Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Louis Poirson, l’étrangleur à la clé de bras

Europe 1 Europe 1 8/11/23 - 39m - PDF Transcript

Louis Poisson, surnommé le tailleur de pierre, est un violeur et tueur en série.

Dans les années 80 et 90, il a été condamné au total pour 4 meurtres de femmes, 8 viols

et 5 agressions sexuelles.

Et quand on lui a demandé pourquoi, eh bien il se contentait de dire « elle m'énervait »

Ouvrons ensemble la Côte B du tueur en série « Louis Poisson ».

Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

En 1985, Louis Poisson est condamné à 15 ans de prison pour cette viol et 5 agressions sexuelles

commis dans la région de Strasbourg.

Il bénéficie d'une libération conditionnelle au bout de 9 ans.

Et 4 ans plus tard, le voilà à nouveau en garde à vue pour l'enlèvement d'une jeune femme.

Et très vite, 2 gendarmes de la section de recherche de Versailles, Thierry Aspinori et Daniel Rousset,

pensent pouvoir lui coller à meurtre sur le taux.

Celui d'une vieille dame de 79 ans, Charlotte Berson,

retrouvait nu dans un chant dans le Val d'Oise.

Lorsqu'on a construit la première garde à vue concernant Mme Berson avec Thierry,

on était loin de se douter qu'on avait à faire un tueur en série.

Tout commence ce 19 mai 2000 par la découverte d'une femme ligotée sur le lieu de travail de Louis Poisson.

Le tailleur de Pierre avait enfermé sa proie dans l'un des bâtiments de son entreprise qui borde l'autoroute à 13.

C'est sa patronne qu'il la découvrira.

Cette femme séquestrée peut aujourd'hui se considérer comme une miraculée.

En mai 2000, la Brigade de Jean-Laure-Marie de Bonnière-sur-Seine va nous appeler pour dire

Tiens, il y a peut-être quelqu'un d'intéressant pour vous.

Nous venons de mettre en garde à vue Louis Poisson qui vient de faire un enlément séquestration et il nous explique tout cela.

Bien sûr, nous-mêmes, nous sommes très intéressés par ce rapprochement

et nous nous rendons à l'agenda de Bonnière-sur-Seine afin d'étudier le dossier, afin de voir à qui on avait affaire.

Ce qui nous interpelle également concernant Louis Poisson, c'est qu'il a un lourd passé judiciaire.

Il a été condamné en 1983 pour une dizaine de viols dans la région de Strasbourg

et il a été condamné à 15 ans de réunition criminelle à l'époque.

Il est sorti de prison en 1994.

Mais il nous fait l'effet de quelqu'un, effectivement, de rustres, d'assez costaud.

C'est quelqu'un qui était tailleur de pierre.

Il taillait dans le marbre, dans la pierre.

Il était assez costaud, assez impressionnant.

Quand on est face à lui, c'est vrai qu'il en impose.

Face aux gendarmes, Louis Poisson consente à s'expliquer.

Car avant de mal tourner, il avait un rêve, de venir l'un des leurs.

C'est vrai qu'on a ressenti qu'il respectait notre fonction, qu'il respectait nos grades,

qu'il respectait notre qualité.

Louis Poisson, le côté militaire, on le voyait, qu'il voulait être militaire,

puisqu'on a trouvé des photos chez lui

où il est en tri rangers, en train de se prendre en photo avec les couteaux à la bandoulière.

On sent que le côté militaire chez lui, c'est quelque chose de très important.

Et d'ailleurs, signé JR, jeune Rambeau.

Vous savez mon adjudant.

Moi, j'adore Stallone.

C'est mon héros le gars.

Après le service militaire, je n'ai pas pu continuer dans l'armée.

Mais je voulais, hein, pourtant.

Je me suis bousillé le genou et je n'ai pas pu aller chez les parents.

J'en rêvais.

Je lui ressemble un peu à Rambeau.

Parce que Rambeau, c'est un mec qui veut reprendre du service.

Comme moi, quoi.

Lorsqu'il vous sort ça, vous vous dites, mais là, on sort de l'ordinaire.

Il y a une grande surprise de notre part.

On dit là, on a vraiment mis la main sur un prédateur.

S'il pense ça, si c'est son héros préféré,

est-ce que dans les actions qu'il a commises, les morts qu'il a commis,

il n'a pas un peu de ça.

Il ne partait pas aussi à la chasse aux femmes, à la chasse aux victimes.

Le but de cette audition, c'est d'abord de lui faire parler de lui.

Et à un moment donné, lui faire comprendre

que pour nous, il n'est pas étranger à la découverte de Mme Berson

ou à l'endroit où on l'a découvert nu.

Donc, bien sûr, au départ, il va rester très courtois.

Il va répondre aux questions sous l'environnement.

En gros, on l'a très vite compris avec lui.

Il ne parle que si on lui apporte des éléments.

Et c'est ce qu'on a ressenti.

Quand on pose la même question, il va y répondre.

Mais lui, il ne va pas s'échapper forcément.

Il va tenter au départ, mais très rapidement,

on comprend que si on lui pose les bonnes questions,

qu'on lui montre que ces questions, elles ne sont pas nodines

et que si on le fait d'un travail poussé et qu'il ne peut pas le contredire,

il reconnaît les choses.

Dis-moi, Louis.

Tu n'étais pas à Saint-Cyr en Artie,

là où on a retrouvé Charlotte Berson.

Bah non, je vous dis.

C'est bizarre ça.

T'as pas fêté les 50 ans de ta femme là-bas ?

Euh... Oui, oui, ça, j'y étais.

Mais alors, Louis.

Tu veux rien nous dire d'autre ?

Bon non. Allez, Louis.

On a l'ADN de la victime dans la voiture de ta femme.

Ça serait dommage qu'elle s'annuie de ta femme, non ?

Bon, ok. Je vais vous expliquer comment ça s'est passé.

Donc, il va nous expliquer que le jour de la disparition de Mme Charlotte Berson,

qu'il empruntait la côte des Méniles,

que cette femme descendait lors de sa promenade habituelle,

et comment donner, il a voulu la prendre en stop, la ramener chez elle,

et il l'a bloquée.

Et en l'abloquant, ça a énervé cette vieille femme,

elle a tapé sur son capot.

Il est sorti de la voiture.

Il se sont, entre guillemets, insultés.

Et là, du coup, ça a tellement énervé qu'il l'arrêt poussé,

elle serait tombée en arrière et elle serait tombée sur une pierre

et il l'a considérée pour morte.

Il a chargé dans son coffre.

Il l'a conduite à la ferme des Molières.

Sur place, lorsqu'il a ouvert le coffre,

il a eu la grande surprise de découvrir que cette femme n'était pas morte.

Et d'ailleurs, elle lui a sauté dessus, elle l'a invectivée.

Donc là, il s'est dit, je n'ai plus qu'une chose à faire.

C'est malheureusement de l'étrangler.

Donc il lui a fait une clé de bras. Il l'a étouffée, sur place,

sur son lieu d'emploi.

Et rapidement, elle en est morte.

Il l'a déshabillée. Il l'a remis dans son coffre.

Et ensuite, il est allé sur place, abandonné le corps.

Alors Louis Parsons était une force de la nature.

Il faut dire que sa clé de bras,

j'imagine qu'une clé de bras de sa part,

sur le coup d'une vieille femme,

ça pourrait être très rapide d'étouffer.

D'ailleurs, au cours de la guerre de la vue,

mon camarade, à un moment donné,

il a voulu lui faire signer sa déposition

et qu'il a vu Louis Parsons se lever

avec le cône sur lequel il était attaché.

Il a soulevé, alors que ce cône était rempli de béton.

Et là, ce jour-là, au moment de signer,

il a levé ce plau qui devait peser certainement 20 kg.

Et il a signé comme ça, ça faille sans problème.

Alors que pour moi, vous,

on n'aurait jamais pu faire en sorte de signer

avec sa bout de bras.

Rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Bernstein

écoute en saut.

Louis Parsons raconte l'effet de manière très neutre,

sans vibrato-émotionnel apparent.

L'autre n'est pas situé autrement

que comme un persécuteur émotionnel.

Il n'est jamais appréhendé pour lui-même,

avec de façon significative,

une animosité latente du sexe opposé.

L'altérité n'est pas vraiment appréhendé.

Après ses premiers aveux,

on l'a raccompagné à la maison d'arrêt.

Lorsqu'on était en route,

je me retourne vers lui et je lui dis

c'est bon, tu as libéré ta conscience.

Et là, de but en blanc, il me répond quelle conscience ?

On s'est regardé Thierry et moi

et là, on s'est rappelé

que lors de la perquisition, on avait des bijoux.

Nous l'ont identifié, on s'est dit, on se connaît

avec Thierry, on s'est dit, là on a affaire à quelqu'un

qu'on a commis d'autres.

Nous allons l'extraire de la maison d'arrêt

de bois d'Arcy à nouveau.

Le place sans garde à vue est de conduire

à la section de recherche de Paris.

Donc, dès le début, en préambule, je lui dis

Louis, tu te rappelles

la perquisition que nous avons effectuée chez toi ?

Il me dit oui. Tu te rappelles

les bijoux que nous avons découverts ?

Oui. Et là, je lui fais

à qui appartiennent ces bijoux ?

Je ne sais pas à moi ces bijoux.

C'est à qui, Louis ?

Je les ai trouvés par hasard.

Non Louis, c'est pas possible.

Bon, c'est mon femme chantal qui les a trouvés.

On avait récupéré une vieillère, moi,

où ils étaient dedans.

Non, Louis.

Nous, on sait.

Regarde la photo de cette femme, là.

Regarde les bijoux.

C'est les mêmes.

Elle s'appelle Lucifan, cette dame, tu la connais ?

Qu'est-ce que tu lui as fait à cette dame ?

Bon, je prends moi.

Tu sais, Louis, on va mettre

ta femme en garde à vue.

Elle va être un peu ennuillée.

Non, non. Surtout pas, non.

Bon, ok, je vais tout vous dire.

Là, ils nous regardent du fait.

J'étais en train d'aller

sur mon lieu de travail. Elle faisait du stop.

Dès que je les chargeais, j'ai compris

qu'elle ne parlait pas bien le français.

Elle me disait, tromper, tromper.

Pas bon bus, pas bon bus.

Je ne comprenais pas. Je lui demandais

où elle voulait aller. Donc, elle me dit

qu'elle était un peu plus loin.

Donc, je commence à la conduire.

Et là, très rapidement, elle est dit

pipi pipi pipi. Elle déclare

à lui, parce qu'elle a envie d'uriner.

Lui, il n'est pas assez rapide, apparemment,

puisqu'elle urine sur son siège.

Là, il s'arrête.

Il s'énerve.

Il lui explique que ce n'est pas bien ce qu'elle a fait.

Elle ne comprend pas. Il y a un échange.

Et là encore, il va nous faire

remimer le même scénario,

à savoir qu'il va pousser cette femme.

Elle est en arrière. Et elle va s'assommer.

Là, il comprend qu'elle n'est pas morte,

mais qu'elle est inanimée.

La difficulté avec lui Poisson,

c'est que, lui, à chaque fois, ce sont des accidents.

Jamais, il ne voudra reconnaître

que c'était des meurtres préméditées

avec un mobile.

Bien sûr, nous l'avons soupçonné

d'avoir violé ces victimes avant de les avoir tués.

En revanche, tout cela,

nous n'avons jamais pu le prouver.

Pourquoi ? Parce que, à chaque fois,

les corps que nous avons découverts étaient tellement dégradés

que les traces de viol ne pouvaient

pas être décelées.

Donc, lui, se sortait

dans ses aveux

en disant, non, mais moi, je les ai tués

de manière intentionnelle, ce qu'on ne croit pas,

vraiment, puisque de toute façon, il a quand même été

poursuivi, mis en examen pour

des faits de domicile.

Dans tous les cas, lui, il n'a jamais voulu reconnaître

que c'était, il y avait un mobile derrière ces meurtres.

Mais forcément, il y en avait un.

Bien que Poirson est avoué

deux meurtres de vieilles dames,

les gendarmes ne le lâchent pas.

Daniel Rousset et Thierry Espinaury ont la conviction

qu'il en a tué d'autres.

Ils s'intéressent notamment

à faire le meurtre de Janine Villain,

67 ans,

et de sa fille Monique, 44 ans,

redrouvée massacrée

dans un cimetière pour chien de douins

dans les Yvelines.

Lorsque on identifie

le second meurtre de madame femme,

là tout de suite, on s'est dit, oui, c'est la deuxième,

mais c'est certainement pas la dernière.

C'est pour cette raison qu'on est retournés,

voir les enquêteurs de la BRD Vreux.

A l'époque, on leur avait demandé

est-ce que vous, vous êtes saisis d'un domicile

de quelque chose

dans le coin de Passysureur.

Il nous avait déclaré qu'ils étaient saisis

d'un double miscide au cimetière à chien de douins,

mais que pour autant, il fallait pas qu'on s'y intéresse,

puisqu'en fait, ils avaient un auteur

qui était incarcéré.

Et là encore, les enquêteurs vont être surpris

parce que Louis Poirson va reconnaître

être l'auteur de ce double miscide au cimetière à chien de douins.

Il va expliquer que le jour où il était dans ce cimetière,

il a rencontré ces deux femmes,

celles-ci ont mis le cimetière à chien de douins.

Il a dit qu'il était un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait un cimetière qui avait un cimetière

qui avait la voifeirée de GTA

avant de rejoindre son domicile à pied

Eh Poisson, C'est pour toi

T'as rendez-vous avec ta Greg Schaap

Tu vas pouvoir causer de toi

T'as la journée avec elle

Attire toi bien

Quand j'ai reçu ma commission d'expert, j'étais à la fois fière, mais presque que le juge m'ait nommée.

Et puis très inquiète de faire ce dossier, qui était un dossier monstrueux.

Michel Agrapardelmas, experte psychologue.

Donc, j'y suis allée un peu à reculon à cause de la difficulté du dossier, de la dangereuxité de l'homme.

J'avais lu le dossier et puis je me suis trouvée face à un homme.

Je ne sais pas dire attachant, parce que si on dit attachant dans le cadre d'une expertise, ça prend tout de suite des proportions.

Si vous voulez, quelqu'un qui était intéressant au plan psychologique, parce qu'il y avait beaucoup de choses à travailler, à analyser, à comprendre,

avec des comportements tellement contradictoires, puis une espèce d'authenticité dans ce qu'il disait.

Donc ça, c'était vraiment très intéressant.

Puis il avait un côté hyper dangereux, précidiviste, mais à la fois un côté humain.

Rapport d'expertise psychiatrique des docteurs Bernstein et Coutensou.

La personnalité de Louis Poirson révèle un sujet égocentré, assez solitaire, individualiste, plutôt indépendant et autonome sur le plan mental.

Il existe une tonalité paranoïaque dans son rapport à l'autre et la dimension égocentrée confine à la mégalomanie deux pathologies problématiques.

Poirson m'a marqué d'abord parce qu'il y avait une quantité inimaginable des victimes.

Je n'ai pas vu tous les matins quelqu'un qui avait violé cinq ou six femmes et qui en avait tué au moins quatre.

C'est des dossiers quand même rarissimes.

Donc déjà la gravité du dossier, la multiplicité des victimes et puis parce que c'était une expertise rare.

Avec une personnalité intelligente, mais frustre, pauvre, mais qui, du moins avec moi, a été d'une totale authenticité et sincérité.

Peut-être parce qu'il m'a trouvé sympa, peut-être parce que je suis une gentille grand-mère,

peut-être parce que ce jour-là il était de bonne humeur et qu'il était content de sortir de sa cellule,

peut-être de trouver une écoute qui n'était pas une écoute, comme on dirait, intrusive, agressive, jujantie avec les tueurs.

Je ne me mets jamais en danger.

Rapports d'expertise des docteurs Villon et Le Moine.

Louis Poirson traduit une froideur, une difficulté certaine à exprimer ses émotions.

Un thème récurrent apparaît, celui d'être victime de toutes sortes d'injustice.

Louis Poirson se replie volontiers dans une sorte de solitude intérieure, vivant le monde qui l'entoure et les autres comme hostile.

Le contact s'est très bien passé, il n'a pas été très bavard, c'est pas quelqu'un de très causant, c'est plutôt un désœuf.

Maître Guylaine Grimaud, avocate de Louis Poirson.

Mais c'était quelqu'un qui m'a paru assez correct.

Pendant toute la procédure, il a toujours été très respectueux et très correct avec moi, ainsi qu'avec l'avocate qui l'assistait sur le dossier sur Versailles.

Louis Poirson, avocate de Louis Poirson.

Moi, on m'avait parlé de lui comme quelqu'un de très atlétique et quand je l'ai vu, je l'ai trouvé certes assez costaud, mais je le voyais plus gros.

En fait, plus bodybuildé, c'est volé.

Là, pour le coup, effectivement, ça m'a un peu surpris parce que c'est quelqu'un qui avait étranglé à Manu les deux femmes, les deux victimes dans le dossier.

Il faut une certaine force physique, alors même s'il dégageait une certaine force physique, il ne paraissait pas si impressionnant que ça.

Donc, il fallait quand même lui imaginer effectuer ces actes-là et c'était pas spontanément quelque chose qu'on imaginait de lui quand on le voyait la première fois.

C'est pas quelqu'un qui dit simulé, c'est pas quelqu'un qui revendiquait, c'est pas quelqu'un d'ableur.

C'était quelqu'un de plutôt discret, réservé, je vais pas dire timide parce qu'il ne faut pas exagérer, on n'est pas non plus dans de l'intimidité,

mais réservé, t'es eux qui a subi ce qu'il avait fait généralement au tout domaine d'ailleurs, mais qui ne revendiquait pas non plus.

Oui, assez authentique.

Je pense, alors, moi, j'ai pas eu la sensation de quelqu'un qui mentait, qui t'a mouflé une personnalité.

À mon sens, il assumait complètement sa personnalité, enfin, ce qu'il était, quoi, et c'est exact.

Alors, c'est quelqu'un qui me répond à mes questions en sens défaucé, c'est quelqu'un qui m'explique à sa façon l'effet,

c'est quelqu'un qui me parle essentiellement du dossier, je lui pose des questions également sur son passé, sur son histoire, comment il en est arrivé là.

Il n'a absolument pas minimisé son application, il ne revendiquait pas non plus, on n'est pas dans quelqu'un qui revendique ses actes.

Pour moi, c'est un client assez agréable et assez sympathique.

Maintenant, quelqu'un qui est capable, à partir de quelque chose d'assez inattendu, parfois, de, on dirait, maintenant péter les boulons,

ça laisse partir, effectivement, en rage total et de ne plus se contrôler dans ses actes.

Si vous tombez à ce moment-là, vous tombez mal, quoi.

Pourois-Louis Poisson a-t-il tué ces quatre femmes ?

Au juge, aux experts psychiatres et psychologues, il répète la même salade.

Elle m'énervait, j'épêtais les boulons.

Ça dérape parce qu'il y en a une qui lui parle d'appeler les gendarmes, parce qu'il est dans la cabane où il y a les outils, pour entretenir les tombes, etc.

Maître Guylaine Grimaud, avocate de Louis Poisson.

Déjà, l'idée d'appeler les gendarmes, de repasser en justice, visiblement, ça le fait déraper.

La personne n'aurait pas dit gendarme, peut-être que ce n'aurait pas déclenché ça, j'en sais rien, on ne peut pas savoir.

Mais je ne dis pas que c'est à cause de ça, mais en tout cas, ça a été un élément déclencheur chez lui, de façon certaine.

Donc il y a eu une espèce de montée crescendo, d'énervement, d'errapage, d'escalade psychologique, il a fait complètement déraper.

Putain, ces deux, elles vont me faire péter.

Plans, je pourrais laisser passer ça.

Pour que la frère, avec ce que je vais leur maître, elles vont plus l'ouvrir.

Et bien pour l'une et pas pour l'autre.

Et en plus, ce qu'il a toujours dit, c'est que cette femme-là, ainsi que la mère, lui ont fait penser à sa mère.

Et il y a eu une relation avec sa mère qui avait été extrêmement compliquée.

Quand il parle de sa mère, c'est qu'il lui reproche de ne pas l'avoir protégé comme une mère doit le faire, vis-à-vis des coups du père.

Parce que visiblement, le père était quelqu'un de très violent.

Et la mère ne protégeait pas, voire elle l'enfonçait.

Parce qu'elle s'acharnait aussi sur lui en écrivant dessus, en le méprisant.

Et donc, effectivement, il avait un souvenir extrêmement difficile de sa mère, voire aineux.

Voire, effectivement, ça l'a beaucoup poursuivi.

La vieille, là.

On dirait ma mère.

Ma putain d'arole.

Elle m'a toujours détestée.

Elle m'a toujours gueulée dessus.

Voilà, cette bonne femme, elle est vieille comme ma mère.

Voilà.

Et puis elle crie, bordel.

Je peux pas supporter ça, quoi.

Elle va mourir.

Effectivement, il n'avait pas du tout encaissé ça.

Il a toujours pris ça sur lui.

Et en fait, parfois, ça a ressorté.

Quand il voyait, quand il était en face de personnes

qu'il pouvait ressembler ou lui faire penser de loin.

Parce que, parfois, c'est pas seulement parce que c'était une veille dame.

C'est parce que ça lui faisait penser de loin un mot,

une image comme ça qui lui fait penser à sa mère.

Là, il ne maîtrisait pas.

Rapport d'enquête de personnalité

Louis Poirçon est né à Madagascar.

Ses parents ont ensuite déménagé à Strasbourg.

Il est né de ses trois sœurs.

Après une scolarité difficile,

il obtient un CAP de marignée.

Il est finalement embauché comme tailleur de pierre

jusqu'en 2000.

Sur le plan effectif,

Louis Poirçon déclare avoir été maltraité

par ses parents, battu régulièrement

par son père durant l'enfance.

Il qualifie ses parents d'abruti

parlant d'eux en termes haineux.

Quand il parle de sa mère, il dit

« Elle ne m'a jamais aimé.

Quand mon père était méchant avec moi,

elle ne m'a jamais défendue.

Et il dit quelque chose que j'ai trouvé

d'une authenticité pathétique.

Il dit « Elle n'a jamais mis ma photo

sur le buffet de la salamongée ».

Vous voyez, c'est très lourd,

ça a du sens ce qu'il disait.

Le père, il est violent, brusque.

Il ne boit pas, mais il est trop strict.

Ma mère, elle ne m'a jamais aimé.

Elle a toujours laissé faire le père.

Elle ne s'est jamais mise au milieu pour m'édefendre.

Elle ne m'a jamais consommée.

Elle ne s'est jamais mis au milieu pour m'édefendre.

Moi,

mes parents, j'ai souvent envie de les tuer.

Je ne l'ai pas fait,

mais pour 1 000 jours, ils mourront.

Je dirais alors entièrement,

parce que ça me prend une sortie, c'est tout.

Et puis tu sais quoi ?

Je boirai du champagne sur leur tombe.

Alors si je pouvais les aiguiller,

ça serait pas mal.

Je crois pas que ce soit vrai.

Parce que je crois qu'il aurait été content qu'il soit mort,

mais pas que ce soit lui qui l'ait tué.

Parce qu'il ajoute,

mais j'ai peur de mon père et j'ai du respect pour lui.

Donc vous voyez,

j'ai souvent eu envie de tuer mes parents.

C'était une formule toute faite,

qui ne correspondait pas vraiment

à son désir profond de les tuer.

De les voir morts peut-être, mais pas de les tuer.

Je dis, mais ça va être un enterrement religieux, oui.

Mais je lui dis, vous êtes croyants,

il dit, oui, je vais à la messe.

Je lui dis, vous êtes à la messe,

là, la prison, oui, je vais à la messe.

Comment en étant croyant et pratiquant,

vous pouvez avoir violé des tas de femmes,

en avoir tué d'autres, etc.

Et il me répond, mais sincèrement,

mais on peut pas.

Je lui dis, mais vous faites comment alors,

avec votre conscience ?

Il me dit, on peut pas faire avec.

Alors, il dit, j'ai obliteré.

Il arrive à s'extraire de tout ce qui va pas.

Donc ses souvenirs de femmes,

ça a dû être à fond.

Tu es ses femmes, les enterrés,

ça a dû être des séquences épouvantales.

Il a évacué.

Quand il parle de ses soeurs,

la première, il dit,

elle a des enfants et elle fout rien.

La deuxième, c'est celle qui est morte

dans un accident de voiture.

Celle-ci, il l'a idéalisée.

Il l'a idéalisée parce que

ce qu'elle était plus jeune que lui,

elle était gentille,

c'était une image féminine positive.

Mais elle est morte,

elle était jeune,

elle avait pas 21 ans, on se croit.

Donc cette image-là,

il l'a complètement idéalisée.

Donc c'était dans un système

défensif d'icotomique

par rapport à la mauvaise image de sa mère.

Chantal, la femme avec laquelle il a vécu

lorsqu'il est sorti la première fois de prison,

c'était aussi une belle image de la mère.

Parce qu'elle était plus âgée,

elle a 15 ans de plus que lui,

qu'elle avait eu six filles,

et qu'elle a dû le materner.

Elle l'a été gentille avec lui,

elle l'a écrit en prison,

elle l'a été gentille avec lui.

C'était aussi une belle image de la femme et de la mère.

Mais elle l'a trompée.

Et c'est à la suite,

en ayant appris qu'il l'avait trompée,

qu'il est passé à l'acte sur l'une des victimes.

Rapport d'expertise psychiatrique

des docteurs Bernstein,

écoute en sous.

L'eau et poire sont présentes

deux traits de personnalité.

D'autre part,

il s'agit d'un sujet réservé,

rétracté,

un peu replié sur lui-même,

exprimant peu d'émotions

sur fond d'une petite enfance

qu'il a vécue comme écrasée par son père,

avec des images négatives.

D'autre part,

il existe chez Louis Poisson

une inhibition dans son rapport aux femmes,

avec un malaise dans le champ relationnel

face à ses dernières,

et à l'arrière-plan,

une inhibition de râle

et de haine à leur encompte.

Alors, il a regretté la mort

de ces quatre femmes,

il s'en fichait envoyalement.

Il regrettait, parce que ça lui a provoqué des ennuis.

Il regrettait pour lui, mais pas pour elle.

Moi, j'ai écrit,

il n'avait nulle remord,

repentir, culpabilité

ou indignité.

Ils ne les connaissaient pas,

elles n'ont eu comme fonction

Européens

ont de la traconte

Christophe Ordelat

Qui a-t-il donc,

dans la tête du tailleur de pierre

d'Evreux ?

Louis Poisson est un tuer en série,

il est jugé depuis hier, devant la cour d'assises de l'heure,

pour les meurtres de deux femmes.

Il les a tués, parce qu'elle l'avait surpris

en train de détériorer des tombes

dans un cimetière pour chien.

Il a déjà été condamné à deux reprises

dans les années 80 et 90,

pour un viol et des enlèvements,

et il devra comparer à nouveau dans quelques temps

pour un autre viol et pour deux autres meurtres.

Déjà, il reconnaît tout,

ce qui est déjà un grand pas,

parce que quand vous avez quelqu'un qui reconnaît rien,

même l'évidence,

c'est une autre façon de préparer un dossier.

Là, il reconnaît tout.

Il savait très bien qu'il allait

déclarer coupable, il n'avait pas de soucis

sur ce point-là.

Le but, à la base,

c'est qu'il soit jugé non pas comme un monstre,

mais comme un homme, parce que ça reste un homme.

Il a effectivement limité

au maximum

aux assises,

la peine qui aurait été demandée.

Lors du procès,

son attitude

pour son a été

plutôt correcte,

parce qu'il était extrêmement courtois

et poli avec le président,

avec les intervenants, c'est-à-dire

l'avocat de Parti civil,

l'avocat général.

Moi, il n'y avait jamais

une difficulté non plus,

donc il n'a pas forcément fait

plus d'efforts que ça.

Relant coup en saut,

psychiatre des hôpitaux a été nommé pour suivre cette affaire.

Alors, on le voit aux assises,

il est hyper présent,

il coupe le président, il est surprenant.

Oui, parce qu'au fond, on peut dire

c'est un sujet normalement intelligent,

même s'il a un niveau scolaire assez modeste,

et dans le contact,

il a une certaine présence,

c'est un homme qui est indépendant,

qui a une certaine force mentale,

c'est quelqu'un qui se déprime rarement,

même en prison, et donc au fond,

il est soucieux de dire

ou de corriger, il est soucieux

de présenter un petit peu son acte à sa façon.

Et il a vous ?

Oui, il a vous, il donne

un nombre d'éléments d'explications,

contre les gens en général,

ceux qui mettent du pognon, comme il dit,

dans des tombes pour chiens,

c'est quelqu'un qui part au plus pressé,

au fond, on peut dire que sur le plan criminologique,

c'est très de caractère extrêmement

saillant.

En fond, une structure de personnalité

hors norme, c'est-à-dire, dans ceux qui en détruisent la personnalité,

ce sujet a une force

destructrice en cas de conflit

qui est hors norme.

Il a essayé d'expliquer

ce que lui-même n'arrivait pas tellement à expliquer,

parce que je pense que

ce n'est pas forcément facile d'expliquer

ce qu'il se passe dans sa propre tête.

Je ne suis pas sûre qu'il avait

une vraie confiance dans les psychologues

et dans les psychiatres,

donc il a essayé d'expliquer

ce qui s'était passé à l'époque

avec des explications assez

basiques quand même,

qui n'étaient pas recherchées,

mais ce qui pour lui, il suffisait.

Il a expliqué de lui essayer

de lui faire se réfléchir

sur ses propos actes,

même si je pense quelque part il y a réfléchi,

mais

à l'époque, c'était peut-être compliqué

de réfléchir.

Mais il reconnaissait que ces infractions,

c'était terrible ce qu'il avait fait.

Qu'est-ce qui explique le passage à l'acte

qui nous occupe ici ?

Il y a un conflit avec

un conflit pas grave, au fond il a peur

d'être dénoncé parce que quelqu'un l'a vu

en train de taper sur des tombes pour chien,

donc c'est quand même relativement banal,

mais qu'il soit transgressif, et troisième élément

que je vois en criminologie, c'est que c'est

un sujet qui a fait une longue peine

et donc qui, qui est dans un moment

de sa vie où il se dit tout,

mais pas revenir en prison, et donc

ça le détermine à être

particulièrement radical, on peut dire,

face à toute situation

qui pourrait amener une nouvelle incarcération.

Il n'y a pas d'optèles qui a fait le passage à l'acte.

Mais dans ces passages à l'acte homicide,

il n'y a rien.

Il n'y a pas de dimension sexuelle,

il n'y a pas de gain financier,

il n'y a pas de satisfaction morale,

il n'y a pas le plaisir de tuer,

mais il est à l'état brut,

et il mentalise pas,

il ne réfléchit pas,

il passe à l'acte parce qu'il est en colère

et que ça fait passer sa colère

de tuer quelqu'un qui l'a énervé.

Moi je ne crois pas qui tue par énervement

parce que si on tue par énervement,

ça arrive une fois dans sa vie.

Là, il y a quatre, ça voudrait dire

qu'il y a trois énervements, on tue trois fois.

Pour revenir à la jeune femme agressée,

elle nous dira quand même

que pour elle, elle avait eu le sentiment

qu'elle avait été épiée.

Il y avait un poste de surveillance

qui avait été établi

par celui qui l'a agressé.

Là encore, on se rend compte

que Louis Poisson a surveillé

sa victime pour aller l'agresser

au bon moment,

au moment important.

On voit quand même qu'il y a

un ressort sexuel

derrière les agressions, au moins pour celle-là,

mais ça nous laisse douter pour les doutes quand même.

Alors, pour moi,

Louis Poisson est un psychopathe.

Contrairement à ce qu'il voulait s'y croire,

tous les meurtres qu'il a commis

ne sont pas dues à des coincidences,

ce ne sont pas des accidents.

Il a pour moi

chassé, ciblé ses victimes

pour leur faire un guet à pan

et les assassiner.

C'est pas par hasard qu'il a tué quatre femmes

et qu'une des femmes en a réchappé.

Ce ne peut pas être des coincidences.

L'enquête n'a jamais permis de déterminer

s'il y avait eu d'élargissement

des violences sexuelles sur nos victimes.

Mais on peut toujours le penser

puisque ça n'a jamais pu être établi

par rapport à l'état des décors.

Mesdames et messieurs, la cour.

Lorsqu'on demande à Louis Poisson

s'il a quelque chose à ajouter,

il se lève et il dit

Je m'excuse.

Je peux pas vous demander pardon

parce que le pardon, on me l'accordera pas.

Mais je peux vous dire

que cette douleur

reste en moi.

J'ai reconnu les faits.

On m'a reprochement au cynisme et tout ça,

mais on m'a appris à cacher mes émotions.

La prison, c'est

une meute de loup.

On doit cacher ses émotions, sinon on aimera.

J'accepterai la peine de prison.

Mais

ça compensera pas votre douleur.

Verdict

Pour le double meurtre de Jean et Monique

Villain, Louis Poisson

prend perpétuité.

Trois ans plus tard à Versailles,

Louis Poisson est de nouveau condamné

à la réclusion criminelle à perpétuité.

Mais cette fois a sorti

d'une peine de sûreté de 22 ans

pour le meurtre de Charles Haute-Berson

et de Lucie Pham.

Dans un coin de ma tête

il y a peut-être d'autres femmes

qui ont été tuées,

au moins une d'entre elles.

Puisque je me souviens que lorsque nous sommes

allés consulter le dossier d'un scieze

à Strasbourg, nous avons vu que

dans la fouille de Louis Poisson

dans son portefeuille, les premiers enquêteurs

allaient trouver la photo d'une femme

aidée dans la nature avec l'air horrifié.

On n'a jamais pu identifier cette femme

et pour nous, on a quand même

une petite frustration de ce point de vue-là

parce qu'on peut se dire que c'est peut-être une de ses premières victimes

que personne n'a jamais su identifier.

Oui, je pense qu'il n'est pas

improbable qu'il ait pu

tuer notre foi.

Mais peut-être pas.

On ne saura jamais.

La photo de cette femme retrouvée dans le portefeuille

de Louis Poisson n'a toujours pas

livré ses secrets.

Les gendarmes ne sont pas parvenus

à identifier cette femme.

C'était donc de la traconte Côte B,

rédaction en chef Guillaume Mori,

enquête 20 sans dubie

réalisation Boris Pachinsky.

Ce programme est disponible

tous les vendredis,

dès six heures du matin,

en podcast.

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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité de Louis Poirson. Un prédateur sexuel multirécidiviste qui s’est mis à tuer au milieu des années 90. Il a enlevé, violé puis tué 4 femmes. Après 2 procès, il n’a livré pour seule explication, un laconique « elles m’énervaient »… L’experte psychologue Michèle Agrapart-Delmas et l’expert psychiatre Roland Coutanceau ont tenté de percer les mystères de ce tueur en série surnommé « le tailleur de pierre ».Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.