Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Maria Doyle, aveugle à 9 ans, star à 20 ans - Le récit

Europe 1 Europe 1 10/1/23 - 25m - PDF Transcript

Une formidable histoire aujourd'hui, c'est votre histoire, Maria Doyle, bonjour.

Bonjour Christophe.

Tiré de votre livre, on ne voit bien qu'avec le cœur qui paraît aux éditions Plans.

À l'âge de 9 ans, Maria, vous avez perdu la vue, vous êtes devenu aveugle à cause

d'une maladie génétique.

Mais vous avez décidé de ne pas renoncer à votre rêve qui était de devenir chanteuse.

Et à 20 ans, sans rien dire de votre handicap, vous êtes sélectionné pour représenter

votre pays d'origine, l'Irlande, au concours de leur vision.

Aujourd'hui, vous êtes marié à un Français, vous vivez en France, vous vivez à Chanteux,

en Lorraine.

Vous avez sept enfants, la plupart sont des musiciens.

Je vais raconter votre histoire.

Je l'ai écrite avec Simon Veil, la réalisation est de Céline Lebrace.

Venez avec moi, je vous emmène au tout début de cette histoire, en octobre 1974 à Dundalk

en Irlande, au-dessus de Dublin, tout près de la frontière avec l'Irlande du Nord.

Vous voyez ?

A l'école pour filles, Red Himmer.

Allez-y, entrez dans la classe, mettez-vous dans un coin et assistez avec moi à la scène

fondatrice de cette histoire incroyable.

Regardez bien la petite fille qui lève le doigt au fond de la classe, elle s'appelle

Maria, elle a neuf ans.

Oui ? Maria ? Métresse ? Je vois tout flou et toutes les formes qui bougent autour de

moi, c'est vraiment bizarre, j'arrive même plus à lire ce qu'il y a au tableau.

Ah bon ? Viens au premier an.

Elle va devant ? Je vois toujours rien madame.

Bon, écoute Maria, t'as qu'à rentrer chez toi, je prendrai de tes nouvelles, allez

filles.

La petite Maria rentre chez elle dans un demi-brouillard, un peu angoissant, et quand

elle arrive, sa maman est dans la cuisine.

Maria ? Mais qu'est-ce qui se passe, pourquoi t'es pas à l'école ? J'ai un problème

maman.

Là par exemple, je vois pas ton visage, si tu souris ou si tu souris pas, je vois pas,

je vois même pas la couleur de tes yeux.

Sa maman attrape une boîte de sel avec écrit en gros, en rouge, celle de table, elle est

à deux mètres.

Qu'est-ce qui est marqué là ? Je sais pas, approche, approche.

Là, c'est écrit celles de table ?

Le lendemain, la mère l'emmène tout droit à l'hôpital, le meilleur de Dublin pour

les pathologies des yeux.

Le docteur qui les reçoit est très réputé, il lui fait faire toute une batterie d'examen,

et à la fin de la journée, il est un peu ennuyé.

Ecoute ma petite Maria, je suis désolé mais il a encore un peu d'eau pour poser

un diagnostic, faudra revenir demain, d'accord ? On va bien finir par trouver ce que tu as.

En vérité, ça va durer six semaines, ce petit miannège, six semaines à faire des

allers-retours entre la maison et l'hôpital, et chaque jour qu'il passe, Maria y voit

de moins en moins bien, les couleurs s'effacent totalement, le ciel, les formes, les visages

disparaissent derrière un rideau de brouillard de plus en plus épais, j'ai poplissé les

yeux, les écarquillés, les roulés dans tous les sens, me coller le nez au miroir, je n'arrive

même plus à me voir dedans.

Et puis au bout de six semaines, le verdict tombe.

Bien, nous pensons que Maria est atteinte d'une maladie génétique rare, la maladie

de Stardegard, sous la forme de Fundus Flavimaculatus, qui est une forme transmise par les deux

parents.

Il faut que les deux parents soient porteurs du gène.

Vous avez d'autres enfants, n'est-ce pas ? Il est possible qu'ils soient atteints aussi,

donc on a besoin de faire des analyses génétiques complémentaires de tous les membres de la

famille.

Quelques jours plus tard, le médecin prend la mère à part.

Écoutez, madame, ce que j'ai à vous dire est un peu délicat, mais d'après les examens

génétiques, votre mari n'est pas porteur du gène, vous, oui, mais lui, non.

Il n'est pas le père de Maria, n'est-ce pas ? Pour la soigner, on a besoin de connaître

la vérité.

Elle bredouille, elle pensait garder son secret pour l'éternité.

Alors oui, oui, elle a eu une relation avec un marin, un marin espagnol, Theodoro Gonzales

Gonzales.

Mais comment je vais expliquer ça à Maria ? Son père, c'est son père ! Je vois pas comment

je vais faire.

Si vous voulez, je vais m'en charger.

Et c'est donc le docteur qui, avec beaucoup de pédagogie, se met à expliquer le problème

à la petite Maria.

Alors, je vais te raconter quelque chose d'important, Maria.

Imagine que tu es sur une plage avec des millions de grains de sable.

Tu ramasses un de ces grains de sable, n'importe lequel, et puis t'en prends un autre.

Et c'est deux grains de sable.

Ils vont donner un troisième, tout petit grain de sable, et ce petit grain de sable,

c'est toi.

Ah bon ? Et ce grain de sable, c'est ta maman.

Et celui-là, c'est pas ton papa qui est assis à côté de toi, tu vois ? C'est celui

de ton vrai père, Theodoro Gonzales, il s'appelle.

Il habite très loin, en Espagne.

Et c'est parce qu'il a un problème et que ta maman a le même bacténer avec cette

maladie.

T'as compris ?

La gamine se tourne vers son père.

Ça veut dire que t'es pas vraiment mon père ?

Ouais, c'est ça.

Je t'aime comme si j'étais ton père, mais c'est pas moi qui t'ai faite.

Et le docteur ajoute, maintenant Maria, tu vas devoir changer d'école.

Aller dans un institut pour aveugle.

Là-bas, on forme les jeunes filles pour devenir opératrice téléphonique.

Ah non, mais ça va pas.

Moi, je sais chanter.

C'est pas la maladie qui va m'empêcher d'être chanteuse.

Je veux être une star, comme Barbara Streisand.

Il faut quand même que je vous dise, les parents de Maria ne sont pas riches.

Ils habitent le quartier le plus pauvre de la ville.

Le père est plâtrier et la mère s'occupe de ses quatre enfants.

Chez eux, il n'y a pas le téléphone, il n'y a pas de chauffage, il n'y a pas d'eau

chaude et l'électricité, c'est deux heures par jour maximum.

C'est important de savoir ça, parce que ça explique la réaction de Maria à tout

ça.

Elle a l'habitude, et par ailleurs, elle a perdu une petite sœur d'Ona il y a quelques

mois, elle avait deux ans, alors tout ça, c'est une épreuve de plus, rien d'autre.

Voilà.

Et donc, dès le début, elle ne veut pas qu'on la traite différemment, parce qu'elle

est aveugle, ce qui arrange bien sa mère.

Maria, tu peux monter ça dans ta chambre s'il te plaît ?

Maria, est-ce que tu peux faire un son à l'épicerie ?

En revanche, à l'école, ça devient difficile, et du coup, l'idée d'une école spécialisée

fait son chemin, à contre-coeur, hein ?

Et il y en a une à Dublin, un internet tenu par des sœurs de la charité, il paraît

qu'il y a une piscine, alors elle est d'accord.

Le jour de la rentrée, elle arrive avec ses deux petites valises, un collège à la

Harry Potter, vous voyez ? En pire.

Ce qui me frappe le plus, c'est le silence.

Dans une école normale, on entend plein de cris, de rires, dans la cour de récréation,

ça remue, ça s'agit de sa déborde de joie.

Ici, rien de tel, il règne un silence, total, tout semble ralenti.

Dans sa classe, ils sont huit à apprendre le braille, mais Maria, à la tête ailleurs,

ça ne lui plaît pas, elle veut repartir.

Et vous savez ce qui la terrifie ? C'est sa voisine de d'Ordois, Mary.

Elle a des yeux en verre, si, si, quand elle se lave les dents.

Elle l'entend à côté, qui enlève ses yeux.

Ça fait plop, plop, comme un bruit de bouchon, terrifiant.

Et puis après, elle les met dans un verre d'eau, plouf, plouf, comme un dentier.

Un cauchemar.

Alors quand elle rentre le week-end chez ses parents, elle les supplie.

Papa, maman, s'il vous plaît, je veux rester à la maison.

C'est horrible, là-bas, je ne retournerai pas, c'est pas possible.

Écoute, chérie, on se donne jusqu'à Noël, d'accord ?

Le temps de voir si ça s'arrange, ok ?

Alors, elle y retourne, avec l'impression de rentrer à Alcatraz.

On est début novembre, elle ne tiendra pas jusqu'à Noël.

Dans sa tête, il y a comme une petite voix qui lui dit,

« Reste pas là, tu vas mourir ici, faut que tu partes. »

Alors, un matin, elle demande à la religieuse, « J'ai une lettre pour mes parents.

Je peux aller les mettre dans la boîte aux lettres devant l'école ?

Oui, oui, oui, vas-y, mais dépêche-toi, les cons vont bientôt commencer. »

Et elle s'en fuit, elle veut rentrer à pied chez ses parents 80 km.

Elle marche, elle marche, elle marche toute la journée,

à l'instinct, comme un pigeon voyageur, comme si elle avait un GPS dans la tête.

Et puis le soir arrive, elle a fait quoi, 15 km ?

Et elle entend le bruit d'une mobilette qui s'arrête devant elle.

Et puis, une voix d'homme, jeune, douce.

« Tu vas où ? Vous êtes un kidnapper ? »

« Non, je ne suis pas voleur d'enfant, dis-moi juste ce que tu fais là.

Je ne peux pas vous dire d'où je viens, mais je peux vous dire où je vais.

Je rentre chez moi à Dundalk, s'il vous plaît.

Aidez-moi à rentrer à la maison. »

En mobilette, c'est trop loin, mais le gars la ramène chez lui

et il appelle son frère qui a une voiture.

Maria, le guide de mémoire, elle connaît la ville par coeur

et ils arrivent dans la rue de ses parents.

« Voilà, dis-donc, il y a la police, il y a plein de gens, je vois même des religieuses.

Ça doit être devant chez toi. »

Toute la police d'Irlande était à sa recherche.

Maria saute au coup de sa mère qui se tourne alors vers les religieuses.

« Vous êtes des incapables ? C'est fini.

Maria retournera pas dans votre école.

Je la garde ici, c'est moi qui viens d'éduquer.

Et vous avez de la chance qu'elle soit encore en vie. »

Son ancien école accepte de la reprendre,

à condition que la mère l'aide à apprendre ses leçons par coeur.

Chaque soir, elle me fait répéter.

Des centaines de mots, de vocabulaire,

mes tables de multiplication, mes leçons d'histoire,

la grammaire, la géographie.

Mais à l'école aussi, ça n'est pas simple.

Il y a une petite peste,

qui tourne autour en permanence et qui chanteonne.

« Elle y voit rien, elle y voit rien. »

Du coup, Maria rentre de l'école en plant.

Le lendemain matin, la mère déboule dans la classe sans frapper.

« Qui ? Qui dit à Maria qu'elle y voit rien ? Qui ? »

Et là, comme un seul homme,

tous les mommes tournent la tête vers la petite peste.

La mère file tout droit sur elle,

elle lui enfonce le doigt dans l'homoplate et elle lui dit.

« Tu ne te moques jamais plus de ma fille, d'accord ? »

Et elle s'en va, en claquant la porte.

Tu sais pourquoi tu chantes si bien, Maria ?

Parce que Dieu là-haut a fermé tes yeux,

mais à la place, il t'a donné une voie.

Et cette voie, elle va t'ouvrir des portes.

« C'est grâce à ce talent que tu vas réussir. »

Alors tous les soirs dans son lit, Maria fait une prière.

« Chers dieux, j'ai besoin de toi pour devenir vraiment quelqu'un,

pour montrer que je suis né pour une raison précise. »

Maria a déjà participé à des concours de chant, du temps où elle voyait.

Elle en a gagné un, elle avait cinq ans.

Pourquoi est-ce qu'elle a rétré, aujourd'hui, sous prétexte qu'elle ne voit plus ?

On ne chante pas avec les yeux.

Donc après l'école, elle prend des cours de chant.

Et en mai 1978, elle a treize ans,

elle chante au Maytime Festival de Dundle.

İş avec Jean-Luc

Et dans la salle, ce jour-là,

Il y a un couple d'Américains de passage, Bill et Bee, il la voit chanter dans sa petite

robe verte en velours, ils sont bouleversés et ils se mettent en tête de la faire venir

aux Etats-Unis pour se lancer dans une carrière de chanteuse, il collecte de l'argent 5 500

dollars et 6 mois plus tard, Maria débarque aux Etats-Unis avec sa mère.

Je suis surexcité, vu de notre île, l'Amérique reste un eldorado, le pays du succès, là

où on fait fortune, on croit encore si fort au rêve américain que ce voyage me paraît

incroyable à moi qui veux devenir chanteuse.

À New York, Maria est accueillie comme une star, la petite irlandaise aveugle qui chante

comme un ange, elle enchaîne les concerts, notamment dans la communauté irlandaise.

Au fil des séjours, elle va dans les plus grandes salles, New York, Chicago, Las Vegas,

mais c'est en irlande que sa carrière explose, à 17 ans, elle croise la route de John D,

qui devient son manager.

Il va falloir changer de nom ma petite, on va t'appeler Maria Christian et croit moi,

on va entendre parler de toi.

Et un jour, elle croise le compositeur irlandais Brendan Graham, un feuzeur de dupes pour l'Eurovision.

Ah, l'Eurovision, elle suit le concours depuis qu'elle est toute petite, on restait

scotché devant notre écran jusqu'à l'attribution du dernier point au dernier pays, tard dans

la nuit, comme tous les apprentis chanteurs de l'époque, je rêvais d'y participer.

Et là donc, à 19 ans, le messie de l'Eurovision lui propose sa dernière chanson, Wait Until

The Weeknd Comes, c'est une soirée télé qui décidera qui représentera l'Irlande

à l'Eurovision.

Ils sont huit finalistes et Maria est de loin la moins connue, un truc important.

Elle n'a pas dit qu'elle était aveugle, elle a juste parlé d'un petit problème

de vue.

Et elle gagne, c'est elle qui représente l'Irlande à la prochaine Eurovision à

Godborg en Suède, et puis arrive le grand soir, le 4 mai 1985 à Godborg, c'est

elle qui ouvre le balle avec Wait Until The Weeknd Comes.

Elle n'oublie aucune parole, aucun geste, aucun regard à la caméra pour donner l'illusion

qu'elle voit, et elle fait un sang faute, et elle finit 6e du concours, avec un seul

regret, ses parents n'ont pas été invités.

Quand Maria revient à Dundalk, toute la ville la clame, comme une princesse, elle

vient tout juste d'avoir 20 ans, mais si tout ça n'était qu'un mirage.

Et évidemment dans la foulée, elle enregistre son single Wait Until The Weeknd Comes, qui

de semaine en semaine atteint la 15e place du hit parade.

Elle n'a plus qu'à partir en tournée, sauf que son manager a d'autres plans.

Pendant 2 mois, il installe en résidence dans un grand hôtel de Dublin, à chanter

pour des touristes américains qui ne la connaissent pas.

Elle ne donne même pas un concert dans sa ville.

Son impresario est un nul, il est en train de couler sa carrière.

Maria part à Londres pour tenter de se relancer, elle décroche en rôle dans une

comédie musicale, Sandrillon, qui doit se jouer à belle face dans un mois et demi.

Et puis, elle fait une petite tournée aux Etats-Unis, où personne n'a jamais entendu

parler de leur vision, elle redémarre à zéro, et elle se retrouve à chanter des

ballades irlandaises.

Et c'est pas son truc, son truc c'est la pop, son truc c'est Dona Summer, c'est

Whitney Houston, c'est ça son univers ! Et donc elle rentre à Dundalk, et elle repart

à Londres et se retrouve à chanter dans les pubs, à 20 livres la soirée.

Et puis allons, on lui présente Tony, le patron d'une maison de disque, il lui demande

de chanter « Ah oui, très bien, très bien ! Dieu mettez-moi, je vais faire de toi une

star ! »

Elle enregistre deux titres en studio.

L'ingénieur du son, Harry est enthousiaste.

« Waouh, qu'est-ce que tu chantes bien ? Tu sais vraiment tout faire ? Ça va marcher,

c'est sûr ! »

Sauf Harry, la drague, et au bout d'un moment, juste avant la sortie du disque, elle met

les choses au point.

« Harry, je ne suis pas amoureuse de toi.

Tu comprends ? »

Oui, mais il insiste, il achète deux billets d'avion pour un voyage en amoureux en

Floride.

« Je suis obligé de refuser, Harry ! On en a déjà parlé ! Je ne suis pas amoureuse

de toi, et je suppose que si on part ensemble en Floride, c'est pas pour se reposer.

»

« Ok, Maria, ok, très bien, mais crois-moi, ça va pas se passer comme ça ! »

Et il s'en va, en claquant la porte.

Entre-temps, Maria rentre en Irlande pour les fêtes de Noël, et là, elle reçoit

un coup de fil glacial de Tony, le patron de la Maison de disque.

« Nous sommes très déçus par ton attitude, Maria, vis-à-vis d'Harry.

Il est vraiment attaché à toi, tu sais, c'est quelqu'un de bien.

»

« Enfin, Tony, je ne l'aime pas ! Je peux pas partir avec un homme pour qui je n'ai

pas de sentiment.

»

« Écoute, Maria, c'est très simple, tu n'as pas ce qu'il faut pour devenir

une star, d'accord ? »

Et il lui raccroche au nez.

Et le problème, c'est qu'elle n'a rien signé avec eux, aucun contraint.

Un soir, elle est dans un pub à Dundalk avec des amis, dans un coin, elle a télé-diffuse

Top of the Pops, le hit-parade anglais, et au milieu du brouhaha, elle reconnaît un

air.

« Hé, mais c'est ma chanson ! »

Elle presse le bras de son voisin.

« Qu'est-ce que tu vois à l'écran ? »

« Bah, je vois une fille, rouge, qui chante, sur un disque qui tourne. »

Elle reconnaît les coeurs, les harmonies, et même sa voix qui est mélangée à la voie

de cette fille, les salauds.

« Si j'étais parti avec Harry en Floride, c'est sans doute moi qui serai passé à

Top of the Pops.

»

« Mais, contrairement à beaucoup de gens dans le show business, je ne suis pas

stratège pour un sous.

J'ai tendance à profiter de l'instant, à m'en satisfaire, à ne pas trop penser

à l'avenir.

Je rêve, évidemment, de pouvoir vivre du champ et d'être reconnu, mais je ne suis

pas prêt à faire n'importe quoi pour y arriver.

»

Après tout ça, Maria veut revenir aux sources, revenir chez elle, en Irlande, et tant pis

chez elle doit se contenter pour vivre, de son allocation handicapé, 50 livres par

semaine.

Elle se met à l'aérobique, et elle ne chante plus.

Un matin, on fera pas sa porte, elle va ouvrir, ce sont deux jeunes missionnaires

Mormons.

Elle est très croyante, Maria, elle fait sa prière tous les jours.

L'un des deux jeunes Mormons a un accent français.

Elle est savoir pourquoi, elle se dit « Ah, celui-là, c'est mon futur mari. »

Et elle ne s'est pas trompée, parce que depuis, ils ont eu sept beaux enfants, presque

tous musiciens.

Et depuis 26 ans, Maria vit dans un petit village de Lorraine, chanteux.

Et à chanteux, eh bien elle chante toujours.

I rest in you.

When I'm feeling low, when tide's more ever than the flow, when life's just all I get

and go, my heart is home I know, when I rest in you.

Mon envie de chanter est toujours aussi grande.

Je n'ai pas de plan de carrière, pas de rêve de gloire, je voudrais juste remonter

de nouveau sur scène, donner du plaisir aux autres et surtout témoigner, cette fois

sans dissimulément handicap, que tout est vraiment possible.

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Maria Doyle perd la vue à l’âge de 9 ans mais rêve toujours de devenir chanteuse. Et à 20 ans, sans rien dire de son handicap, elle est sélectionnée pour représenter son pays d’origine, l’Irlande, au concours de l’Eurovision.