La source: Mars 2002 : massacre au Conseil municipal de Nanterre

Radio France Radio France 8/10/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript

François Inter.

Aujourd'hui dans « Affaire sensible, massacre Conseil municipal de Nanterre ».

Le 27 mars 2002, à 1h15 du matin, après 6 heures de débat,

et alors que le Conseil municipal se termine,

un homme armé se lève dans le public et tire.

En l'espace de 55 secondes, il tue 8 élus et blesse 19 personnes.

Son nom, Richard Durn, 33 ans, éternel paumé aux antécédents psychiatriques sévères.

Un massacre sans aucune revendication politique.

Dans l'enceinte même d'une institution démocratique, c'est déjà un choc.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là.

Pendant son audition, au 36 qui est désorphèvre,

l'assassin le plus surveillé de France défenestre,

deux jours seulement après son arrestation.

Comment expliquer un tel fiasco ?

En pleine campagne présidentielle,

à l'aube du premier tour ou le premier ministre Lionel Jospin à gauche

et le président de la République Jacques Chirac à droite,

sont censés être les favoris.

La récupération politique ferrage,

les thèmes de l'insécurité et de l'accès aux armes,

ils n'ont des débats.

Notre invité aujourd'hui, Jean-Pierre Campos.

Il était conseiller municipal de Nanterre à l'époque des Fées,

dont il est un témoin de première main,

puisqu'il siègeait au Conseil quand le drame a éclaté.

Affaire sensible, une mission de France Inter,

diffusion directe, récit documentaire,

Constance Villanova, coordination Franconnière,

chargé de programme Rébecca Donante,

réalisation Marion Lelé.

La stupeur et les larmes à Nanterre,

après le carnage de la nuit dernière au Conseil municipal,

un homme armé, familier des lieux,

a froidement méthodiquement abattu 8 personnes

et blessé une vingtaine d'autres avant d'être maîtrisées.

Les policiers évoquent un acte de démence suicidaire,

mais c'est déjà la controverse.

L'homme a 33 ans, il est au chômage sous antidépresseur

et malgré des antécédents psychiatriques,

il a obtenu le droit de détenir une arme.

...

Mardi 26 mars 2002, 19 heures.

Planté sur une dalle, encadrée par les immeubles,

l'hôtel de ville de Nanterre a désert des sous-coupes volantes.

Le bâtiment semble flotter et cristallise les folies

architecturales et soviétisantes des années 70.

Une soixantaine de personnes,

a joint aux maires, conseillers, cadres municipaux

ou citoyens curieux, s'y engouffrent au Congo.

Les élus de cette ville des Hauts-de-Seine,

sous bannières communistes depuis 1935,

n'entrent pas à reculons, mais presque.

Il faut dire que l'ordre du jour du Conseil

qui va s'ouvrir n'a rien à l'échant, le vote du budget,

les écoles, les gymnases, les vacances des jeunes,

la sécurité, bref, la routine.

A l'intérieur du bâtiment aux allures de Bonnecoeur,

elle aussi les années 70.

Du siereuse, moquette orange et marron,

jusqu'au papier peint qui rappelle un peu l'envoi

sans intérieur de l'hôtel Overlook du film Shining,

de Stanley Kubrick.

A 1930, chacun rejoint sa place.

La mère communiste Jacqueline Fress et ses adjoints

troncent sur une estrade face au public.

A sa gauche, Michel Lobier, le premier adjoint communiste,

à sa droite, Marie-Laure Meilleur, deuxième adjoint,

aux côtés de Laurent Helgaussil, les conseillers municipaux,

eux, sont alignés sur deux rangiers en or de cercle.

Et derrière eux, les directeurs généraux et le personnel technique.

Le public, lui, s'installe sur des fauteuils dans les gradins

en surplombant.

Une porte vitraie permet des allées venues,

des habitants de Nanterre qui peuvent ainsi assister aux échanges,

mais qui ne peuvent pas intervenir.

Ce soir-là, quatre élus sont absents.

Au total, une soixantaine de personnes assistent à la séance.

Le conseil débutant en retard, qu'est-ce ton habitude ?

Très vite, les débats s'avèrent ouleux entre la droite et la gauche.

Qu'est-ce ton habitude ?

Mais le climat politique est particulier en ce 26 mars 2002,

car nous sommes à trois semaines seulement

du premier tour de la présidentielle.

Nous sommes donc en pleine campagne.

Dans le brouhaha des échanges,

des élus en profitent pour répondre à leur courrier,

pour remplir leur agenda grinoté de Braetzel.

Certains prennent la parole et s'écoutent parler

dans des discours parfois interminables.

La séance, c'est dire,

l'image des pinales de la démocratie local toutillée.

Nous votons tout de même.

Le vote se fait par boîtier électronique depuis sa place.

Nous sommes en 2002, bienvenue dans le XXIe siècle.

...

Le temps passe, le public devient le plus en plus clair sommet.

Les spectateurs quittent au fur et à mesure

la salle orange et marron discrètement.

Mais un homme reste un habitué.

Richard Dürne.

Marie-Lormier Adjoint-Omer présente ce soir-là

repère cet homme.

Dans son livre Qui veut te la démocratie, elle raconte.

En face de moi, un habitué, Richard Dürne.

Il sort plusieurs fois bavardé avec des élus verts sur le parvis.

Il est comme toujours vêtue d'un pull noir et d'une par cas informe.

C'est un drôle de garçon, mal dans sa peau,

désiré de s'impliquer mais ayant du mal à communiquer,

à faire partager ses expériences et ses idées.

Il y a deux ans, avant qu'il ne soutienne

une autre liste aux élections municipales,

il assistait aux réunions de la section nantérienne

du Parti Socialiste.

Comme je le fais avec tous les chômeurs qui le souhaitent,

nous avions discuté de ses problèmes d'emploi,

des postes disponibles dans l'humanitaire.

Je lui avais conseillé de faire une formation.

Il n'est jamais revenu.

Et les rares fois où je l'ai croisé dans les runes nantaires,

il n'a pas répondu à mon salut.

Sauf pour traiter les socialistes de traître.

Après 6 heures de débat, le conseil municipal touche à sa fin.

Il ne reste plus qu'une personne dans le public.

Il est près d'une heure du matin.

La fatigue se fait sentir.

Et puis, on évoque, et enfin, le dernier dossier,

à l'ordre du jour.

Alors, comme des élèves impatients,

avant que la cloche ne sonne,

les élus commencent déjà à grouper leurs affaires,

arranger stylos et cahiers.

On s'impatiante, et on pensera d'un froid

qui va être servi au sel.

À une heure dix du matin,

Jacqueline Fress, la maire,

déclare la levée du conseil.

Et une voix s'élève dans les gradins du public.

Une voix chevretante qui dit,

non, ce n'est pas terminé.

C'est la voix d'un certain Richard Durne,

qui se lève

et ouvre le feu vers les élus et conseillers municipaux.

Personne ne réalise.

Certains pensent à l'explosion d'un néon,

mais une première balle et fleurs

l'ajout de Michel Lobier, première à Jean-Homer,

qui ne sent pas immédiatement la douleur.

Mais c'est là que Jacqueline Fress réalise elle,

sidérée, et lui lance

les Michel du Seigne.

Avant du relais à la cinquantaine de personnes présentes,

protégez-vous.

Présent piège. Certaines se cachent sous les bureaux.

Et le massacre commence.

Avec un sang froid glaçant,

déterminé, le regard droit.

Richard Durne, armé de 2 globes 17 et 19 de calibre,

9 millimètres et d'un Smith & Wesson,

vise avec précision.

Les balles transpercent le bois

du pupitre qui serve de planques.

Les corps tombent.

Des élus tentent de se protéger

tant bien que mal en se déplaçant à quatre pattes.

L'odeur du sang envahit la pièce.

Présent piège. Des élus tentent de calmer l'assassin.

Derrière les hurlements, on entend

Richard arrêter connerie.

En vain, Durne est déterminé.

François Château, cadre municipal

présent ce soir-là raconte l'horreur

au micro de France Inter quelques heures après la tuerie.

L'individu a sorti son arme et a commencé, comme je disais,

de manière méthodique.

Il a tiré sur les adultes qui étaient les plus proches de lui

et puis ensuite il a avancé.

Je pense qu'il a tiré 30 à 40 coups de feu.

Il paraît faire relativement calme.

Il a tiré de manière très posée, je dirais.

C'est l'impression que ça donnait le temps de tirer

40 coups de feu de manière régulière

toutes les deux secondes.

Deux minutes, trois minutes.

Non, pas deux ou trois minutes.

La tuerie dure 55 secondes,

moins d'une minute.

Mais c'est une éternité, évidemment.

Et Dürn est une machine à tuer.

Un élu essaye de stopper le massacre en se jetant sur lui.

Il tente de le maîtriser au sol.

Il est touché au ventre, grèvement blessé,

au point qu'il ne peut pas crier.

Cito que les armes de Dürn se visent.

Il en saisit une autre.

En enjambant les blessés ou les corps.

Deux élus parviennent tout de même à le maîtriser.

Dürn réussit à tirer une dernière fois

en le blessant en bras, la jointe, marrer leur meilleur.

Puis ils sont plusieurs à parvenir

à l'attacher avec des câbles, des micros.

« Tuez-moi ! » crie alors l'assassin une fois maîtrisé.

Un élu rescapé en profite pour courir

vers le commissariat à 500 mètres de l'hôtel de Ville.

Samuel Régic, élu de Nanterre,

raconte le courage de ceux qui ont essayé

et réussi à maîtriser le toit.

Il a été maîtrisé apparemment par un de nos élus,

donc d'un élu communiste

qui aurait lancé une chaise

et ensuite il la maîtrisait au sol.

Quelqu'un lui a demandé de ne pas être anglais

et donc il a, comme on dit,

desséré un peu sa garde

et il l'a pu libérer apparemment

un de ses bras et il lui a mis

deux ou trois balles dans le corps.

Et après, trois ou quatre autres élus sont arrivés

pour le neutraliser.

Eux également étaient blessés sauf un.

Donc il a été maîtrisé par la suite.

Oui, par les conseils municipaux.

Bilan de ses 55 secondes,

huit morts, 19 blessés,

22 rescapés, une épouvante.

Une fois la police arrivée,

la mère de Nanterre, Jacqueline Fraise,

dirige les opérations aux abords de la scène de crime.

Elle rassure les rescapés,

prend dans ses bras des élus recouverts d'un sang

qui n'est pas forcément le leur.

Elle fait ouvrir la salle des mariages

pour qu'il puisse se reposer sur des bancs moltenés.

Une cellule de crise est mise en place

avec plusieurs psychiatres qui prennent à part

chacun des témoins.

Maintenant, il faut prévenir les familles.

Les sonneries téléphones ne s'arrêtent pas.

Certains proches arrivent sur les lieux

et soufflés sous le choc.

On ne sait pas encore qui a survécu, qui est mort.

Selon les blessures,

les soignants arrivés sur place trillent et rescapés.

Une équipe de réanimation vient de s'installer.

C'est le chaos.

À deux heures et demie,

la chenard qui vient d'être nommée

à la tête de la brigade criminelle

entre dans la salle du Conseil municipal.

La crime embarque Richard Durand,

placée immédiatement en garde à vue.

Les journalistes commencent à s'agglutiner

sur le parvis de Telle de Ville.

Caméra à l'épaule,

France 3 parvient à traduire l'ampleur du désastre.

La mairie de Nanterre

transformée en hôpital de campagne.

Des brancards alignés ici.

Récautionneusement,

les pompiers emmènent 19 blessés.

A côté, dans la salle du Conseil,

huit personnes viennent de perdre la vie.

Il est une heure et quart du matin la nuit dernière,

le maire de Nanterre

vient de lever la séance du Conseil municipal.

Soudain,

un homme se lève des gradins du public,

Richard Durand sait son nom,

sort deux armes automatiques et tirent sur les élus.

Ça s'est passé tellement vite.

Au début, la plupart des élus,

des adjoints qui sont morts,

c'est parce que tout le monde a cru

que c'était des pétards, c'était une plaisanterie

et donc ils sont restés

assis à leur place

face à cette personne.

Ce qu'on était plus touchés, c'est les adjoints

qui étaient face à lui.

Quand j'ai entendu le premier coup de feu,

je suis partie sous la chaise.

Après, j'ai regardé et j'ai vu ce type.

Je me disais pas possible, on voyait tout le temps.

C'était quelqu'un d'habituel.

Comment il a pu faire ça ?

A quatre heures du matin,

le premier ministre et candidat à la présidentielle,

Jospin arrive sur les lieux

avec le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant.

Le président de la République,

Jacques Chirac débarque lui à sept heures.

Au côté de Nicolas Sarkozy,

député des Hauts-de-Seine, D'André Santini,

vice-président du conseil général du département

et de Charles Pasquois, président.

Et au passage,

l'événement dramatique se transforme

en accro à la cohabitation.

Le préfet des Hauts-de-Seine, Jean-Marc Robière,

n'ayant pas pris soin en effet

de prévenir immédiatement l'Elysée,

le chef de gouvernement.

Mais leur retour au recueillement est non vis-bis

entre les deux candidats désignés comme favoris

par les sondages.

Au micro d'offre aux sainteurs,

Lionel Jospin et Jacques Chirac réagissent.

C'est apparemment

un cas de démence furieuse

d'un homme qui a tiré

alors que personne ne pouvait s'y attendre

et c'est donc une effroyable

tragédie qui touche

un conseil municipal

en action, la démocratie,

mais évidemment dans un acte

et en même temps un acte total

d'abération.

Ma pensée va

aux victimes et

à leurs familles

pendant

un drame

qui est tout à fait inimaginable

et

les mots manquent pour le qualifier

mais le coeur lui parle

avec indignation.

Je voudrais

encore

dire combien

ces actes

ne peuvent pas être

qualifiés de façon humaine

et que tout doit être fait bien sûr

pour les réprimer

et pour les empêcher.

Ça a des pesseurs

et j'ai douillé

du fond de ma boutique

en honte incantique

un aimer l'amour

pour y faire

ébullition

réaction

Faites monter

l'arsmique

Faites monter

le mercure

Faites monter

l'aventure

au-dessus de la ceinture

et les bébites

je te lis

aujourd'hui

Dans ma cornue

j'y ai versé

une pincée d'orgueil

mal placée

un peu de gâchis

en souvenir

de ton corps

Dans ma cornue

j'y ai coulé

une poignée d'orage

Dans ma cornue

j'y suis tombé

quelle autre solution

que de se dissoudre

Faites monter

l'arsmique

Faites monter

le mercure

Faites monter

l'aventure

au-dessus de la ceinture

et les bébites

je te lis

aujourd'hui

Dans les faubourgs

je décompte

le soir

à la lune montante

au matin je reprend

connaissance

évolution

réaction

Faites monter

la draine à l'île

Faites monter

l'arsmique

Faites monter

l'aventure

au-dessus de la ceinture

et les bébites

je te lis

aujourd'hui

Faites monter

Faites monter

Faites monter

la draine à l'île

Faites monter

l'arsmique

Faites monter

l'aventure

au-dessus de la ceinture

Faites monter

Faites monter

aujourd'hui

Massacre à la mairie de Nantère

mars 2002

France Inter

affaire sensible

le 27 mars

quelques heures après la tuerie

la première audition de Richard Duane

se déroule dans le bureau 414

au quatrième étage du 36

qu'est les Orphèvres

la crime n'a pas choisi ce bureau dans les combles

le tour de masse veut en finir

on le sait, il l'a crié distinctement pendant la tuerie

alors que des élus le maîtrisaient

dans le bureau 414

pas de fenêtres

à part un petit vasistas

pas de danger que le prévenu mette fin ces jours

le capitaine et le brigadier

qui interroge Richard Dure

n'ont du mal à le faire parler

le nantérien de 33 ans raconte son projet

pétrite folie

il se donne des allures de militants mais

décrit l'œuvre d'un fou

il voulait commettre un massacre et se tuer

dans la foulée

dans le procès verbal, on peut lire

je n'avais pas d'ordre précis dans mon exécution

je voulais tuer le plus de personnes possibles

puis me tuer

la seule personne que j'ai visée intentionnellement

était madame Fress

je l'ai visée pour sa qualité de mère

mais aussi parce que je la respectais pas

pour moi, elle est l'incarnation

d'une apparache inamovible

créant un système de clientélisme

et représentant typique de la grande bourgeoisie

rouge hypocrite et contrôlant

énormément de choses se faisant passer

pour démocrates et soi-disant proches du peuple

pour les autres élus

j'ai agi au hasard

sans regarder ni la personne, ni l'étiquette

Pierre XIX, l'officier

tape la dernière phrase du procès verbal de Richard Dure

je veux mourir

car je suis une chose

et un déchet

Dure signe et part pour une nuit au dépôt

en sous-sol

il est 19h30

le commissaire Pechnar l'accompagne

et prévient les gardiens de l'instabilité du détenu

susceptible d'attenter

à ses jours et qui nécessitent une attention

de tous les instants

mais comment expliquer un tel acte

cette tuerie au conseil municipal

les enquêteurs

et c'est d'abord de comprendre qui est Richard Dure

Néan 1968

sa mère est slovene

et il vit encore avec elle en 2002

il n'a jamais connu son père

il a grandi dans une petite maison en brique rouge

à Nanterre

dans une impasse délabrée

bon élève

il passe son bac

et suit des études d'histoire

assez solitaire

sa santé mentale se dégrade

en 85

pour éviter l'armée

et le service militaire

il fait une première tentative de suicide

qui lui fait passer 48h dans le coma

il est réformé

seul et à la recherche d'une cause

d'une lutte

il s'engage au PS, puis chez les Verts

et à la ligue des droits de l'homme

il fait plusieurs grands voyages donc d'un israël

où il se prend d'admiration pour Barogolstein

colon israélien ultra orthodoxe

qui a tué 29 palestiniens

alors qu'il était en train de prier

il pose devant sa tombe

entre 1992 et 2001

il se rend à 7 reprises

en Bosnie, au Monténégro,

Kosovo, en Albanie

pour des missions humanitaires

alors que la guerre du Goslabib a son plein

il revient un des images de violence

de torture et de sang plein la tête

d'ailleurs

son mal-être perpétuel, sa folie meurtrière

il la sous-entend dans son journal intime

je suis fatigué

de voir mon corps et mon visage vieillir

et de constater que le temps passe

et que je n'ai rien

je ne peux plus être au bas de l'échelle

et voir tous les gens que j'ai côtoyé progresser

dans la vie

je me sens bloqué parce que j'ai pas de femme

je veux pas crever sans avoir beaucoup baisé

je veux pas crever sans avoir été amoureux

et sans qu'une femme était amoureuse de moi

même si je suis faible, déglingué et immature

et que j'ai déjà plus de 30 ans

depuis des mois, les idées de carnage

et de mort sont dans ma tête

plusieurs tentatives de suicides

haine de lui-même, obsession pour la mort

Richard Dürn est suivi en psychiatrie

en psychothérapie

pourtant, malgré sa fragilité mentale

il obtient une autorisation

de détention d'armes en 1997

de la part de la préfecture d'Ehozhen

permis valable 3 ans

il s'inscrit et se rend fréquemment

au centre de pierre de la Grande Colombe

c'est pendant l'une de ses consultations

si, en 1998

qu'il menace un médecin avec une arme

qu'il avait cachée dans son sac

le praticien prévient sa hiérarchie

qui alerte la dase d'Ehozhen

censé prévenir la police

et Richard Dürn parvient

à convaincre tout ce beau monde

et il échappe à l'hospitalisation

l'information détenue par la dase

autrement dit, le comportement

suspect de Dürn ne remonte pas

et ne remontra jamais jusqu'au procureur

de l'anther

en mars 2002, les enquêteurs

découvrent une suite de dysfonctionnement

en 1999

soit deux ans après avoir décroché

son autorisation de détention d'armes

il ne renouvelle pas son permis

et ne fait aucune démarche dans ce sens

en 2000, l'autorisation

expire

le 18 novembre 2001

pourtant, quelques mois avant le massacre

un texte rend obligatoire

la remise de ces armes à la préfecture

quand le permis de détention arrive à expiration

mais là encore

Richard Dürn passe entre les mailles du filet

il ne rend pas les armes

c'est le cas de lire

quant au président du stand de tir

de la guerraine colombe, il ne remarquera pas

que le permis est périmé

le 28 mars 2002

il n'est pas encore dix heures

et il fait chaud dans le bureau 414

sous le toit du 36 qu'est des orfeurs

Richard Dürn est là

sourcil et paix, son regard froid

on a retiré les lacets de ses chaussures

comme pour tous les prévenus

qui ne les utilisent pas pour tenter

de se suicider, surtout pas Richard Dürn

pour cette troisième audition

et pour qu'il soit à l'aise

plus apte à répondre

la crime ne l'a pas menotté

on n'est pas aguanté un amour ici

justifie certains

le bureau 414, on l'a dit

ne dispose d'aucune issue

à part un petit vélux en hauteur

collaboratif, comme l'avait

ce matalin dure en répond en question

oui, il avait bien 3 armes

dans 3 poches différentes

oui, le 26 mars

il a bien laissé 2 courriers à sa mère

des textes aux allures

de testament, ou lui explique

qu'il lui l'aique tout

ce qui ne fait pas grand chose à brudire

rappelons qu'il est sans emploi et au RMI

là des policiers lui demandent

avez-vous souvenirs d'avoir écrit ces courriers

de les avoir déposés dans

il n'a pas le temps de finir sa question

pif, Dürn se lève

et se propulse

sur le Vasistas, un mètre 60 du sol

l'un des policiers réussit

à l'attraper par une chansure

mais sans la serrer

elle lui reste entre les mains

Dürn se laisse ensuite glisser sur le toit

en pente sur 2 mètres

il a passé la gouttière

mais il chute de 4 étages

sur le bitume de la cour intérieur du 36

il meurt en s'écrasant sur le béton

au pied d'avocats médusés

il est 10h15

le tueur de Nanterre

qui a fait 8 morts et 19 blessés

2 jours plus tôt réussit

son suicide annoncé

Bonjour, au sommaire aujourd'hui

il avait semé la mort hier

il se l'ait donné ce matin

un peu plus de 24h après le carnage de Nanterre

le meurtrier Richard Dürn s'est suicidé

ce matin en échappant à la vigilance

des policiers qui l'interrogeaient

il voulait mourir disait déjà sa mère

hier soir

France Inter

La mort de Richard Dürn

entraîne automatiquement la fin

de l'instruction et la clôture du dossier

les victimes, leurs familles

et les blessés de la Turine Nanterre

seront privés de procès

mais déjà les doutes

comment se fait-il

que le criminel le plus surveillé de France

a réussi à mener à bien son projet

pourquoi n'est-il pas menotté

les policiers le surveillait-il

ont-ils décéré la garde

le temps d'une pause

lourd de questions

l'immense responsabilité

de la police s'autosie un fiasco professionnel

peu après le suicide

des journalistes parviennent

à se rendre chez Stéphanie Dürn la mère de criminel

elle leur répond

le visage à moitié cachée par sa porte

en trouverté et elle raconte une fin

comme déjà écrite

qu'on parle un peu de lui

je sais pas moi quoi

qu'est-ce qu'il vous a dit avant de partir au conseil municipal

il vous a paru normal ?

non, non la tête je vous dis

la tête bizarre et un regard bizarre

je dis mais qu'est-ce qu'il y a

quelque chose qu'un quelqu'un qui l'a pris

quelque chose ou drogue ou je sais pas

un médicament parce qu'il ne buvait jamais

paru il y a un avocat pour faire la lumière

sur les circonstances de son suicide

son avocat, comide-office

maître Eric Morin, apprend qu'il aurait

déplacé un meuble sort monté d'un aquarium

pour se hisser et atteindre le Vélix

au 36 quels des orphèvres

alors pourquoi les deux policiers

n'ont-ils pas réussi à l'arrêter ?

une enquête est ouverte pour déterminer

les circonstances de la défenastration

la police des police est saisie

par le ministère de l'Intérieur

pour voir s'il y a une égligeance lors de la garde-à-vue

pourquoi durent-n'a-t-il

été emmené dans les locaux de la police

et non au milieu hospitalier fermé

le ministre de l'Intérieur

Daniel Bayant accuse c'est un dysfonctionnement grave

les rescapés de la tuerie

les familles des victimes et leurs proches sont sous le choc

et demandent des explications

à l'instar de Jacqueline Fress, maire de l'antère

survivant de la tuerie

je vais essayer de vous dire calmement

quelque chose que j'ai envie d'urler

c'est mon indignation

mon émotion aussi

cette annonce

ajoute

à la douleur déjà extrêmement vive

de nous tous

mais particulièrement des familles

elles ont besoin de savoir

pourquoi

comment de telle chose peuvent se produire

elles avaient donc besoin

d'un procès y compris

pour faire leur deuil

elles en seront privées

un homme aussi dangereux

un homme qui avait dit

sa volonté de suicide

je l'ai entendu moi

le soir du conseil

quand les élus l'ont molesté il a dit

tu es moi

n'y a pas d'excuse

à ce suicide

je me demande

ce que l'on fait dans les locaux de la police judiciaire

l'enquête judiciaire

une administrative sur le suicide de Richard Durne

conforte la version des policiers de la brigade criminelle

les conditions légales

de la garde à vue ont été respectées

Durne avait bien vu un médecin

comme le veut la loi

qui avait jugé son état compatible

avec un interrogatoire

en ce printemps 2002

campagne présidentielle oblige

l'heure était la récupération politique

les deux favoris des sondages

le premier ministre Lionel Jospin

et le candidat président Jacques Chirac

se livre une guerre sans merci

Chirac et la droite

font de la sécurité le fer de lance

de leur discours et critiquent le ministre de l'Intérieur

du gouvernement Jospin Daniel Bayant

sur TF1

le président de la République déclare

le rôle et l'honneur des responsables politiques

c'est de comprendre et de réduire les risques

de son côté

Jospin s'interroge ironique

sur le comportement de son adversaire

qui agit comme je le cite

au poste des ministres de l'Intérieur

l'insécurité, les dysfonctionnements

de la justice et de la police

engloutuissent tous les débats de la campagne

en déplacement, le candidat Jacques Chirac

adapte ses éléments de langage

dans la foulée, Martine Aubry

porte-parole du candidat socialiste

dénonce l'instrumentalisation

de la tragédie par le camp adverse

et l'insécurité ça va de

l'inscivilité ordinaire

que nous avons connu cette nuit

à Nanterre

et chacun comprendra

ce que je tienne en votre nom

à tous en suis sûr

à redire l'horreur que nous a

inspiré

cet acte de folie criminelle

et notre

compassion et nos pensées pour les victimes

et pour leurs familles

je pense que la meilleure réponse

c'est d'en appeler

au recueillement, à la pudeur et à la dignité

2 avril 2002

10 heures, une semaine après la

tuerie au conseil municipal

ce matin-là

Nanterre en hommage au 8 et lui disparu

tous les commerces se sont fermés

dans le stade Gabriel Péry face à l'Hôtel de Ville

sur une estrade

des comédiens du théâtre des amendiers lis des textes

écrits par des anonymes sur des registres

de condoléances

une chorale entonne la passion

selon saint Jean de Bach

12000 roses sont distribuées aux personnes présentes

les portraits des 8 conseillers militiais

pôtués sont installés sous une estrade

recouverte d'un drapeau tricolore

toute la classe politique est présente

toute famille confondue

des roses blanches

des milliers de roses blanches

portées par plus de 14000 mains

anonymes

ou célèbres

étant dit que les élèves du conservatoire

de musique de Nanterre

font sonner les accords de la Ria

de Jean-Sébastien Bach

la foule immense et recueillie

rente hommage

aux 8 victimes du drame survenu

il y a tout juste 7 jours

une cérémonie laïque

durant laquelle tout clivage majorité opposition

a disparu

les balles du tueur avaient-ils

frappé sans distinction

à gauche comme à droite

et la foule se lève

et le fraise prend la parole

et le maire remercie

son équipe et tous ceux qui les ont aidés

le soir du drame

6 jours plus tard

le 8 avril

un fait judiciaire rarissime se produit

la justice décide de ne pas

refermer le dossier malgré

le suicide du prévenu

le procureur de Nanterre

il vous dit qu'il n'y a pas de soucis

il n'y a pas de soucis

il n'y a pas de soucis

il n'y a pas de soucis

il n'y a pas de soucis

il n'y a pas de soucis

il n'y a pas de soucis

le procureur de Nanterre

demande des recherches complémentaires

à la brigade criminelle

car cette décision

vise à rassurer les victimes privées de dossiers

privées donc de procès

et on découle une procédure fleuve de 500 pages

quelques jours avant le premier tour

le premier ministre Lionel Jospin

propose neuf mesures pour durcir

la législation sur les armes

et tente de faire passer son texte en urgence

entre les deux tours

en vain

arrive le 20 janvier 2002

Jospin éliminait le Penso

tour

l'affaire Richard Dürn

son traitement médiatique

son exploitation politique

ont-ils fait le lit du front national

possible

le 5 mai 2002

Jacques Chirac est élu président de la République

les propositions de loi de Lionel Jospin

sur le port d'armes ont fait chou blanc

mais un nouvel élément interroge

sur la nécessité urgente de cette réforme

car le 14 juillet de la même année

peu après 10h du matin

à Paris pendant le défi

du militaire

un jeune homme Maxime Brunnerie

membre d'une faction néo-nazie

tente d'assassiner le président de la République

il se rate

recharge un carbine

et c'est de retourner l'arme contre lui

mais peine à manier son arme

un 22 nonrifle

la Turinanteur

et la tartative d'assassinat du président de la République

font alors prendre conscience de la facilité

d'accès aux armes dans ce pays la France

en réaction

le 1er mars 2003

lancez une décathlon pour ton leader

sur le marché de la chasse

arrêt de vendre des armes

le 18 mars 2003

l'état d'urcile a législation sur la pratique

du tir sportif avec la loi pour la sécurité intérieure

les antécédents psychiatriques

des adeptes de cette activité

devont être vérifiés auprès de la DAS

le 27 mars 2022

la France

commémore les 20 ans de la Turinanteur

le parvis d'hôtel de vie

de robotiser place du 27 mars 2002

mais

comment trouver un sens

dans cet acte de 55 secondes seulement

Laurent Helgosi

l'un des adjoints de la mairie nantère

l'un de ceux qui ont tenté d'arrêter le tour

pendant le massacre

répond dans libération quelques jours après la Turinanteur

et il dit

je ne crois pas que la personnalité du urne

est un quelconque intérêt

et il ne sert à rien de se pencher sur elle

non

on est dans le processus terminal un grand malade mental

la sagesse

c'est d'accepter qu'il n'y a rien à comprendre

comme souvent lors d'une Turin, le nom du criminel

son parcours s'affolie

reste gravé dans les mémoires

celui des victimes beaucoup moins

rappelons leur nom

il s'appelait Louisa Benakli

Christian Boutier

Jacquotte Duplaine, Monique le Roi sautère

Olivier Mazotti

Valérie Meo Michel Raou et Pascal Senderl

tu ne tueras pas

ni tes camarades, ni tes profs, ni tes voisins

tu ne tueras pas

ni à Srebénica

ni à Tel Aviv, ni à Génine

ni à Bled

ni à Atlanta

tu ne tueras pas

parce que Dieu t'attend

en buvant sous la trêve

tu ne tueras pas

ni pour la loi

ni pour l'État

c'est le premier

et le dernier

et c'est le seul

commandement

tu ne tueras point

peut dire

tu ne tueras pas

c'est tout

seul

un point

c'est tout

tu ne tueras pas

pour le tiro-arqueste de la boule-en-gène

tu ne tueras pas

pour l'adrénaline

ou pour le flash

tu ne tueras pas

pour le compte d'un souteneur planqué sous les tropiques

tu ne tueras pas

pour te venger

tu ne tueras pas

pour jouir, nous pour mourir

c'est le premier

et le dernier

et c'est le seul

commandement

tu ne tueras point

tu ne tueras pas

c'est tout

rien à lui personne

un point

c'est tout

France Inter

affaire sensible

Fabrice Drouel

aujourd'hui Turille à la mairie de Nanterre

notre invité Jean-Pierre Campos

Bonjour Jean-Pierre Campos

alors vous étiez cette nuit

du 27 mars 2002 à John Homer

vous alliez 53 ans

vous vous êtes venu assister comme d'habitude

à la séance du conseiller municipal

qui s'annonçait tout à fait ordinaire

voir la routine

peut-on dire que ces 55 secondes

ont changé votre vie

évidemment

ma vie a changé

d'un seul coup

puisque

ces 55 secondes

j'ai vu

8 collègues mourir

nous étions

tous blessés

mais

en même temps

chacun

réagit selon son

propre caractère

moi j'ai continué

en ce qui me concerne

à travailler

à venir

et à œuvrer

tout le temps

pour le bien-être

des nontériens

mais c'est clair que

la vie

change

par exemple

tous les ans

aux alentours du 27 mars

je suis quand même

un peu mal dans ma peau

j'ai du mal à dormir

encore cette nuit avant de venir ici

j'ai repassé

toute la nuit

du conseil dans ma tête

et j'ai très mal dormi

c'est difficile de parler

de parler des faits

quels souvenirs précis

vous gardez de l'enchaînement

des faits pendant ces 55 secondes

qu'est-ce qui se passe pour vous

que faites-vous pendant les 55 secondes

non aujourd'hui

c'est pas plus dur

pour moi de parler

pendant les 55 secondes

ça va tellement vite

qu'on ne se rend pas compte

dès que le maire a levé

la séance et a dit

a entendu le premier coup de feu

et nous a dit de nous coucher

évidemment on s'est couché

immédiatement sous les pupitres

mais ça va tellement vite

que

à peine une minute après

Richard Durne qui était

face à moi

à 10 mètres de moi

je l'ai vu

tuer à ma droite

Louisa Benacli

et à ma gauche

Jacques-Otduplaine

et ensuite il m'a mis en joue

et fort heureusement

je sais pas ce qui s'est passé

à ce moment-là mais

au lieu de prendre la balle dans la tête

comme il a fait pour mes collègues

j'ai pris la balle dans le ventre

et ce qui m'a sauvé la vie

mais ça va tellement vite

qu'on a du mal à s'en rendre compte

et après vous vous prenez cette balle

dans le ventre, vous allez à l'hôpital

évidemment combien de temps, ça dure qu'est-ce qu'il se passe

comment vous êtes soigné

alors immédiatement après

on m'a mis dans un petit couloir

qui était derrière ma place

les secours sont arrivés

on avait chacun

un pompier et un médecin

qui nous ont fait les premiers secours

perfusion etc

et ensuite j'ai été amené

à l'hôpital de Versailles

où j'ai été opéré

immédiatement

je suis resté

une quinzaine de jours à l'hôpital

et ensuite je suis sorti

j'ai été me reposer

un peu

et par la suite je suis revenu

immédiatement à l'hôtel de ville

et aujourd'hui pas de séquelles de la blessure

tout c'est réparé

non aujourd'hui ça va

enfin j'ai été opéré pendant 3 ans de suite

en 2002-2003

et 2004

mais aujourd'hui

oui tout va bien

Richard Durne était connu au conseiller municipal

on l'a dit il y assistait souvent

vous le connaissiez vous cet homme vous l'aviez repéré

non moi je le connaissais pas du tout

j'avais même pas fait attention

à lui

non non

expliquez-nous

ce qui s'est passé

dans la salle du conseil

quand les secours sont arrivés

c'était comme un hôpital de campagne

ça va être une sorte de chaos

dit-nous

moi c'est un peu compliqué

en fait j'ai pas vu

j'ai pas eu le temps

de voir

grand chose si ce n'est que

lorsqu'il a tué mes 2 collègues

à côté de moi

et ensuite j'étais touché

et donc

immédiatement on m'a évacué

dans le petit couloir

qui est derrière mon siège

et

alors j'ai pas du tout perdu connaissance

et j'entendais

évidemment on les crie

la stupeur

dans la salle et j'entendais

Durne crier

tu et moi

tu et moi

après moi j'ai pas vu

grand chose de la salle

ceux qui ont plus vu

c'est évidemment mes collègues

qui n'ont pas été touchés

qui eux évidemment étaient dans la salle

et ont vu

le massacre

mais moi personnellement

j'ai pas vu grand chose

mes 2 collègues

tu et à côté de moi

vous êtes opéré

ou vous réveillez

vous vous reposez à l'hôpital

j'imagine que vous écoutez la radio

vous regardez la télé

vous vous donnez un format

et vous voyez ces politiques là

qui sont en pleine campagne électorale

récupérer ce drame

est-ce que ça vous gêne

ou ce que vous dites après tout

c'est la démocratie

c'est le débat

il s'est passé quelque chose

comment vous réagissez

c'est un acte politique

mais plutôt

l'œuvre

si je puis dire

d'un malade mental

puisqu'il avait fait

déjà comme vous l'avez dit tout à l'heure

plusieurs tentatives de suicide

il avait

brandi son arme

devant une psychothérapeute

un boulogne

je crois

et il avait

il avait envie de passer

à l'acte ce soir là

d'ailleurs il était venu

semble-t-il

moi je l'avais pas remarqué personnellement

mais il était venu plusieurs fois

au conseil municipal

avec l'idée déjà de faire

un massacre

il était pas passé

alors

je sais que

aussi

il était venu un dimanche matin

sur le sud-nantère

semble-t-il armé

et qu'il voulait aussi

tuer des gens

il avait

il avait pas mis en œuvre

ce qu'il souhaitait faire

donc moi je considère

que c'est pas l'œuvre

d'un massacre politique

mais plutôt

un malade mental

et

qu'il voulait se suicider

à un maximum de morts

entraînés avec lui

alors quand vous avez appris

ce qui s'est passé le 7 janvier 2015

chez Charlie Hebdo

ou là c'est un crime hautement politique

mais c'est un massacre

et vous avez vécu ça

un massacre

qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous avez entendu

ce qui s'est passé à Charlie Hebdo

est-ce qu'il y a eu

une connexion par rapport à ce que vous avez vécu

évidemment à chaque fois

c'est pas quelque chose

que ce soit Charlie Hebdo

le Bataclan

tous ces tueries

de masse

évidemment ça nous remet mort

tous ces souvenirs

ça remet les souvenirs

évidemment

on n'est pas très bien

moi personnellement

je sais que ça me remet beaucoup

mais y compris

à chaque fois que je vois des émissions

où j'écoute à la radio

quelles émissions

sur la Thurine Nanterre

ça me remue

énormément

mais bon

justement si on en parle aussi

c'est que ça ne tombe pas dans l'oubli

c'est vrai que le 7 janvier 2015

c'est un crime politique

avec une dimension presque internationale géopolitique

même on en parle beaucoup

mais ça ne devrait pas l'oublier non plus

parce que ce que vous avez vécu

la Mérite Nanterre va remettre

le 2 février prochain dans les archives départementales

un fonds mémoriel sur ce qui s'est passé

le 27 mars 2002

à la Mérite Nanterre

ce projet s'appelle Nanterre se souvient

et il contient toute une série de témoignages

recueillies par une historienne et une sociologue

et c'est cette dernière sociologue

Safia Dany

que nous allons entendre maintenant interroger par Franconniard

donc nous avons interroger

le principalement des rescapés

de l'attaque du Conseil municipal

sans élu mais également

des travailleurs de la Mérite Nanterre

du personnel administratif

et nous avons également réalisé

des témoignages avec

des acteurs judiciaires

et des secouristes

en complément nous avons également

essayé de interroger

des familles, des victimes

de la tuerie du Conseil municipal

pour donner un éventail

large de types de témoignages

pour restituer

parfois la mémoire de l'événement

et garder une trace

aux arches départementales

mais également participer à la reconnaissance

et à la mémoire des victimes

au travers de témoignages de leurs familles

Est-ce que aujourd'hui

la tuerie

a été un petit peu

oubliée par les plus jeunes

ceux qui ne l'ont pas vécu à l'époque

Alors effectivement

certains font le concept

de mémoire qui se perd

et en ce sens le projet de la mérie a été

très bien accueilli afin de pouvoir

restituer

histoire de la vie ville

aussi au travers

d'événements tragiques

qui constituent la vie

de dentaire

Je pense que l'idée c'est à la fois que ça puisse servir

peut-être à des chercheurs

qui pourront s'enfaisir

pour étudier les coups biographiques

de tels événements sur des trajectoires de vie

ou des trajectoires politiques par exemple

pour de simples citoyens

de pouvoir se rendre compte

que ce type d'événements peut exister

dans des espaces

qui là est en fait un espace politique

c'est un conseil municipal, un espace de représentation

politique

ça pourrait également servir

d'appui

de la transmission

de la prévention

de la sensibilisation

donc en ce sens le travail de la mérie a été

très bien accueilli

véritablement

de concituer un fonds d'archive

pour les archives départementales

qui pourra être mis à disposition

des futures générations

et elles veulent s'informer

sur cet événement mais aussi

des témoins et autres familles

qui pourraient avoir envie de

d'écouter

des témoignages qui pourraient faire écho

à leur propre vécu

Jean-Pierre Rampos, j'imagine que vous étiez au courant

de cette

souviens, j'imagine également que c'est quelque chose

qui vous satisfait

c'est une bonne initiative

tout à fait, je crois que c'est

important

de recueillir

tous les témoignages

de tous ceux qui étaient dans la salle

ce soir-là

alors tout le monde n'a pas

répondu

puisque après

chacun fait comme il veut

moi personnellement

j'ai témoigné, j'ai répondu

positivement

mais je sais que

il y a quelques collègues qui n'ont pas souhaité

répondre à cette

sollicitation

bon après chacun fait

comme il veut

quand vous avez appris

que Richard Dune s'est suicidé

très peu de temps après le début

de ces auditions par la police, quel était votre

sentiment ?

comment

j'ai été

ça conspê

et je le suis

encore aujourd'hui, je me demande

comment

on a pu laisser

un tel homme

sauter par ce petit Vélux

personnellement je suis allé

voir le bureau

dans lequel il avait été interroger

puisque les flics

m'avaient appelé quelque temps

pour venir récupérer

quelques affaires qui

m'avaient embarquées

donc j'y suis allé

je suis allé au

36 et

j'en ai profité pour leur demander

de visiter le bureau

dans lequel Dune était interroger

et donc là

j'ai pu voir

ce fameux Vélux

le meuble qui était devant

et

l'aquarium dessus

et je me demande

encore comment

il a fait pour sauter

il y a plus d'un mètre

50

pour sauter par ce petit Vélux

sans qu'on puisse

intervenir

et l'empêcher

aujourd'hui encore je me pose

personnellement beaucoup

de questions mais bon

vous ne croyez pas forcément à la version

c'est ça que ça veut dire ?

oui exactement

gardez la question

qu'est ce que vous avez ressenti

je suis un homme

évidemment on s'intéresse

à ce qu'on ressent quand on vit

une expérience aussi inhumaine

mais qui est humaine aussi

donc on ressent, on ne fait que ressentir

quand vous avez assisté à votre premier conseil municipal

après la convalescence

quel état vous étiez ?

et

évidemment j'ai assisté

au premier conseil municipal

qui était

au moins de mai

dans la salle des congrès

puisque la salle du conseil

dans laquelle avait eu lieu

le massacre

a été complètement refait

et ce premier conseil

on l'a fait dans la salle

des congrès de l'Hôtel de Ville

qui est une grande salle

qui peut recueillir 1000 personnes

évidemment c'était

un moment assez

émouvant

et en même temps

on n'était pas tranquilles

ma vie

on regardait tous les gens

qui étaient dans la salle

malgré qu'on savait

pertinemment qu'il y avait

des flics en civil

il n'y avait plus de danger mais c'était le lieu

voilà

on regardait tout le monde

on n'était pas tranquilles

mais c'était extrêmement émouvant

j'imagine

merci infiniment en tout cas

de témoignage Jean-Pierre Campos

merci, au revoir

c'était à faire sensible aujourd'hui

Massacre à la mairie de Manteur

une émission que vous pouvez réécouter

en podcast bien sûr

à la technique aujourd'hui y avait Fabrice Desmas

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:55:07 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - 27 mars 2002, 1h15 du matin dans la mairie de la ville des Hauts-de-Seine : après six heures de débat, alors que le Conseil municipal se termine, un homme se lève dans le public, armé. En 55 secondes, il tue huit élus et blesse 19 personnes. Son nom ? Richard Durn. - réalisé par : Marion Le Lay