Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Les éventreurs de Chicago - Le débrief

Europe 1 Europe 1 9/5/23 - 12m - PDF Transcript

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Pour commenter son histoire du jour, Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Je vous ai raconté l'histoire de ce qu'on a appelé, à tort à mon avis, mais je n'y suis pour rien.

Les éventreurs de Chicago, un gang de psychopathes qui, dans les années 80, aux États-Unis,

a fait un minimum de 12 victimes des femmes auxquelles le gourou, Robin Guest, coupé les

seins en vue de cérémonies sataniques.

Et je débriefe cette histoire avec vous, Quentin Bruéff et Réolle, vous vous intéressez depuis longtemps

aux tuers en série américain et aux sectes américaines, et c'est là que ça m'intéresse

là maintenant, tout de suite, au point que vous avez consacré un site internet qui s'appelle

Triangle avec un Y.

On est d'accord que les éventreurs de Chicago, c'est pas la bonne appellation, ils n'ont

éventré personne.

Pas du tout.

Justement, il y a quelque chose de très particulier avec leur modus operandi, c'est qu'il évolue.

Il y a un motif central, vous l'avez décrit, cette obsession de Robin Guetch pour le

sein gauche, mais sinon ça évolue.

On dirait que c'est des drogués qui cherchent à augmenter les doses, à tester de nouvelles

choses.

Il y a du marteau, il y a du couteau, il y a de l'étranglement.

La liste est extrêmement longue, ça ne s'arrête pas et c'est très peu coutumier.

Alors ça aurait été plus difficile pour leur trouver un nom.

Oui, alors on s'est contenté d'un mauvais nom.

Alors j'avoue de grande lacune dans ma culture générale, en ce qui concerne le satanisme

américain dans les années 80.

On est au cœur d'un mouvement à cette époque-là.

Il y a une grande mode du satanisme qui est globale, à la fois du côté de la culture

populaire avec des groupes de métal et de l'autre côté, un phénomène qu'on connaît

peu en France qui s'appelle la panique satanique.

Et c'est un contexte qui est important pour comprendre la façon dont les Américains vont

vivre la révélation de ces éventueurs de Chicago.

Donc c'est quoi la panique satanique ?

La panique satanique, vous vous doutez que c'est un nom que les journaux adorent, qui

rime, ça décrit une espèce de panique morale chez les purités américains où on a l'impression

qu'il y a un complot satanique partout, dans les jeux de rôle, dans la musique, dans

absolument partout, y compris dans les crèches, les satanistes sont partout.

Et forcément c'est du délire, il y a beaucoup de cas de fausse accusation, des gens qui

sont traînés devant les tribunaux, ça va très très loin, il y aura une grande enquête

du FBI, ce ne sont pas juste des mots, mais imaginez que dans ce grand délire, apparaissent

nos quatre amis, nos quatre compères délirants, qui eux sont de véritables satanistes, qui

se disent absolument convaincus des théories, Danton l'avait notamment, le créateur de

l'Église de Satan.

Mais je veux comprendre, de quoi est-ce qu'ils ont peur les gens qui sont dans cette panique

sataniste ?

Concrètement.

Ils ont peur des pédophiles satanistes, on l'entend encore aujourd'hui.

Ah oui, c'est complètement dans les théories de complot actuel.

Aujourd'hui, on parle encore de pédophilie sataniste, et bien la racine de cette espèce

de terreur des pédophilie satanistes, avec tous ces complots, ça remonte, il arrive

Clinton, Bill Gates, partout, les plus puissages, tout ça, ça vient de l'Amérique dans les

années 80, de textes puritains, notamment Michelle Remembers, qu'est l'histoire d'une

personne qui a vu un psychiatre, qui lui a fait remonter de fausse souvenir, et qui

a réalisé qu'elle avait été dans des rituels sataniques où elle avait été violée

des fausse souvenirs, une manipulation.

Alors ces rituels sataniques, justement, ces cérémonies auxquelles se livre Robin

Guest, ça implique systématiquement la présence sur une table d'un morceau de corps

humain.

Il y a toujours cet aspect fétichiste qui est toujours là, mais ce que je trouve important

de dire, c'est que finalement, le satanisme est un près de texte, ça obsède ce qui

entend de parler d'eux.

Mais pourquoi Robin Guest a-t-il cette obsession du satanisme ? Son obsession, c'est une

instrumentalisation du satanisme, ça n'a pas grand chose à voir, surtout avec le

satanisme dont il se réclame, le satanisme de l'église de Satan, Anton Lavet, Anton

Lavet, donc c'est une figure extrêmement connue à l'époque, il adore faire peur

au bourgeois, il adore parler de Satan, mais cette figure dont Robin Guest se réclame,

il ne croit pas à sa tendre, il n'y croit pas du tout, c'est juste pour choquer les

bourgeois, lui ce qu'il intéresse c'est de faire le show, et en quoi il se prend ?

C'est un psychopathe...

Rigolo, c'est quelqu'un qui fait des blagues, Robin Guest le prend au sérieux, alors que

Anton Lavet, c'est en fait un amuseur qui défend avec de l'ésotérisme, il défend

notamment même la cause animale, c'est pas du tout quelqu'un qui prône l'homicide,

il a même organisé un enterrement sataniste pour son petit chat, c'est un tendre.

Qu'est-ce qu'il faisait des seins en vérité Robin Guest ? Donc ils sont là posés sur

la table pendant qu'il fait ses champs sataniques.

Il s'en servent de récipients pour différents rituels qui mélangent sexe et en effet une

vision un peu délirante du satanisme, et ensuite il leur fait manger, ce que je pense...

Il fait manger à qui ?

Il leur fait manger à ses trois complices, parce que l'objectif de tout cela, finalement

c'est de les dominer.

Pourquoi c'est un gourou ? Pourquoi c'est un Manson ? Parce que dans ces victimes, il

y a bien sûr toutes ces femmes au destin tragique, mais il y a aussi ces trois pauvres

type qui finalement sont persuadés.

Ils étaient un petit peu empreintes satanisme, ils ont 19, ils ont 20 ans, ils écoutent

Black Sabbath, ils sont empreints de cela, ils découvrent Robin Guest, qui leur dit qu'il

est en contact avec le diable, et alors forcément quand ils commencent à faire des rituels aussi

sérieux, ils se disent, ça ne peut pas être du chiquet, c'est vraiment un ami du diable.

C'est une secte pour vous, c'est-à-dire que la mécanique d'une secte avec le gourou,

avec les membres qui sont sous-emprise ?

C'est une secte, mais je dirais qu'il faut dire deux choses.

D'abord, en effet c'est une secte, mais il y a une rencontre.

Ce n'est pas par hasard qu'il est tombé sur ces trois gars.

C'est un gourou, il a compris que ces gars avaient un terrain.

Et leur terrain, c'est quoi ? La faiblesse ?

C'est la faiblesse, mais c'est aussi la perversion, il y a cette expression, l'alignement des astres,

avec eux c'est l'alignement du désastre.

Ce sont les Beatles du sadisme, on ne peut pas transformer n'importe qui en sadique pareille.

Donc ils trouvent les bonnes berceilles.

Même sous-emprise, même manipulées par un gourou très puissant.

Je ne pense pas, c'est très difficile.

Ils sont jeunes, ils sont jeunes, mais de là à réussir à leur faire commettre de tels actes,

ils trouvent des gens qui ont un terrain.

Et pourquoi c'est une secte ?

Parce qu'il va développer chez eux une dépendance avec deux méthodes, la carotte et le bâton.

La carotte comment ?

Eh ben ils sont fauchés, ils ne sont pas futés, ils leur donnent quoi ?

Ils leur donnent un toit, un boulot, c'est leur patron, et ils leur donnent de l'argent.

En plus, ils se présentent comme un vrai patron, allié du diable.

Ils les impressionnent, ils les fascinent.

Ça c'est la carotte, ils leur donnent même de l'affection, et puis il y a le bâton.

Ils les terrorisent, on le voit, ils ne vont jamais oser témoigner contre lui,

parce qu'ils sont persuadés qu'il a des pouvoirs, ils sont sous-emprise,

et c'est pour ça que lui n'écopera que d'une accusation, une condamnation pour tentative de meurtre,

et c'est tout.

Il a exercé une telle emprise sur eux, si on regarde les critères des dérives sectaires, on est en plein dedans.

Il y a l'embrigadement, le personnage charismatique, la manipulation mentale,

il y a tout de la dérive sectaire, c'est tellement inédit, on connaît les tueurs en série,

on connaît les sectes, et là on a une secte de tueur en série.

Alors, ça, j'en ai pas parlé, mais Robin Guest a croisé les pas d'un autre grand tueur en série américain,

dont j'ai raconté l'histoire dont on te l'a traconte, qui s'appelle John Wayne Gacy.

Ça va rappeler, je pense, en deux phrases, je peux rappeler l'histoire, et les gens vont dire, ah oui, c'est lui.

Donc c'est un gars qui le joue, faisait le clown auprès d'enfants malades,

pour le rapporter un soutien moral, et qui, la nuit, tué de jeunes garçons, il en a tué combien ?

33.

Et ils se sont croisés tous les deux.

Ils se sont croisés, il y a un moment, à Chicago, on avait deux tueurs en série dans le bâtiment,

et ils se connaissaient, John Wayne Gacy est plus âgé, il a arrêté quelques années avant

que la série de massacres des éventreurs commence, et lui, il a une entreprise bien installée.

Robin y commence, il fait partie de ses prestataires, alors ils se sont croisés.

Certains disent que c'est tout, moi je pense que c'est probablement tout,

et alors d'autres, je ne résiste pas à vous partager cette théorie, qui n'est qu'une théorie,

mais certains pensent que c'est Gacy qui a appris un peu les...

Le métier.

...les bases du métier, alors le bâtiment, et bien sûr aussi l'étranglement,

parce que John Wayne Gacy est aussi un grand étrangleur, on pense que c'est possible,

mais il n'y a aucune preuve, Gacy a été exécuté, et Robin Gage, comme il le dit lui-même, est parfaitement innocent.

Ouais, il n'y a rien à en tirer, alors justement, c'est assez intéressant de le voir jouer au chat à la souris avec les policiers,

ne rien avouer, laisser courir un peu les choses comme ça.

Je me demande moi, il y a deux survivantes dans cette histoire,

il y a une première femme qui dit qu'elle a été agressée et qu'on lui a coupé le sein,

et puis il y a Denise qui va amener à sa perte, et c'est à se demander si au fond il n'a pas fait exprès.

Parce que je me dis que pour un psychopathe, la phase ultime du plaisir,

c'est de pouvoir jouer au chat et à la souris avec les flics.

Il y a environ 15% des tuerans séries qui agissent en groupe, les équipes de serial killers, il y en a plein,

et l'une de leurs motivations, c'est quoi ?

Il y en a deux, les spectateurs, ils aiment avoir des spectateurs et ils aiment qu'on les regarde, c'est un peu des deux.

Et Robin Gage, pourquoi ils recrutent des gens ? C'est pour qu'on le voit.

Et pourquoi ils recrutent des gens ? C'est aussi parce que comme ça, il peut les accuser.

C'est des boucs émissaires, il prend des gamins et il les accuse après.

Donc quand il est arrêté par la police, en effet, il y a une montée en violence,

il fait de plus en plus n'importe quoi, notamment la tentative de meurtre sur Denise Gardner

est extrêmement chaotique, on se demande s'il n'a pas fait exprès,

et s'il n'a pas vu un peu préparer le terrain, se faire choper, accuser ses équipes...

Pour entrer au Panthéon qui tue l'air en série.

– Totalement. On dirait qu'il a tout prévu, il y a une sorte d'ubris chez cet homme,

ça ne dure pas longtemps, ça commence en 1981, ils sont arrêtés en 1982, c'est très bref.

Et on dirait qu'il ne peut pas s'en empêcher, mais il se dit quelque part, je peux m'en tirer.

J'ai mes trois gars, je vais les sacrifier, ils ont peur de moi,

et je vais m'en sortir et je vais tous les regarder.

Heureusement, ça ne s'est pas passé comme ça.

– Merci beaucoup Quentin Brué-Féréol pour ce débrief de cette histoire,

donc des éventreurs de Chicago qui n'éventre et pas.

Je rappelle le titre de votre roman paru aux éditions Bouquins,

qui raconte, qui s'appuie sur l'histoire vraie d'une secte américaine qui s'appelle Evans Gate.

Le livre s'appelle « Dieu est un voleur qui marche dans la nuit ».

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Pour la presse, ils étaient 'les éventreurs de Chicago'. Mauvaise appellation, parce qu'ils ne faisaient pas qu’éventrer leurs victimes. Ils découpaient aussi les seins des femmes en vue de cérémonies sataniques. Cette affaire américaine qui remonte aux années 80 est la parfaite illustration de ce que sont fondamentalement, les « sérial killer ».