Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Ludivine Chambet, l’aide-soignante meurtrière

Europe 1 Europe 1 10/6/23 - 43m - PDF Transcript

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Entre septembre 2012 et septembre 2013,

Ludivine Chambé est soignant dans un épat de l'hôpital de Chambéry

en poison très pensionnaire, dix décennies.

Ouvrons ensemble la Côte B du dossier d'instruction de Ludivine Chambé.

Christophe Andelat

Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction

contient un sous-dossier appelé Côte B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues

et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

En novembre 2013, la direction de l'épate du César Lé à Chambéry

est confrontée à un étrange phénomène.

Sur tout un étage de la résidence, 13 patients sont pris tout d'un coup de malaise.

10 en meurs, seul 3 survient.

Il apparaît qu'à chaque fois qu'un résident était pris d'un malaise soudain,

une aide soignante était toujours là.

Ludivine Chambé, 30 ans.

Le 10 décembre 2013, la juge d'instruction place Ludivine Chambé en garde à vue

et l'aide soignante jusque la sens histoire craque.

Oui, c'est moi qui ai fait ça, mais je voulais pas les tuer.

Je voulais seulement les apaiser.

Il n'allait pas très bien.

On sent qu'on est quand même dans une affaire qui est hors du commun.

On regarde notamment des faits, mais aussi la personnalité de la personne

mise en cause et particulière.

Jean-Luc Boujant, les faits se sont étalés sur une année.

Et aujourd'hui, les familles se demandent comment les choses ont pu durer aussi longtemps

sans que la direction de l'Épa ne s'en aperçoive.

Le premier empoisonnement a lieu à l'automne 2012, le 13e, le 27 novembre 2013.

C'est ce dernier cas qui alerte les médecins.

Des analystes psychologiques sur une femme de 83 ans décédée brutalement révèlent

la présence de quatre psychotropes qui ne faisaient pas partie de son traitement.

On se penche alors sur d'autres morts récentes qui ont eu lieu dans l'établissement

et on se rend compte que le nom Ludivine Chambé revient à chaque fois.

Elle ne décollère pas.

Colette Pillet pensait que sa mère, 88 ans, était décédée de morts naturels.

Un accident cérébral mi-novembre.

Mais en réalité, c'est une des six victimes à qui Ludivine Chambé

a avoué avoir administré une forte dose de psychotropes.

C'est très très dur.

C'est déjà dur d'accepter d'un AVC,

mais alors quand on vous dit qu'elle a été empoisonnée, non, on n'accepte pas.

D'abord prévenu par la police, Colette Pillet accompagné de son mari

a été reçu cet après-midi par la direction de l'hôpital

avec l'envie, le besoin de comprendre ce qui, pour eux, reste incompréhensible.

Elle était bien.

Elle avait aucune pathologie, disons, de fin de vie.

Mais même si ça avait été une fin de vie,

ce n'est pas normal qu'on fasse une chose comme ça.

Moi, j'ai l'impression que ça n'existe pas cette affaire.

Je n'arrive pas encore à réaliser.

C'est terrible.

Moi, j'assistais la nièce d'une des victimes qui n'est pas décédée pour le coup.

Elle est l'une des rares à avoir échappé à l'empoisonnement,

mais c'est une personne qui a sombré dans le coma pendant plusieurs jours.

Maître Ingrid Astrid Zeller, avocate d'une patiente empoisonnée.

Et ça a beaucoup traumatisé les membres de sa famille

parce qu'elle avait, sur son lit d'hôpital,

une manière d'être crispée, qui était, semble-t-il,

caractéristique de ce type d'empoisonnement.

Et il y a eu aussi le second traumatisme,

qui est que les membres des familles qui placent leurs anciens dans ce genre d'établissement,

ils essaient de les protéger, ils essaient de les mettre dans des endroits sécurisés

où leur bien-être va être assuré.

Et en réalité, il y a eu énormément de remords de la part de la famille

de se dire, finalement, on a livré notre parent à quelqu'un qui était là pour les empoisonner

et pour les faire passer à très pas, donc c'était compliqué.

...

Code B32, rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Renaud et Blachère.

Ludévingt Chambé est né le 10 mai 1983.

Elle n'a eu aucune difficulté scolaire et a toujours souhaité faire des études courtes.

Elle a obtenu un diplôme de l'École d'aide soignante de Lyon à 22 ans

et elle obtient son premier poste dans un service de psychogérité à Chambérée.

Elle n'était pas forcément très remarquée.

C'est quelqu'un qui passait relativement inaperçu auprès des familles, semble-t-il,

qui faisait son travail.

Mais par contre, il ressort du dossier mené par le juge d'instruction

qu'elle avait un peu antérieurement au fait des comportements étranges.

Elle poussait des cris, notamment dans les couloirs,

que ses collègues avaient remarqués.

Je crois même qu'elle avait été convoquée par sa hiérarchie,

parce qu'il était apparu qu'elle avait besoin de prendre un peu de recueil

ou de se reposer.

...

...

...

...

L'affaire de Ludivine Chambé,

puisqu'on parle déjà d'une affaire lorsque je la rencontre en prison,

est connue dans les médias.

Donc à la différence d'autres détenus que je peux rencontrer

ou que je rencontre habituellement quand je vais en prison,

elle est connue.

Les magistrats me connaissent bien sûr l'affaire,

mais les surveillants aussi, il est codétenu.

Ce qui fait qu'il s'agit d'une nette soignante,

elle n'a pas l'habitude de la prison

et elle est particulièrement impressionnée et mal à l'aise de se retrouver en prison.

...

Alors comme tout expert, d'une part, je lis la presse locale.

J'aime bien les journalistes et je lis le Dauphiné Liver et tous les matins

avant de commencer mon travail,

mais surtout de façon plus sérieuse,

le magistrat instructeur me nomme avec une mission

qui est la même pour tous les mises en côte,

une mission d'expertise.

Et annexé à cette émission,

il y a un céderome de toutes les pièces du dossier,

peut-être que la justice est de l'aide de dossiers judiciaires entiers

qui m'est fournie par le magistrat instructeur.

Et donc avant de rencontrer la prisonnière, le détenu,

je vais lire ce dossier,

donc je suis informé à la fois de l'enquête

des témoignages des médecins du travail,

des collègues de Ludivine Chambet

et aussi des premières interrogatoires

de Ludivine devant les enquêteurs

et même devant le magistrat instructeur.

...

Alors, de singulier et hors normes,

c'est le nombre de victimes

qui dépasse la norme habituelle.

C'est vrai que je suis expert depuis une trentaine d'années.

J'ai vu des sujets qui sont mis en cause

pour ce qu'on appelle des multicides,

c'est-à-dire pour plusieurs faits criminels.

Mais là, il s'agit d'une femme, ce qui est rare,

et qui est mis en cause pour plus de 5 ou 6 victimes à l'époque.

Et ça, c'est quand même quelque chose d'exceptionnel.

...

L'effet se déroule à l'hôpital de Chambéry,

donc une unité de l'hôpital public

qui a très bonne réputation,

qui s'appelle le Cézalais,

une unité qui accueille des personnes âgées.

Et lorsque je la vois, elle est incarcirée

dans une maison d'arrêt,

puisqu'elle est toujours prévenue,

donc elle est présumée inocente des faits qui lui sont reprochés,

mais elle est incarcirée à la maison d'arrêt de Bonneville.

Bonneville, c'est une ville de haute savoie près de Chamonix,

donc une ville dans les montagnes.

Petite prison,

avec une petite unité femme,

et je la vois comme tous les détenus

dans ce qu'on appelle le parloir avocat.

C'est une pièce qui fait 3-4 mètres carrés,

il y a un bureau,

et Mme Chambéry t'assise en face de moi.

La personne est libre de bouger dans le bureau.

Les surveillants n'assistent pas à l'entretien,

mais peuvent nous observer par un hublot,

au cas où il y a quelque chose qui se passe,

qui est inconvénient, un incident particulier.

Et lorsque le détenu est particulièrement dangereux,

nous avons une alarme sur nous,

ce qui n'était pas le cas lorsque je rencontre Mme Chambéry.

Alors quand elle entre dans cette pièce,

je découvre une femme qui est de grande taille,

parce qu'elle fait plus d'1,80 mètres,

qui a une très bonne apparence,

qui fait attention à elle,

qui est très soignée,

qui a des vêtements de bonne facture,

peut-être même un peu inadaptée à la prison,

mais elle est incarcérée depuis très peu de temps,

et je pense qu'elle n'a pas eu le temps

d'avoir des vêtements adaptés à la situation incarcérale.

Côte B32,

rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Renaud et Blacher.

Mme le Devine Chambé est célibataire.

Elle n'a ni compagnon, ni enfant.

Elle est incarcérée depuis quelques jours, et elle vit.

Je suis là depuis jeudi soir.

C'est déjà beaucoup trop pour moi.

Je ne supporte pas cet univers.

Ce n'est pas pour moi sa hurle.

On crie par les fenêtres, on crache par terre.

Je ne suis pas à ma place.

On se présente, on explique pourquoi on est là,

qui nous missionne,

et on dit bien à la personne

qu'on doit la considérer comme innocent

des faits qui lui sont reprochés,

de l'enquête, et qu'il n'y aura pas de secret médical.

C'est-à-dire que tout ce qui va être dit

va être transcrit intégralement

au magistrat instructeur.

Et elle, à l'appareil courtoise, coopérante,

est très vite d'exprimer son malaise,

son malaise être incarcérée,

parce que ce n'est pas un milieu pour moi,

dit-elle, et qu'elle est au milieu

de recidivistes et de criminels.

En fait, elle ne se rend pas compte

que celle qui est sûrement visant cause

pour le plus grand nombre de crimes,

et ça ne se rend pas compte

et j'impression que le ciel lui tombe

sur la tête à ce moment-là.

Je dis, mais vous savez,

les autres détenus peuvent être aussi impressionnés

par vous, et ça ne se rend pas compte,

et là, le père soit quand je lui disais.

Pour elle, sa place n'est pas en prison.

C'est pas possible qu'une aide soignante

comme elle soit en prison,

une sorte de déni,

de clivage, qui explique

qu'elle a à se reconnaître

à la fois comme criminel,

puisqu'elle reconnaît les faits

qu'elle est accusée,

mais ne comprenant pas pourquoi elle est incarcérée.

La mère de Ludivine Chambé

est décédée il y a 6 mois.

Madame Chambé nous raconte

Ma mère était atteinte d'une leucémie

aiguë miéloblastique.

Pendant 13 mois,

elle a été soignée au séachut Grenoble.

Elle était en chambre stérile.

Je m'occupais énormément d'elle.

On était très proches l'une de l'autre,

plus que toute personne.

C'est pas assez beaucoup de choses,

en la vie plein de Ludivine.

Depuis son enfance,

elle a été traité

depuis plusieurs années par des psychiatres,

par des psychologues,

et aussi par son médecin généraliste

qui sera le prescripteur,

les antidépresseurs,

pour des difficultés relationnelles

et surtout,

depuis la maladie de sa maman

qui va du reste décédé de sa maladie.

Alors Ludivine Chambé est une femme

qui est stélibataire,

qui n'a jamais eu d'enfant,

qui, assez dire,

mais c'est ce que les enquêteurs vont aussi

évaluer, mais

n'a jamais eu vraiment de partenaires réguliers.

Elle a pu dire qu'elle avait un dégoût des hommes.

Et lorsqu'on l'interroge

sur ce dégoût des hommes,

en fait, elle ne dit pas

ce qu'on pourrait attendre en évoquant

une agression sexuelle

ou un traumatisme affectif quelconque

avec une des premières relations,

le divorce d'un oncle

qui a été pour elle quelque chose de très traumatique

alors que c'est un événement qui a priori

peut être peu traumatique pour quelqu'un

mais qui a un peu déçu

de ce qu'on peut imaginer quand on est petite fille,

une relation avec un homme,

une relation de couple.

Et ça, ça a été un élément très traumatique pour elle

qui atteste d'une fragilité psychique

dès l'adolescence.

La vie affective et sexuelle

c'est quelque chose qui est difficile pour elle.

Elle dit n'avoir eu

que quelques relations,

la première assez tardivement,

vers 22-25 ans.

Ce n'est pas que la sexualité n'intéresse pas

mais c'est plutôt la relation aux autres

qui est compliquée pour elle.

Et sa vie était très centrée

sur sa famille.

Ces relations c'était essentiellement

avec sa mère

et quand la mère disparait

en fait elle n'a de contact avec son père.

Et lorsqu'elle est en prison

elle elle puisse compter.

Vous savez docteur,

j'ai pas d'amis.

Depuis toute petite je subis

démocris, je suis

isolé.

C'est la faute de ma maladie génétique.

Je suis physiquement

à part des autres.

Au collège on me disait que j'étais pas belle

et la moche.

En plus j'étais trop grande donc j'étais toujours

au fond de la classe

pour pas gêner la vie des autres.

Le divin est né très maturé.

Avec une maladie génétique,

une maladie orpheline très rare

qui associe

une malformation intestinale.

Donc il faut opérer

l'enfant pour que les intestins

soient recouverts par sangles musculaires.

Elle a une très grosse langue.

Elle a une imperfection

des lobes ou des oreilles.

Donc une malformation

un peu comme quelqu'un qui aurait un persync

qui aurait un dérapé.

Et puis elle a surtout cette très grande taille

avec une petite dysmorphie

au niveau de la face.

Et dans l'enfance d'une part

elle va être l'objet de soins

parce que c'est pas évident, c'est une opération

qui est gravissime dans les premières semaines de vie.

Donc pour les parents ça doit être extrêmement inquiétant

d'avoir une enfant qui présente

ce type d'anomalies.

Et la langue qui est très épaisse

sa grande taille

rend difficile

son insertion scolaire.

Elle va être victime de moquerie

comme c'est l'astre qu'elle a souvent

dans l'enfance.

Et face à ça elle réagit très mal.

En fait elle s'isole.

Et les moqueries vont recommencer plus tard

lorsqu'elle va travailler.

Mon problème de boiterie.

Et là aussi elle aura du mal à faire face

aux moqueries de ses collègues.

Donc c'est quelqu'un qui a du mal

dans les relations sociales

à faire face à des choses

qui sont pourtant très banales.

Dans l'enfance ça peut se comprendre

à l'âge adulte c'est plus compliqué.

Je pense qu'effectivement

cette difficulté qu'elle a

à affronter les autres

l'a isolée et ça explique

qu'elle avait construit sa vie

Elle avait deux éléments d'appui

son travail qui la valorise

qui lui permet d'exister auprès des autres

et aussi la relation à sa mère.

Le divine Chambé n'a pas eu

beaucoup de chance dans la vie.

A cause d'une maladie orpheline

elle a un physique disons

disarmonieux.

Une grosse langue

d'norme l'op d'oreille.

A l'époque on se moquait beaucoup d'elle

elle n'a pu compter que sur l'amour

de ses parents.

Le divine Chambé confie même

un expert psychiatre

je n'avais pas forcément

coupé le cordon

avec ma mère.

Elle va être forcément hyper protégée

et la mère va avoir une relation

qui je pense est très adaptée

à la fois de l'encadrer

sur le plan physique somatique

de l'accompagner

de faire en sorte qu'elle puisse s'épanouir

sur le plan social. Elle a été inscrite

dans un club de basket

qui lui ont fait des cours vers la musique

la Cordéon. Mais lorsqu'elle devient adulte

le divine a du mal à séparer de sa mère

même si elle a des relations effectives

rares mais elle a quand même la capacité

d'en avoir. Et ses loisirs c'est

effectivement sa maman.

Et la mère on va devenir

pas décédée

et c'est lorsque elle arrive en fin de vie

que la question

de limiter la souffrance se pose

et que celui divine

à qui on va poser la question

est ce que vous voulez que votre mère soit apaisée

et effectivement au niveau de la douleur

et ce mot apaisée est quelque chose que le divine

va reprendre par la suite

pour expliquer le pourquoi

de ces gestes meurtriers.

Elle voulait dit-elle apaiser

la souffrance des sujets

qu'elle mette à mort

en quelque sorte.

Alors qu'il ne s'agit pas

de l'apaisement un des sujets qui n'étaient pas

en grande souffrance psychique

loin de là, ni physique loin de là

mais en fait sur le plan sémantique

c'est elle qu'elle apaisait

et donc c'est quand elle était

tendue psychiquement

qu'elle cherchait à s'apaiser

en tuant les personnes

à qui elle venait à mort.

C'est une raison de retraite médicalisée

c'est pourtant l'explication

donnée par l'aide soignante

une jeune femme de 30 ans

fragilisée selon ses proches par le décès

de sa mère cet été

à la suite d'une longue maladie.

L'oncle de l'Udivine Chambé

elle était très proche toutes les deux

vous voyez, elle ne pouvait pas vivre

sans l'autre

alors là c'est pas...

ça a dû du filer un choc

la tente de l'Udivine Chambé

elle était pas allée pleurer ma maman

j'ai pas ma maman ce soir

qu'est-ce que je fais sans ma maman

c'est très dur

l'Udivine Chambé a été suivie psychologiquement

par la médecine du travail

mais selon la direction de l'hôpital

rien ne pouvait laisser

présager de tels actes

c'est la perte d'un point d'équilibre

c'est quelqu'un qui n'a pas beaucoup

c'est-à-dire qu'on a tous des points d'appui

mais c'est un peu comme une table

quand vous avez une table qui a 4 pieds

quand on enlevait un, ça va encore

l'équilibre est encore suffisant

quand votre équilibre repose

que sur deux points d'appui

s'il y en a un qui s'en va

vous êtes en équilibre très instable

il ne vous reste plus que le travail

et dès qu'il y a un souci au travail

vous êtes en grand déséquilibre

c'est ce qui s'est passé pour elle

Côte B32

rapport d'expertise psychiatrique

des docteurs Renaud et Blacher

madame le divine Chamb et reconnaît

l'intégralité des faits qui lui sont reprochés

et elle nous dit

je voudrais comprendre

ce qui m'est arrivé

c'est pas moi

pourquoi je n'ai pas réalisé ce que je faisais

la première fois c'était

en mars 2013

avec Josette

c'était une dame qui était très angoissée

et qui déambulée

elle cherchait toujours notre présence

mon but c'était de la soulager

pas brutalement

pas définitivement

mais de soulager l'angoisse

dans le déroulement

d'une expertise on aborde les faits

en tout dernier lieu

et c'est toujours très difficile

de parler des faits

avec un détenu parce que soit il est dans le déni

ou la dénégation des faits

il reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés

soit il peut être très défensif

et donner à ce moment une image

de cette personnalité qui va être déformée

et lorsqu'on aborde les faits

effectivement

elle reconnaît la réalité de ceci

mais il y a une explication

qui est pour le moins décevante

c'est à dire qu'elle va

reconnaître, avoir voulu apaiser

les personnes

lorsque nous reviendrons

les faits lors des autres entretiens qu'on aura

elle sera plus explicite

et elle pourra

à la fois associé

à cette volonté d'apaiser

en fait de s'apaiser elle-même

et aussi

au fait de vouloir après

être celle qui va porter ce cours

et apparaître qu'une sorte de super et de soignante

la meilleure et de soignante la plus efficace

quand quelqu'un fait un malaise

s'en dit-elle à l'époque

c'est ce qu'elle dit

entre les médicaments qu'elle avait administré

à la personne

et les secours nécessaire

et on voit bien, cette personne était très clivée

c'est à dire qu'en fait

elle fait en sorte que la personne ait un malaise

et lorsque le malaise

nécessite l'intervention du samuel

apparaît comme une héroïne

et elle dit je ne faisais pas la relation entre ce que je donnais au patient

et le malaise

Mais enfin madame

vous deviez savoir que vous faisiez quelque chose d'interdit

vous savez très bien

que vous n'aviez pas le pouvoir

de donner des médicaments au patient

vous êtes être soignante

oui

oui docteurs

c'est vrai

je rappelle que dans les services hospitaliers

ce sont les infirmières

qui donnent les médicaments

ce sont les médecins qui prescrivent ceci

et là en fait

est l'auto-prescrivé

ce que toi il est droit de prescrire

est délivré

et là on a quand même conscience

parce que je lui demandais mais comment fais-vous dans un service

pour prendre des médicaments dans la pharmacie

et à les amener

et elle disait qu'elle avait bien conscience

de faire quelque chose

d'interdit

puisqu'elle dit j'avais très peur

que l'on me voit qu'on ne jamais le goblait

dans la chambre

parce que c'est pas à moi de le faire

mais par contre quand je rannais le goblé vide

j'étais plus peur parce que c'est effectivement

le traité de soignante d'emmener les goblés vides

donc on voit bien qu'elle avait quand même conscience

de faire quelque chose qui était pas dans

son domaine de compétences et qui était de l'ordre

de l'interdit

comment nous

on peut expliquer son geste

et là

ce qui va nous éclairer

c'est le témoignage de ses collègues de travail

comment quelqu'un qui a une apparence plutôt banale

et que je découvre moi comme une femme

qui a un souci

qui a une tenue tout à fait adaptée

qui a des soins d'hygiène

parfaits

qui est même maquillée

en tout cas qui se présente tout à fait banalement

que certains de ces collègues

décrivent que mes soignantes

pas

tout à fait correctes

parfois un peu rude mais bon ça peut arriver

peut-être plus rude quand elle a perdu sa maman

ce qui pourrait s'expliquer

mais certains décrivent

des cris

temps en temps dans son travail

j'arrive de crier comme ça

des cris qui n'ont aucun sens

ce qui peut surprendre certains collègues

et on peut se demander

si ces cris ne sont pas ceux qui étaient

antérieurs au crime

c'est-à-dire que c'est quelqu'un

qui a de part sa personnalité

des difficultés à gérer ces émotions

et lorsqu'elle est tendue

elle avait ce réflexe de crier

et puis

à la découverte

que lorsqu'elle était tendue

elle pouvait aussi se détendre

en provoquant

à la fois le malaise et indirectement

et plus tard la mort

en de la personne

qu'elle prenait comme objet

et puis après de se valoriser en étant

la supérieure soignante

et l'hypothèse

que nous retenons

c'est que ces cris ont d'autres finalités

ça lui permet de s'apaiser

elle

et de pouvoir exprimer toutes ces tensions

de les régler

dans ce double mouvement

à la fois de provoquer le malaise

et la mort de la personne

et après d'apparaître comme

une superwoman

et c'est ça

qu'elle a mis en place petit à petit

et qui a été précédée

par ses cris

qui était une sorte de raptus

en malaise qu'elle ne pouvait pas exprimer

et après l'a mis en acte de façon

répétitif

Code B32

rapport d'expertise psychiatrique

des docteurs Renaud et Blacher

je suis rongé par les remords

je cherche à comprendre pourquoi

j'en suis arrivé là

pendant 8 ans j'étais

une aide soignante sans soucis

alors pourquoi là

peut-être parce que c'était

une combinaison d'émotion

la grosse souffrance de maman

et puis

ma souffrance

en fuite depuis des années

je pense vraiment que j'étais pas moi-même

heureusement

que tout un chacun lorsque nous sommes

tendus nous avons

d'autres

procédés pour gérer notre stress

pour détendre nos tensions

le divin chambé est quelqu'un d'exceptionnel

pourquoi ?

c'est parce que la personnalité

de l'idivine est structurée de façon

ou mal structurée de façon

exceptionnelle

et qu'elle a très peu de possibilités

d'exprimer ses difficultés psychiques

en tout cas elle est très isolée

sur le plan de son entourage

et elle-même a une personnalité

extrêmement fragile, pathologique

et quand elle est

face à une situation compliquée

de défense qui sont très archaïques

donc qu'on retrouve chez le nourrisson, chez l'enfant

je suis d'adulte

avec un clivage

c'est-à-dire qu'une personnalité qui est biface

à la fois la parfaite et de soignante

et aussi la meurtrière

et puis aussi le déni

c'est-à-dire être capable de dire

je vais apaiser les sujets, je suis conscient

que je transcrère ça d'interdit notamment professionnel

mais je déni

que les médicaments sont à l'origine de la mort

en fait elle en est bien consciente

mais après coup

elle échappe à la honte ou la culpabilité

par ce déni et c'est ce qui lui permet

en fait de récidiver

Ludivine Chambé fêtera ses 34 ans de main

elle en cours la prison à vie

cette aide soignante est jugée à partir d'aujourd'hui

devant la cour d'assises de Savoie

jugée pour avoir empoisonné 13 personnes âgées

10 sont décédées

j'ai le souvenir qu'il y avait une effervescence médiatique

et j'ai le souvenir que tout le monde voulait la voir

je garde l'image

de quelqu'un de réservé qui s'exprimait

pas tant que ça

qui avait toujours un peu

les mêmes justifications

pas un mot, pas un murmur

silence total à l'arrivée de l'accusé

cheveux noirs, vêtements noirs

Ludivine Chambé est une femme forte

de 34 ans

son physique contraste avec Savoie

une voix fluette de petite fille mal assurée

elle a ses premiers mots

ce que j'ai fait est terrible

je vais essayer de faire avancer les choses

pour répondre aux familles

je la reconnais pas

c'est à dire que j'ai quitté

une femme

qui avait un souci de soi

qui était plutôt élégante

qui avait une certaine prestance

une femme qui a pris beaucoup de poids

qui semble complètement indifférente

à son apparence

et qui peut-être du fait d'un traitement

sédatif a du mal à s'exprimer

elle bafouille

on a l'impression qu'elle met un temps fou

à comprendre des questions et ne répond que de façon

imparfaite et ça

ça a été une surprise pour moi

et ça m'a

justement permis d'expliciter

devant la cour et aussi

devant les partis civils

on l'avait perçu avant qu'elle soit

dans l'établité

on comprend toujours pas

comment elle a pu en arriver là

parce qu'il y a une forme d'incohérence

à mon sens entre le

parcours qui a été le sien

avec une enfance marquée par des difficultés

physiques

des maladies

des choses compliquées

qui étaient très fusionnelles

avec une surprotection

semble-t-il de sa mère, ça relève des expertises

par rapport à justement toutes les difficultés

physiques qu'elle avait pu rencontrer

mais ça n'explique pas

comment on va vers

ce passage à l'acte avec des contradictions

dans ce qu'elle pouvait dire en disant

qu'elle voulait apaiser les personnes

qu'elle l'empoisonnait

alors même qu'elle

les menait droit à la mort

pour la plupart d'entre elles

et qu'il a été

révélé que ces personnes

n'avaient pas besoin d'apaisement

c'était pas forcément des personnes

qui étaient dans la souffrance, c'est inexact

notamment

la personne âgée

dont j'assurais la défense avec sa famille

c'était juste une personne

qu'elle estimait trop triste

elle estimait que cette personne

s'ennuyait à l'épade

d'une pathologie particulière

il n'y avait pas de souffrance particulière

qui aurait justifié qu'on veuille

la soulager

c'était juste qu'elle estimait qu'elle n'était pas suffisamment heureuse

semble-t-il

ce discours-là

ne va pas avec la manière d'opérer

l'instruction a démontré qu'elle avait fait plus de 6 heures

de recherche sur internet

sur comment provoquer un AVC

chez une personne âgée

d'éclencher

la mort

avec des médicaments chez une personne âgée

un certain nombre de recherches

avec des mots-clés relativement parlant

et ça, quand on va l'interroger

elle dira qu'elle ne s'en souvient pas

donc

ne s'en souvient-elle pas

ou est-ce qu'il y a un mécanisme effectivement

psychologique qui fait qu'elle met

tout ceci de côté

ou est-ce que c'est

une omission totalement utilitaire

pour ne pas refaire face à la réalité

je pensais que les patients étaient mal

j'étais tellement

dans la souffrance de ma maman

que

j'ai transposé

calqué

la souffrance de maman sur ces personnes

et les 5h35

verdict attendu

dans la journée

devant la cour d'assises de Savoie

à Chambéry

l'aide soignante accusée d'avoir empoisonné

10 patients dans une maison de retraite

entre 2012 et 2013

hier l'avocat général a réclamé 30 ans

de réclusion criminelle contre la jeune femme

pas encore suffisant pour

la plupart des familles

des victimes Jean-Luc Boujon

effectivement ces 30 ans

semblent encore trop peu pour la plupart des familles

qui ont été sidérées par l'attitude de

Ludivine Chambé dans le box depuis 15 jours

certes l'aide soignante a présenté

ses excuses aux proches des résidents décédés

mais tout cela ce n'est faux

selon Colette Pillet dont la mère âgée de 88 ans

a succombé après avoir ingéré le cocktail

d'anti-dépresseur préparé par la jeune femme

elle savait ce qu'elle faisait

c'est une bonne comédienne et elle joue la petite fille

elle joue sur la maladie

et le décès de sa mère quand elle était à la maison

de retraite j'ai plusieurs fois à faire

avec elle et je vous assure que ce n'était

pas du tout la personne qu'on a l'air

moi c'est la perpète que je réclame

parce que ce qu'elle a fait c'est monstrueux

mais ce qui est le plus chaud que les familles

c'est l'absence d'explication

en deux semaines Ludivine Chambé n'a rien dit sur ses gestes

ses empoisonnements de personnes qui ne demandaient pas

à mourir comme si elle refusait d'expliquer

presque comme si elle ne reconnaissait pas

la réalité de ses gestes

insupportable pour Patrick petit-fils d'une victime

comment vous voulez pas vous rendre compte

huit fois elle a empoisonné Mme Miège

huit fois pour y arriver c'est de l'acharnement

elle est dangereuse pour la société

elle est dangereuse pour elle-même

elle est dangereuse pour nous pour nos enfants

il faut la condamner à vie

alors la place d'un accusé et délicat

c'est

trouver le propositionnement est toujours

quelque chose de compliqué

c'est difficile de faire passer

la sincérité

d'un remords ou quelque chose

mais là pour le coup

j'avais vraiment le sentiment

qu'il n'y avait pas

d'expression d'empathie

ça avait été un peu le sens de m'appeler

de la faire réagir sur certaines choses

parce que justement elle ne nous a pas

donné toutes les réponses

elle n'a pas donné d'explications extrêmement précises

et qu'il y avait vraiment des contradictions

dans son discours

pourquoi du comment des passages à l'acte

et en tant que partie civile

bien évidemment il faut garder sa place

de partie civile c'est-à-dire

faire état de la souffrance

pour les victimes de ce qui a pu se passer

mais

également

de recentrer la personne

de l'accusé dans une forme d'humanité

parce que ça me semblait important

en tout cas en tant qu'avocat

je ne voulais pas

donner le sentiment que je plaidais contre un monstre

je trouve que c'est trop simple

malgré tous nos efforts, malgré la durée de l'audience

malgré les questions

des uns et des autres

pas forcément eu l'éclairage

que les victimes

ou tous les participants

à cette audience auraient souhaité avoir

très clairement

mais

c'est peut-être un l'heure de vouloir

avoir une explication et justement

n'expliquer l'inexplicable

de leur côté

les avocats de la défense ont tenu à rappeler leur rôle

de juge impartiaux au juré

ils ne doivent pas écouter leurs émotions personnelles

ni celles des familles des victimes

dont le jugement est selon eux biaisé

je crois que certains langues de victimes ont oublié

ou ne savent pas qu'il y a un procès civil

pour

réparer au moins symboliquement la douleur

des victimes et que le procès pénal

c'est-à-dire la peine n'est pas faite

pour

réparer le prix judice

subtile immense subi par les victimes

de toute façon les procès sont jamais

thérapeutiques pour les victimes

je pense que

dans la meilleure

l'hypothèse

une victime peut essayer de comprendre

ce qui a pu se passer

elle a assez vrai que ce procès n'a peut-être pas permis

aux victimes de le comprendre si ce n'est

par la parole des experts

mais qu'il n'était pas la parole de l'ivine Chambé

c'est-à-dire elles ont eu l'impression

de pas être connues comme victimes

puisque l'autor ne s'en connaissait pas

qu'un moteur, vraiment

qu'il n'y ait pas de profonde remise en cause

les chambres sont des lieux différents

donc

la dangerosité potentielle

de l'udivine Chambé

apparaît difficile

à évaluer de façon objective

dans la mesure où il n'existe pas

de travaux scientifiques de référence

sur l'évolution des sujets de sexe féminin

pouvant être considéré

comme des tueurs en serrais

il ne s'agit pas pour moi

de noircière le tabou de l'udivine

mais au contraire, si

mais au contraire, si un jour elle veut faire une thérapie ou si elle veut s'utiliser,

finalement ce qui a été dit sur elle pour ne pas pouvoir s'en sortir, pour pouvoir

s'en mettre en cause et surtout pas réussitiver, je pense que c'est autour de ces éléments

de personnalité, à la fois le déni de la réalité, cette personnalité clivée, ce

côté un peu mégalomagnaque qu'elle avait, c'est une enfant qui a toujours été humiliée,

qui n'a pas pu réussir ses études comme elle le voulait et qui l'a apparaissée comme

une super-humaine lorsque le sommeil arrivait, et puis travailler sur ces mécanismes de

déni, le fait que pour elle l'autre n'existe pas vraiment, et ça c'est essentiel à comprendre,

l'experte n'est pas là pour noircir quelque part la personne qui la reface de lui, mais

là pour éclairer la justice, mais peut-être aussi pour permettre à l'auteur des faits

de se remettre en cause et de faire un travail psychothérapique utile si on veut l'utiliser.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, comme c'est l'usage, l'accuser à le dernier

mot, le divin chambé se lève dans son boxe et de sa voix flouette qui contraste avec

son large physique, elle dit, je suis coupable de s'écrire, et même si je pense qu'on

ne puisse pas me pardonner, encore une fois, je demande partons aux familles dévictives.

Au mot de 6 heures de délibération, le divin chambé est condamné à 30 ans de prison.

A la Côte B92 de leurs expertises psychiatriques, les docteurs du bec et Zaguri sont en désaccord

avec leurs confrères précédents, ils ne classent pas l'udivine chambé dans la catégorie

des tueurs renseignés. C'était on de la traconte Côte B, rédaction en chef Guillaume

Zaguri, réalisation Mathieu Fret.

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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité de Ludivine Chambet, 30 ans. Entre septembre 2012 et septembre 2013 cette aide-soignante d’un EPHAD de Chambéry empoisonne 13 pensionnaires… 10 décèdent. Elle a toujours dit qu’elle voulait apaiser leurs souffrances. Ces patients allaient pourtant très bien…Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.