Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Ludivine Chambet, l’aide-soignante meurtrière
Europe 1 10/6/23 - 43m - PDF Transcript
Mais réveillez-vous les gars ! Vous n'avez jamais joué aussi mal !
Le sourire là, tu crois qu'il va le garder longtemps ?
Ah oui, en moins trois mois.
Préparez-vous à garder le sourire.
Pendant les portes ouvertes Volkswagen du 13 au 16 octobre,
profitez de trois mois de loyer offert sur l'ID 400% électrique
éligible aux bonus écologiques.
LLD 37 mois, premier loyer 4000€ après d'éduction du bonus écologique
et de l'après-mais la conversion.
Puis 33 loyers de 369€ si acceptation par Volkswagen Bank.
Valable sur une sélection de véhicules, condition sur Volkswagen.fr.
Au quotidien, prenez les transports en commun.
Entre septembre 2012 et septembre 2013,
Ludivine Chambé est soignant dans un épat de l'hôpital de Chambéry
en poison très pensionnaire, dix décennies.
Ouvrons ensemble la Côte B du dossier d'instruction de Ludivine Chambé.
Christophe Andelat
Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction
contient un sous-dossier appelé Côte B.
Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues
et de l'enquêteur de personnalité.
Ouvrons l'un de ces dossiers.
En novembre 2013, la direction de l'épate du César Lé à Chambéry
est confrontée à un étrange phénomène.
Sur tout un étage de la résidence, 13 patients sont pris tout d'un coup de malaise.
10 en meurs, seul 3 survient.
Il apparaît qu'à chaque fois qu'un résident était pris d'un malaise soudain,
une aide soignante était toujours là.
Ludivine Chambé, 30 ans.
Le 10 décembre 2013, la juge d'instruction place Ludivine Chambé en garde à vue
et l'aide soignante jusque la sens histoire craque.
Oui, c'est moi qui ai fait ça, mais je voulais pas les tuer.
Je voulais seulement les apaiser.
Il n'allait pas très bien.
On sent qu'on est quand même dans une affaire qui est hors du commun.
On regarde notamment des faits, mais aussi la personnalité de la personne
mise en cause et particulière.
Jean-Luc Boujant, les faits se sont étalés sur une année.
Et aujourd'hui, les familles se demandent comment les choses ont pu durer aussi longtemps
sans que la direction de l'Épa ne s'en aperçoive.
Le premier empoisonnement a lieu à l'automne 2012, le 13e, le 27 novembre 2013.
C'est ce dernier cas qui alerte les médecins.
Des analystes psychologiques sur une femme de 83 ans décédée brutalement révèlent
la présence de quatre psychotropes qui ne faisaient pas partie de son traitement.
On se penche alors sur d'autres morts récentes qui ont eu lieu dans l'établissement
et on se rend compte que le nom Ludivine Chambé revient à chaque fois.
Elle ne décollère pas.
Colette Pillet pensait que sa mère, 88 ans, était décédée de morts naturels.
Un accident cérébral mi-novembre.
Mais en réalité, c'est une des six victimes à qui Ludivine Chambé
a avoué avoir administré une forte dose de psychotropes.
C'est très très dur.
C'est déjà dur d'accepter d'un AVC,
mais alors quand on vous dit qu'elle a été empoisonnée, non, on n'accepte pas.
D'abord prévenu par la police, Colette Pillet accompagné de son mari
a été reçu cet après-midi par la direction de l'hôpital
avec l'envie, le besoin de comprendre ce qui, pour eux, reste incompréhensible.
Elle était bien.
Elle avait aucune pathologie, disons, de fin de vie.
Mais même si ça avait été une fin de vie,
ce n'est pas normal qu'on fasse une chose comme ça.
Moi, j'ai l'impression que ça n'existe pas cette affaire.
Je n'arrive pas encore à réaliser.
C'est terrible.
Moi, j'assistais la nièce d'une des victimes qui n'est pas décédée pour le coup.
Elle est l'une des rares à avoir échappé à l'empoisonnement,
mais c'est une personne qui a sombré dans le coma pendant plusieurs jours.
Maître Ingrid Astrid Zeller, avocate d'une patiente empoisonnée.
Et ça a beaucoup traumatisé les membres de sa famille
parce qu'elle avait, sur son lit d'hôpital,
une manière d'être crispée, qui était, semble-t-il,
caractéristique de ce type d'empoisonnement.
Et il y a eu aussi le second traumatisme,
qui est que les membres des familles qui placent leurs anciens dans ce genre d'établissement,
ils essaient de les protéger, ils essaient de les mettre dans des endroits sécurisés
où leur bien-être va être assuré.
Et en réalité, il y a eu énormément de remords de la part de la famille
de se dire, finalement, on a livré notre parent à quelqu'un qui était là pour les empoisonner
et pour les faire passer à très pas, donc c'était compliqué.
...
Code B32, rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Renaud et Blachère.
Ludévingt Chambé est né le 10 mai 1983.
Elle n'a eu aucune difficulté scolaire et a toujours souhaité faire des études courtes.
Elle a obtenu un diplôme de l'École d'aide soignante de Lyon à 22 ans
et elle obtient son premier poste dans un service de psychogérité à Chambérée.
Elle n'était pas forcément très remarquée.
C'est quelqu'un qui passait relativement inaperçu auprès des familles, semble-t-il,
qui faisait son travail.
Mais par contre, il ressort du dossier mené par le juge d'instruction
qu'elle avait un peu antérieurement au fait des comportements étranges.
Elle poussait des cris, notamment dans les couloirs,
que ses collègues avaient remarqués.
Je crois même qu'elle avait été convoquée par sa hiérarchie,
parce qu'il était apparu qu'elle avait besoin de prendre un peu de recueil
ou de se reposer.
...
...
...
...
L'affaire de Ludivine Chambé,
puisqu'on parle déjà d'une affaire lorsque je la rencontre en prison,
est connue dans les médias.
Donc à la différence d'autres détenus que je peux rencontrer
ou que je rencontre habituellement quand je vais en prison,
elle est connue.
Les magistrats me connaissent bien sûr l'affaire,
mais les surveillants aussi, il est codétenu.
Ce qui fait qu'il s'agit d'une nette soignante,
elle n'a pas l'habitude de la prison
et elle est particulièrement impressionnée et mal à l'aise de se retrouver en prison.
...
Alors comme tout expert, d'une part, je lis la presse locale.
J'aime bien les journalistes et je lis le Dauphiné Liver et tous les matins
avant de commencer mon travail,
mais surtout de façon plus sérieuse,
le magistrat instructeur me nomme avec une mission
qui est la même pour tous les mises en côte,
une mission d'expertise.
Et annexé à cette émission,
il y a un céderome de toutes les pièces du dossier,
peut-être que la justice est de l'aide de dossiers judiciaires entiers
qui m'est fournie par le magistrat instructeur.
Et donc avant de rencontrer la prisonnière, le détenu,
je vais lire ce dossier,
donc je suis informé à la fois de l'enquête
des témoignages des médecins du travail,
des collègues de Ludivine Chambet
et aussi des premières interrogatoires
de Ludivine devant les enquêteurs
et même devant le magistrat instructeur.
...
Alors, de singulier et hors normes,
c'est le nombre de victimes
qui dépasse la norme habituelle.
C'est vrai que je suis expert depuis une trentaine d'années.
J'ai vu des sujets qui sont mis en cause
pour ce qu'on appelle des multicides,
c'est-à-dire pour plusieurs faits criminels.
Mais là, il s'agit d'une femme, ce qui est rare,
et qui est mis en cause pour plus de 5 ou 6 victimes à l'époque.
Et ça, c'est quand même quelque chose d'exceptionnel.
...
L'effet se déroule à l'hôpital de Chambéry,
donc une unité de l'hôpital public
qui a très bonne réputation,
qui s'appelle le Cézalais,
une unité qui accueille des personnes âgées.
Et lorsque je la vois, elle est incarcirée
dans une maison d'arrêt,
puisqu'elle est toujours prévenue,
donc elle est présumée inocente des faits qui lui sont reprochés,
mais elle est incarcirée à la maison d'arrêt de Bonneville.
Bonneville, c'est une ville de haute savoie près de Chamonix,
donc une ville dans les montagnes.
Petite prison,
avec une petite unité femme,
et je la vois comme tous les détenus
dans ce qu'on appelle le parloir avocat.
C'est une pièce qui fait 3-4 mètres carrés,
il y a un bureau,
et Mme Chambéry t'assise en face de moi.
La personne est libre de bouger dans le bureau.
Les surveillants n'assistent pas à l'entretien,
mais peuvent nous observer par un hublot,
au cas où il y a quelque chose qui se passe,
qui est inconvénient, un incident particulier.
Et lorsque le détenu est particulièrement dangereux,
nous avons une alarme sur nous,
ce qui n'était pas le cas lorsque je rencontre Mme Chambéry.
Alors quand elle entre dans cette pièce,
je découvre une femme qui est de grande taille,
parce qu'elle fait plus d'1,80 mètres,
qui a une très bonne apparence,
qui fait attention à elle,
qui est très soignée,
qui a des vêtements de bonne facture,
peut-être même un peu inadaptée à la prison,
mais elle est incarcérée depuis très peu de temps,
et je pense qu'elle n'a pas eu le temps
d'avoir des vêtements adaptés à la situation incarcérale.
Côte B32,
rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Renaud et Blacher.
Mme le Devine Chambé est célibataire.
Elle n'a ni compagnon, ni enfant.
Elle est incarcérée depuis quelques jours, et elle vit.
Je suis là depuis jeudi soir.
C'est déjà beaucoup trop pour moi.
Je ne supporte pas cet univers.
Ce n'est pas pour moi sa hurle.
On crie par les fenêtres, on crache par terre.
Je ne suis pas à ma place.
On se présente, on explique pourquoi on est là,
qui nous missionne,
et on dit bien à la personne
qu'on doit la considérer comme innocent
des faits qui lui sont reprochés,
de l'enquête, et qu'il n'y aura pas de secret médical.
C'est-à-dire que tout ce qui va être dit
va être transcrit intégralement
au magistrat instructeur.
Et elle, à l'appareil courtoise, coopérante,
est très vite d'exprimer son malaise,
son malaise être incarcérée,
parce que ce n'est pas un milieu pour moi,
dit-elle, et qu'elle est au milieu
de recidivistes et de criminels.
En fait, elle ne se rend pas compte
que celle qui est sûrement visant cause
pour le plus grand nombre de crimes,
et ça ne se rend pas compte
et j'impression que le ciel lui tombe
sur la tête à ce moment-là.
Je dis, mais vous savez,
les autres détenus peuvent être aussi impressionnés
par vous, et ça ne se rend pas compte,
et là, le père soit quand je lui disais.
Pour elle, sa place n'est pas en prison.
C'est pas possible qu'une aide soignante
comme elle soit en prison,
une sorte de déni,
de clivage, qui explique
qu'elle a à se reconnaître
à la fois comme criminel,
puisqu'elle reconnaît les faits
qu'elle est accusée,
mais ne comprenant pas pourquoi elle est incarcérée.
La mère de Ludivine Chambé
est décédée il y a 6 mois.
Madame Chambé nous raconte
Ma mère était atteinte d'une leucémie
aiguë miéloblastique.
Pendant 13 mois,
elle a été soignée au séachut Grenoble.
Elle était en chambre stérile.
Je m'occupais énormément d'elle.
On était très proches l'une de l'autre,
plus que toute personne.
C'est pas assez beaucoup de choses,
en la vie plein de Ludivine.
Depuis son enfance,
elle a été traité
depuis plusieurs années par des psychiatres,
par des psychologues,
et aussi par son médecin généraliste
qui sera le prescripteur,
les antidépresseurs,
pour des difficultés relationnelles
et surtout,
depuis la maladie de sa maman
qui va du reste décédé de sa maladie.
Alors Ludivine Chambé est une femme
qui est stélibataire,
qui n'a jamais eu d'enfant,
qui, assez dire,
mais c'est ce que les enquêteurs vont aussi
évaluer, mais
n'a jamais eu vraiment de partenaires réguliers.
Elle a pu dire qu'elle avait un dégoût des hommes.
Et lorsqu'on l'interroge
sur ce dégoût des hommes,
en fait, elle ne dit pas
ce qu'on pourrait attendre en évoquant
une agression sexuelle
ou un traumatisme affectif quelconque
avec une des premières relations,
le divorce d'un oncle
qui a été pour elle quelque chose de très traumatique
alors que c'est un événement qui a priori
peut être peu traumatique pour quelqu'un
mais qui a un peu déçu
de ce qu'on peut imaginer quand on est petite fille,
une relation avec un homme,
une relation de couple.
Et ça, ça a été un élément très traumatique pour elle
qui atteste d'une fragilité psychique
dès l'adolescence.
La vie affective et sexuelle
c'est quelque chose qui est difficile pour elle.
Elle dit n'avoir eu
que quelques relations,
la première assez tardivement,
vers 22-25 ans.
Ce n'est pas que la sexualité n'intéresse pas
mais c'est plutôt la relation aux autres
qui est compliquée pour elle.
Et sa vie était très centrée
sur sa famille.
Ces relations c'était essentiellement
avec sa mère
et quand la mère disparait
en fait elle n'a de contact avec son père.
Et lorsqu'elle est en prison
elle elle puisse compter.
Vous savez docteur,
j'ai pas d'amis.
Depuis toute petite je subis
démocris, je suis
isolé.
C'est la faute de ma maladie génétique.
Je suis physiquement
à part des autres.
Au collège on me disait que j'étais pas belle
et la moche.
En plus j'étais trop grande donc j'étais toujours
au fond de la classe
pour pas gêner la vie des autres.
Le divin est né très maturé.
Avec une maladie génétique,
une maladie orpheline très rare
qui associe
une malformation intestinale.
Donc il faut opérer
l'enfant pour que les intestins
soient recouverts par sangles musculaires.
Elle a une très grosse langue.
Elle a une imperfection
des lobes ou des oreilles.
Donc une malformation
un peu comme quelqu'un qui aurait un persync
qui aurait un dérapé.
Et puis elle a surtout cette très grande taille
avec une petite dysmorphie
au niveau de la face.
Et dans l'enfance d'une part
elle va être l'objet de soins
parce que c'est pas évident, c'est une opération
qui est gravissime dans les premières semaines de vie.
Donc pour les parents ça doit être extrêmement inquiétant
d'avoir une enfant qui présente
ce type d'anomalies.
Et la langue qui est très épaisse
sa grande taille
rend difficile
son insertion scolaire.
Elle va être victime de moquerie
comme c'est l'astre qu'elle a souvent
dans l'enfance.
Et face à ça elle réagit très mal.
En fait elle s'isole.
Et les moqueries vont recommencer plus tard
lorsqu'elle va travailler.
Mon problème de boiterie.
Et là aussi elle aura du mal à faire face
aux moqueries de ses collègues.
Donc c'est quelqu'un qui a du mal
dans les relations sociales
à faire face à des choses
qui sont pourtant très banales.
Dans l'enfance ça peut se comprendre
à l'âge adulte c'est plus compliqué.
Je pense qu'effectivement
cette difficulté qu'elle a
à affronter les autres
l'a isolée et ça explique
qu'elle avait construit sa vie
Elle avait deux éléments d'appui
son travail qui la valorise
qui lui permet d'exister auprès des autres
et aussi la relation à sa mère.
Le divine Chambé n'a pas eu
beaucoup de chance dans la vie.
A cause d'une maladie orpheline
elle a un physique disons
disarmonieux.
Une grosse langue
d'norme l'op d'oreille.
A l'époque on se moquait beaucoup d'elle
elle n'a pu compter que sur l'amour
de ses parents.
Le divine Chambé confie même
un expert psychiatre
je n'avais pas forcément
coupé le cordon
avec ma mère.
Elle va être forcément hyper protégée
et la mère va avoir une relation
qui je pense est très adaptée
à la fois de l'encadrer
sur le plan physique somatique
de l'accompagner
de faire en sorte qu'elle puisse s'épanouir
sur le plan social. Elle a été inscrite
dans un club de basket
qui lui ont fait des cours vers la musique
la Cordéon. Mais lorsqu'elle devient adulte
le divine a du mal à séparer de sa mère
même si elle a des relations effectives
rares mais elle a quand même la capacité
d'en avoir. Et ses loisirs c'est
effectivement sa maman.
Et la mère on va devenir
pas décédée
et c'est lorsque elle arrive en fin de vie
que la question
de limiter la souffrance se pose
et que celui divine
à qui on va poser la question
est ce que vous voulez que votre mère soit apaisée
et effectivement au niveau de la douleur
et ce mot apaisée est quelque chose que le divine
va reprendre par la suite
pour expliquer le pourquoi
de ces gestes meurtriers.
Elle voulait dit-elle apaiser
la souffrance des sujets
qu'elle mette à mort
en quelque sorte.
Alors qu'il ne s'agit pas
de l'apaisement un des sujets qui n'étaient pas
en grande souffrance psychique
loin de là, ni physique loin de là
mais en fait sur le plan sémantique
c'est elle qu'elle apaisait
et donc c'est quand elle était
tendue psychiquement
qu'elle cherchait à s'apaiser
en tuant les personnes
à qui elle venait à mort.
C'est une raison de retraite médicalisée
c'est pourtant l'explication
donnée par l'aide soignante
une jeune femme de 30 ans
fragilisée selon ses proches par le décès
de sa mère cet été
à la suite d'une longue maladie.
L'oncle de l'Udivine Chambé
elle était très proche toutes les deux
vous voyez, elle ne pouvait pas vivre
sans l'autre
alors là c'est pas...
ça a dû du filer un choc
la tente de l'Udivine Chambé
elle était pas allée pleurer ma maman
j'ai pas ma maman ce soir
qu'est-ce que je fais sans ma maman
c'est très dur
l'Udivine Chambé a été suivie psychologiquement
par la médecine du travail
mais selon la direction de l'hôpital
rien ne pouvait laisser
présager de tels actes
c'est la perte d'un point d'équilibre
c'est quelqu'un qui n'a pas beaucoup
c'est-à-dire qu'on a tous des points d'appui
mais c'est un peu comme une table
quand vous avez une table qui a 4 pieds
quand on enlevait un, ça va encore
l'équilibre est encore suffisant
quand votre équilibre repose
que sur deux points d'appui
s'il y en a un qui s'en va
vous êtes en équilibre très instable
il ne vous reste plus que le travail
et dès qu'il y a un souci au travail
vous êtes en grand déséquilibre
c'est ce qui s'est passé pour elle
Côte B32
rapport d'expertise psychiatrique
des docteurs Renaud et Blacher
madame le divine Chamb et reconnaît
l'intégralité des faits qui lui sont reprochés
et elle nous dit
je voudrais comprendre
ce qui m'est arrivé
c'est pas moi
pourquoi je n'ai pas réalisé ce que je faisais
la première fois c'était
en mars 2013
avec Josette
c'était une dame qui était très angoissée
et qui déambulée
elle cherchait toujours notre présence
mon but c'était de la soulager
pas brutalement
pas définitivement
mais de soulager l'angoisse
dans le déroulement
d'une expertise on aborde les faits
en tout dernier lieu
et c'est toujours très difficile
de parler des faits
avec un détenu parce que soit il est dans le déni
ou la dénégation des faits
il reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés
soit il peut être très défensif
et donner à ce moment une image
de cette personnalité qui va être déformée
et lorsqu'on aborde les faits
effectivement
elle reconnaît la réalité de ceci
mais il y a une explication
qui est pour le moins décevante
c'est à dire qu'elle va
reconnaître, avoir voulu apaiser
les personnes
lorsque nous reviendrons
les faits lors des autres entretiens qu'on aura
elle sera plus explicite
et elle pourra
à la fois associé
à cette volonté d'apaiser
en fait de s'apaiser elle-même
et aussi
au fait de vouloir après
être celle qui va porter ce cours
et apparaître qu'une sorte de super et de soignante
la meilleure et de soignante la plus efficace
quand quelqu'un fait un malaise
s'en dit-elle à l'époque
c'est ce qu'elle dit
entre les médicaments qu'elle avait administré
à la personne
et les secours nécessaire
et on voit bien, cette personne était très clivée
c'est à dire qu'en fait
elle fait en sorte que la personne ait un malaise
et lorsque le malaise
nécessite l'intervention du samuel
apparaît comme une héroïne
et elle dit je ne faisais pas la relation entre ce que je donnais au patient
et le malaise
Mais enfin madame
vous deviez savoir que vous faisiez quelque chose d'interdit
vous savez très bien
que vous n'aviez pas le pouvoir
de donner des médicaments au patient
vous êtes être soignante
oui
oui docteurs
c'est vrai
je rappelle que dans les services hospitaliers
ce sont les infirmières
qui donnent les médicaments
ce sont les médecins qui prescrivent ceci
et là en fait
est l'auto-prescrivé
ce que toi il est droit de prescrire
est délivré
et là on a quand même conscience
parce que je lui demandais mais comment fais-vous dans un service
pour prendre des médicaments dans la pharmacie
et à les amener
et elle disait qu'elle avait bien conscience
de faire quelque chose
d'interdit
puisqu'elle dit j'avais très peur
que l'on me voit qu'on ne jamais le goblait
dans la chambre
parce que c'est pas à moi de le faire
mais par contre quand je rannais le goblé vide
j'étais plus peur parce que c'est effectivement
le traité de soignante d'emmener les goblés vides
donc on voit bien qu'elle avait quand même conscience
de faire quelque chose qui était pas dans
son domaine de compétences et qui était de l'ordre
de l'interdit
comment nous
on peut expliquer son geste
et là
ce qui va nous éclairer
c'est le témoignage de ses collègues de travail
comment quelqu'un qui a une apparence plutôt banale
et que je découvre moi comme une femme
qui a un souci
qui a une tenue tout à fait adaptée
qui a des soins d'hygiène
parfaits
qui est même maquillée
en tout cas qui se présente tout à fait banalement
que certains de ces collègues
décrivent que mes soignantes
pas
tout à fait correctes
parfois un peu rude mais bon ça peut arriver
peut-être plus rude quand elle a perdu sa maman
ce qui pourrait s'expliquer
mais certains décrivent
des cris
temps en temps dans son travail
j'arrive de crier comme ça
des cris qui n'ont aucun sens
ce qui peut surprendre certains collègues
et on peut se demander
si ces cris ne sont pas ceux qui étaient
antérieurs au crime
c'est-à-dire que c'est quelqu'un
qui a de part sa personnalité
des difficultés à gérer ces émotions
et lorsqu'elle est tendue
elle avait ce réflexe de crier
et puis
à la découverte
que lorsqu'elle était tendue
elle pouvait aussi se détendre
en provoquant
à la fois le malaise et indirectement
et plus tard la mort
en de la personne
qu'elle prenait comme objet
et puis après de se valoriser en étant
la supérieure soignante
et l'hypothèse
que nous retenons
c'est que ces cris ont d'autres finalités
ça lui permet de s'apaiser
elle
et de pouvoir exprimer toutes ces tensions
de les régler
dans ce double mouvement
à la fois de provoquer le malaise
et la mort de la personne
et après d'apparaître comme
une superwoman
et c'est ça
qu'elle a mis en place petit à petit
et qui a été précédée
par ses cris
qui était une sorte de raptus
en malaise qu'elle ne pouvait pas exprimer
et après l'a mis en acte de façon
répétitif
Code B32
rapport d'expertise psychiatrique
des docteurs Renaud et Blacher
je suis rongé par les remords
je cherche à comprendre pourquoi
j'en suis arrivé là
pendant 8 ans j'étais
une aide soignante sans soucis
alors pourquoi là
peut-être parce que c'était
une combinaison d'émotion
la grosse souffrance de maman
et puis
ma souffrance
en fuite depuis des années
je pense vraiment que j'étais pas moi-même
heureusement
que tout un chacun lorsque nous sommes
tendus nous avons
d'autres
procédés pour gérer notre stress
pour détendre nos tensions
le divin chambé est quelqu'un d'exceptionnel
pourquoi ?
c'est parce que la personnalité
de l'idivine est structurée de façon
ou mal structurée de façon
exceptionnelle
et qu'elle a très peu de possibilités
d'exprimer ses difficultés psychiques
en tout cas elle est très isolée
sur le plan de son entourage
et elle-même a une personnalité
extrêmement fragile, pathologique
et quand elle est
face à une situation compliquée
de défense qui sont très archaïques
donc qu'on retrouve chez le nourrisson, chez l'enfant
je suis d'adulte
avec un clivage
c'est-à-dire qu'une personnalité qui est biface
à la fois la parfaite et de soignante
et aussi la meurtrière
et puis aussi le déni
c'est-à-dire être capable de dire
je vais apaiser les sujets, je suis conscient
que je transcrère ça d'interdit notamment professionnel
mais je déni
que les médicaments sont à l'origine de la mort
en fait elle en est bien consciente
mais après coup
elle échappe à la honte ou la culpabilité
par ce déni et c'est ce qui lui permet
en fait de récidiver
Ludivine Chambé fêtera ses 34 ans de main
elle en cours la prison à vie
cette aide soignante est jugée à partir d'aujourd'hui
devant la cour d'assises de Savoie
jugée pour avoir empoisonné 13 personnes âgées
10 sont décédées
j'ai le souvenir qu'il y avait une effervescence médiatique
et j'ai le souvenir que tout le monde voulait la voir
je garde l'image
de quelqu'un de réservé qui s'exprimait
pas tant que ça
qui avait toujours un peu
les mêmes justifications
pas un mot, pas un murmur
silence total à l'arrivée de l'accusé
cheveux noirs, vêtements noirs
Ludivine Chambé est une femme forte
de 34 ans
son physique contraste avec Savoie
une voix fluette de petite fille mal assurée
elle a ses premiers mots
ce que j'ai fait est terrible
je vais essayer de faire avancer les choses
pour répondre aux familles
je la reconnais pas
c'est à dire que j'ai quitté
une femme
qui avait un souci de soi
qui était plutôt élégante
qui avait une certaine prestance
une femme qui a pris beaucoup de poids
qui semble complètement indifférente
à son apparence
et qui peut-être du fait d'un traitement
sédatif a du mal à s'exprimer
elle bafouille
on a l'impression qu'elle met un temps fou
à comprendre des questions et ne répond que de façon
imparfaite et ça
ça a été une surprise pour moi
et ça m'a
justement permis d'expliciter
devant la cour et aussi
devant les partis civils
on l'avait perçu avant qu'elle soit
dans l'établité
on comprend toujours pas
comment elle a pu en arriver là
parce qu'il y a une forme d'incohérence
à mon sens entre le
parcours qui a été le sien
avec une enfance marquée par des difficultés
physiques
des maladies
des choses compliquées
qui étaient très fusionnelles
avec une surprotection
semble-t-il de sa mère, ça relève des expertises
par rapport à justement toutes les difficultés
physiques qu'elle avait pu rencontrer
mais ça n'explique pas
comment on va vers
ce passage à l'acte avec des contradictions
dans ce qu'elle pouvait dire en disant
qu'elle voulait apaiser les personnes
qu'elle l'empoisonnait
alors même qu'elle
les menait droit à la mort
pour la plupart d'entre elles
et qu'il a été
révélé que ces personnes
n'avaient pas besoin d'apaisement
c'était pas forcément des personnes
qui étaient dans la souffrance, c'est inexact
notamment
la personne âgée
dont j'assurais la défense avec sa famille
c'était juste une personne
qu'elle estimait trop triste
elle estimait que cette personne
s'ennuyait à l'épade
d'une pathologie particulière
il n'y avait pas de souffrance particulière
qui aurait justifié qu'on veuille
la soulager
c'était juste qu'elle estimait qu'elle n'était pas suffisamment heureuse
semble-t-il
ce discours-là
ne va pas avec la manière d'opérer
l'instruction a démontré qu'elle avait fait plus de 6 heures
de recherche sur internet
sur comment provoquer un AVC
chez une personne âgée
d'éclencher
la mort
avec des médicaments chez une personne âgée
un certain nombre de recherches
avec des mots-clés relativement parlant
et ça, quand on va l'interroger
elle dira qu'elle ne s'en souvient pas
donc
ne s'en souvient-elle pas
ou est-ce qu'il y a un mécanisme effectivement
psychologique qui fait qu'elle met
tout ceci de côté
ou est-ce que c'est
une omission totalement utilitaire
pour ne pas refaire face à la réalité
je pensais que les patients étaient mal
j'étais tellement
dans la souffrance de ma maman
que
j'ai transposé
calqué
la souffrance de maman sur ces personnes
et les 5h35
verdict attendu
dans la journée
devant la cour d'assises de Savoie
à Chambéry
l'aide soignante accusée d'avoir empoisonné
10 patients dans une maison de retraite
entre 2012 et 2013
hier l'avocat général a réclamé 30 ans
de réclusion criminelle contre la jeune femme
pas encore suffisant pour
la plupart des familles
des victimes Jean-Luc Boujon
effectivement ces 30 ans
semblent encore trop peu pour la plupart des familles
qui ont été sidérées par l'attitude de
Ludivine Chambé dans le box depuis 15 jours
certes l'aide soignante a présenté
ses excuses aux proches des résidents décédés
mais tout cela ce n'est faux
selon Colette Pillet dont la mère âgée de 88 ans
a succombé après avoir ingéré le cocktail
d'anti-dépresseur préparé par la jeune femme
elle savait ce qu'elle faisait
c'est une bonne comédienne et elle joue la petite fille
elle joue sur la maladie
et le décès de sa mère quand elle était à la maison
de retraite j'ai plusieurs fois à faire
avec elle et je vous assure que ce n'était
pas du tout la personne qu'on a l'air
moi c'est la perpète que je réclame
parce que ce qu'elle a fait c'est monstrueux
mais ce qui est le plus chaud que les familles
c'est l'absence d'explication
en deux semaines Ludivine Chambé n'a rien dit sur ses gestes
ses empoisonnements de personnes qui ne demandaient pas
à mourir comme si elle refusait d'expliquer
presque comme si elle ne reconnaissait pas
la réalité de ses gestes
insupportable pour Patrick petit-fils d'une victime
comment vous voulez pas vous rendre compte
huit fois elle a empoisonné Mme Miège
huit fois pour y arriver c'est de l'acharnement
elle est dangereuse pour la société
elle est dangereuse pour elle-même
elle est dangereuse pour nous pour nos enfants
il faut la condamner à vie
alors la place d'un accusé et délicat
c'est
trouver le propositionnement est toujours
quelque chose de compliqué
c'est difficile de faire passer
la sincérité
d'un remords ou quelque chose
mais là pour le coup
j'avais vraiment le sentiment
qu'il n'y avait pas
d'expression d'empathie
ça avait été un peu le sens de m'appeler
de la faire réagir sur certaines choses
parce que justement elle ne nous a pas
donné toutes les réponses
elle n'a pas donné d'explications extrêmement précises
et qu'il y avait vraiment des contradictions
dans son discours
pourquoi du comment des passages à l'acte
et en tant que partie civile
bien évidemment il faut garder sa place
de partie civile c'est-à-dire
faire état de la souffrance
pour les victimes de ce qui a pu se passer
mais
également
de recentrer la personne
de l'accusé dans une forme d'humanité
parce que ça me semblait important
en tout cas en tant qu'avocat
je ne voulais pas
donner le sentiment que je plaidais contre un monstre
je trouve que c'est trop simple
malgré tous nos efforts, malgré la durée de l'audience
malgré les questions
des uns et des autres
pas forcément eu l'éclairage
que les victimes
ou tous les participants
à cette audience auraient souhaité avoir
très clairement
mais
c'est peut-être un l'heure de vouloir
avoir une explication et justement
n'expliquer l'inexplicable
de leur côté
les avocats de la défense ont tenu à rappeler leur rôle
de juge impartiaux au juré
ils ne doivent pas écouter leurs émotions personnelles
ni celles des familles des victimes
dont le jugement est selon eux biaisé
je crois que certains langues de victimes ont oublié
ou ne savent pas qu'il y a un procès civil
pour
réparer au moins symboliquement la douleur
des victimes et que le procès pénal
c'est-à-dire la peine n'est pas faite
pour
réparer le prix judice
subtile immense subi par les victimes
de toute façon les procès sont jamais
thérapeutiques pour les victimes
je pense que
dans la meilleure
l'hypothèse
une victime peut essayer de comprendre
ce qui a pu se passer
elle a assez vrai que ce procès n'a peut-être pas permis
aux victimes de le comprendre si ce n'est
par la parole des experts
mais qu'il n'était pas la parole de l'ivine Chambé
c'est-à-dire elles ont eu l'impression
de pas être connues comme victimes
puisque l'autor ne s'en connaissait pas
qu'un moteur, vraiment
qu'il n'y ait pas de profonde remise en cause
les chambres sont des lieux différents
donc
la dangerosité potentielle
de l'udivine Chambé
apparaît difficile
à évaluer de façon objective
dans la mesure où il n'existe pas
de travaux scientifiques de référence
sur l'évolution des sujets de sexe féminin
pouvant être considéré
comme des tueurs en serrais
il ne s'agit pas pour moi
de noircière le tabou de l'udivine
mais au contraire, si
mais au contraire, si un jour elle veut faire une thérapie ou si elle veut s'utiliser,
finalement ce qui a été dit sur elle pour ne pas pouvoir s'en sortir, pour pouvoir
s'en mettre en cause et surtout pas réussitiver, je pense que c'est autour de ces éléments
de personnalité, à la fois le déni de la réalité, cette personnalité clivée, ce
côté un peu mégalomagnaque qu'elle avait, c'est une enfant qui a toujours été humiliée,
qui n'a pas pu réussir ses études comme elle le voulait et qui l'a apparaissée comme
une super-humaine lorsque le sommeil arrivait, et puis travailler sur ces mécanismes de
déni, le fait que pour elle l'autre n'existe pas vraiment, et ça c'est essentiel à comprendre,
l'experte n'est pas là pour noircir quelque part la personne qui la reface de lui, mais
là pour éclairer la justice, mais peut-être aussi pour permettre à l'auteur des faits
de se remettre en cause et de faire un travail psychothérapique utile si on veut l'utiliser.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, comme c'est l'usage, l'accuser à le dernier
mot, le divin chambé se lève dans son boxe et de sa voix flouette qui contraste avec
son large physique, elle dit, je suis coupable de s'écrire, et même si je pense qu'on
ne puisse pas me pardonner, encore une fois, je demande partons aux familles dévictives.
Au mot de 6 heures de délibération, le divin chambé est condamné à 30 ans de prison.
A la Côte B92 de leurs expertises psychiatriques, les docteurs du bec et Zaguri sont en désaccord
avec leurs confrères précédents, ils ne classent pas l'udivine chambé dans la catégorie
des tueurs renseignés. C'était on de la traconte Côte B, rédaction en chef Guillaume
Zaguri, réalisation Mathieu Fret.
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité de Ludivine Chambet, 30 ans. Entre septembre 2012 et septembre 2013 cette aide-soignante d’un EPHAD de Chambéry empoisonne 13 pensionnaires… 10 décèdent. Elle a toujours dit qu’elle voulait apaiser leurs souffrances. Ces patients allaient pourtant très bien…Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.