trois mois qu'il a posé ses valises ici,
et déjà, la situation le désespère.
Ailleurs, face à ses collègues,
il le marche par ses mots, selon lui,
à Mayotte, tout est pourri.
La preuve, sous son impulsion,
l'affaire Ouka va devenir une affaire d'État.
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Affaire sensible, sur France Inter.
Mayotte, 2 février 2011, il est 9h30.
Le soleil matinabre, il l'a tôt londulé les barraques de Bidonville,
de Magica Voudoubare.
Dans une ruelle en terre, à l'ombre des Baobabes,
il le poigne le gendarme de la section de recherche avant, silencieusement.
Les cabanons par peintes, qui se succèdent, donnent à l'endroit,
des aires de l'Abirin.
Arrivé d'avoir une petite maison peint en rose,
les fonctionnaires marquent un temps barré.
Leur chef, le lieutenant Alice, frappe à la porte.
...
C'est ici qu'habite un fétard bien connu sur l'île,
Mathias Belmer, que nous avons évoqué au début de ce récit.
Ce garçon-coiffeur de 39 ans est un amant régulier de la jeune Rukia.
En ce début février, voilà deux semaines que la jeune femme de 18 ans
était retrouvée morte sur la plage de Trévanie.
Déjà condamné pour trafic de drogue et impliqué dans une affaire d'agression sexuelle
sur mineur, ce Belmer a le profil du client, disons, sérieux.
...
La porte s'ouvre, valise sous les yeux,
fromper les deux soeurs et mine patibuleurs,
l'homme accueillit au saut du lit,
puis, placé dans le garde à vue.
Une voiture l'emmène jusqu'à la gendarmerie de Mamutsu,
tandis qu'une équipe reste sur les lieux pour une perquisition.
Dans la chambre de suspect, un détail interpelle les enquêteurs.
Le matelas et le sommier ont disparu, mais ce n'est pas tout.
Le téléphone est resté état entre le 13 et le 17 janvier.
Étrange.
Pour le reste, l'intérieur est amichement entre la pharmacie clandestine et la salle de choute.
Somnifère, serein angusagé, anxioleutique, mais aussi viagra.
Ce type collectionne les molécules aux propriétés diverses,
ce qui, vu son mode de vie, n'est pas surprenant.
C'est que, sur l'île, il est loin d'être le seul dans ce cas.
Avec un torchommage qui frôle les 50% chez les moins de 25 ans
et un horizon en lambeau, se retourner le cerveau est désormais
une activité de choix pour de nombreux maorais.
Pourtant, cette occupation n'est pas de goût de tous.
Ici, 95% des habitants sont musulmans.
Et les dealers, on n'aime pas trop ça.
Ils habitent où ?
Là, et là.
Des étangentes qu'on ne veut plus de vendeurs d'herbe ici.
Et si mercredi matin, on revient et qu'il n'a pas dégagé,
on détruit toutes les maisons et on vous fout tous dehors, au nom d'Allah.
Et Rukia alors, ce drogue est-elle légalement ?
D'après les différents témoignages, on sait qu'elle fumait des joints.
Mais, par le moment, rien ne permet de confirmer la consommation de drogue d'huile.
Le suspect, lui, est installé dans un bureau de la caserve,
entraîne enquêteur et ventilateur tous les 2 ans sur régime.
Il adopte une stratégie ancestrale,
faire semblant de ne rien comprendre.
Après 48 heures, la garde à vue est levée.
Malgré les éléments troublants, les gendarmes n'ont ni à eux, ni preuves concrètes.
Belmer est donc remis en liberté.
Bien sûr, le lieutenant Alice décide de garder un œil sur lui.
Et son entourage est passé au crible.
Justement, 3 semaines plus tard, le 22 février,
un proche de Belmer, un certain Brian débarque à la gendarmerie.
Ces révélations vont bouleverser l'enquête.
Aujourd'hui, en effet, il raconte une histoire qui lui est arrivée le 13 janvier dernier.
Ce matin-là, Matthias Belmer a surgi chez lui, horrifié.
Rukia, l'une de ses copines, avec qui il avait sniffé de la cocaïne d'aveil,
ne s'est pas réveillée.
Elle gisait sur son lit les yeux encore ouverts et il ne savait pas quoi faire.
Effrayé, Brian n'a pas voulu aider son ami.
Alors, pour les gendarmes, un scénario se dessine.
Le lendemain, 23 février, Belmer est à nouveau placé en garde à vue.
Confronter cette fois au témoignage de Brian, il se met à table.
Oui, Rukia est bien morte chez lui.
D'une vers l'autre, dans la nuit du 12 au 13 janvier.
Quand il s'en est rendu compte, le lendemain matin, il était déjà trop tard.
J'ai perdu ma chérie, elle aurait dit ce qu'il veut, je les mets et je les mets pas.
J'étais pas dans mon hôtel normal.
Quand on prend un truc qui est chargé de l'héroïne, j'aurais même pas dû me réveiller.
J'aurais pas dû me réveiller.
C'est un miracle, je suis là.
C'est un miracle, c'est un miracle.
Face à ce corps inert de l'ancien tolard a senti les ennuis arrivés.
Alors, pendant 36 heures, Rukia est resté sur son lit, dans sa robe bleue à paillettes.
Le temps pour Belmer de trouver une voiture et deux complices.
Ensuite, le trio a chargé le corps avant de le conduire jusqu'à la baie de Trévanie.
Là, Belmer a bien tenté de creuser un trou, mais le sol était trop dur.
Alors, de retour chez lui, il s'est débarrassé du matelas et du sommier
avant de nettoyer le fond en comble de sa maison. Voilà !
Rukia n'aurait donc pas été frappé comme l'autopsie le laissait entendre,
sa mort serait accidentelle.
À ce sujet, Belmer insiste.
La drogue qu'ils ont prise ce soir-là était plus forte que d'habitude et elle avait un goût bizarre.
D'ailleurs, on ne sait toujours pas si c'était vraiment de la cocaïne.
Les résultats toxicologiques ne sont pas arrivés.
En l'attendant, le suspect donne le nom du dealer qui lui a fourni les 2 g de poudre fatale.
Saïd Ahmad Hamze.
Il est interpellé sur le champ, en compagnie d'un de ses collègues, Daniel Mohamed, dit l'Italia.
Les gendarmes de la section de recherche connaissent bien ce binôme de combinaire.
Tous les deux sont les informateurs réguliers de leurs collègues du groupe d'intervention régionale, le GIR.
Créé en grande pompe en novembre 2008,
se servit à la permission de lutter contre l'économie parallèle
et ses enquêteurs s'appuient beaucoup sur des informateurs locaux.
Dans un reportage consacré à l'affaire, l'italien explique son rôle d'indique.
Quand ils se présentent devant les enquêteurs,
les deux informateurs savent très bien que leur statut de balance le rassurent un certain degré de protection.
Mais surtout, ils détiennent une info, et elle est plutôt embarrassante.
La poudre qui a tué Rukia serait passée dans les mains de deux de leurs collègues des gendarmes GIR.
De la cam chez les flics, on a déjà vu ça, y compris en métropole à Marseille, notamment et pas seulement.
Et à chaque fois, bien sûr, ça marque les esprits.
C'est le cas ici à Mayotte avec cette affaire.
Mathias Belmer, lui, est emmené chez le juge d'instruction à Kim Karki.
Il a réitère ses aveux avant d'être émis en examen.
Point final donc.
Il est vrai qu'on n'aurait plus en reste elle après tout,
les enquêteurs connaissent dans le détail les dernières heures de la jeune fille,
et le dossier est suffisamment épais pour faire condamner le suspect et les deux dealers.
Oui, sauf que le juge Karki ne l'entend pas de cette oreille.
Selon lui, il reste un élément trouble dans le dossier.
La drogue qui a tué Rukka, cette fameuse poudre au goût bizarre.
Pourquoi et comment est-elle passée par une unité de gens l'agent d'armorie, et puis tout vient-elle ?
Dans le bureau du juge, l'italien raconte l'histoire de ce petit sachet.
En décembre 1990, un mois avant la mort de la jeune fille,
il a été contacté par un gros trafiquant bien connu à Mayotte pour écoller de la cocaïne.
Il s'est donc retrouvé avec un échantillon de 2 grammes.
En bon indique, il s'est rendu à l'agent d'armorie pour livrer la poudre à son contact,
un certain Jérémy Boucle.
Je l'ai aussi la drogue, je l'appelais qui est Jérémy Marchandis.
Il m'a dit de lui retrouver la gendarmerie de Mamoudio.
C'était le soir, c'était vers 10h30 et 19h.
J'ai remis la marchandise, je l'ai donné la drogue,
il m'a dit qu'il va analyser la produit après il va me contacter.
Alors, dans les bureaux du Jérémy, le gendarme Boucle a fait une analyse de cette cocaïne.
Ensuite, il a dévié la procédure, car au lieu de la garder,
il a rendu le sachet à son informateur, qui l'aurait revendu quelques jours plus tard,
à Matthias Belmer.
Le juge Carquy flair le bon coup.
Cette affaire pourrait lui permettre de régler ses comptes avec le gire et ses méthodes qu'il estime brutales.
Après les indiques, le magistrat décide d'entendre Jérémy Boucle.
Tout de suite, l'homme reconnaît son erreur.
Cependant, il assure avoir eu une bonne raison de le faire.
Oui, protéger son informateur des représentants du trafiquant.
Je reconnais l'erreur.
L'erreur, c'était de redonner...
Voilà, c'était de redonner cette drogue à l'informateur.
Encore que je l'ai justifié dans mes auditions par la nécessité de le redonner,
quand l'informateur est menacé tous les jours au téléphone par son fournisseur,
qu'on sait la violence qu'il y a à Mayotte, est-ce qu'il peut lui arriver.
Moi, finissant mon service, j'ai pas envie d'être responsable d'une merde.
J'ai pas envie d'être responsable de l'amour d'un mec.
Oui, n'empêche que la drogue qui a coûté la vie à une jeune fille de 18 ans
serait donc belle et bien passée dans les mains des forces de l'ordre.
Pour le magistrat, l'affaire dépasse la simple erreur de procédure.
Derrière les manquements d'un service, c'est bien l'État central
qui est visé et le mépris dont il fait preuve sur l'archipel.
Au pignâtre, le juge ordonne alors au lieutenant Alice
de mettre sur pied un dispositif inhabituel, voire inédit,
la mise sur écoute de ses collègues vieux.
Le gendarme accepte.
Quand les gradés du commandement parisien apprennent à Nouvelle,
une décision radicale est prise, sanctionnée à l'officier.
En juin 2011, Michel Alice au banon retirait la direction
de la section de recherche de Mayotte.
Et le juge car qu'il fulmine,
visage crispé tombe grave,
il promet pour se venger de déclencher l'arme nucléaire contre le gire.
Entre police et justice, la guerre est donc déclarée.
Cette aslo se demandait,
si la recherche de la vérité sur la jeune fille de la plage
intéresse encore qui que ce soit.
Le mois suivant, une information capitale tombe
sur le bureau du juge,
les résultats des analyses toxicologiques
qu'on attendait depuis si longtemps.
Les conclusions du laboratoire parisien sont formelles,
Rukia a consommé de l'héroïne peu de temps avant sa mort.
Cette nouvelle est-il au bain,
pour Jérémy Bouclet, le gendarme du gire ?
Depuis le début, il assure que la vol qu'il a eu
entre les mains était de la cocaïne.
Les indiques, eux, n'en démordent pas.
Héroïne ou cocaïne, peu importe.
La dose fatale qui a tué Rukia
est bien passée par les gendarmes
et ils n'ont fait qu'obéir aux ordres.
Désormais donc, deux versions s'affrontent.
Mais pour le juge car qu'il,
ce résultat ne change pas grand chose.
Il compte mener la bourse à guerre contre le gire,
féroce et obsessionnel.
Il met en examen le gendarme Bouclet
et l'un de ses collègues présents lors de l'analyse.
Le dossier transmis à la cour,
prochaine étape, le procès.
Trois ans après la mort de Rukia,
en juillet 2014,
un événement vient à nouveau bouleverser l'enquête.
Une enseignante réunionnaise
accuse le juge car quitte de l'avoir violée
lors d'une soirée.
Suspendu de ses fonctions,
le magistrat a crié au complot.
« D'onté, destiné à l'offre,
» dit-il.
C'est qu'ici à Mayotte,
son combat contre la gendarmerie
l'a transformé en icône.
Et ils sont nombreux à avoir la main de l'État
derrière cette accusation.
En novembre 2015,
le premier procès de la féroce
s'ouvre,
il devient celui de la gendarmerie
mais aussi de la métropole
et l'ombre du juge
plante sur les ondiants.
Qu'est-ce que vous pensez,
il a fait du bon ou du mauvais travail ?
C'est l'excellent travail du meilleur
qui n'a jamais connu.
C'est une affaire de Mzungu,
vous connaissez les Mzungus ?
Les Mzungus, c'est tous les gens
qui sont blancs,
plus occidentaux,
qui sont blancs.
S'ils ont affaire
contre un maorais,
contre un noir ici,
un maorais, on ne comment rien.
Les gens disent déjà
ça, c'est une affaire
perdue du noir.
Tous ces gens-là,
de l'agir,
beaucoup sont blancs là-dedans.
À l'issue de procès,
je verrai si on est
un département ou un encolonie.
Beaucoup du monde pensent qu'on est
qu'on est à une justice
à deux vitesses,
à trois vitesses,
voire quatre.
Le 20 janvier 2016,
le verdict tombe,
tous les protagonistes
sont condamnés.
Pour Belmer,
50 prisons ferment
pour homicides involontaires.
Pour les Indiques,
les peines vont de six mois
à un an de détention.
Les gendarmes sont condamnés
pour transporter
illégal,
stupéfiant et trafic.
Ils devront plonger
une peine de deux ans
dont un avec sourcil.
Alors, victoire du juge,
pas vraiment,
car lors du procès en appel,
les deux membres du GIR
voient leur peine allégée,
que du sourcil,
pas de prison ferme.
Pour la justice,
ils n'ont aucune responsabilité
dans la mort de l'adolescente.
Aujourd'hui,
dix ans plus tard,
que restait-il de la ferroquia ?
Au fond,
le résumé est aussi simple
que tragique.
C'est l'histoire
d'une jeune maoreste
de 18 ans victime
d'une overdose.
Par tout d'ailleurs,
la ferroquia aurait été
expédie
dans un entrefilet
dans la presse,
mais pas à Mayotte.
L'écosystème de l'île,
l'abandon des autorités
et le délabrement général
ont fait d'un événement
maureux
une affaire d'État.
Et,
depuis la mort
de l'adolescente,
peu de choses ont changé.
Enfin, si tout de même.
En 2016,
le centre hospitalier
s'est doté
en service de médecine légale,
car plus que jamais,
des rouquias à Mayotte.
Il y en a plein.
C'est l'histoire
d'une jeune maoreste
de 18 ans victime
d'une overdose.
Par tout d'ailleurs,
la ferroquia
a été expédie
dans un entrefilet
dans la presse,
mais pas à Mayotte.
Par tout d'ailleurs,
la ferroquia
a été expédie
dans un entrefilet
dans la presse,
mais pas à Mayotte.
Par tout d'ailleurs,
la ferroquia
a été expédie
dans un entrefilet
dans la presse,
mais pas à Mayotte.
Par tout d'ailleurs,
la ferroquia
a été expédie
dans un entrefilet
dans la presse,
mais pas à Mayotte.
Le temps
me chasse
et moi
je me casse
tout le temps.
J'ai tendé
tes cas
ma voix
sonne
ça y est le vent
me sonne
mais
maman
mijonne dans mon cou
j'ai ouvert
toutes les fenêtres
il veut m'emporter
le vent chante
l'été
je suis la fille
du temps mauvais
la colère
attire ma tête
elle veut me fâcher
la danse change
la marée
je suis la fille
du vent mauvais
France inter
Affaire sensible
Fabrice Drouel
Aujourd'hui, l'affaire Rouquia Sundi
dont nous allons parler
avec notre invité Nicolas Guenard.
Bonjour
J'ai toujours réalisé un parisien
vous avez écrit le livre
l'affaire Rouquia
ou les Ombres de Mayotte
Paris en début d'année
auprès de la cité
dans la collection
Intime Conviction
avant toute chose
avant d'entrer dans les détails
de l'histoire
j'ai envie de retenir
cette phrase
prononcée par
Mauré
qu'on a entendu
à la fin du récit
il disait
je verrai à la fin du procès
si Mayotte est un département
ou une colonie
qu'est-ce que vous qui êtes
à Mayotte plusieurs fois
qu'est-ce que ça
qu'est-ce que ça dit ça
c'est dit beaucoup
sur le sentiment qu'on est
Mauré
d'être placé un peu
à l'écart de la métropole
ils ont l'impression
d'être ostracisés
dans la République
d'être un territoire oublié
alors même qu'ils ont souhaité
dans le giron
de la métropole
en 1976
avec le référendum
au moment de la dépendance
des commorts
donc il y a ce double sentiment
d'être français
et pas d'être français
d'être français
un peu de secondes zones
et ça c'est un sentiment
qu'on ressemble beaucoup
sur place
avec cette défiance
visée de la justice
comment il faut être
voilé à Mayotte
à peu près
non non
enfin les femmes
sont pas particulièrement
voilées à Mayotte
comment il faut être voilé
à Mayotte
comment il faut être voilé
à Mayotte
j'ai mal prononcé
j'ai mal prononcé
tout simplement
4-5 fois
pour j'ai couvert
la département d'intésiation
là bas
en 2011
avant ça vous avez travaillé
à la réunion
et c'est là que vous découvrez
la ferroca
je crois que comment ça se passe
dans quelle circonstance
quand on est journaliste
à la réunion
on couvre
l'actualité de la zone
océan-adien
donc Maurice Madagascar
Mayotte c'est qu'une heure
et demi de vol
du coup
c'est un territoire
qui nous intéresse
en termes d'actu
les actus vraiment chauds
là bas
la ferroca
quand elle sort
on la découvre
dans la presse maorais
et c'est pas courant
d'avoir une jeune fille
qui est retrouvée morte
sur un chemin comme ça
c'est quelque chose
qui tout de suite
nous semble bizarre
donc on s'y intéresse
ce qui frappe en premier
quand on
se plonge dans cette affaire
c'est de voir à quel point
l'État a abandonné
cet archipel de Mayotte
ce que vous disiez
tout à l'heure
alors qu'il s'agit
d'un département français
depuis cette même année
de 2011
et dans ce contexte
il est compliqué
pour les agents de l'État
et notamment
les forces de l'or
les gendarmes
de comprendre toujours
la réalité sociale
de l'île
selon vous c'est quoi être
gendarme à Mayotte
est-ce qu'il travaille
souvent hors procédure
ou un petit peu à la marge
comme on l'avait dans ce récit
là dans ce récit
à propos en parler
le hors procédure
se fait uniquement
sur la saisie de drogue
et le test
qui est fait
dans un contexte
où les enquêteurs
étaient assez débordés
ce qui n'excuse pas
la faute-commise
mais ils l'ont reconnu
et condamné pour ça
après il y a eu des histoires
où les gendarmes faisaient
des vis domicilières
hors, en dehors des heures légales
pour trouver des sans-papiers
dans les Bidonvilles
donc c'est quelque chose
qu'a eu lieu
après être gendarme
au policier à Mayotte
c'est assez compliqué
parce qu'il y a
la barrière de la langue
c'est quelque chose
qui est difficile
à assimiler
et ils ont besoin d'avoir
des gendarmes
originaires de Mayotte
ou des policiers originaires
de Mayotte
dans leur rang
la société
Quel est donc cette unité
appelée logire
qui a l'air
de gêner aux entournures
notamment un magistrat
Oui, logire c'est
un peu le fer de lance
de l'Etat
dans la lutte
contre l'immigration
à Mayotte
ça gêne beaucoup de services
à l'époque
parce que l'immigration
c'est surtout la police
aux frontières
donc il crée une unité
pour concurrencer logire
à ce moment-là
ça gêne aussi la police
qui voulait
le commandement du gire
et ce commandement
est donné à la gendarmerie
donc ça gêne un peu
aux entournures
et ça va créer
des tensions
entre logire
et la section de recherche
parce que logire
dépend
hierarchiquement
de la section de recherche
à ce moment-là
et le commandement de logire
qui dépend
du commandement
de la section de recherche
à son ronde serviette
à la préfecture
et invité dans tous les cocktails
et mis en avant
sur les belles affaires
et ça va créer
des tensions
entre les deux services
A ce titre
vous avez rencontré
les deux gendarmes
du gire mis en cause
comment ont-ils vécu
cette accusation
qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
Ils l'ont ressenti
comme une injustice
parce que c'est quand même
des gendarmes
des enquêteurs
qui étaient aguerris
au moment d'arriver à Mayotte
le commandement du gire
avait plus de 20 ans
de services
polyjudiciaires
derrière lui
la procédure
c'est quelque chose
qui était très important
pour eux
se retrouver mis en cause
dans ce contexte-là
et surtout
qu'on les accuse
d'avoir participé
à la mort d'une jeune fille
c'est quelque chose
qu'ils ont vécu
très très mal
au point de certains
même faire des séjour en psy
enfin c'est quelque chose
qui est dans leur vie personnelle
qui a vraiment pesé
Oui alors il faut rappeler
pour pas que
mais tu remplaçais
un prisme déformant
un effet de loup
déformant
que des histoires comme ça
avec de la drogue
des indiques
la drogue que les flics
gardent
parfois c'est arrivé
en métropole
on le voit avec l'affaire Bacneur
notamment à Marseille
on avait affaire sensible
vers son télé
France 2 avait consacré
un numéro
à cette affaire
est-ce qu'on a le sentiment
à Mayotte
que nous de le métropole
on a ce regard-là
en disant
vous avez vu ce qui se passe
ce que font les gens d'armes
etc
et ce qu'ils ont ce sentiment-là
qu'on les regarde
de façon
un peu injuste
et méprisante
par soi
Oui parce que
vous l'avez très bien dit
que la Mayotte
c'est 8000 km de la métropole
donc il y avait aussi
cette suspicion
d'être un peu loin de tout
de
de vivre un peu
de pouvoir faire un peu
n'importe quoi
parce qu'on est loin
de la métropole
et ça ils l'ont très mal vécu
On va se retrouver
dans 3 minutes
après avoir écouté
Wattie Wattart Zoréband
mon poil au feu
ça s'appelle
quand zétoiles
quatre matins finis
lévé
guette mon corps
comme est bien esclinté
l'aucas moins
joyeusement de celles-là
chaussée le corps l'est bon
mais le coeur l'est isé
morceaux-là
Zotti voie moi-là
pour chanter
croire moi-là
pour chanter
croire moi-là
pour chanter
croire moi-là
pas bon pour la santé
rasira
moins vite si mon l'as
venu et moi j'en sens le soin
la part d'étourir
mal, pas pour huiter les rabions
mal, pas pour
défendre un comble à pas besoin
cette France un comble à la besoin
mal, pas pour huiter les rabions
mal, pas pour
défendre un comble à pas besoin
cette France un comble à la besoin
pis la veille
tes larves
et matins mon poids
on fait
un typhé
mon cat est cuisiné
délire un
et qu'un carri bien né
pis c'est midi, mange la vie
tout est même abandonné à moi
tout est les cartes et les gâilles
les cartes, les cartes
faites France un comble à la vie
besoin
12 France un comble à la besoin
tes armes, les pieds, les râles
oui, les râles
s'il n'a pas le droit, pas à la besoin
d'un paton comme à la besoin
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Les grammes en fies, ça m'y connaît, après ton mien, m'y redouter
Les grammes en fies, ça m'y connaît, après ton mien, m'y redouter
Beaux écoutés à faire sensibles, sur France Inter aujourd'hui l'affaire Occasum
dit dont nous parlons avec notre invité Nicolas Gouinard, je rappelle que vous êtes journaliste au Parisien
et que vous avez écrit le livre, l'affaire Occa ou les ombres de Mayotte
Un livre paru en début d'année au presse de la cité, alors au départ
les gens leur mis en cause étaient sur la piste, on l'a dit, on le récide
C'est pour ça qu'ils aient laissé aux deux indiques la poudre qui a tué Rukia
pour que les indiques ne soient pas victimes de ce gros traficant
Genre elle est où ma drogue ? Est-ce que ce traficant dont on parle a finalement été arrêté ?
Pas que je sache, il leur a glissé entre les doigts à plusieurs reprises
dont une première fois en 2019, pour une grosse affaire
Il s'appelle Faissoil, il habite à Anjouan
On s'est oubliés, il est quoi lui ?
Enfin, au dernier nouvel il était à Anjouan, mais je ne sais pas que je sache
il n'a pas été interpellé
On l'a dit répété dans le récit des Rukia Mayotte, il y en a plein
et à ce titre je vous propose d'écouter l'extrait de ce reportage de France 24
on y entend deux mineurs, alors des garçons cette fois, qui nous expliquent leur parcours
Je suis arrivé à Mayotte à l'âge de 4 ans, 3 ans, je n'ai pas trop
Je n'ai jamais connu mon père, ma mère est décédée en 2007
j'ai appris à me démerder tout seul, c'est comme ça
J'ai rendu de la drogue, j'ai dilé, j'ai fait des vols
j'ai menacé des gens, je me suis battu contre un prof
mais c'était lié parce que je ne faisais pas des trucs seulement comme ça
au hasard ou parce que je voulais le faire
J'ai fait des trucs parce que j'étais en galère, j'avais besoin d'argent
j'avais besoin de moins, j'avais besoin d'habits, j'avais besoin de bouffées
à chaque fois que je faisais quelque chose, les hommes d'armée, ils venaient à la maison
Toc toc toc, et mon père était en rône, ils me serment nez, mais je ne l'écoutais pas
ils me disaient que ça ne servait à rien de vivre avec lui si je ne l'écoutais pas
de temps en temps, je passe voir mon père, mon père me voit, ça a le soulage de voir que je suis en vie
mais en vrai, je vis dehors, dans la rue, tu vois
Ensuite, on reste là, galère galère, arracher un téléphone
ou un sac, dégrader des voitures, ou les caillassés pour avoir de l'argent, tu vois
à part ça, on ne fait rien
C'est quoi être jeune à Mayotte aujourd'hui, parce que c'est assez préoccupant ce qu'on entend
après il faut savoir si ça représente une majorité, une minorité, une marge
mais enfin c'est pas très optimiste
Il y a différents genres de jeunes à Mayotte, il y a les maorés qu'ont un avenir un peu plus
ensoleillé que celui-là, avec l'opportunité éventuellement de venir faire des études en métropole
beaucoup reviennent ensuite à Mayotte, mettre en oeuvre ce qu'ils ont appris en métropole
il y a cette volonté de revenir, et puis il y a des jeunes comme ceux qu'on vient d'entendre
qui sont des jeunes clandestins, qui vivent dans les bidons villes, qui s'organisent en bande entre eux
pour survivre, qui combattent des cambriolages, il y avait un procureur qui m'avait dit à une époque
que les premières choses volées dans les cambriolages, c'était le contenu des frigos
ce qui en dit long sur la situation de l'île, donc c'est pour les jeunes garçons comme ça
et puis pour les jeunes filles, il y a cette possibilité comme Rukia, de gagner de l'argent comme ça
A Mayotte effectivement l'immigration clandestine explosée depuis les années 90-2000, on sait ce qui s'est passé ?
Quand l'île est restée française dans les années 70, il y avait la libre circulation entre les personnes
entre les différentes îles de l'Archipel, dans les années 86 on a commencé à mettre en place un visa
mais qui n'était pas vraiment très contrôlé et puis en 95 il y a eu le visa baladur qui était mis à l'issue
d'un fort lobbying des politiques locaux qui voulaient durcir les conditions d'entrée à Mayotte
Edouard Baladur l'a mis aussi en place parce qu'il était en pleine campagne à ce moment-là en 95 pour les élections
et il comptait aussi sur l'électorat maoré et là ça a durci complètement les conditions d'entrée
et ça a créé une pression migratoire sans précédent avec des gens qui voulaient à tout prix venir à Mayotte
par des quoi-ça-quoi-ça ces embarcations de fortune qui coulent souvent au large de l'île
Et on peut dire comme on l'a évoqué ici donc c'est le 101ème département français que c'est le plus pauvre
C'est le plus pauvre, c'est le plus pauvre
Et comme l'avenir de Mayotte, comment peut-il se dessiner sur un postulat qui n'est pas facile quand même ?
Faudrait que l'État prenne en compte un peu ce qui s'y passe
Mayotte est restée française aussi parce que la Marine Nationale aussi le voulait dans les années 70
ils ont demandé à cette égiscar le président, il voulait un point d'ancrage dans l'Océan-Indien
Donc côté militaire ça s'est très développé, côté infrastructure moins
et là l'insécurité qui a à Mayotte fait fuir les touristes
donc même d'un point de vue touristique l'île n'est pas très attirante
Alors on va terminer par un retour dans notre affaire autour d'un personnage, le juge Karki
Qui est-il ce juge ?
C'est un ancien militaire qui a été juge d'instance, qui a répondu tout simplement à un appel
il avait besoin d'un juge d'instruction à Mayotte
à l'époque le cabinet d'instruction, le seul cabinet de l'île était vacant, a été vacant plusieurs mois
il y avait des dossiers en souffrance, enfin voilà
il a été pris, il a subi une mise à niveau de 15 jours à l'UNM
l'École nationale de la magistrature et puis il est arrivé à Mayotte comme ça fin 2010
Et alors les racines du conflit qu'il oppose à la gendarmerie mais aussi à sa hiérarchie
de quoi sont-elles composées ces racines-là ?
Pourquoi est-il allé aussi loin ?
Parce que manifestement il mène une guerre contre les gendarmes du Gyr, qu'est-ce qui se passe au départ ?
En faisant son portrait on découvre que c'est quelqu'un qui a une vision clinique des relations entre les personnes
Les gendarmes du Gyr, il leur avait demandé à un moment de placer sous récoute des policiers qui étaient soupçonnés de violence
Ils ont refusé et estimant que c'était le travail des inspections générales, des services de faire ça
à partir de ce moment-là il a commencé à les avoir un peu dans le nez et il avait perçu chez Michel Alice
la faculté de pouvoir le manipuler un petit peu parce que Michel Alice était quelqu'un
qui a souvent été dans l'ombre du commandant du Gyr, ils ont travaillé ensemble en Bretagne
à la section de recherche de Reine et c'était un peu, ils ont coutume de dire tous les deux
parce que j'ai interviewé tous les deux, que l'un c'était la tête et que Michel Alice était plutôt les jambes
Il a su trouver cette faille et lui demander de mettre sous écoute ses collègues du Gyr
ce qui a fortement déplacé l'Hérarchie comme vous l'avez raconté dans le récit
et c'est raison pour laquelle il a été mis au placard par là suite
Alors il va passer en jugement ?
Le jugement en décembre
C'est quoi l'enjeu de son procès finalement ?
Déjà savoir s'il y a réellement eu viol parce que c'est pour cette raison-là qu'il est mis en examen
il se présente toujours comme magistrat, il est toujours en partie payé pour son rôle de juge d'instruction
savoir s'il va rester magistrat par la suite
il aimerait bien, lui il dit, alors j'ai plusieurs de ses amis qui m'ont parlé
il a envie de retourner à Mayotte et continuer le travail qu'il a commencé là-bas
Voilà 11 ans que la jeune rouquillaille morte, elle aurait aujourd'hui ses mes calculs sont bons 29 ans
Est-ce que c'est un événement, un épisode en tout cas dont on parle encore à Mayotte
ou on préfère ne pas en parler ? Ça a laissé une trace ?
Ça a laissé une grosse trace comme on l'a expliqué tout à l'heure
notamment sur la défiance vis-à-vis des services de l'État
pour beaucoup de maorés, de la gendarmerie et encore en cause dans beaucoup d'affaires
Il y a des maorés qui disent que les plus gros dealers c'est les gendarmes à Mayotte
ce qui est quand même assez hallucinant
Et puis que cette affaire n'a rien arrangé ?
Et cette affaire n'a rien arrangé tout en sachant que la faute qui a été commise par les gendarmes à ce moment-là, elle a été reconnue
Donc c'est une affaire qui a marqué un tournant et depuis la violence est accentuée
et il y a de plus en plus d'affaires violentes concernant des jeunes
Ce sera le mot de la fin Nicolas Wanner
Merci affilément pour les éclairages que vous nous avez apportés, au revoir
C'était Affaire sensible aujourd'hui à faire un Rokia à Mayotte
Une émission que vous pouvez récouper en podcast bien sûr
à la technique qu'aujourd'hui il y avait Clément Bergman
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durée :00:55:05 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd'hui dans Affaires Sensibles, la mort tragique d'une adolescente de 18 ans qui a embrasé Mayotte : Roukia Soundi. - réalisé par : Charles De Cillia