Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Le vol des bijoux de la Begum - Le récit
Europe 1 10/29/23 - 28m - PDF Transcript
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On de l'âtre à compte, Christopher Delathe.
Pour une fois, voici une enquête criminelle plutôt rigolote. C'est assez rare pour en profiter.
L'enquête sur le vol en août 1949 sur la Côte d'Azur, des bijoux de la Bégem, la femme de l'agacan, l'homme le plus riche du monde,
une bouillabaisse marseillaise de la meilleure facture, que j'ai écrite en grande partie en m'inspirant du livre de Jean-Pax Méfret chez Pygmalion,
Le vol des bijoux de la Bégem.
Thomas Audoir m'a aidé à l'écrire. Réalisation Céline Le Bras.
Dans cette histoire, la Bégem se fait voler ses bijoux.
Ciel. Et donc, il faut que je vous explique tout de suite qui est la Bégem.
Connaissant au passage que c'est un nom rigolo. Bégem rouge, Bégem vert, Bégem comme Bégonia.
Bref, je m'égare.
La Bégem donc est traditionnellement l'épouse de l'agacan.
Et l'agacan, c'est le chef religieux l'Imam d'une branche de l'islam qu'on appelle les Ismaéliens Nizaïdes.
Une branche qui a émergé en Iran au début du XIXe siècle.
L'agacan serait le descendant direct d'Ali, le gendre de Maomette.
Et on est agacan de père en fils.
Notre histoire a lieu durant l'été 1949.
A cette époque, il s'agit du prince agacan III.
Il a 72 ans et il est au bout du rouleau.
Il en est à sa 4e épouse, sa 4e Bégem.
Et c'est une française, figurez-vous.
N'est Yvonne Labrouf.
Beaucoup plus jeune, bien sûr.
38 ans, c'est-à-dire 34 ans de moins que lui.
Joli, évidemment.
Elle a été mise France en 1930.
Et si elle a su qu'on met au charme de l'agacan, ça n'est pas pour son mi-noi.
En 1949, le prince agacan III est tout simplement l'homme le plus riche du monde.
De quoi attirer les convoitises.
Au mois d'août 1949, l'agacan et sa ravie sans t'épouse
viennent de passer quelques jours dans leur villa du Canais, sur la côte d'Azur.
La villa Yaquimo.
Et ils décident d'aller poursuivre leurs vacances à Doville.
Eh oui, les courses.
L'agacan a des chevaux, bien sûr.
Et donc ils chargent leur nombre bagage dans leur cadillac.
Et ils prennent la direction de l'aérodrome de Cane,
où les attendent leur jet privé.
C'est leur chauffeur qui conduit.
Il emprunte une route étroite et sinueuse,
à travers les collines de l'arrière-pays Niçois.
Le prince est sur le siège passager à l'avant.
Et la bégome est assise à l'arrière,
avec sa dame de compagnie Frida.
Et soudain, un cycliste leur coupe la route.
Ils se mettent à zigzaguer, impossible de le doubler.
Le chauffeur klaxonne, mais à la sortie d'un virage.
La route est carrément barrée.
Une traction avant-noir est garée en travers.
Deux hommes coiffés de berets basques descendent de la traction.
Ils se ruent sur la cadillac, l'un d'eux ouvre la porte arrière.
Et vous, là ? Soyez braves.
Donnez-moi les bijoux et amoyez la monnaie.
Le prince agaquant donne sa montre et son portefeuille.
Et la bégome tente à regret
une petite mallette rouge qui se trouve à ses pieds.
Ces bijoux.
Et là, autant vous dire qu'ils ne viennent pas
du manège à bijoux de chez Leclerre.
Les braqueurs crèvent les pneus de la cadillac.
Ils montent dans l'attraction.
Et bye-bye.
Et l'agaquant, son chauffeur, sa bégome et la dame de compagnie
sont contraints de rentrer à pied
à la villa Yakimo.
Évidemment, comme tout le monde,
vous voulez savoir ce qu'il y avait dans la petite mallette rouge, hein ?
Alors, alors.
Dans la mallette à bijoux, il y avait
trois bracelets en brio,
un clip en émeureau des rubis.
Et surtout, il y avait
la marquise,
un diamant de vatre de cara,
un solitaire, unique par sa taille,
valeur totale 220 millions de francs de l'époque.
Ce qui, si on tient compte de l'inflation,
fait de l'impact.
Joli coup.
Très joli coup.
Et ça n'est pas le premier de l'été.
Le 1er août, 25 millions de francs
ont été dérobés avec sans provence.
Et le 2 août, 200 millions de francs de bijoux
sont volés chez Van Cleef et Erpel,
à Cannes.
Évidemment, dès que la police est prévenue,
elle mobilise un commissaire,
Jean Higlène.
Enfin, la Gacan, c'est le moins qu'on puisse faire.
Il ordonne qu'on installe immédiatement
des barrages sur les routes,
dans un périmètre de 100 kilomètres
autour de Cannes.
Le chauffeur a noté la plaque d'imatriculation
de l'attraction. On ne sait jamais.
Mais la voiture est retrouvée vide,
à Cannes, dans le quartier de la Californie.
Nonant, ils ont oublié un beret basque.
Les plaques étaient évidemment fausses.
D'après son numéro de châssis,
l'attraction a été volée il y a 6 mois,
à Marseille.
Mais est-ce qu'un commissaire, ça suffit ?
Non.
Le directeur général de la police judiciaire,
Georges Valentin, est en vacances à Antibes.
Ils l'interronent ces vacances.
Et tant qu'à faire,
le directeur régional de la police à Marseille,
le commissaire Mével, s'y colle aussi.
Puisque la voiture a été volée à Marseille.
Il a peut-être sa petite idée.
Le lendemain et le surlendemain,
l'agacan, la bégôme
et leur chauffeur sont interrogés
à plusieurs reprises.
Je vais vous montrer, mesdames et messieurs,
un album photo.
Vous avez vu les voleurs ?
Est-ce que vous les reconnaissez ?
Regardez bien.
Sous leurs yeux, la trône
de tous les bandits de Marseille.
Ça fait quelques pages.
On est plus proche du botin que de la feuille de messe.
Quoi qu'il en soit,
ils n'en reconnaissent aucun.
La compagnie qui a assuré des bijoux,
propose une récompense de 20 millions
à qui permettra de retrouver les bijoux.
Bah oui sinon, c'est 220 millions
qu'il va falloir qu'il sorte.
Et l'agacan lui-même, bon prince,
rajoute 5 millions.
Autant d'argent dans cette région,
à cette époque,
ça crée des vocations.
Des dizaines de Marseillais,
d'unisois, se mettent à écrire au commissaire
pour apporter leurs témoignages
et réclamer de l'oseille.
Faut faire le tri.
Prend du temps.
A la villa Yakhimur en attendant,
l'ambiance n'est plus à la fête.
Quelqu'un a renseigné
les braqueurs.
Sur le trajet, sur l'heure, sur la date,
sur la nature de la cargaison, surtout.
Sur la présence dans la mallette,
de l'un des plus gros diamants du monde.
Du coup, tout le personnel est soupçonné.
Les jardiniers, les cuisinières,
les femmes de chambre,
la police judiciaire les interroge
un par un.
Et en l'absence de pistes,
pour l'instant, le meilleur indice,
c'est la voiture,
l'attraction avant.
Elle a donc été volée à Marseille.
Alors les policiers Marseillais,
ce coup leurs indiques comme des pruniers.
Rien ne tombe.
Mais au sujet de la voiture,
il y a peut-être un fil à tirer.
La batterie.
Elle est neuve.
Ils ont changé la batterie
après avoir volé la voiture
pour ne pas tomber en rade avec leurs butins.
Donc ce sont des pros.
Et sur la batterie, il y a un numéro de fabrication.
Alors les policiers appellent le grossiste,
qui leur désignent le garagiste
qui l'a vendu.
Et ils vont voir le garagiste.
La batterie.
Ah mais je l'ai pas changé moi-même.
Moi je l'ai juste vendu.
Le gonzil a dû l'installer lui-même.
C'est pas bien compliqué à faire.
Et vous savez à qui vous l'avez vendu ?
Ah mais ça monsieur le commissaire.
Franchement,
je me souviens plus.
Sur le papier c'est possible
qu'ils ne se souviennent pas.
Mais à l'intuition,
le commissaire Valentin ne le croit pas.
Alors il envoie un de ses hommes
secouer le garagiste.
Et finalement,
ça me revient de me coulant.
C'est au gros roger.
Et que je l'ai vendu la batterie.
Y en a qui l'appellent le juif,
d'autres prépusse.
Moi je l'appelle le gros roger.
Mais je peux pas vous en dire plus.
Pas à la peine d'en dire plus monsieur.
A la police judiciaire de Marseille,
on sait très bien qui est le gros roger.
Prépusse. Tout un programme.
Roger.
C'est nanaige.
Toujours dans les mauvais coups.
C'est ce qu'on appelle un cave.
Ça n'est certainement pas lui qui a monté un coup comme ça.
En attendant,
un mandat d'arrêt est décerné contre lui.
...
Ça se complique.
Quand le commissaire Valentin,
un matin au petit déjeuner à son hôtel
en lisant ni ce matin,
découvre que les gars de la Tyler
sont sur le cou.
Il en boufferait son journal.
Dieu de nom de Dieu.
La Tyler.
C'est une agence de détective anglaise.
Elle a été mondatée par la Lloyds,
l'assureur de l'agacan.
Et d'après ce que dit le journal,
il serait sur une piste.
Un réseau américain.
Les bijoux de la bigum seraient en route
pour les Etats-Unis.
...
Vrai ou faux.
Ça agace beaucoup le commissaire Valentin.
Beaucoup.
Il se murmure
qu'un commissaire de la Pégie de Paris
donne un coup de main au Rossbiff.
Le commissaire huge
que le ministère de l'Intérieur
aurait été mablement mis à disposition
des Anglais.
Sans prévenir, bien sûr.
C'est l'agacan.
Cette enquête débute
dans une sympathique ambiance de rivalité.
Et ça,
ça n'est jamais propice à une enquête sereine.
...
Toutes les polices de la planétaire
ont maintenant les photos des bijoux.
Ce qui devrait compliquer un peu
le boulot des recéleurs.
Et à la fin du mois d'août,
le gros Roger
n'est toujours pas loger.
Normal.
Son nom est partout dans les journaux.
Il se planque.
Un autre nom apparaît le 10 août
dans le journal Le Monde.
Je voulais.
Monsieur Paul,
ce redoutable personnage
qui s'évade à l'an dernier de la prison Saint-Pierre
aurait fait dernièrement
plusieurs apparitions à Marseille
et de nombreux déplacements vers la frontière italienne.
Ce grand seigneur de la Pégre
qui dédagne les opérations d'importance secondaire
et qui aurait réussi
à reconstituer des équipes décapitées
par la capture récente de leur chef
et soupçonner fortement
d'avoir monté la grosse affaire du canet.
Monsieur Paul.
Paul Léca.
Pour dire la vérité depuis le début,
les policiers marseillais se disent qu'il peut en être,
que ça lui ressemble.
Et donc il faut trouver qui il a pu recruter.
Et donc l'impégie secoue à nouveau ces indiques.
Et début janvier,
un tonton incertain,
Jean-Thomas Goudichelle
révèle deux noms.
Vous devriez vous intéresser
à François Sain, hein ?
Et puis aussi
à Bartel et Mérouberté, hein ?
Les deux sont coffrés
immédiatement.
Il est cuisiné aux petits oignons, hein,
et à un moment,
le commissaire leur demande s'il connaisse
Roger Sennanage.
Le gros Roger.
Le gros Roger ?
On va ne chercher pas le gros Roger.
Il est moi, hein.
C'est pas lui qui a braqué les bijoux.
C'est moi.
Mais je peux même vous dire
que j'ai été très poli avec la princesse, hein.
Le gros Roger
aurait été liquidé par ses complices
parce qu'il en savait trop.
Ce qui, au passage,
ouvre une enquête pour meurtre.
La suite de l'interrogatoire est très musclée, hein.
Mon sœur, la machine à baf.
Et François Sanna
balance toute l'équipe
du haut jusqu'en bas.
Paul Léca, monsieur Paul.
C'était bien le grand chef.
Roberti a joué le rôle du cycliste.
Sanna et un certain Benedetti
ont fait le braquage.
Il y avait aussi un Paul Mondoloni
armé d'une mitraillette.
Et le gros Roger,
qui conduisait l'attraction.
Benedetti et Mondoloni sont arrêtés.
Et ils rejoignent Roberti et Sanna
en prison.
Il ne manque plus que monsieur Paul
et les bijoux de la bégôme, bien sûr.
A priori,
ils sont ensemble.
Vous avez remarqué que jusqu'ici,
c'est la police judiciaire de Marseille
qui a fait le boulot.
Et le commissaire Valentin de la Brigade Criminelle
de Paris est un peu ronchon,
au point qu'il a fini par entrer à Paris.
Très énervé que son ministère,
sans le prévenir, est affecté
un autre commissaire auprès
des détectives anglais de la Tyler
la Lloyd.
Et puis à un moment un peu calmé,
il décide de redescendre à Marseille
et il débarque pile au moment
de la perquisition de l'appartement
de monsieur Paul, Paul Leca.
Et dans l'appartement de Leca,
il fait une sacrée trouvaille,
un petit carnet
dans lequel monsieur Paul
a noté avec soin des noms,
des numéros de téléphone
et des adresses.
Le commissaire le feuillette page à page
et il bute sur un nom.
Pierre Berthot ?
Oh non de Dieu,
Pierre Berthot.
Il faut dire qu'il y a de quoi à s'étouffer.
Pierre Berthot est le directeur
de la police nationale.
C'est un préfet.
C'est son patron.
Que fait son numéro de téléphone
dans le carnet de monsieur Paul ?
Non. Il serait dans le cou.
Il serait derrière le vol
des bijoux.
Et là se produit quelque chose
d'incroyable.
D'incroyable.
Le 26 janvier
sur les coups de 20h
devant le commissariat de Marseille,
le planton remarque
un petit paquet sur une marche.
Il le ramasse
sur le paquet il y a une étiquette.
Monsieur le commissaire
a ouvri en présence de monsieur
sa côte juge d'instruction.
Le commissaire fait appeler le juge.
Il arrive.
Il ouvre le paquet.
Des bijoux.
Des bijoux enveloppés dans du papier
de soi avec un petit mot griffonné.
Voilà les bijoux de la Bégum.
Le reste a été enlevé
par ses nanèges.
Ça alors,
on a rendu les bijoux de la Bégum.
À moins que...
à moins que ce ne soit défaut.
Le juge désigne immédiatement un expert
bijoutier. Il a bien fait.
C'est du toque.
Quelqu'un se moque.
Mais qui ?
Au casou,
le lendemain à 9h,
le commissaire fait faire une contre-expertise
dans le bureau du juge.
On confie les bijoux à 3 joyeux.
Il les pèse.
Il les observe sous toutes les coutures
à la lumière du jour,
à la lumière d'une lampe.
Et à 11h30,
il rend leur verdict d'une seule voix.
Alors,
nous avons recensé
une émera de 14 carats.
Un brillant rond
de 8 carats et demi.
Une émera de 6 carats.
13 brillants ronds
de 30 carats.
199 brillants
montés en barrette
d'un total de 114 carats.
Un lot de brillants pour
un total de 140 carats.
Et 4 émeraudes
qui pèsent un sable de 18 carats.
Vous voulez dire,
que ces bijoux sont vrais ?
Ah oui,
ça, on ne peut plus vrai, monsieur.
Le premier expert
s'était trompé.
Et vous avez remarqué qu'il manque une pierre.
La plus grosse, la plus rare,
la plus chère, la marquise,
un diamant de fat de 2 carats.
Mais bon, ne m'égoûtons pas.
Il y en a quand même là
50 millions de francs.
C'est dingue.
On a rendu les bijoux de la bégâme.
Comme ça. Cadeau.
Cadeau à la police.
C'est pas banal, commissus.
Évidemment,
le commissaire Truchy de Marseille
prévient immédiatement l'Alloïs.
Et le lendemain, dans le journal,
un avocat marseillais, maître Chiappe,
prétend qu'il a été consulté
et que c'est lui qui leur a conseillé
de rendre les bijoux.
Ce jour-là, le commissaire Valentin
n'est pas là.
Il est au fond de son lit, il est malade.
Mais il se tient tout courant.
Et il ne croit pas un mot
de l'issue de cette enquête.
Depuis qu'il a vu le nom de son patron,
Berthot, dans le carnet de M. Paul,
ça l'obsède.
Il est sûr que Berthot est derrière tout ça
un secteur de la police nationale.
Il paraît en plus qu'on l'a vu récemment
sur le vieux port.
Le sac de noeuf entre commissaires
se complique quand le commissaire Valentin
se met à réclamer la prime.
La prime promise par la Lloyd
à qui ramènera les bijoux.
Et s'amène son collègue Marseille
et Truchy en pétard.
« Tu veux récupérer 600.000 francs ?
Écoute, c'est une avance.
Simplement, c'est pour mon indicateur.
Quel indicateur ?
Ah, ça, je peux pas dévoiler son identité.
Un indicateur ?
Tu parles.
Valentin veut se mettre les 600.000 dans la poche, oui.
Et ça se complique encore quand, en avril 1950,
la presse se met à parler de Berthot
et a suggéré que la marquise,
le solitaire de la bigume,
est dans le coffre du ministère de l'Intérieur.
L'affaire des bijoux est en train de virer
au règlement de comptes.
Quand Berthot, patron de la police,
apprend que le commissaire Valentin
se répand sur son compte,
il prend la décision de le limoger.
Valentin est furibard,
il se défend dans la presse.
Joli.
Les entres à evaporter par M. Berthot
à sortir l'affaire de la bigume,
qui devait mettre si cruellement en lumière
ses relations avec les gangsters,
n'est-ce pas pour protéger ses amis en fuite ?
Et éloigner le chef de la police judiciaire.
J'en tiens des preuves à votre disposition.
Le ministère lui rappelle dans la foulée
que ça n'est pas à lui d'enquêter sur sa hiérarchie,
que pour ça, il y a les bœufs carottes, la police des polices.
Et donc le 6 juin, le commissaire Valentin
est démis de ses fonctions.
Mais ça n'est pas fini.
Le 12 juin 1950,
un courrier arrive dans le bureau
du juge d'instruction.
C'est M. Paul, Paul Leca.
La lettre vient d'Italie.
Je n'ai jamais, de près ou de loin,
été mêlé à l'affaire des bijoux de la bigume.
Je me suis mis à l'abri pour éviter
une erreur judiciaire.
Valentin boit du petit lait.
Bien sûr que ça n'est pas M. Paul,
puisque c'est Berthot.
Et puis arrive le procès,
qui s'ouvre le 6 juillet 1953
devant le tribunal d'Aix-en-Provence.
En présence, s'il vous plaît,
de la bigume, qui débarque en cadillac
Couleur-Prune.
Dans la salle d'audience,
le nombre des avocats est impressionnant.
Ils sont 26.
Et ce qui saute aux yeux dès le début,
c'est qu'il manque le cerveau présumé.
Le chef de bande, M. Paul,
sans qui le procès perd,
de son nom.
On ne juge que des exécutants,
des secondes couteaux, des demi-celles.
Le public n'attend bien sûr qu'une seule chose.
L'audition de la bigume.
Qui débute assez mollement.
M. le Président,
je ne pourrais rien raconter
que les jurés ne s'agent déjà.
Pourriez-vous, madame,
reconnaître votre agresseur
parmi les accusés ?
Oui. Oui. Lui.
Oui. Oui.
Oui. Oui.
Oui. Lui.
Elle en désigne un seul.
François Sana.
Et la marquise, madame.
Même retaillée.
Vous pourriez la reconnaître ?
Enfin, c'est-à-dire, oui, peut-être.
Le Président
exhibe alors une pierre
retrouvée chez un joaillet
et qui pourrait être la marquise
retaillée.
Elle la regarde longuement.
Elle hésite.
Vers la lumière qui entre par la fenêtre
de la salle d'audience.
Ah oui, c'est elle.
J'en suis certaine, c'est elle.
Ce qui voudrait dire qu'il ne manque
plus de pierre. Elles ont tout été
retrouvées. Et donc la marquise
n'est pas dans le coffre du ministère
de l'Intérieur, comme le pense le commissaire
Valentin, ni dans la poche de M. Paul.
Du coup, on attente avec impatience
la déposition du commissaire Valentin
qui a lieu le lendemain.
Lui, il n'a pas bougé.
Il a été viré de la police.
Il pense toujours que Berto, le directeur
de la police, est derrière le
braquage des bijoux.
Vos accusations sont graves,
monsieur. Vous vous parlez sans preuve ?
Peu importe.
Valentin ne lâche rien.
Il s'enferre dans ses spéculations.
Et pour vous dire la vérité,
tout le monde le prend pour un dingue.
Pour un raté qui se fait mousser.
Son obsession lui a fait perdre toute
crédibilité.
Mais voilà justement que Berto, le directeur
de la police, qui a su par la presse qu'il
s'était fait tailler des croupières au procès,
veut témoigner.
Il a écrit au président, il demande à être
entendu. Mais le président refuse.
Ce qui est assez logique, enfin,
on est clairement hors du champ du procès.
Et au final,
Valentin n'a pas tout perdu
puisque le préfet Pierre Berto,
directeur de la police nationale,
est suspendu de ses fonctions.
Le dernier jour du procès,
Sana, qui est le seul accusé
que la bégum a formellement
identifié,
présente ses pâles excuses.
J'en regrette beaucoup, mon vilain geste.
Moi, j'ai été parti pour un vol
à la tir.
J'aurais jamais cru que ça prenne
une splendeur si grande.
La salle éclate de rire.
Il a confondu splendeur
et en pleur.
Le jugement est rendu.
Sana, Benedetti
et Ruberty, qui ont participé au
braquage, écopent de 10,
8 et 6 ans de travaux forcés.
Les grands absents,
Lekka,
Mondoloni et Senanej, le gros rougé,
au cas où il ne serait pas mort,
sont condamnés par contumasse
aux travaux forcés à perpétuité.
Après le procès,
Valentin est réintégré dans la police,
mais sans affectation.
Et Pierre Berto,
finalement meilleur de cause, est réintégré lui aussi.
Quant à M.
Paul Lekka, il finit par se rendre
en mai 1960,
après des années de cavale aux Etats-Unis.
Il prend deux ans de prison
et meurt dans son lit en 1966.
Le prince Agacan III
meurt en juillet 1957.
Et la Bégomme lui fait bâtir
un mausolé à Assoi
en Égypte.
Elle mettra beaucoup de temps
à y rejoindre. La Bégomme est morte
en l'an 2000,
à l'âge de 80-14 ans,
dans sa villa Yaquimour,
à l'âge de 60 ans.
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Sous-titrage ST' 501
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En 1949, le Prince Aga-Khan et son épouse la Bégum sont braqués à la sortie de leur villa du Cannet, sur la Côte d’Azur. Les voleurs repartent avec une mallette de bijoux d’un montant de 220 millions de francs.