Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Marie Besnard. Episode 1 - L’empoisonneuse de Loudun - Le débrief

Europe 1 Europe 1 10/2/23 - 10m - PDF Transcript

Pour commenter son histoire du jour, Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

J'ai commencé à vous raconter aujourd'hui l'affaire Marie Benard,

du nom de cette femme accusée juste après la guerre d'avoir empoisonné à l'arsenic 13 personnes de sa famille.

Vous connaitrez la fin de l'histoire après avoir entendu le deuxième épisode.

Mais pour l'instant, concentrons-nous sur le début de cette affaire avec vous.

Jean-Marie Augustin, vous êtes historien du droit, vous êtes professeur et mérite de l'université de Poitiers.

Cette affaire s'est passée dans votre région, vous la connaissez bien.

Je vous pose une seule contrainte, bien sûr, c'est de ne pas raconter la suite de l'histoire.

Non, je raconterai.

De ne pas évoquer la suite.

Je voudrais qu'on parle d'abord des personnages qui sont à l'origine de tout.

Et peut-être d'abord de cette Louise Pinto.

Je ne l'ai pas dit, mais elle est postière.

Elle est postière à l'oudre.

Pourquoi tant de forberie ?

Pourquoi est-ce qu'elle invente ?

Ou est-elle à l'air d'inventer ?

Ou possiblement elle invente ?

C'est une amie très proche, effectivement.

Peut-être était-elle aussi la maîtresse de Léon.

Et peut-être aussi Marie et Louise se sont disputées les faveurs d'Adi, le jeune allemand.

Voilà, moi je pense que tout s'est effectivement déclenché,

à partir du moment où Marie a voulu récupérer l'appartement de Louise,

et voulait la mettre à la porte.

À ce moment-là, Mme Pinto a voulu se venger.

Et effectivement, au départ c'est une bonne amie,

mais c'est une bonne amie quand même un petit peu jalouse.

Et en même temps, elle va se venger en reprenant ce qu'a pu dire Auguste Massip.

Je crois qu'il y a les deux aussi.

Il y a Louise Pinto et Auguste Massip qui vont se faire les accusateurs.

Mais je pense que ça ne repose en réalité sur rien,

ou simplement sur des racontards, sur des ragots, sur des comérages,

effectivement comme vous l'avez montré.

Et ça n'aurait pas dû aller plus loin, mais ça va aller plus loin, effectivement,

à partir du moment, à partir du cambriolage qu'il n'a rien à voir.

Il a existé ou pas ce cambriolage ?

Ah oui, il a existé.

Ou est-ce que c'est Louise qui a jeté les drodons dans le jardin ?

Non, ce cambriolage a vraiment existé,

mais au du moins il y a quand même eu des constatations, il y a eu des procès verbaux.

Mais je crois qu'à partir de ce moment-là, c'est là que l'affaire est en marche.

C'est là, c'est à partir de là.

Parce qu'effectivement, vous l'avez remarqué,

auparavant, il y avait une enquête et une enquête qui avait été cassée sans suite,

qui n'avait pas zabouti.

Et là, ça rebondit.

Mais aussi, vous allez sans doute en parler,

je crois qu'il y a aussi les policiers et par la suite juste d'instruction.

Alors, toujours pour rester sur Louise,

on dit à un moment donné, lors de la première enquête,

qu'elle est souvent en congé pour ne rasténir.

Il y a donc l'hypothèse aussi de quelqu'un qui est, on dirait,

complètement perché, un peu singlé.

Il y en a deux, hein.

Parce que le massif, il n'est pas mieux non plus.

C'est un personnage extravagant.

Comme vous avez dit, il écrit, il est procédurier.

C'est quelqu'un qui est assez loufoque.

Là aussi, il faut quand même bien le constater.

Bon, en réalité, au départ, ça ne repose pratiquement sur rien.

Et ça va prendre une ampleur qu'on n'imagine pas.

Jusqu'où ça peut arriver.

Qui a mis le feu au château d'Auguste Massip, son neveu ?

C'est prouvé aussi.

Je pensais, moi, que c'était un domestique, mais c'est peut-être son neveu.

Manteau et Ca, ça a été prouvé que l'incendie a bien existé.

Et que ce n'est pas Marie Benard.

Mais il y a cette idée, il y a le côté irrationnel aussi, c'est Massip.

Tout à fait irrationnel, parce qu'il va dire que, en réalité,

cet incendie a été provoqué parce que Marie lui a jeté un sort.

Oui. Alors l'arsenic.

L'arsenic, est-ce que c'est un poison à la mode après-guerre ?

Je ne pense pas.

Non, pas du tout.

Pas du tout.

Il y a eu des affaires d'arsenic auparavant.

Bon, la référence avance et l'affaire Lafarge en 1840.

Mais il n'y a pas d'histoire d'arsenic.

Et puis il y a aussi quelque chose qu'il faut quand même remarquer.

C'est vrai qu'elle a été prise dans un véritable tourbillon funéraire,

une cascade de décès dans sa famille.

Mais vous savez, beaucoup de familles ont été endoyées à l'époque.

Parce qu'il y a la guerre, les bombardements, la tuberculose, etc.

Pour ma part, moi j'ai toujours vu ma mère en noir pendant cette période.

Il y a eu beaucoup de deuils dans les familles.

Et quand les personnes sont décédées, dans l'entourage de Marie à l'Oudham,

on ne s'en est pas inquiétés, on ne s'en est même pas rendu compte.

Comme vous l'avez dit, ces personnes sont mortes très âgées.

Oui, alors dans la liste, il y a quand même...

C'était vraiment très mauvaise santé.

Dans la liste, il y a quand même une quasiment que des gens qui ont plus de 80 ans.

Il y en a même un qui en a 92 et il y en a une qui en a 90.

C'est-à-dire aller s'étonner que ces gens-là soient morts

et envisager qu'ils aient été empoisonnés sur réalistes.

C'est vrai que tout à fait sur réalistes. Oui, oui, oui.

Oui, mais il y a cette accumulation.

Il y a cette liste qui est présentée par Massip.

Et c'est elle qui va être le fondement, finalement, de l'affaire.

Il y a Léon Benard et puis il y a tous les autres après.

Léon Benard, le fait qu'il soit mort d'une crise du Rémi

puisqu'on a une analyse de sang qui le confirme.

Oui, oui, il est mort d'une crise du Rémi, oui.

Il est vraiment mort d'une crise du Rémi.

Oui.

Mais vous savez aussi que dans l'entretien de la Toussaint,

Massip, quand on lui dit qu'il est mort d'une crise du Rémi,

Massip va prendre de la rousse médicale

et puis il va regarder à Urémi et puis à ce moment-là,

c'est-à-dire non, ben non, ça ne colle pas.

Et c'est machinalement qu'il va reprendre de la rousse.

Il va tomber sur Arsonique et là, à Arsonique,

il va lire à Luis Matou et tous les deux vont être d'accord.

Mais oui, c'est ça.

Il est mort d'un empoisonnement à Arsonique.

Et là aussi, vous voyez-vous,

il y a tout à fait une part des rationnels au départ.

Tout à fait.

Alors l'argument, évidemment, le mobile supposé,

c'est celui de l'argent.

Je ne le trouve pas, moi, très convaincant

parce qu'au final, elle n'avait pas d'enfants.

Et donc que Léon soit vivant ou mort,

ça ne change pas grand-chose.

Il vivait dans le confort.

Elle va vivre dans le confort.

Elle ne va pas tout d'un coup aller faire du voilier au Marquis.

Elle a de quoi vivre jusqu'à la fin de ses jours,

y compris s'il est rond et vivant.

Oui.

Oui.

Ce n'est pas convaincant.

Mais là encore, ça ne s'est passé pas par la guerre, tout ça.

Donc on a dit, ah oui, mais ils ont quand même gagné beaucoup d'argent.

Ils ont acheté des fermes.

Ils ont acheté des fonds de commerce.

Ils ont acheté des maisons.

Ils n'ont rien manqué pendant l'occupation.

Oui, ça fait partie du on les soupçonne d'avoir un peu collaboré.

Non.

Peut-être pas jusque-là.

Mais d'avoir gagné de l'argent, oui.

Oui, parfaitement.

Beur, beur, oeuf, fromage, comme on disait à l'époque.

Voilà, voilà, c'est ça.

D'abord, profiter de la guerre pour s'enrichir.

Voilà, ils ont profité, voilà, ils ont profité de la guerre.

C'est ce qu'on laisse entendre aussi à cette époque.

Alors, le petit contexte amoureux sexuel qui met donc en scène

Louis Pinto, maîtresse de Léon, et le jeune allemand Alfred Ditz, amant de Marie.

Parce que ça, c'est un contexte.

Ce n'est pas prouvé, ce n'est pas prouvé, ce sont des supplétations.

On est dans le secret d'Alcove, là, si vous voulez, c'est toujours pareil.

Non, ce n'est pas prouvé, mais là encore, bon, il y a tout de même,

c'est toujours pareil, il y a des ragots, il y a des rumeurs.

Surtout que ces questions-là, on est toujours dans les petites villes.

Ces questions-là, il y a toujours suscité et intérêt.

Vous savez très bien.

En priorité.

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En octobre 1947, à Loudun dans la Vienne, Léon Besnard est emporté par la maladie dont il souffrait depuis des mois. Marie Besnard, se retrouve veuve pour la 2ème fois. Assez vite, la rumeur se répand qu’elle aurait empoisonné son mari.