La source: Les bébés volés de la dictature en Argentine
Radio France 3/31/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
France Inter.
Aujourd'hui, dans la faire sensible, l'une des exactions les plus choquantes de la dictature militaire en Argentine, le vol de bébé.
Entre 1976 et 1983, l'agente militaire au pouvoir enlève, torture, puis assassine plus de 30 000 militants et étudiants syndicalistes opposant au régime.
Des subvertiques comme les désignes des militaires, des disparus pour leur famille.
D'ailleurs, un euphémisme utilisé en Argentine pour atténuer la vérité, les disparus ne reviendront pas.
Parmi eux, des femmes enceintes et des jeunes mamans, qui l'on a systématiquement retiré leur bébé pour les confier à les familles proches du régime.
500 enfants en bas âge, ainsi sauvés de cette prétendue subversion communiste immoral qui menaçait, selon la dictature, la société argentine.
Depuis plus de 40 ans, leur grand-mère et le même maire de disparu se battent.
Pour les retrouver, c'est leur histoire que nous allons vous raconter.
Notre invité aujourd'hui, le grand porteur et documentariste franco-argentin Alexandre Valenti, il a réalisé en 2012,
en Argentine les 500 bébés volés de la dictature. Infersensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,
préparée aujourd'hui par Jeanne Maillard, coordination Christophe Barrer, réalisation Baja Marique.
Fabrice Drouel, affersensible, sur France Inter.
Mais je vous rappelle d'abord ces deux nouvelles qui viennent de tomber.
En Argentine d'abord, la présidente Isabelle Perronne serait prisonnière de l'armée qui l'aurait kidnappé dans son palais.
Madame Perronne serait actuellement à bord d'un avion la transportant en exil dans une ville du sud de l'Argentine, El Messidor.
Il s'agit donc d'un putsch militaire, les dépêches nous parviennent les unes après les autres.
C'est ainsi que j'apprends que des soldats en tenue de combat occupent le centre de Buenos Aires.
Le pays va être maintenant dirigé par un triomphe virat composé des chefs des tas majeurs de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine.
Enfin, les 62 syndicats du pays, les 62 syndicats argentins ont décrété une grève illimitée.
Dans la nuit du 25 mars 1976, des militaires forcent l'hélicoptère privé de la présidente argentine Isabelle Perronne à atterrir.
C'est un coup d'État, un de plus, dans cette Amérique latine qui le collectionne en ces années 70.
La présidente est emprisonnée et démige de ses fonctions par une jeune militaire dirigée par le général Roger Rafael Videla.
La femme de Juan Perronne, l'ancien président argent, figure politique majeure du pays lui a succédé à sa mort en 1974.
Depuis trois ans seulement, Juan puis Isabelle Perronne dirige démocratiquement le pays après quatre dictatures successives.
La démocratie, mais surtout de nombreuses réformes dans les domaines de la santé, de l'éducation et des droits au travail,
ont valu au mouvement perroniste le soutien des classes populaires.
Mais l'argentine Isabelle Perronne laisse au Putschiste en 1976 et est un pays économiquement et socialement défait par 30 ans d'instabilité politique.
Depuis 1966 et la dictature de la révolution argentine, des groupes armés déchirent le pays.
D'un côté, des guerriers marxistes, maoïstes ou guévaristes qui combattent pour instaurer une révolution communiste.
De l'autre, des groupes armés d'extrême droite qui mènent eux aussi des actions violentes contre des militants argentins de gauche.
Ce 24 mars 1976, quand le général Jorge Videl la prend le pouvoir, la société argentine plutôt acquise au Pérone,
mais fatiguée par ses violences perpétuelles et par la crise économique, accueille le coup d'État sans émotions particulières, comme résignés.
Et puis, c'est le cinquième Putsch militaire en 46 ans alors.
Bref, pas vraiment de résistance.
Une partie des argentins le soutiennent même et l'église catholique rosit de plaisir face au discours anticommuniste des militaires qui, de surcroît,
remettent de rétablir l'ordre moral chrétien en Argentine.
Nouveau mariage heureux entre le glave et le goupillon.
Aux États-Unis, le président Gerald Ford prévenu de l'imminence, un Putsch des févriers, soutient financièrement les militaires argentins et leur détestation des communismes.
Guerre froide oblige, les ennemis de mes amis sont mes amis.
À la Maison Blanche, on se félicite.
L'ambassadeur américain en Argentine estime que Videl a été un modèl et qu'il s'agit probablement, je le cite,
du coup d'État le mieux exécuté, le plus civilisé de tous ceux de l'histoire argentine.
Videl a prouvera bientôt qu'il a du mot civilisé une notion bien particulière.
Mais en mars 1976, personne ne peut prévoir les drames ni imaginer les crimes à venir.
Les militaires qui, cette nuit, ont pris le pouvoir en Argentine ont décidé de suspendre toute la liberté démocratique dans ce pays.
C'est une véritable dictature qui semble s'instaurer en Argentine, absolue fermetée dans l'exercice sévère de l'autorité,
afin d'extirper les vices qui affectent l'Argentine tels est le programme de la Jeinte qui contrôle maintenant le pays.
À la tête du processus de réorganisation nationale, c'est le nom que s'est officiellement donné la dictature militaire argentine,
le général Videl a donc, un physique sac comme une tricke commandant chef de l'armée argentine depuis 1975,
il y risque désormais une Jeinte au projet assez flou, qui repose surtout sur l'élimination de ce qu'il appelle les subversifs,
un terme qui recouvre des réalités variées et fluctuantes.
Dans un premier temps, la Jeinte appelle subversif les guerriers roseaux gauche et l'extrême gauche qui luttent par les armes contre la dictature.
Le monde tolérose, c'est le RP dans les principales organisations armées du pays,
mais le régime étant rapidement l'accusation au-delà du militantisme politique.
Les étudiants qui protestent contre la hausse des frais d'inscription universitaires décidés par la Jeinte,
mais aussi des syndicalistes et des journalistes, deviennent des cibles.
Le régime étant la répression de la société civile dans son ensemble pour instaurer un climat de peur et s'indé la population en deux.
Oui, d'un côté, les gens, bien les frais argentins, de l'autre, les subversifs et leurs amis.
Au lendemain du poids, le général Iberico Sargent, gouverneur de la province de Buenos Aires, le déclare sans détour.
D'abord, nous tuerons tous les subversifs, ensuite leurs collaborateurs, ensuite leurs sympathisants,
puis ceux qui demeurent indifférents, et enfin, pour terminer, nous tuerons les indécis.
Pas jugé, pas enfermé, vous l'avez entendu, non, tuer! Le ton est donné.
Pour anéantir la subversion, ce sont les mots du général Videl,
la dictature met en place ce qu'elle appelle la guerre sale,
l'autre monde dit l'élimination massive et méthodique de toute résistance organisée.
Les disparitions forcées, marques de fabrique de la Jeinte, se succèdent par milliers.
Des opposants et leurs sympathisants sont arrêtés chez eux, puis enfermés dans l'un des 600 centres clandestins de détention du pays.
Dépuisons, non officiels donc, qui échappent à tout cadre juridique,
ou des milliers de dettenus vivent dans des conditions inimaginables.
Les yeux bordés, couchés sur le sol toute la journée dans une niche,
ils ne se lèvent que pour être torturés.
Le plus connu de ces centres clandestins de détention, c'est l'ESMA,
l'École de mécanique de la marine, en plein cœur de Bénosaire.
Enrique Foukman, il a passé 15 mois, il raconte.
Ici, il y avait plusieurs pièces.
Au milieu, il y avait un couloir que les officiers avaient baptisé l'avenue du bonheur,
parce qu'ils conduisaient à trois pièces, les salles de torture.
Quand je suis arrivé ici, ils m'ont fait me déshabiller,
ils m'ont attaché à un lit, et ils ont commencé à me torturer à l'électricité.
C'était ça, la cérémonie de bienvenue à l'ESMA.
On entendait des bruits de bottes, et là le garde donnait un coup dans la première payasse,
celle de Topo, moi j'appelle cinquième.
On entendait dire à Topo, lève-toi.
On entendait les chaînes de Topo bouger.
Après, on entendait le garde lui dire, retourne-toi.
Et là, la seule chose qu'on entendait, c'était le bruit des coups.
Et quand il disait à Mario, allonge-toi, j'étais soulagé,
parce qu'il avait fini de frapper mon camarade.
Et en même temps, j'étais désespéré, parce que le suivant, c'était moi.
Et c'était comme ça tous les jours.
Les femmes, ils ne les frappaient pas.
Mais Théressa, à chaque fois qu'elle descendait pour aller aux toilettes,
au retour, il la violait.
Enrique Foukman est l'un des rares détenus à avoir été libéré des centres clandestins de détention.
La très grande majorité des disparus meurent en captivité à force de tortues ou assassinées.
Certains détenus sont drogués puis jetés dans des avions,
deux avions dans les fleuves du pays lors de ce qu'on appelle les vols de la mort.
En total, ce sont près de 30 000 personnes qui disparaissent entre 1976 et 1983,
sans que leurs familles n'obtiennent d'explication, car pour le pouvoir, personne n'a disparu.
Face aux accusations d'Amnesty International,
l'ambassadeur argentin en France ose cette réponse.
Dans l'émission de France Inter, le téléphone sonne.
Nous sommes en 1978.
Le général Vidéla parle de disparition triste réalité
et que dans le même temps, vous considérez vous et votre gouvernement
que la lutte contre les bandes subversives de délinquants marxistes,
puisque c'est l'expression exacte qu'on emploie dans votre pays
pour parler de ceux qui sont les membres de l'ERP ou des Montoneros.
On se demande si vous avez gagné cette guerre contre tous ceux qui voulaient votre fin.
On se demande pourquoi vous continuez d'emprisonner,
pourquoi vous continuez de ne pas donner de nouvelles.
Je pense que tout ça, c'est toute l'histoire de la légende noire qu'on a faite sur le pays.
La lutte contre la subvention a été très dure jusqu'à 1976.
Si vous regardez les statistiques, vous voyez qu'on est en train d'emprisonner,
on est en train encore de disparaître des gens.
C'est les dernières statistiques que nous avons de montrer que c'est complètement fini.
Cet étape, des gens ont mis en prison, comme dans tous les pays du monde,
il y a des gens qui se pendent mal et qui ont mis en prison.
Mais ça n'a rien à voir avec le problème de la subvention.
Les gens noirs, tu parles, jusqu'en 1983.
Les enlèvements, la torture, les assassinats sont monnaies courantes dans le pays.
Parmi les disparus de jeunes adultes, moins d'âge, 25 ans, mais aussi des enfants.
Quarantières des personnes enlevées par les militaires sont des femmes et certaines sont enceintes.
Des femmes qu'on maintient volontairement au vie jusqu'à l'accouchement
dans des maternités aménagées au cœur des centres de détention avant les tués.
Les nouveaux nez sont ensuite donnés à des familles militaires,
à des proches du régime, mais aussi parfois des gens qui y rendent toutes
des origines de l'enfant qui leur est confié.
L'objectif de ces enlèvements systématiques,
qui ont parfois lieu avant la mise en captivité des mères quand le bébé est déjà né,
c'est d'empêcher la subversion de se diffuser à travers les familles de subversifs.
Pour vider là et s'experir, l'idéalisme, l'engagement, le non-conformisme
sont des tard qui se transmettent de génération en génération d'ontactes.
En 1976, Chika Mariani est professeur d'art plastique à la Plata.
Ce 24 novembre, huit mois pile après le coup d'État,
elle rentre chez elle pour garder sa petite fille Clara Annaï.
Mais l'enfant et sa mère n'arrivent jamais et pour cause.
La mère, Dialat et Rougi, a été l'une balle dans le dos
dans l'attaque d'une imprimerie clandestine.
La grand-mère, sous le choc, apprend que le bébé a été emmené par les militaires.
Chika Mariani raconte, dans le documentaire d'Alexandre Valenti,
à être titulé Argentine, les 500 bébés volés de la dictature.
J'ai commencé à la rechercher, seul de mon côté,
là où mon intuition me disait qu'il y avait une raison d'aller.
Par exemple, le premier endroit où je suis allée,
c'était la cathédrale de la Plata pour essayer de parler
avec mon seigneur Plassa, qui était l'évêque.
Il ne m'a pas reçu, c'est son auxiliaire qui m'a reçu
et sans se lever de sa chaise, sans me proposer de m'asseoir,
il m'a dit, laissez cette fille là où elle est,
elle est très bien là où elle est, elle va très bien,
vous pouvez être tranquille, elle est dans de bonnes mains
et comme j'insistais, je criais, je pleurais,
il m'a montré la porte et il a croisé sa soutane
et il m'a dit, dehors, priez.
Chika Mariani et d'autres grand-mères de disparu
impuissantes vont ainsi se confronter à l'administration de la dictature
et à l'église qui soutient le vol de bébé.
On les renvoie également à leur propre responsabilité.
Leurs enfants ont disparu parce que ses parents sont subversifs,
leurs petits-enfants le seraient devenus également
et ce sont-elles les responsables puisqu'elles les ont élevés?
Paragocera, c'est pour une bonne raison.
Devient alors une phrase emblématique de la dictature
que les mères de disparu et les grands-mères de bébé volés
s'entendent systématiquement répondre.
Face aux murs de mensonges auxquelles elles se heurtent,
elles vont alors s'unir pour obtenir la vérité.
...
...
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Affaire sensible, Fabrice Drouel.
...
Le 30 avril 1977, un an après le coup d'état militaire en Argentine,
14 femmes, 14 mères, dont l'enfant était enlevée par la dictature,
se réunissent sur le Place de Mets,
en face du siège du gouvernement.
On les appellera bientôt,
les Madres des Plaza de Mayo,
que la dictature appellera avec tout le dédain et la haine
qui la caractérisent les folles de la Place de Mets.
Leur objectif à ces femmes,
à tirer l'attention du chef de la jeunte,
leur gêvider là, sur la disparition de leurs enfants, militants,
journalistes, syndicalistes, étudiants,
et obtenir une entrevue avec lui.
Tous les jeudi à 15h30, elles se retrouveront désormais
sur la Place de Mets,
où elles tourneront en cercle autour de l'obélisque,
par dizaine, mais deux par deux,
oui, les unes derrière les autres,
pour contrecarrer l'interdiction du droit de réunion.
Sur leur tête,
des langes en tissu blanc,
avec le nom de leur fille et de leur fils disparu.
...
Rapidement, toutes ces mères de famille
prennent conscience de la responsabilité des dignitaires
qu'elles ont naïvement appelées à l'aide au début.
Elles le savent désormais,
leurs enfants sont des prisonniers politiques
victimes du terrorisme d'État.
Pourtant, et elles insistent sur ce point,
leur revendication ne relève pas du militantisme.
Certaines, d'ailleurs, avant que leurs enfants
ne disparaissent, ont soutenu le coup d'État.
...
Inquiète de ses voix l'étonnante,
l'agente qui ne connaît que la force
va d'abord tenter de les faire taire.
En décembre 1977,
trois fondatrices de l'Association
et deux non-françaises qui les soutenaient,
sont assassinées par le commando
du colonel Alfredo Astiz,
un militaire infiltré depuis plusieurs semaines
au sein des mères.
L'armée diffuse alors des photomontages
pour prouver que les religieux ont été
enlevés par l'organisation de gauche
Montaneros.
...
Vous tourniez donc sur la place de nez
en posant la question non pas où est mon fils,
mais où est mon mari, et vous avez été arrêtés.
Alors comment êtes-vous revenus,
si j'ose dire, à la surface?
Parce que les disparus, ce qui les caractérise,
c'est qu'on ne sait pas où ils sont,
ni sous quelle chef d'accusation ils auraient été arrêtés.
Oui, c'est quelque chose que je me demande toujours
pourquoi ma, et pourquoi pas les autres,
c'est pas mon frère par exemple.
Est-ce que vous pensez que le travail
effectué justement par les femmes
de la place de nez a été utile
dans votre récupération, si j'ose m'exprimer
ainsi?
Oui, ils sont tout de suite délancés
en disparition, et puis ici,
en Europe aussi, ça a été délancé,
et les militaires ont choisi
une façon de me faire reconnaître,
me faire apparaître, c'était de
me passer à la justice militaire.
Mais comme il n'y avait pas
d'actes déguards justement à juger,
c'était des manifestations dans la rue,
alors j'ai été relâchée finalement.
Peu à peu, les rangs des mers
de la place de nez vont grossir,
malgré les menaces du régime.
Et bientôt, d'autres femmes
vont-elles aussi porter leur revendication
sur la place publique.
Un an après l'assassinat de sa fille
et l'enlèvement de sa petite fille,
Chika Mariani, la professeure
d'art plastique de la Plata,
entend parler d'une femme dans son cas,
qui s'acquadra, qui a perdu son fils,
sa fille, son gendre et leur bébé.
Inspirées par les mers de la place de nez,
les deux femmes décident de s'y réunir
avec d'autres grands-mères et de s'organiser.
Le 22 octobre 1977,
action 12, face au siège
de la dictature,
y'a là des agricultrices,
des femmes au foyer, des fonctionnaires,
toutes différentes, mais toutes mers de disparu
et grands-mères de bébés volés,
qu'elles n'ont parfois même pas eu le temps de connaître.
Ce sont les abuelasses de Plata de Mayo,
l'association des grands-mères de la place de nez.
Des grands-mères qui savent maintenant
que leurs enfants disparus ne reviendront plus
et qui se promettent de tout faire
pour retrouver leurs petits-enfants.
Rosa Roisinblit, l'une des fondatrices
de l'association, se souvient
dans le documentaire d'Alexandre Valenti,
Argentine, les 500 bébés volés de la dictature.
Nous nous réunissions
pour imaginer des stratégies,
des idées, partager nos douleurs,
nos larmes, nos peines, des nouvelles.
Par exemple, il y avait
des grands-mères qui savaient cuisiner,
alors elle cuisinait pour le groupe.
D'autres grands-mères savaient écrire à la machine,
elle tapait des lettres.
D'autres savaient s'exprimer en public,
dire des choses,
chacune faisait ce qu'elle savait faire de mieux
et c'est comme ça
que nous nous sommes organisés
au tout début on se réunissait
dans les salons de thé.
On faisait poire
qu'on célébrait un anniversaire par exemple.
Même le serveur ne devait pas savoir
qui nous étions.
On se passait des papiers sous la table,
des papiers pour les informations
que nous avions trouvées,
sur ce qu'on faisait chacune de notre côté,
sur ce que nous organisions.
Les bébés n'ont pas été volés
mais abandonnés par leurs subversives
de parents, mentes, les autorités
et pour cela ils ont été confiés à l'adoption.
Certaines grand-mères
ne connaissent même pas le sexe et le nom du nouveau né,
ce qui est le cas pour les naissances en prison.
Alors l'association des grands-mères
de la place de mai recueille
des informations et recherche des témoins
survivant des camps de détention
voisins ou fonctionnaires de l'administration.
Petit à petit
leur méthode et leur vindication se structurent.
Pour faire progresser leur recherche
les grands-mères de la place de mai
pluient les encarts payants dans la presse
dans lesquels elles en appellent
à la charité chrétienne d'électeurs
pour inciter ou dénonciation.
Et progressivement
elles commencent à obtenir quelques informations.
Ils se trouvent que le combat des grands-mères
touche davantage les argentins que celui des mères
dont les enfants ne sont peut-être pas aussi
naussants qu'elles ne le disent pas en certain.
Mais c'est surtout à l'étranger
que les abolaces de la place de mai
vont se faire entendre.
En juin 78, l'argentine accueille
la Coupe du Monde de football.
Un événement pour le pays, pour le peuple,
pour la dictature, pour les stars argentines
du ballon rond, comme Mario Kempess
ou Daniel Passarella, mais aussi
pour les mères et les grands-mères de la place de mai
qui vont profiter de la médiatisation
de la compétition.
En France, le 3 juin 1978,
deux jours après le lancement
de la Coupe du Monde, volé solide au passage
par la dictature argentine
à coup d'intimidation sur le Pérou, par exemple.
Mais c'est une autre histoire
en taine d'œuf, diffuse ce reportage.
Hier soir, Patrick Poivre d'Arvore
vous l'annonçait, la police argentine
a essayé de saisir un reportage
tourné par l'une de nos équipes, un reportage
où il n'était certes pas question
de sport. Richard Dio et Jean-François Renoux
avaient voulu rencontrer il y a deux jours
celle qu'un officier argentin
appelait aujourd'hui les folles
de la place de mai. En dépit de la réaction
de la police argentine, les envoyés spéciaux
ont pu nous faire parvenir cet après-midi
les images qu'ils ont tournées jeudi.
C'est l'autre face de la Coupe du Monde.
Nous, les femmes d'Argentine,
on vit beaucoup de douleurs,
de tristesse, d'angoisse.
Ils nous ont enlevé ce qu'on avait de plus cher
à nous les mères.
Ils nous ont pris nos enfants
et nous ne savons rien d'eux.
S'ils sont morts ou vivants, s'ils souffrent,
s'ils ont faim, notre désespoir
c'est de ne pas savoir à qui nous en remettre.
La dictature argentine, ce, c'est sous les projecteurs.
Depuis plusieurs mois maintenant,
malgré les dénégations de l'agente,
les organisations de défense des droits humains
et en premier lieu amnestien international,
condamne à Gershal, menée par le régime.
Pour le pouvoir, il s'agit de redorer son image
mais aussi d'exalter le patriotisme.
Qui ne participe pas au célébration de la Coupe du Monde
et les folles de la place de mai en sont régulièrement expulsées.
Malgré les victoires successives de l'équipe d'Argentine
jusqu'à la finale remportée contre les pays bas
et événements qui mobilisent tout le monde,
les mères et grand-mères ne baissent pas la garde.
Elles ne le savent pas, mais certains de leurs enfants
sont encore enfermés à l'ESMA,
non loin du Stade Benosaire.
De leur jaune, ils entendent les cris
de la victoire en Coupe du Monde.
Et pour les opposants à la dictature,
cette victoire en finale est un coup dur
car symboliquement, c'est l'agente qui en récolte les fruits.
Il faut voir Vidéla et sa clique d'assassin
pérorés dans la tribune, aujourd'hui sacres,
une insulte à toute la souffrance du peuple.
Et c'est aussi un mal pour un bien
parce que désormais, et grâce à la Coupe du Monde finalement,
le monde entier connaît les mères et les grand-mères de la place de mai.
Et au fil du temps, elles ont recevoir des soutiens venus de l'étranger.
Des experts d'abord, avocats, psychologues
mais aussi des financements de la part d'institutions internationales.
Des mères et des grand-mères sont invités en Europe et aux États-Unis
pour sensibiliser l'opinion publique à leur cause.
La France, où se sont réfugiés plus de 2000 argentins en exil,
2000 argentins en exil,
va même parvenir à faire pression pour libérer 8 disparus,
ainsi que les deux enfants d'une française assassinée en 1977,
Françoise Dottier.
En entre 1976 et 1982,
les Aboulases de la place de mai vont retrouver 4 autres petits enfants
adoptés dans des orphelunas par des familles
qui n'y auraient tout de leur passé.
Des situations rendues possibles
grâce aux parents adoptifs qui dans le doute
contactèrent eux-mêmes les grands-mères.
Des situations isolées cependant,
puisque la plupart des enfants volés
furent confiés à des familles de militaires
pour éviter justement que la subversion ne se répande.
Pour les grands-mères, ces quatre enfants
sont comme autant de signes d'espoir,
mais aussi un coup de masseux.
Comme l'explique Tika Mariani dans le documentaire
d'Alexandre Valland, p'tit argentine,
les 500 bébés volés de la dictature.
Retrouver un enfant,
c'était aussi la certitude
que leurs parents ne reviendraient jamais.
Et ça, toutes les grands-mères nous l'avons ressenti.
Nous avons mis du temps avant de nous en rendre compte.
C'était en même temps un coup dur
et une énorme joie.
Mais en tournant des années 80,
un espoir surgit pour les grands-mères.
C'est Tika Mariani qu'au fond matrice des Abuelas
de la Place d'Homé,
qui entend la première parler de tests ADN.
Ah, et si le sang pouvait révéler
les liens qui les unissent à leurs petits enfants volés?
À l'époque, les chercheurs eux-mêmes
ne savent pas si c'est possible.
La professeure Marie-Claire King,
généticienne,
et Fred Allen, spécialiste du sang,
ils travaillent depuis les États-Unis
et le démontrent dès 1980.
Les analyses sanguines des grands-parents,
des oncles et des tentes
permettent d'établir de façon fiable
un taux de grande parentalité.
Une victoire pour les grands-mères
qui, pour le moment, ne sert à rien qu'en bien même.
Elles ont repéré leurs petits-enfants
tant que durent la dictature
qu'elles ne pourront pas faire réaliser
de tels tests en Argentine.
Mais, mais,
la dictature n'est pas à Zéternel.
En 1982, le pouvoir argentin décide
d'affirmer sa souveraineté
sur les îles Malouines
et s'engage dans une guerre absurde
contre l'un des pays militairement
les plus performants du monde,
une vraie grande puissance,
le Royaume-Uni.
Évidemment, après quelques succès au début de la guerre,
les Argentins finissent par être battus
à plate couture en quelques semaines.
Ce qui précipite la chute du régime pervers
de l'agente militaire et qui laisse place
à des élections démocratiques,
oui, le 30 octobre 1983,
élections soutenues
par le parvaiteur international.
Reportage à Benozaire, de l'ISGOSSE,
de l'ISGOSSE.
Il confie en que les responsables
de la rétression qui a fait 30 000 disparus
seront punis.
Enfin, sur la plaza des maillots
où sont encore et toujours
les maires des disparus,
Raoul Alcensine appelle
à l'Union nationale.
Un peuple unis ne sera jamais vaincu.
L'amision du président Raoul Alcensine
et lui au premier tour avec
plus de 50% des voix est immense.
Il doit remettre sur pied un pays
dévasté et penser les plaies
de cette année de dictature.
Parmi ces missions, décident du sort
des anciens dirigeants responsables
de près de 30 000 disparitions
et du vol de 500 bébés.
En 1985, les chefs de l'agente,
des généraux Vidéla et Maserra
sont condamnés une première fois la perpétuité
avant d'être amnistier avec d'autres dignitaires
par les lois dits du point final
et de l'obéissance du
en 1986 et 1987.
Des lois
affirmées par la Grasse présidentielle
accordée aux militaires par le nouveau président Carlos Menem
en 1990.
Des années 80 jusqu'à aujourd'hui
ou fil des présidents, se succèdent
en Argentine condamnation et politique d'amnistie.
Des décisions contradictoires
qui illustrent la volonté de réduire
la fracture entre les Argentins
tout en assurant que les crimes du passé
ne sont pas oubliés.
Nunca mas, comme on dit en espagnol,
plus jamais ça.
Nunca mas, justement,
c'est ce pourquoi se battent les grand-mères
de la place de mai.
Dès les premiers instants du retour
à la démocratie, elles vont donner
leur combat à nouveau tournant.
Le jour même de l'élection du président
Raoulard Foncine, le 13 décembre 1983,
la grand-mère Elsa Pavon
dépose une plainte.
Elle pense avoir retrouvé sa petite fille
Paola chez des militaires
de l'ex dictature.
La justice accepte de se saisir
au dossier et, pour la première fois,
un test sanguin demandé
pour estimer le taux de grande parentalité
reliant la petite fille à Elsa Pavon.
En 1984,
cette officielle, Paola Eva Logales,
enlevée à 18 mois en 1978
est bien la petite fille de sa grand-mère
à qui elle est confiée.
C'est une première victoire
pour toutes les abuelasses de la place de mai.
Mais aussi une prise de conscience violente.
Et si les petits-enfants
ne voulaient pas de leur famille biologique?
Paola Logales et sa grand-mère
se souviennent d'Argentine
les 500 bolets bébés volés de la dictature.
Quand on est arrivé au tribunal,
ils m'ont séparé des gens avec qui j'étais venue
et ils m'ont dit, il y a une dame qui te cherche
elle dit qu'elle est ta grand-mère
que les gens avec qui tu vis ne sont pas tes parents
maintenant
on va te la présenter
et elle est entrée dans la salle
avec des photos
je l'ai rejeté d'abord
je lui ai dit que je ne l'aimais pas
elle me dit, tu n'es personne
la seule chose que tu veux
c'est nous pourrir la vie
détruire notre foyer
ces mots ne sont pas ceux d'une fillette
alors le juge lui a dit, ça suffit
donne-moi la main
nous allons à la maison de la maman de ta maman
arrête de crier
tu n'es rien pour moi
des mots qui étaient ceux de ses parents adoptifs
expliquera pas la logarest des années plus tard
une situation complexe
comme les grand-mères de la place de mévo
en connaître de dizaines d'autres
et qui questionnaient également la justice
à qui confie l'enfant
aux grands-parents maternels, paternels,
à ses ongles tantes
comment faire quand l'enfant n'habite pas la même ville, le même pays
et quand il est en âge de décider
peut-il refuser de se soumettre au test
car certains enfants
qui ont élevé dans les familles conservatrices et predictatures
n'ont pas envie d'avoir du sang de subversif
dans les 20, ils y croient encore
beaucoup tout simplement aiment les parents qui les ont élevés
leurs parents adoptifs
d'autres au contraire
sans ravi de pouvoir changer de famille
et porte même peintre contre ceux qui leur ont dérobé leur identité
c'est le cas de Maria Agenia
dans ce reportage de Stéphanie Perez
pour France 3
voici le père adoptif de Maria Agenia
qui lui a caché pendant plus de 20 ans
sa vérité d'identité et les circonstances
de son adoption
le visage fermé
il maintient qu'il est innocent
c'est tout
amour, ressentiment, peur
c'est tout
le bonheur de connaître la vérité
compense le traumatisme de ces enfants
qui s'engagent bien souvent
au coté de l'association des Abuelas
au fil des années
grâce à des campagnes de sensibilisation
diffuser la télé
et à la mise en place de la première banque génétique au monde
des dizaines d'entre eux sont retrouvés
beaucoup se présentent de même
au grand-mère de la place de mai
dont le travail a permis d'identifier
des 500 enfants enlevés
ou né en détention
entre 1976 et 1983
un chiffre
qu'elles espèrent voir grossir
malgré les années qui passent
en 2014, Estela de Carlotto
84 ans, président des grands-mères
annoncé avec émotion
avoir retrouvé son petit fils Guido
après une recherche qui aura duré 36 ans
Chika Mariani
qu'au fondatrice de l'association N
n'a pas encore retrouvé sa petite fille
à Nhaï
L'histoire des bébés volés
de leur grand-mère est meuf encore aujourd'hui de l'Argentine
pourtant, les enlèvements d'enfants
longtemps étaient considérés par la justice du pays
comme des cas isolés, punis de quelques années
de prison et non comme l'une des armes
de la guerre sale menée par la dictature
il faut attendre le procès historique
de 2012 pour que le général
Videla et cet ancien responsable
soient condamnés à la juste mesure de leur crime
la prison va perpétulter
pour la première fois, le vol
d'enfant est considéré comme une pratique
systématique et planifiée de la dictature
une condamnation
qui n'est que la revanche des perdants
et stiment l'ancien dictateur Videla
lors du procès
il mourra l'année suivantée là
pour la revanche de la démocratie
que je ne peux pas toucher
que tant d'enfants s'inventent
avec l'attention d'un homme
pendant que je cherche les mots
pour faire cette chanson
un enfant esquivant les balles
qu'ils cherchent leur coeur
accourocado en mi calle
dorme un enfant et la piede
arma lejos un pésèvre
arma lejos un pésèvre
et juega la navidad
et juega
vous écoutez à faire sensible sur france inter
aujourd'hui les bébés volés en argentine
lors de la dictature
nous allons en parler avec notre invité
le réalisateur alexandre vinty bonjour
alors vous avez remarqué
là je m'adresse aux auditeurs
que j'ai cité 5 ou 6 fois
avant les archives
le titre de votre documentaire
parce que ça me fait plaisir de le faire
pour une question de droit
donc je ne me suis pas mis à radoter
les 500 bébés volés de la dictature
récompensés au FIPA
festival international des programmes audiovisuels
et au FIGRA festival international
du grand reportage d'actualité
en 2013 alexandre valenty
vous êtes argentin
l'affaire des bébés volés de la dictature
est-ce que c'est aussi votre histoire?
j'ai dit que je fais partie
des gens nés en argentine
et ma génération a souffert
j'ai vécu des pleins fouets
et l'arrivée de la dictature
c'est-à-dire que j'ai étudié en universitaire
22 ans
et j'ai tué en cinéma
j'avais un peu photographique
mais j'ai appris la photo
donc métier artistique
et de jour au lendemain
on est devenus des terroristes
donc quand les amis ont commencé à disparaître
et moi j'ai pris le chemin de l'exil
j'ai fait un passage d'un an
une année au brésil et puis je suis arrivé en 1977
en France
donc c'est vrai
quand on a des amis
qu'on a vécu l'enfance, l'adolescence
et qu'aujourd'hui on sait qu'ils sont disparus
donc quand on a découvert
après comment ça s'est passé
c'est vrai qu'on n'arrive pas
à fermer ces cycles
d'horreur qui a été la dictature
on en a eu des images justement
avec la Coupe du monde
pour tous les gens qui n'étaient jamais allés
en Argentine et puis à l'occasion de la Coupe du monde
je me souviens du débat
Thierry, est-ce qu'il faut y aller ou pas y aller?
Certains disaient justement, allons-y
ça va mettre le projecteur sur le drame
que vivent les Argentins
également, quelle était votre position
dans ce débat à cette époque là vous?
après on passera au bébé mais je voulais sonder
quelques uns de vos souvenirs
La Coupe du monde pour les militaires
était
une façon démontrée
comme on vidait
il y a cette fameuse phrase
d'évider le lendemande
que l'argentine championne du monde
nous avons gagné au monde
c'est-à-dire c'est un peu un combat
de l'argentine contre le monde
dans le sens que le monde
critiquait l'argentine, c'est-à-dire
l'argentine a vaincu
mais en fait
on sait que déjà la Coupe du monde
était une façon
d'essayer franchir
c'était tout
c'était tout le poids
que la presse internationale
que tout le monde
mettait sur les dores de cette dictature
pour dire voilà on est un pays
comme on vidait la disait
droit et humain
mais ce qu'on sait pas très bien
c'est qu'en France
une unité d'intelligence
de l'ESMA
était venue
ils ont créé à Paris un centre pilote
dans lequel a participé
le fameux Alfredo Astis
un centre de torture
un centre pilote d'intelligence
d'espionnage à Paris
pour dénicher avant la Coupe du monde
qui étaient les journalistes
qui étaient les opposants qui m'aînaient campagné
contre la Coupe du monde
pour informer Buenos Aires
attention cette journaliste, cette personne-là
il faut la surveiller
ces centres pilotes a fonctionné à Paris
ils avaient un appartement dans le 16ème arrondissement
et pour vous simplifier
j'ai un ami
qui a décédé malheureusement
qui était un exilé
qui s'est réunissait tous les semaines
et un jour il y a un jeune qui faisait des photos
et lui il a dit
que c'était passé pour
un exilé aussi
et lui il a dit non tu fais pas des photos ici
personne n'a fait non moins la pellicule
et la donner la pellicule
ces jeunes-là étaient Astis
il avait infiltré les mouvements
donc c'est pas innocent
c'est-à-dire qu'il avait toutes les services d'intelligence
que déjà la Coupe du monde
devait être la vitrine pour montrer une autre argentine
alors qu'à Esma
l'École nationale, l'École mécanique
de la Marine au placard de Buenos Aires
ont torturé
à côté du stade
et le lendemain
de la victoire de l'Argentine
il y a eu une naissance à l'Esma
une femme prisonnière
qui a passé
un mois, cagouler, menoter
enceinte, à donner la naissance
c'est-à-dire, je me souviens
Miriam Lewin, une survivante de l'Esma
elle disait, on entendait
l'écrit de la foule ondelir
de l'Argentine
qui venait de vaincre la Coupe du monde
on entendait dans les combles de l'Esma
où était le centre
le camp clandestin de détention
on entendait l'écrit de cette foule ondelir
et à ces moments-là on s'est dit
c'est fini, l'Argentine on a une dictature
pour 40 ans encore
les ténèbres sont tombées sur le pays
c'est-à-dire, voilà, ce qu'il faut comprendre
c'est que, suite au lendemain
de la dictature
les militaires ont fait ces choix
de dire, la répression
on va voir, il y a deux étapes
la répression visible et la répression invisible
c'est-à-dire, la création
c'est-à-dire, la création
c'est-à-dire, le CDD
centre de détention clandestin
c'est-à-dire, c'était un monde souterrain
où il n'y avait pas
des lois, rien
on abolit tous les principes
qui règlent une société
une société, j'y dirais
avec ces lois, c'est-à-dire
le monde sans lois
et c'est dans cet univers que ça a été créé
l'ESMA, il y a eu 600 centres
de détention clandestin, quelque chose a duré
un mois, mais la ESMA
c'est 5000 prisonniers qui ont
transité, de la grande échelle
200 survivants
sur 5000, donc vous pouvez imaginer
ce qui s'est passé
à l'intérieur, donc
et dans ces contextes
l'histoire de BV
c'est une, j'y dirais
c'est un chapitre à part
parce que déjà, amener quelqu'un
le faire disparaître
le faire subir
tout ce qu'on peut imaginer
des plus terribles
que s'est passé dans ces sous-sol
dans ces lieux
dans des noms droits, des nues vies comme on dit
si on ajoute à cela
une femme enceinte
qui attend
la naissance d'un bébé
vous imaginez quelqu'un, comment
cette femme peut s'y projeter
dans l'avenir et dire
elle voyait l'horreur
elle était menottée, elle était gaoulée
qu'est-ce qui va devenir cet enfant
il va naître
mais elle savait pas
que cet enfant était déjà programmé
qui avait des listes d'attente
que tout ça était géré
et contrôle-moi
avec ce qu'on a pu dire à l'époque
oui, bon, il y a eu des femmes
qui ont accouché, qui ont appris le bébé
non, c'était pas le cas
d'un foalier qui a appris le bébé
c'était un plan systématique
organisé au plus haut niveau de l'état
l'histoire dont nous parlons
n'est pas qu'une page d'histoire
ça continue
alors on retrouve des bébés
qui ont réussi un chiffre
d'ailleurs il en manque deux
donc comme quoi ça évolue tout le temps
c'est loin d'être fini
le dernier, j'appelle des cbv
quand il a été effectivement
volé
approprié
dans ce cas le dernier aussi
c'est par des torsionnaires
les derniers appareillent
le juin dernier, il y a deux mois
c'est ça qui est intéressant
c'est qu'à 40 ans après
quelqu'un découvre
que ses parents ne sont pas ses parents
sont peut-être
parfois très souvent celui qui a
tué ou été complice
de la mort de ses vrais parents
et c'est celle-là qui donne
une autre dimension à cette histoire
qui va au-delà
du crime en lui-même
Est-ce que c'est dans le crime contre l'humanité?
voilà
en fait c'est ça que pour moi
était le déclencheur
du documentaire, c'est-à-dire j'avais travaillé
pendant des longues années sur la dictature
mais quand apparu l'histoire de ces procès
dont l'intitulé du procès
c'était
Argentine vol dvv
génocide, crime contre l'humanité
plan systématique
d'état, en fait
dans ces procès qui a duré 10 mois
que j'ai suivi entièrement
c'était démontré
que cette histoire dvv
ce n'était pas comme j'ai dit le cas isolé
foalier
qui est appropié
c'était un plan organisé au plus haut niveau de l'état
et
je dirais la différence
c'est que l'argentine est devenu
un exemple pour le monde
il y a
peu rare sont les pays
qui ont jugé ces propres concitoyens
pour crime contre l'humanité
en France on a attendu Jacques Chirac
pour dire
la France
et sous l'Algérie
on n'a jamais jugé
personne
et l'argentine aujourd'hui
il y a eu plus de mille procès
il y a eu plus de 800 militaires
qui ont été
inculpés
c'est-à-dire c'est quelque chose
de unique dans le monde
et la société argentine aujourd'hui
à cette conscience-là
c'est-à-dire qu'elle n'a pas la mémoire courte
vous savez
on ne construit pas
l'avenir
en
oubliant
cette histoire
ce n'est pas le président Alphonsine
Alphonsine a fait 2 lois
je pense
sous la pression des militaires
parce que tous les structures militaires
étaient encore en place
il a réussi à mettre devant un procès
tous les généraux vider la macera
tous les militaires responsables
et le président Ménem
a amnistié tout le monde
donc
mais, et c'est là aussi
pour moi c'est quelque chose de très important
et qui dans le film est très clair
c'est la dimension politique
qui manque aujourd'hui
même dans le monde que l'on vit
il y a un président, le président Kichner
qui a dit, ce n'est pas possible
que tous ces crimes restent impunis
et du jour en demain
il a décidé d'abolir
le droit d'amnistie
du jour en demain, tous ces militaires
qui étaient poulet de jour paisibles
ce sont vus
on va dire pas inculpés
mais avec un porte ouvert à un procès équitable
démocratique
démocratique
qui pouvait revenir sur des faits
pour voir si c'était des actions criminelles
ou pas
c'est important ce que vous dites parce que
beaucoup de pays qui ont connu des heures sombres
ne veulent pas régler leurs comptes
au nom d'une unité nationale
qu'il faut reconstruire
parfois ça fonctionne
l'Afrique du Sud
c'est passé en Afrique du Sud
mais là en Argentine on dit ok
on veut bien reconstituer la nation argentine
mais les crimes restent impunis
c'est ce que vous me dites là
je vais insister sur quelque chose
et c'est intéressant parce que
mon film j'ai accepté
a été utilisé au Brésil
quand Dilma Rousseff a créé
la commission de la vérité pour savoir
ce qui s'est passé sous la dictature brésilienne
et les ministères de la justice brésilienne
a utilisé mon film avec d'autres films
pour effectivement
parler de la problématique
des faits
enfin la relation justice avec
des actes criminelles qu'on met dans une dictature
mais les problèmes du Brésil qui voulaient
savoir si c'est qui s'est passé
mais n'est pas jugé
et c'était tout à fait le process
qui s'est passé en Argentine
ce qui est la signification
des procès
a fait que les peuples argentins
à travers les procès
la médiatisation des procès a découvert l'histoire
et moi-même
j'ai dit dans un procès
comme les vols d'EVV que j'ai assisté
c'est qu'était passionnant
ce qui on ne jugait pas la subjectivité
on ne jugait pas l'idéologie
on jugait des faits
et devant les faits il n'y a rien
la justice était
vraiment
et donc le peuple argentin aujourd'hui
c'est ce qui s'est passé pendant la dictature
il s'est reconstruit parce que justement
il y avait une fonction pédagogique
de reconstruction de l'histoire
à travers des faits
qu'on ne pouvait pas nier
et c'est pour ça qu'aujourd'hui
contrairement à ce qui se passe au Brésil
où vous avez un président qui vient d'arriver
comme le président Bolsonaro qui dit
il n'y a pas eu des dictatures
c'est parce que le Brésil n'a pas fait
au coeur de ces problématiques
et ce qu'il y a eu
c'est parfaitement clair
ce sera la dernière question
il y a eu des affaires et des drames
comme celui-là de bébé enlevé
chez vos voisins chiliens
du temps de pinocher ou au Brésil
il y a eu
mais pas à la dimension
l'argentine restait un cas unique
même je dirais
c'est un paradigme
parce que c'est la première fois effectivement
c'est ça qui est aussi intéressant
de voir que quand les militaires
en fait tous ces
pas seulement cette appropriation
tous les disparus
ils n'imaginaient pas une chose
que quelques années après
avec la génétique
c'est toute l'histoire qui allait basculer
bien sûr
et sous leur histoire
et ce sera le mot d'affin Alexandre Valenti
si cette histoire vous touche, vous passionne
et vous aimez
votre documentaire, Argentine
les 500 bébés volés de la dictature
merci infiniment Alexandre Valenti
merci à vous et
l'histoire reste verte, il faut continuer à la suivre
au revoir, merci
c'était Affaire sensible aujourd'hui
les bébés volés en Argentine
une émission que vous pouvez réagouter en podcast
sur franceinter.fr, rendez-vous également
sur la page Affaire sensible de France Inter
pour toute information complémentaire
qui était à la technique aujourd'hui
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durée :00:54:27 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd'hui dans Affaires sensibles, l'une des exactions les plus terribles de la dictature militaire en Argentine : le vol de bébés. Invité Alexandre Valenti, grand reporter et réalisateur. Il a réalisé en 2012 "Argentine, les 500 bébés volés de la dictature". - invités : Alexandre VALENTI - Alexandre Valenti : réalisateur