La source: Le voyage sans retour de Pippa Bacca
Radio France 8/5/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript
France Inter.
Aujourd'hui, il a à faire sensible l'histoire de Pipa Bacca,
une artiste italienne partie en mars 2008 en stop,
vêtue en mariée pour promouvoir la paix
entre les peuples à travers les Balkans et le Moyen-Orient.
Mais 23 jours après son départ de 1000 ans,
la jeune femme est assassinée à quelques dizaines de kilomètres d'Istanbul.
Le 11 avril 2008, alors que sa famille est sans nouvelle d'elle depuis une dizaine de jours,
le corps de l'artiste le 33 ans est retrouvé dans un sous-bois
à proximité d'une station-service.
L'assassin, un turc le 38 ans, est arrêté sans peine,
il utilisait le téléphone et la caméra de sa victime.
Mais au-delà du fait d'hiver, la fin tragique de Pipa Bacca
est survenue alors qu'elle cherchait à accomplir un geste profondément pacifiste,
un durablement ému l'opinion publique et inspiré de nombreux artistes.
Aujourd'hui, plus de dix ans après sa mort,
Pipa Bacca est devenu une icône,
une sorte de diogène avant l'heure et à l'envers,
ou de ses figures mythologiques qui riguaient son œuvre
et son geste inachevée demeure.
Notre invité aujourd'hui d'un talib léger écrivaine,
autrice du livre La Ramblanche,
qui raconte l'histoire de Pipa Bacca.
Infersensible, une mission de France Inter en partenariat avec Lina,
récit documentaire Isabelle Maillot,
coordination Christophe Barrère,
réalisation Flora Bernard.
Ça brise de rouelle.
Affaire sensible,
sur France Inter.
C'est une façon de compter sur les autres,
de prouver, et nous espérons le prouver,
quand, donnant sa confiance, on ne peut qu'obtenir du bon en retour.
Bonjour à tous.
Elle a été tuée par un voyou près d'Istanbul,
Giusepina Pascolino,
l'artiste milanaise qui voulait apporter un message d'amour
dans des pays récemment touchés par la guerre.
L'artiste milanaise était en voyage performance en autostop
vers Israël avec une amie habillée et en mariée.
Elle voulait rejoindre les zones de guerre de la Méditerranée,
mais les deux femmes se sont séparées en Turquie
le 30e mars dernier.
Giusepina était seule lorsqu'elle a accepté de monter
dans la jeep de son assassin.
Provocation d'artistes en autostop, le long des routes du monde.
Avec une robe de mariée, elle se dirigeait vers Beirut.
Giusepina Pascolino, don d'artiste Pipa Bacca,
traversait la Turquie quand la violence et la mort
l'ont rejoint à quelques dizaines de kilomètres d'Istanbul.
Étrenglée, violée, sur ce parcours original
qui voulait faire les loges de l'amour et de la paix.
Le 8 mars 2008, à 1000 ans,
deux femmes habillées en mariée s'apprêtent à faire un long voyage.
Pipa Bacca et Silvia Moro,
deux artistes d'italienne d'une trentaine d'années,
s'instagent joyusement à l'arrière de deux scooters
sous une pluie de riz lancée par la foule,
venu fêter leur départ.
L'itinéraire de ce périple était minutieusement mis au point
pendant des mois par Pipa Bacca.
Cette dernière est certes connue à 1000 ans
pour son travail pointu d'artiste conceptuel,
mais ce sont surtout ses performances
qui ont depuis quelques années défrié la chronique locale.
L'artiste de 33 ans, en effet,
a l'habitude de se mettre en scène dans la rue.
On l'a vu grimer en sirène dans une fontaine de pâte d'eau
ou encore après un chagrin d'amour
distribué dans les rues de 1000 ans, 1500 pince,
sur lesquels on pouvait lire
« Je suis amoureux » ou « amoureuse » de Pipa Bacca.
Demande-moi pourquoi.
Marier en voyage, c'est comme ça qu'elle a intitulé
son projet le plus ambitieux.
Il s'agit cette fois d'une performance
qui doit durer de longues semaines
et pour laquelle Pipa Bacca et sa compagne au voyage
devront traverser une douzaine de pays.
Des Balkans au Moyen-Orient,
ces pays ont en commun d'avoir été ravagés par la guerre.
Prenant le symbole de la marier commune
métaphore de la reconciliation entre les peuples,
cette longue traversée en autostop
devrait se terminer par une aignemme performance,
Pipa Bacca, la vraie en public,
sa robe noircie sur les routes
comme pour effacer les traces de la guerre.
Dans cet extrait du documentaire « La Marie »
en 2012 de Joel Kurtz,
où l'entend s'entretenir avec une sage-femme
pendant son voyage.
Le moment où elle a fait naître,
elle est sage-femme,
elle fait naître les enfants,
mais se souvient-t-elle précisément
le moment où il n'est l'enfant ?
Se souvient-t-elle de cet enfant ?
Elle se souvient donc de sa première naissance.
Qu'est-ce que j'avais-t-elle ?
Mais le 31 mars 2008,
la traversée s'interrompte tragiquement.
Pour la première fois depuis son départ de 1000 ans,
Pipa Bacca se retrouve seul et quitte Istanbul seul.
Car avant l'arrivée en Turquie,
des tensions ont fait surface dans le binôme
de quelle forme avec Sylvia,
qui acquiera son retour,
avoir refusé de monter dans une voiture
vers Ljubljana, la capitale slovenne,
véhicule dans lequel se trouvaient trois hommes
qui ne l'inspiraient pas.
Ce qui a provoqué la colère de Pipa
parce que monter dans chaque voiture qui s'arrête
est une règle non négociable,
un principe directeur de la performance.
Sylvia Moore y revient.
On partait de Ljubljana
et de Ljubljana à Banyaluka.
La nuit tombait.
Ces types sont arrivés en voiture.
Ils étaient trois hommes, gros, sales.
Ils ont ouvert la portière
et ont bousculé nos sacs, comme ça.
Et là, c'est la seule fois où je n'ai pas voulu monter.
Et ça a été un moment difficile,
très difficile.
Pour Pipa, le fait que je ne voulais pas monter,
c'était une trahison.
Pipa s'est fâchée car, selon ses principes,
on aurait dû monter dans cette voiture.
Même si les mecs n'avaient pas l'air fiables.
Moi, non.
Je ne monte pas dans une voiture
si le mec n'a pas un visage calme, serein.
Suite à cette bruit,
les deux jeunes femmes décident de se séparer jusqu'à Beirut
où elles sont convenues de finir le voyage ensemble.
À quelques dizaines de kilomètres au sud-est d'Istanbul,
Pipa Vaca monte dans une 4-4 diesel noire
dans une station essence aux environs de la ville de Ghebze
puis ne donne plus signes de vie.
Habitué à recevoir de ses nouvelles par téléphone tous les soirs,
sa famille s'inquiète tout de suite.
Sylvia Moran, qui chemine de son côté à travers la Turquie,
ne l'a plus vue, elle, depuis le 19 mars.
C'est finalement plus de 10 jours après la disparition de Pipa,
le 11 avril,
que le corps de la jeune femme est retrouvé par la police turque
dans un bois pas très éloigné de la station essence
où elle a été aperçue pour la dernière fois.
Pas très futée,
l'agresseur utilisait le téléphone portable de sa victime,
autant faire entrer un trocodile dans un magasin de marocinerie.
Le toit a essayé d'accueillir sans le moindre problème par la police
dix jours seulement après le meurtre.
En 88 ans, père de famille, sans antécédent criminel,
avoir avoir violé Pipa, puis l'avoir étranglé.
La nouvelle de son meurtre,
suscite une grande émotion, Turquie, qui va bien au-delà du fait d'hiver.
Comment une chose aussi horrible a-t-elle pu arriver
une jeune femme vêtue en mariée qui prenait la paix entre les peuples ?
Mais en Italie, d'autres voient plus à Serbe,
se font entendre.
Pipa Baka est renvoyé à la naïveté de sa démarche
et son geste a une provocation d'artiste.
Certains osent même reprocher sa mère de l'avoir laissé prendre la route.
On l'entend ici, témoigner, extrait des documentaires à la mariée.
Beaucoup de personnes m'ont fait des reproches,
disant qu'on n'aurait pas dû laisser partir Pipa.
Comme si on pouvait empêcher une femme de 33 ans de faire une chose.
On m'a demandé plusieurs fois en Turquie si je n'étais pas inquiète.
J'ai répondu et je veux que ça soit bien clair,
parce que c'est en lien avec ce que disait Pipa.
Toutes les mamans sont anxieuses.
Les mamans sont toujours anxieuses.
Mais si on est une vraie mère, on ne doit pas transmettre ses inquiétudes aux enfants.
Les inquiétudes des mamans ne doivent pas couper les ailes des enfants.
Ça ne suffit pas de donner la vie.
Il faut aussi leur donner le courage de vivre.
De vivre intensément, de vivre et pas seulement de survivre.
De son vrai nom disait Pilna Pasqualino di Marineo.
Pipa Baca vient d'une vieille famille de la aristocratie Lombard.
Troisième d'une fratrice très soudée de 5 sœurs.
La jeune artiste partage avec Maria Antonietta Rosalia Valeria.
Il ressemble aux physiques étonnantes.
Mais surtout, il a une même manière de voir le monde,
inculqué par leur mère Elena Manzoni, qui les élève seul.
Alors que ses filles étaient âgées de sept à quinze ans,
elle les embarque dans un grand voyage à pied, en stop jusqu'en Espagne,
où elle rejoigne le chemin de Compostelle.
Un voyage initiatique en 24 étapes, qui marque l'imaginaire de Pipa Baca.
Fusionnel, elle et ses sœurs l'habitude souvent de dire la même chose,
et en même temps, et elles se sont inventées un surnom,
le neurone, le neurone, soit un seul esprit dans un corps.
Engagé dans des métiers sociaux et créatifs,
aucune, à part Pipa, n'avait osé se lancer dans une carrière d'artiste.
L'ombre de leur oncle maternel, Piero Manzoni, plane sur la famille.
Ce pionnier de l'art conceptuel, mort d'une crise cardiaque avant son 30e anniversaire,
était un visionnaire aux idées radicales, une figure majeure des années 50-60,
qui a influencé de nombreux artistes.
Auteur de deux manifeste pour une hiberté artistique totale,
cet utopiste écrivait par exemple,
« On ne s'arrache pas la terre en courant ou en sautant.
Il faut des elves.
Des modifications ne suffisent pas.
La transformation doit être intégrale. »
Bien.
Pendant sa courte mais figure en carrière,
l'oncle de Pipa Vaca consacre sept ans à sa célèbre série Les Acromes.
Comme leur nom l'indique, ses toiles plissés sont dépourvues de couleurs.
Mais c'est sans doute pour son œuvre la plus provocatrice qui dépassait la postérité.
En 1961, deux ans avant sa mort,
il met en boîte ses propres excréments qui l'intitulent « maire de l'artiste ».
Et les maires vont entrepris exactes de l'or.
En 2015, l'une de ses 90 boîtes se vendait encore
200 000 euros dans une vente aux orchères à l'ongre,
comme un dernier pied de nez de Manzoni au marché de l'art.
L'émission d'Ardar, présentée en décembre 2005 les Acromes de Piero Manzoni.
Ce que vous prenez peut-être pour un rideau de douche
est un Acromes blanc signé Piero Manzoni en 1958.
Un Acromes et non un monochrome.
Car l'italien ne s'est pas limité à une seule couleur,
comme Yves Klein, il a carrément supprimé la couleur.
En fait, cette toile n'est pas blanche, elle est imprégnée de caolin,
une argile très pure et de colle.
C'est ça qu'il a froissé et durci.
Et ça représente l'infini.
C'est infini qui, d'après Manzoni, est rigoureusement monochrome
ou mieux encore, sans couleur.
Nies 2, Pipa Bacca améli tant
à se faire un nom sur la scène artistique Milanese.
Mais quand en 2007, elle prépare son projet le plus ambitieux,
Sport Zain via Attio, Marie en voyage.
Elle est alors une artiste accomplie
avec une douzaine de performances à son actif.
Et aussi de nombreuses expositions
qui toutes interrogent la frontière entre réalité et apparence,
aussi bien que les thèmes de la féminité et de la maternité.
Toutefois, ce n'est pas son travail conceptuel,
pourtant fouillé et sérieux qui fait le plus parlé de Pipa Bacca.
Mais bien c'est appuying,
perçu comme autant de provocations d'artistes.
Un jour, pour se reprendre son amoureux,
venu la chercher à la gare de Pado,
elle se déguise en sirène
et s'installe dans la fontaine en face de la gare.
Un autre, elle distribue à Milan des pins estampillés,
je suis amoureux,
donc amoureuse de Pipa Bacca.
Elle espère que la personne qui vient de lui briser le coeur
change la vie,
à force de croiser sur son chemin,
tous ses passants,
qui se l'étoire à bourreaux d'elle.
C'est une façon de voir la vie.
La plupart du temps, son art se confond avec la vie même,
ce qui lui sera plus tard reproché,
comme si cette confusion a pu être le creuset de son destin tragique.
Pipa Bacca était un nouveau artiste,
on l'a dit,
mais pas le seul personnage inventé par Giuseppina Pascolino.
L'artiste qui se target d'avoir cinq personnalités
avait notamment imaginé un double du nom d'Eva Adamovich,
une version pin-up à la féminité outre
qui déambulait dans Milan,
en talons de 12 cm et beau à verre,
sur un moment de l'onde, chéri,
et trésor.
En 2005,
alors que les infos en Italie sont dominés par les scandales
à la répétition du premier ministre Bermus Cogni
et de ses parties fines,
Pipa Bacca crée la chorale Bubble Gum,
où elle entend proposer sa version du féminisme de gauche.
Des squads d'artistes de Florence,
jusqu'à l'inauguration de la Biennale de Milan,
Bubble Gum se produit un peu partout,
avec succès, entre 2006 et 2008.
Pipa, il apparaît grimé en Eva Adamovich.
Idée de ce voyage de la mariée
venu à Pipa Bacca,
alors que l'assistait au mariage de son ami Margherita.
Celle-ci redoutait qu'en marchant sur sa robe,
les invités ne la solissent.
Pipa Bacca s'en étonne pour cause inquiétude
de salir une robe,
qui n'est de toute façon vouée
qu'à être portée une seule fois.
C'est alors que l'image d'une robe de mariée
qui se réportait longtemps,
commence à prendre forme dans l'esprit de l'artiste.
Puis elle trouve le concept.
Une robe restera en Italie,
l'autre susera au fur et à mesure du voyage,
et au retour, les deux seront exposés
l'une à côté de l'autre.
Dans son livre La robe blanche,
l'autrice écrivaine Nathalie Leger revient
sur ses dispositifs.
Pourquoi de robe ?
Parce que c'était l'idée,
accomplir le périple ancestral,
le fameux voyage à Jérusalem,
promener sa robe comme un papier buvard
sur les autoroutes,
et que la matière s'imprègne,
surtout que le tissu n'oublie rien,
que les actes persistent dans l'épaisseur de la crasse,
ou l'abstraction phlegmatique d'une oréole.
Puis rentrer chez soi,
et l'exposer à côté du modèle restait pur.
La grande chose immaculée, debout,
contre son double de poussière et de nourriture,
c'était l'idée.
En cours de l'année précédente du départ,
Pippa Bacca croise l'artiste Silvia Moro
à 1000 ans et lui fait part de son projet.
Pourquoi ne pas l'accompagner,
incarner la demoiselle d'un heure ?
Silvia Moro accepte de se joindre elle,
mais elle sera habillée en mariée, elle aussi.
Dans les mois qui suivent,
Pippa Bacca cherche de se préparer avec soin,
préparer cette performance ambitieuse
qui requiert d'être dans son personnage 24h-24.
Performance dans la performance,
elle souhaite ajouter au déplacement d'autostop jusqu'à Jérusalem
une autre partie, cette fois encore d'inspiration biblique.
Elle rencontrera des sages-femmes
dont elle lavera les pieds dans une bassine de cuivre
et qu'elle les suivira avec sa robe.
Silvia Moro a prévu, pour sa part,
de demander aux femmes croisées sur sa route
de coudre des motifs sur sa robe.
Alors que les deux mettent au point un itinéraire précis,
grâce à des associations locales,
un itinéraire qui s'étend de trieste jusqu'à Jérusalem.
Le départ est prévu pour le symbole
le 8 mars 2008,
journée internationale des droits des femmes.
En mai, le voyage doit se clore par un lavage à la main
et en public des robes de Pippa
et Silvia, à telle vive,
pour symboliser l'effacement des traces de la guerre.
Enfin, une exposition finale est prévue
dans une galerie de Veronne, en Italie,
en novembre 2008,
où les robes doivent être exposées
aux côtés de souvenirs et de photos prises pendant le périple.
Comme Pippa Bacca est avantel,
l'artiste français sophical
avait placé au coeur de son travail
les inconnues et l'inconnues,
un peu comme Diogène à la Grèce Antique,
qui cherchait l'homme, qui aurait pu être une femme d'ailleurs,
de quelle où il soit parfait ou parfaite.
On l'entend, Sophical, ici, au micro de l'horreur de 5 mars 2019.
Il y a un côté enquête policière,
méthode de travail
et abolition de votre propre volonté
dans la définition de votre art, Sophical.
Pas vraiment l'abolition de ma propre volonté,
puisque c'est moi qui décide des règles du jeu.
Après, je décide de me couler dans cette règle,
mais c'est quand même moi qui décide de tout au préalable.
C'est ce que vous croyez peut-être,
mais au fond, vous vous abandonnez.
Je m'abandonne dans quelque chose
que j'ai entièrement dessiné.
Pippa Bacca, elle met en place un dispositif contraignant,
un itinéraire précis,
un calendrier chargé de rendez-vous
et à la fois,
placé au coeur de sa performance,
un principe absolu et non négociable
de confiance dans l'autre,
dans la rencontre avec les inconnus,
l'inconnu,
comme une sublimation de l'altérité.
Pour que la performance ait du sens,
il ne lui faut à aucun moment
refuser de monter dans une voiture au prétexte
que la tête de son occupant ne lui reviendrait pas,
elle qui a déjà tant pratiqué le stop
dans sa vie personnelle, mais aussi dans son art.
Dans un projet précédent,
elle avait proposé une série de portraits de conducteurs
qu'il avait pris en stop
et avait témoigné à cette occasion
de la rencontre, des conversations profondes
qui surgissent parfois entre deux personnes
amenées à se côtoyer,
quelques mille seulement, ou une demi-heure.
Cette démarche engagée,
aventureuse, corporelle,
rappelle d'illustres prédécesseurs,
sophicales justement,
dont la carrière a commencé par cette drôle d'expérience
dans les années 70
qui consistait à inviter les inconnus
à venir dormir dans son lit
et les y prendre en photo.
Au retour d'un long voyage de plusieurs années,
l'artiste français a également entrepris
de suivre des inconnus dans Paris
et pour l'un d'eux, jusqu'à Venise,
ce qui a donné sa célèbre oeuvre
suite vénicienne.
On pense aussi à Marina Bramowicz,
l'artiste internationalement connu aujourd'hui
pour avoir cherché à repousser
les limites de ses capacités physiques et mentales
à travers ses performances.
Dans l'une de ses oeuvres les plus célèbres,
Rhythm 0, réalisé en 1974,
dans une galerie de nappes,
la jeune artiste avait disposé
72 objets sur une table
et c'était présenté au public avec une pancarte.
Je suis un objet
faite ce que vous voulez.
On l'entend ici évoquer cette expérience extrême
dans l'émission Affaire culturelle
le 1er septembre 2021.
Je donne public six heures.
J'étais très jeune
et j'étais prêt
à mourir pour l'art.
C'était une expérience très forte,
très lourde.
Et après six heures,
même si j'étais
encore vivante,
je rentrais à l'hôtel, je me regardais
dans le miroir et je voyais des cheveux blancs
qui me poussaient sur la tête
mais vraiment des cheveux gris
qui me venaient. J'ai su à ce moment-là
que oui,
si on donne au public la possibilité de vous tuer
ça peut arriver.
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Bonjour, c'est qui ?
Ecoute, je suis à l'étranger
Tu peux me rappeler plus tard ?
En fait, dans quelques mois
Je suis partie
Je suis partie en Bulgarie
Je suis partie en Bulgarie
Oui, pour le travail
Ok
Quand tu m'appelles, je dépense beaucoup d'argent
C'est pour ça que je te dis ça
Ok, tu comprends ?
Je dépense beaucoup d'argent donc si tu me rappelles dans un mois et demi
C'est mieux
Ok
Prieste, Venise, Gorizia, Lubiana, Sarajevo, Belgrade, Sofia, Istanbul
Dans chaque ville étape
Pipa Baka se tient à son programme
Et va la rencontre des sages femmes
Et les cambeurs
Se souviennent-elles du premier bébé dont elles ont accouché ?
Qu'ont-elles ressenti à ce moment-là ?
Sur les réseaux sociaux
Pipa documentent tout
Les nuits chez l'habitant
Les femmes et les enfants qui viennent à leur rencontre
Chantent avec elles leur jet de fleurs
Mais sur la toile
Où les filtres n'existent pas
Les critiques sont vives
Et certaines odieuses
Quelque chose dans ce geste esthétique
Et sa dimension mort à la gase
Quelle besoin cette jeune femme
De vouloir épouser le monde entier
A Istanbul, le séjour de Pipa Baka
Et de Sylvia Moro et Festif
La scène artistique locale est très réceptive à leur projet
Mais au sein du binôme
Des tensions commencent à vers le jour
Les deux jeunes femmes décident de poursuivre le voyage
Chacune de son côté
Et de se retrouver à Beyrouth
Pour clore l'aventure ensemble
Pour Pipa
Monter dans chaque voiture qui s'arrête
Indépendamment du conducteur
De son allure ou de son visage
C'est le principe fondateur de la performance
Mais sur ce point
Sylvia elle a plus de réserve
J'ai déjà été à Istanbul
J'ai déjà fait du stop en Russie
J'ai pas peur
Je suppose que dans une robe de marié
Mais au final
Je ne pense pas qu'il y aura de problème
C'est ainsi que Pipa critise Istanbul
Seule pour la première fois depuis son départ de Milan
Trois semaines plus tôt
Le 31 mars
Sa famille et ses amis perdent sa trace
Or elle avait décidé de les appeler
Tous les soirs fixe pour leur donner des nouvelles
Mais ce jour-là
Et les suivants
Elles ne le fais pas
Les proches qui se veulent rassurant
Ellena Mazoni
Elle a dû faire un petit détour
Pour se reposer quelques jours
Mais Ellena s'inquiète
A juste titre
11 jours plus tard en effet
La police turque retrouve le corps de Pipa Bacca
Dans le bois de Balika Lilaar
Entre les villes d'Izmit et de Gabzé
Le 31 mars
Un homme de 38 ans
Qui condise une 4x4 diesel noire
La prise en autostop dans une station essence
Peu de temps après il a bifurqué
Dans les bois où il la violait
Et étranglait
Puis comme si il ne rien était
Il a repris sa route avec l'argent de Pipa
Qui l'a dépensé mais aussi le téléphoné
La caméra d'artiste
Sur la cassette qu'on retrouve
Ontons sur les images réalisées par le toeur
L'épid troublante
Sont celle du mariage de sa nièce
Ou une jeune femme apparaît dans une robe de mariée
Violette dans son timidement avec son époux
C'est finalement parce qu'il a mis sa carte
Sinon le portable et Pipa Bacca
Que la police n'a pas eu de mal à la retrouver
Et à la carcérer
Il est pu verge de puits
Une peine de prison à perpétuité
En 2018, Nathalie Leger revenait
Sur son crime dans l'émission Par les temps qui couvrent
Sur France Inter
Et là il y a quelque chose
Qui rajoute encore
De l'effroi
C'est à dire que
Il a beaucoup l'on dit
C'est comme s'il avait parachevé
Le geste artistique
De Pipa Bacca
On ne sait pas si c'est par un mouvement inconscient
Ou par
Une forme de perversité esthétique
Mais il a
Accompli
Le travail de celle
Qui l'a
Qui l'a tué
On aurait pu passer le reste de nos vies
A se demander ce qui était arrivé à Pipa
Confi sa sœur Rosalia
Dans une interview au Nouveau
Et à la famille de la jeune femme
L'opinion publique turque
Sans le bouleverser par le décalage
Entre le projet pacifiste de l'artiste
Et le crime
Et une eau dont elle était victime
Dans l'épreuve et la douleur
La famille de Pipa Bacca
Réagie avec une dégance déconcertante
Prenant par exemple le temps
De Rosalia
Dans une interview au New York Times
Elena la mère
Assure ne pas en vouloir
Pour la même raison qu'elle n'en voudrait pas
Un chien enragé
Qui aurait provoqué la mort de son enfant
Parce que c'est une bête
Elena et ses quatre filles
Prennent également la peine de souligner
Que ce meurtre n'étant rien
Plus tard à une culture
Ou à une religion
Qu'il suffit de lire les journaux
Parce qu'on a mis la musique trop fort
Ou de se faire violer dans le métro
Elles affirment même
Qu'elle n'hésiterait pas un jour
A retourner en vacances en Turquie
Pipa
Pipa
Pipa
Pipa
Pipa
L'enterrement de Pipa
C'est déroulé le 19 avril 2008
A la basine d'Iksan Simpliciano 2000 ans
2000 personnes se sont déplacées
Pour le dire au revoir
La chorale babalgum
Créée par Pipa et bien entendu présente
Et sur la place noire de monde
Les chants anarchistes se mêlent au quantique
Chacun
Apprend qu'on signe de porter quelque chose de vert
La couleur préférée de Pipa
Comme pour une ultime performance
De l'artiste dont la mort n'a fait compliquer le discours
Le maire 2000 ans
Présent fileraille
Explique avoir reçu beaucoup de courriers
Demandant qu'on attribue à Pipa Baka
A des fautes nobeles
L'élu promet qu'un mémorial
Ne sera dédié à mille ans
L'écho de ceux qui ont reçu en plein coeur
Ce meurtre
A commencer par la maire de Pipa Baka
Ses sœurs
Le réseau immense des amis qui allavaient
Et toute l'opinion italienne derrière
Ça en a fait plus qu'un fait d'hiver
Il y avait quelque chose de
Comme d'une métamorphose d'Ovid
Dans l'agression, dans la catastrophe
Dans le soudain
Il y a quelque chose qui monte au ciel
Et qui devient une consélation
Qui se transforme
Qui change de statut, qui change de nom
Et qui constitue
Un objet
Un interroger
Plusieurs artistes, justement, se sont penchés
Sur cet objet interroger
Qu'évoquait Nathalie Léger sans France Culture
En 2018 et que vous venez d'entendre
Le geste de Pipa Baka devenu iconique
Après sa mort, inspiré des films et de livres
Très troublé par l'histoire
De cet artiste assassiné en pleine performance
C'est Joel Kurtz, qui le premier
S'y intéresse
Il a réalisé en 2012, la mariée
Un documentaire pour lequel il part
A mille ans la rencontre des proches
De Pipa Baka
Le dernier jour du tournage
Coup de théâtre
Il découvre, compressé dans la
Caméra de Pipa, 3 heures de films
Qu'on croyait perdre du à jamais
On entre ici un extrait du livre
Qui déjà la reblanche
J'aurais voulu parler de tout cela avec ma mère
Dans la brume bleutée du soir
Qui tombait sur le jardin
Tandis qu'à travers les bouquets d'arbres au dorand
Et les persiennes à demi-fermées
Les lumières du salon donné, de loin
Illusions criantes du bonheur
J'aurais d'ailleurs tort de dire
Que c'est la volonté de Pipa
Qui m'a attachie à son histoire
Ce n'est pas son intention qui m'intéresse
Il a grandeur de son projet
Et de sa valeur
Sa grâce, sa bêtise
C'est qu'elle est voulu, par son voyage
Réparer quelque chose de démesuré
Et qu'elle n'y soit pas arrivé
Plus de 10 ans après sa mort
La performance de Pipa Baka
Continue de nous interroger
Et le souvenir de l'artiste est encore bien présent
En février 2020
Un petit jardin, son nom a été inauguré
À côté de la maison des artistes à 1000 ans
Sur les photos de ce jour
Un peu gris d'hiver
On aperçoit la foule
En cours nombreuse
Arbor et comme toujours des habits verts
Et ce qui s'est quelque part sur un air de fanfare
Dans la joie, les amis fidèles
Portent sur le col de leur veste
Le désormais célèbre pince
Facené par Pipa à l'époque
Où elle luttit avec créativité
Contra chaque grain d'amour
Je suis amoureux, amoureuse
De Pipa Baka
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Et puis cette question de la réparation qui lui a attiré d'ailleurs tellement de critiques,
qu'est-ce que ça veut dire de s'élancer sur les routes en robe de mariée
pour aller réparer les fautes de la guerre, pour aller réparer les dommages de la guerre.
C'est aussi une très grande tradition artistique.
C'est aussi un rapport à l'altérité qui est fascinant, qui va jusqu'au bout quand même.
C'est-à-dire que l'autre devient vraiment la conquête.
Alors c'est peut-être le coeur du travail de Pipa Bacar.
Une dimension très humaniste, on pourrait dire presque plus qu'esthétique.
Mais là je m'avance parce qu'au fond c'est très difficile.
Mon rôle n'est pas du tout, enfin mon désir n'est pas du tout de juger de son travail d'artiste.
Mais on ne juge pas là, on reçoit. Qu'est-ce qu'on reçoit ? Qu'est-ce que vous recevez ? Qu'est-ce que je reçois ?
Et puis on confonte. Donc on n'est pas dans le jugement évident.
C'est vrai, c'est vrai.
Mais c'est quand même assez délicat de dire par exemple d'une artiste
qu'elle serait plutôt du côté d'une grande position avec un panache incroyable morale,
d'un grand désir de justice, d'un grand désir de réparation du monde,
que de création d'un objet artistique.
Et je pense que la manière dont elle a construit son projet,
il y avait en effet, d'abord et avant tout, ce désir d'aller vers les autres.
Ce désir presque christique, d'incarner une forme de sainteté qui n'était pas dans son cas totalement laïque.
Mais au contraire je crois très imprégné d'une mystique ou peut-être même d'une religiosité sincère.
Voilà, l'enchaçement des deux, on fond des deux performances.
Le lavement à l'intérieur du voyage, la position âge noyée pour accueillir la parole des sages-femmes,
tout en étant robe de mariée.
Il y a une espèce d'enchaçement des signes à l'intérieur des signes,
ça fait tout ça un objet assez complexe.
Oui, et une reblanche.
C'est la question que ça pose.
Oui, c'est la question que je crois que nous nous posons tous en écoutant le récit de cette histoire.
Certains ont très violemment donné des réponses très affirmatives.
Forcément.
En disant que c'était non seulement une erreur mais une ingérence,
que c'était extrêmement maladroit, que c'était moyé d'une sorte de position de surplomb
à l'égard de culture totalement différente.
Enfin bon, jusqu'aux insultes, jusqu'aux insultes.
Alors c'est vrai qu'il y a cette question, il y a ce symbole énorme de la robe blanche.
Ah oui, c'est pas rien.
Qu'elle a jeté comme ça dans l'histoire et elle n'est pas la première.
Il y a une génération d'artistes.
Dont Sophie Kahl.
Parlembelle.
Bien sûr.
On parle d'elle.
Allez, dites-moi ce que vous retenez de Sophie Kahl et l'héritage entre guillemets de Pipa.
Par rapport à Sophie Kahl.
Mais je crois que Sophie Kahl, dans l'extrait, vous avez montré le dit très bien.
Il y a une construction du projet qui est quand même radicalement différente de celle de Pipa Bacca.
Et on en revient à l'attention de Pipa Bacca qui est très humaniste.
Et notamment quand il est question de voyage, il y a beaucoup de voyages dans l'œuvre de Sophie Kahl.
Mais c'est elle-même qui suit des personnages jusqu'à Venise, vous l'avez dit.
Au moment lorsque le crime a été connu, qu'il est sorti dans la presse italienne
et avant même que le meurtrier ne soit arrêté,
les journalistes, je crois que c'est du Corriere de la Serra, ont interrogé Marina Abramovich.
Une autre performance qu'on a citée.
Et au fond Marina Abramovich a dit quelque chose que peut-être Sophie Kahl aurait pu dire.
C'est-à-dire, quand on crée l'espace d'une performance et son protocole,
il y a quelque chose qui doit être très clairement posé.
C'est quand même le rapport entre l'espace public et l'espace privé.
Et elle a dit à la presse, une chose qui est intéressante,
rentrer dans une voiture, c'est rentrer dans un espace totalement privé.
Et qui sort du protocole.
Et je sais si en matière de protocole, Sophie Kahl est dans un genre tout à fait différent.
Marina Abramovich, leurs travaux ne sont pas du tout comparables.
Aussi passionnant l'un que l'autre n'est pas du tout comparable.
Mais je sais si l'une comme l'autre ont justement des protocoles,
enfin une construction, la construction d'un geste,
qui s'est intégrée l'inattendu, la transgression, la surprise,
l'espace public, de manière...
Ah l'inconnu, c'est ça.
Effectivement, la symbolique du stop, c'est vraiment entrer dans l'univers très privé.
D'un inconnu, voire intime.
On se retrouve dans 3 minutes bien sûr, après avoir coûté La Femme, Nouvelle Orléans.
...
J'ai parcouru le monde et j'ai trouvé mon étoile
et je ne veux plus de situations bancaires.
Maintenant, je veux retrouver le calme, la paix dans mon âme
et je vivrai dans le temps présent mais le vagal âme.
Pourquoi tant de peine et pourquoi tant de haine ?
La vie m'a coûté quelques problèmes mais j'ai pris le large et maintenant
dans la nuit je passe, je quitte la maison et je laisse derrière moi
J'ai l'espoir et je pars en chantant
et je pars en chantant
et je pars en chantant la montagne vers des destinations entaines
pour me sauver de ce pouvoir dans lequel j'étais et sans espoir.
Oui, j'irai retrouver la beauté de mes jeunes années
et je ferai tout pour oublier ce qui s'est passé
Un jour, je retourne à Nouvelle Orléans
et je prends le train, je repasserai devant ma maison
je repenserai à maman et à mon chien
...
J'ai tout laissé derrière moi pour suivre mon étoile
je n'oublierai jamais ce qui s'est passé
je l'ai mis dans un tiroir et j'ai jeté la clé
et jamais je la retrouverai
aux oubliets, c'est là qu'elle est, qu'elle y restera pour l'éternité
Pourquoi tant de peine et pourquoi je n'ai pas eu de peine
La vie m'a coûté quelques problèmes mais j'ai pris le large et maintenant
dans la nuit je passe et je quitte la maison
et je décèlerai de moi un peu d'espoir et quelques chansons
La telle idée que nous voulons, Pippa Bakara, son histoire, sa performance de la femme
Quelle est, quelle est, et l'idée de quelle est la femme
Disons que peut-être que tout tient d'abord
ça dit quelque chose du courage, contestablement
Encore une fois que son parcours a été marqué par, on peut le dire, par un échec
ou en tout cas oui, il est pris ce tour tragique
Que son intention n'est pas aboutie, n'enlève rien à ce qu'elle a engagé
Donc elle dit ça, elle dit le courage
Et puis c'est vrai que la robe de mariée en dit long
Alors c'est là où d'ailleurs une discussion pourrait s'engager
Heureusement on n'en a pas le temps
Mais c'est vrai que cette question
Cette question de la robe de mariée est importante
Parce qu'au fond c'est une représentation, une espèce d'écran blanc
Sur lequel une longue histoire anthropologique vient se projeter
Ça pourrait être pris comme la panoplie du consentement
Elle le prend visiblement comme un signe d'accord, d'adhésion, de rédemption
Alors que ça a été vécu comme beaucoup d'artistes, beaucoup d'artistes femmes
Comme le signe, l'emblème d'une allié-nation
Donc, son geste engage tout ça
Et c'est vrai qu'à l'issue de son histoire
La robe blanche qu'elle a vécue dans ce signe d'adhésion
est devenue un suer
Quasiment, oui
Le signe était immense, énorme
Et le cœur du message, pour vous c'est quoi ?
Alors, moi j'ai le sentiment, si vous voulez, que les artistes font peut-être toute autre chose
Et peut-être bien plus intéressant que de laisser un message
Alors non, on a envie de tirer des leçons, de laisser des messages
C'est aussi l'utilité de ça, il est légitime qu'on ait envie d'en tirer des leçons
Je crois que l'utilité, c'est important de se déplacer un peu
Parce qu'au fond, il y a un secret dans son geste
Un secret qui est son impuissance même
Et je crois qu'elle le savait, une fragilité
Et que cette impuissance, c'est peut-être celle de la bonté
Et là, évidemment, je pense à ce l'écrivain de Vasili Grossman
De vie et destin, grand roman
Qui dit de la bonté que plus elle est insensée
Plus elle est absurde et impuissante
Et plus elle est grande
Je ne crois pas qu'il y ait de messages
Mais par contre, dans l'histoire de Pippa Bacca
Il y a la matière même et très secrète
D'une vie, ça oui
Et en 30 secondes, 40 secondes, le mobile, le mobile du crime
Il est juste, il est juste crapuleux
Il y a autre chose
Non, il est évidemment sexuel
Je crois que là, cette femme en robe de marier
Ce type un peu, je crois que vous ne l'avez pas dit
Mais il a été reconnu comme, enfin bon
Là, il y a une espèce de catalyse
Et de violence
Jusque dans la manière dont après l'avoir violée
Après l'avoir tué, après l'avoir enterré dans un sous-bois
Il se saisit de l'instrument même
De son travail
Et pour filmer
Comme une espèce de geste
Il a ajouté le grotesque au tragique
En filmant lui aussi un mariage
David, Nathalie Leger, la conversation aurait pu durer bien plus longtemps
Évidemment, elle doit s'arrêter maintenant, question de temps
C'est normal en radio, en tout cas
Merci infiniment pour vos écartages
Au revoir
C'était Pippa Bakkar
Une émission que vous pouvez réécouter en podcast
Bien sûr, la technique qu'aujourd'hui il y avait
Florian Dorimini
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:55:20 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Christophe Barreyre - Aujourd’hui, dans Affaires sensibles, l’histoire de Pippa Bacca, une artiste italienne partie en mars 2008 en autostop vêtue en mariée pour promouvoir la paix entre les peuples à travers les Balkans et le Moyen-Orient. - réalisé par : Flora BERNARD