Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Le tour du monde de Bernard Moitessier - L'intégrale
Europe 1 8/12/23 - 45m - PDF Transcript
Aujourd'hui, je vais vous raconter une histoire cultissime, tirée d'un livre qui a été
un immense best seller à la fin des années 60 et au début des années 70, la longue
route de Bernard Moitessier.
C'est un navigateur qui a donné à des milliers et des milliers de personnes de parlement,
mais surtout en France, l'envie de prendre la mer.
C'est le récit de l'ancêtre du Vendée Globe, le premier Golden Globes Challenge qui
débute durant l'été 1968.
C'est le premier tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance.
Bernard Moitessier s'y engage à moitié convaincu.
Il est sur le point de gagner la course et il décide d'abandonner, de ne pas couper
la ligne d'arrivée et de poursuivre son périple toujours sans escale, toujours sans
assistance pendant quatre mois de plus.
Pour débriefer cette histoire tout à l'heure, j'ai invité une grande navigatrice qui
elle aussi, par deux fois, a fait le tour du monde sans escale et sans assistance à
la voile.
Elle a été d'ailleurs la première femme à boucler un Vendée Globe en 1996.
Bonjour Catherine Chabot.
Oui, bonjour.
Est-ce que Bernard Moitessier fait partie de ceux qui vous ont donné l'envie de la
mer ?
Probablement non, mais en revanche je l'ai connu plus tard et je me suis beaucoup reconnue
dans sa relation avec la mer, dans son bonheur d'être en mer et voilà, il m'a accompagné
beaucoup sur mon premier Vendée Globe.
Vous avez lu le bouquin ?
Oui, je l'avais embarqué avec moi, j'avais embarqué avec moi, c'est à la fois un bouquin
très philosophique, mais en même temps technique.
Il décrivait même des situations que j'ai connues, même des erreurs que j'ai pu
faire et pour tout vous dire, j'ai un albatros qui m'a accompagné, je pense, pratiquement
un mois et je l'avais appelé Bernard, imaginant que l'âme de Moitessier s'était réincarnée
dans cet albatros.
C'est-à-dire la puissance symbolique de Bernard Moitessier, dont je vais donc vous
raconter l'histoire maintenant, je l'ai écrite avec Pierre Antain, réalisation Céline
Lebrat.
Européen, Christophe Andelat.
22 août 1968, c'est le grand jour.
Bernard Moitessier est sur son bateau au large de Plimous en Angleterre.
Il vient de dire au revoir à sa femme françoise qu'il l'a accompagné en larmes sur une
vedette jusqu'à la ligne de départ.
Et c'est parti, il s'enregistre sur son petit magnétophone.
Départ de Plimous, la vedette qui m'accompagne avec François Zapport.
Elle n'était pas guée, alors que moi, j'ai pété de joie, littéralement.
Je vous attendais, c'est le beau de la mer.
A 43 ans, Bernard Moitessier se lance dans un tour du monde en solitaire, sans assistance
et sans escale, et pas sur une grosse machine comme aujourd'hui, sur un catch de 12 mètres
tout en acier, le Jossure.
Ils sont 8 à s'embarquer dans cette course folle.
C'est le directeur du magazine anglais, le Sunday Times, qui a eu l'idée de cette
course.
Départ d'Angleterre, 3 capes à avaler, le cap de bonne espérance à la pointe de l'Afrique,
le cap Leuwin en Australie et le cap Horn au sud du Chilé.
Et retour en Angleterre, 70 000 km, sans jamais faire escale, sans jamais se faire aider, au
minimum 10 mois de navigation.
Un tour du monde sans escale en solitaire, c'est un truc énorme, c'est un truc individuel
et énorme, c'est trop énorme, jamais mouillé, ne jamais s'arrêter, ça n'a jamais été
fait, ni par les grand-voiliers, ni par personne.
Alors voilà la règle, les 8 marins partent quand ils veulent pendant l'été 1968.
Le premier qui rentrera à Plymouth, remportera un globe en or, d'où le nom de la course,
Golden Globe Challenge, et le plus rapide, empochera 5000 livres Sterling.
Pour être honnête, au début, moi aussi n'ai pas très emballé par cette course, il n'a
pas l'esprit de compétition, et d'ailleurs il était sur le point de faire son propre
tour du monde tout seul en vieux loup de mer, sans aucune contrainte, et puis il s'est
laissé convaincre, et s'il décroche ce fichu globe en or, il le vendra aux enchères
pour s'acheter des voiles.
Et là, au moment où il remonte la manche vers l'Atlantique, il faut que je vous mette
les pendules à l'heure, on est en 1968, alors le GPS, oubliez, on en parle, c'est
un projet, mais c'est pas fait, donc moi aussi étrassera sa route à l'ancienne,
un sextant, un compas, un crayon, une gomme et une carte, et une hélice qui traîne dans
l'eau pour mesurer la distance parcourue.
Pas de gouvernail automatique non plus, et pas de moteur, sa bite et son couteau, je vous
dis, même une radio, il n'en a pas voulu.
Et pourtant, Robert, l'organisateur de la course, a tout fait pour le convaincre d'en
prendre une.
Prends ce poste, Bernard, tu pourras nous dire où tu es, disons, une fois par semaine.
Ah, pas question non, ça pèse une tonne ton machin, et puis, je vais pas te filer
à la pâte.
Si c'est pour donner des nouvelles, j'ai mon lance pierre, tu vois, je mets un message
dans un tube en alu, je balance le tube sur le pont d'un bateau, et voilà, pas besoin
de plus, hein.
Ok, Bernard, ok.
En revanche, moi aussi, et en porte un transistor pour écouter la météo, un petit magnétophone
pour raconter son aventure, et une caméra bolieuse 16 mm et 12 bobines de film, et le
voilà qui sort de la manche et qui s'engage dans l'Atlantique.
Le ventien bon, je suis à marche très vite, je s'en passais dans tout mon maître ce
souffle de la haute mer, que l'on oublie jamais après qu'on l'a goûté, quel paix
ici au large.
Et d'entrée, le couple moitossier Jossuat carbure à fond entre 150 et 160 000 par
jour, 285 km, c'est beaucoup, il n'a peut-être pas l'esprit de compétition, mais il aime
la vitesse, le bougre.
Le marin tire le maximum de son bateau toujours, c'est presque une malhonnêteté vis-à-vis
du bateau, de pas l'aider, de pas le rendre heureux en faisant sorte qu'il aille le plus
vite possible.
Après dix jours de mer, Bernard moitossier frolle les Canaries, les îles du Cap Vert,
et le 10 septembre, il met le cap sur le Brésil, il va traverser l'Atlantique.
Quel est le dessin du moitossier, vous a prévoisier une moite, et que vous la voyez
foutre le camp vers le large un jour, qu'est-ce que vous direz ? Rien, la moite a prévoisé,
elle reviendra peut-être, elle reviendra peut-être pas, elle a besoin de partir, et rien ne
pourra alors bêcher de partir, rien, parce que c'est son destin.
Ça c'est quelque chose fantastique, la navigation de nuit, fantastique pour la première fois,
être dans la nuit et se rendre compte qu'on n'a pas peur, voyez que la nuit est amicale.
Quand le vent est régulier, moitossier bouquine, il s'installe sur le rouve du Josuat et à
l'ombre de la grand-voile, le dos calé contre un hublot, il lit, il lit Saint-Exupéry,
Gary, Steinbeck, des récits de voyage comme Zorba le grec, il n'a pas emporté beaucoup
de livres, quand il les aura finis, il les reliera, voilà tout, il a coutume de dire
que chaque fois qu'on relit un livre, il y a toujours quelque chose de plus, et puis
il écrit, il tient son journal de bord, qu'il a bien l'intention de publier à son retour.
À part ça dans le bateau, l'équipement est spartiate, moitossier voyage toujours
léger, pas de chauffage, un carré tout en bois avec des cousins rouges, une couchette,
une cuisinière, pour le confort c'est à peu près tout, en revanche il a de quoi bricoler,
de quoi recoudre des voiles et retaper le bateau.
Pour manger, il déteste se creuser la tête, en général il fait une grande platé de riz
qui l'accomode avec, ce qu'il a, il a embarqué de quoi manger pour 10 mois, du riz donc,
des patates, du cornet de bife, du poisson en boîte et des légumes déshydratés, et
des centaines de boîtes de lait concentrés sucrés, ça c'est ça gourmandise, il a
aussi pris des pamples mousses et des citrons pour les vitamines, 400 litres d'eau et 15
litres de vin, et pour le reste il pêche.
Ah, là j'ai pêché une dorade, j'ai commencé par la sortir de l'eau pour être sûr de
pouvoir la bouffer, et c'est ça, c'est une dorade Coriffene, ça s'écrit deo, deo radeo
alors que la dorade de Méditerranée, c'est D.A.U, c'est extrêmement puissant comme
poisson, ce cisaillet main avec ça.
La dorade du J sur le cockpit, avec ça moi aussi a de quoi manger pendant 3 jours, et
quand il atteint les mers chaudes, c'est encore plus simple, les poissons volants se
jettent carrément sur le pont, comme sur un plateau, il n'y a plus qu'à ramasser,
c'est son poisson préféré, ça a le goût d'une grosse sardine, en plus raffinée.
Le 18 septembre, ça fait presque un mois qu'il est parti, il coupe l'équateur et pénètre
dans l'hémisphère sud, et neuf jours plus tard, il aperçoit un pic rocheux au loin,
l'île brésilienne de Trinidad a 1500 km au large de Rio, une île volcanique grise
et rose avec un sommet à 600 mètres d'altitude, et au pied, un petit village de pêcheurs,
une plage et une jetée, il voudrait profiter de l'occasion pour faire passer une lettre
pour Françoise, seulement voilà, souvenez-vous, il n'a pas le droit d'accoster, il n'a même
pas le droit de mouiller, c'est-à-dire de jeter l'encre à quelques mètres de l'île,
il cherche donc à faire venir un bateau jusqu'à lui.
Je me suis approché de terre, j'ai mis à la cape, j'ai sonné la corne de brume,
les gens sont venus sur la plage après quelques temps, alors j'espérais qu'il y aurait au moins
un petit bateau qui arrivait et qui me dirait comment ça va, tenez, passez-moi votre courrier,
alors corne de brume, corne de brume, corne de brume, je n'ai pas, il voyait un yacht arrivé
droit sur eux, il s'en est bon, il n'a pas mouillé, maintenant.
Sur la plage, les gamins de Trinidad n'ont pas compris, alors il repart, la mort dans l'âme,
il en pleurerait, c'est sa dernière occasion avant longtemps, parce que maintenant son idée
c'est de retraverser l'Atlantique dans l'autre sens en profitant des vents d'ouest,
direction le Cap de Bonne Espérance à la pointe de l'Afrique du Sud,
et c'est reparti pour un mois seul au milieu de l'océan.
Les côtes d'Afrique du Sud apparaissent à l'horizon le 19 octobre 68, 2 mois après son départ,
et cette fois Bernard a bien l'intention de faire passer un courrier,
et pour ça, il espère croiser un voilier, un promen-couillon qui rentrera au port ce soir.
Seulement voilà, le vent a forcé, pas un voilier en vue.
En revanche, il y a un cargo là, il s'approche, il glisse salette dans un tube en alu,
il sort son lance-pierre et bim, il balance le courrier sur le pan du cargo,
et là il voit trois marins qui manifestement ont entendu le tube tomber et il leur gris.
Et il leur fait comprendre qu'il a encore du courrier à leur faire passer,
son journal de bord et aussi des photos.
Le capitaine du cargo entreprend alors de se rapprocher du voilier, mais c'est très dangereux.
Moi, Tossier le sait, à un moment, il voit le cargo qui s'approche trop,
il tente une manœuvre, mais putain, le cargo a touché Jossuat.
Les hauts bancs y tiennent le mât et le bout dehors sont abonché,
mais le courrier est parti et c'est l'essentiel.
Pour le reste, deux coups de marteau et trois coups de clé à molette, et Jossuat est comme neuf.
Bernard Moitossier franchit le Cap de Bonnes Espérances le 20 octobre 1968,
deux mois après son départ de Plymouth.
Et il sort le grand jeu, il a emporté trois bouteilles de champagne,
avec le projet d'emboire une à chaque passage d'un grand cap.
Donc, il sort la première.
Et avec ça, il ouvre une bonne boîte de soupe de poissons,
et il trinque avec les albatroses qui tournoient au-dessus du bateau.
Signe qu'il entre dans les mers du Sud et dans les quaranteièmes rugissants.
Et là, il a un petit coup de mou.
Physiquement, il est rincé.
Alors, il sent un livre qu'il a embarqué au casou.
Le yoga pour tous.
Et sur le pont du Jossuat, avec le bouquin ouvert devant lui,
il s'initie au yoga et il retrouve un peu d'énergie.
L'entrée dans l'océan indien est sportive.
La mer était escarpée, un jour il est en train de boire un café
et de fumer sa clope dans son carin.
Et Jossuat est pris par une lame de mer d'un côté
et une rafale devant de l'autre.
Et d'un coup, le bateau se couche à l'horizontale
et dans l'habitacle tout bascule.
Le bateau se redresse.
Il ne reste plus qu'à ranger.
Et puis, une heure plus tard, rebe l'autre.
Il est en train de déguster son péché mignon,
une boîte de lait concentrée sucrée
et Jossuat repart au tapis.
Et encore une troisième fois.
Et là, Bernard se dit, il faut faire attention.
Il ne faut pas aller trop loin au fond du jeu.
Et ça, c'est difficile.
Et puis, le temps se calme.
Et deux mois plus tard, Bernard Moix-Tochier franchit
son deuxième cap, le cap Leuwin,
à la pointe sud-ouest de l'Australie.
Il passe ensuite au sud de la Tasmanie.
Et là, il largue deux petits rados,
deux bidons, une petite voile
et une bouteille avec un message.
Bonne année à celui qui recevra ce message.
Et oui, on est fin décembre.
Et pour info, ce petit message
mettra un an et demi à trouver un destin à terre.
En passant le cap Leuwin,
Bernard n'a pas ouvert sa deuxième quille de champagne.
Il l'a gardé pour le réveillon de Noël.
Champagne et jambon d'York fumer, s'il vous plaît.
Et la visite d'un foc.
Quelques jours plus tard,
c'est toute une troupe de dauphin qui lui rend visite.
Il les compte. Enfin, il l'essaye.
Cinq, dix, quinze, vingt.
Et finalement, ils sont plus de 100 dauphins
qui se mettent à escorter le bateau.
Il y en a tellement que l'eau
autour du Joshua est blanche de mousse.
Mais plus ça va, plus les dauphins s'agitent.
Plus les dauphins s'énervent.
Il passait, alors, par bandes de vin,
de front.
Il passait à toute vitesse,
de l'arrière, à l'avant du bateau,
à toute vitesse.
Et quand ils atteignaient l'avant,
ils viraient en bleu droit et filaient sur la droite,
à toute vitesse.
Mais je me suis aperçu à ce moment-là
que le vin avait tourné,
sans que je m'en aperçois, tout doucement.
Et que je me dirigeais tout droit
vers les cailloux,
qui étaient à sept ou huit mille.
Autrement dit, ici, j'étais retourné
dans ma cabine.
Une heure plus tard, j'étais échoué,
je perdais mon bateau.
Les cailloux.
C'était l'île Stuart.
Et au fond de lui, Bernard reste convaincu
qu'en faisant leur cirque,
les dauphins ont voulu l'alerté du danger.
Et d'ailleurs, dès qu'ils changent de cap,
les dauphins se calment.
Il y en a même un qui enchaîne
trois saupérieux, magnifiques.
Et on aurait dit que celui qui a fait
le saupérieux
était le chef de la bande
et que c'était comme un cri de joie
qui l'enchaînait.
Dans son carnet de bord,
qui deviendra un livre,
Bernard Moitossier écrit,
« Quatre mois que je suis parti.
Cela pourrait être une semaine ou un an.
Il me semble que ce serait la même chose.
Le temps a changé de dimension.
Une idée est en train de faire son chemin
dans la tête de Bernard.
Une idée complètement folle.
J'ai senti le changement
au faire le quatrième mois.
Je sentais, je savais
que je n'avais pas envie de revenir.
Vous voyez que ça ne valait pas le coup.
Je le sentais.
Je ne l'avais pas encore dit.
Je n'osais pas le dire.
Je n'osais pas me le dire à moi-même.
Je sentais que je n'avais pas envie de rentrer.
Que rien ne m'attirait,
que les règles du jeu avaient changé.
Mais pour l'instant,
Moitossier range ses doutes dans la soute
et il poursuit sa route
à Bonaluan.
Le 17 janvier,
il est au milieu du Pacifique,
un énorme coup de vent lui tombe dessus.
Dans le carnet du Josuat,
le bruit est assourdissant.
Des vagues de 10 mètres de haut,
des déferlantes scellérates.
Deux fois,
le Josuat se couche sur l'océan
et deux fois,
il se redresse.
Pour passer son dernier cap,
le cap Horn,
Bernard Moitossier doit descendre
plus au sud,
dans ce qu'on appelle
les cinquantièmes rugissants.
Et là, l'ennemi.
Ce sont les glaçons.
C'est Mini Zeisberg
qui se sont détachés
de la banquise de l'Antarctique.
Mais une fois de plus,
ça passe.
Et le 5 février,
1969,
Josuat franchit le cap Horn.
L'occasion de faire péter
la dernière quille de Champagne.
À ce moment-là,
il ne lui reste plus qu'à remonter
jusqu'à Plimousse,
à 10 000 milles au nord.
Et là, dans sa tête, il se dit,
partir de Plimousse
pour rentrer à Plimousse,
c'est comme partir de nulle part
pour aller nulle part.
Comprenez qu'une idée commence
à murir.
Une idée complètement singlée,
mais une idée d'homme libre,
ne pas terminer la course,
ne pas rentrer à Plimousse.
Vous vous attendez,
c'est le bruit de la mer.
Ça fait des mois et des mois
que je l'écoute, et ça me suffit.
On a l'impression que c'est
toujours le même bruit,
mais je vous assure,
elle me dit des tas de choses
que je commence seulement à comprendre
un peu maintenant.
Et vous voyez,
c'est pour ça que je continue.
Une fois, il est plus loin.
Ça ne s'est dit pas.
Une fois, il est plus loin.
Il remonte quand même un peu au nord
pour s'extraire des mers glacés.
Et à la fin du mois de février 69,
il est au milieu de l'Atlantique Sud
et il donne un grand coup de barre
à Tribord.
Il ne rentrera pas
à Plimousse.
Il ne terminera pas
ce Golden Globe Challenge.
Il abandonne la course
et il repart
vers l'Afrique du Sud.
Pour aller où ?
Pour l'instant, il ne sait pas.
Peut-être les Galapagos,
peut-être Tahiti,
peut-être un nouveau tour du monde,
à aller savoir.
La décision formelle
est venue
après le caport.
Mais
l'envie,
si vous voulez,
est venue
petit à petit.
C'est pas un coup de tête,
c'est pas beau ce comment
que j'ai dit bon,
allez, mère,
je ne rentre pas en Europe.
C'est venu petit à petit,
mais je ne pouvais pas,
avant le caport,
dire que je continue.
Sa décision est prise,
mais personne ne le sait.
Ni les organisateurs de la course,
ni sa femme,
alors en arrivant
dans la baie de Cape Town,
en Afrique du Sud,
Bernard se met
à chercher un bateau
pour faire passer
un message.
Il aperçoit
une vedette bleue.
Prenez ce bidon
et faites-le porter
au Consulat de France,
s'il vous plaît.
C'est très précieux,
hein.
Dedans,
il y a tout mon journal de bord,
il y a des films
et des messages pour ma famille
et mes amis.
Je compte sur vous, hein.
Ok.
I do it.
Et le bidon
est livré au Consulat de France,
à Cape Town,
avec une première lettre
pour le Consulat.
Qui avait-il dans cette lettre ?
La mer est grosse.
Je navigue en solitaire
et tout le tour du monde
sans escale.
Ça va faire bientôt.
Cette fois que je suis en mer,
je continue vers le Pacifique
sans escale,
sauf un prévu.
Mais explique-t-il
pour quelle raison
il a décidé
de ne pas rentrer directement ?
Aucune explication de ce genre.
Vous a-t-il chargé
de donner de ces nouvelles
à sa femme ?
Non, même pas, non.
Mais est-ce que quelqu'un l'a vu ?
Ce sont des membres
ou des autres clubs
qui l'ont rencontré en mer.
Tout ce que vous précisez,
c'est qu'il n'a pas voulu
être accosté.
Dans le bidon,
il y a aussi
un message
pour l'organisateur de la course.
Je continue
sans escale
dans les mers du Pacifique
parce que je suis heureux
en mer
et que je veux sauver mon âme.
Ce que Bernard ne sait pas
au moment
où il envoie ce message,
c'est que sur les huit concurrents
qui se sont lancés
pour ce premier Golden Globe Challenge,
il n'en reste que quatre en course
et il est en tête.
Il abandonne la course
pour sauver son âme
alors qu'il est sur le point
de la gagner.
Quel bonhomme,
quel bonhomme unique !
Dans le bidon
qu'il a fait passer au terrien,
Bernard avait
aussi glissé un message
pour son éditeur,
Jacques Artaud.
Et l'éditeur a compris le message.
Je crois que la mer est sa vérité.
Pour lui, l'abandon est peut-être été
rentré en Europe.
Je pense pas qu'il s'intéresse
au record pour le record.
C'est quelque chose de bien supérieur
qu'il intéresse.
En revanche, sa femme
ne comprend pas.
Je ne reconnais en rien
Bernard,
rien ne correspond plus
à ce qu'il avait entrepris.
Est-ce qu'on ne veut pas aussi
trouver une autre explication
la volonté de votre mari
peut-être de rester seul
un petit peu plus longtemps ?
Je comprendrais d'un certain côté
mais il a fait déjà
une cure de 7 mois de solitude.
Et Bernard a mis foncièrement
les autres, ses copains,
ses amis,
il suffit à lui-même.
Enfin, il est content d'être seul
et ça ne correspond pas
à lui-même.
Sur son bateau,
Bernard moi aussi est écrit.
La terre s'éloigne.
Et maintenant,
c'est une histoire entre
Joshua et moi.
Entre moi et le ciel.
Une belle histoire à nous seuls.
Une grande histoire d'amour
qui ne regarde plus les autres.
La terre est loin,
loin, loin, plus loin
que le bout du monde.
Je vis de tout mon être,
ce qui s'appelle vivre.
Et peut-être faut-il aller
plus loin encore
en regardant la mer.
Et l'aventure se poursuite ainsi
4 mois de plus.
Il repasse le cap de bonne espérance.
Il repasse le cap de win.
Il affronte l'automne,
l'hiver.
Il essuie 8 gros coups de vent.
Il chavire encore 2 fois
dans l'océan indien
et 2 fois encore dans le Pacifique.
Et il prend la direction
de Tahiti.
Le 20 juin 1969,
un oiseau de mer,
une goélette blanche,
vient lui rendre visite.
C'est le signe que l'île qu'il cherche
n'est pas loin.
Dis-moi
qu'il est parti d'Angleterre.
Et le voilà qui en
est dans le port de Papéhété.
Bernard Moétécia donc atteint son but,
les îles du Pacifique.
L'exploit est absolument extraordinaire.
En 10 mois de navigation
sans escale en solitaire,
Moétécia a doublé 2 fois
le cap de bonne espérance,
2 fois le cap de win,
1 fois le cap de porne.
Il y a quelques années seulement on n'aurait jamais cru
dans de telles conditions.
Dans son journal, Bernard écrit
je suis allé presque trop loin,
à force de vouloir aller plus loin
et encore plus loin.
Je suis content
de revoir mes copains.
Il a parcouru
37.455.000,
69.367 km.
Et à Tahiti,
il se lance dans l'écriture de son histoire,
son livre La Grande Route,
dont il offre les droits d'auteur
au pape Paul VI.
Je vais vous en jouer un passage
à l'hormonica.
Bon,
allez, je vous dis au revoir,
allez, ciao.
Bernard Moitossier est resté
en polinaisie
11 années de plus.
Il a refait sa vie là-bas,
avec une autre femme.
En 1980,
toujours sur Joshua,
il est allé s'installer en Californie
et puis au Costa Rica
et il est revenu
à Tahiti.
Il est mort en région parisienne
en 1994,
à l'âge de 69 ans.
Voilà donc pour ce récit
et promesse tenu,
puisqu'il fallait forcément passer
Paloma à l'hormonica.
J'ai trouvé Paloma à l'hormonica
et j'ai fait comme il nous avait demandé.
Catherine Chabot,
je suis très contente qu'on débriefe
cette histoire avec vous,
parce que vous avez l'air de la connaître très bien,
que c'est une histoire qui vous a inspiré.
Est-ce que vous connaissez la fin
d'ailleurs de cette course,
que Moitossier n'a pas gagné,
mais qu'il aurait pu gagner ?
Il n'y a qu'un seul concurrent qui arrive au bout.
Robin Knox Johnston,
il y a même un concurrent
qui s'est suicidé.
Il faut savoir, je relisais
un peu toute cette aventure,
cette épopée incroyable
de ce premier tour.
Il y a certains individus
qui n'avaient quasiment jamais navigué.
Ou des bateaux qui n'étaient pas prêts, etc.
Donc on partait.
Je pense qu'il y en a peut-être
qui partaient pour la gloriaule.
Il y avait une espèce de déland collectif
pour essayer d'être le premier.
Il faut savoir que juste avant,
Francis Chichester avait bouclé
un tour du monde en faisant une escale
donc l'aventure ultime
c'était de ne plus faire escale.
Et Moitossier,
ça lui trottait dans la tête,
puisqu'il revenait à cette époque-là
d'un voyage
avec un compagnie de Françoise,
sa femme, depuis Tahiti jusqu'à Alicante.
Il avait déjà passé 4 mois en mer,
il avait passé le Cap Horn,
il avait écrit un ouvrage
qu'il avait un peu bâclé,
parce qu'il fallait absolument le sortir avant le salon nautique.
Il était très frustré
d'avoir bâclé cet ouvrage
et il fallait
se racheter.
Le mot vient
dans les phrases de son livre,
il le dit à plusieurs reprises.
Je veux me racheter.
Il veut se racheter d'avoir bâclé
son livre précédent.
Je suis très honorée que vous m'ayiez invité
parce que vous auriez pu inviter Jean-Michel Barot,
écrivain, journaliste
qui a poussé Moitossier à prendre la plume.
Moitossier raconte
dans Tamata et l'Alliance
tout le bonheur
qu'il a eu à accoucher
ses émotions sur le papier.
Il y avait un rapport à l'écriture
qui était vraiment important.
Vous auriez pu aussi inviter Benoît Merman
qui nous écoute peut-être
qui rédige un formidable ouvrage
sur les 100 marins qui ont un peu marqué.
Je suis vraiment honorée
parce qu'il y a plein de gens qui auraient pu écrire cette histoire.
Je raconte pas n'importe quoi
quand je dis que la lecture de ce livre
a participité des centaines de personnes
sur la mer.
Ça a donné la vocation à toute une génération.
Absolument parce que
et du reste, dans la longue route
Moitossier
donne des indications
des techniques
pour tous ceux qui voudraient s'élancer.
Il incite tout un chacun
c'est là toute la philosophie du livre
de choisir sa propre route
tout ce que lui a enseigné
sa relation avec la mer
terriblement heureux en mer.
Il le dit d'ailleurs quand il décide d'abandonner
j'abandonne
parce que je suis heureux en mer
et aussi peut-être pour me racheter.
Il a un peu regretté le peut-être.
Et peut-être pour pas retrouver Françoise avec lequel
donc j'apprends qu'il vient de passer 4 mois en bateau
parce que ça peut être ça aussi.
C'est peut-être ça qui je parle.
Je crois pas du tout à cette histoire.
Peu importe, je pense qu'il avait une telle relation
il avait une telle complicité.
Il était le prolongement de Joshua
qui est depuis tellement longtemps
et puis au bout d'un moment, au bout de 10 mois
on pourrait en parler. Moi j'ai vécu 4 mois et demi
toute seule en mer.
C'est vrai qu'on est dans une autre dimension
on a une autre relation autant
à la planète, à l'espace
et on devient probablement
un peu mystique aussi.
Repartons de Plimouss
où il débute sa course
sur Joshua qui est donc un catch
de 12 mètres.
Dites-toi quelle différence ça fait
que vous avez utilisé-vous en 96
ou en 2000 pour vos 2 Vendée Globe ?
Il faisait quelle taille ?
Pas du tout comparable.
Les bateaux du Vendée Globe, ils font 18 mètres de long
ils sont beaucoup plus puissants
par exemple, ils ont une quille
très très très longue
ils ont des balaces etc.
c'est véritablement des bateaux de course.
Joshua est un bateau
que moi t'essayais à faire construire
avec les droits d'auteurs
de son premier ouvrage
Vagabond des mers du Sud
et c'est un bateau
qui est en acier, qui est relativement lourd
il a fait ça avec ses moyens
il a mis des poteaux télégraphiques
pour laisser la quille ?
Non non, en guise de main
c'est un bateau très rustique
mais
il faut comprendre que moi t'essayais la grandie
il est né à Saïgon, au Vietnam etc.
et qu'il a une autre
approche de la mer
et des bateaux que celles qu'on peut avoir
quand on est aussi occupés
d'ailleurs il y a une chose
c'est assez amusante, regardez les photos
de moi t'essayais sur le pont de son bateau
il est toujours assis en taille
les fesses sur les pieds, sur les talons
un peu comme les asiatiques
voilà, son bateau est rustique
il est pas très rapide
en revanche, il a de commun
avec les navigateurs, les coureurs au large aujourd'hui
qu'il a voulu vraiment alléger son bateau
sur son précédent voyage entre Tahiti et Alicante
il avait embarqué
pas mal de longues chaînes
il avait d'ailleurs, dans une grosse tempête
fait jeter tout ça
à la mer des Trenard et puis s'était rendu compte
il avait lu
Vito Dumas qui est un autre grand
navigateur qui a accompli un tour du monde
avec Escal avant lui
il avait compris qu'il fallait finalement de la puissance
pour
affronter, pour être que le bateau soit
manœuvrable dans la tempête
et donc il s'est allégé de tout ça
voilà, mais c'est un bateau tellement
pas comparable, pas d'électronique
ça n'existait pas
pas d'GPS, c'est une différence majeure
j'ai commencé au sextant
le GPS c'est pas si récent
c'est pas si, c'est
relativement récent, pardon, au contraire
au GPS
on ne compte pas la gomme au crayon
oui mais c'était la navigation
on partait
on naviguait à l'estime, on naviguait au sextant
effectivement on laissait
traîner
un bout avec des nœuds
c'est d'ailleurs pour ça que le mot
nœud est devenu la référence pour la vitesse
d'un bateau
parce qu'on avait une corde à nœud
au passage, je fais une petite parenthèse
on en reparlera peut-être, vous savez
que ce Golden Globe va être
réorganisé, enfin il y a une nouvelle
édition qui va partir le 1er juin
prochain, pardon
juillet prochain
et c'est pareil, les concurrents vont partir
à 166, enfin
enfin équipé comme
à l'ancienne
il n'a pas l'esprit de compétition
c'est étonnant
pour quelqu'un qui s'engage
dans une course contre celle-là
dans laquelle il est question de gagner
et d'ailleurs on voit que
durant la course, il n'adossait
que d'aller le plus vite possible
ça peut paraître assez paradoxal
que de vouloir mener son bateau à fond
et en même temps de ne pas avoir
de compétition. Oui et non
alors d'abord il faut comprendre que
cette course n'avait pas un départ
tout le monde n'est pas parti à la même heure
le même jour etc, le Sun Day Times
qui avait donc senti, on va dire, le bon
filon qui avait organisé, qui avait décidé
voyant qu'il y avait pas mal
de marins qui étaient prêts à partir
avait ouvert la ligne de départ du 1er juin
au 31 octobre
On partait quand on voulait
et voilà
et donc
en revanche moi Tessier
il a pour lui
je suis assis son compétit
c'est son complice
il recherche l'harmonie avec son bateau
il veut que son bateau marche bien
le marin
et forcément quand
même quand on navigue en croisière
on a envie que son bateau avance bien
et puis il avait envie, c'est peut-être
l'ambiguïté du personnage
il avait envie d'être le premier
je pense qu'il y avait une somme de raison
il avait le bonheur du large
mais forcément il avait au départ
sans doute un peu envie d'être le premier
c'était un peu le dragon qu'il
décrit, qu'il était un peu
la gloriol c'était
quelque part il était pas contre
mais en même temps racheter son âme
c'était fuir justement les honneurs
c'est un homme plein de contradictions
ce qui n'est pas le premier à faire
il part sans radio
alors cette histoire de catapulte est absolument
géniale c'est à dire qu'il balance
avec un lance pierre
les messages
ils pratiquaient déjà le lance pierre
déjà précédemment
c'est normal
pour descendre au cap de bonne espérance
qui est donc à la pointe de l'Afrique du Sud
d'aller faire un détour par le Brésil
oui mais on fait toujours ça aujourd'hui
parce qu'en fait vous avez l'anticyclone
de Sainte-Hélène dans l'Atlantique Sud
et les vents tournent dans le sens inverse
des aiguilles du Montre dans les Missfers Sud
et donc on va plutôt chercher les vents
et voilà donc paradoxalement
effectivement
le chemin le plus court
enfin le plus rapide pas le plus court
c'est de contourner l'anticyclone
alors de temps en temps on trouve
des conditions météo qui vous permettent
de couper le fromage c'est ce qu'a remarquablement fait
Isabelle Autissier une année
ou encore François Gabbard
qui vient de battre un record
vous imaginez c'est amusant
François Gabbard 42 jours et des brouettes
et m'ont essayé
il aurait mis six mois
s'il était allé couper la ligne
alors vient donc ce moment
où il est sur le chemin du retour
il vient de passer le Cap Horn
il remonte l'Atlantique
il est à quelques jours
une quinzaine de jours peut-être un peu plus
trois semaines peut-être un mois de plimousse
mais bon voilà c'est une partie
de billard il arrive au bout
il ne le sait pas mais il est en tête
il va gagner la course
et là il vire à tribeur
et il se barre
il repart repasser le Cap de Bonespérance
comment est-ce que vous comprenez sa décision
il y a une piste qui est
une forme de dépression
une envie de plus voir les gens
de plus voir la terre
de plus voir les humains
est-ce que c'est ça ?
moi je ne l'interprète pas comme ça
d'abord une petite précision
on dit qu'il aurait gagné la course
il y a des gens qui imaginent qu'il est allé jusqu'à la ligne
à quelques milles de lignes d'arrivée
il était en corde
il avait passé le cap en depuis plusieurs jours
et ce sont beaucoup
les français qui disent qu'il aurait gagné la course
les anglo-saxons
Robin était pas loin
de la gagner aussi
faut comprendre
il faut comprendre que
quand ça fait des mois que vous êtes
en mer
vous n'êtes plus dans le monde des terriens
il est dans
une espèce, il vit l'harmonie
avec la mer
et il a
ce désir qui, à mon avis,
né en lui
le désir de l'écriture
je pense que progressivement
il a un message à faire passer
aux êtres humains
ce message il va le faire passer dans la longue route
il va vouloir écrire, il va mettre 2 ans pour écrire la longue route
il y a une espèce
il a envie de
se racheter
comme on l'expliquait tout à l'heure
et finalement
la gloriaule
ça n'intéresse pas plus fort
que de boucler ce tour
plus fort que de remporter le Golden Globe
éventuellement d'être le plus rapide
il y a de renoncer
à la célébrité
alors ça va au contraire le rendre célèbre
à la longue route et ça va effectivement
tout faire en mer
tout un tas de gens mais il a envie
de témoigner
et d'ailleurs moi je relisais
en fin de la longue route
il a de vrais messages
on est je vous le dis
en 68
c'est pas par hasard s'il décide
que c'est droit d'auteur
il les donne au pape
et aux amis de la terre qui est une association
qui vient de se créer
il dit mais il faut sauver la planète
il va sauver
sauvé mon âme
donc il est dans une démarche mystique
moi je ne crois pas du tout qu'il évolue quitter les hommes
alors peut-être que
il n'était pas forcément
très heureux
au milieu de la foule mais après
comment regarde
quand on est en harmonie sur son bateau
il faut une chose essentielle aussi à dire
c'est que sur un bateau c'est un monde fini
il a quand même réussi
à vivre 10 mois
avec une grande sobriété sur son bateau
d'ailleurs on voit il est quand même pas gros
il a vécu
des poissons qu'il pêchait
bien évidemment de toutes les conserves qu'il avait
à bord de l'eau de pluie qu'il a récolté
ça c'est une chose importante
ce qu'on veut faire de nos petits camarades du Golden Globe
qui va partir le 1er juillet
il récolte l'eau de pluie parce que vous ne tenez pas 10 mois comme ça
il n'avait que 400 litres d'eau
et donc cette sobriété
qu'aujourd'hui on cavulifierait
heureuse
pour prendre les maux de pieds rabis
il l'incarne déjà à l'époque
et c'est ce message qu'il a envie de transmettre à mon avis aux hommes
son départ a lieu après mai 68
c'est l'agitation de mai 68
ne lui a pas plu
oui l'argent roi
alors on a beaucoup écrit
sur lui-même
d'ailleurs écrit sur l'argent
sa relation à l'argent on dit qu'il était
malgré tout aussi intéressé par l'argent
mais en fait il écrit dans la longue route
que l'objectif c'est pas l'argent
c'est pas l'argent qui rend heureux
et là de ce point de vue là on est nombreux
en revanche on trouve toujours les moyens
c'est le message aussi qu'il veut dire
larguer les amars à tous ceux qui veulent
réaliser leur rêve et s'accomplir
que peu importe ils trouveront toujours
les moyens de réaliser leur rêve
alors il arrive
à papa été au bout de 10 mois
et là il semble qu'il est un grand plaisir
à retrouver ses copains
ça c'est quelque chose que vous avez vu
c'est à dire est-ce que c'est assez courant
quand on arrive comme ça à la fin
d'une course en solitaire
d'avoir des scrupules
à retrouver la civilisation
et comment se fait le basculement
dans le plaisir de l'artrouer
c'est à dire que
avant d'arriver
dans les jours qui précédent alors moi
je suis pas moitié scié mais on a hâte
de retrouver les siens parce que malgré tout
les êtres qu'on aime nous manquent
mais quand t'approche la ligne d'arrivée
c'est angoissant
c'est angoissant parce qu'on se dit oh non
cette harmonie
cette relation hâtime avec
avec l'univers avec soi-même
etc
voilà on a envie de la prolonger
mais quel bonheur de retrouver
les siens moi j'étais l'arrivée de mon premier
Vendée Globe le second aussi
voilà c'est un bonheur
infinie de retrouver les êtres humains
de regarder quelqu'un dans les yeux
voilà c'est...
quelqu'un d'autre que Nalbatros ?
oui je pense qu'il était vraiment heureux
il le dit d'ailleurs il était heureux de retrouver
mais il s'installe à pas péter
il n'y a pas de retour en Europe
oui mais il n'aurait pas été courant
voilà à pas péter
il va vivre avec
sobremment
avec tous les marins de passage
il y a une espèce de petite communauté
il va d'ailleurs se mobiliser
pour faire planter des arbres
il pousse d'ailleurs les gens à planter des arbres
etc il a déjà un discours
qu'on califirait aujourd'hui d'environnemental
voilà
et puis il rencontrait une compagne
il s'installe là bas
c'est vraiment une nouvelle vie
il bat une nouvelle vie absolument
en gardant Joshua
ce bateau est son vrai compagnon de vie
oui puis alors Joshua va partir un peu
en long beau
et puis il y a des gens
des amis de Moétécy qui se sont mobilisés
quelques...
bien des années plus tard
et ce bateau
aujourd'hui il existe toujours
il est c'est beaucoup
à la Rochelle
il y a des amis du musée Maritime de la Rochelle
qui l'ont entouré
qui se sont mobilisés pour sauver Joshua etc
et aujourd'hui Moétécy
serait fier de voir que son bateau n'a vécu toujours
il n'a vécu toujours
oui son bateau n'a vécu toujours
et vous avez gardé un attachement à vos bateaux
oui bien sûr
vous les avez conservés
malheureusement je ne sais pas
mais vous avez vu une chose
le bateau de mon premier Vendée Globe
qui a été construit par Jean-Luc Van Denneid
qui a fait un remarquable parcours avec
et bien mon mari vient de le racheter
pour courir la route d'Hérôme donc
il y a une histoire il était à l'abandon
il pourissait sur un quai
et voilà on est en train de leur mettre en état pour le...
vous l'avez récupéré ?
on l'a récupéré !
il vous a reconnu ?
bien sûr !
il a frétillé de la queue quand il vous a vu
oui aussi comme je suis à
et voilà il a demain comme je suis à
Catherine Chabot un jour vous viendrez nous raconter
ici votre premier Vendée Globe
merci à vous
des centaines d'histoires disponibles
sur vos plateformes d'écoute
et sur europein.fr
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
Le récit du 1er tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Eté 1968, Bernard Moitessier est sur le point de gagner, le 1er Golden Globe Challenge, mais renonce à franchir la ligne d’arrivée pour poursuivre son périple ...