Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Meurtre au tournevis - Le débrief

Europe 1 Europe 1 3/21/23 - 12m - PDF Transcript

Pour commenter son histoire du jour, Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Et pour débriefer cette histoire, c'est à vous que je vais faire appel maître Guy Guénon du Barreau d'Avignon.

Vous étiez l'un des avocats de Sébastien Malin, j'ai deux procès, je crois.

Tout à fait, tout à fait.

Vous étiez combien d'avocats d'ailleurs sur le coup?

On étiez quatre ans.

C'est beaucoup.

Donc Malin, j'ai condamné deux fois à 30 ans.

Est-ce que c'est une surprise pour vous ou est-ce que vous avez vraiment pensé convaincre les jurés de cette histoire de transfert d'ADN?

J'ai surtout pensé qu'il y avait beaucoup de points d'interrogation dans ce dossier.

Et que, manifestement, on est aujourd'hui dans une justice criminelle qui condamne, mais qui ne recherche pas la vérité.

On est dans une justice criminelle qui veut éliminer, qui veut rassurer les braves gens, mais qui ne veut pas chercher la vérité.

Je pense qu'on est dans une situation critique et je pense que la ferme à linge constitue un poignet inflection

où la justice est passée d'une justice qui recherche la vérité, une justice qui voulait absolument combiner même des innocents.

Alors, restons quand même sur cette histoire de transfert d'ADN, qui est votre argument à vous qui le défendez au procès.

Pour vous, ça tient.

C'est convaincant.

L'ADN a pu sauter des mains de Marianne jusque sous les oncles de sa mère.

Non, vous déformez les choses.

Alors, je vais vous dire, monsieur, il y a un point que vous n'avez pas évoqué.

De ce dimanche matin, pourquoi Mme. Martinez passe au parking des Italiens?

Elle va acheter des cigarettes?

Oui, parce que c'est une grossumeuse.

Et qui est-ce qui lui a dit d'aller chercher des cigarettes aux Bartabas qui prient en part?

Marianne.

Sa fille, Marianne. Or, tout le monde sait que le dimanche, le Bartabas est fermé.

Donc, dans votre esprit, Marianne?

Attendez. Deuxième an, Mme.

Ce dimanche matin-là, deux personnes témoignent avec une sincérité absolue.

Entre 9h et 11h, ces deux personnes, l'une a promené son chien,

et l'autre a promené sa petite fille sur un parking des Italiens.

Ils sont passés très près.

De transformateurs?

Très près.

Ils n'ont pas vu le cadavre?

Et ils n'ont rien vu.

Pas de traces de sang, rien.

Ecoutez bien, cela est mathématique.

À une heure, une jeune fille rentre chez elle.

Elle passe près de la digue et à 30 mètres, elle voit l'étage de sang, elle voit quelque chose.

C'est elle qui donne l'alerte.

Comment se fait-il que deux personnes qui passent près du transformateur,

dont le témoignage ne peut pas être mis en doute?

À test, n'a rien avoir vu.

Et comment une personne qui passe à 30 mètres, à une heure d'après-midi,

à 13h00, rentre chez elle, remarque le corps et appelle la police?

Alors, il y a une hypothèse, il y a une hypothèse.

Et si on avait mis le corps à cet endroit-là, entre 10h et 11h00,

on avait jeté le corps là.

Oui, c'est une hypothèse, mais vous savez commencer un canton.

Non, c'est pas une hypothèse, c'est une interrogation.

C'est pas une hypothèse.

On est là, écoutez, Malin, j'ai été commandé sans mobile et sur des spéculations biologiques.

C'est une histoire d'ADN, parce que quand même, vous l'avez joué, cette carte au procès.

Oui, alors moi, j'ai oublié.

Imaginons que ce brave malège, qui est un homme très serviable, très serviable.

À 11h00 du matin, on lui demande, il se dit, Bacier, je ne veux pas que tu m'aides.

S'il est simplement idéal à transporter le corps.

Et que lors de ce transport, effectivement, il contamine avec son ADN.

Et il le prend sous les ongles.

Et il contamine en transportant le corps où on est dans le transport du corps.

Quand vous suggérez cette piste, maître...

Et moi, je n'ai pas d'une autre question, monsieur.

Oui.

Personne ne m'a expliqué comment on peut percer un crâne avec une tournevis,

de la manière dont il a été, de face à face.

Pour moi, la seule hypothèse possible, c'était que la personne victime

était allongée sur une canapé.

Personne m'a dit comment on peut percer, comment on peut accomplir,

comment mécaniquement, monsieur, malège qui, d'autre part,

était réalisé pour l'accident de travail, qui lui avait laissé des séquelles à la main,

avait pu porter ce coup de tournevis, transperçant le crâne. Personne.

Maître Guénon, est-ce qu'il est vraiment sûr que Malinge réalise à la veille de son procès

que Marianne, la fille de sa supposée victime, a été sa maîtresse?

Je vous l'affirme. Je vais vous raconter comment je suis découvert cela.

Je vais régulièrement voir mes clients, notamment à la veille d'une audience.

On a la liste des témoins. Et à ce moment-là, je lui ai dit,

vous connaissez des témoins-là? Il y a effectivement le nom de la fille de Mme Martinas.

Et là, il me dit, mais je la connais, moi, j'étais son amant.

Je lui ai dit, monsieur Malège, vous manquez de moi,

vous êtes en train de délirer, vous êtes quoi, vous se tirez là?

Ça fait deux ans qu'il y a une instruction, et vous ne savez pas

que c'est la mère de votre maîtresse qui a été agressée.

Il me dit non. Moi, Mme Di Nicola était sans rapport avec Mme Martinas.

Je sais pas qu'ils avaient des rapports, un pilier, là.

Moi, je n'ai pas. Alors, la question qu'il faut quand même se poser...

Non, mais attendez, j'ai juste une question dans la foulée, là.

Qui comprend tout de suite que cette situation nouvelle fait que peut-être

il y a eu un transfert d'ADN et qu'on va pouvoir utiliser cet argument?

C'est lui ou c'est vous?

C'est moi qui considère qu'à partir de ce moment-là,

le dossier bascule, Mme Di Nicola a délibérément menti

et dissimulé sa liaison avec Sébastien Malerge.

Car elle, elle ne pouvait pas ne pas savoir

qu'elle avait été la maîtresse de celui qui était accusé d'avoir tué sa mère.

Pourquoi? Sa photo avait...

Elle dit la verse, hein?

Pas du tout.

Elle dit qu'elle n'a plus, elle n'a pas réalisé.

La photo de Sébastien Malerge est parue dans les journaux.

Oui, mais elle est dans le potage.

Elle est au fond du trou.

Elle n'est pas dans le potage à ce moment-là.

N'oubliez pas que sa maladie était volutile,

qu'au moment des faits en 2010, elle est qu'au début.

Oui.

Et je vais vous apporter un autre détail,

que vous n'avez pas précisé.

Vous savez quel est l'effet de sa pathologie?

Non.

C'est défaçer les souvenirs.

On le voit bien au deuxième procès manifestement,

il n'est pas en état de témoigner.

Oui, non, mais c'est important.

Moi, je ne crois pas au hasard.

Je crois à l'inconscient.

Je crois qu'on ne fait pas des pathologies par hasard.

Alors?

Sa pathologie, c'est celle qui l'exonère du souvenir,

qui gomme le passé,

qui permet la forklusion totale.

C'est à l'heure?

C'est une pathologie.

Moi, je ne crois pas au hasard dans la maladie.

On n'est pas malades par hasard.

Alors, maître Guénon, moi, ce qui m'intéresse aussi,

c'est que vous partez donc dans une stratégie,

qui est un peu une stratégie de rupture avec l'enquête,

en disant tout ce qui est exposé est faux.

Mais il y avait une autre voix,

qui était de dire, ce type est accusé par l'ADN.

Et là, vous avez un gros argument,

qui est celle du traumatisme de son enfance.

Voilà un gars dont on peut envisager qu'il soit devenu psychopathe,

parce que sa mère ne l'a pas aimé.

Vous avez été tenté d'utiliser cet argument?

Jamais.

Parce que ça, c'est une spéculation d'un psychiatre expert,

qui est absolument intolérable.

D'accord.

C'est intolérable.

On a condamné à un homme,

ce n'est pas la fonction d'un expert,

de faire des spéculations ou d'expliquer un crime.

Quand on n'a aucun mobile,

quand on a des points d'incertitude,

nombre multiple, et des questions auxquelles on n'en a pas répondu,

on ne répond pas, dites-moi, on ne répond pas,

qu'est-ce qu'il faisait Sébastien Malège,

à 7h du matin, au Parking des Italiens,

alors qu'il était rentré de boîte,

et qu'après, il s'est levé,

et que son ami, avec qui il avait rendez-vous,

pour le conduire à la gare,

est venu le chercher.

Alors écoutez, on peut tout faire, les hypothèses,

parce que si on condamne un homme sur des hypothèses,

la défense peut faire aussi notre hypothèse.

Maitre Gailoune, je peux juste vous poser une question

qui doit traverser la tête de nos auditeurs,

et puis malheureusement, il faut qu'on en reste là.

Mais vous êtes du genre à jamais lâcher,

c'est-à-dire, je vous interview vous dans 10 ans,

vous me direz toujours que malingue est innocent.

Je vous dirais simplement

qu'on condamne pas un homme

sur des spéculations,

que le doute doit bénéficier à l'accusé,

que cet homme n'a jamais été violent,

et que d'autre part, on ne condamne pas un homme

à 30 ans, c'est-à-dire la peine marximale,

alors qu'il n'a aucun indécident,

alors qu'on n'a aucune certitude sur sa culpabilité,

et que cette peine est disproportionnée.

Oui, oui, j'ai un sentiment d'injustice pour malingue,

un terrible sentiment de justice.

Je vous remercie beaucoup,

beaucoup maître Guénon,

moi j'ai toujours énormément d'admiration

pour les avocats de la défense,

parce qu'il pourrait, Guénon,

quelques années après nous dire,

je l'ai défendu, j'ai utilisé l'argument,

mais entre nous, il est coupable, mon gars,

il ne fait pas ça,

et c'est la noblesse

d'avocats de la défense.

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En novembre 2010 à Avignon, une dame qui s’appelait Michelle Martinez a été tuée à coups de parpaing, et on a retrouvé un tournevis planté dans sa tempe.