Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Louis Poirson, le tailleur de pierre - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/10/23 - 27m - PDF Transcript

L'homme dont je vais vous raconter l'histoire maintenant est un tueur en série catégorie

brut et pèse, incapable d'expliquer pourquoi il tue, il tue parce qu'on a fait pipi sur

le fauteuil de sa voiture, il tue parce qu'il ne supporte pas les aboiements d'un chien,

il tue parce que ça les nerfs, il tue parce que c'est l'appétit humain, il s'appelle

Louis Poisson et au début des années 2000, il a tué quatre femmes. J'ai écrit cette

histoire avec Nicolas Loupien, réalisation Céline de Bras.

Le matin du mercredi 3 mai 2000, une jeune femme, appelons-la Caroline, va prendre son

train garcin laser à Paris, le train de 8h17 pour Verneau dans l'heure, il ne faut pas

qu'elle traîne parce qu'elle a rendez-vous à l'école de son fiston, mais il y a du

monde, c'est un jour de semaine, elle est pressée, trop pressée, bref, elle se trompe

de train, elle descendra à Mante-la-Jolie et finira son trajet en bus, à son arrivée

à Mante-la-Jolie, elle est à l'arrêt de bus, quand une voiture fait une marche à

rien et s'arrête.

Bonjour madame, vous avez l'air pressé ? Oui, un peu, j'ai rendez-vous à Verneau

à l'école de mon fils, moi aussi je vais par là, je dois juste passer avant d'époser

des cartons là où je travaille et elle monte dans cette voiture.

Dès qu'il commence à rouler, l'homme est bizarre, il ne nous voit pas la bouche,

Caroline essaye d'engager la conversation, d'échanger des banalités, et lui, pas en

mots, je ne voulais pas encore dire mais la dame est noire, alors elle se dit qu'il

ne lui parle pas parce qu'elle est noire, maintenant la voiture quitte la nationale

13 et s'arrête devant une ferme, une ferme isolée qui a même l'air abandonné,

c'est un peu angoissant mais ça doit être là qu'il travaille, l'homme descend, il

fait le tour pour ouvrir le coffre et soudain, le voilà qui ouvre la portière côté passager

et là c'est un autre homme, il est hors de lui, il crie, il tremble et il a un couteau

dans la main, sortez où je vous bute, qu'est-ce qu'il y a monsieur, calmez-vous, sortez où

je vous bute, alors elle sort et là l'homme se jette sur elle, il lui attache les mains

et il l'oblige à le suivre dans une partie de la ferme qui semble en travaux, direction

le premier étage, allez monter, vite, vite, vite, mais qu'est-ce que vous voulez me faire,

vous voulez me violer, vous voulez me tuer, vous allez voir ce que je veux vous faire,

à l'étage, une pièce vide et sale, avec dans un coin vieux matelas, même le sol,

il la jette sur le matelas, il la baillonne et il la ligote solidement, bon maintenant

tu vas rester tout seul, moi je vais travailler, je reviendrai pendant ma poste de midi et là

tu verras ce que je te ferai et il va travailler tranquillement et Caroline est là,

ligoté, terrorisé, qu'est-ce qu'il va lui arriver, par exemple ce matin là, la propriétaire de la

ferme qui vient rarement, décide d'y faire un petit tour, elle monte à l'étage, elle ouvre la

porte et elle tombe sur Caroline, ligoté sur le lit, heureusement Louis qu'elle emploie comme tailleur

de pierre, il t'embat dans son atelier, Louis, Louis viens, il y a une femme ligoté sur le lit à

l'étage, viens vite, la réponse de Louis la laisse sans voix, oh je sais, c'est moi qui les

mis là, vous inquiétez pas, je vais la relâcher et il ajoute, je vous en prie madame, dit triomphe.

La suite est tout aussi surréaliste, c'est-à-dire qu'il retourne dans la chambre et il détache

Caroline et il la raccompagne chez elle en voiture, tout en s'excusant du dérangement,

mais vous avez l'habitude de faire ça ? Oh non, je m'en propose, c'est la première fois que je

m'arrive et pendant qu'il conduit, il a sa patronne au téléphone, vous inquiétez pas,

oh ouais, j'ai retrouvé mon calme. D'accord, j'ai tout de même prévenu les gendarmes,

ils m'ont dit que vous deviez vous présenter à l'abricat de Bonnière sur Seine, vous y aller,

oui, oui, madame, je la dépose chez elle, la femme, j'y vais, c'est promis.

Et c'est ce qu'il fait, c'est-à-dire qu'il dépose Caroline en mode chez elle et qu'il se rend à

la chante armerie parce que sa patronne a prévenu les gendarmes qu'il avait enlevé une fille,

surréaliste. Le voilà donc, il sonne au portail de la gendarmerie de Bonnière sur Seine.

Oui bonjour, je suis le gars là qui a enlevé une jeune femme noire, je crois que ma patronne vous a

déjà prévenu ? Oui je vous ouvre, rentrez. Et face aux gendarmes, il faut donc qu'il s'explique.

Bien monsieur, d'abord comment vous appelez-vous ? Poisson, Louis Poisson, bien. Alors pourquoi

est-ce que vous l'avez enlevé cette jeune femme monsieur ? Bah c'est que ma femme a gardé une petite

moire, alors la gamine elle a un caractère très difficile. Alors voilà, je voulais me venger en

enlevant une noire quoi. Ce mec est starbé. Bref, Louis Poisson a été ferré devant le procureur

qu'il envoie chez le juge d'instruction, qu'il le met en examen logique pour enlèvement suivi de

séquestration. Ce soir, Louis Poisson va dormir en prison à la maison d'arrêt de Bois d'Arcy.

Évidemment, ça ne s'arrête pas là. Le juge demande aux gendarmes de se

rencarder sur ce poisson si bizarre. Et il découvre qu'ils n'ont pas à faire à un enfant de coeur.

C'est le moins qu'on puisse dire. Bon, voilà ce que j'ai pu trouver sur lui. Ce gars, c'est un

récit diviste. Il y a quatre ans, il a enlevé trois adolescents auto-stoppeuses. Il les a séquestrés

dans la même ferme et Poisson réussit à s'échapper. Il a été arrêté, il a été jugé et il a été

condamné à trois ans de prison ferme. Donc il est sorti il y a moins de deux ans. Avant ça, en 83 et

85, dans la région de Strasbourg, il a commis une douzaine de viols et d'agressions sexuelles. Et

pour ça, il a pris 15 ans de prison. Bon voilà, c'est un sacré lascar qu'on vient d'arrêter. Le

récit de ces viols qui remontent à 1985 va vous donner une idée du bonheur.

Sa technique à l'époque, la voilà. Il se cache dans un parking souterrain et dans l'ombre,

il attend sa victime. Quand une femme seule garde sa voiture, il s'agit, il ouvre la portière

passager et il s'installe à côté d'elle en la menaçant avec un révolver. Et là, il la viole

dans la voiture et puis il disparaît. Il fait ça une fois, deux fois, trois fois, dix fois. Et

puis un jour, il change de mode opératoire et c'est ce qui le perd. Il prend une jeune fille en stop,

il s'arrête sur un chemin de terre isolé, il la viole et il la relâche. Et la gamine a noté son

numéro d'immatriculation et voilà comment à l'époque Louis Poisson se fait pincer par les

chandards. À l'époque, il est très jeune, il a 22 ans. C'est un fan de musculation, c'est une

force de la nature. Il rêvait d'être commandant, mais l'armée n'a pas voulu de lui. À l'époque,

ses copains le surnomrent Rambo. Pour ses douze viols et agressions sexuelles commis à Strasbourg,

il est condamné par la cour d'assises à 15 ans de prison.

Quand il découvre ce passé 15 ans plus tard, alors qu'il vient d'arrêter Louis Poisson

pour l'enlèvement de Caroline, les gendarmes tombent aussi dans son dossier sur une expertise

psychiatrique terrifiante. Alors écoute ça, le psychiatre lui parle de sa sœur et tu sais comment

Poisson en parle. Il dit j'ai jamais pu blérer la grosse, elle a toujours été con comme un manche

à baler. Et puis il dit aussi aux psy, si je suis énervé, je sais pas ce que je fais, je tape

dedans une vraie bête. Ecoute bien la conclusion du psychiatre. Poisson ne souffre d'aucune maladie

mentale, il n'est pas fou et aucun traitement thérapeutique n'est à envisager. Et ben dis donc,

il a été bien inspiré celui-là. Et nous on vient de choper un rôle de type. La petite Caroline,

elle a échappé bien. Ah ben oui tu l'as dit. Mais au vu de ce que tu racontes, ça fait 6 ans qu'il est

sorti, c'est ça. À mon avis il n'y a pas eu de Caroline. C'est pas possible qu'il ait rien fait pendant

6 ans vu le profil. Il faut absolument regarder si on peut pas lui connaître d'autres dossiers.

Et donc les gendarmes se mettent à chercher des affaires similaires dans toute la région. Et là,

la section de recherche de Versailles leur signale un dossier qui peut coller.

Poisson, c'est ça. Et ben on sera bien content.

Ça a si rend arti. Mais c'est à dit kilomètres de l'affaire où Caroline a été séquestrée.

Ça vaut le coup de vérifier, non ?

Alors, laissez-moi vous raconter cette affaire qui remonte donc à septembre 1999.

Charlotte Berson, qui a 79 ans et qui habite pas si sur heure en Normandie,

décide comme tous les jours d'aller faire une petite promenade. Et le soir, elle ne rentre pas.

Ce sont des chasseurs qui retrouvent son corps un mois plus tard. Un corps humain,

nu dans un état de décomposition avancée. On ne peut même pas dire si c'est un homme ou une femme.

Ils appellent les gendarmes.

Bon, si tu veux mon avis, cette femme n'est pas mort ici.

Moi, je pense que son corps a été transporté ici post-mortem.

Parce que quand même, il faut bien connaître le coin pour arriver là.

Ah non, ils attaquent une enquête de voisinage. Les maisons et les ferment à l'entour.

Et ils interrogent plus de 100 personnes. Ça ne donne rien. Jusqu'à l'autopsie.

Bon, d'abord, c'est une femme. Une femme âgée, à mon avis, autour de 80 ans.

Quelque chose qui puisse nous permettre de l'identifier, docteur.

Oui. Oui, peut-être. Elle a été opérée au poignet.

Et elle a une branche. Et sur la branche, il y a un numéro de série, donc ça devrait nous aider à l'identifier.

Et c'est comme ça que les gendarmes identifient Charlotte Berson, 70-19 ans.

Et là encore, le légiste apporte une aide précieuse.

A priori, donc, elle est morte le jour de sa promenade, l'examen de son estomac

nous montre qu'elle n'a pas digéré son dernier repas.

Mais, j'ai autre chose qui va sans doute vous intéresser.

Ça concerne les insectes qui ont colonisé son corps.

Ça n'est pas cohérent avec l'adapte de sa disparition. Pas du tout.

Et là, il faut que Tonton vous explique.

Le médecin légiste évoque une science qu'on appelle l'anthomologie médicolégale.

C'est-à-dire l'observation des insectes qui se sont installés dans un cadavre pour le becter.

Tout simplement.

Les mouches, par exemple, elles pondent et leurs oeufs éclosent le premier jour.

Le deuxième jour apparaissent les larves.

Le quatrième jour, les larves font un millimètre.

Le cinquième, quatre millimètres.

Le sixième jour, sept millimètres, etc., etc.

C'est comme ça qu'on sait depuis quand un cadavre est dans la nature.

Et là, concernant la pauvre Charlotte Berçon, il y a un problème.

Vous me dites que cette dame a disparu le 3 septembre, c'est ça ?

Je vous ai dit tout à l'heure qu'au vu du contenu de son estomac,

elle est morte le jour même.

En revanche, vu le stade de développement des différentes larves,

il y a un truc qui ne colle pas, parce que le corps n'était pas dans la forêt depuis le début.

Il n'y a que depuis 15 jours, je suis formé.

Et avant, il était où alors, docteur ?

Mais ailleurs, là où il n'y avait pas d'insectes.

Mais ailleurs où ?

Un an après, les gendarmes n'ont aucune piste.

Et là, on les appelle pour leur dire qu'un certain Louis Poisson a été arrêté et qu'il pourrait être l'assassin.

Pourquoi pas ?

Alors ils le font sortir de la prison de Bois d'Orsay, où il vient d'être incarcéré pour l'agression de Caroline.

Et il le place en garde à vue.

Bon, je vais vous montrer une photo, monsieur.

Et vous allez me dire si vous reconnaissez cette dame.

Montrez bien.

Oh non, non, je la connais pas.

Monsieur, je vous conseille de parler, parce que sinon, je vais aller chercher votre compagne et je vais la placer en garde à vue.

Oh bah non, elle a six enfants, ma compagne.

Elle a pas besoin de ça.

À vous de voir, monsieur.

Bon, je vais vous raconter ce qui s'est passé.

Et là, il se met à table, où oui, il a croisé cette femme qui marchait sur la route et il s'est arrêté.

Et je lui ai proposé de l'emmener là où qu'elle allait.

Elle a pas voulu.

Et comme je l'ai bloqué avec ma voiture, c'est mis à me donner des coups sur le capot.

Je n'étais pas trop content.

Je suis sorti de la voiture, je l'ai bousculé, elle est tombée, elle est morte.

Enfin, je croyais qu'elle était morte.

Mais quand je l'ai mise dans le coffre, elle s'est réveillée.

Ces aveux filles et vous ont été filmées à l'époque par une équipe de 7 à 8 de téléphone, qui était là complètement par hasard.

Écoutez comment Poisson raconte aux gendarmes comment finalement il a tué Mme Berson.

Je l'ai mis à la voiture comme ça, j'ai montré pas grave, pas grave les machins.

Et après, je me suis mis derrière et j'ai serré.

Il a serré son cou avec son bras et ça a fait craque.

Voilà.

Et après, il est allé cacher son corps dans un fouet et il l'a arrosé avec de l'acide chlorhidrique.

Et c'est ça qui a retardé l'arrivée des insectes.

L'acide.

Mais pourquoi M. Poisson, est-ce que vous l'avez tué cette femme ?

Bah elle ressemblait trop à la vieille.

C'est pour ça.

La vieille, c'est sa mère.

Et tout ça, il le raconte avec une froideur et un détachement stupéfiant.

Le juge le met en examen pour meurtre en se disant.

Il en a sous le pied, il n'a pas tout dit.

Un gendarme le reconduit en prison et dans la voiture, il lui dit.

Ça va mieux, Louis ?

T'es content à soulager ta conscience ?

Et Poisson répond.

Bah... quelle conscience ?

T'es coco comme ça.

Heureusement, on n'en voit pas tous les jours.

Dans la foulée, les gendarmes cherchent donc à savoir s'ils n'en ont pas tué d'autres, dans la région.

Janine et Monique Villain, par exemple, leurs corps ont été brûlés tout près de la ferme où travaille Poisson.

Alors ils appellent leurs collègues qui travaillent sur ce double meurtre.

Dis-moi, on a peut-être un gars là qui peut vous intéresser dans le dossier Villain.

Le dossier Villain, tu dis ?

Mais on a déjà un coupable dans cette affaire.

C'est le fils de Janine Villain.

Il a été mis en examen et tout.

Mais... il reconnaît les faits ?

Non, non, non, mais... tout se recoupe.

Bah, vous devriez quand même le voir, notre gars-là.

Poisson.

Bon, il le place en garde à vue, sans grande conviction.

Et il avoue le diable.

C'est lui qui a tué Janine et Monique Villain.

Bah... j'étais tranquille en train de boire une mousse, là.

Et puis, un clébar qui a boillé.

Ça m'a énervé, alors...

J'ai cru que ça venait du cimetière pour l'éclipse, là, qui est juste à côté.

Ah, j'y suis allé, pour le faire taire.

En vérité, ça venait pas de là.

Mais moi, j'étais quand même énervé.

Alors, je me suis mis à casser les tombes des chiambres, pour me calmer, quoi.

Et là, il y avait deux dames.

Elles m'ont menacé d'appeler le gendarme.

Oh, ça m'a mis dans une de ses colères.

Normal, hein.

Alors, je l'ai assommé la vieille.

Et puis, l'autre, la jeune, là, je l'ai attachée.

Et je les ai mis dans le coffre.

Et je suis allé jusqu'à un champ.

Et là, pour vous dire, je me suis dit...

Bah, tu sors de prison, Louis.

Donc, faut pas que tu décolles.

Alors, j'ai ouvert le coffre et je leur ai dit...

Je vous relâche, d'accord.

Mais vous dites rien.

Et elle m'a dit qu'il fallait pas que j'y compte.

Elle m'a énervé, celle-là, là.

Je lui ai mis un sac plastique sur la tête.

J'cache qu'elle bouge, quoi.

Et puis, l'autre, après, je l'ai tapé avec un bâton.

Voilà, quoi.

Et après, j'ai mis le feu.

Voilà, quoi.

C'est la bêtise humaine, quoi.

Ça, c'est le moins qu'on puisse dire.

À ce stade, Louis Poisson a avoué trois meurtres.

C'est un tueur, on s'est ri.

Et on peut penser qu'il n'a pas encore tout dit.

Par exemple, on a retrouvé des bijoux chez lui.

Ça, c'est rien. Je les ai trouvés, ces bijoux.

Eh ben, on va vérifier, Louis.

Parce que, justement, une femme est portée disparue depuis l'année dernière.

Elle s'appelle Madame Femme.

Elle a 73 ans et elle est d'origine asiatique.

Elle était dans une maison de retraite pas très loin de chez Poisson.

Et un jour, elle était allée se promener.

Et on ne l'a jamais revu.

Est-ce qu'il ne l'a pas faite monter dans sa voiture, elle aussi ?

Les gendarmes vont montrer les bijoux retrouvés chez Poisson

aux personnels de la maison de retraite.

Oh ben, je le reconnais, moi, ce petit truc de pacotille.

Elle le mettait tous les jours, Madame Femme.

Retour de Poisson en garde à vue.

Au début, comme d'habitude, innie.

Alors, les gendarmes utilisent la même méthode que dans l'affaire Villain.

Bon, Louis, si on n'avance pas là-dessus, toi et moi,

je vais être obligé de mettre ta compagne en garde à vue.

Oh non, non.

Elle a six gausses, c'est l'impôt que ça va faire.

Je vais vous raconter.

Ide 4.

Il raconte qu'elle marchait sur le bord de la route qui s'est arrêtée,

qu'il lui a proposé de l'avancer et qu'elle a accepté.

Et là, la vieille, elle me dit, j'ai besoin de Poisson.

Faut vous arrêter.

Je me suis dit, enfin, manquerait plus qu'elle pise dans ma voiture, la vieille.

Donc là, elle est descendue.

Il y avait une tâche sur le fauteuil, putain.

Elle avait pas su se retenir, la cône.

Ça m'a mis dans une de ses colères.

Alors, je le poussais.

Et puis, sa tête était tombée sur le bord.

Et puis, je l'ai mis dans le coffre.

Elle était vivante.

Quand je suis arrivé à la ferme,

je lui ai dit, regarde ce que tu as fait.

Elle m'a dit, pas grave.

Pas grave.

Elle est gentille.

Alors, j'ai serré le coup et...

Clac.

Clac.

Pour Charlotte Berson, c'était crack.

Le résultat est le même.

Il en a tué.

Quatre.

Et vous sauriez me dire

où vous avez mis le corps, M. Berson ?

Oh bah oui, oui.

Je l'ai enterré à la ferme.

Vous pouvez nous montrer où exactement ?

Oh bah oui.

Sans aucun problème.

Eh ben, on y va.

Dans la voiture,

mes gendarmes lui disent,

c'est juste parce qu'elle a pissé dans ta voiture.

C'est ça qu'il t'a mis en colère.

Ouais, je sais, je l'ai conné.

Je l'ai conné, c'est tout.

Tout ça pour de goutte dans une voiture.

Ça aurait pas dû en arriver là.

Ça valait pas la peine.

On arrivait là pour ça.

Ah !

Donc, il a une conscience.

Avant d'aller assister au procès de Louis Poirceau,

je voudrais vous faire écouter ce qu'il a dit à Michel Fine,

la journaliste de 7 à 8,

quand il a avoué,

avoir tué Charlotte Berson,

devant sa caméra.

C'est énervé.

Il s'est emporté autant pour ça.

Ça ne valait vraiment pas la peine.

Et on a réussi tout de là pour ça.

Et vous, c'est ça ?

Oui, c'est ça.

Et on a réussi tout de là pour ça.

Et vous savez pourquoi vous le faites ?

Non, ça reste un moment là, comme ça, c'est tout.

On peut pas l'expliquer.

Elle avait un petit air de ressemblance avec ce que j'appelle ma mère.

Bon, mais c'est pas...

Moi, je n'appelle pas sa mère, mais bon.

Vous avez un problème avec vos parents ?

Oui, un gros même.

Si je n'avais rien à se couler.

Honnêtement.

Avec ma frangine, c'est promis que je n'aurai rien à qui meur.

On s'achète des modèles champs.

On l'aboie sur leur tombe.

On va vous dire quel point ça en est.

Je n'en ai rien à se couler.

Tout ce qui vous en fait, vos parents ?

Le vieux, il tapait tout le temps, c'est tout.

Pour un oui, pour un non.

Et la vieille, elle n'y a rien.

Elle essaie de faire.

C'est tout.

Et vous avez l'impression que cette enfance-là,

elle a fait de vous ce que vous êtes devenu aujourd'hui ?

Oui, écoute, colère, ça vient de là.

En mon avis, ça vient de là.

Si le vieux n'avait pas tapé pour un oui, pour un non,

ça serait toujours peut-être que tout vient de notre vie.

C'est tout.

Et vous avez des remords ?

Oui, c'est sûr.

Parce que je sais que je n'aurais jamais dû arriver à ce point-là.

À ce moment-là, je ne réfléchis pas à ce moment-là.

Et vous pensez que vous êtes dangereux ?

On ne peut pas penser à ce qu'on veut.

On n'a jamais dû arriver.

C'est par bêtises humaines.

C'est ma bêtise à moi qui a pris le dessus, c'est tout.

Incroyable confession d'un tueur en série.

Louis Poisson est d'abord jugé en septembre 2002

devant les assises de l'heure

pour le double meurtre de Janine et Monique Villain.

Le premier jour est consacré à l'étude de sa personnalité.

Et Chantal, sa compagne,

vient à la barre tenter de sauver

ce qui lui reste d'humanité.

Ah ben, à la maison.

Louis, il est doux.

Il est doux.

Il est attentionné.

Il offre des fleurs.

Il fait de la peinture.

Et puis il montre beaucoup d'infection aux enfants.

Et puis il...

Il porte en vacances avec lui, quoi.

Et tout ça.

Peut-être.

Mais il n'a pas un mot

pour la famille de Janine et Monique.

Pas un mot.

Il est condamné à la réclusion criminelle

à perpétuité.

Trois ans plus tard,

Louis Poisson comparé devant la cour d'assises de Versailles

pour les meurtres de Mme Berson,

de Mme Femme

et pour l'agression à la séquestration de Caroline.

On attend beaucoup des psychiatres.

Ils viennent dire à la barre

qu'il est irrécuperable,

que ses chances de réinsertion

sont proches de zéro.

Et Poisson reprend perpète

avec une peine de sueur

de 22 ans.

On a-t-il tué d'autres ?

Les gendarmes ont retrouvé chez lui

la photo d'une dame âgée,

nue,

dans un bois effrayé.

Cette photo,

il leur a dit qu'il l'avait trouvé.

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