Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Lionel Cardon, la traque - Le récit

Europe 1 Europe 1 10/9/23 - 32m - PDF Transcript

On a tendance à tout suréquiper. Les voitures, les maisons, les outils, bientôt même les

équipements seront suréquipés. Et le suréquipement, ça se paye.

Pas chez Nissan. Jusqu'au 31 octobre, la série spéciale Nissan Cache-Kai suréquipée

est à 300€ par mois. Et oui, vous avez bien entendu, 300€ par mois. Alors faites

vite, il n'y en aura pas pour tout le monde.

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Covoituré.

On de la traconte.

Christopher Delatte

C'est une affaire qui a eu sa petite célébrité dans les années 80. L'affaire Lionel Cardon.

Et ça n'est pas pour rien qu'elle a traversé le temps. C'est une histoire hallucinante.

Trois meurtres, dont l'un d'une perversité incroyable. Et le mobilien n'a pas.

Pour le débrief, j'ai sollicité tant d'années après l'avocat de Lionel Cardon à l'époque,

Maître Pierre Blasi, du barreau de Bordeaux, interviewer et écouter dans un second podcast.

Voici cette histoire incroyable, je l'ai écrite avec Au Kis, réalisation Boris Pachinsky.

La scène de crime de cette affaire est purement hallucinante.

Les policiers qu'il a découvert en octobre 83 dans une maison bourgeoise de la banlieue de Bordeaux

n'ont jamais vu un truc pareil. Jamais.

Un homme allongé dans une baignoire vide. Il a un baillon sur le visage.

Il a les mains et les chevilles négotées avec du câble électrique.

Et il a une ficelle autour du cou, drôlement noué.

Regarde bien. On dirait un oeuf de marin, non ?

Regarde-moi ça comme c'est pervers. Tu vois la ficelle ?

Tu vois le noc qu'elle faut ?

Regarde bien. Le truc est fait de telle façon que si tu tires dessus,

bah plus tu te débattes, plus tu t'étends.

C'est bien tordu ça, hein ?

La victime s'appelle François Xavier, en 37 ans.

Il était chirurgien à la clinique de Pesac.

Ce matin, on l'attendait au bloc, il n'est pas venu.

Alors on l'a appelé sur son fixe et puis sur son bip.

Pas de réponse et pas de retour.

Alors un de ses collègues est venu toquer chez lui. Rien.

Il est allé voir les voisins. Ils savaient qu'ils avaient un double.

Il est entré. Et voilà.

C'est lui qui a appelé la police.

Patron ! Patron, on a fait le tour de toutes les pièces de la maison.

Je l'ai l'impression qu'on n'a rien volé.

Il n'y a pas de désordre, il n'y a pas de fouilles.

A mon avis, on n'est pas sur un cambriolage qui dégénère. Ça paraît clair.

Alors ? Qu'y avait-tu quoi ? On l'a dit ?

Alors ? Qu'y avait-tu quoi ? On greçait en honnête cambrioleur.

De l'argent, des pièces dehors, des bijoux planquées un peu partout dans la barraille.

Le tueur n'était donc pas venu pour ça.

Mais pourquoi ? Alors ?

Il était seul, monsieur ?

Non. Non, il était marié.

Sa femme s'appelle Aline. Elle a disparu, on ne sait pas où elle est.

Mais ce qui est bizarre, c'est que sa voiture est là.

En revanche, sa voiture à lui, elle n'est pas là. Je crois que c'est une BMW.

D'accord. Un conflit avec sa femme ?

Non. J'ai parlé avec la femme de ménage.

Les médecins, elle aussi, anesthésistes, la même clinique que lui.

Il m'a dit que tout se passait très très bien entre eux.

C'est normal de se poser la question.

Même si, en vérité, la scène de crime ne colle pas du tout avec un crime passionnel.

Le baillon sur la bouche.

Les fils électriques autour des poignées de cheville.

Et surtout ce nœud si particulier autour du coup.

Ce petit plaisir supplémentaire de voir la victime s'étrangler elle-même en se débattant.

Ça ne ressemble pas à un crime conjugal.

Il faut être un psychopathe pour faire un truc pareil.

Un psychopathe.

Patron !

Patron, regardez ce qu'on a trouvé dans le tiroir.

C'est un peu de la ficelle.

Donc on a comparé à priori, c'est la même que celle qui a été utilisée pour le nœud autour du coup.

Ok.

Donc il n'est pas venu avec.

Il a pris ce qu'il a trouvé sur place.

Tout le monde dit qu'il a improvisé.

C'est intéressant.

Le tueur a tellement improvisé

qu'il a laissé de belles empreintes digitales sur une bouteille.

Et d'autres dont la Renault 5 d'Aline Arran.

Malheureusement, je vous le dis, ces empreintes ne sont pas dans le fichier.

Elles ne pourront servir qu'à confondre un éventuel suspect.

Donc on se résume.

On a un cadavre avec une mise à mort.

Terriblement perverse.

Et on ne sait pas où est passé Aline Arran.

Elle n'est pas là, elle n'est pas à la clinique.

Personne ne sait où elle est.

Le lendemain, on retrouve la BM de François Xavier Arran

à 600 km de Bordeaux,

garé dans une rue de Nevers,

clé sur le contact.

Bon, alors qu'est-ce qu'on a là-dedans ?

Les cartes d'identité des deux.

Ok.

Un chéquier.

Un chéquier au nom de Mme Arran.

Intéressant, elle a fait deux chèques le jour de sa disparition.

Un, deux, trois mille francs.

Et le second, voyons, 150 francs.

Et ça, c'est quoi ça ?

Regarde.

Ça, sur le siège passager,

eh bien c'est une tâche de sang,

ou en tout cas ça en a l'air.

Et ça, là, sur le bord du siège,

eh bien on dirait un trou fait par une balle.

Et la balle, bah, elle est là,

loger dans la garniture de la portière.

C'est une balle de 765.

On a tiré sur quelqu'un dans cette voiture,

voiture qui appartient à un homme

qu'on a retrouvé mort étranglée à 600 km de là,

et dont la femme a disparu.

Qui a pris cette balle dans le buffet ?

Elle ? Quelqu'un d'autre ?

On est en 1983.

La DNA, la téléphonie, tout ça vous oubliez.

Dans cette enquête-là, on est dans du classique,

façon maigrée.

Priorité, reconstituer l'emploi du temps

de François Xavier Arran.

Bon, donc, d'après les infos que j'ai pu obtenir,

il quitte la clinique vers 14h30

pour se rendre comme tous les mardis

au tennis club de La Roserée, à Mérignac.

Il fait sa partie de tennis.

Il repart du tennis club à 17h15 pour rentrer chez lui.

À 20h40, un de ses collègues médecins l'appelle.

Il raconte que ça sonne longtemps dans le vide

et que, finalement, c'est Aline Arran qui décroche.

Et il dit qu'au téléphone, elle avait l'air stressée.

Il avait l'impression qu'il y avait un souci.

Donc, il a demandé à parler à son mari

et lui a dit que c'était pas possible.

Il a rappelé plus tard et, ma foi, personne n'a répondu.

Hypothèse, à ce moment-là,

le tour est dans la maison et il laisse ses caisses.

Et après, manifestement, il s'en va.

Il a probablement déjà tué François Xavier.

Est-ce qu'il emmène Aline avec lui ?

Sans doute.

Vivant ou morte, on ne sait pas.

Mais à partir de là,

on le suit à la trace jusqu'à Nevers

où on a retrouvé sa voiture.

Il dépense de l'argent en dossier, de la limoche

et puis a guéré avec la carte et le chéquier d'Aline Arran.

Alors, qui est capable de faire un neuf pareil ?

Un neuf aussi complexe et pervers

que celui qu'on a retrouvé sur la ficelle

autour du cou de François Xavier Arran.

Spontanément, on pense à un marin.

Mais il n'y a pas que les marins qui font ce genre de neufs.

Les chirurgiens aussi en font pour suturer les plaies.

Ils avaient un ennemi, les Arran, à la clinique.

D'après ce qu'on nous a dit, non.

Mais bon, attention.

Ils étaient sur le point de quitter cette clinique de Pessac.

Ils avaient démissionné tous les deux.

Ah bon ? Pourquoi ?

Je te rassure, pas parce qu'ils étaient en conflit.

Ils ont juste trouvé un double poste au soleil,

en Guyane, à l'hôpital François Bouron

de Saint Laurent du Maroni.

Lui chirurgien est anesthésiste.

Le pied, quoi ?

D'accord.

Qu'est-ce que ça nous apporte, ça ?

Je ne sais pas.

Je me dis que le chirurgien qui s'allait remplacer la barre

n'a peut-être pas apprécié de se faire piquer la place, je veux dire.

Il lui pique son poste.

Et il l'aurait tué pour ça.

Pourquoi pas, hein ?

Il faut explorer la piste, en tout cas.

Et on l'explore.

Une équipe filanguienne.

Et on perd du temps et de l'argent.

Le chirurgien a reconnu

qu'il sait faire ce genre de noeud, comme tous les chirurgiens,

mais il n'a pas quitté la Guyane.

Ça fait une semaine qu'on a retrouvé le corps de François Xavier Aran.

Une semaine que sa femme Aline a disparu.

Une semaine qu'on ne sait pas si elle est morte ou vivante.

Pour sa famille, c'est insupportable.

Mettez-vous à leur place.

Alors, sans rien dire à la police,

il décide de faire passer un avis de recherche dans les journaux

avec un numéro de téléphone qui est celui de leur avocat,

maître de cône, et sa mort à l'amson.

Cabinet de maître de cône, bonjour.

Oui.

Bonjour.

Je pourrais le parler.

Je regrette, monsieur maître de cône,

est-ce que je peux prendre un message ?

C'est au sujet d'Aline Aran.

C'est moi qui la tiens prisonnière.

Je veux une rançon.

Une rançon ?

Écoutez, monsieur,

rappelez demain, monsieur, plutôt vers 21h00.

Maître de cône sera là.

Il y aura aussi la famille d'Aline Aran.

D'accord ?

Et l'homme rappelle le lendemain à l'heure convenue.

Évidemment, la police a été prévenue.

La ligne est sur écoute.

C'est le frère de François Xavier Aran,

Jean-Marie, qui décroche.

Et une conversation s'engage

avec le soi-disant ravisseur.

Écoutez, monsieur, je ne sais pas qui vous êtes

et si je peux vous faire confiance.

J'ai rien contre l'idée d'une rançon

pour revoir ma belle-sœur Aline,

mais il faut que vous nous fournissiez la preuve

qu'elle est vraiment vivante et qu'elle est avec vous.

Vous comprenez ?

Elle est vivante.

Je vous propose de venir le constater vous-même,

si vous voulez.

Non, monsieur, il n'en est pas question.

Donnez-moi un élément qui me prouve qu'elle est vivante

et on pourra continuer cette conversation.

Je ne sais pas, soumettez-lui

deux ou trois questions que je vais vous poser

et dont elle est seule à connaître la réponse.

Votre belle-sœur

est porte un pendentif que lui a offert son père.

Écoutez, oui, c'est vrai,

mais ça prouve qu'une chose, c'est que vous la connaissez.

Mais ça ne dit pas qu'elle est encore vivante, monsieur.

L'homme rappelle cinq fois tant la soirée.

Autotin de la conversation avec lui enregistré par la police dure trois heures.

Et pas une seule fois,

il ne donne le montant de la rançon.

Ni la preuve qu'Aline est vivante.

Mais ce qui est intéressant,

c'est qu'on a pu localiser ces appels.

Ils proviennent du quartier de la Place de la Victoire,

dans le centre de Bordeaux.

Les flics se mettent immédiatement en planque

devant chaque cabine téléphonique.

Et ils attendent.

Les flics se mettent immédiatement en planque

devant chaque cabine téléphonique.

Et ils attendent.

Aux alentours de minuit,

l'homme s'approche d'une cabine.

Et pile, à ce moment-là,

le téléphone se met à sonner dans le cabinet de maître de cône.

C'est lui. C'est lui.

À ce moment-là, ils sont 7 à quelques mètres de lui.

Vous ne pourrez pas.

S'il tient vraiment Alina en otage, il faut le chier.

Extraitement.

Mais rassure-chef, terminé.

Il a raison, le boss.

Alors ils se mettent à le philocher.

À cette heure-là, il n'y a pas un chat d'or.

C'est pas facile.

Et au bout d'un moment,

putain de bordel, il perde sa trace.

Le 28 octobre 1983,

17 jours après la disparition d'Alina,

on retrouve son cadavre

dans un hameau à 20 kilomètres de nevers.

Et vu l'état,

le légiste est formel.

Elle n'est pas mortillère.

Quant au tenu des dégradations sur le corps,

je pense pouvoir dire avec certitude

qu'elle n'est pas mortillère.

Quand tu tenues des dégradations sur le corps,

je pense pouvoir dire avec certitude

qu'elle a été tuée le jour de son enlèvement.

Et de quelle manière, docteur,

une balle de 7,65 tirait en plein cœur,

à bout au champ.

Du coup,

il aurait mieux valu l'intercepté,

ce type à la sortie de la cabine téléphonique.

Mais bon, on ne pouvait pas savoir.

Heureusement, les flics sont arrivés

à tracer un portrait robot d'Usigoto.

La chance de cette affaire,

c'est qu'au même moment,

une autre équipe de flics de Bordeaux

travaille sur une série de cambriolages

étrangement commis ces dernières semaines

chez des médecins.

Bon, par exemple, vous devez savoir

que la voisine des Haran, qui est pédiâtre,

a été cambriolée 2 mois

avant le meurtre des Haran.

Intéressant, intéressant.

Mais,

c'est pas ça.

Intéressant, intéressant.

Vous avez quoi là-dessus ?

Là-dessus, rien.

Mais, on a été amenés à faire le rapprochement

avec une autre affaire, un autre cambriolage

chez un chirurgien d'antiste

de Lacanon.

D'accord ? Et ?

Et bien, on a trouvé une carte d'identité

dans la maison.

Un certain Lionel Cardon, 25 ans.

Et bon, si je vous appelle,

c'est parce qu'il ressemble vraiment,

vraiment avec votre portrait robot.

C-A-R-D-O-N, c'est ça ?

Oui, oui, c'est ça.

Et c'est vrai,

la ressemblance est frappante.

Mais il y a mieux que ça.

Les empreintes digitales de ce Lionel Cardon

sont les mêmes que celles qu'on a relevées

sur la bouteille chez les Haran.

Et l'oiseau a appassé

qu'il est sorti de prison il y a 4 mois,

après 6 ans de toll,

condamné à 10 ans en 1977

pour braquage d'une station-service.

Le pompiste avait été grièvement blessé.

Et alors, à l'époque, quand les collègues

sont venus pour l'arrêter,

il a sauté par la fenêtre figuratoire

d'une quatrième étage.

Et du coup, il a passé plusieurs mois

avec un corset dans sa cellule.

Il y aurait un moyen de le pincer.

Il est en conditionnel.

Et donc, il est censé aller pointer toutes les semaines

au commissariat de Créteil,

en région parisienne.

Sauf que les journalistes de Sud-Ouest

ont un nom et son portrait robot à la thune.

Et que derrière, comme des moutons,

toute la presse en vrai.

Merci, messieurs.

Maintenant, il sait qui les recherchait.

Mais c'est pas vrai.

Quel est le con qui a balancé cet info ?

Quelques heures plus tard,

place de la Concorde à Paris,

deux motards de la police arrêtent une moto.

Une rondade, roule.

Son feu arrière ne fonctionne pas.

Bonsoir, monsieur.

Vous n'avez pas de feu arrière ?

Oh ?

Non. Vous l'avez pas vu ?

Vous nous présentez vos papiers, s'il vous plaît ?

Oui, bien sûr.

Voilà le cortocrise de la moto,

mais le pas mon nom.

Et votre permis de conduire, s'il vous plaît ?

Je le prends avec moi.

Vous appelez comment ?

Bertot.

Jean-Claude.

J'habite àvenue d'Humaine, dans le 14e.

Bien.

On va vérifier ça.

Vous nous suivez jusqu'à la fourrière de Birrakem, s'il vous plaît ?

Bon, vous eux ?

D'accord.

Les trois motos se dirigent lentement

vers la fourrière.

Et là, d'un coup.

Le tip à la handa met les gaz,

direction le bois de Boulogne.

Les deux flics en ont quille derrière lui.

Ils s'approchent. Et bam !

Ils percutent sa honda.

Le gâton les flics aussi.

Et là, il sort une arme.

Le brigadier au char s'écroule.

Il a pris deux balles dans le cœur.

Et le tip s'enfuit en courant vers le bois de Boulogne.

Et on perd sa trace.

La honda rouge

appartient à un certain Lionel Cardon.

Le lendemain matin,

à 10h30,

un homme appelle un journaliste

de l'Agence France Presse.

C'est Cardon.

Allô ?

Voilà.

C'est moi qui ai tué le motat hier soir.

Mais attention, hein.

J'ai agi en état légitime des France.

J'ai vu porter la main à son étui pour dégainer.

Il m'aurait tué.

Si je l'avais pas arrêté.

J'ai tiré instinctivement.

Je n'ai pas envisé.

Autre chose.

Au sujet de l'affaire à rendre.

Moi, je tiens à vous dire que je suis totalement étranger à Strum.

Cette affaire, elle a été montée de toute pièce.

C'est une machination.

C'est complètement dégueulasse.

En attendant,

il est toujours en cavale.

Deux jours plus tard,

se déroulent les obsèques du brigadier au char.

Au même moment,

Lionel Cardon s'introduit arme au point

dans le cabinet de maître Nicole Dreyfus,

avocate dans le 16e arrondissement de Paris.

Qu'est-ce que vous faites là, vous ?

Je m'appelle Lionel Cardon.

Vous vous souvenez pas ?

Quelques années, vous étiez participé dans une affaire contre moi.

Non.

C'est une affaire contre moi.

Non.

Je me souviens pas. Qu'est-ce que vous voulez ?

Je veux vous provoquer ici une journaliste du quotidien de Paris.

Annette Kahn.

Bon, écoutez, monsieur.

Moi, je suis pas à votre service.

Et j'ai aucune intention de téléphoner à Annette Kahn.

Alors faites-le, si vous voulez,

et tirez-moi dessus si ça vous chante.

Moi, de toute façon, j'étais résistant pendant la guerre,

alors je suis en sursite depuis 1945, d'accord ?

Alors j'ai pas peur.

Mais sa jeune secrétaire, qui n'a pas été résistante,

elle finit par appeler la journaliste Annette Kahn.

Elle est d'accord.

Elle arrive.

Et là, se passe un truc un peu surréaliste.

Le chien de Mme Dreyfus a la crotte au bord des lèvres.

Il réclame d'aller faire ses besoins.

Et Cardon accepte.

Bon, ok, on y va.

Mais attention, on lâche devant la porte,

il sait ce qu'il a à faire, il revient en remonte.

Et tout le monde descend.

L'avocate, sa secrétaire, sa femme de ménage, et Lionel Cardon.

Le clébare est docile, il fait ce qu'on lui demande.

Sauf qu'au moment de remonter,

avant l'ascenseur est trop petit.

Pas de soucis, monsieur, je vais remonter à pied.

On se retrouve là-haut.

La femme de ménage remonte à pied.

Et dans l'escalier,

elle croise l'employé de maison d'une voisine.

S'il vous plaît, il y a un homme armé dans le cabinet.

Vous pouvez appeler la police.

Deux retours dans le cabinet

arrivent la journaliste Annette Kahn.

C'est vous qui avez écrit StarTik sur moi dans le quotidien de Poiré ?

Ouais, c'est moi.

On vous savait rien sur moi.

Si vous voulez un scoop, je peux vous parler des conditions des détenus en prison.

Des humiliations quotidiennes,

l'infantilisation des détenus.

C'est une humain à la prison.

À ce moment-là, au loin,

les sirènes de police se font entendre.

Et voilà les flics dans l'escalier,

armés de pistolets mitrailleux.

Et d'un coup, ça se met à tirer dans tous les sens.

Cardon réplique à travers la porte.

Un policier est blessé.

Et maintenant, le quartier est bouclé.

Des journalistes commencent à arriver.

Et des négociations s'engagent à travers la porte Crippelet-Ball.

C'est le substitut du procureur Laurent Damnas, qui est à la manave.

Cardon,

faites un geste.

Libérez un otage.

Il libère la secrétaire.

Et 20 minutes plus tard, la femme de ménage.

En ce temps-là, à l'extérieur, un asphor se prépare,

filmé en direct par les caméras de télévision.

En cas d'asphor,

j'hésiterai pas à tuer les otages et à me tuer, je vous préviens.

Je suis dans le viseur.

J'attends les instructions.

Terminé.

Le préfet de police est prêt à dire OK.

Mais le procureur est con.

On doit d'abord penser aux otages.

D'autant que maintenant,

Cardon tient fermement la journaliste Annette Kahn,

entre lui et la porte.

Elle lui sert de bouclier.

L'après-midi passe.

Oh !

Je suis d'accord pour libérer la journaliste.

OK.

Mais elle sort avec ton arme.

Il finit par relâcher Annette Kahn vers 18h,

mais sans son arme.

Maintenant, il ne sont plus que deux dans le cabinet.

Maître Dreyfus est lui.

Allez-y, maître.

Allez-y, sortez.

Mais vous êtes fous.

Ils vont vous abattre en la foulée.

Je m'en fous, je m'en fous, je n'ai rien à perdre.

Hé !

J'ai eu une cigarette.

OK.

Tu nous laisses entrer alors.

Le commissaire et le substitut du procureur

entrent dans le cabinet main en air.

Et une discussion s'engage.

Elle dure une heure.

Et au bout, Cardon pèse son arme

et il est arrêté.

Ouf !

Et on le sort par la grande porte de l'immeuble.

Les journalistes n'en perdent pas une mienne.

Si on le meurtre du brigadier Hauchard,

il ne peut pas nier, on sait que c'est lui.

Mais sur celui des époux Aran,

en revanche, c'est pas lui.

Il sert une histoire à dormir debout.

Contez pas sur moi pour dénoncer qui que ce soit.

J'y étais, OK ?

Mais j'y étais pas seul.

J'y suis allé avec un couple.

Patrick et Isabelle.

Je crois que c'est des amis à eux.

Je crois qu'elle est là à travailler avec madame Aran.

Bref.

Ils voulaient faire chanter monsieur Aran pour avoir de l'argent.

Le projet, c'était de l'enlever elle.

Le temps que lui réunisse l'argent de la rançon.

Donc c'est eux qui l'ont ligoté dans la baignoire.

Et moi, ce qui s'est passé à ce moment-là,

je sais pas, je n'y étais pas.

Et après, on est partis en voiture.

Et puis à un moment, ils ont entendu à la radio

que le mari avait été retrouvé étranglé dans la baignoire.

Et là, la femme forcément, Aline,

elle a pété les plombs.

Et s'est jeté sur Patrick.

C'est lui.

C'est lui qui lui a tué dessus.

Et il l'a tué quoi ?

Mais qui est ce Patrick ?

Ah, désolé.

Je peux pas vous en dire plus.

Je prends une balance, moi.

Sur le papier, pourquoi pas ?

Ça donne un sens à ce double meurtre,

qui pour l'instant n'en a pas.

Alors les policiers pluschent les 12 millions de ceux

qui ont travaillé ces dernières années à la clinique de Pesac.

Et ça ne donne rien.

Cette piste à la con ne tient pas.

On va le juger deux fois.

Et on commence par le meurtre du brilladier au chat.

Je voulais pas le tuer.

C'était comme qui dirait un geste réflexe.

Il a voulu sortir son arme.

Il avait sorti au trois quarts.

J'ai tiré le premier.

Là, il s'est affaissé.

Et lui, il s'est mis à tirer trois fois.

Pan, pan, pan.

J'ai même pris une balle dans l'épaule.

Et donc j'ai tiré une deuxième fois.

Voilà.

Peut-être que j'étais un peu bargeau.

Mais bon, j'avais mon capital vie à défendre.

C'était ma vie contre la sienne.

Peut-être.

Mais à la fin, c'est perpétuité.

Deuxième procès en décembre 86 à Bordeaux.

Il concerne le meurtre des époux Arran.

Bien.

On m'informe que M. Cardon a tenté ce matin

de se trancher la gorge avec un rasoir jetable.

Il n'est pas mort,

mais le procès est donc reporté d'une semaine.

L'audience est levée.

Une semaine plus tard,

il fait son entrée dans le box.

Pâle.

Très pâle.

Pendant toute l'instruction,

il a nier le meurtre du couple de médecin.

Depuis le début,

il désigne Patrick et Isabelle.

Un policier vient à la barre faire une utile mise au point.

Nous n'avons retrouvé aucune trace,

aucune empreinte de qui que ce soit d'autre

que M. Cardon chez les Arran.

Notre conclusion est qu'il était seul,

contrairement à ce qu'il affirme.

Et j'ajoute que Mme Arran

a été tué avec l'arme qu'il avait sur lui

au moment de l'arrestation.

Les expertises embalistiques ne laissent aucun doute.

Et là,

il se met à gueuler comme un veau

au point que le président décide de l'expulser

de la salle d'audience jusqu'à la fin.

À part ça, on bute toujours sur un point crucial.

Pourquoi ?

Pourquoi a-t-il tué les Arran ?

Bah pour l'argent, il n'a rien pris.

Alors peut-être que c'est juste parce qu'il est

bargeau, comme il dit,

tordu, brésil.

Ce que l'enquêteur de personnalité raconte

sur son enfance

conforte plutôt cette piste.

Quand il était enfant,

il avait un frère et une soeur

et sa mère les a abandonnées à leur père

qui à l'époque était garde-côte.

À la suite de quoi

le père a sombré dans l'alcool

et les enfants,

dont Lionel Cardon,

se sont retrouvés littéralement

livrés à eux-mêmes.

Et à partir de là,

il part en vrille, si vous me permettez l'expression,

et à 17 ans,

il a déjà été condamné 6 fois

pour vol.

Et voilà exactement

comment se fabrique un psychopathe.

Mais ça ne l'empêche pas d'être condamné

une deuxième fois à perpétuité.

Cette fois-ci avec une peine de sûreté

de 18 ans.

En prison,

Cardon est comme un fove en cales

et plusieurs fois il tombe de s'évader

dont une fois avec de la dynamite.

Et puis les années passent

et en 2013,

après 33 ans de prison,

Lionel Cardon sort.

Son projet est de monter

une salle de box,

mais aucune banque évidemment

n'accepte de lui prêter de l'argent.

40 ans de tolles,

les banquiers sont friscés.

Et donc il braque un bijoutier

et puis une bande.

Et il en reprend pour 20 ans.

Il est toujours en prison

à l'heure où je vous parle.

Il pourra demander une libération conditionnelle

à partir de 2024.

Sous-titrage ST' 501

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En octobre 1983, dans une maison bourgeoise de la banlieue de Bordeaux, François Xavier Aran, un chirurgien de 37 ans, est retrouvé mort chez lui, ligoté et étranglé par un système de nœud complexe. Le corps de sa femme Aline Aran est retrouvé 3 semaines plus tard, à 600 km de là. Elle a été tuée par balle.