La source: "Moi Christiane F droguée, prostituée..." : RFA, la génération perdue
Radio France 8/17/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript
France Inter.
Aujourd'hui, d'infersensible, retour sur un livre culte,
un film culte, moi, Christiane F. 13 ans, drogué, prostitué.
Nous sommes en 1978, en Allemagne de l'Ouest, à Berlin.
Au programme Une ville coupée en deux, des parents dépassés,
des enfants qui errent dans un berlin ouest crépusculaire,
qui se choutent et qui tapinent pour payer leurs doses quotidiennes des ruines.
Étonnamment, ces enfants sont issus de toutes les places sociales de la RFA,
et ils vomissent un passé qui ne passe pas,
un mur qui les enferme, des adultes qui ne les comprennent pas.
Dans le métro, je vois des méménos regarder d'un RFA pouvanté,
je me dis, nous, les toxicos, on leur est vachement supérieur,
qu'on fesse la jeune Christiane F.
Héroïne du livre et surtout victime de l'héroïne.
Le ton est brut, la question obsédante,
quelle perspective pour cette génération-là ?
Bientôt, ce livre agit comme une déflagration
et agit les gouvernements Delmood Schmidt et Delmood Kohl,
ainsi que la vie de Christiane en dépit de son aura.
Un livre, qui, à sa sortie, aura marqué beaucoup d'adolescents,
et pas seulement en Allemagne.
Notre invité aujourd'hui est manuel droit, professeur d'histoire,
contemporanaissance pour Strasbourg.
Il nous attend dans les studios de France Bleu-Alsace, à Strasbourg,
que nous remercions pour leur accueil.
Affaire sensible, une émission de France Inter,
diffusée en direct, récit documentaire Sophie Vaubert,
coordination Franconnière, chargé de programme à Rebecca Donante,
réalisation Frédéric Milano.
Fabrice Drouel, Affaire sensible, sur France Inter.
Je peux te dire un peu s'il vous plaît,
s perte là-bas à 24-34 ?
Je suis le pilote des hills ici.
Enjung asphalt.
Et si vous spray bater à 24-34, vous n'envinter simultaneously.
Berrin 1975, à l'instar de cette jeune femme, ils sont des milliers, cet année-là,
joindre le centre d'appel pour jeune toxicoman. Ils s'y font part de leurs désarroins face
à l'addiction, aux membres de structures pour leur venir en aide, à leur sentiment de solitude
aussi. Les hôpitaux sont débordés. D'après Bernd George Tham, directeur du centre d'information
de l'Association Caritas et ce confrère hors-de-bremard, psychologue au service d'rogues,
en cet fin des années 1970, la proportion des douze-seize ans chez les Réunemann est
passée de 0 à 20% en RFA. Et leurs motivations sont très différentes de celles des hippies.
Désormais, il ne s'agit plus d'élargir sa conscience, mais de la supprimer inquiétant.
D'autant que, pour gérer ces 50 000 drogues de Berlin en Ouest, les médecins ne disposent que de
300 places d'hôpital, une catastrophe sociale et un angle mort pour le gouvernement.
Depuis la France, pourtant, on voit ses voisins, les RFA, comme de puissants européens,
qui se sont affranchis de leur passée nazie et de la pression communiste. Et on les admire.
En ces années 70, en dépit du reflut du hauchoque pétrolier, leur économie est solide et leurs
travailleurs disciplinaient. La roue est alors la région industrielle la plus importante d'Europe.
On parle même de miracles économiques marqués par une croissance insolente,
grâce à l'aide américaine aussi qui joue dans la région une carte importante.
L'auto-change du Deutsche Mark est même comparable à celui d'avant 1914, à l'époque du Mark Hor.
Ce qui pousse les dirigeants à réévaluer la monnaie à trois reprises, c'est dire la réussite de leur réforme.
Alors, qu'est-ce qui peut bien clocher dans ce pays ? Comment comprendre que des Alpes bavaroises
à la mer du Nord, où les paysains sont verts d'oyant et les cités romantiques se déploient
des métropoles pleines de drogués ? Interrogé en 79 dans l'émission Question de Temps,
le réalisateur Volker Schondorf analyse les raisons de ce malaise.
Il y a une sorte de malaise dans ce refus de penser à ce qu'a été l'histoire allemande et c'est
surtout la jeunesse même pas celle de l'immédiate après-guerre, mais de la deuxième et troisième
génération d'après, qui commence à poser ces questions parce qu'elle se cherche une identité.
Elle n'en a pas. Ces maisons, tous ces quartiers, toutes ces usines construites entre 1950 et 70,
n'ont pas de passé. On ne peut rien y trouver. Ça pourrait être une ville du MW américain,
ça pourrait être une ville satellite de Nancy, rien pour un jeune avec qui il puisse s'identifier,
et savoir c'est donc de là que je viens. Il y a quelque chose qu'on doit sentir confusément,
qui ne colle pas. C'est vrai qu'il y a quelque chose qui ne colle pas en RFA, et particulièrement
à Berlin West, où l'histoire se lit à ciel ouvert. Et puis il y a ce mur ancré dans le paysage et
dans les têtes, 107 kilomètres de béton, 123 kilomètres de barrières électriques surveillés par
14 000 hommes et leurs 600 chiens, au coeur d'une ville au passé trop présent et à l'avenir des
robées. Sur Transculture, l'écrivain François Bonlès définit comme une cité de cicatrice,
de nos Manslandes, pleines de trous. Et il ajoute, cela vous donne, un air d'abandon bizarre.
Dans le quartier de Gropius, situé tout près du mur, une jeune fille le ressent bien cet air
d'abandon bizarre. Elle s'appelle Christiane, et sa vie va bientôt bouleverser le pays.
Après avoir grandi à la campagne au milieu des chevaux, la petite Christiane a gé le 6 ans
au ménage 11ème étage de la cité Gropius. Un ensemble qui d'emblée provoque en elle
une impression poisseuse. Dans son livre, elle décrit un véritable sentiment d'horreur, et elle
précise, quand on parlait un peu fort, les voies raisonnées de façon inquiétante. De façon instinctive,
la petite fille est pressant une forme de désillusion, de dissolution peut-être,
et elle n'a pas tort. Car l'histoire de cette cité symptomatique de l'évolution du pays.
Au départ, elle a été fondée par Walter Gropius, le fondateur du mouvement Bauhaus,
qui dans les années 30 a érigé le fonctionnalisme en art de vivre. C'est très bien.
Sauf que dans les années 60, le gouvernement préfère donner la priorité à la rentabilité,
étant pis pour leur de vivre. Les immeubles de 5 étages deviennent des tours,
les familles sont modestes, et les enfants prient de ne pas déranger.
A la cité Gropius, tout ou presque est interdit. Surtout de jouer à ce qui vous amuse. La cité est
hérissée de panneaux. Les prétendus parcs qui séparent les tours sont de véritables forêts de
panneaux. Défense de jouer, de courir, de faire du vélo ou du patin roulette, de marcher sur la plouze.
Nous n'avons même pas le droit de nous y asseoir avec nos poupées.
Et les jeux de ballons à caractère sportif sont interdits, donc bien entendu, pas de faute.
C'est particulièrement pénible pour les garçons, qui, faute d'un autre exutoire,
dépense leur énergie au dépend de ces mêmes panneaux. Ainsi, à la cité Gropius, on apprend
que ce qui est permis est ennuyeux, et que ce qui est interdit est amusant.
Ce qui est permis est ennuyeux, et ce qui est interdit est amusant. L'Allemagne de cette époque-là
aurait-elle dessiné le monde aujourd'hui. C'est ainsi, en tout cas, qu'on apprend à transgresser
pour vivre, et que la confiance dans le monde des adultes se réduit. Dès lors, comment grandir
sereinement ? Nombre d'appare en véhicule minimal, si bancale, si déconcertante. Cela peut se comprendre,
grandir dans l'ombre du nazisme n'est pas sans conséquence. Arrivée dans les années 60,
il est si tant temps pour ses nouveaux parents de prendre le contrepied de l'autorité.
Car enfin, quelle limite imposée s'en passer pour un réactionnaire ? C'est ainsi qu'à Berlin,
le processus de dissolution familiale prend des proportions alarmantes. Les acteurs sociaux
donnent l'alerte, trop de misères sociales faites d'absence de communication,
trop de télés allumés en permanence, trop de divorces d'alcoolisme, de médicaments en somme,
trop de facteurs néfastes dans l'éducation des enfants. Et il se trouve que l'enfance de
Christiane colle à cette configuration. Un hyper violent, une mère dépassée, un environnement
hostile et une école indifférente. La mère de Christiane parvient toutefois à déménager. Elle
quitte la cité Gropius, pour celle toute proche de Rudolph, où elle s'installe avec sa fille et
son nouveau-fiance et qui fait office de beau-père. La cohabitation est difficile,
la complicité mère-fille inexistante. Christiane a désormais treize ans, bêtue de
jean moulant et de talon haut. Elle commence à traîner dehors avec des jeunes de sondage.
Nous vivons maintenant dans deux mondes différents. Ma mère et son ami d'un côté,
moi de l'autre. Ils n'ont pas la moindre idée de ce que je fais. De toute façon,
ils ne comprendraient pas. Le seul sentiment que j'éprouve encore pour ma mère, c'est
la pitié. Je la plains quand je l'ai rentré du boulot, stressé, épuisé et se jeter sur
les travaux ménagers. Mais je me dis que c'est de leur faute au vieux, s'ils mènent cette vie de con.
Ma famille, c'est ma bande. J'y trouve de l'amitié, quelque chose qui ressemble à de l'amour.
Rien que le petit baiser d'accueil me paraît un truc fantasique. Mon père ne m'a jamais
embrassé comme ça. Les problèmes dans la bande, ça n'existe pas. Nous n'en parlons jamais.
Quand nous sommes ensemble, cette saloperie de mon extérieur n'existe pas. Nous parlons de musique
et d'aup, quelquefois de fringue, ou de ceux qui ont flanqué un coup de pied au cul de cette
société flickardière. Nous trouvons bien, quiconque vole une auto, cambriole une banque ou un appartement.
Du coup, lorsqu'on me propose un cachet de LSD, j'accepte.
Bien sûr qu'elle accepte, hors de question de séparer de sa bande ou de passer pour une fille coincée.
De toute façon, en ces années 70, prendre de la drogue est devenu un geste culturel.
Et Berlin ou est un îlot rempli de jeunes libertaires, surtout depuis qu'un certificat de résidence
y vaut une exemption du service militaire.
En quelques années, ce sont donc des milliers de jeunes révoltés qui s'y réfugient.
On parle alors de culture de jeunes, un phénomène qui irrigue toute l'Europe, d'ailleurs.
Souvenons-nous qu'en France, le journal Libération avait titré, en juillet 1976,
son fameux appel du 18 juin, signé par de nombreux intellectuels d'Homber à la Couchnerre.
Alors, quel problème ? Et pourquoi ne pas aller plus loin qu'un simple juin ?
C'est devenu si bourgeois la femmote, se disent les jeunes.
Et cette ronde surnommait la discothèque la plus moderne d'Europe que la jeune Christian de passé soirée.
Cité sur le coup Florence Drum, les Champs-Élysées-Berlinois, on y danse sur les morceaux de David Bowie,
on y drague et surtout on s'y drogue.
Christiane a la bénédiction de sa mère pour sortir.
Elle ne pressent pas le danger d'y envoyer sa fille âgée pourtant de 13 ans seulement.
Mais, se poste-t-elle seulement la question.
L'important pour elle, c'est de ne pas ressembler à ses propres parents qui étaient si intolerants.
Et c'est ainsi que rapidement, Christiane franchit toutes les étapes.
Elle passe du joint ou lsd, puis des enfaites aminées à l'héroïne et là, c'est une autre histoire, évidemment.
Elle maigrie à vue d'œil, ne se nourrit plus que de yaourt qu'elle emporte dans son sac à dos
avec une petite cuillère argant qu'elle parolissait en vérité.
Elle traite autour de la gare de Bannerovso.
Et la petite cuillère lui sert à chauffer son héroïne avant de se l'injecter comme de foncer nouveaux amis.
Telle est le décor, comme le confirme ses chauffeurs de taxi berlinois, Paul Sarmane.
Devant et derrière la gare de Tso,
quand je repense aux années 70,
il y avait toujours des garçons et des filles
et quand j'allais chercher des amis à la gare,
j'étais toujours abordé par toutes sortes de gens qui me posaient de payer pour du sexe.
Cette faune a pu s'implanter là parce que la police ouest allemande n'avait juridiquement pas le droit d'intervenir à cet endroit.
Seule la police ferroviaire berlinoise avait le droit d'agir.
C'est pour ça que la prostitution infantile et le trafic de drogue se sont développés là.
Car la police ouest allemande de la gare n'est jamais intervenue.
J'étais pour ainsi dire une zone de non droit.
Oui, une gare ou les mineurs se prostituent.
Il faut bien réunir les 40 marques nécessaires pour acheter sa dose quotidienne.
Celui à même un nom, le baby tapin.
Mais qui en parle ?
Le déni est général et les jeunes qui sont toujours les enfants des autres.
Christiane rejoint donc sa bande sur le baby tapin.
A ses côtés, son amoureux d'être lève à un garçon de 16 ans délaissé par ses parents.
Il y a aussi Axel, dont la mère est partie en lui laissant un deux-pièces et même une télé.
Elle lui rend visite une fois par semaine, lui donne un peu d'argent
et ne manque pas de lui demander d'arrêter de se piquer.
Rien de plus.
Et puis il y a Bapsy, une jeune fille de 14 ans issu d'une famille aisée dysfonctionnelle.
Son père, violoniste, s'est suicidé lorsqu'elle était petite.
Et elle vit mal le mariage de sa mère top-modèle avec un pianiste renommé.
Alors elle se pique et fait la une des faits d'hiver.
Son titre de gloire, être la plus jeune jeune qui du pays.
On la retrouve morte à la gare, il ne se rinque planté dans le bras.
Désormais, Christiane le sait, la question n'est plus de savoir qui va mourir, mais quand.
En vérité, ces gamins annoncent le punk, la version No Future.
Enfin, c'est autour d'Azze, un autre ami de Christiane de disparaître après avoir laissé une lettre poignante.
Je vais me supprimer parce qu'un fixé n'apporte à ses parents et à ses amis que des ennuis,
des soucis et le désespoir.
Il ne se démolie pas seulement lui-même, il démolie aussi les autres.
Merci mes chers parents, ma chère petite mémée.
Physiquement, je ne suis plus qu'une ruine.
Être toxico, c'est la fin de tout.
Je voudrais mettre en garde ce qui se demande.
Et si j'essayais, regardez-moi.
Regardez ce que je suis devenu pauvre chrétin.
Et ne le sens pas la bande ?
Non, à un coup au moral seulement, qui pousse la bande dans un désespoir encore plus grand.
Il est tellement difficile de sortir de l'héroïne.
Christiane essaie pourtant, mais ses tentatives engendrent invariablement des rechutes.
La pression de la drogue est trop grande.
Et sa santé s'en ressent immanquablement.
Elle ne se nourrit plus et son teint se met à jaunir.
Diagnostique, une épatite.
En urgence, on l'a voit à l'hôpital, service pédiatrie.
On la nourrit certes, on la soigne, bien sûr.
Mais il ne semble que personne ne lui parle vraiment.
En vérité, il n'y a aucun psychologue dans le service.
C'est ainsi qu'au bout de trois semaines, Christiane ressort et replonge.
Direction la garde banhofe, le tapas, la drogue.
Mais que fait la police ? Pas à vrai dire pas grand-chose.
Oh, il arrive qu'elle arrête Christiane,
mais elle la relâche après avoir prévenu sa mère,
qui aussi l'entrecolère et discrase.
Ce matin, le journal annonçait la mort d'un jeune drogué.
Encore un.
Ça fait déjà 30 cette année.
Et nous ne sommes qu'au mois de mai.
Je ne comprends plus.
On nous parle à la télévision de sommes fabuleuses des pensées pour lutter contre le terrorisme.
Et pendant ce temps-là, les revendeurs se promènent librement dans Berlin.
Ils vendent librement de l'herbe, en pleine rue,
comme s'il s'agissait de cornets de glace.
Tout à coup, je me suis entendu prononcer, à haute voix, les salauds.
Le nom de Christiane commence à circuler dans les commissariats.
Et c'est sans difficulté que la police pétapa elle entend le témoin,
le 10 février 1978, lors du procès d'enrijet, un pédophile présumé.
Christiane le connaît bien, c'est enrijet.
Il lui a souvent fourni les roïnes en échange de jeux sexuels, avec elle, et avec Babsi.
Christiane accepte donc de témoigner.
Alors qu'elle patiente dans le couloir du tribunal,
un journaliste est là, qui couvre le procès pour le magazine Charme.
Il aimerait bien élargir son sujet, donner la parole aux victimes,
tenter de comprendre cette génération qui sombre.
Christiane accepte de lui parler, un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
C'est un choix qui va changer sa vie.
Si je me souviens qu'on était jeunes, on cherchait en sortant les lits.
Et tous ça, nos parents n'occupaient pas trop de nous.
La drogue, les histoires, le Sidah qui venait d'apparaître et tout ça.
Ce n'en a quand même assez préoccupé.
Nos profs étaient tous des anciens 68 ans.
qui jouent et tout ça, et ça fait qu'on agrandit quand même d'un sorte d'incertitude.
Donc on est adolescent, on a 16, 17 ans, on sort, le premier truc qu'on rencontre,
on sort la nuit, c'est par tous les gens qui venaient de la drogue.
Et Christian Neff, c'est un homme un peu de notre génération, la faille totale.
Des années 70, c'est un sort de piège pour toute une génération,
et donc on sentait tout le temps des limites.
La drogue, c'est une sorte d'expérimenter, de sortir du quotidien,
donc j'ai plein de copains qui sont morts à cause de la drogue et tout ça,
et Christian Neff, si on veut, est un peu le symbole de cette génération.
Enfin, en tout cas, a pris notre sentiment.
Cette impression de faillite, de piège,
c'est le photographe Maurice Weiss qui l'analyse ici au micro d'Elysse Gruyot pour France Culture.
Et c'est exactement ce que raconte Christian à Hortz Eric, le journaliste du Stern.
Cet dernier prévoi avec elle, lui, nous deux interviews.
Au final, l'entretien dure trois mois, 45 heures d'interviews,
qui donne naissance à un récit saisissant.
A la rédaction du Stern, les réactions sont violentes.
Mais enfin quoi, vous voulez réunir le journal ?
Personne ne voudra lire ça.
Il se trompe.
Les lecteurs sont abonnaires, ils ont besoin de comprendre d'où vient le problème,
et surtout, quels seraient les leviers pour réformer le système.
En somme, ils sont prêts à lire le récit de Christian Neff, ils sont disponibles.
Hortz Eric ne se décourage pas.
Avec l'aide de son confrère, Kai Herrmann,
il transforme le récit en un livre sous le titre
vers Kinder von Bahnhof Zoo, nous, les enfants de la station Zoo,
histoire de donner un aspect générationnel au récit.
Mais il ne trouve aucun éditeur préal publié, tout son peur.
Alors c'est le magazine Stern lui-même qui prend le risque, bien vu.
Puisqu'un succès, cet aral maré, un véritable phénomène de société.
En Allemagne, pour la seule année 1978, il se vend 1 million d'exemplaires,
et il est traduit en 18 langues.
Ici, il est publié au Mercure de France,
et par et en même temps que son adaptation cinématographique,
le 22 juillet 1981, sous le titre Mois Christiane F. 13 ans, drogué prostitué.
Réalisé par Ulrich Hebel, un jeune homme de 34 ans,
le film connaît lui aussi un immense succès.
En France, les critiques sont unanimes.
Le journal La Croix parle d'une maîtrise rare pour un cinéaste débutant,
et de la faillite d'un monde.
D'autant toutefois que la coordination permanente lycéenne,
sorte de pépinière de l'uneuf,
obtient en référé devant le tribunal de Paris
que le film ne porte plus en sous-titre l'image d'une génération.
Bien entendu, les distributeurs de chez Paris à France
font appel de cette décision.
L'image d'une génération en sous-titre,
c'est tellement plus vendeur.
Le tournage, lui, n'a pas été facile.
Effrayé par la mauvaise image que le livre renvoie,
la municipalité interdit les caméras dans la station Zau et dans le centre commercial.
Mais là encore, quelque chose est en marche.
L'équipe outre-passe le véto et tourne caméras à l'épaule à la hâte sous les noms blafards.
Sensation d'oppression assurée et cinéma vérité.
Demain le film, les adultes sont...
gênés.
La jeunesse, elle, en redemande.
Comme le raconte le réalisateur Ulrich Hebel au journal Le Matin, le 24 juillet 1981.
Je suis très étonné.
Honnêtement, ce n'est pas du grand cinéma.
Mes producteurs étaient accablés lorsqu'ils l'ont découvert.
Ils le trouvaient trop long et ennuyeux.
Alors ils ont organisé une projection test amunique devant des professionnels.
Et tous ont estimé que le film ne marcherait pas.
Moi, je ne savais pas.
J'espérais juste avoir bien saisis ce sentiment devant la vie
qu'on nomme le Lebensgefühl et qui s'apparent ici à une absence d'espoir.
Et aussitôt, ça a été le miracle du jamais vu en Allemagne.
Les producteurs ne comprennent toujours pas.
Et difficile d'amettre que le junkie tip ait pris le visage d'une jeune fille de la classe moyenne
avec l'allure d'une bonne élève de Berlin West qui se prostitue pour acheter sa cam quotidienne.
En somme, le message est clair.
Mme Monsieur, c'est un dos qui tapine.
Ce pourrait bien être votre fille.
Quand bien même vous êtes un grand artiste ou un chef d'entreprise,
voilà ce que dit le film.
Pour les missions question de temps, des reporters d'Antenne 2 se rendent sur plat.
C'est tendre le micro à deux jeunes films.
Justement, elles viennent de voir le film.
Pour nous, ce film ne peut avoir qu'un effet d'acitation.
On a envie d'aller s'acheter sa première drogue dans le quartier tout proche.
Ce film ne dégoute pas assez de la drogue.
On aurait dû y montrer des choses encore plus repoussantes.
Que pensez-vous du problème de la drogue en général ?
Nous sommes nous-mêmes drogués.
Je n'ose vous dire depuis quand.
Je risque d'avoir des problèmes.
Mais ce n'est pas d'hier.
Trouvetons encore, comme l'on veut, de la drogue à Berlin.
Il paraît qu'il y aurait des problèmes d'approvisionnement.
C'est faux. On trouve ici tout ce que l'on souhaite.
Tout est là où et quand on le veut.
Voulez-vous en sortir ?
Allez-vous souhaiter d'en sortir ?
Oui, j'ai essayé de m'en sortir.
Mais j'ai toujours rechuté.
Et la RFA se glace des froids.
Et la panique saisit le gouvernement Delmoud Schmidt
pour qui le danger ne pouvait venir que des franges terroristes
type fraction armée rouge aux bandes abadaires.
Bien sûr, il sait que géographiquement, Berlin West est un problème.
Et que globalement, les Allemands ne s'y rendent plus.
Le chômage qui règne ainsi que la présence des murs
pousse même les habitants à quitter la ville.
Elle est venue trop étrange, trop déprimante.
Et puis, pour être honnête, les Berlinois en mauvaise presse
ont leur reproche d'être trop coûteux, trop gâtés,
gonflés aux subventions et aux capitaux étrangers.
Seul l'opinion internationale est fascinée.
Alors avec ce film à la portée mondiale,
le gouvernement Delmoud Schmidt panique,
quitte de la réputation de l'RFA et de Berlin West
qui offrait le visage d'une ville si moderne.
Mais la décennie file et à rien ne bouge.
Tout est si plombé.
Alors dans l'urgence, on crée des unités de police spéciale.
On modifie le code pénal pour durcir les peines contre les dealers
et on ouvre des salles de chute réglementées,
conjugées aux groupes de parole, eux-mêmes encadrées
par des travailleurs sociaux et des thérapeutes spécialisés.
Sauf que des thérapeutes, il en faudrait des milliers.
Et qu'en attendant, la drogue s'est diffusée dans l'RFA entière.
Cerque Sand a été nettoyé de ses dealers,
il reste plus que des touristes,
qui espèrent d'ailleurs y croiser Christiane
dans une sorte de curiosité malsaine.
Et bien il se trompe, car c'est ailleurs que se cache la jeune fille.
Retour en novembre 77.
Après avoir témoigné contre Henry H. le pédophile,
Christiane a été envoyé à la campagne chez sa grand-mère.
Au programme est repure et cure de désintoxication loin de Berlin West.
Or, lorsqu'il prend connaissance de son passé en forme de passif,
le collège du village refuse de la garder.
Alors on l'envoie au collège complémentaire,
qui prépare une sorte de bac pro.
Christiane pleure, mais s'accroche.
Du haut de ses 16 ans, elle continue de chercher un sens à son existence.
Quelque chose comme un idéal qu'il apporterait,
quand bien même il serait exempt de toute humanité.
Quand on a discuté en classe du national socialisme,
j'ai éprouvé des sentiments très ambivalents.
D'un côté j'étais profondément écurée par toutes ses atrocités,
mais de l'autre je me disais qu'autrefois,
il existait encore des choses auxquelles les gens croyaient.
Un jour j'ai même sorti en plein court,
à un certain point de vue, j'aurais bien aimé vivre à la période nazie.
Au moins les jeunes savaient où ils en étaient, ils avaient des idéaux.
Mieux vaut, je crois, pour un jeune, se tromper d'idéal que ne pas en avoir du tout.
Je ne parlais pas tout à fait sérieusement, mais il y avait un peu de ça.
Confession effrayante.
Dans la dernière scène de livre, Christiane joue avec ses nouveaux amis
dans une carrière de calcaire.
Elle y boit du rouge, il fume du hache, la fin reste ouverte.
J'espère qu'elle ne rechutera pas.
Sauf qu'entre temps, avec le succès de son récit, elle est devenue une icône.
Et les journalistes du monde entier se la râchent.
A 18 ans, Christiane effe à la moitié du crâne rasé,
les paupières peintes en noir et 500 000 deutschmarks sur son compte en banque,
succès du livre oblige.
On l'envoie faire la promo du livre et du film aux Etats-Unis.
Arrivé en Californie, elle boit des jus de fruits avec Billy Hiddles,
sniff de la coke avec Van Allen, fait du shopping avec Nina Hagen,
et danse avec son idole, David Bowie.
Un jour, il invite même à faire un tour dans le jet privé des stones,
avant de la planter quelques heures plus tard, à la fin de son concert.
Christiane comprend qu'il n'est pas si facile de creuser son sillon dans les milieux branchés,
surtout lorsqu'on est célèbres que pour s'être drogués.
Et puis, croiser des stars, c'est agréable.
Et enfin, comment guérir de son mal de vivre qui n'a pas lâché.
Commence alors une nouvelle vie en bourg,
dans un appartement situé au-dessus d'un sex shop sur la réperbane,
l'arterre du péché, là où les marins venaient jadis se soulager,
et où s'épanouit désormais la new wave.
Elle y tombe amoureuse d'un guitariste,
avec qui elle forme un groupe FMR, le Sentimental Jungen.
Elle joue dans les films underground des copains.
C'est drôle, mais risqué, car en bourg,
elle est devenue la plaque tournante de la drogue en Europe.
Et la tentation n'est jamais loin.
Comme l'explique ce responsable d'Edouane au micro de France Inter
dans une émission consacrée aux trafiquants.
À l'aéroport de Hambourg, Walter Nernstdorf,
le responsable de la lutte contre la drogue en Allemagne fédérale.
L'Allemagne actuellement est devenue une plaque tournante
pour la drogue, spécialement pour l'héroïne et le cannabis.
Et d'autre part, c'est vrai aussi que l'Allemagne
n'est plus un pays de consommateurs,
mais surtout aussi un pays de transit.
Si d'autre part, Amsterdam était le centre par excellence de la drogue,
maintenant on peut parler aussi du Berlin comme centre correspondant.
Alors Christiane succombe à ses démons.
Son image de Genki lui colle tellement à la peau.
Partout, on est la définie que comme la jeune fille droguée prostituée.
Terrible paradoxe, qu'il a voué devenir riche grâce à son histoire,
mais qu'il enferme dans cette même histoire.
Un récit dramatique, appelé à hanter les programmes scolaires
et les bibliothèques du monde entier.
La lecture de son livre devient même obligatoire dans les collèges de RFA.
En un sens, sa déchéance sert de contre-exemple aux ados à vie de transgression.
Et le livre devient ce qu'on appelle un classique.
Pourtant, Christiane a cette impression étrange que les Berlinois lui en veulent.
Et elle n'a pas tort.
Oui, on lui en veut d'avoir dégradé l'image d'une ville déjà blessée
et de s'en être sorti, cantant d'autres, son mort.
Et de s'être à ce point enrichi avec le livre,
car enfin, est-ce si morale de gagner de l'argent comme ça, sans travailler ?
Christiane F. se sent plus seul que jamais.
En 1986, alors que le succès de livre suit son cours,
elle aurait apparaît dans une dépêche à FP.
La vedette du livre et du film « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée »
a été condamnée mercredi à 10 mois de prison ferme
par un tribunal de Berlin West pour détention d'héroïnes
à ton appris de sources judiciaires.
En mai 1985, elle avait déjà été condamnée à 3000 Dutch marks d'amende,
soit environ 1000 dollars, après une première rechute.
Elle avait alors demandé la discrétion des médias,
alors que son témoignage d'enfants drogués,
recueilli en 1978 par deux journalistes,
avait aidé des milliers de jeunes dans le monde à lutter contre la toxicomanie.
En août dernier, elle avait été une nouvelle fois arrêtée
en possession de 44 grammes d'héroïnes.
Remise en liberté sous caution,
elle a été arrêtée une troisième fois en octobre, alors qu'elle a acheté de la drogue.
Les années passent, dans les années 2000,
qu'elle aurait tombé et les punques sont entrées amusées,
seules quelques drogues de l'époque ont miraculeusement échappé à la mort.
Christiane en tête.
Quant à sa vie d'adulte, elle demeure au Cambolesque, Cambossée.
En 2013, elle accepte de publier la suite de son récit
qu'elle intitule La vie malgré tout.
Et une fois de plus, c'est un succès.
On y apprend qu'elle a eu un fils, des rêves de libre,
des chagrins intéribles,
qu'elle vit toujours en Allemagne,
menacée par une cirrose de foi,
et se rend chaque jour chez le médecin prendre sa dose de métadone,
un substitut de l'héroïne.
Pas un jour ne passe sans qu'on ne la reconnaisse en la rue.
Alors Lucide, elle explique.
Je suis et je reste une célébrité junkie.
Je n'ai jamais eu le droit de devenir adulte.
Pour le grand public, je suis et je reste la vie de 13 ans.
Héroïne Homan, qui vient du trottoir au tapis des enfants.
Avant de demander, et de se demander finalement,
qui aurait cru que j'aurai un jour 51 ans.
L'héroïne
Dolphine est mort.
Il m'a dit
qu'il nous a donné une chance.
Mais on le connait,
pour toujours et pour toujours.
Et pour toujours
pour toujours.
J'ai le droit
et vous
vous connaissez.
J'ai le droit
d'avoir une chance.
J'ai le droit
pour un jour.
Nous sommes en vue
à ce jour.
Je
Je crois que je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Je dois me
Où nous pouvons-nous s'attraper
A plus de temps
Nous sommes l'Hérelle
Dans ce jour
Nous sommes l'Hérelle
Dans ce jour
Dans ce jour
Dans ce jour
Dans ce jour
Fabrice Droëlle
Dans ce jour
Oui, ce que raconte l'histoire de Christian F
C'est finalement les limites du miracle économique allemand
Et d'un pacte sociopolitique
Qui reposait sur la société de consommation
L'homo economicus
Et le célèbre binôme
L'expression allemande
Rue und Ordnung
C'est-à-dire calme et ordre
Et votre documentaire l'a très bien saisi
À travers tous ces panneaux d'interdiction
De jouer au milieu des tours
De cette ville satellite
Qui était la grosse state au sud de Berlin
Tous ces interdits, tous ces nondis
Autour du passé nazi
Des familles, puisque si officiellement
L'Allemagne de l'Ouest était prête
Et avait depuis le début des années 60
Afronté son passé nazi
À travers un certain nombre de grands procès
Le silence pesait toujours
Il y avait toujours une chape de plomb au milieu des familles
Et puis on est aussi à une époque
D'une transformation de la société allemande
Puisqu'on passe à un modèle de société post-industrielle
Avec une érosion des milieux traditionnels
Qui encadrait jusqu'à présent cette jeunesse
Il y a une sorte de criminalisation de l'autorité
Par rapport à ce régime autoritaire
Sous lesquels les Allemands ont vécu
Une culture, justement, libertaire
Qui voulait à l'encontre de ça pour en sortir
Et c'est pour ça que je parlais de la permissivité
Oui, il y a une culture de la transgression
Qui s'est exprimée à partir de la fin des années 60
Sous la forme d'une culture de la révolte
Au nom de la solidarité avec le peuple vietnamien
Qui s'est traduit aussi
Il ne faut pas l'oublier par ces décennies
Marquées par le terrorisme d'extrême gauche
Qui d'une certaine manière est une forme de transgression
Mais dans une forme évidemment la plus radicale
Et puis vous avez cette forme de transgression
Également individuelle à travers ces jeunes
Qui sombrent dans la drogue
On sait aussi, ça peut avoir quelque chose à voir
Il y a un lien
On sait aussi que le drame des athlètes israéliens
Assassinés par les terroristes et palestiniens
Munich en 1972
Et dû au fait également que la police n'était pas armée
Jusqu'au-dans à Munich que les Jeux Olympiques allemands
Voulaient montrer un pays pacifié et surtout pacifiste
Ça va dans le même sens, cette histoire de toujours vouloir
Imposer après la guerre, après le nazisme
Un contre-model
Alors c'est sûr que la RFA
Son projet politique c'est évidemment de tourner la page
Du national socialisme en montrant l'image
La plus vertueuse, la plus stable sur le plan démocratique
La plus européenne, puisque la RFA se présente
Pratiquement comme un état post-nationnel
D'où son rôle moteur dans la construction européenne
Depuis le début des années 50
Et en même temps, il y a toute une série de non-dits
De silences qui traversent cette société allemande
Et qui montrent toujours finalement le décalage
Entre eux en effet, cette volonté de s'affirmer
Comme une démocratie vertueuse et post-nasi
Et puis des héritages laissés par le troisième Reich
Alors soit sous la forme d'une socialisation
Soit sous la forme de non-dits
Donc la main de l'Ouest est globalement un paradoxe
On va continuer en parler dans 3 minutes
Après avoir écouté Louis Attac qui chante la frousse
Tu veux marcher, il y aura toujours beaucoup plus loin
Tu veux parler, tu veux trier, on ne comprendra rien
Tu veux chercher, tu ne trouves, on n'aura point
Tu l'ondres et t'envoler, éviter le chemin
Donner 11, 11, 11 et n'y aura pas de moins
J'ai la frousse du moindre petit retard
De dire bonjour au revoir
La frousse de tomber assis ce soir
De ne plus sauter dans les flacques, l'espoir
De perdre le fil détaché, de vivre à côté
Comme tout soit gâché
La frousse du fer, le moindre mettra
Sans aimer, empêcher, disparaîtra
La frousse du moindre petit mot
Celui qui arrive toujours trop tard entre toi
Je crois qu'on ressent tous les secours
En fait je crois qu'on a toujours la frousse
Tu veux bouger, il y aura toujours beaucoup plus loin
Tu veux griner ou chuchoter, on ne comprendra rien
Tu veux trouver, tu ne cherches, on n'aura point
J'ai la force de voir ce qu'il faut voir
Combien du jour quand arrive le soir
La frousse de me réveiller dans le noir
De plus rêver d'être champion du monde victoire
La frousse du moindre petit gesta
D'être empêché, remplacé, disparaîtra
La frousse du moindre rencontre toi
D'être celui qui est pour, qui est contre
La frousse du moindre goutte d'eau
Qui arrive de la mer du ciel, oui d'en haut
Je crois qu'on ressent tous les secours
En fait je crois qu'on a toujours la frousse
Je regarde de la terre, je regarde en bas
Je vois toutes les frontières, je ne les comprends pas
Je regarde en l'air, je regarde les toits
Et je m'imagine juste tout près de toi
Si la frousse le fourre dans le brouillard
Du moindre détour des autres du hasard
La frousse de perdre la mémoire
De ne plus courir sous la pluie dans le squat
La frousse du moindre petit moindre
C'est lui qui arrive toujours trop tard, trop tôt
Je crois qu'on ressent tous les secours
En fait je crois qu'on a toujours la frousse
Emmanuel le droit, vous êtes notre invité
Je rappelle que vous êtes professeur d'histoire contemporaine
La science postrasbourg, je vais livrer
Ici un témoignage personnel, ce qui n'arrive quasiment
Jamais mais c'est au service de l'émission
Quand ce livre est sorti, il se trouve que j'étais adolescent
En troisième ou seconde, j'avais l'âge
Des jeunes stagiaires de France Inter
De troisième qui sont là autour de moi dans ce studio
Et je me souviens que le livre a déclenché
Beaucoup de débats entre nous avec les camarades de classe
Et avec les profs, on en a parlé en cours de France
On a passé des heures à en parler
Et notre réaction était de dire
Mais là donc, ça fout la trouille
C'est horrible, on va jamais y toucher
Est-ce qu'on peut penser que ce livre a sauvé
Des milliers de jeunes à travers le monde ?
Oui, je pense que c'est un des effets
En bivalant de Sylvie, c'est-à-dire
Quand on regarde un peu l'écho que ce livre
Et surtout que le film a eu au début des années 80
On voit bien que ce livre fonctionne comme un repoussoir
Et en même temps, il a quand même attiré
Une toute petite minorité de jeunes
Vers ses expériences transgressives
Et ensuite vers la dépendance
Je pense quand même que sans avoir forcément
De donner en pyrille à vaste échelle
Le sentiment de Roger a certainement été plus fort
Que l'intérêt
Justement, on va écouter ce qu'en pense
Daniel Garlach, l'éditeur du deuxième livre
De Christian F, qui s'appelle La Vie Malgré Tout
Qui est paru en 2013
Il s'exprimait au micro de France Culture en 2020
Il n'avait pas besoin de travailler
Et il était toujours dans des milieux
Où les gens se droguaient plus ou moins
C'était accepté, c'était accessible
Le fait qu'elles reçoivent une certaine admiration
Ou affirmation de la part des autres
Pour être l'icône de cette rock'n'roll
Époque rock'n'roll berlinoise
C'est une des raisons principales pour sa misère
Parce qu'elles ne sont jamais vraiment sorties
L'amour noir, commandé en allemand
Facilier de ce charot dans lundi
Les deux gens étaient effrayés
Les gens étaient choqués par l'histoire
Mais au même temps, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes
Qui rêvaient d'être cristianèves
Voilà, ça fait écho
Ce que vous disiez, le droit effectivement
Il y a de façon d'aborder les choses
Mais les ferropoussoirs la probablement emportaient
Quelles sont les particularités de Berlin West
À cette époque-là, si on la compare
Au reste de l'ARFA
Vous l'avez aussi très bien montré
Dans votre documentaire
Berlin West, c'est à la fois la vitrine
Du monde libre, du monde occidental
Vous avez parlé de l'équivalent
Berlinois des Champs-Élysées
Et le cours First Undam
C'est le symbole de cette réussite
Économique allemande
Avec ces nombreux magasins et ces vitrines
Bref, l'incarnation du monde capitaliste
Puisqu'on est dans ce contexte de guerre froide
Donc de rivalité
Avec l'autre Allemagne, la RDA
Et la particularité de Berlin West
C'est pour ça que je dirais
Que Christian F. ne pouvait éclater
Et émerger qu'à Berlin West
Il y a un effet loop lié au caractère
Insulaire de la ville
Berlin West, c'est comme un biotope
Un biotope à la fois
Protégé par les alliés occidentaux
Il faut jamais oublier la présence
De forces militaires américaines, britanniques
Et françaises
Subventionnées par la République fédérale
Donc par bonnes
Et vous avez dans ce biotope
Des différents styles de vie
Qui cohabitent
Avec, on peut le dire
Un style qu'on pourrait qualifier
De Bidermeyer, c'est-à-dire
Petit bourgeois conservateur
Que vous retrouvez dans les quartiers
De Wilmersdorf, de Dallem
Ou de Lichterfeld
Vous avez des structures familiales
Très patriarchales, très autoritaires
Ou ce roue ornong, ce calme
Et cet ordre, il est très important
Et puis vous avez
A proximité du mur, là où
La valeur foncière est très faible
Une multitude de grands appartements
Vides, squattés
Avec beaucoup de cafés et de bars
Comme on dit à Berlin
Rundtumdiur, c'est-à-dire
4h24
Où vous retrouvez ce milieu
De bohème, d'artistes
De décalés, de marginaux
Donc c'est le quartier de Schöneberg
Là où David Bowie a lité
Quelques années dans la Hopestrasse
C'est aussi ce quartier
Où vous trouvez
Ces discothèques que Christian F
Frequente
Et finalement
Ce milieu de la drogue
Et de la prostitution
Dans un rayon de 2-3 km
Autour de cette gare
De Tso
Qui est donc l'épicentre
De cette prostitution
Dans laquelle est tombée Christian F
Et comment ça se passe
À ce moment-là, pour ce qui concerne la drogue
De l'autre côté
Des côtés de Berlin, c'est-à-dire
Oui, alors de l'autre côté
On a aussi
Des problèmes évidemment
Alors
On pleurait, et pas la même
On est dans une société cadenacée
Par le pouvoir encadré
Par le parti
Et les organisations de jeunesse
Mais on a de l'autre côté
À Berlin-Est
Aussi un milieu
Une subculture de marginaux
De punks, de skinheads
Ou la drogue circule
Alors certes, il y a le rideau de fer
Il y a le mur de Berlin
Mais c'est un mur qui est quand même porus
Par circuler de la drogue
Par des intermédiaires qui passent
Une journée à Berlin-Est
Tout ça est évidemment étroitement
Surveillé par la police politique
La stasi
Mais évidemment, il n'y a pas de médiatisation
À l'image de ce qu'a pu connaître
La figure de Christian F
À Berlin-Est
Et la réponse est essentiellement sécuritaire
Ah oui, et en 1982
Le nouveau chancelier allemand
Helmut Kohl prend un tournant
Le libéral est temps d'imposer
Parce qu'on appelle ce que ça m'en rappelle
Une geistische moralische von der
Une vague spirituelle et morale en RFA
Ça a fonctionné ça
Alors c'était un élément de discours
Qui visait en fait
À remettre au goût du jour
C'était une tentative un peu maladroite
Et il est vite revenu dessus
En fait, à remettre au goût du jour
Une forme de patriotisme
West allemand
C'est allé de pair avec des gestes symboliques
Puisque il s'est retrouvé à visiter
Un cimetière militaire
En présence de Ronald Reagan
En 1985
Où l'on trouvait en fait
Des tombes de soldats SS
C'était cette idée en effet
Que après la période social-démocrate
Il fallait un sursaut
Un sursaut conservateur
Avec des valeurs conservatrices
Les valeurs d'ordre et d'autorité
Qui avaient d'ailleurs été à la base
Du succès politique de la TCDU
Cette République fédérale allemande
C'est une démocratie autoritaire
Autour de la figure
Du chancelier paternel et paternaliste
Conrad Adenauer
Et donc il y avait cette volonté de renouer
Avec ce narratif des valeurs conservatrices
Alors Berlin réunifié
Aujourd'hui, une capitale assez magnétique
Pour les jeunes
C'est souvent une destination
Comment vous définiriez
Le Berlin d'aujourd'hui
Le Berlin d'aujourd'hui est gentrifié
Je crois que le terme gentrification
Pour tous ceux qui connaissent Berlin
Et notamment Berlin-Berlin-Est
Voilà
C'est des quartiers qu'on ne reconnaît plus
Par rapport à
Même une vingtaine ou une trentaine d'années
Il y a un décalage profond entre
Le Berlin-Est et le Berlin-Ouest
Parce que pour le coup, si vous allez
À Groupius-Stadt, si vous allez du côté
De Wilmersdorf, je dis pas
Que les choses n'ont pas beaucoup changé
Mais en fait, il y a un petit terre d'année 70 et 80
À travers les vitrines des magasins
À travers aussi l'âge
De cette population qui vieillit énormément
Le petit côté
Intéressant
De l'histoire ou ironique
C'est que la gare de Tso maintenant
Elle aussi, elle a été gentrifiée
Et elle est relativement clean
C'est-à-dire que vous trouvez encore
Quelques sortes de missiles fixes
Et quelques alcooliques
Mais globalement
Elle n'a rien à voir avec
La gare de Tso à la fin des années 70
Dernière question
Est-ce qu'on retrouve toujours
Le livre de Christian F
En Allemagne dans les programmes scolaires
Je ne sais pas si vous savez
Vous avez l'air tellement bien connu
Alors elle est plus
Une lecture obligatoire
Comme elle l'a été dans les années 80
Il n'empêche que le lancement
De la série produite par Amazon
A redonner un petit coup d'actualité
Évidemment à ce livre
Alors la critique
n'est pas forcément très tendre
Avec cette série dans la mesure
Où les critiques elle m'en trouvent
Que ce film, cette série
N'est pas suffisamment l'accent sur la prévention
C'est-à-dire que les images ne sont pas assez trash
Et un petit côté glamour
Pour ceux qui ont vu la série
On en parle encore quoi
On en parle encore
C'est la fin de l'émission car c'est vraiment la fin
Merci, merci infiniment
Emma de le droit
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
C'était à faire sensibles aujourd'hui
Moi Christiane, F-Drogue est prostitué
Une émission que vous pouvez réécouter en podcast
Bien sûr, à la technique aujourd'hui
Y avait Paola Colin
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durée :00:55:02 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, retour sur un livre culte, un film culte - réalisé par : Marion Le Lay, Stéphane COSME