Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Le tour du monde de Bernard Moitessier - Le récit
Europe 1 8/12/23 - 27m - PDF Transcript
Aujourd'hui je vais vous raconter une histoire cultissime, tirée d'un livre qui a été
un immense best seller à la fin des années 60 et au début des années 70, la longue route
de Bernard Moitessier. C'est un navigateur qui a donné à des milliers et des milliers
de personnes de parlement, mais surtout en France, l'envie de prendre la mer. C'est
le récit de l'ancêtre du Vendée Globe, le premier Golden Globe Challenge qui débute
durant l'été 1968. C'est le premier tour du monde à la voile en solitaire, sans escale
et sans assistance. Bernard Moitessier s'y engage à moitié convaincu. Il est sur le
point de gagner la course et il décide d'abandonner, de ne pas couper la ligne d'arrivée et de
poursuivre son périple toujours sans escale, toujours sans assistance pendant quatre mois
de plus. C'est-à-dire la puissance symbolique de Bernard Moitessier dont je vais vous raconter
l'histoire maintenant, je l'ai écrite avec Pierre Anctin, réalisation Céline Lebrasse.
22 août 1968, c'est le grand jour. Bernard Moitessier est sur son bateau au large de
Plimouth en Angleterre. Il vient de dire au revoir à sa femme françoise qui l'a accompagné
en larmes sur une vedette jusqu'à la ligne de départ. Et c'est parti, il s'enregistre sur
son petit magnétophone.
A 43 ans, Bernard Moitessier se lance dans un tour du monde en solitaire, sans assistance
et sans escale, et pas sur une grosse machine comme aujourd'hui, sur un catch de 12 mètres
tout en acier, le Jossuin.
Ils sont huit à s'embarquer dans cette course folle. C'est le directeur du magazine
anglais, le Sunday Times, qui a eu l'idée de cette course. Dès part d'Angleterre,
trois capes à avaler, le cap de bonne espérance à la pointe de l'Afrique, le cap lay-win
en Australie et le cap Horn au sud du Chilé. Et retour en Angleterre, 70 000 km sans jamais
faire escale, sans jamais se faire aider, au minimum dix mois de navigation.
Un tour du monde sans escale en solitaire, c'est un truc énorme. C'est un truc individuel
C'est énorme, c'est trop énorme. Jamais mouillé, jamais s'arrêter, ça n'a jamais été fait,
ni par les grand-voiliers, ni par personne.
Alors voilà la règle. Les huit marins partent quand ils veulent pendant l'été 1968.
Le premier qui rentrera à Plymouth remportera un globe en or, d'où le nom de la course,
Golden Globe Challenge, et le plus rapide, empochera 5000 livres Sterling.
Pour être honnête, au début, Moitossier n'est pas très emballé par cette course.
Il n'a pas l'esprit de compétition. Et d'ailleurs, il était sur le point de faire son propre tour du monde,
tout seul, en vieux loup de mer, sans aucune contrainte. Et puis, il s'est laissé convaincre.
Et s'il décroche ce fichu globe en or, il le vendra aux enchères pour s'acheter des voiles.
Et là, au moment où il remonte la manche vers l'Atlantique, il faut que je vous mette les pendules à l'heure.
On est en 1968. Alors le GPS, oubliez, on en parle, c'est un projet, mais c'est pas fait.
Donc Moitossier tracera sa route à l'ancienne. Un sextant, un compas, un crayon, une gomme et une carte.
Et une élise qui traîne dans l'eau pour mesurer la distance parcourue.
Pas de gouvernail automatique, non plus. Et pas de moteur.
Sa bite et son couteau, je vous dis. Même une radio, il n'en a pas voulu.
Et pourtant, Robert, l'organisateur de la course, a tout fait pour le convaincre d'en prendre une.
Prends ce poste, Bernard. Tu pourras nous dire où tu es. Disons, une fois par semaine.
Ah, pas question, non. Ça pèse une tonne de ton machin. Et puis, je vais pas te filer à la pâte.
Si c'est pour donner des nouvelles. J'ai mon lance pierre, tu vois.
Je mets un message dans un tube en alu, je balance le tube sur le pont d'un bateau, et voilà.
Pas besoin de plus, hein. Ok, Bernard. Ok.
En revanche, moi, Tossier, emporte un transistor pour écouter la météo,
un petit magnétophone pour raconter son aventure, et une caméra bolieuse 16 mm et 12 bobines de film.
Et le voilà qui sort de la manche et qui s'engage dans l'Atlantique.
Le ventien bon. Je suis à marche très vite.
J'ai passé dans tout mon être ce souffle de la haute mer, que l'on oublie jamais après qu'on l'a goûté.
Quel plé, ici, au large.
Et d'entrée, le couple Moitossier-Jossuat carbure à fond, entre 150 et 160 000 par jour, 285 km.
C'est beaucoup. Il n'a peut-être pas l'esprit de compétition, mais il l'aime la vitesse, le bougre.
Il m'arrête de tir le maximum de son bateau, toujours.
C'est presque une malhonnêteté vis-à-vis du bateau, de ne pas l'aider, de ne pas le rendre heureux en faisant en sorte qu'il aille le plus vite possible.
Après dix jours de mer, Bernard Moitossier frolle les canaries, les îles du Cap Vert,
et le 10 septembre, il met le cap sur le Brésil. Il va traverser l'Atlantique.
Quel est le destin du Moitossier-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-J
Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-Jossuat-J
Pour manger, il déteste se creuser la tête. En général, il fait une grande platé de riz qui l'accommode avec ce qu'il a.
Il a embarqué de quoi manger pour 10 mois. Du riz donc, des patates, du cornet de bife, du poisson en boîte et des légumes déshydratés.
Et des centaines de boîtes de lait concentrés sucrés. Ça, c'est ça gourmandise.
Il a aussi pris des pamples mousses et des citrons pour les vitamines, 400 litres d'eau et 15 litres de vin.
Et pour le reste, il pêche.
Ah, là, j'ai pêché une dorade. J'ai commencé par la sortir de l'eau pour être sûr de pouvoir la bouffer.
Et ça, c'est une dorade choriffaine. Ça s'écrit DÉO, DÉO, R-A-DÉO, alors que la dorade de Méditerranée s'est déhaue.
C'est extrêmement puissant comme poisson. Ce scisaillet main avec ça.
La dorade de J sur le cockpit avec ça, moi aussi, a de quoi manger pendant trois jours.
Et quand il atteint les mers chaudes, c'est encore plus simple.
Les poissons volants se jettent carrément sur le pont, comme sur un plateau. Il n'y a plus qu'à ramasser.
C'est son poisson préféré. Ça a le goût d'une grosse sardine, en plus raffinée.
Le 18 septembre, ça fait presque un mois qu'il est parti.
Il coupe l'équateur et pénètre dans l'hémisphère Sune.
Et neuf jours plus tard, il aperçoit un pic rocheux au loin.
L'île brésilienne de Trinidad a 1500 km au large de Rio.
Une île volcanique, grise et rose, avec un sommet à 600 mètres d'altitude.
Et au pied, un petit village de pêcheurs, l'île brésilienne de Trinidad,
et au pied, un petit village de pêcheurs, une plage et une jetée.
Il voudrait profiter de l'occasion pour faire passer une lettre pour Françoise.
Seulement voilà, souvenez-vous, il n'a pas le droit d'accoster.
Il n'a même pas le droit de mouiller, c'est-à-dire de jeter l'encre à quelques mètres de l'île.
Il cherche donc à faire venir un bateau jusqu'à lui.
Je me suis approché de terre, j'ai mis à la cape, j'ai sonné la corne de brume,
les gens sont venus sur la plage après quelques temps.
Alors j'espérais qu'il y aurait au moins un petit bateau qui arrivait,
et qui me dirait comment ça va, tenez, passez-moi votre courrier.
Alors corne de brume, corne de brume, corne de brume.
Et puis j'ai pas, il voyait un yacht arrivé droit sur eux, ils sont dis bon, bah il va mouiller.
Sur la plage, les gamins de Trinidad n'ont pas compris.
Alors il repart, la mort dans l'âme, il en pleurerait.
C'est sa dernière occasion avant longtemps.
Parce que maintenant son idée, c'est de retraverser l'Atlantique
dans l'autre sens en profitant des vents d'ouest,
direction le Cap de Bonne Espérance à la pointe de l'Afrique du Sud.
Et c'est reparti pour un mois seul au milieu de l'océan.
Les côtes d'Afrique du Sud apparaissent à l'horizon le 19 octobre 68,
deux mois après son départ.
Et cette fois, Bernard a bien l'intention de faire passer un courrier.
Et pour ça, il espère croiser un voilier,
un promen-couillon qui rentrera au port ce soir.
Seulement voilà, le vent a forcé, pas un voilier en vue.
En revanche, il y a un cargo là.
Il s'approche, il glisse sa lettre dans un tube en alu,
il sort son lance-pierre et bim !
Il balance le courrier sur le pont du cargo.
Et là, il voit trois marins qui, manifestement,
ont entendu le tube tomber et il leur crie.
Et il leur fait comprendre qu'il a encore du courrier à leur faire passer.
Son journal de bord et aussi des photos.
Le capitaine du cargo entreprend alors de se rapprocher.
Mais c'est très dangereux.
Moiteaucier le sait, à un moment,
il voit le cargo qui s'approche trop,
et il tente une manœuvre, mais...
Putain !
Le cargo a touché Joshua.
Les hauts bancs y tiennent le mât et le bout dehors sont abonché.
Mais le courrier est parti et c'est l'essentiel.
Pour le reste, deux coups de marteau et trois coups de clé à molette.
Et Joshua est comme neuf.
Bernard Moiteaucier franchit le cap de bonne espérance,
le 20 octobre 1968,
deux mois après son départ de Plymouth.
Et il sort le grand jeu.
Il a emporté trois bouteilles de champagne,
avec le projet d'emboire une,
à chaque passage d'un grand cap.
Donc, il sort la première.
Et avec ça, il ouvre une bonne boîte de soupe de poissons.
Et il trinque avec les albatrosses
qui tournoient au-dessus du bateau.
Signe qu'il entre dans les mers du Sud
et dans les quarantièmes rugissants.
Et là, il a un petit coup de mouc.
Physiquement, il est rincé.
Alors, il sent un livre qu'il a embarqué au casou.
Le yoga pour tous.
Et sur le pont du Joshua,
avec le bouquin ouvert devant lui,
il s'initie au yoga.
Et il retrouve un peu d'énergie.
L'entrée dans l'océan indien est sportive.
Et là, il a un petit coup de mouc.
Physiquement, il est rincé.
Alors, il sent un livre qu'il a embarqué au casou.
L'entrée dans l'océan indien est sportive.
La mer était escarpée.
Un jour, il est en train de boire un café
et de fumer sa cloque dans son carré.
Et Joshua est pris par une lame de mer d'un côté
et une rafale devant de l'autre.
Et d'un coup, le bateau se couche à l'horizontale.
Et dans l'habitacle, tout bascule.
Le bateau se redresse.
Il ne reste plus qu'à ranger.
Et puis, une heure plus tard, rebelote.
Il est en train de déguster son péché mignon,
une boîte de lait concentrée sucrée.
Et Joshua repart au tapis.
Encore une troisième fois.
Et là, Bernard se dit,
il faut faire attention.
Il ne faut pas aller trop loin au fond du jeu.
Et ça, c'est difficile.
Et puis, le temps se calme.
Et deux mois plus tard,
Bernard Moix-Tochier franchit son deuxième cap,
le cap Leuwin,
à la pointe sud-ouest de l'Australie.
Il passe ensuite au sud de la Tasmanie.
Et là, il largue deux petits rados,
deux bidons, une petite voile
et une bouteille avec un message.
Bonne année à celui qui recevra ce message.
Et oui, on est fin décembre.
Et pour info,
ce petit message mettra un an et demi
à trouver un destin à terre.
En passant le cap Leuwin,
Bernard n'a pas ouvert sa deuxième quille de champagne.
Il l'a gardé pour le réveillon de Noël.
Champagne et jambon d'York fumer,
s'il vous plaît.
Et la visite d'un foc.
Quelques jours plus tard,
c'est toute une troupe de dauphins
qui lui rend visite.
Il les compte. Enfin, il les essaye.
5, 10, 15, 20.
Et finalement, ils sont plus de 100 dauphins
qui se mettent à escorter le bateau.
Il y en a tellement que l'eau
autour du Joshua est blanche de mousse.
Mais plus ça va, plus les dauphins s'agitent,
plus les dauphins s'énervent.
Il passait, alors,
par banque de vin,
de front.
Il passait à toute vitesse de l'arrière
à l'avant du bateau, à toute vitesse.
Et quand ils atteignaient l'avant,
ils viraient à angle droit et filaient sur la droite,
à toute vitesse.
Mais je me suis aperçu à ce moment-là
que le vin avait tourné,
sans que je m'en aperçoive, tout doucement.
Et que je me dirigeais tout droit
vers les cailloux,
j'étais à 7 ou 8 000.
Autrement dit, si j'étais retourné
dans ma cabine, une heure plus tard,
c'était l'île Stuart.
Et au fond de lui, Bernard reste convaincu
qu'en faisant leur cirque,
les dauphins ont voulu
l'alerté du danger.
Et d'ailleurs, dès qu'ils changent de cap,
les dauphins se calment.
Il y en a même un qui enchaîne 3 saupérieux, magnifiques.
Et on aurait dit que celui
qui a fait le saupérieux
était le chef de la bande
et que c'était comme un cri de joie
qu'il lançait.
Dans son carnet de bord, qui deviendra un livre,
le chef écrit
4 mois que je suis parti.
Cela pourrait être une semaine ou un an.
Il me semble que ce serait la même chose.
Le temps a changé de dimension.
Une idée
est en train de faire son chemin
dans la tête de Bernard.
Une idée complètement folle.
J'ai senti
le changement
vers le quatrième mois.
Je sentais, je savais
que je n'avais pas envie de refaire.
Vous voyez, que ça ne valait pas le coup.
Je le sentais.
Je n'avais pas encore dit.
Je n'osais pas le dire. Je n'osais pas me le dire à moi-même.
Je sentais que je n'avais pas envie de rentrer.
Que rien ne m'a tiré,
que les règles du jeu avaient changé.
Mais pour l'instant,
moiteuxier range ses doutes dans la soute
et il poursuit sa route
à Bonaluan.
Le 17 janvier, il est au milieu du Pacifique.
Un énorme coup de vent lui tombe dessus.
Dans le carré du Joshua,
lui est assourdissant.
Des vagues de 10 mètres de haut.
Des déferlantes célérates.
Deux fois, le Joshua se couche sur l'océan.
Et deux fois, il se redresse.
Pour passer son dernier cap,
le cap Horn,
Bernard Moiteuxier doit descendre plus au sud.
Dans ce qu'on appelle les 50ème rugissants.
Et là, l'ennemi.
Ce sont les glaçons.
Ces mini-icebergs qui se sont détachés
en 30 articles.
Mais une fois de plus,
ça passe.
Et le 5 février 1969,
Joshua a franchi le cap Horn.
L'occasion de faire péter
la dernière quille de Champagne.
À ce moment-là, il ne lui reste plus
qu'à remonter jusqu'à Plimousse.
À 10 000 mille au nord.
Et là, dans sa tête, il se dit.
Partir de Plimousse,
c'est comme partir de nulle part
pour aller nulle part.
Comprenez qu'une idée commence à murir.
Une idée complètement singlée,
mais une idée d'homme libre.
Ne pas terminer la course.
Ne pas rentrer à Plimousse.
Il remonte quand même un peu au nord
pour s'extraire des mers glacés.
Et à la fin du mois de février 1969,
il est au milieu de l'Atlantique Sud.
Et il donne un grand coup de bar à Tribord.
Il ne rentrera pas
à Plimousse.
Il ne terminera pas
ce Golden Globe Challenge.
Il abandonne la course.
Et il rentrera pas
à Plimousse.
Il ne terminera pas
ce Golden Globe Challenge.
Il abandonne la course.
Et il repart vers l'Afrique du Sud.
Pour aller où ?
Pour l'instant, il ne sait pas.
Peut-être les Galapagos.
Peut-être Tahiti.
Peut-être un nouveau tour du monde.
Allez savoir.
La décision formelle est venue
après le capot.
Mais l'envie,
si vous voulez, est venue
petit à petit.
C'est pas un coup de tête.
Je ne rentre pas en Europe.
C'est venu petit à petit.
Mais je ne pouvais pas, avant le capot,
dire que je continue.
Sa décision est prise.
Mais personne ne le sait.
Ni les organisateurs de la course, ni sa femme.
Alors en arrivant dans la baie de Cape Town,
en Afrique du Sud,
Bernard se met à chercher un bateau
pour faire passer un message.
Il aperçoit une vedette bleue.
Prenez ce bidon.
Je vais le porter au Consulat de France, s'il vous plaît.
C'est très précieux.
De dedans, il y a tout mon journal de bord.
Il y a des films et des messages
pour ma famille et mes amis.
Je compte sur vous, hein.
OK. I'll do it.
Et le bidon est livré
au Consul de France à Cape Town.
Avec une première lettre
pour le consul.
Qui avait-il dans cette lettre ?
Il a vécu de la vie en solitaire
et fait le tour des mondes sans escale.
Cela va faire bientôt.
Cette fois que je suis en mer,
je continue vers le Pacifique
sans escale, sauf un prévu.
Mais explique-t-il pour quelle raison
il a décidé de ne pas rentrer directement ?
Aucune explication de ce genre.
Vous a-t-il chargé de donner de ses nouvelles
à sa femme ?
Non, même pas.
Mais est-ce que quelqu'un l'a vu ?
Ce sont des membres de Yacht Club
qui n'a pas voulu être à côté.
Dans le bidon, il y a aussi
un message pour l'organisateur de la course.
Je continue sans escale
dans les mers du Pacifique
parce que je suis heureux en mer
et que je veux sauver mon âme.
Ce que Bernard ne sait pas
au moment où il envoie ce message,
c'est que sur les huit concurrents
qui se sont lancés pour ce premier Golden Globe Challenge,
il n'en reste que quatre en course.
Et il est en tête.
Il abandonne la course
pour sauver son âme alors qu'il est
sur le point de la gagner.
Quel bonhomme,
quel bonhomme
unique !
Dans le bidon qu'il a fait passer
au terrien, Bernard avait
aussi glissé un message pour
son éditeur, Jacques Artaud.
C'est très très très difficile
de lui expliquer ce que je voudrais.
Ah, il est là.
Il n'a ouf à sentir.
Dans les bons moments,
tout est racheté, toutes mes dettes sont veillées,
et ça devient formidable.
Alors vous veuillez du rentre
maintenant, mais mon vieil édite.
Mais ça serait la dernière des folies.
Et l'éditeur a compris le message.
Je crois que la mer est sa vérité.
Pour lui, l'abandon est peut-être
été rentré en Europe.
Je pense pas qu'il s'intéresse
à son record pour le record.
C'est quelque chose de bien supérieur
qu'il intéresse.
En revanche, sa femme
ne comprend pas.
Je ne reconnais en rien Bernard
rien ne correspond plus à ce qu'il avait entrepris.
Est-ce qu'on ne veut pas aussi trouver
une autre explication, la volonté de votre mari
peut-être de rester seul un petit peu plus longtemps ?
Je comprendrais d'un certain côté,
mais il a fait déjà une cure de 7 mois de solitude.
Bernard a mis foncièrement les autres,
ses copains, ses amis.
Il est content d'être seul.
Ça ne correspond pas à lui-même.
Sur son bateau, Bernard Moitessier écrit
« La terre s'éloigne.
Et maintenant, c'est une histoire
entre Joshua et moi.
Entre moi et le ciel.
Une belle histoire à nous seuls.
Une grande histoire d'amour
qui ne regarde plus les autres.
La terre est loin, loin, loin,
plus loin que le bout du monde.
Je vis de tout mon être,
ce qui s'appelle vivre.
Peut-être faut-il aller plus loin
encore en regardant la mer.
Et l'aventure se poursuite ainsi
4 mois de plus.
Il repasse le cap de bonne espérance.
Il repasse le cap de léouine.
Il affronte l'automne, l'hiver.
Il essuie 8 gros coups de vent.
Il chavire encore 2 fois
dans l'océan indien
et 2 fois encore dans le pacifique.
Et il prend la direction
de Taiti.
Le 20 juin 1969,
un oiseau de mer,
une coelette blanche, vient lui rendre visite.
C'est le signe que l'île qu'il cherche
n'est pas loin.
Dis-moi qu'il est parti d'Angleterre
et le voit la client
dans le port de Papéété.
Bernard Moétécia
Bernard Moétécia a donc atteint son but
les îles du pacifique.
L'exploit est absolument extraordinaire.
En 10 mois de navigation
sans escale en solitaire
Moétécia a doublé 2 fois
le cap de bonne espérance, 2 fois le cap léouine,
1 fois le cap porne.
Il y a quelques années seulement on n'aurait jamais cru
qu'un tel périple soit réalisable
dans de telles conditions.
Dans son journal, Bernard écrit
qu'il s'allait presque trop loin,
à force de vouloir aller plus loin
et encore plus loin.
Je suis content de revoir mes copains.
Il a parcouru
37.455.000
69.367 km.
Et à Tahiti,
il se lance dans l'écriture
de son histoire,
dans le livre La Grande Route
dont il offre les droits d'auteur
au pape Paul VI.
Bon,
allez, vous lui au revoir.
Allez, ciao.
Bernard Moétécia est resté
en polynaisie
11 années de plus.
Il a refait sa vie là-bas
avec une autre femme.
En 1981,
toujours sur Josuea,
il est allé s'installer en Californie
et puis au Costa Rica
et il est revenu
à Tahiti.
A Tintin Cancer,
il est mort en région parisienne
en 1994
à l'âge de 69 ans.
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Le récit du 1er tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Eté 1968, Bernard Moitessier est sur le point de gagner, le 1er Golden Globe Challenge, mais renonce à franchir la ligne d’arrivée pour poursuivre son périple ...