Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Ludivine Chambet, l’aide-soignante meurtrière
Europe 1 4/14/23 - 42m - PDF Transcript
Entre septembre 2012 et septembre 2013, Ludivine Chambé est soignante dans un épat de l'hôpital
de Chambéry en poison très pensionnaire, dix décennies. Ouvrons ensemble la Côte B
du dossier d'instruction de Ludivine Chambé.
Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte B.
Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité.
Ouvrons l'un de ces dossiers.
Côte B sur Europe 1
En novembre 2013, la direction de l'épate du Césalé à Chambéry est confrontée à un étrange phénomène.
Sur tout un étage de la résidence, 13 patients sont pris tout d'un coup de malaise.
Dix en meurs, seuls trois survient.
Il apparaît qu'à chaque fois qu'un résident était pris d'un malaise soudain, une aide soignante était toujours là.
Ludivine Chambé, 30 ans.
Le 10 décembre 2013, la juge d'instruction place Ludivine Chambé en garde à vue et l'aide soignante jusque la sens histoire craque.
Oui, c'est moi qui ai fait ça, mais je voulais pas les tuer.
Je voulais seulement les apaiser. Il n'allait pas très bien.
On sent qu'on est quand même dans une affaire qui est hors du commun.
On regarde notamment des faits, mais aussi la personnalité de la personne mise en cause et particulière.
Jean-Luc Bougeon, les faits se sont étalés sur une année.
Oui, et aujourd'hui les familles se demandent comment les choses ont pu durer aussi longtemps sans que la direction de l'épate ne s'en aperçoive.
Le premier empoisonnement a lieu à l'automne 2012, le 13e, le 27 novembre 2013. C'est ce dernier cas qui alerte les médecins.
Des analystes psychologiques sur une femme de 83 ans décédée brutalement révèlent la présence de quatre psychotropes qui ne faisaient pas partie de son traitement.
On se penche alors sur d'autres morts récentes qui ont eu lieu dans l'établissement et on se rend compte que le nom de Ludivine Chambé revient à chaque fois.
Elle ne décolère pas. Collette Pillet pensait que sa mère, 88 ans, était décédée de mort naturelle, un accident cérébral mi-novembre.
Mais en réalité, c'est une des six victimes à qui Ludivine Chambé a avoué avoir administré une forte dose de psychotropes.
C'est très très dur. C'est déjà dur d'accepter un AVC, mais alors quand on vous dit qu'elle a été empoisonnée, non, on n'accepte pas.
D'abord prévenu par la police, Collette Pillet accompagnée de son mari a été reçu cet après-midi par la direction de l'hôpital.
Avec l'envie, le besoin de comprendre ce qui, pour eux, reste incompréhensible.
Elle était bien. Elle avait aucune pathologie de fin de vie. Mais même si ça avait été une fin de vie, ce n'est pas normal qu'on fasse une chose comme ça.
J'ai l'impression que ça n'existe pas cette affaire. Je n'arrive pas encore à réaliser. C'est terrible.
Moi, j'assistais la nièce d'une des victimes qui n'est pas décédée pour le coup.
Elle est une des rares à avoir échappé à l'empoisonnement, mais c'est une personne qui a sombré dans le coma pendant plusieurs jours.
Maître Ingrid Astrid Zeller, avocate d'une patiente empoisonnée.
Elle a beaucoup traumatisé les membres de sa famille parce qu'elle avait, sur son lit d'hôpital, une manière d'être crispée,
qui était, semble-t-il, caractéristique de ce type d'empoisonnement.
Il y a eu aussi le second traumatisme, qui est que les membres des familles qui placent leurs anciens dans ce genre d'établissement,
ils essaient de les protéger, ils essaient de les mettre dans des endroits sécurisés où leur bien-être va être assuré.
Et en réalité, il y a eu énormément de remords de la part de la famille de se dire, finalement,
on a livré notre parent à quelqu'un qui était là pour les empoisonner et pour les faire passer à très pas, donc c'était compliqué.
Côte B32, rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Renault et Blascher. Le Devine Chambé est né le 10 mai 1983.
Elle n'a eu aucune difficulté scolaire et a toujours souhaité faire des études courtes.
Elle a obtenu un diplôme de l'École d'aide soignante de Lyon.
À 22 ans, elle obtient son premier poste dans un service de psychogériatrie à Chambéré.
Elle n'était pas forcément très remarquée. C'est quelqu'un qui passait relativement inaperçu auprès des familles, semble-t-il, qui faisait son travail.
Mais par contre, il ressort du dossier mené par le juge d'instruction qu'elle avait, en tout cas, un peu antérieurement au fait des comportements un petit peu étranges.
Elle poussait des cris, notamment dans les couloirs, des choses comme ça, que ses collègues avaient remarquées.
Je crois même qu'elle avait été convoquée par sa hiérarchie parce que justement, il était apparu qu'elle avait peut-être besoin de prendre un peu de recue ou de se reposer.
On se jette sur cette Côte B avec beaucoup d'intérêt parce que les faits sont acquis.
Il n'y a pas à discuter sur cette question-là. Par contre, tout le travail de compréhension par rapport aux différentes expertises, par rapport aux déclarations de la personne qui est mise en cause.
Puis surtout, pour essayer de répondre à la question que tout le monde se pose, comment on en arrive-là.
Que le nom Ludivine Chambet revient à chaque fois?
L'affaire de Ludivine Chambet, puisqu'on parle déjà d'une affaire lorsque je la rencontre en prison, est connue dans les médias.
Donc à la différence d'autres détenus que je peux rencontrer ou que je rencontre habituellement quand je vais en prison,
elle est connue, les magistrats connaissent bien sûr l'affaire, mais les surveillants aussi, elle est co-détenue.
Ce qui fait qu'il s'agit d'une nette soignante, elle n'a pas l'habitude de la prison
et elle est particulièrement impressionnée et mal à l'aise de se retrouver en prison.
Alors comme tout expert, d'une part, je lis la presse locale.
J'aime bien les journalistes et je lis le Dauphiné Libéré tous les matins avant de commencer mon travail.
Mais surtout, de façon plus sérieuse, le magistrat instructeur me nomme avec une mission,
qui est la même pour tous les mises en côte, une mission d'expertise.
Et annexé à cette émission, il y a un céderome de toutes les pièces du dossier, telle que la justice.
C'est les dossiers judiciaires entiers qui m'est fourni par le magistrat instructeur.
Et donc avant de rencontrer la prisonnière, le détenu, je vais lire ce dossier,
donc je suis informé à la fois de l'enquête,
des témoignages de médecins du travail, des collègues de Ludivine Chambet
et aussi des premières interrogatoires de Ludivine devant les enquêteurs
devant le magistrat instructeur.
Alors, deux singuliers et hors normes, c'est le nombre de victimes qui dépassent la norme habituelle.
C'est vrai que je suis expert depuis une trentaine d'années.
J'ai vu des sujets qui se sont mis en cause pour ce qu'on appelle des multicides,
pour plusieurs faits criminels. Mais là, il s'agit d'une femme, ce qui est rare,
et qui est mis en cause pour plus de cinq ou six victimes à l'époque.
Et ça, c'est quand même quelque chose d'exceptionnel.
L'effet se déroule à l'hôpital de Chambéry,
donc l'unité de l'hôpital public qui a très bonne réputation,
c'est le Césalais, l'unité qui accueille des personnes âgées.
Et lorsque je la vois, elle est incarcirée dans une maison d'arrêt,
puisqu'elle est toujours prévenue, donc il est présumé innocent d'effets qui lui sont reprochés,
mais elle est incarcirée à la maison d'arrêt de Bonneville.
Bonneville, c'est une ville de haute savoie près de Chamonix,
donc une ville dans les montagnes.
Et c'est une petite prison avec une petite unité femme,
comme tous les détenus dans ce qu'on appelle le parloir avocat.
C'est une pièce qui fait trois, quatre mètres carrés,
il y a un bureau et Mme Chambéry t'assise en face de moi.
La personne est libre de bouger dans le bureau.
Les surveillants n'assistent pas à l'entretien,
mais peuvent nous observer par un hublot,
au cas où il y ait quelque chose qui se passe,
qui est inconvénient à un incident particulier.
Et lorsque le détenu est particulièrement dangereux,
nous avons une alarme sur nous, ce qui n'était pas le cas,
lorsque je rencontre Mme Chambéry.
Quand elle entre dans cette pièce,
je découvre une femme qui est de grande taille,
parce qu'elle fait plus d'un mètre qu'80,
qui a une très bonne apparence,
qui fait attention à elle,
qui est très soignée,
qui a des vêtements de bonne facture,
peut-être même un peu inadapté à la prison,
mais elle est incarcérée depuis très peu de temps,
et je pense qu'elle n'a pas eu le temps
de mettre des vêtements adaptés à la situation carcérale.
Côte B32,
rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Renaud et Blacher.
Mme le Devine Chambé est célibataire.
Elle n'a ni compagnon ni enfant.
Elle est incarcérée depuis quelques jours,
et elle vit.
Je suis là depuis jeudi soir.
C'est déjà beaucoup trop pour moi.
Je ne supporte pas cet univers.
Ce n'est pas pour moi.
Ça hurle.
On crie par les fenêtres, on crache par terre.
Je ne suis pas à ma place.
On se présente, on explique pourquoi on est là,
qui nous missionne,
et on dit bien à la personne
qu'on doit la considérer comme innocent
des faits qui lui sont reprochés,
mais qu'on est au courant de l'enquête,
et qu'il n'y aura pas de secret médical.
Elle va être dit, elle va être transcrite
intégralement au magistrat instructeur.
Et elle, elle apparaît courtoise,
coopérante,
et très vite elle exprime son malaise,
son malaise est incarcérée,
parce que ce n'est pas un milieu pour moi,
dit-elle, et qu'elle est au milieu
de récidivistes et de criminels.
En fait, elle ne se rend pas compte
que celle qui est sûrement mise en cause
pour le plus grand nombre de crimes,
c'est elle dans la prison.
Et ça ne se rend pas compte, et j'impression
qu'elle tombe sur la tête à ce moment-là.
Je lui dis, mais vous savez,
les autres détenus peuvent être aussi impressionnés
par vous, et ça ne se rend pas compte,
et là, elle le perçoit quand je lui disais.
Pour elle, sa place n'est pas en prison.
C'est pas possible qu'une aide soignante
comme elle soit en prison,
une sorte de déni,
de clivage, qui explique
cette difficulté qu'elle a
à se reconnaître à la fois comme criminel,
qu'elle reconnaît les faits,
qu'elle est accusée,
ne comprenant pas pourquoi elle est incarcirée.
Oui, c'est pas assez beaucoup de choses.
Dans la vie de Ludivine,
depuis son enfance,
elle a été traité
depuis plusieurs années par des psychiatres,
par des psychologues,
et aussi parce qu'elle a été
traite par des psychologues,
par des psychologues,
par des psychologues,
par des psychologues,
par des psychologues,
par des psychologues,
par des psychologues,
par des psychologues,
et aussi par son médecin généraliste,
qui sera le prescripteur des antidépresseurs
pour des difficultés relationnelles
et surtout depuis
la maladie de sa maman
qui va du reste décider de sa maladie.
Alors Ludivine Chambet est
une femme qui est célibataire,
qui n'a jamais eu d'enfant,
qui, à ses dire,
mais c'est ce que les enquêteurs vont aussi
s'évaluer, mais n'a jamais eu
vraiment de partenaires réguliers.
Elle a pu dire qu'elle avait un dégoût des hommes,
et lorsqu'on l'interroge
sur ce dégoût des hommes,
en fait, elle ne dit pas
ce qu'on pourrait attendre en évoquant
une agression sexuelle
ou un traumatisme affectif quelconque
avec une des premières relations,
elle évoque simplement le divorce
d'un oncle qui a été pour elle
quelque chose de très traumatique,
alors que c'est un événement qui a priori
un de ce qu'on peut imaginer
quand on est petite fille,
une relation avec un homme, une relation de couple
et ça, ça a été un élément très traumatique
pour elle, à thèse d'une fragilité psychique
dès l'adolescence.
La vie affective et sexuelle,
c'est quelque chose qui est difficile pour elle.
Ludivine a maru que quelques relations,
la première assez tardivement,
vers 22-25 ans,
ce n'est pas que la sexualité ne n'intéresse pas,
mais c'est plutôt la relation aux autres
qui est compliquée pour elle.
Et sa vie était très centrée
sur sa famille.
Ces relations, c'était essentiellement
avec sa mère
et quand la mère disparaît,
en fait, elle n'a du contact avec son père.
Et lorsqu'elle est en prison,
c'est la seule personne sur laquelle elle puisse compter.
Vous savez docteur,
je n'ai pas d'amis.
Depuis toute petite,
je suis bi, démocris,
je suis isolé.
C'est la faute de ma maladie génétique.
Je suis physiquement
à part des autres.
Au collège, on me disait que j'étais pas belle
pour m'appeler la moche.
En plus, j'étais trop grande,
donc j'étais toujours au fond de la classe
pour pas gêner la vie des autres.
Le divin est né très maturé.
Avec une maladie génétique,
une maladie orpheline très rare,
qui associe
une malformation intestinale.
Donc il faut opérer
l'enfant pour que les intestins
soient recouverts par
la sangle musculaire.
Elle a une très grosse langue.
Elle a une imperfection
des lobes ou des oreilles.
Donc une malformation,
un peu comme quelque chose.
Donc une malformation,
un peu comme quelqu'un qui aurait un persync,
qui aurait un dérapé.
Et puis elle a surtout cette très grande taille
avec une petite dysmorphie
au niveau de la face.
Et dans l'enfance, d'une part, elle va être
l'objet de soins,
parce que c'est pas évident.
C'est une opération qui est gravissime
dans les premières semaines de vie.
Donc pour les parents, ça doit être extrêmement inquiétant
d'avoir une enfant qui présente
ce type d'anomalie.
Et puis les enfants,
qui ont une très grande taille,
vont rendre difficile
son insertion scolaire.
Elle va être victime de moqueries,
comme c'est l'astre qu'elle a souvent
dans l'enfance,
et face à ça, elle réagit très mal.
En fait, elle s'isole.
Et les moqueries vont recommencer plus tard
lorsqu'elle va travailler.
Elle a un problème de whatry.
Et là aussi, elle aura du mal à faire face
aux moqueries de ses collègues.
À faire face à des choses qui sont pourtant
très banales.
Dans l'enfance, ça peut se comprendre
à l'âge adulte, c'est plus compliqué.
Je pense qu'effectivement,
cette difficulté qu'elle a
à affronter les autres, l'a isolée.
Et ça explique
qu'elle avait construit sa vie
autour de son identité professionnelle,
de son identité familiale,
mais pas du tout l'identité sociale.
Elle n'existe pas sur le plan social.
Elle avait deux éléments d'appui,
c'est la relation à sa mère.
Je n'avais pas
forcément coupé le cordon
avec ma mère.
Elle va être forcément hyper protégée.
Et la mère va avoir une relation
qui, je pense, est très adaptée.
De protéger sa fille à la fois
et de l'enquadrer sur le plan
physique, somatique, de l'accompagner.
De faire en sorte qu'elle puisse
épanouir sur le plan social.
C'est-à-dire qu'elle va avoir
une relation avec sa mère
dans un club de basket.
Ils ont fait des coups vers la musique,
la cordéon.
Mais lorsqu'elle devient adulte,
le divin a du mal à séparer de sa mère.
Même si elle a des relations
affectives, rares,
mais elle a quand même la capacité
d'en avoir.
Et ses loisirs, c'est effectivement
sa maman.
Et la mère, on va devenir
un divin à qui on va poser la question
et ce que voulait que votre mère soit apaisée.
Et effectivement au niveau de la douleur
et ce mot apaisée est quelque chose
que le divin va reprendre par la suite
pour expliquer
le pourquoi de ces gestes meurtriers.
Elle voulait, dit-elle, apaiser
la souffrance
des sujets
qu'elle mettaient à mort, en quelque sorte.
Alors que
il ne s'agit pas de l'apaisement
des sujets qui n'étaient pas en grande souffrance
psychique, loin de là,
néphysique, loin de là, mais en fait
sur le plan sémantique, c'est elle
qu'elle apaisait. Et donc c'est quand
elle était tendue psychiquement
qu'elle cherchait à s'apaiser
en tuant les personnes
à qui elle venait à mort.
Ils étaient très proches toutes les deux.
La tente
de Ludivine Chambet.
Ludivine Chambet était suivie psychologiquement
par la médecine du travail,
qu'à la direction de l'hôpital,
rien ne pouvait laisser présager de tels actes.
C'est la perte d'un point d'équilibre
chez quelqu'un qui n'a pas beaucoup.
C'est-à-dire qu'on a tous
des points d'appui.
Mais c'est un peu comme une table. Quand vous avez
une table qui a quatre pieds, on peut en enlever
un, ça va encore. L'équilibre
est encore suffisant. Quand votre équilibre
repose que sur deux points d'appui,
s'il y en a un qui
s'en va,
vous êtes en équilibre très instable,
vous faites travail et dès qu'il y a un souci
au travail, là, vous êtes
en grand déséquilibre. Dès qu'il s'est passé pour elle.
Côte B32,
rapport d'expertise psychiatrique
des docteurs Renaud et Blachère.
Madame Ludivine Chambet reconnaît
l'intégralité des faits qui lui sont reprochés.
Et elle nous dit,
je voudrais comprendre ce qui m'est arrivé.
C'est pas moi.
Pourquoi j'ai pas réalisé ce que je faisais.
La première fois c'était en mars 2013.
Avec Josette.
C'était une dame qui était très
angoissée et qui déambulait.
Elle cherchait toujours notre
présence.
Mon but c'était de la soulager.
Pas brutalement.
Pas définitivement.
Mais de soulager l'angoisse.
Dans le déroulement d'une expertise,
on aborde les faits qu'en tout dernier lieu.
Et c'est toujours
très difficile de parler
des faits avec un détenu.
Parce que soit il est dans le déni
ou la dénégation des faits. En tout cas, il reconnaît pas
les faits qui lui sont reprochés.
Soit il peut être très défensif
et donner à ce moment une image de sa personnalité
qui va être déformée. Et lorsque
on aborde les faits, effectivement,
elle reconnaît la réalité
de ceci.
Mais, il y a une explication
qui est pour le moins
décevante.
C'est-à-dire qu'elle va reconnaître
avoir voulu apaiser les personnes.
Lorsque nous reviendrons
sur les faits lors des autres
entretiens qu'on aura, elle sera
plus explicite. Et elle pourra
à la fois associer
l'effet
à cette volonté d'apaiser en fait, de s'apaiser
d'elle-même. Et aussi
au fait de vouloir
après être celle qui va porter
ce cours et apparaître qu'une sorte
de super et de soignante, la meilleure et
de soignante, la plus efficace quand quelqu'un
fait un malaise, s'en dit-elle
à l'époque, c'est ce qu'elle dit,
faire la relation entre les médicaments
qu'elle avait administré à la personne
et les secours des essers.
On voit bien, cette personnalité
très clivée, c'est-à-dire qu'en fait
elle fait en sorte que la personne est
en place. Et lorsque
le malaise nécessite l'intervention
du SAMU, elle apparaît comme une héroïne
et elle dit, je ne faisais pas la relation entre ce que je donnais
aux patients et
le malaise.
Mais enfin madame,
vous deviez savoir que vous faisiez
quelque chose d'interdit. Vous savez
très bien que vous n'aviez pas le pouvoir
de donner des médicaments aux patients.
Vous êtes soignante.
Oui.
Oui docteurs.
C'est vrai.
Je rappelle que
dans les services hospitaliers, sont les infirmières
qui donnent les médicaments,
ce sont les médecins qui prescrivent
ceci. Et là en fait,
l'auto-prescriver,
s'occurrer le droit
de prescrire est délivré.
Et là, on a quand même conscience
parce que je lui demandais, mais comment fait-on
d'un service pour prendre des médicaments
dans la pharmacie et
les amener? Et elle disait
qu'elle avait bien conscience
de faire quelque chose d'interdit
puisqu'elle dit, j'avais très peur
que l'on me voie qu'on jamais
le goblait dans la chambre
parce que c'est pas moi de le faire
mais par contre quand je ramenais le goblé vide
je n'avais plus peur parce que c'est
effectivement le travail des soignantes d'emmener les goblés vides.
Donc on voit bien qu'elle avait quand même conscience
de faire quelque chose
qui n'était pas dans son domaine de compétences
et qui était de l'ordre de l'interdit.
Comment nous, on peut expliquer
son geste?
Et là, ce qui va nous éclairer
c'est le témoignage de ses collègues de travail.
Comment quelqu'un qui a une apparence
plutôt banale et que je découvre moi
comme une femme qui a
un soucis d'elle-même,
qui a une tenue tout à fait adaptée,
qui a des soins d'hygiène
parfaits, qui est même maquillée
en tout cas qui nous se présente
tout à fait banalement
que certains de ces collègues d'écrives
comme des soignantes
tout à fait correctes
parfois un peu rude, mais bon
ça peut arriver, peut-être plus rude
quand elle a perdu sa maman, ce qui pourrait s'expliquer
mais
certains d'écrives décrient.
Tans en temps, dans son travail,
j'arrive de crier comme ça
d'écries qui n'ont aucun sens
d'apprendre certains collègues.
Et on peut se demander
si ces crimes ne sont pas ceux qui étaient
antérieurs
aux crimes, c'est-à-dire que c'est quelqu'un
qui a de part sa personnalité
des difficultés à gérer ses émotions
et
lorsqu'elle est tendue, elle avait
ce réflexe de crier
et puis elle a découvert
que lorsqu'elle était tendue
elle pouvait aussi
se détendre en provoquant
à la fois le malaise
et indirectement, et plus tard
la mort en de la personne
qu'elle prenait comme objet
et puis après de se valoriser
en étant la supérieure soignante.
Et l'hypothèse que nous retenons
c'est que ces crimes ont
d'autres finalités, ça lui permet
de s'apaiser elles
et de pouvoir exprimer
toutes ces tensions, de les régler
dans ce double mouvement
à la fois de provoquer
le malaise et la mort de la personne
et après d'apparaître
comme une super-humaine.
Et c'est ça qu'elle a mis en place
petit à petit et qui a
été précédée par ses cris
qui était une sorte de raptus
lié à son malaise qu'elle pouvait pas exprimer
et après l'a mis en acte
de façon répétitif.
Je suis rongé par les remords
je cherche à comprendre
pourquoi j'en suis arrivé là
pendant 8 ans j'étais
une aide soignante sans soucis
alors pourquoi là?
peut-être parce que c'était
une combinaison d'émotion
la grosse souffrance de maman
et puis
ma souffrance
en fuite depuis des années
je pense vraiment que j'étais pas moi-même.
Heureusement
que tout un chacun
lorsque nous sommes tendus
nous avons d'autres
manières d'autres procédés
pour gérer notre stress
pour détendre nos tensions
le divin chambé est quelqu'un d'exceptionnel
pourquoi?
c'est parce que la personnalité
de l'idivine est structurée de façon
ou mal structurée de façon en tout cas exceptionnelle
et qu'elle a très peu
de possibilité d'exprimer
ses difficultés psychiques
en tout cas elle est très isolée
sur le plan de son entourage
et elle-même a une personnalité extrêmement fragile
pathologique
et quand elle est en face
d'une situation compliquée à ce qu'on appelle
les mécénes de défense qui sont très archaïques
et qui sont richés d'enfants
mais plus d'adultes
avec un clivage
c'est-à-dire qu'une personnalité qui est biface
à la fois la parfaite et de soignante
et aussi la meurtrière
et puis aussi le déni
c'est-à-dire être capable de dire
je vais apaiser les sujets
je suis conscient que je transcrète
ça n'interdit notamment professionnel
mais je déni que les médicaments
sont à l'origine de la mort
en fait elle en est bien consciente
de la culpabilité par ce déni
c'est ce qui le permet en fait de récidiver
j'ai le souvenir qu'il y avait une effervescence médiatique
et j'ai le souvenir
que tout le monde voulait la voir
je garde l'image de quelqu'un de réservé
qui s'exprimait pas tant que ça
qui
avait toujours un peu les mêmes
justifications
pas un mot, pas un murmure
silence total
à l'arrivée de l'accusé
cheveux noirs, vêtements noirs
Ludivine Chambet est une femme forte de 34 ans
son physique contraste avec sa voix
une voix fluette de petite fille
mal assurée
elle a chez premier mot
ce que j'ai fait est terrible
je vais essayer de faire avancer les choses
pour répondre aux familles
je la reconnais pas
c'est à dire que j'ai quitté
une femme qui avait
un souci de soi
qui était plutôt élégante
qui avait une certaine prestance
et je vois une femme qui a pris beaucoup de poids
qui semble complètement indifférente
et qui peut-être du fait
d'un traitement sédatif a du mal à s'exprimer
elle bafouille
on a l'impression qu'elle met un temps fou
à comprendre des questions et elle y répond
que de façon imparfaite
et ça a été une surprise
pour moi
et ça m'a justement
permis d'expliciter
devant la cour et aussi devant les parties civiles
comment on l'avait perçu
avant qu'elle soit dans l'établité
on comprend toujours pas
comment elle a pu en arriver là
parce qu'il y a une forme d'incohérence
à mon sens entre le parcours
qui a été le sien
avec une enfance marquée
par des difficultés physiques
des maladies
des choses compliquées
relationnelles avec sa mère
très fusionnelles
avec une surprotection
ça relève des expertises
par rapport à toutes les difficultés physiques
qu'elle avait pu rencontrer
mais ça n'explique pas
comment on va vers ce passage
avec des contradictions
dans ce qu'elle pouvait dire
en disant qu'elle voulait apaiser
les personnes qu'elle l'empoisonnait
alors même qu'elle les menait droit à la mort
pour la plupart d'entre elles
et qu'il a été
révélé que ces personnes
n'avaient pas besoin d'apaisement
c'était pas forcément des personnes
qui étaient dans la souffrance
c'est inexact
notamment la personne âgée
dont j'assurais la défense avec sa famille
c'était juste une personne
qu'elle estimait trop triste
elle estimait que cette personne
s'ennuyait à l'épade
alors qu'il n'y avait pas de pathologie
il n'y avait pas de souffrance particulière
qui aurait justifié qu'on veuille
la soulager
c'était juste qu'elle estimait qu'elle n'était pas suffisamment heureuse
semble-t-il
ce discours-là
ne va pas avec la manière d'opérer
l'instruction a démontré qu'elle avait fait
plus de 6 heures de recherche sur internet
sur comment provoquer un AVC
chez une personne âgée
comment
déclencher
la mort
avec des médicaments chez une personne âgée
un certain nombre de recherches avec des mots-clés
relativement parlant
et ça, quand on va l'interroger
elle dira qu'elle ne s'en souvient pas
donc
ne s'en souvient-elle pas
ou est-ce qu'il y a un mécanisme effectivement
psychologique qui fait qu'elle met
tout ceci de côté
ou est-ce que c'est une omission
totalement utilitaire pour ne pas refaire face
à la réalité
Côte B92
rapport d'expertise psychiatrique
des docteurs Dubèque et Zaguri
sur ses passages
à l'acte
le divin Chambé nous dit qu'ils se sont déroulés
tout le long de la maladie de sa maman
et durant la période qui a suivi sa mort
elle répète qu'elle ne réalisait pas
elle a l'impression
qu'il lui a fallu un mois et demi
pour redescendre sur terre
et elle dit
je pensais que les patients étaient mal
j'étais tellement
dans la souffrance de ma maman
que j'ai transposé
calqué
la souffrance de maman
sur ces personnes
on n'arrive pas à dénouer le nœud
on sait pas
quelle était cette véritable motivation
on était
dans une espèce d'expectatif
pendant le procès qui a duré 9 jours
je crois qu'on n'a toujours pas de réponse
on ne les aura pas
je pense que le divin Chambé ne les a pas
l'aide soignante accusée d'avoir empoisonné
10 patients dans une maison de retraite
entre 2012 et 2013
hier l'avocat général a réclamé 30 ans
de réclusions criminelles contre la jeune femme
pas encore suffisant pour la plupart
des familles des victimes Jean-Luc Bougon
effectivement ces 30 ans semblent encore trop peu
pour la plupart des familles
qui ont été sidérées par l'attitude de lui divin Chambé
dans le box depuis 15 jours
certes l'aide soignante a présenté ses excuses
aux proches des résidents décédés mais tout cela
ce n'est faux selon Colette Pillet
dont la mère à j'ai de 88 ans a succombé
après avoir ingéré le cocktail d'anti-dépresseur
préparé par la jeune femme
elle savait ce qu'elle faisait c'est une bonne comédienne
et elle joue la petite fille
elle joue sur la maladie et le décès de sa mère
quand elle était à la maison de retraite
j'ai plusieurs fois à faire avec elle
et je vous assure que ce n'était pas du tout
la personne qu'on a l'air
moi c'est la perpète que je réclame
parce que ce qu'elle a fait c'est monstrueux
mais ce qui a le plus chaud que les familles
c'est l'absence d'explication
en deux semaines lui divin Chambé n'a rien dit sur ses gestes
ses empoisonnements de personnes qui ne demandaient pas
à mourir comme si elle refusait d'expliquer
presque comme si elle ne reconnaissait pas la réalité
de ses gestes insupportable pour Patrick
petit-fils d'une victime
elle s'en rende compte
8 fois elle a empoisonné Mme Miège
8 fois pour y arriver
c'est de l'acharnement
elle est dangereuse pour la société
elle est dangereuse pour elle-même
elle est dangereuse pour nous, pour nos enfants
il faut la condamner, à vie
alors la place d'un accusé est délicate
donc c'est
trouver le positionnement
est toujours quelque chose de compliqué
pour faire passer
la sincérité d'un remords
mais là pour le coup
j'avais vraiment le sentiment
qu'il n'y avait pas d'expression d'empathie
ça avait été un peu le sens
de m'appeler doré de la faire réagir sur certaines choses
parce que justement elle ne nous a pas donné toutes les réponses
elle n'a pas donné d'explications
extrêmement précises et qu'il y avait vraiment
une contradiction
dans son discours
sur le pourquoi du commande des passages à l'acte
et en tant que partie civile
bien évidemment il faut garder sa place de partie civile
c'est-à-dire
faire état de la souffrance
pour les victimes de ce qui est plus passé
mais
également de
recentrer la personne
de l'accuser dans une forme d'humanité
parce que ça me semblait important
en tout cas en tant qu'avocat
je n'avais pas
donné le sentiment que je plaidais contre un monstre
je trouve que c'est trop simple
malgré tous nos efforts
malgré la durée de l'audience
malgré les questions des uns et des autres
n'a pas forcément eu l'éclairage
que les victimes
ou tous les participants
dans cette audience auraient souhaité avoir
très clairement
mais
c'est peut-être un l'heure
de vouloir avoir une explication
ou d'expliquer l'inexplicable
de leur côté les avocats de la défense
ont tenu à rappeler leur rôle de juge impartiaux
au juré
ils ne doivent pas écouter leurs émotions personnelles
ni celles des familles des victimes dont le jugement est selon eux
biaisé
je crois que
certaines langues de victimes ont oublié
ou ne savent pas qu'il y a un procès civil
pour réparer
au moins symboliquement la douleur des victimes
mais que le procès pénal
c'est-à-dire la peine n'est pas faite
pour
réparer le prix judice
subtile immense subi par les victimes
de toute façon les procès sont jamais thérapeutiques
pour les victimes
je pense que
dans la meilleure hypothèse
une victime
peut essayer de comprendre
elle a sévré que ce procès n'a peut-être pas permis
aux victimes de le comprendre
si ce n'est par la parole des experts
mais qu'il n'était pas la parole de l'ivine Sambé
c'est-à-dire
elles ont eu l'impression de ne pas être reconnues comme victime
puisque l'autor ne s'en connaissait pas que moteur
vraiment
qui n'est pas de profonde remise en cause
dans la mesure où il n'existe pas de travaux scientifiques
de référence
sur l'évolution des sujets de sexe féminin
pouvant être considérés
comme des tueurs encerrés
il ne s'agit pas pour moi de noircir
le tableau de l'ivine
mais au contraire
si un jour elle veut faire une thérapie
ou si elle veut s'utiliser
finalement ce qui a été dit sur elle
pour pas pouvoir s'en sortir
pour pouvoir s'en remettre en cause
et surtout par décidiver
tous les éléments de personnalité
à la fois
le déni de la réalité
cette personnalité éclivée
ce côté un peu megalomagnaque qu'elle avait
c'est une enfant qui a toujours été humilier
qui n'a pas pu réussir ses études comme elle le voulait
et qui l'a apparaissée comme une super-humaine
lorsque le samedi arrivait
et puis travailler sur ces mécanismes de déni
le fait que pour elle
l'autre n'existe pas vraiment
et ça c'est essentiel
à comprendre
quelque part la personne qui la renface de lui
et là pour écrire la justice
mais peut-être aussi pour permettre
à l'auteur des faits
de se remettre en cause
et de faire un travail psychothérapique utile
si on veut l'utiliser
Avant que la cour ne se retire pour délibérer
comme c'est l'usage
l'accuser à le dernier mot
le divin Chambé se lève dans son box
et de sa voix flouette qui contraste
avec son large physique elle dit
je suis coupable de s'écrire
et même si je pense qu'on ne puisse pas me pardonner
encore une fois
je demande partons aux familles d'évictif
Au mot de 6 heures de délibération
le divin Chambé est condamné à 30 ans de prison
A la Côte B92 de leur expertise psychiatrique
les docteurs Dubéck et Zaguri
sont en désaccord avec leurs confrères précédents
ils ne classent pas le divin Chambé
dans la catégorie des tueurs renseignés
C'était On de la Traconte Côte B
rédaction en chef Kiyom Mori
réalisation Mathieu Fret
le podcast de ce programme est disponible
tous les vendredis des 6 heures du matin
Retrouvez On de la Traconte Côte B
tous les vendredis de 14h à 15h sur Europe 1
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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité de Ludivine Chambet, 30 ans. Entre septembre 2012 et septembre 2013 cette aide-soignante d’un EPHAD de Chambéry empoisonne 13 pensionnaires… 10 décèdent. Elle a toujours dit qu’elle voulait apaiser leurs souffrances. Ces patients allaient pourtant très bien…Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.