La source: Marcus Klingberg, un espion hors du commun
Radio France 7/24/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
François Sainte-Terre
Aujourd'hui, on va faire sensible l'affaire Marcus Klinberg.
Le 19 janvier 2003, à Roissy,
un vieil homme descend d'un avion en provenance de Tel Aviv.
20 ans plus tôt, jour pour jour,
il avait été arrêté par les services de sécurité intérieure israélien,
puis condamné à la peine dans prisonnement maximum,
20 ans pour espionnage au profit de l'URSS.
Cet homme s'appelle donc Marcus Klinberg.
Mais son histoire ne se résume pas à une affaire d'espionnage,
une de plus pour étendir, selon la rangue,
espion hors du commun comme si l'on existait de commun.
Celle-là commence en Pologne,
à la fin de la Première Guerre mondiale,
dans une famille juive de Marseille,
se poursuit en l'URSS au début de la seconde,
passe par la Suède, arrive en Israël
aux premières heures de l'existence de ce jeune État,
et se termine à Paris,
où Marcus Klinberg meurt en 2015,
en portant avec lui de l'ours secret
à la tête desquelles la nature exacte des informations
qu'il a livrées aux Soviétiques.
C'est l'histoire d'un homme paradoxal,
militaire décoré, sensible aux honneurs,
membre apprécié de la bonne société de Tel Aviv,
espion par conviction que nous vous racontons aujourd'hui,
un parcours de vie qui donne le tournis
et qui, esqualité, n'est pas pour nous déplaire.
Notre invité aujourd'hui, Yann Brossa,
petit-fils de Marcus Klinberg,
est l'auteur du récit L'Espion et l'Enfant,
publié chez Flamarion 2016.
Affaire sensible, une émission de François Inter,
diffusant direct, récit documentaire,
Odile Conseil, coordination franco-gnar,
réalisation Hélène Biziot.
Fabrice Drouel,
affaire sensible,
sur François Inter.
La vie de Marcus Klinberg sombre
dans un trou sans fond le 19 janvier 1983.
Ce jour-là,
ce médecin épidémiologiste doit s'envoler
de Tel Aviv vers Singapour
pour évaluer la gravité de l'explosion
d'une usine de produits chimiques.
Quelques années plus tôt,
il avait présidé le comité international
constitué après l'explosion de l'usine italienne
de Cveso, il est donc l'homme de la situation.
Mais il n'y a pas eu d'explosion à Singapour,
et Marcus Klinberg ne prendra pas l'avion.
Non, c'est un piège.
Les hommes censés l'accompagner à l'aéroport
font partie en vérité du Shin Bet,
les services de sécurité intérieure d'Israël.
Il l'emmène dans un lieu secret.
Lui signifie qu'il est en état d'arrestation,
soupçonné d'atteinte à la sûreté de l'État.
Pendant quatre jours,
Klinberg est interrogé sans relâche,
gavé de café probablement,
assaillis de questions, objets tour à tour,
d'intimidations et de promesses,
de menaces proférées à mot à peine couvert du style.
Vous avez une fille et un petit fils à Paris.
Nous connaissons leur adresse.
Jusque-là, Klinberg a nier.
Non, il n'a pas transmis d'information à l'URSS.
Non, il n'est pas un espiot.
Non, il ne voit pas ce qu'on lui reproche.
Il n'a rien fait de répréhensible.
Non, non et non.
Dénégation répétée encore et encore.
Mais pour les hommes qui l'interrogent,
le temps est un allié.
Le temps qu'un juge autorise la prolongation de la détention
sans l'assistance d'un avocat.
Et ce qui devait arriver à rire,
Marcus Klinberg finit par craquer.
Dans un autobiographie publié en France en 2015
aux éditions Nouveau Monde sous le titre
« Le dernier respion », il écrit.
En quelques secondes, ma vie a basculé.
En quelques secondes est une phrase.
D'homme libre, professeur reconnu, scientifique renommé,
je suis devenu un détenu, un suspect,
un petit homme enfermé dans une petite cellule,
dépouillé de son nom et de son identité.
Je n'étais plus qu'un espion.
La vie de Marcus Klinberg, de son vrai nom
ou de son non-complé abra mort de chaque Klinberg,
commence 65 ans plus tôt, le 7 octobre 1918 à Varsovie,
dans une famille juive orthovox ouverte à la culture.
Quand son père doit être longuement hospitalisé,
le jeune baraque, c'est ainsi que tout le monde l'appelle,
dans une famille juive orthovox ouverte à la culture.
Quand son père doit être longuement hospitalisé,
le jeune baraque, c'est ainsi que tout le monde l'appelle,
passe quelques années dans la famille de son grand-père patervel,
rabain d'une petite vie de Proche-de-Cracovie.
Il y acquiert le goût des livres,
le sens de l'organisation, inculqué par ailleurs,
par croix-tente sévère au tant qu'aimante.
Adolescents, ils rejoignent ses parents
qui se sont installés à Haute-Voch, à 25 km de la capitale,
une ville au climat plus favorable pour la fragile santé de son père.
Dans cette ville où, selon les propres mots de Klunberg,
nul par ailleurs dans ce pays résolument isémite,
le Shabbat n'était aussi magnifiquement célébré.
La vie de jeune homme, comme celle de temps en juif,
bascule dans l'horreur lorsque l'Allemagne nazi envahit la Pologne.
C'est contre la Pologne que Hitler lança
le premier assaut de la dernière guerre mondiale.
En réalité, ce fut un assassinat.
Un assassinat délibéré.
La guerre éclair dura 17 jours.
Ce n'était que le début d'un long martyre.
Klunberg est alors en quatrième année de médecine.
Sur les bandes de l'université,
le côtoie, tout à la fois les étudiants
d'une organisation fasciste qui interdit au juif
de s'asseoir à certaines places
et d'autres, antifascistes, eux,
prêts à faire le coup de poing avec les premiers.
Et à mesure qu'ils se rapprochent des antifafes,
la pratique religieuse de Klunberg s'estompe.
Juifs de naissance, peut-être,
mais de moins en moins, puis plus jamais pratiquants,
et cela, jusqu'à la fin de son désistance.
Mais pour l'instant, il s'agit de survivre,
prévenu du sort qui attend les Juifs
par un officiellement avec qui la sympathisaient,
et ils étaient vos entranchés lors de la Grande Guerre.
Le père de Marcus veut quitter le pays.
Mais la mère refuse,
persuadée que les choses finiront par se calmer.
Pressé par son père,
pour qu'au moins l'un de nous survivre,
lui dit-il, Marcus fuit vers l'URSS.
Il réussit à rejoindre Minsk,
capitale de la République soviétique de Biélorussie,
apprend le Russe,
adopte la nationalité soviétique,
termine ses études de médecine
grâce à une bourse du gouvernement.
La remise des diplômes est prévue le 23 juin 1941.
Mais la veille,
Hitler déclenche l'opération Barbarossa,
les troupes nazies envahissent l'URSS,
le pacte germano-soviétique rongue.
A six heures du matin,
M. von Reventhrop, ministre des affaires étrangères,
fait connaître à la presse allemande et internationale
la note adressée par le gouvernement du Reich
au gouvernement soviétique.
De l'océan glacial actique,
jusqu'à la mer noire,
soit sur entrons de près de 3000 km,
les forces aux Allemands donnent préposition.
Les divisions finlandaises et roumelles
marchent aux côtés des armées du Reich.
L'Italie, la Hongrie, puis la Slovaquie
se sont jointes à la croisade anti-Bolshevik.
La lutte pour la défense de l'Occident est engagée.
La plus grande offensive,
qui n'est jamais été aimée au cours de l'histoire,
est commencée.
En 1939,
l'étudiant premier à la mort
avait fui les nazis 7 fois,
le jeune médecin fort de sa nouvelle nationalité
par au combat.
Il s'engage comme volontaire
dans l'armée rouge.
C'est au cours de cette guerre,
après avoir survécu
à l'avirute initiale de l'armée soviétique
face à la Wehrmacht,
qu'il acquiert la spécialisation
qui sera la sienne au cours des 40 années suivantes,
l'épidémiologie.
En décembre 1943,
il est nommé responsable
de l'unité de lutte contre les épidémies
pour la région de Molotov,
une ville de l'Oural robotisée Perm
en 1957.
Il a 25 ans.
Un an plus tard,
il est à nouveau promu.
Résumé par ses soins,
cela donne ceci.
A mon arrivée en Union soviétique,
j'étais un réfugié juif polonais
qui n'avait pas fini ses études de médecine.
A mon départ,
en décembre 1944,
j'étais épidémiologiste
en chef de la biélorussie
et ardent communiste.
Les 5 ans passés en Union soviétique
ont suscité chez moi
une loyauté sans faille
que je n'ai jamais ressenti
ni avant ni après
pour aucun autre pays.
Mais une fois la guerre terminée,
le jeune médecin qui lui reste
en les bras choisit de retourner
en Pologne pour prendre part
à l'édification du socialisme
dans ce pays dévasté.
C'est là qu'il apprend que ses parents
et son jeune frère ont été assassinés
à Trébinka.
C'est à cette époque
qu'il rencontre Vendage Azinska,
une de micro biologiste
rescapé du ghetto de Barsovie
qui deviendra son épouse.
Vendage Azinska,
une dame d'hiveraine,
dure comme le diamant.
Interrogée elle aussi par le chine bête israélienne en 83
elle n'a jamais avoué les activités
d'écipionnage qu'elle menait
de concert avec son mari.
Par amour pour elle en tout cas
Klingmerl accepte de quitter la Pologne
où l'attendent pourtant responsabilité
et honneur en tout genre.
Mais Vendin voulait à tout prix
fuir ce pays qu'elle appelait
le grand cimetière.
Vendage Azinska à la fois son épouse
et son assistante obtiennent des visas
pour une émission en principe
de quelques semaines à Stockholm
en mai 1947.
Ils n'ont prévenu que quelques amies sûres
qu'il quittait l'URSS.
Ils resteront 3 ans en Suède.
3 années idylliques pour Vanda
qui aime ce pays calme
et qui trouve rapidement un emploi de micro biologiste.
Mais 3 années d'ennui pour lui
interdit d'exercer la médecine
de la naissance de ses diplômes
c'est là aussi que naît leur unique enfant
Sylvia.
Marcus Klingberg broît donc du noir.
Il veut quitter la trôte terne suède
pour une terre où il pourrait se battre
pour ses convictions,
donner assence à sa vie et exercer ses compétences.
Il imagine ainsi partir en Chine
rejoindre les troupes de Mao
ou celle des Hauchimines en Indochine
ou encore de faire route vers l'Ethiopie
alors durement frapper par des épidémies.
Mais faute de disposer
de contacts appropriés,
faute de mieux pour étendir,
car Klingberg, dépargationniste convaincu
eh bien ce sera la Palestine.
L'État d'Israël
dont la création est adoptée par l'ONU en novembre 1947
se déclare officiellement
indépendant quelques mois plus tard
au dernier jour du monde à Britannique sur la Palestine.
Rappel des faits
dans le documentaire de 2018
intitulé Une Terre 2 fois promise
de William Carel et Blanche Finger
diffuser sur RT.
Le 14 mai 1948
une foule en lièze déferle dans Tel Aviv
avec des drapeaux ornés de l'étoile de David.
A Tel Aviv,
puisque Jérusalem est encirclée et inaccessible,
Ben Gurion,
debout sous le portrait de Theodor Herzl
déclare d'une voie ferme,
nous proclamons la fondation de l'État juif
qui portera le nom d'État d'Israël.
Nous tendons la main de l'amitié
et de la paix à tous les États qui nous entourent.
Il y a suffisamment d'espace
dans ce pays pour nous et pour les Arabes.
Mais les paroles de Ben Gurion
restent vœux pieux.
La naissance d'Israël sonne en effet le début de la guerre
avec les États arabes voisins
et qu'une merde veut en être.
Manda se laisse convaincre,
raconte au cœur.
Nous avions quitté la polaïne pour elle,
nous avons quitté la suède pour moi, écrit Marcus.
Ainsi, l'ancien capitaine de l'armée rouge
reculte-t-il en suède une trentaine de volontaires
prêts à s'enroller dans la gana
l'armée d'Israël qui devra rapidement sale.
En novembre 1948,
les voilons partaient, mais pas en avion
comme l'avaient promis les membres de l'agence juive
avec qu'ils avaient à faire, non.
Ils échouaient à Marseille
où ils sont entassés avec 4.500 autres migrants
sur le panneau air
un navire qui traverse la Véliterranée
dans des conditions sanitaires épouvantables.
Avec en tout et pour tout
deux cabinets de toilettes
n'était pas suffisamment d'eau
ni de nourriture, premier déconvenu.
Alors arrivée à IFA,
ce n'est qu'une guerre mieux.
Vaporisation répétée de dédétés
et interminables formalités administratives
hébergement dans une misérable cabane
dans un camp d'immigrants
bienvenu au pays.
Aucune considération est accordée
à ces engagés volontaires.
Mais Marcus, fort d'un caractère résolu
et de talons médicaux certes,
trouve vite sa place en Israël
en l'occurrence dans les services de santé de l'armée.
Pour Vanda,
réticente dès le départ, avenir s'installer
dans un pays qualifié volontiers de raciste,
les choses sont plus compliquées.
Quand l'armée alloue au couple
un bel appartement qui avait appartenu
une famille palestine contrainte à l'exil,
Marcus ferme les yeux mais pas à Vanda
et a refusé d'ignorer
cette vérité qu'elle ne cesse
d'évoquer, reconnait-il.
...
My life is like a moon
I scratch so I can bleed
But could you take my words
I write so I can feed
And up grows like a tree
That's planted in my chest
It's roots are at my feet
I walk so it walks red
...
Oh baby I am lost
I said oh baby I am lost
I try to push the collar
Throw a present back to white
This ain't got different possibilities
Into a blinded light
And if love is not the key
If love is not the key
I hope that I can find
A place where they come in
...
France Inter
Affaire sensible
...
Enfant puis adolescent en Pologne,
capitaine de l'armée rouge en URSS,
le docteur Marcus Klimmerl
entame sans difficulté
une nouvelle vie en Israël.
En 1972, ils font
l'Institut de recherche en médecine militaire
qui a pour vocation d'étudier
les maladies contagieuses
et leur propagation au sein des armées.
Cette même année,
il est appelé à contrôler
la sécurisation de laboratoire
nouvellement construit,
à Ness Zyoda, près de Tel Aviv,
en vue d'y installer
un Institut de recherche biologique.
Quatre ans plus tard,
il est embauché sur ce site,
il en devient rapidement
le directeur scientifique Aljon.
Bien.
Mais il se trouve que Ness Zyoda
n'est pas un centre de recherche ordinaire.
Voici ce qui écrivait,
à son sujet, un journaliste britannique
dans le Journalier Observer en 2014.
Ness Zyoda était l'un des principaux
laboratoires de recherche
du monde occidental
en matière d'armement chimique
et biologique.
On y travaillait sur des gaz
neurotoxiques, comme le sarin,
le tabin,
l'agent inervant VX
et d'autres agents incapacitants.
Les chercheurs y étudiaient aussi
de façon dont les insectes
pouvaient transmettre la peste,
le typhus et la rage,
autant de maladies
qui figurait également
dans l'arsenal militaire
des États-Unis,
avant que ceci
ne renonce unilatéralement
à la production d'armes
de ce type en 1969.
Cette interdiction a précore
dans un traité international,
la Convention sur les armes
biologiques de 1972,
qu'Israël n'a jamais ratifié.
On imagine que tout ce qui travaille
dans ce labo,
placé sous le contrôle direct
du premier ministre israélien
et dont les travaux
au relève du secret le plus absolu
sont étroitement surveillés.
Mais cela n'a pas empêché
Marcus Clinber
de transmettre des informations
soviétiques
sans être le moins
du monde suspecté.
Plus ça engueulit encore,
à Naziona,
c'est lui,
qui avait la responsabilité
des procédures de sécurité
et il veillait scrupuleusement
à leur application.
Sa carrière d'essipion
commence ainsi de façon
indignée en 1950.
Par l'intermédiaire d'amis
à qui il a longuement raconté
son histoire,
il rencontre un certain Victor,
un russe
avec qui il a plaisir
à échanger
et pratiquer sa langue.
L'homme est charmant,
s'intéresse à la vie
de Clinberle,
lui fait raconter en détail
sa jeunesse en Pologne,
ses allées de guerre
dans l'armée rouge,
son arrivée en Israël.
Il prend toujours des nouvelles
de Vanda et de Sylvia.
Bref,
Marcus Clinberle
apprécie tous ses moments
à s'accompagner.
Les deux se voient d'abord
lors de promenades en voiture,
puis,
peu à peu,
de façon lui discrète.
Le passé de Clinberle
étant un sujet épuisé,
les conversations
portaient désormais
sur les recherches
menées par le scientifique
et ses équipes.
Dans un premier temps,
il ne s'agit pas
de dossier confidentiel.
Mais Clinberle
n'est pas dupe.
C'est du moins
qu'il écrira ultérieurement
dans son autobiographie.
Nous étions amis,
mais je savais
que j'étais une source
d'information.
Victor
orchestrait
l'évolution
de nos relations
en virtuose.
Par son éducation,
sa rigueur idéologique
et sa chaleur amicale,
il était
la personification
du monde
que j'avais laissé
derrière moi.
Il incarnait
ce qui avait donné
sens à ma vie
au cours des deux décennies
précédentes,
un sens
que je cherchais
en vain
dans mon nouveau pays,
dans cet état
dont l'ambition
était de mettre
au monde
un nouveau juif
bélicueux
capable de se substituer
au juif
de la diaspora.
Au fil des mois
et de la croissance
de ses responsabilités,
Marcus Clinberle
est désormais
de Vanda,
qui a été mis au courant,
livre des informations
à Victor.
Celui-ci
est en réalité
le premier secrétaire
dans la bassin soviétique
à Tel Aviv
et il est l'homme
du KGB sur place.
A plusieurs reprises
dans le récit qu'il fait
de ses années,
Marcus Clinberle
souligne qu'il n'a
aucunement le sentiment
de trahir.
Cela peut sembler
parfaitement normal,
d'ailleurs si l'on se
souvient que l'URSS
a été un allié
précieux d'Israël
lors de ses premières
années d'existence.
Moscou, oui,
a soutenu
sans réserve
la création d'un état
pour les Juifs
à la tribune de l'ONU
en novembre 1947
et elle a été
le premier pays à reconnaître
officiellement Israël
le 17 mai 1948.
Et bien plus encore,
rappelle l'historien
journaliste Dominique Vidal
dans le livre
Israël naissance d'un état
parut tout récemment
chez leur matin.
A partir de la fin mars 1948,
Staline fait livrer
à la Hagana
de grandes quantités
d'armement,
y compris des chars
et des avions.
Ben Gurion le reconnaîtra
à 20 ans plus tard.
Les armes de chèque
ont sauvé le pays.
Elles constituèrent
l'aide la plus importante
que nous ayons obtenu.
Je doute fort que,
sans elles,
nous aurions pu survivre
au premier mois de guerre.
Arcus Lundberg, lui,
poursuit sa brille en carrière,
accumule les honneurs
et les invitations à l'étranger.
Il s'offre aussi
une année sabbatique d'un an
à Filet Delphi,
bref, la belle vie.
En 1959,
Victor,
le séviétique,
ayant été rappelé à Moscou,
il est flanqué
d'un nouvel officier traitant.
Alors, il poursuit
ses rendez-vous,
toujours à la demande
de son interlocuteur,
toujours de façon
désintéressée.
Oui, mais il affirmement,
et à plusieurs reprises,
refusait la moindre rémunération
pour ses informations.
Mais en 1967,
après la guerre des six jours,
l'URSS ronds ses relations
diplomatiques avec Tel Aviv.
L'agent du KGB
fait ses adieux au médecin,
qui finalement
se sent quitte
vis-à-vis de l'URSS.
Mais Moscou
ne l'entend pas
de cette oreille.
Au début des années 70,
le centre, comme on l'appelle,
reprend en contact avec lui.
Les rendez-vous auront désormais
lieu à Genève,
où Marcus se rend fréquemment
pour des conférences
ou des enseignements.
Mais il est de plus en plus inquiet.
Il se sent parfois suivi,
son épouse aussi,
leur téléphone
a l'air d'être mis sur écoute.
Il estiment d'outre
d'avoir pu rien offrir.
Et met donc fin
à ses relations avec l'URSS
en 1976,
comme soulagé.
Enfin, si l'on peut dire,
qu'à autre temps,
il y a eu des alertes.
En 1965,
il est interrogé pendant plusieurs heures
par le Chinebette,
soupçonné d'espionnage
au profit de la polonie.
Où il n'a pas le mal
à protester son innocence,
ni à passer au détecteur
de mensonge
pour la bonne et simple raison,
qu'il n'a alors rien à voir
avec la polonie.
Quelques jours plus tard,
l'épisode
lui vaut quand même
une crise cardiaque.
Et là,
Ginmergue réalise
contre les premiers échanges
de 1950
et ceux du milieu
des années 60,
la situation a considérablement
changé.
Et il le reconnaît.
Pour la première fois,
je voyais mes relations
avec l'ambassade soviétique
sous leur angle pénale.
Ce qui n'était qu'une série
de rencontres presque innocentes
entre un jeune lieutenant colonel
sans importance
et un amical diplomate étranger.
C'était transformé
en une relation d'espionnage clandestine
entre le directeur scientifique
adjoint
de l'institut semi-confidentiel
de Ness Siona
et son officier traitant soviétique.
En 1975,
Biss Repetita,
de Shinbut,
de cuisine longue,
quels ont été ses voyages
à l'étranger
au cours des dernières années,
pour y faire quoi
à l'invitation de qui
et pour y rencontrer qui.
Pourtant,
l'affaire en reste,
là, cette fois encore,
mais l'inquiétude gagne
et la santé de Klingberg
commence à se détériorer
depuis une maladie artérielle
décédée en 1977.
Déceler en 1977.
C'est le point que Vanda et lui
décident de laisser tout cela derrière eux.
Ils prévoient de quitter Israël
le 1er février 1983
pour Paris
où vivent leur fils,
Sylvia et son fils,
Yann,
né en 1980.
Mais quelques jours avant cette date
qui doit les faire changer de vie,
Klingberg est arrêté
et pour le coup,
il va changer de vie
mais pas comme il l'espérait.
Pendant les 10 années qui vont suivre,
il disparaîtra de tous les radars,
purement et simplement.
En fait,
Marquis Klingberg est arrêté,
jugé à Huitklo,
condamné pour espionnage
à 20 ans de prison,
la paix de Maximal.
Pire encore,
le plus grand espion soviétique
en Israël,
comme la presse l'a appelé,
est emprisonné sous une autre identité.
Pour tous les pensionnaires Vashkelon,
qui hébergent
tous les prisonniers dits de sécurité,
et essentiellement palestinien,
mais aussi pour les gardiens,
pour le personnel de l'infirmerie,
que le condamné fréquentent souvent,
et même pour le directeur,
il étabra Klingberg,
éditeur d'ouvrage de sciences humaines.
Pour ses collègues,
Ness Yona,
pour ses amis,
pour tous,
Marquis Klingberg,
c'est purement et simplement volatilisé.
Toutes ces archives
personnelles et professionnelles
sont impitoyablement brûles.
Et pour que le tableau soit complet,
le Chinebet fait courir le bruit
qui les soigne dans une clinique étrangère
pour des raisons psychiatriques.
Seuls ces très proches sont au courant,
Vanda, bien sûr,
Sylvia, bien sûr,
un ou deux amis,
peut-être cinq personnes en tout
qui sont priées de ce terre,
sous peine de voir leurs droits de visite supprimés.
Au vacances colères,
Sylvia et son fils Yann,
viennent voir le prisonnier.
La première fois,
le jeune garçon, à trois ans,
on lui a dit que son grand-père
était à l'hôpital.
Il le relate ainsi
dans l'enfant et l'espion
paruant en 2017 chez Flamarion.
Quand nous arrivions enfin à l'hôpital,
nous devions faire la queue.
Il y avait des soldats et des chiens
pour garder cet endroit.
Et une tour,
avec un haut-parleur
dans lequel un homme criait fort.
Après,
on accédait un long couloir
où l'on entendait plein de gens
crier dans des langues étrangères,
au milieu des bruits de clés,
de gris qui claquent.
Et puis une porte s'ouvrait,
et Saba était là.
Saba, alias, grand-père,
va passer 16 ans à Schelon
jusqu'à ses 80 ans.
Il survit à trois tentatives de suicide,
à une santé de plus en plus défaillante,
à des soins inadaptés
procurés en prison par des personnes
à qui il n'a pas le droit de dire
que lui et médecin
et que les traitements qu'il prescrivent
font pire que mieux.
En France,
Sylvia prend contact avec l'avocat Antoine Comte.
Je la vois ces dernières de savoir interdire
l'entrée en Israël
et les visites à son père
pendant plusieurs années.
L'avocat frappe à la porte de l'ambassade
de l'URSS à Paris
avec un discours simple.
Il vous a aidé pendant des années
à votre tour, maintenant.
Son confrère est allemand,
Wolfgang Wojel,
spécialiste des échanges
de prisonniers east-west
et de la partie.
Les discussions commencent.
Antoine Comte le racontait récemment
dans l'émission avouannue
sur France culture.
Ça donne lieu
à ce que j'appelle un marchandage mondial
mais hallucinant
qui se passe dans mon bureau.
Je suis avec Sylvia
qui fait la traduction
puisque elle parlait allemand.
Wojel ne parlait qu'allemand.
Ensuite, il y a
l'avocat israélien
qui lui parlait anglais,
quand même.
Et là,
c'est une discussion à deux.
On regarde les mouches volées,
si j'ose dire,
mais ce n'est pas des mouches,
ce sont les espions.
Alors,
l'israélien dit
qu'on veut
le pilote d'avion
qui s'appelle Ron Arad
et qu'il a été descendu
par les Syriens
dans la guerre israélo-palestinienne
libanaises de 80 calques.
Israélien dit
moi je veux aussi
aux États-Unis polar
qui faisaient de l'espionnage
pour Israël
et qui a été condamné
à 30 ans de prison.
Il est sorti d'ailleurs l'année dernière.
Donc
et nous disions
plutôt Vogel disait
bah nous on veut Klingberg.
L'affaire est sur le point d'aboutir
l'avocat Vogel
via un personnage
que l'on informe
Klingberg
qu'il peut faire sa valise.
Mais l'armée israélienne
fait inextrémis capoter l'échange
puisque l'URSS s'effondre.
Donc, plus d'espoir de ce côté.
C'est la santé très dégradée
de Marcus Klingberg
a sorti d'une tonitruante
campagne médiatique
en Israël comme en France
qui finalement permet sa libération
mais des années plus tard.
Entre temps,
l'Etat hébreu a fini par lever le secret
sur celui qu'on a appelé
le masque d'affaires israéliens
suite aux révélations
ou du moins
aux questions de quelques jour
nos étrangers.
En 1993
il redevient Klingberg
mais les portes de la prison
restent obstinément fermées.
En France, un an plus tard
un appel rédigé par l'écrivain
signé par une ribrembelle de personnalité
demande un geste humanitaire
et rappel
que les faits ont été commis
dans un contexte politique
qui semble appartenir aujourd'hui
à un passé révolu.
En Israël,
des parlementaires de Thubor
font la même demande.
Des minants médecins
leur emboîtent le pas
mais les démarches
pour aboutir à une libération
anticipée sont rejetées
les unes après les autres.
Bien de voir ça,
on donne une explication
dans l'enfant et l'espion.
Pour le Chine Bête,
c'était une question d'honneur.
Marcus Klingberg était à la fois
leur plus belle prise de guerre
et leur plus grave échec
puisqu'ils avaient mis
presque 30 ans à l'attraper.
Il voulait donc qu'il paie
jusqu'au bout.
Par principe.
Par cette brutalité stupide
que ma grand-mère aïcée
par inhumanité.
Il faudra attendre l'année 1998
et une énième demande de libération
pour que celui qui est devenu
le plus vieux prisonnier d'Israël
puisse retrouver son chez lui.
Mais ce n'est pas vraiment une libération.
Pendant cinq ans encore,
dans son appartement d'Étel-à-Vive
équipé assez frais,
de barreaux, fenêtres
et de caméras un peu partout,
il vit sous étroits de surveillance.
C'est le moins qu'on puisse dire.
Le Chine Bête et le Malmab,
le service de contra-espionnage
de l'armée,
s'acharnent à punir ce vieil homme
qu'il persiste à présenter
comme un danger possible
pour la sécurité du pays.
Avec un argument pour le moins original,
Klinberg n'a pas l'intention
de nuire à la sécurité d'Israël,
mais il y a des choses
qu'il ignore savoir.
Si on le met en liberté,
il pourrait les divulguer
involontairement.
Commentaire de l'intéresser ?
Irréfutable, assurément.
Comment pouvais-je prouver
que je ne savais pas
ce que d'après eux
je ne savais pas que je savais ?
Enfin, en 2003, libre,
il rejoint en France
à fille et son petit-fils.
Mais pas Vanda,
morte 13 ans plus tôt
d'une crise cardiaque à Paris.
C'est aussi à Paris.
Rue Claude Bernard,
que Marcus Klinberg s'était
atteint le 30 novembre 2015
à l'âge de 97 ans.
Après avoir, selon les mots
de son petit-fils,
résisté à la famine,
à la barbarie nazie,
à la guerre,
au chagrin d'après-guerre,
au virus,
aux bactéries manipulées
pendant des années,
aux interrogatoires musclées,
aux menaces et aux intimidations,
à son veuvage,
aux humiliations carcérales,
n'en jetez plus.
Mais au-delà de ce parcours romanesque,
la vie de Marcus Klinberg
laisse plusieurs questions en suspens.
Pourquoi cet homme
qui était si sensible aux honneurs,
qui exigeait toujours
une majuscule à son titre de directeur,
qui était entouré d'amis,
respecté par ses peurs,
invité à donner des conférences
et à enseigner à l'étranger,
pourquoi ?
À qui livraient des informations
à un pays vu par Israël
comme un ennemi après 1967
et la guerre des six jours,
en l'occurrence l'URSS ?
Le philosophe Alhambrosa,
qui fut un temps l'époux de Silya Klinberg,
avance une réponse
dans l'ouvrage
à Jean de Moscou,
publié chez Gallimard en 1988.
Sa manière d'être injuste
fut de refuser l'ingratitude.
Ayant changé de monde,
étant parvenu
à un port sûr en Occident,
il s'est refusé à oublier sa dette,
à se tourner en déçu
du socialisme réel.
Sa fidélité n'allait nullement
au communisme en général,
mais plus simplement à la communauté,
à la terre qu'il avait recueillie,
sauvée et faite homme,
l'URSS en guerre.
Il fut simplement
un homme doté de mémoire
et qu'il ne voulait pas oublier.
De son côté,
l'intéressé affirme
n'avoir jamais eu le sentiment
d'agir contre Israël,
mais bel et bien
pour un équilibre mondial.
Voici comment il l'explique
dans le film Un pur respion
de Rémi Léner,
produit par Little Big
dans La Diffusion
et prévu cet automne.
C'est la voix de Marcus Klingberg
que vous allez entendre
enregistrée par son avocat
Michael Svar.
Pour moi,
un scientifique
devrait faire fi des frontières.
Je trouvais
qu'Israël
faisait mauvaise route
et se devait
de rester neutre.
Si
j'avais connaissance
de secrets importants
pour la sécurité du monde,
alors
il me semblait
que les deux blocs
devaient en avoir connaissance.
L'autre grande question
tient à la teneur exacte
des informations livrées par Klingberg
concernant les armes chimiques
et biologiques
mises au point à Nézioda.
Nous ne le savons pas
et nous ne le saurons
probablement jamais.
Une fois libérée,
une fois revient en France,
le biome n'apparaît
plus à promesse de silence.
Sa liberté
était à ce prix.
La vie de ses proches aussi,
sans doute.
Voici ces propos
qui ouvrent
et qui ferment le film
de Rémy Léner
intitulé
Impurrecipion
produit par Little Big Story.
Sur ma tombe,
elle veut qu'on écrive
ni professeur,
ni docteur,
mais seulement
Marcus,
dîne,
marèque.
Klingberg.
Combatant antifasciste.
On pourrait aussi
ajouter
protecteur
des secret du KGB.
Sous-titrage ST' 501
...
...
...
...
...
...
...
Vous vous écoutez
la fin sensible
qui vous raconte
Marcus Klingberg
et nous allons en parler
avec notre invité
Yann Bressa.
Bonjour.
Bonjour.
Alors la différence
entre vous et moi
et entre vous et tous les autres
qui nous écoutent
c'est que
vous connaissez
Marcus Klingberg
mieux que personne
puisque vous êtes
son petit-fils
et vous avez raconté
votre vie
d'enfant notamment
dans ce livre
l'espion
et l'enfant.
Alors puisque
vous l'avez côtoyé
beaucoup d'ailleurs
quand il était à Paris
entre 2003
et 2015
et son histoire
on vient de la raconter
on ne connaît pas l'homme
quel genre d'homme
était-il
son caractère
ses habitudes
vraiment l'homme ?
Mon grand-père
était au fond
assez différent
de l'image
qu'on peut se faire
d'un espion
mon grand-père était
quelqu'un
de très chaleureux
de pas secret du tout
en apparence
d'assez séducteur
d'assez hableur
qu'il y avait finalement
les qualités
d'un élu local
vous voyez c'est quelqu'un
qui sert à les mains
qui était sympathique
et donc
assez éloigné
de ce qu'on s'imagine
ce qu'il peut être
un espion
oui tout à fait
ma grand-mère avait
plus le caractère
d'une espion
mon grand-père
pas du tout
votre grand-père avait
apparemment une mémoire extraordinaire
une fois en France
vous a-t-il
raconté milliers
uns souvenirs
de sa vie d'avant
de la Pologne
de la guerre
de son travail
de ses recherches
ou finalement
est-ce qu'il a tout dit
dans son livre
est-ce qu'il vous en a dit plus ?
non
enfin mon grand-père me parlait
beaucoup de la guerre
parce que je pense que
l'épisode qu'il a
le plus marqué
dans sa vie
c'est la guerre
l'armée rouge
c'est l'armée rouge
c'est l'engagement
dans l'armée rouge
le combat antifasciste
c'était le combat de sa vie
et c'est ce qui explique
tout le reste
donc mon grand-père
me parlait beaucoup de ça
et il ne m'a jamais parlé
par exemple
des secrets qu'il a livrés
au soviétique
dans le cadre
de ses activités d'espionnat
même quand vous étiez
plus enfant
même quand
même plus tard
même quand on était à Paris
parce que me disait-il
c'était un moyen
de me protéger
mon grand-père me disait
si jamais tu sais
tu finiras
dans le coffre
d'une voiture
donc mon grand-père
était convaincu
que nous livrer ces secrets-là
c'était nous mettre en danger
et c'est ce qui explique
qu'il a gardé le secret
pourquoi avez-vous écrit
ce livre
alors que Marcus avait écrit
son taux bibliographie déjà
parce que j'avais envie
de raconter cette histoire
de mon propre point de vue
et j'avais aussi envie
de raconter ce que c'est
que l'amour qu'on peut éprouver
pour un grand-père
y compris
un grand-père
qui a été condamné
à une peine aussi lourde
j'avais envie de raconter
cette histoire-là
qui est une histoire
qui incontestablement
m'a marquée
et à sans doute aussi
forgé mon engagement
un amour pour son grand-père
il y a de l'admiration aussi
de votre part
oui il y a de l'admiration
dans la capacité
à résister à tout
moi ce que je trouve
incroyable dans l'histoire
de mon grand-père
c'est cette capacité
à tenir
à tenir malgré tout
quel que soit les circonstances
moi j'ai connu
dans un premier temps
mon grand-père
uniquement derrière les barraux
puisque quand il a été
incarcéré j'avais 3 ans
et quand il est parti
j'en avais 19
puisqu'il est resté 16 ans
en prison
à Ashkelon
comme vous l'avez raconté tout à l'heure
et j'ai toujours été impressionné
par cette capacité à résister
à vrai dire
quand mon grand-père a été
mis en prison
personne ne pensait
qu'il en sortirait libre
notre avocat à l'époque
ça m'a été raconté
par la suite
nous a dit
il en sortira mort
Michael Spar
sans son avocat du départ
et en réalité
cet avocat-là
est mort avant lui
et donc
mon grand-père avait cette capacité
à tenir
et s'il tenait
c'est qu'il était tout le temps
en position de combat
moi quand je rendais visite
à mon grand-père
en prison
si par exemple
le maton lui supprimait
une minute de temps de parloir
c'était un scandale
dans toute la prison
donc mon grand-père
ne laissait rien passer
et c'est
je pense
une des leçons que j'ai tiré
tout ça c'est que
pour tenir
quand on est confronté
à cette adversité-là
il faut être
dans une posture de combat
et ne jamais
ne jamais courber les Chines
alors l'affiliation
communiste
est évidente
vous l'avez dit
tout à l'heure
qu'est-ce qu'il vous disait
du communisme
comment vous présentez-t-il
la chose
à une époque
ou évidemment
dans le corps occidental
on se disait
mais comment on peut
être communiste
comment on peut adhérer
à une idée
qui a débouché
un régime totalitaire
ça c'est le grand débat
des années 70 et 80
pour être franc
j'ai pas subi d'aujourd'hui
de toute façon il n'y a plus
de recesses mais
à l'époque
mon grand-père
ne m'a pas inculqué
une idéologie
et il n'était pas
par ailleurs lui-même
un grand théoricien
du communisme
mon grand-père
a été
marqué
par la 2e guerre mondiale
et incontestablement
attaché
à un idéal
de justice sociale
ça ne l'empêchait pas
par ailleurs
à la fin de sa vie
d'avoir quand même
heureusement
un regard critique
sur ce que
l'Union soviétique
était devenu
on m'en reparlait
non pas l'Union soviétique
mais de
le parcours de votre grand-père
dans 3 minutes
après avoir écouté
Louis Attac
sortir de l'ordinaire
oui je suis né ici
sur la planète de terre
les hommes sont pressés
les hommes sont sincères
certains ont de l'espace
si on a d'autres qui se servent
certains sont amoureux
d'autres si solitaires
certains sont vols au vent
d'autres creuses de la terre
il y a les partisans
il y a les réfractaires
il y a ceux qui font la paix
il y a ceux qui font la guerre
qui veulent entrer dans l'histoire
entrer dans la lumière
mais la plupart voudraient
juste sortir de l'ordinaire
je suis venu au monde
sur une énorme sphère
oui je suis né ici
sur la planète de terre
certains sont délicieux
d'autres devraient buxer
certains sont silencieux
d'autres devraient commercer
certains sont avec eux-mêmes
heureux et se tolèrent
mais la plupart voudraient
juste sortir de l'ordinaire
je suis venu au monde
sur une énorme sphère
oui je suis né ici
sur la planète de terre
des élégants
qu'ont d'autres fonds
des commentaires
il y a ceux qui sont entiers
les autres sur les nerfs
qui veulent entrer dans l'histoire
entrer dans la lumière
mais la plupart voudraient
juste sortir de l'ordinaire
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
s'inquiétirashio
Mais la plupart voudraient juste sortir de l'ordinaire.
France Inter.
Affaire sensible.
Fabrice Drouel.
Yann Bressat, vous avez vu votre grand-père en prison très souvent que ressent un enfant
quand il voit un proche, un très proche, un grand-père c'est très proche, en prison.
Ça pourrait être de la honte, mais en l'occurrence jamais.
Moi je n'ai jamais ressenti ça.
De l'humiliation, oui.
De l'humiliation, oui.
J'étais môme, on se faisait fouiller à l'entrée.
C'est humiliant.
Des gens qui avaient été des amis de la famille et qui changeaient de trottoir quand ils nous voyaient.
Ça oui, mais je n'en ai jamais ressenti de la honte.
Plutôt une volonté de se battre pour qu'il soit libre.
Le combat de ma vie quand j'étais gosse jusqu'à mes 19 ans,
c'était d'obtenir, de voir un jour mon grand-père libre.
Et on n'a fini par y arriver.
Une hiverté qui n'était pas totale ?
Non, parce qu'effectivement pendant plusieurs années, pendant plus de quatre ans,
il était à la maison, mais enfin il était incarcéré à la maison
puisqu'il y avait un gardien qui était chargé de le surveiller.
Ce qui d'ailleurs nous rendait complètement dingue.
Avoir quelqu'un chez soi qui est là pour vous surveiller, c'est quand même assez particulier.
C'est quelqu'un qui était autour de la maison ?
Dans l'appartement.
Qui d'ailleurs, quand mon grand-père discutait avec des amis et parlait dans une langue étrangère,
lui disait de changer de langue pour qu'il puisse comprendre et prendre des notes.
C'était assez particulier.
Ce secret dans lequel vous avez vécu, alors que vous auriez pu briller aux yeux de vos camarades de classe,
c'est quand même assez romanesque, ça a pesé sur vos jeunes années
et dans vos rapports sociaux avec les gens de votre âge ou pas ?
Je pense pas parce que j'avais deux vies parallèles.
J'avais ma vie en France, ma scolarité, mes amis d'école
et j'avais les vacances scolaires au cours desquelles je rendais visite à mon grand-père.
Mais c'était deux vies qui ne se mélangaient pas et de toute façon j'étais tenu au secret.
Pendant plusieurs années, j'étais tenu au secret et si jamais je dévoilais l'histoire,
le risque c'était d'être privé de visite.
D'ailleurs, j'avais un exemple sous mes yeux puisque ma mère a été privée de visite pendant plusieurs années
parce qu'elle en avait parlé à un avocat français
et d'ailleurs pendant cette période-là, je rendais visite à mon grand-père sans ma mère.
Donc de toute façon, il fallait pas en parler.
Notre mère, Sylvia Klingsberg, brossa, disparu en octobre 2019,
celle qui a traduit, je rappelle, en français d'auto-mographie de Marcus Klingsberg, paru à l'origine,
en hébreu, elle avait eu de relations tendues avec son père quand jeune femme,
elle militaitait dans un mouvement d'extrême gauche antitionniste, elle s'appelle Matspen,
elle condamnait aussi violemment la politique menée par Israël vis-à-vis des Palestiniens.
Vous avez parlé de cette période des reproches qu'elle faisait à son père,
des tensions qu'il pouvait y avoir sur ce terrain politique ?
Oui, bien sûr, parce que ma mère était effectivement une militante d'extrême gauche
qui ne savait évidemment pas à quoi, pendant des années, mon grand-père se livrait
et donc elle le voyait comme un homme du système
et donc je sais qu'ils ont été en conflit pendant de très nombreuses années.
Le sentiment que j'ai, c'est que finalement,
c'est cette révélation de l'espionnage et l'incarcération de mon grand-père qui les a rapprochés
et en réalité, à partir du moment où mon grand-père a été emprisonné,
ma mère a consacré sa vie à son père.
Que vous, sur le fond, l'argument de votre grand-père,
quand tu le dis, j'ai pas eu l'impression de trahir,
parce qu'après tout, l'URSS a beaucoup de vrai pour la création de l'État d'Israël,
mais après ça a changé, après la guerre, c'est toujours ma faveur.
Voilà, moi, j'ai né un pays ami, finalement.
Je crois que ça passe, ça.
J'ai du mal à croire à ces explications et j'ai un peu tendance
à y voir une espèce de lecture rétrospective.
Ce que je pense fondamentalement, c'est que mon grand-père a agi
parce qu'il avait un sentiment de dette vis-à-vis des Soviétiques
et que le seul pays pour lequel il avait un vrai attachement,
c'était l'Union Soviétique, parce qu'elle lui avait permis de survivre
et de combattre les nazis qui ont assassiné ses parents et son frère.
En réalité, c'est ça, l'histoire.
C'est une affaire de dette et de loyauté,
ce qui peut paraître un peu paradoxal pour un espion.
Mais au fond, c'est pour moi d'abord une histoire de loyauté.
Quel est le sentiment de la famille vis-à-vis d'Israël, globalement ?
Ça fait partie de votre vie.
Bien sûr, en tout cas, j'ai un peu de colère, évidemment.
Et puis, il n'y a pas que l'histoire de mon grand-père.
Cette affaire a fait que j'ai vu des choses qui m'ont marquées à vie.
Vous savez, l'essentiel des prisons en Israël, elles sont remplies de prisonniers palestiniens
et quand nous, nous attendions pour rendre visite à mon grand-père, à côté de nous,
il y avait des familles palestiniennes qui attendaient pendant des heures.
Et moi, c'est des choses qui m'ont marquées.
Parce que, bon, nous, on était certes des parias, mais on était à peu près traités correctement.
Eux, ce n'était pas le cas.
À la mort, remarque-tu, Skunberg, les médias israéliens ont évoqué les tords immenses.
Ce serait ma dernière question.
Les tords immenses qu'il aurait causé à Israël en livrant des secrets sur les armes chimiques et biologiques fabriquées à Ness Jona.
Qu'en pensez-vous ? C'est exact ? C'est pas exact ? Qu'est-ce qu'on peut dire ?
Personne n'est capable de le dire.
Oui, c'est pour ça que je pose la question.
Personne ne sait exactement ce que mon grand-père a livré.
Je ne le sais pas non plus, mais la vraie question, le vrai scandale,
c'est pas que mon grand-père ait livré ses secrets.
Le vrai scandale, si tant est qu'il l'ait fait, mais le vrai scandale, c'est de les avoir fabriqués.
C'est quand même une question redoutable.
Qu'est-ce qui fait que Israël a refusé de signer les traités sur les armes chimiques et bactériologiques
et a produit pendant des dizaines d'années ?
C'est ça le prix, c'est ça le vrai sujet.
Je reviens, parce que j'ai encore une minute sur une question que je n'ai pas eu le temps de vous poser.
Je vous pose maintenant, pourquoi la Pologne ? Pourquoi ce choix de la Pologne ?
Ce choix ?
De Marcus Klingberg, de construire le socialisme en Pologne.
Je n'aurais pas voulu dire, je...
Non, je...
Non, mais c'est pas que c'est vous, c'est vrai.
Norfand et l'Espion, donc chez Flamarion, vous vous racontez...
Il y a le vrai ça, c'est cette histoire qui est à la fois une histoire personnelle avec notre grand-père
et puis qui traverse les soubres soins de l'histoire, et ça nous montre aussi
à quel point nos générations, la mienne, la vôtre,
n'ont pas connu ces soubres soins de l'histoire ces périodes tragiques.
Votre grand-père, en vanche lui, l'accudu, il a été balotté par tout ça,
c'est vraiment une grande différence entre les générations.
Viens, le broçage, merci.
Merci à vous.
Au revoir.
C'était Affaire Sensible aujourd'hui la vie de Marcus Klingberg,
une émission que vous pouvez réécouter en podcast, bien sûr,
à la technique qu'aujourd'hui il y avait Guillaume Roux.
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:54:40 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Le 19 janvier 2003, à Roissy, un vieillard descend d’un avion en provenance de Tel Aviv. Vingt ans plus tôt, jour pour jour, il avait été arrêté par les services de sécurité intérieure israéliens, puis condamné à la peine d’emprisonnement maximum pour espionnage au profit de l’URSS. - réalisé par : Helene Bizieau