La source: Les expulsés de Folembray

Radio France Radio France 9/25/23 - Episode Page - 49m - PDF Transcript

François Sainte-Terre

Aujourd'hui, on va faire sensibles les expulsés de Folon-Hembré,

où l'histoire de 26 Maghrébins, placé en résidence surveillée dans une caserne près de Soissons,

en réponse à l'assassinat de 5 Français en Algérie, le 3 août 1994.

L'histoire de 25 hommes et d'une femme pointée du doigt,

qualifiée d'Islamistes, dans un contexte où les tensions vont grandissant entre la France et l'Algérie.

Et c'est bien ce qui est arrivé à ces hommes et à cette femme,

une expulsion sans procès qui s'appuie sur une procédure spéciale que des juristes remettent en cause.

Tous algériens, sauf un marocain,

parfois proches des mouvements islamistes algériens, mais parfois sans aucun rapport avec eux,

ils seront expulsés du territoire français pour l'exemple.

À la manœuvre, Charles Pasquois, à leur ministre de l'Intérieur,

qui au coeur de l'été 1994 met en scène cette folle histoire sans que personne ne le résonne.

20 personnes arrachées à leur famille, à leur travail, qui n'ont jamais remis les pieds sur le sol français.

D'autre habité aujourd'hui, le sociologue Marois de Mohamed,

au CNRS, auteur du livre intitulé « Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le problème musulman aux éditions la découverte ».

À faire sensible, une émission de France Inter,

récite documentaire Marjolaine Kork, rédacteur en chef Franconiard,

chargé de programme Rébecca Donante, réalisation Frédéric Milano.

La chaleur est déjà écrasante en ce vendredi 5 août au matin,

lorsque les habitants de Folambraie, dans le département de Lenne,

remarquent l'agitation autour de la caserne de la commune.

C'est inhabituel, le bâtiment est à l'abandon depuis 2 mois,

tout juste reste-t-il de haut-trois à plait de contingents et quelques gradés qu'ils aperçoivent, parfois.

Mais, la veille déjà, ils avaient aperçu du mouvement.

Ce matin, les voitures sont plus nombreuses.

Des gendarmes prennent position autour des grilles de l'entrée, malgré les ronds.

Ce qui ont poussé, ils portent même des gilets par balles.

11 militants islamistes interpellés par la police ce matin en France,

c'est aujourd'hui que les plus hautes autorités de l'État

rendront hommage aux 5 Français assassinés en Algérie.

C'est la radio qui leur apprend la nouvelle.

La commune va servir de base pour regrouper de dangereux islamistes

soupçonnés d'avoir un lien avec l'assassinable de 5 Français algés.

Il y a 2 jours, en effet, 3 gendarmes et 2 agents consulaires ont trouvé la mort,

tués par 9 hommes dans la cité d'Ortoire d'Ainallah,

ou vivent des expatriés français.

En Algérie, les tensions sont de plus en plus fortes

depuis les élections ratées de fin 2011.

Le fils, le fond islamique du salut, était sur le point de remporter l'élection.

Scrutin aussitôt annulé par le pouvoir en place.

Et depuis, des groupes armés sèment la terreur,

comme l'armée islamique du salut,

ou dans une version plus soft, si l'on peut dire,

le GIA, le groupe islamique armé.

Depuis ces élections ratées, plusieurs ressortissances étrangers

sont morts dans des attentats donc plus d'une dizaine de Français.

En novembre 1993, déjà,

la mort de deux géomètres français en Algérie

avait provoqué l'opération chrysanthem sur le sol français,

qui s'était soldée par 88 arrestations,

la découverte de documents compromettants chez le chef de fils en France,

et l'assignation à résidence de 7 personnes.

Des stocks d'armes ou de faux papiers destinés aux islamistes algériens

sont régulièrement découverts par les forces de l'ordre dans des caches.

En 10 mois, 150 personnes,

soupçonnées d'être proches des milieux intégristes,

sont terpellées en France.

Après l'assassinat des cinq fonctionnaires algés,

la coupe est pleine.

Dès le lendemain, le jeudi 4 août,

les 7 assignés à résidence de l'opération chrysanthem

sont regroupés à Folambre dans cette caserne

où ils seront désormais sous des trois de surveillance.

Et donc rejoint par 10 nouveaux assignés dès le vendredi matin.

Chez les habitants de Folambre, c'est la panique.

Dans cette petite commune,

située à 25 km nord de Soissons,

les 1500 habitants n'ont pas l'habitude du remu ménage.

Mais là, au coeur de l'été,

surgissent des dizaines de journalistes,

micro et camérames, des dizaines de gendarmes.

Et voilà qu'on leur impose de vivre

aux côtés de dangereuses islamistes

sans avoir été prévenus,

pas même le maire qui a dû interrompre ses vacances.

Bref, l'affolement est palpable.

On parle d'enlever les enfants du centre aéré

de se clouatrer par peur des représailles

de la part d'autres islamistes contre la caserne.

De plus, les assignés à résidence

ont eu le tout paix de déroulés de grande banderole au balcon

où il est inscrit camp de concentration de Folambre,

en violence.

Pendant ce temps, à Paris,

sur l'aéroport du Bourget,

les corps des cinq victimes viennent d'atterrir.

Et le premier ministre, Édouard Balladur,

se recueille devant les épouilles.

Il protégeait d'autres Français en Algérie.

La nation tout entière est bouleversée.

Armand Barr avait 28 ans.

Fabrice de Caen avait 25 ans.

Stéphane Salomon avait 31 ans.

Jean-Micelle Serlet avait 23 ans.

Gérard Toureille avait 42 ans.

Ils sont morts parce qu'ils étaient Français.

Ils sont morts parce qu'ils étaient la France.

On ne construit pas une idéologie sur la haine.

Moins encore sur des meurtres odieux.

On ne sert pas une religion,

la confondant avec le terrorisme.

On ne prépare pas l'avenir en refusant le monde.

Dans la soirée, le GIA, le groupe islamique armé,

revendique l'attentat.

Un communiqué, bref,

s'attendait au journal Elayat,

dans lequel il affirmait à l'origine de l'attaque menée

contre 5 chrétiens français.

Charles Pasquois, ministre de l'Intérieur,

est au commande depuis l'annonce de l'assassinat des ressortissants français.

En moins de 48 heures,

c'est lui qui a pris la décision de mettre en place

cette mesure administrative

contre toute personne suspectée d'appartenir à la mouvance intégriste

et de les regrouper en un seul lieu.

Le vendredi soir,

après deux jours d'interpellation et le regroupement de ces interpellés,

le ministre est invité au journal télévisé.

Nous avons affaire à des gens

qui sont les complices de terroristes et d'assassin.

De surcroît, ce sont des gens

qui n'ont pas respecté les règles élémentaires de l'hospitalité.

Et ils ont l'air d'être mécontents, d'être chez nous, mais qui s'en aillent.

Si ils veulent partir, nous sommes tout à fait prêts

qu'ils trouvent un pays d'accueil et qu'ils s'en aillent.

Est-ce que vous comptez les expulser ?

Les arrêtés d'expulsion les concernent tous.

Les cesse qui sont affolambrés sont tous sous le coup

d'un arrêté d'expulsion.

La seule chose qui pour le moment ne peut pas être faite,

puisqu'il n'est pas question pour nous de les envoyer en Algérie,

où je crains qu'ils ne seraient assez mal accueillis

et ils risqueraient leur vie.

Donc il n'est pas question pour nous de le faire.

Mais s'ils trouvent un autre pays,

il va falloir qu'ils y aillent.

On ne les retenons pas.

Que reprochent-on précisément et directement

aux personnes qui sont assignées à résidence dans l'EN?

Leur participation,

ou leur soutien direct,

a des mouvements liés au terrorisme.

C'est-à-dire?

Ah mais ça suffit, je n'ai rien de plus à dire.

Mais est-ce que ces personnes par exemple

ont directement participé au réseau de trafic?

Je n'ai rien d'autre à vous dire.

Vous n'êtes pas juge d'instruction.

Je n'ai rien d'autre à vous dire.

Mais si vous les assigniez à résidence,

c'est que vous avez des choses précises à leur reprocher,

j'imagine.

Des choses précises à leur reprocher,

sauf qu'on ne saura jamais les quelles.

Pour l'instant,

le plus connu des assignés à résidence

est Jafar Eluari,

le président de la Fraternité Algérienne de France,

la FAF.

Ce mathématicien de 37 ans

est le fondateur du mouvement qui sert de relais

l'électoral office auprès des Algériens

de la France.

La FAF est ainsi accusée de diffuser

des idées anti-française,

même si Jafar Eluari a condamné

la vague d'assassinats perpétrés en Algérie.

Depuis le camp,

à la fenêtre de la caserne,

il crie aux journalistes,

Charles Pasquot n'est pas le tuteur des Algériens,

c'est le fils qui l'emportera,

avec ou son soutien de l'Occident.

Le samedi 6 août,

c'est un imam d'Ardèche qui est amené

à la police, l'accuses d'avoir été en possession

de tractes du fils, appelant à la lutte armée

en France, ce qu'il nique catégoriquement.

Ils sont désormais

17 à la caserne.

En Algérie,

l'armée salue fait savoir qu'elle considère

ses assignations à résidence comme une

déclaration de guerre,

et elle désigne la France comme si

éventuelle l'action violente,

si ceux qu'elle appelle ses frères ne sont pas libérés.

Dans le village de Foland-Rembret,

le maire a fait placarder des avis à la population

dans les commerces pour appeler

ses habitants à garder leur calve

et à éviter les invectives à les gars

des assignés à résidence.

La menace est donc prise au sérieux

par le ministère de l'Intérieur.

Dans la journée, 250 CRS

viennent renforcer le dispositif

déjà mis en place à Paris pour prévenir

les violentes représailles promise par la IS.

Dans les gars et les aéroports de la capitale,

les forces de l'or sont partout,

comme dans tous les lieux publics.

Le samedi soir,

d'une opération spéciale de 3000 contrôles d'identité

est effectuée par la préfecture de police.

50 personnes sont interpellées

pour diverses raisons, mais sans liens

réels avec les mouvants intéristes.

Pour les autorités françaises,

le calcul est simple,

il faut déstabiliser les organisations.

Il faut dire que pendant

tout week-end,

des alertes à l'abond sont signalées

à Paris, à Lyon, Marseille, Dijon,

la guerre de l'Est, à Paris,

d'évacuer le dimanche après midi,

après l'appel d'une personne affirmant

à partenir au GIA.

Des menaces anonymes sont également émises

à l'encontre de la communauté maghrébine.

Bref, les esprits s'échauffent.

Dans la nuit du dimanche au lundi,

des contrôles ont encore lieu dans la capitale,

puis dans d'autres grandes villes de France,

comme à Lyon.

Les maghrébins visés par ces contrôles

commencent alors à perdre patience

et à pointer du doigt la malgame

entre extrémistes et citoyens français-musulmans.

Le risque, c'est de pousser les gens vers l'intégrisme,

car les banlieues sont fragiles.

C'est ce que soulignent les responsables

de l'union des jeunes musulmans,

associations dont le message islamique

appignant sur rue.

J'allais dire, il ne faut pas rajouter d'huile sur le feu.

C'est des jeunes qui sont difficultés,

économiques, identitaires, etc.

Ce n'est pas le moment, je crois,

d'attiser la haine,

comme disent certains.

Je serais tenté de dire au pouvoir public

à M. Pascua,

laisser nous aimer notre France.

Ce n'est pas la peine de faire cultiver un sentiment négatif

vis-à-vis de notre pays.

Du côté de Folambre, la casère ne semble renaître.

Le gazon étendu,

les herbes et les ronces des broussaillés,

des ouvriers s'activent pour sécuriser les lieux

en installant des projecteurs.

Ça veut dire que l'assignation

à résidence semble être partie pour durer

au grand dame des habitants.

Dans la presse,

on apprend que sept kilos de viande à l'âle

ont été livrés à la caserne

et que du savon a été fourni par la maison de retraite

d'à côté.

Par la fenêtre, les assignés n'hésitent pas

à échanger avec les journalistes,

qui les alpatent de l'autre côté des grilles.

Un imam de Lyon leur affirme

ne pas être concerné par ce qui se passe

en Algérie.

D'autres, au contraire, revendiquent leurs doigts

de se sentir proches du fils

sans avoir à en subir un enfermement.

Enfin, une dernière catégorie

se fait très discrète, car elle ne comprend

absolument pas ce que lui arrive,

s'estiment bien loin de tout milieu intégriste.

Parmi elle,

un épicier d'olive dans le Nord Pas-de-Calais.

Je suis commerçant.

Je suis pas pratique.

Je bois de l'alcool.

Et je suis algérien.

Et je sais pas pourquoi je suis là.

Et on est là, on est là.

On n'a pas.

Vous n'êtes ni pratique, on y proche du fils.

Non, jamais j'ai fait la politique.

Jamais je suis pas du fils,

ou autre partie, j'ai jamais fait la politique.

J'ai pas l'intention de la politique.

Je travaille, je mène ma vie

très très bien, professionnelle,

ma vie privée, pareil.

Et ça m'intéresse pas de faire la politique,

j'ai jamais fait la politique.

Qui est donc cet homme, épicier à lieux 20,

qui dit boire de l'alcool et vendre du porc

dans sa boutique et n'avoir jamais

approché un quelconque milieu politique ?

Au fil des jours,

de nombreuses questions font surface.

Enfin, toutes ces personnes sont-elles réellement

dangereuses pour la sécurité du territoire ?

Et cette rétention dans une caserne

gardée comme une prison est-elle

même légale ?

Quelques articles soulevant ces questions

paraissent alors qu'une nouvelle vague

d'arrestation de Rennes 5, nouveau détenu

à la caserne, ils sont désormais 22

au soir du 10 août.

Dans les articles de presse,

on se questionne sur le danger qu'il représenterait

réellement.

Et quelques sources policières

révèlent que dans le groupe, il existerait

en fait deux catégories d'islamistes.

Les théoriciens,

capables d'exercer une influence

sur une communauté et considérés comme

les plus dangereux, et à leur côté,

appellent communément des secondes couteaux.

Bref, pas des premiers rôles.

Autrement dit, des personnes qui n'ont pas vraiment

de poids, et envers lesquelles

aucune procédure d'urgence ne semble

légitime.

D'ailleurs, ce jour-là,

l'épicier de Liévin est relâché.

Il avait été interpellé pour avoir prêté

sa voiture à un ami qui par la suite

avait été arrêté en Algérie, rien de plus.

Alors pour retenir ces gens ici,

le ministère de l'Intérieur s'appuie sur un arrêté

d'expulsion en urgence absolue.

Cette procédure

doit être suivie d'un arrêté d'assignations

à résidence dans un lieu donné

en attendant de trouver un pays d'accueil

aux expulsés, dans la mesure où il n'est pas

possible de les renvoyer dans leur pays d'origine.

Et les conditions de sécurité ne sont pas

réunies pour les renvoyer en Algérie, justement.

En temps normal, cette procédure

permet aux assignés de circuler librement

dans un périmètre donné d'une commune

un département.

Mais là, ce n'est pas le cas.

Les 17 personnes retenues ont interdiction

de sortir, ou alors

elles doivent demander une autorisation

et sont accompagnées.

Autre effet de cette situation,

l'expulsé doit faire lui-même

les démarches pour trouver un pays d'accueil.

S'il n'y met aucune volonté,

la rétention pourrait durer

indéfiniment.

Alors on s'organise,

on appelle les avocats.

Ceci devant la situation kafkaïenne

qui s'installe, monte au créneau.

Il suffit de se rendre sur place

et d'aller

à Follembré pour se rendre compte

qu'il n'y a pratiquement aucune différence

entre une maison d'arrêt et la caserne de Follembré

à l'heure actuelle.

Les barbelés, les gendarmes en armes,

je dirais, nous sommes manifestement

face à

une situation exceptionnelle

qui ne peut, selon nous,

qu'être qualifié de détention.

L'ordonnance des 1945

qui donne des garanties aux étranges vénés donc par respecter.

Alors les avocats se tournent vers le juge

des référets pour faire

respecter les droits de leurs clients.

Réponse le 1er septembre.

D'ici là,

et bien d'ici là, il va falloir prendre

son mal en patience.

...

J'apprends

mes nuits

à mon sommeil

...

Je veille

j'avise

de mon île solitaire

...

Combien de nuits

pour d'attir

pour retrouver le mot ?

...

Je rêve à toi

...

ici

depuis mon île aux oiseaux

...

pas place vite

...

n'enfinis pas

de consumer ma peau

...

je ne sais pas

pourquoi elle exige

si j'y viens d'être ou bien de mourir

...

cet avril

n'enfinis pas

de consumer ma peau

...

amour

le temps me basse

que ta rie

semble loin

...

j'ai quitté l'île

au matin clair

j'ai regardé

partir le train

...

Aujourd'hui, il est séquestré

de faux lambrés.

France inter

...

Dans le village, la tension est redescendue

les habitants se sont habitués

à vivre entourés de journalistes

faisant pieds de gras au soleil

sous l'oeil des caméras, toujours à la fuite

de l'autre côté des grilles

les détenus se promènent dans le grand parc de la caserne

organisent des parties de football, prises

et reçoivent des visites, amis, familles

et pendant ce temps à Paris

les contrôles faciés se continuent

à la fin de la semaine

le chiffre de 22 000 contrôles opérés

dans les rangs de ville

dans une interview

le recteur de la mosquée de Paris

redoute un retour au climat de la guerre d'Algérie

je le cite

avant qu'il donne son avis sur les arrestations de faux lambrés

Elle révèle une

grande fermeté

une grande décision

de ne pas permettre

la violence instaurée en France

et ça, nous sommes tous d'accord

et nous ne pouvons que

subir peut-être les conséquences négatives

d'une telle volonté

qui sont des contrôles

peut-être même des risques de dérapage

concernant

des atteintes de type raciste

ou de type xenophobes ou autre

Est-ce que vous sentez proche des activistes

qui sont assignés à résidence à faux lambrés ?

Je me méfie un petit peu

disons, des amalgames

je me méfie de ce qui ne m'est pas

montré

mais si quelque chose leur est reproché

je serais tout à fait d'accord

qu'ils subissent absolument

les conséquences de leurs actes

ça c'est clair et net

Leur acteur

tentera même de rendre visite aux assignés à résidence

en particulier à un détenu

l'Immam Larbicachat

qui officiait la mosquette de la route Tangée à Paris

réputé pour être un homme de dialogue

l'Immam est plus habitué

à prêcher la bonne parole sur les antennes de France 2

le dimanche matin

qu'à monter des coups politiques clandestins

et pour beaucoup, il n'a rien à faire là

même si les intégristes assignés

refusent de recevoir d'Ali Boubackeur

à la caserne

cela n'empêchera pas le 18 août

de publier un communiqué condamnant

les violences contre les étrangers

les innocents et les civils en Algérie

et de dénoncer le nouveau climat

sécuritaire visant la communauté musulmane

de France

avec l'accord des nations nationales

des musulmans de France qui président

ils demandent la libération de Larbicachat

à ses côtés, la Ligue des Rois de l'Homme

le MRAP

SOS Racisme

la fédération des associations de solidarité

avec les travailleurs immigrés

toutes les associations montent au créneau

elles demandent que cessent les contrôles

officieuses dans les rues de Paris

qui stigmatisent une communauté entière

mais Charles Pasquan a plus de limites

personne ne l'arrête

même quand il dépasse ses prérogatives

de ministres de l'intérieur

en appelant les États-Unis

la langue Bretagne et l'Allemagne

à mettre hors d'État de nuire

les dirigeants du FIS dans ces pays

une incursion dans le domaine diplomatique

sur les plates bandes de l'Injupé

à à l'Horoké d'Orsay

mais ils font ça

sans faire dans la dentelle quand ils sous-entend

préférer les militaires au pouvoir alger

plutôt que les islamistes

prosaïque, il affirme qu'en cas de victoire du FIS

il n'aurait pas de réponse

à la flue massive de migrants algériens

qui impliquerait cette prise de pouvoir

et que dans ce contexte

on s'aperçoit que Charles Pasquan joue

à son jeu préféré

terroriser les terroristes

comme il l'avait déclaré en 1986

et ce même s'ils n'en sont pas vraiment

déjà

lors des attentats de cette époque

il avait sorti quelques fiches de tiroirs

des noms, des adresses de militants politiques

connu de ses services pour cas d'effout coupable

l'opinion puisse constater que la police

s'activerait

même recette pour falloir embrer

c'est dans les vieux pots qu'on fait

les meilleurs soupes

en attendant la caserne, certains assignés

ne comprennent toujours pas ce qu'ils font ici

parmi eux, deux scientifiques

loin de tout milieu politique

pour l'un d'eux

son solteur a consisté

à offrir une balise de randonnée un collègue

qui savait être proche

des milieux islamistes

un autre, Sainte-Marie

décide même dans une grève de la fin

de se faire entendre

et le rêve qui le conduit à l'hôpital

je suis innocent, je le répète

ma grève de la fin

ça exprime

un secours

ce que je veux dire

ce que je comprends par la grève de la fin pour moi

c'est demander au secours

que je suis innocent

à 100%

je demande de l'aide

au monsieur ministre l'intérieur

monsieur Jean Pasqua

de l'améliorer

ministre de la justice

et les autorités concernées

ma présence

à Fort Lambré

à l'hôpital de Chouny

je suis là par erreur

Sainte-Marie ne survit que grâce à la perfusion

mais si y avait pas ça

ça fait longtemps que je suis

en dessous de la terre

vous avez menacé également de vous suicider

je ne menace personne monsieur

je ne menace personne

désormais les assignés à Fort Lambré sont

25, bientôt 26

retenu arbitrairement

au mépris des lois en vigueur

avec parmi eux un lot conséquent

de personnes dont les liens avec les milieux

extrémistes ne semblent pas avérés

répétons-le

il l'a à faire sensible

dans un article du monde diplomatique

le journaliste Thomas Deltrump écrit

du maçon du Gers

à l'étudiant de Marseille

de l'agent de gestion à Lyon

les islamistes mises en scène

par monsieur Pascua ressemblent étrangement

à un échantillon représentatif

de l'immigration française

de son côté

dans son édition du 17 août

le canard en chaine n'est fait remarquer qu'aucune loi

ni aucun décret

n'autorise l'embastiment de 25 algériens

dans cette caserne

Pierre Mainry, le ministre de la Justice

sait qu'il y a un problème

et courageusement il se tait

comme en déblomadaire

les avocats des assignés à résidence

déposent des recours devant le tribunal administratif

pour faire annuler l'exécution

de l'arrêt ministériel d'expulsion

il demande également

l'établissement d'un constat d'urgence

sur les conditions d'assignation de leurs clients

les associations de défense des droits de l'homme

montent également en créneau pour demander eux

le respect des procédures légales

dans le journal Le Monde

l'avocate Tufi Kakem

publie une tribune

les mesures musclées prises par Charles Pascua

et leur traitement télévisuel

contre les islamistes à Paris

me rappelle ce qui s'est passé

à Alger au lendemain de l'interruption

du processus électoral

de janvier 1992

ici, comme là-bas, on arrête des gens

plus ou moins sympathisants islamistes

sans preuves irréfutables

sans jugement préalable

dont on ne sait pas trop quoi faire

et qu'on part qu'elle avait vite dans

des casernes désaffectées

l'équivalent français des camps du sud algérien

s'appelle Follembray

quant aux images qui arrivent de Follembray

elles risquent de donner une respectabilité

aux intégristes d'aujourd'hui

comme aux indépendantistes d'hier

ici, comme là-bas

les politiques au pouvoir

sont les plus efficaces fabricants

de révolter

qui trouveront immanquablement dans l'islamisme

radical un exutoire

à leur fureur

est-ce vraiment le but recherché ?

avocats

incinier, leurs soutiens, la presse

sont alors suspendus à la date du 1er septembre

jour le tribunal administratif

doit délibérer

en attendant les visites continues

dont celle de motseigneur Gaillot

habituait fréquenter l'immame de la rue Tangé

pour les séquences religieuses

du dimanche matin sur France 2

il vient lui apporter son soutien

ainsi qu'aux autres détenus

ces gens que je ne connais pas qui sont ici

si vraiment on a des choses à leur reprocher

que la justice

fasse son travail

mais ils sont parqués en attendant

et tout le monde attend mais pourquoi etc

est-ce que vous utilisez le mot arbitraire

pour ces détentions ?

pour qu'échape l'arbitre, je serais tenté

de lui dire oui, le connaissant

je suis tellement surpris

le mercredi 30 août

en entreprenant cette démarche

l'évêque des vrais estimes qu'il ne sort pas de son rôle

au contraire

il déclare venir en aide aux personnes en difficulté

et ouvrer à la bonne entente entre les communautés religieuses

à deux jours

des rendez-vous au tribunal administratif

les défenseurs des droits de l'homme veulent se faire entendre

dans une tribune publiée dans le monde

l'avocat Simon Forman

rappelle l'article 6

de la loi du 3 avril 1955

relative à l'état d'urgence

et qui dit

en aucun cas

l'assignation résidence ne pourra

avoir pour effet la création de camp

où seraient détenus des personnes

26

qui ne sont poursuivies en l'occurrence

pour aucun délit

sont donc détenus illégalement

et l'avocat

de souligner que la rétention arbitraire

lorsqu'elle n'est pas cette jour

est passée de 30 ans de réclusion criminelle

les taux se ressentent

autour de le Charles Pasquois

que faire les assignés dans la mesure

où cela ne sollicite aucun pays d'accueil

pour leur expulsion

ce mercredi 30 août

Saïd L'Arbin toujours en grève de la fin

et ramenait de force à la caserne de Follembre

comme s'il fallait lire à patrie

en prévision d'un événement important

dont personne pour l'heure

n'a encore idée

nous avons appliqué ce matin

les arrêtés d'expulsion concernant

la plus grande partie

de ceux qui avaient été assignés

à résidence à Follembre

j'espère que cela servira de leçon

à ceux qui ne respectent pas les lois

de la république et aussi celles de l'hospitalité

quel pays est le pays destinataire

qui l'annoncera lors de leur arrivée

dans la journée vous pensez

dans la journée

20 des 26 détenus sont donc expulsés

dans la plus grande discrétion

6 ont échappé au charter

et sont assignés à résidents chez eux

où ils peuvent retrouver leurs proches

parmi eux Saïd L'Arbin

certainement sauvé par les certificats médicaux

prouvant sa fragilité du fait

de sa grève de la fin

et puis aussi l'Imam L'Arbin Kechat

pour les autres et surtout pour leur famille

c'est la douche froide

son mari est expulsé

surprise et déception pour cette femme

qui s'apprêtait à lui rendre visite

elle avait convenu hier soir par téléphone

mais entre temps son mari a quitté la France

pour le Burkina Faso

indignation d'un ami venu lui aussi

rendre visite

vous voyez comment ça va

on se fait

750 km

pour rien du tout

cette visionnaire rendez-vous

oui, hier à 22h

c'est lui même qui a dit

passer par l'Evaille nous a donné

l'itinéraire à l'apprendre

le Burkina Faso

chez tous les proches de la sidération

au petit matin

les 26 quittent donc folambrai

les attents

20 d'entre eux se retrouvent ainsi sur le tarmac

de la base militaire de Rince

à 9h40

il décolle sans savoir où l'avion les mène

certains résistent

ils sont frappés et montés de force

à bord du Boeing 737 affraités par le gouvernement

du côté des avocats

à la veille de l'audience au tribunal administratif

c'est encore la douche froide

personne ne savait

maître Nathalie Crozier

qui défendait 19 des 26 membres

déclare d'avoir été informé de rien

de ne pas savoir

combien de ses clients ont été expulsés

toutes ces demandes

auprès du ministère de l'Intérieur

étant resté l'être morte

l'heure

acheminement

s'est déroulée dans les conditions

les plus normales et les plus convenables

d'ailleurs personne n'a protesté

tout ce qu'il peut dire aujourd'hui pour moi

présentant comme intérêt

savez-vous où ils pourraient aller ?

ils sont au Burkina Faso

je remercie d'ailleurs le gouvernement

le Burkina Faso de les avoir accueillis

maintenant ils sont libres d'aller où ils veulent

c'est pas bon le problème

même si l'Algérie veut les accueillir

moi je ne vois pas d'être convenant

bref, Pascua comme pilate

s'enlève les mains et elle a fait rérégler

il a court-circuité les voies judiciaires

et transformé cette mesure

de quatorcien leçon adressée

à tous les étrangers

mais pourquoi le Burkina Faso

qu'on appelle aussi le pays des hommes intérieurs

le gouvernement Burkina B

affirme avoir accueillis les expulsés

à leurs demandes et à celles de gouvernements français

Jafar Eluari

le président de la fraternité algérienne

de France et pourtant catégorique

personne n'envisageait

une telle destination

d'une même voie

depuis l'hôtel où ils sont retenus à Ouagadougou

les vingt expulsés organisent dès le lendemain

une conférence de presse

nous tenons à tuer moi

nous avons été victimes

d'un kidnapping

suivi d'expulsions illégales

nous n'avons en aucun cas

demandé à quitter la France

pour une destination telle-quante

nous avions exercé du retour

nous attendions pour la justice

ce prononce

ils ont certes changé de décor

mais de nouveau le groupe est assigné à résidence

avec toujours

parmi ce groupe

son lot d'hommes accréduls

qui ne parviennent pas à comprendre ce douleur

aux enchaînements

comment a-t-on pu les arracher à leurs femmes

leurs enfants, leurs travail

et les envoyer dans un pays d'Afrique

qui ne connaissent pas et sans possibilité de retour

à l'un docteur en physique au CNRS

et l'autre docteur en chimie

à Marseille

de son part des militants

ils n'ont aucun casier judiciaire

et nous même jamais eu de contact avec la police

avant d'être embarqués dans cette histoire

pure Kafka

et deux vies en morceaux

la suite de cette histoire est partie dans les limbes

malgré quelques arrêtes de reconduites

à la frontière

cassé par le tribunal administratif

dans les mois qui suivent

aucun dévain ne sera réhabilité

aucun ne reviendra en France

du moins officiellement

pendant des années

le gouvernement français puis burkinabé

a payé nos poursuites

pour la justice

c'est-à-dire la justice

c'est-à-dire la justice

puis burkinabé a payé nos pensions

aux assignés de folie en vrai

là c'est d'attendre que le conseil

déta ce statut sur le recours

peu à peu ils se sont dispersés

à l'aide de faux papiers fournis par le burkinal lui-même

certains vivent en Grande-Bretagne

d'autres en Suisse ou au Pays-Bas

en 1996

il reste neuf des vingt assignés

à Ouagadougou

deux d'entre se marient sur place

et reconstruisent une famille au Burkina

en 2005 il en restait

encore six toujours assignés à résidence

et en 2000

on apprenait que

lors de la première opération de 1993

l'opération chrysanthème

qui avait lancé la grande vague d'interpellations

était, diront-nous, entachée de l'irregularité

les soi-disant documents

à câblant

trouvés au domicile de représentants du fils en France

par exemple

avaient été placés chez lui par les services de police

pour donner un caractère de réussite

à l'opération coup de poids

cette et l'époque passe quoi

France Inter

affaire sensible

Fabrice Drouel

aujourd'hui

les expulsés de folie en vrai

notre invité Marwan Mohamed

sociologue CNRS

vous êtes l'auteur du livre Islamophobie

comment les élites françaises fabriquent le problème musulman

aux éditions

la découverte

d'abord qu'est ce que vous inspire cette histoire précise

c'est une affaire

dont j'ai une mémoire assez

assez vive

j'avais 20 ans

je pense que c'est la première fois à titre personnel

que je m'intéresse

à une affaire qui touche à la question de l'islamisme

dans un contexte

après

victoire et annulation de la victoire

du fruit islamique du salut

en Algérie

comment les élites françaises fabriquent le problème musulman

c'est un peu comme la question juive

il n'y a pas de question juive

il y a une question de l'antisémitisme

il n'y a pas de problème musulman

il y a une question de racisme et de l'amalgame

c'est ce que vous voulez dire aussi

on a juste utilisé un cadre d'analyse

qui s'appelle la construction des problèmes publics

il n'y a aucun problème en soi

il n'y a que des problèmes construits

pour qui un problème soit construit

il n'y a aucun problème en soi

il n'y a aucun problème en soi

pour qui un problème soit construit

il faut que des acteurs se mobilisent

notamment des acteurs étatiques

des acteurs du champ médiatique

ou du champ administratif

du gouvernement

des acteurs publics etc

ce qu'on a essayé de faire c'est

depuis la fin des années 70

essayer de comprendre à chaque moment

qui a participé et pourquoi

à la construction du problème musulman

je vais dire circonstance agravant

pour l'histoire qu'on raconte

dans les années 90

l'Algérie vit une décennie

de violence

une décennie terrible

de guerre civile

on est vraiment dans une période

encore postcoloniale

parce qu'il concerne les rapports avec la France

il y a sans doute un double problème

le problème algéro-algérien

et puis le problème des relations

difficiles entre l'Algérie et la France

on est au coeur de ça

d'abord je pense qu'on n'est pas sorti

du contentieux historique postcolonial

encore

donc dans les années 90

c'est à peine 30 ans après

les accords des viens

et en fait c'est quelque chose

qui est encore extrêmement vice

donc il y a deux choses comme vous dites

il y a le contentieux historique

les relations compliquées entre la France et l'Algérie

mais en même temps il y a des rapports

aussi très pragmatiques de coopération

que ce soit la coopération militaire

la coopération sur la question des énergies

etc entre les gouvernements

français et algériens

et sur ce point-là

c'est le livre de Thomas Delton

qui le montre très très bien mais avec d'autres

François Gess etc qui avait écrit un livre

intéressant à cette époque-là

c'est qu'il y a un accord

une espèce d'alliance entre

un certain nombre de membres du gouvernement algérien

qui s'entendent très bien avec Charles Pasquot et son entourage

et donc ils ont un intérêt commun

à la construction d'un certain nombre

de problématiques autour de l'islamisme

pourquoi mais parce qu'il y a

une partie des élites politiques

assez méfiantes à l'égard des généraux algériens

qui sont très critiques de l'interruption

du processus électoral

en 1992 après la victoire

du front islamique du salut aux élections

législatives et

qui ont du mal

à être motivés à enroller dans

une ligne éradicatrice

Pasquot et sur cette ligne éradicatrice

il le dit très bien d'ailleurs en disant

sans complexe

comment enroller

un petit peu et susciter

l'adhésion d'une partie des élites qui résistent

notamment de Balladur et d'autres Juppé

eh bien en construisant

un problème islamiste

algérien mais dans le contexte français

donc l'opération chrysanthème est un montage

quasiment de A à Z

et la question

de Follembray

comme vous l'avez appelé séquestrée de Follembray

s'inscrit dans cette

dynamique politique

vous remarquez des vraies différences

entre les gouvernements de droite et de gauche

en France

à l'époque où la droite ou la gauche

avait le pouvoir

l'alternance

Là pour le coup on est quelques années avant les élections

présidentielles de 95

donc il y a ce contexte électoral

qui en approche

mais l'important à ce moment-là pour Charles Pasquot

c'est de parvenir à imposer sa ligne

sa ligne

qui est éradicatrice et sécuritaire

en faisant

ce qu'il sait faire

et tout ça a eu des effets

majeurs au niveau de la vie des communautés musulmanes

en France et notamment de la communauté algérienne

Alors pour comprendre tous ces problèmes

compliqués

problème humain aussi

il y a une lexique

d'aller mot islamiste

alors islamiste catégorie infamante

qui une fois imposée sur une personne ou un groupe

permet d'enclencher des contrôles ou des mesures

disciplineurs islamiste

attentat violence

quelle est la définition

de mot islamiste

la définition qu'on peut accepter

Alors c'est bien que vous me posiez la question

parce qu'en fait

il y a plusieurs

définitions qui cohabitent

et il y a même eu avec le temps

une tendance à l'élargissement

de ce

à quoi le mot islamisme

fait référence

à la base pour les sciences politiques

c'est tout ce qui relève des mouvements

et des organisations

qui s'appuient sur la référence islamique

pour construire à la fois

leur idéologie mais également

pour construire un projet politique

et donc il y a des mouvements islamistes qui sont structurés

et qui ont un certain nombre de sympathisants

et à côté de ça

on a vu avec le temps

notamment à partir des années 90

la diffusion de ce mot islamiste

et son extension

son extension à tout ce qui relève

de la société civile musulmane

c'est-à-dire les acteurs publics, les acteurs associatifs

les acteurs de l'économie

qui se définissent

en partie par rapport à leur identité musulmane

et au fur et à mesure

on voit l'extension de cette notion-là

qui est une catégorie infamante

et c'est bien de le répéter parce qu'elle déclenche

au moins d'instigmatisation

voire des mesures de contrôle

des mesures de police

on a vu ce mot islamiste

s'étendre à tout ce qui est

de l'ordre des musulmans orthoprax

c'est-à-dire l'orthopraxi

c'est le fait de vouloir conduire sa vie

à partir de ses normes religieuses

c'est une pratique poussée

c'est une conception littéraliste

très orthodoxe de la religiosité

il y en a dans toutes les religions

pardon

et maintenant on le voit

tous les musulmans visibles

ou les musulmans présumés

qui sont présents dans l'espace public

ils risquent d'être visés par l'accusation

d'islamisme donc plus ça va

plus la notion s'étend

à la communauté musulmane

de manière générale dans son ensemble

et être accusé d'islamisme

peut-être très préjudiciable

d'un point de vue judiciaire

on l'a vu avec l'affaire de l'offre l'embré

c'est très grave

c'est un cas emblématique pourquoi est-ce que c'est grave

d'accuser une personne d'islamisme

parce qu'aujourd'hui il est admis que les islamistes

sont les ennemis de la république

sont les ennemis de la société française

on peut aller jusque là

dans un certain nombre de discours

c'est à dire que d'accuser une personne d'islamisme

il n'y a pas besoin de le prouver

l'accusation est performative

elle produit des effets

et d'ailleurs dans cette affaire là

ce que vous montrez très bien c'est que

l'expulsion elle se fait la veille

la veille de l'audience au tribunal administratif

où il était possible d'examiner un peu en profondeur

qu'est-ce que les dossiers comportaient

et est-ce que les décisions

étaient légitimes

c'est très choquant dans cette histoire de fôle embré

c'est cette notion de punition collective

c'est effectivement ça

c'est à dire dans un état de droit

dans lequel d'abord

quand on a un reproche affaire

à des personnes

eh ben le reproche

il est judicialisé sur la base de texte de loi

premièrement et deuxièmement

quand il y a une affaire donnée

là le prétexte

de cette

vague d'arrestation

c'est ces questions à fôle embré

le prétexte était l'assassinat

réel de cinq français

en Algérie

et donc si c'est ça

le problématique et le fait de faire le lien

entre des actes de terrorisme

et un activisme dans le contexte français

on a des éléments matériels

c'est une opération de police

qui est ciblée

et une forme de punition collective

mais qui ne s'arrête pas

qui ne s'est pas arrêté là de toute manière

dans les pratiques du gouvernement français

et qui interroge dans un contexte d'état droit

où le reproche doit être individualisé

tout comme le fait d'être poursuivi par la justice

est-ce que fôle embré

finalement c'est pas une matrice

on a eu d'autres fôle embrés plus tard

là où je vois une matrice

et on peut reprendre cette notion là

c'est dans le récit

qui ressort de cet épisode-là

le récit c'est l'idée qu'il y a

un complot sur le territoire français

un complot qui est

en tout cas une stratégie

qui est

dynamisée, animée

par une arrière saine

islamiste

masculine

dont on n'arrive pas très bien à dessiner les contours

en tout cas qu'elle est omniprésentée

il y a une forme de complotisme

que moi j'appelle complotisme

islamophobes

qui sert pour moi de matrice

à l'adhésion d'une partie

de la presse ou d'une partie de l'opinion

ou des élites

à cette idée qui aurait l'existence

de cette stratégie pour s'en prendre

pour s'en prendre à la France

et donc on relide des choses

ou des personnes qui n'ont pas grand chose à voir entre elles

et on les met dans ce grand récit là

qui est matriciel

et qui continue de perdurer aujourd'hui

il y a un historien

qui s'appelle Réza Zia-Ebrahimi

qui a écrit un livre très intéressant

où il compare les trajectoires historiques

de l'antisémitisme islamophobie

des points communs à travers l'histoire

c'est ce que lui appelle la racialisation conspiratoire

c'est le fait de construire

un groupe social comme indésirable

en lui reprochant un projet politique

et en lui accolant aussi

l'idée terrible, violente

et on a connu ça déjà

d'ennemis intérieurs

c'est tout à fait ça

oui c'est encore un parallèle

alors on peut faire des analogies

les comparaisons sont plus compliquées

mais c'est vrai que c'est encore un parallèle

et là

le regard que j'ai moi

sur les évolutions de la société française

notamment après la vague d'attentat

des années 2010

c'est que c'est un prisme qui s'est renforcé

les journalistes ont relayé

l'événement

en amplifiant peut-être

l'effet de peur

en plus ça s'est passé

au coeur de l'été

quel rôle ont-ils joué

il y a eu 2 traitements médiatiques

qui celui-là n'a pas avalé

comme souvent

qui n'a pas avalé

et qui n'a pas pris pour argent content

les propos de Pasqua

et de ses relais

et puis on a eu tout ce qu'on appelle

de manière un peu péjorative

un journalisme de préfecture

qui relait sans recul

voir avec une adhésion très élée

les thèses les plus sécuritaires

qui peuvent provenir du gouvernement

merci infiniment Marwan

vous êtes sociologue au CNRS

et surtout autour de ce livre

l'éclairant islamophobie

comment les élites françaises

fabriquent et c'est

le coeur du propos il est dedans

fabrique le problème

musulman

dans les éditions La Découverte

et ça recouvre tout ce qu'on vient de se dire

autour de l'affaire

merci infiniment, au revoir

c'est possible aujourd'hui les séquestrés d'offre l'embray

une émission que vous pouvez réécouter en podcast

bien sûr, à la technique aujourd'hui

il y avait Thomas d'Anglais

Sous-titrage ST' 501

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durée :00:48:16 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, les expulsés de Folembray. L’histoire de 26 maghrébins placés en résidence, surveillés dans une caserne près de Soissons, en réponse à l’assassinat de 5 Français en Algérie le 3 août 1994.