La source: Les armes françaises de l’apartheid

Radio France Radio France 9/5/23 - Episode Page - 49m - PDF Transcript

France Inter

Aujourd'hui, on va faire sensible les armes françaises de l'apartheid.

Chaque jour, dans les journaux comme sur les réseaux sociaux,

nous sommes les témoins à distance de combattre armes.

Nous y entendons des détonations et des cris,

nous y voyons des soldats et parfois des corps,

d'autres y voient des chiffres.

En dollar, en euro ou en nord, toute guerre a une pri.

Sur le marché des armes, le catalogue français, c'est la Samaritaine.

On y trouve tout.

Alors, dans les airs, les maires et sur la terre, ont eu mesdines France.

Parmi nos clients, des régimes démocratiques, ou non.

C'est le cas aujourd'hui, c'était déjà à locaillère,

notamment auprès du régime ségrégationniste blanc d'Afrique du Sud.

C'est cette histoire que nous allons vous raconter.

Un récit qui s'étale sur plusieurs présidences françaises de toute tendance,

qui toutes ont fait le choix d'armer un régime autoritaire raciste et assassin.

L'argent n'a pas d'odeur.

Aujourd'hui, si ce lien des armes est encore un secret bien gardé

dans les archives officielles de l'État, ce n'est plus le cas à Pretoria.

Ces archives, déclassifiées,

éclairent d'une lumière nouvelle, ces années d'ombre et de violence.

Notre habité aujourd'hui, Philippe Chaplot, journaliste à Westerland,

spécialisé dans les questions de défense et d'armement.

Il était là un des correspondants de l'AFP en poste dans l'Afrique du Sud

durant l'apartheid.

À faire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct,

récit documentaire Jean Boulour, rédaction chef Franconniard,

chargeur de programme rébecca donnante, réalisation Stéphane Kuhn.

Fabrice Drouel.

Affaire sensible.

Sur France Inter.

En ce 9 octobre 1979, sur le plateau de l'émission Les dossiers de l'écran,

le journaliste Joseph Pasteur semble marcher sur des oeufs.

Nous allons ouvrir ce soir un dossier particulièrement délicat.

Si José, je dirais explosif, mais ce serait un à peu près discutable,

car il s'agit du commerce des armes.

Et nous avons pendant des semaines, si ce n'est des mois,

essayez de joindre des fabricants d'armes, des marchands d'armes,

des acquereurs, des militaires et sans succès.

Et au bout de haine, semaine, de démarches,

nous avons dû nous rendre à l'évidence.

C'était impossible.

Alors ce débat aura quand même lieu ce soir.

Et avec des gens parfaitement qualifiés,

mais évidemment sans militaires, sans acheteurs d'armes,

sans fabricants d'armes, etc.

Ce mardi soir était peut-être une première

sur les ondes hertiennes de l'ERTF.

Un débat impossible sur l'une des questions les plus sensibles de notre République,

la vente de nos avions blindés et émissiles tricolore.

On a baufouillé dans les archives de nos télé-radiopubliques,

rares en effet sont les moments où messieurs Bar, la gardaire ou Dassault,

comme leur sérité d'ailleurs, acceptent de parler de ce drôle de métier qu'est le leur,

vendeur de canon.

Sur le marché de l'armement, notre pays a pris sa part du gâteau

dès le début de la Vème République.

Alors que la guerre d'Algérie allait inéluctablement prendre fin,

il fallait trouver des débouchés pour nos industries.

Les combats dans le jebel algérien servent alors de vitrines.

Car en parallèle des opérations militaires,

l'État-major tricolore convit des généraux du monde entier

à voir de leurs yeux voir le savoir-faire français

pour maintenir l'ordre et briser l'insurrection des indépendantistes.

En quelques années, au côté des États-Unis de l'URSS de la Grande-Bretagne,

la France devient ainsi nos puissances incontournables.

En 79, comme aujourd'hui, notre pays est même le troisième exportateur mondial d'armement.

Chaque année, le classement tombe, les ministres applaudissent,

les journalistes les interrogent en vain.

Il y a le secret des affaires et, surtout, celui de la défense.

Même la langue des armes semble minée.

On parle de coopération d'aide au développement de l'industrie

de transferts de technologie délitote qui tremble une odeur de poudre.

De plus que savent les citoyens de la destination de ces armes, après tout.

Contre quelle armée, quelle population, sont-elles utilisées ?

Eh bien, voilà les questions qui sont mises en débat.

En ce mardi 9 octobre 79, sur le plateau des dossiers de l'écran.

Deux journalistes et quatre parlementaires tentent d'y répondre.

Parmi eux, le député socialiste Jean-Pierre Cotte.

Nous sommes tristement devenus aujourd'hui les profiteurs d'embargo,

les spécialistes de vente au pays que personne ne veut livrer par ailleurs.

Après, l'Afrique du Sud hier, c'est l'Argentine, c'est le Chili aujourd'hui.

Et nous avons, aujourd'hui, malheureusement, cette spécialité.

On peut faire autre chose, ça coûte plus cher de faire autre chose.

La Suède, par exemple, avec sa politique de restriction,

d'un certain nombre d'armements, ça lui a coupé de l'argent, c'est exact.

Mais ce que je dis pour ma part, c'est que nous, alors,

nous sommes devenus les spécialistes de la vente, tous azimuts au régime les plus corrompus

et que ce faisant, nous sommes en train de faire dévier notre politique étrangère

et de compromettre les intérêts nationaux.

Durant l'émission à plusieurs reprises,

un pays revient dans la conversation à l'Afrique du Sud,

dirigée d'une main d'offre par les Africanaires.

La prise du pouvoir par les suprémacistes blanc date des élections de 1948.

Ils remportent le scrutin grâce à la promesse d'une séparation absolue des races.

En 1950, plusieurs lois grabent la part taille dans les textes.

Les mariages mixtes et les relations sexuelles entre blanc et non blanc sont interdits.

La population est enregistrée, fichée, rangée.

Chaque région est divisée avec ses zones réservées et ses zones interdites.

Des millions de personnes noires sont ainsi chassées des bons lieux et envoyées dans des réserves.

À chacun de leurs déplacements, en dehors de cet espace,

elles doivent être munies d'un passe intérieur.

La rue également est marquée au fer de la sérégation, partout.

Sur les vents, dans les bus, les trains, les plages, les restaurants,

fleuris des panneaux sur lesquels on peut lire, réservés aux membres de la classe blanche.

Comment une situation comme celle-là a-t-elle pu perdurer ?

Oh, c'est tout simple et bien connu.

La répression contre toute opposition, comme à Sherbrookeville en mars 60.

Au moins 69 manifestants noirs sont tués lors de cette manifestation.

Sur les photos d'après s'étrangères, on observe des corps cribés de balles,

mais aussi la mobilisation des forces aux armées,

munis d'armes lourdes et de véhicules de combat.

A plusieurs reprises, face à cette guerre intérieure,

la communauté internationale s'alerte.

À l'ONU, une commission sur l'apparteeil décrit.

Plusieurs sanctions sont votées.

En décembre 63, le Conseil de sécurité adopte un texte qui demande,

solennellement, à tous les États de mettre fin à la vente

et à l'expédition d'équipements et de matériel destiné à la fabrication

et à l'entretien d'armes et de munitions en Afrique du Sud.

Remarquez bien, tout est dans le solennellement.

La cessation des ventes d'armes tient donc du bon vouloir des puissances.

La France a voté pour, mais à certaines conditions,

dont celle de se donner le droit de vendre des armes dites « défensives ».

La frontière est floue, assez en tout cas pour que le général de Gaulle saute

sur l'occasion quand le Royaume-Uni se retire du marché Sud-Afrique.

Est-ce moral ?

Comme le précise Monsieur Thorpe, un célèbre vendeur de canon,

business is business, y compris pour les armes.

Il y a toujours la demande pour les armes.

Un homme veut toujours une arme, un arme, une arme.

Il veut la voir.

Il n'y a pas moyen de l'empêcher de la voir du premier type

qui a jeté une pierre contre l'autre.

Ils s'arment.

Ils s'armeront, malgré toutes les belles résolutions de la nation.

Et c'est ainsi qu'en quelques années, la France devient le principal fournisseur d'armes

et de munitions du régime de l'apartheid.

Mirage 3, Missile-Matra, hélicoptère Sud-Alohète, blindé à ML-70-90, juteux.

Mais c'est qu'on trafoutit de la une de nos médias.

Pensez-vous, quand on écoute les reportages réalisés sur les antennes de l'ORTF,

sur l'Afrique du Sud, aucun n'évoque le lien des armes entre nos deux pays.

Les neufs voyages de parlementaires français du cercle d'amitié,

entre octobre 62 et février 69 après Toria,

ne semblent pas non plus être un sujet pour nos journaux.

Les venus du ministre de la Défense et l'Africaine,

Peter Vilem Bota n'intéresse pas non plus.

Pourtant, ce ministre-là est souvent de passage dans notre pays.

Gros crocodile, comme on le surnomme dans les rangs de ses partisans,

est l'un des visages de l'Afrique Blanche.

Il a connu tous les ministères, intérieurs, travaux publics, défenses.

En 68, ils fondent l'Armes-Score,

la société responsable des programmes d'armes morts Sud-Africains.

Bota a deux objectifs, doter son pays de l'armée la plus moderne du continent

et être autosuffisant en matériel.

Dans cette quête, la France a promis de l'aider.

En mars 69, Bota est à Nantes,

afin d'inloguer le premier des trois sous-marins que son pays nous a achetés.

Sur les photos des archives de la Défense,

Pierre Mesmer, ministre français de nos armées, semble satisfait.

En juin de la même année, en pleine élection présidentielle,

Bota est encore là,

et on la perçoit au salon aéronautique Bourget

et à celui de l'armement, à Satorie.

Puis on perce la trace dans les Landes,

près d'un centre d'essai de missiles.

10, 3, 2, 1, 0, 1...

Dans le journal Le Monde,

l'information se limite à quelques lignes.

Quel était donc l'objet de cette visite,

qui l'accompagnait ?

Aucune information ne filtre vraiment.

Pour en savoir plus,

il faut se plonger dans les archives sud-africaines

déclassifiées et rendues publiques par l'ONG OpenSecret.

Parmi elles,

un document de l'entreprise française Thompson S.F. Futurtales,

intitulé Journée of Mr. Bota,

centre d'essai des Landes,

qui en dit long.

Tout est détaillé,

l'hôtel, les numéros de chambre,

la liste des membres de chaque délégation,

ainsi que le domaine viticole,

où ils ont cellé leurs accords,

château au brillon, grand cru.

Le 10 juin,

tout le monde est rentré chez soi.

Cinq jours plus tard,

Georges Pompidou est élu président de la République.

Et aucun changement majeur en matière de Vendarmes

n'est à signaler aucun.

Et pour preuve,

en novembre 69,

André Fanton, secrétaire d'État chargé de la Défense nationale,

invite des journalistes dans les Landes

à découvrir les missiles crottales,

satisfaction et fierté en bandoulière.

La leçon qu'on peut tirer,

c'est qu'elle marque la qualité de l'industrie française,

parce que c'est une affaire qui dépasse beaucoup

le caractère militaire de l'opération et de l'expérience.

C'est en effet un matériel dans lequel l'électronique

d'une part, l'informatique joue un rôle important

et quand on sait la place que joue ces techniques de pointe

dans l'industrie moderne,

on peut s'apercevoir qu'une expérience de ce genre

qui parfaitement réussit est véritablement le signe

que l'industrie française n'est pas aussi malade

que quelquefois on le dit.

Mais ce que le secrétaire d'État ne dit pas, lui,

c'est que ce missile crottale est né de l'union

de la France et l'Afrique du Sud.

Dans un autre document publié par OpenSecret,

on apprend l'historique de cette coopération.

Après te voyant l'appel Cactus,

85% des fonds pour son développement

étaient financés par le régime de l'apartade.

En plus des missiles, c'est bien le savoir

de nos ingénieurs qui étaient livrés.

Et cet accord autour des missiles Cactus crottales

n'est pas un fait isolé.

Non, en 70,

d'asso, cette délicence d'assemblage

des aimants combats Mirage 3 et F1

prend un phénomène avec les automitrailleuses,

jattes avec les canons.

Notre pays n'a pas seulement vendu

des armes en régime de l'apartade,

il lui a permis de concevoir une industrie autonome.

Si en France, la discrétion est demise,

à l'étranger, personne n'est dup.

Le continent africain est la zone la plus sensible,

d'autant que le régime de Pretoria

mène plusieurs opérations militaires

à ses frontières et en menace d'autres,

dont l'Angola.

Durant ces années, l'Afrique australe

est même l'une des zones de tension

de la guerre froide.

Officiellement, ou de façon secrète,

soviétiques, cubains, anglais, américains et français

participent.

Ils conseillent, financent et vendent des armes

à divers mouvements de lutte,

parfois concurrent ailleurs.

Face aux critiques des pays amis et partenaires,

les diplomates français sont alors envoyés

à l'hôpital des chefs d'État aux Fusques.

Mais cela ne ciblit pas toujours.

En 1973,

l'organisation de l'Unité africaine,

l'OUA, pointe une nouvelle fois

les armes françaises et la crise

est si intense que le premier ministre

d'alors, Pierre Mesmer,

sort de la réserve.

Lors d'une conférence de presse,

il rappelle la doctrine française avant la Terre.

Nous acceptons

de céder à l'Afrique du Sud

des armements dont nous considérons

qu'ils ne sont pas

des armements pouvant être utilisés

dans des opérations de maintien de l'ordre.

Par exemple,

des sous-marins,

ou des avions de surveillance maritime

ou des avions d'interception.

Mais qu'en revanche,

il n'était pas question pour nous

de céder

des matériels qui pouvaient être utilisés

à des opérations

de maintien de l'ordre,

quelle que soit leur forme.

J'ajoute que

ce qui me m'étonne un petit peu

dans

les proclamations de l'organisation

d'unité africaine sur ce sujet

c'est qu'on n'entend pas parler

des autres fournisseurs d'armes

de l'Afrique du Sud

qui sont

nombreux et

si je peux dire honorablement connues dans le monde.

Sauf qu'en 73,

la France a la première exportatrice

d'armes en Afrique du Sud.

Et nos liens avec ce pays ont si fort

que Pretoria décide d'ouvrir à Paris

un bureau de sa société responsable

au programme d'armement, l'Armscore.

Après une première adresse

à Rupasano,

ses membres s'installent sur les bords de Seine

au dernier étage de l'ambassade 59 Kedors.

Ici, plus de 200 personnes

dont des ingénieurs,

des attachés militaires, des membres des services secrets

s'activent chaque jour

pour rencontrer, négocier,

convaincre des industriels et les États

d'armés l'Afrique du Sud.

La coopération militaire n'est qu'un pan

de nos relations commerciales avec le régime

de l'apartheid.

De 1960 à 1973,

les exportations françaises

à destination de l'Afrique du Sud

sont passées de 136 millions de francs

à 1 milliard 71 millions.

Au cours de la même période,

les importations en provenance d'Afrique du Sud

ont triplé. Et cela ne comprend

ni l'uranium, ni l'or, ni les armes.

Comme les écrits Pierre Mendès France,

la vente des armes est devenue

l'un des objectifs principaux de notre action

internationale.

Ce n'est pas parce que nous sommes en bon terme

avec tel ou tel pays que nous vivons dans des armes.

C'est à l'inverse, parce que nous

voulons lui en vendre, que nous cherchons

à améliorer nos relations avec lui.

D'où notre attitude, à l'égard de l'Afrique du Sud.

Mais quand ces relations contre-nature,

entre la France auto-proclamée la patrie des lois de l'homme

et le régime raciste de la Partaïde,

sera-t-il rompu ?

...

...

...

...

...

Aujourd'hui, les armes françaises de la Partaïde

...

Le 16 juin 1976,

a sauvé d'eau près du stade d'Orlando

un enfant est mort.

Tu es d'une balle dans le dos.

Son nom, Hector Peterson,

il avait 12 ans.

Ce jour-là, cet écolier manifeste

contre l'imposition de l'Africains à l'école.

Le rassemblement est pacifique,

la foule est compacte, dense et enthousiaste.

Mais la police se fait face,

tirant l'air, puis dans la foule.

Dans les semaines qui suivent,

c'est l'embrassement.

La révolte éteint une ensemble des guétaux du pays.

Face à ces événements et ces événements,

le premier ministre John Forster

donne instruction de maintenir la loi

et l'ordre à n'importe quel prix.

Alors, hélicoptères blindés

et soldats sont déployés,

et la répression est sanglante.

Aujourd'hui encore, le nombre de victimes

n'est qu'une estimation.

500, 600.

Personne ne saura jamais.

Quelques jours après le massacre de Soweto,

Jacques Chirac, alors premier ministre français,

est interrogé sur ces événements.

Et la gêne n'est palpable.

Les armes françaises en Union Sud-Africaine.

Oui.

À quoi faites-vous allusion, exactement ?

Parce que les armes que nous avons vendues

à l'Union Sud-Africaine et en toute hypothèse,

l'Union Sud-Africaine aurait acheté.

Si ça n'avait pas été chez nous

et au bénéfice des travailleurs français,

ce sont des armes qui, en aucun cas,

vous le savez, ne peuvent être utilisées

dans le cadre d'une politique de guérilla quelconque.

Ce sont des armes d'une autre nature

et qui donc ne peuvent pas aider

le gouvernement Sud-Africain

à des opérations intérieures

d'une certainité.

Il n'y a pas des hélicoptères là-dedans ?

Non, il n'y a pas des hélicoptères équipés.

Alors, est-ce que, de ce point de vue,

ce qui se passe actuellement à l'Afrique du Sud,

dans l'Union Sud-Africaine,

ne vous préoccupe pas compte tenu de vos relations

? Nous avons pris à cet égard

depuis longtemps une position extrêmement nette

que nous avons réaffirmé

à maintes reprises et notamment tout récemment

à la suite des derniers événements

de l'Union Sud-Africaine à l'ONU

et qui est une position résolument hostile

à ce qui s'est passé et notamment

à la politique d'apartide, quelque chose de ces conséquences.

Mais cela ne vous conduit pas à mettre un embargo quelconque

sur des livraisons d'armes français ?

Il n'y a pratiquement plus actuellement

de livraisons d'armes, c'est terminé.

Non, de fait, nous n'avons pas encouragé

et nous ne souhaitons pas

exporter les armes en Union Sud-Africaine

actuellement.

Il est vrai que dans le domaine des armes,

la présidence de Valérie Jusquardestin

que sert Jacques Chirac en tant que premier ministre

à l'époque, marque un refroidissement

dans les relations entre la France

et le régime de l'apartide.

Dès 1975,

le président français annonce en effet

l'arrêt des van Barme continental et aérienne

à l'Afrique du Sud.

Bien. Sauf que la plupart de ces armes

sont désormais fabriquées sur place,

sous licence.

Dans le même temps, les relations économiques

entre nos deux pays s'intensifient.

En 1976, Pretoria

devient même le premier client de la France

pour le secteur des biens d'équipement.

La même année, la France

signera un contrat pour la construction

d'une première centrale nucléaire implantée

à Kökberga. Orientée détonnant,

l'Afrique du Sud possède la 2e

plus grande réserve d'Uranium au monde.

Elle est donc un allié indispensable

pour l'indépendance énergétique de la France.

Mais ce nouveau contrat sème le trouble

au sein de nos chancelleries.

Si bien,

aux Nations unies, le représentant

de la France doit s'expliquer et donner

des garanties sur le fait que ce contrat

n'ouvre pas la voie à une utilisation

militaire.

Quelques mois plus tard,

du Mali, Valérie Giscardestin annonce

pour la première fois un embargo

total.

Toutes les dispositions ont été prises

non seulement pour interdire

toute nouvelle commande

de matériel terrestre ou aérien

à destination de l'Afrique du Sud,

mais également

pour s'assurer qu'aucune livraison

de ces matériels

ne puisse avoir lieu.

Trois mois plus tard,

la France vote la résolution

418 du 4 novembre 1977

par laquelle

le Conseil de sécurité de l'ONU

impose un embargo sur toutes les vente d'armes

à l'Afrique du Sud.

Le massacre de Soweto,

l'arrivée de Jimmy Carter à la Maison Blanche,

l'ouverture d'autres marchés

font rentrer le marché en France et dans le rang.

Voilà.

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais ce n'est pas le cas.

En 2017,

En Yvonne Vuren, de l'ONG Open Secret,

publie un livre

intitulé Apartheid, Guns & Money,

résultat d'une longue

recherche basée sur l'étude de plus de

40 000 documents déclassifiés.

Sur RFI,

le chercheur Sud-Africain revient

sur ses découvertes.

Nous avons trouvé

un nombre phénoménal

de documents dont différents fonds

archives faisant état de relation

soutenu entre, d'une part,

le gouvernement français,

des entreprises françaises,

des industriels, de l'armement,

les services secrets français et d'autre part,

Arms Score,

la société responsable des programmes

d'armement sud-africain.

Pendant une quinzaine d'années, ils achèteront

et vendront les armes en France.

Ce que démontre Vuren dans son livre,

c'est qu'à partir de 1977,

la vente des armes vers l'Afrique du Sud

devient clandestine.

Elle est désormais

à la charge des services.

Des émisseurs et des maires sénères français,

mais aussi étrangers, et Paris,

devient le hub international du commerce des armes.

Malgré l'embargo,

l'Arms Score, l'agence d'armes de l'apartheid,

garde ses bureaux

au sein de l'ambassade sud-africaine à Paris.

Seuls les effectifs sont diminués.

Discrétion oblige.

Mais la mission reste la même.

Trouvez un chemin

discret pour les armes et les pièces détachées.

Autre preuve, cette fois avec

les confidences de Paul Osareis.

Son nom est devenu célèbre au début des années 2000,

quand lui, l'ancien parachutiste

général de l'armée française

a reconnu l'utilisation de la torture

pendant la guerre d'Algérie.

Ce que non, c'est moi.

C'est sa vie d'après.

Dès 1962, le torsionneur devient professeur

aux États-Unis, où il enseigne

à d'autres militaires la doctrine française

pollutée contre les guerres insurrectionnelles.

La torture également est

un savoir-faire que la France a exporté.

Au Sarès,

passent un temps à l'état-major de l'autre temps,

puis déposent ses valises à Brésilien,

où ils forment les officiers brésiliens donc,

mais aussi chiliens, argentins,

vénézuelsiens,

des pays où l'armée prendra le pouvoir.

Et puis, quand il est de passage en France,

il n'est jamais loin du SDEC.

Il était l'un des fondateurs du 11ème choc,

le bras-armée d'émission spéciale

de ce service secret.

La retraite le poussant dehors de l'armée.

L'homme est alors accueilli chez Thompson

Brant Armement, qui lui propose un poste

à la direction commerciale.

Dans un livre entretien

avec le journaliste Jean-Charles Denieux

intitulé « Je n'ai pas tout dit ».

L'ancien général revient sur ses années

de bartendarmes.

Chez Thompson, vous avez travaillé sur l'Amérique latine.

Votre secteur de prédilection ?

Au début, pas du tout.

Sur l'Afrique du Sud.

Pourtant, il y avait un embargo de la France et le Nus

envers l'Afrique du Sud.

Donc, la France violait l'embargo.

Donc, la France violait l'embargo.

Qu'est-ce que vous leur vendiez ?

Nous vendions en toutes sortes d'armes.

Vous aviez des contacts avec les services secrets

Sud-Africains, le fameux BOSS ?

Bien sûr que j'avais des contacts.

Au Saint-Luzdec, nous pouvons également citer

le nom de J.B. Bourgeau,

l'une des fausses identités du fameux

et sulfure Bob Denard.

Si certains nostalgiques du temps m'écologient

voient en lui un glorieux aventurier,

l'histoire retient avant tout le parcours

d'un mercenaire assassin.

Le honorable correspondant des services,

l'homme des réseaux focards,

il fut l'un des chiens sans collier de la France afrique.

En 1978,

lors de la prise des comores,

Denard et ses hommes, pour le compte d'Armenade

de la France laissent faire,

comme nous l'avons déjà raconté

dans une précédente émission d'affaires sensibles.

Bob Denard devient en tout cas un ministre

officieux des comores et joue les intermédiaires

avec la France et l'Afrique du Sud.

En étant l'un des soldats irréguliers

des conflits des années 60,

notamment Biafra ou Congo,

en Angola ou Yemen,

Denard a tissé des contacts avec le régime de Pretoria

qu'il réactive dès son arrivée au comort.

Comme nous l'a raconté

l'historien Walter Brie et Rostels,

spécialiste du mercenariat français

et de ce lien avec l'Empire des Armes.

Ils vont mettre en place

entre Pretoria,

les comores et Paris

un système diplomatique

de contournement de l'embargo

et de façon très pratique.

Quand un sud-africain,

que ce soit un militaire ou un diplomate

et qu'il a besoin d'aller

en Asie orientale,

au Moyen-Orient ou ailleurs,

il va venir au comort,

on va lui donner un passeport

diplomatique comorien.

Du point de vue de la scène internationale,

il est libre de circulation,

il apparaît comme un comorien

et il va pouvoir aller traiter des affaires

pour le régime de l'apartheid

et notamment

sur quoi pèse l'embargo,

c'est-à-dire les questions d'armes

ou les questions de pétrole

mais qui est aussi utile évidemment

pour faire avancer des véhicules de défense

ou des avions.

La route des comores est fermée

en 1989 après l'assassinat

d'Armin Abdallah pour lequel

Bob Delar sera poursuivi.

Dans sa fuite, le mercenariat français

trouve refuge en Afrique de Sud.

Avant son départ,

les services secret français font le ménage

de l'assassinat.

Dans la ligne de mire des marchands d'armes

comme des agents secrets français sud-africains

il y a un dernier nom à citer

Dulci septembre.

Le 29 mars 1988,

cette représentante en France

de l'ANC,

l'organisation anti-apartheid du prison

Nelson Mandela est assassinée

rue des petites écuries en plein coeur de Paris.

Un crime politique

qui bouleverse l'opinion française

mais dont la justice n'a su identifier

l'assassin.

En 2017,

de nouveaux éléments sont découverts

en Afrique du Sud, comme le raconté

Niveau de Virene d'Open Secrets

au micro de Michel Pomaret

pour France Culture.

Je développe dans le livre

l'idée que Dulci septembre

n'incarner pas seulement une menace

pour le régime de l'apartheid

mais aussi pour un système

de relations secrètes

mis en place entre plusieurs pays

en France et l'Afrique du Sud.

Nous pensons qu'au moment de sa mort

elle enquêtait sur les ventes d'armes illicites.

Ce que nous mettons à jour

c'est l'extraordinaire connivence

entre le service secret

sud-africain et son homologue français

ancêtre de l'actuel DGSE.

Des réunions clandestines ont eu lieu.

Des accords ont été noés

entre services et c'est

une grande proximité entre services

et leurs actions conjointes

qui ont été sur le point d'être mis à jour

en 1988 par Dulci septembre.

Une raison suffisante

à nos yeux pour que,

dans les deux camps, la décision

était prise de la supprimer.

L'arme qui toit de 5 balles

Dulci septembre

était un petit calibre muni d'un silencieux.

était-il de marque française ?

Ce sont l'assassin.

Avez-ils ses entrées à l'amour-score

comme aux secrets défenses ?

Les armes françaises de l'apartaine

notre invité aujourd'hui, Philippe Chaplot.

Bonjour.

Bonjour.

Vous êtes journaliste à WF

spécialiste des questions de défense

et de la politique étrangère.

Vous êtes l'auteur d'un blog de référence

intitulé Lignes de défense

et vous étiez correspondant de l'AFP

en Afrique du Sud de 1983

c'est bien ça ?

Avant de revenir sur le cas précis de l'apartaine

pouvez-vous nous dire comment réguler

le marché des armes en France,

les acteurs publics, privés

et comment ça fonctionne ?

Dans les grands entrées bien sûr.

C'est la question piège à entrer tout à fait.

Il y a un règlement, il y a des règlements

qu'on connaît, qui sont établies,

qui sont précis et puis il y a ce qu'on pratique

à côté.

Les chiffres qu'on ne veut pas donner.

Les clients dont on ne veut pas citer les noms.

Donc effectivement on est

très content lorsque chaque année

sortent les palmarès

et qu'on peut faire des grands cocoricots

en disant on a vanté plus d'armes

que l'année passée.

Mais si on veut chercher

à savoir exactement

finement où vont ces armes,

qui les payent, on retrompe

assez rapidement sur des

interrogations, sur des

choses un peu obscures.

Si un client décide

de ne pas donner son nom,

ou d'un homme en français, de ne pas donner son identité,

le gouvernement français ne le donnera pas.

On a des monstros d'armes

qui parlent de la destination qu'on soupçonne,

mais pour lesquels on n'a pas de certitude.

Qui soupçonne-t-on par exemple, comme client potentiel,

là aujourd'hui ?

Certains pays du proche et moyen-orient en particulier.

Alors effectivement, on arrive toujours

à savoir qui sont les utilisateurs,

parce que ce sont des armes qui ne sont

quand même pas camouflables.

Elles apparaissent toujours à un moment

ou à un autre sur le champ de bataille.

Donc on sait par exemple qu'un centre

de blindés, un certain nombre de véhicules spécialisés,

ont été achetés par l'Arabie Saoudite,

mais qui officiellement n'a jamais acquis ces armements.

Et c'était un peu la même chose

pour l'Afrique du Sud en son temps.

Sauf que les Sud-Africains,

lorsqu'ils mettaient la main sur ces équipements,

n'en faisaient absolument aucun secret.

Ces armements étaient visibles sur les champs de bataille.

Ils étaient visibles aux frontières sud-africaines

qu'il fallait protéger.

Ils étaient visibles en Namibie,

dans le sud de Langola,

et puis dans un certain nombre de zones chaudes

dans les temps de ship sud-africain.

Donc pour les Sud-Africains,

c'était pas un secret.

Et comme la société sud-africaine des années 70-80

était une société militarisée à l'extrême,

même à fois, ça rentrait dans le paysage.

Et ça faisait tout à fait partie du paysage.

Alors au-delà du côté immoral,

il y a un côté absurde,

c'est sous nous de la guerre des Malouines

et des exocètes.

C'est fou d'avoir des armes vendues

à un pays qui n'est pas notre allié naturel

parce qu'il est en guerre contre celui

qui est notre allié naturel entre vendu le Royaume-Uni.

On arrive à une situation absurde.

– Effectivement, nos exocètes français ont touché

un certain nombre de navires sud-africains.

– Britannique, par les Argentins.

– Mais, mais, l'aéronavale française

a simulé des attaques contre la flotte britannique

qui était les ports britanniques

et se dirigeait à le sud de l'Atlantique.

On a joué sur tous les tableaux.

– Bien sûr.

Alors, vous avez entendu,

comme les auditeurs,

l'argumentation de nos officiels.

Jacques Chirac dit oui,

qu'ils n'avaient pas les africains,

les sud-africains n'avaient pas acheté des armes en France,

ils les auraient achetées aux États-Unis,

donc il y a un aveu de marché d'emblée.

Et puis, c'est Mesmer qui dit,

mais vous savez, il n'y a pas que la France

à un autre pays, il fournissent, voilà.

Il n'y a pas que nous, quoi, en gros.

– Effectivement, on peut reconnaître ça, Pierre Mesmer.

Il n'y avait pas que la France, les Britanniques.

– Oui, comme argumentation.

– L'on fait en leur temps, les Israéens

l'ont fait aussi assez massivement,

les Allemands, bien sûr,

qui ont participé d'Asie,

ont fourni de la technologie au sud-africain

à partir des années 77-78.

Donc, la France était certainement

le principal fournisseur

d'armes sud-africaines

pendant une bonne partie de la période de la Partaide,

mais elle n'était pas toute seule.

Et puis, comme vous l'avez bien dit,

la production locale s'est diversifiée,

a augmenté, et on a vu apparaître

de l'armement local,

en particulier, je pense,

aux fameux blindés spécialisés

protégés contre les mines et les fameux MRAP

que les Américains

ont repris à leur compte

au moment de la guerre en Irak et en Afghanistan

et qu'on a vu,

sur tous les champs de bataille et même maintenant en Ukraine.

Mais c'était une trouvaille sud-africaine.

– En plus, il y avait des transferts

de technologie.

C'est un deuxième étage de la fusée.

– Il y avait des transferts de technologie, tout à fait.

Et puis, il y avait aussi du S.A.V.

du service à Prévent.

Comment les mirages sud-africains ont-ils pu continuer

parce que certains ex-pilote français

ont monté des petites sociétés de conseils

en Afrique du Sud après 77.

Alors, ils étaient très discrets,

très discrets. Mais n'empêche qu'ils étaient là

pour permettre à Ramscor et puis à l'armée de l'air sud-africaine

de continuer à faire voler les mirages

et puis les produits tirés

justement de ces mirages

ou de ces fières israilles.

– Alors, et l'autre question qui est grave

et lourde, c'est de se dire, bon,

on vend des armes à un pays pour qu'il puisse

défendre, pas pour qu'il tire

sur sa propre population, sauf qu'une fois que

le pays a les armes, il fait ce qu'il veut. – Tout à fait.

Ce qu'il faut quand même pas oublier, vous l'avez bien rappelé,

c'est que l'Afrique du Sud faisait face

à des menaces,

à des menaces extérieures.

Il faut se rappeler dans ces années-là,

1975-1978,

c'est que l'Afrique du Sud était

pratiquement encerclée par un centre de pays

où des régimes artistes avaient été installées.

1975, c'est la chute de l'Angola,

c'est la chute du Mozambique.

On avait

une babouée, un régime

plutôt marxiste, carrément avec

des liens avec la Corée du Nord

à cette époque-là. – Et la Namibie était comment ?

– Et la Namibie était occupée par les Sud-Africains

officiellement, puisqu'il y avait un mandat de l'ONU

depuis 1919.

Mais

la Namibie aurait déjà dû devenir indépendante

depuis 50 ans. Donc les Sud-Africains

occupaient, illégalement on peut le dire,

la Namibie.

Pour eux, c'était un glacier intéressant,

c'est que ça protégeait le territoire sud-africain

provenant d'Angola,

où se développaient

l'armée anglaise

pro marxiste

qui était soutenue par les Cubains,

et qui soutenaient en Namibie un mouvement marxiste

de rebellions.

Donc pour les Sud-Africains, on avait un glacier intéressant

d'où les combats assez intenses

des années 70-80

dans le nord de la Namibie

et bien sûr en Angola.

– Alors je reviens au commerce

des arbres, on n'a pas quitté

la France des autorisations d'exportation

d'armes de guerre. Peut-on dire qu'il y a

en France un arme score

d'agence armement ?

– Je pense que la DGA

fait son travail et que les équipementiers

aussi font leur travail. – C'est la DGA quand même, d'accord.

– Et puis on a

aussi un syndrome de commission,

de comité qui surveille tout ça.

Bon après,

les Sud-Africains

n'ont rien inventé, ils ont adapté

à leurs pays, à leurs besoins

des systèmes, des structures qui existaient

en Europe et aux États-Unis.

– Alors l'armes score justement a été fondé quand

Pétor Bottas était à la défense.

Parlons un peu de Bottas, un homme qui avait

ses habitudes en France.

– Effectivement, et il a été très présent

puisque vos archives

démontrent bien, mais

une fois qu'il a pris le pouvoir et qu'il est devenu président

de la République, son successeur, le général

Malan, a eu exactement

la même, comment dire, les mêmes habitudes.

Alors ce qui était intéressant de la part

c'est qu'il était

le descendant d'un réfugié

protestant ugnaud

arrivé en Afrique du Sud en 1688

ou 1689,

dont il avait gardé le nom, Malan.

Et ce qui était très amusant, c'est que ce général

qui était ministre de la Défense signait

Magnus Malan, son prénom et son nom,

Dom Herindole,

du nom du village,

petit village du luberon, d'où était

original son ayol. Donc il y avait

cette espèce de connexion avec la France

qui n'était jamais

de rappeler les Sud-Africains.

Il y avait un atavis très profondément

pro-français.

Dans les années 80 justement, même

dans les années 70 et 80,

comment peut-on qualifier l'armée Sud-Africaine ?

Est-ce que c'est la plus moderne, la plus puissante

de continent africain ?

Je crois qu'on peut le dire, parce que c'était

une armée bien équipée,

avec des équipements

qui avaient, comme on dit maintenant,

combattent tout le monde, c'est-à-dire que

ils étaient testés, mais qu'ils avaient vu le feu

et qu'ils avaient fait leurs preuves.

Et puis on avait une société

militaire, une société militarisée

qui était prête

à aboutir à tous les sacrifices.

Donc blanc mais aussi noir

participait à la défense du pays.

Il y avait des régiments, des bataillons

en l'occurrence, ethniques

encadrées par des officiers blancs

mais aussi des sous-officiers noirs

qui combattaient en ami-bi par exemple.

Mais globalement, on avait une société

hyper militarisée, ce qui fait que

Magnus Malin et le départ

et le ministère de la Défense faisaient

l'appui, le beau temps.

La diplomatie sud-africaine existait pratiquement.

Philippe Chaplou, à partir de 1977,

l'une des routes clandestines

pour vendre des armes

malgré l'embargo, et celle qui passe par les comores.

Je vous propose d'écouter

de nouveau, parce qu'on l'a entendu

une fois dans le récit, l'historien

Walter Brie-Rostell, qui a accordé

un entretien téléphonique pour cette émission

il revient sur le départ de Bob Denard

en 89 et le rôle des services secrets.

A l'issue de la mort

d'armée d'Abdallah, donc on est à la toute fin de l'année

89, Denard s'embarque

pour Pretoria

La gare présidentielle est reprise en main

par l'armée française

et par les services secrets

qui prennent le soin avant

que Denard embarque ces cantines militaires

pour Pretoria

de détruire un certain nombre de documents

qui potentiellement

n'étaient en évidence

des relations qui existaient

de façon clandestine

entre Paris et Pretoria

justement via les comores.

D'accord ou pas d'accord, Fichiaplou ?

Pas tout à fait d'accord.

C'est ce que je sentais.

Pour avoir

eu accès le premier à ces

37 mâles qui étaient dans le garage de Bob Denard

à Pretoria, je peux vous assurer

qu'elle n'avait pas été expurgée.

Et qu'est-ce que vous avez découvert

qui était plus marquant, finalement ?

Comme l'a dit Walter précédemment

il y a eu l'histoire des fameux passeports

et effectivement il y avait

dans les mâles de Bob Denard

quelques piles de passeports

comme rien

où on voyait des visages et des noms

qui n'étaient absolument pas comme rien

mais bien sud-africains

d'ailleurs pu identifier un membre

des services spéciaux sud-africains

et ça c'était quand même la preuve

que ces gens-là pouvaient partir un peu partout dans le monde

alors qu'ils étaient, alors que le pays était sous sanction

il n'y avait pas simplement l'embarquot

sur les armes, il y avait un état de sanction

et bien ils ont réussi quand même à aller un peu partout

et ils sont même allés jusqu'en Chine.

D'ailleurs, d'ailleurs

l'embargo et les auditeurs

doivent s'interroger sur

ces embargos sur les armes

à quel point ces embargos

ont souvent été violés, les ranguettes et compagnie

est-ce que ça tient

la route un embargo sur les armes ?

Il y aura toujours des brokers, il y aura toujours des négociants

qui vont réussir à vendre de l'armement

et je me souviens d'avoir rencontré

en Afrique du Sud

fin des années 80

deux négociants, un français et un israélien

qui gentiment

m'avaient montré leur

entre guillemets catalogue

donc il y avait des intermédiaires

Alors oui, effectivement

c'est aussi un commerce

dans lequel il y a des intermédiaires

et c'est souvent très important qu'il touche

de très grosses commissions

pour faire capoter des affaires

et il y a eu des affaires terribles

même morts normes

dans ces affaires-là

des intermédiaires

on est dans un commerce très spécial

Mais il faut bien se rappeler que pour les Sud-Africains

c'était une question du eau de mort

l'accès à l'armement, l'accès à la technologie

pour eux c'était crucial

même si armes corphes étaient merveilles

entre guillemets

il leur manquait des choses

la mise au point des moteurs diesel

a été réalisée grâce à des ingénieurs allemands

ils avaient beau être ingénieux

ils avaient beau être des brouillards

il y avait quand même des limites

d'où la poursuite

des accords, ou en tout cas des coopérations

et puis l'intrusion assez systématique

de marchands d'armes

Alors la partaille est tombée

Nelson demande de la étarier

puis l'histoire s'est mise en marche

en Afrique du Sud, qu'est-ce que ça a changé ?

Il y a une chose qu'il faut

à mon avis, dont il faut se rappeler

c'est que

la chute de la partaide

c'est presque avant tout

la chute du mur

la chute du mur de Berlin

a coincidé avec

l'assouplissement de la position

du régime sud-africain

le retour des diplomates

sur le devant de la scène

au détriment des militaires

et puis

une attitude beaucoup plus conciliente

on a vu les sud-africains

qui ont commencé à parler entre eux

bien avant que Mandela soit sortie

à partir de Declère que d'ailleurs

à partir de même avant de Declère

déjà on avait quelques réunions très discrètes

qui avaient lieu à Prazaville

où on retrouvait des gens

en particulier de l'ANC en exil

Tabo Mbeki, le futur président

président de l'ANC

il était plus difficile pour les opposants

sud-africains

encore sur le territoire sud-africain de sortir

mais pour les gens qui étaient en Europe

il y avait déjà des discussions avec des africains

avec des officiels africains

et les gens de l'ANC

parce que le raisonnement de ce qui était

au pouvoir d'Afrique du Sud

c'était de se dire bon avec

ces embargos sur les armes

on est au banc des nations

embargos économiques on va pas s'en sortir

il y avait cette idée là ?

il y avait en tout cas cette conviction qu'à un moment ou un autre

le pays allait devoir baisser les bras

les sanctions, globalement

les sanctions économiques

il y avait énormément

on le sentait

donc le régime blanc avec un moment ou un autre

il allait devoir lâcher du lest

la chute du mur a précipité tout ça

pour les européens, pour les américains

la chute du mur a fait que

la menace que brandissaient les sud-africains

depuis 30 ans

c'est-à-dire la menace

d'une main-mise soviétique sur l'Afrique australe

ça tombait

et comme ça tombait

c'est très bien

alors nous avons commencé cette émission

par une archive des dossiers de l'écran

vous souvenez qui évoquait l'impossibilité

ou presque d'imaginer un débat

sur cette question des Vendarmes

on était dans 79

alors reste toujours le cas

écoutez sur ce point les précisions de Walter Breyer

ou c'est-à-dire sur les difficultés

pour l'historien de travailler sur cette question

alors les ducs de la construction de Vendarmes

elles sont très importantes

c'est d'abord

un problème d'archive

les archives

la loi générale sur les archives

c'est une ouverture à 50 ans

mais

les archives les plus sensibles

sont couvertes sur des périodes plus longues

et tout ce qui

touche de près ou de loin aux questions d'armement

est considéré évidemment dans les archives de la défense

mais c'est aussi vrai pour les archives diplomatiques

comme des archives sensibles

et donc forcément ce sont des archives

auxquels il est plus difficile

plus exactement d'accéder

et après

si on se tourne vers des archives privées

ou vers des acteurs c'est un petit peu la même problématique

c'est-à-dire que le sujet est en très sensible

les gens

ne sont pas forcément

faciles à faire parler

sur des sujets comme celui-là

j'imagine que vous partagez tout cela

Philippe Chaplot ? tout à fait

et je me dis que nous journalistes c'est aussi notre travail

justement d'aller sur les champs de bataille

d'aller dans les pays qu'on suspecte

d'acheter des armes

parce qu'à un moment ou un autre

elles vont sortir des camps militaires

et vont sortir des entrepôts

et elles vont rentrer en action malheureusement

qu'est-ce que vous retenez de votre vie

votre tranche de vie en Afrique du Sud

vous étiez correspondant

de 83 à 92

ça fait 9 ans

qu'est-ce que vous en retenez quels souvenirs

et qu'est-ce qu'on peut

le conclusion peut tirer de ce pays

dans cette période-là parce que vous avez connu la bascule

effectivement

et ce qui était dommage dans ces années-là

c'est que finalement

ce qui intéressait les rédactions

françaises, européennes, américaines

c'est avant tout ces questions de

conflictualité, ces questions de répression

alors que l'Afrique du Sud était déjà un pays

un pays merveilleux

où il y avait du tourisme potentiel

il y avait une vie sociale, une vie culturelle

intense

et on est passé à côté de tout ça

à cause de la partaille ?

cela dit légitimement

parce que c'était quand même extrêmement choquant

à la phase du monde peut-être mais je me dis

qu'on n'a pas rendu service

peut-être au sud africain

plan noir peu importe

on ne parlant pas aussi

de ce qui faisait la richesse de leur pays

de ses pôles d'excellence

lequel parut qu'on va finir là-dessus

il reste quelques secondes

effectivement on a quelques noms

de grands musiciens

mais on a aussi oublié

qu'il y a une histoire très très riche

bien sûr

et pire Johnny Clegg aussi

la liste est très longue

merci infiniment

Philippe Chaplot pour ces éclairages

et nous avoir transmis un peu de votre expérience

sud africaine merci au revoir

merci

Sous-titres par la communauté d'Amara.org

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durée :00:48:21 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles les armes françaises de l’apartheid. Sur ce marché, le catalogue français est l'un des plus complets. Parmi nos clients, des démocraties et des dictatures, aujourd'hui comme hier auprès du régime ségrégationniste blanc d'Afrique du Sud.