Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Le procès de Bobigny - Le débrief
Europe 1 10/11/23 - 28m - PDF Transcript
Donc si je comprends bien, la Ciat Ibiza est à partir de 99€ par mois, c'est bien ça ?
Voilà.
Signe le contrat.
Quoi ?
Signe, je te dis, il a dû se planter.
Et sinon, la vie, ça va ?
Euh, oui.
Eh ben, super.
Profitez-en lors des journées portes ouvertes, les 14 et 15 octobre chez nos concessionnaires,
Ciat Ibiza Copate et C-80 Cache-Chevaux, remises de 5500€ d'héduites à portes de 3500€,
LL des 37 mois et 30 000 km sous condition d'acceptation par Solsa GameBank,
enfin particulier valable pour toute commande jusqu'au 31 octobre et livraisons avant 5 mai 2024,
conditions sur Ciat.fr
Pour les trégécours privilégié, la marche au vélo.
Pour commenter son histoire du jour,
Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.
Voilà donc pour cette histoire que j'ai tiré du livre de Catherine Valenti paru chez Larousse,
Bobigny, le procès de l'avortement.
Et je suis très touché que vous ayez accepté, Gisèle, à Limis,
de nous recevoir chez vous pour revenir sur cette histoire.
Je voudrais d'ailleurs savoir à votre avis jusqu'à quel point
est-ce que ce procès conduit à la légalisation de l'avortement
très vite après deux ans, ça n'est pas grand chose.
Il y a une percussion comme ça de ces deux événements.
Est-ce que ce sont ces deux décisions de justice ?
Et le débat, ça j'en ai pas beaucoup parlé,
qui accompagne ces décisions de justice,
qui conduit tout droit à la loi veille.
Moi je crois que ce qui s'est passé, c'est que tout ce qui s'est dit
dans le procès, et même après,
c'était quelque chose que l'opinion publique tout entière ressentait.
On sentait, on ressentait cette punition
de l'avortement des femmes,
comme quelque chose d'absolument dépassé.
Parce que d'abord, et ça c'était important,
parce que je l'avais dit en plaidant,
quand on faisait le tour par exemple de l'Europe et d'autres pays,
l'avortement était sous certaines conditions,
bien sûr, avec des précautions,
était déjà admis.
Il y avait dans l'opinion publique,
à part évidemment les durs,
ce que j'appelle les durs,
et que je ne m'éprise pas,
ceux qui étaient les religieux,
qui s'attachaient donc à des espèces
n'ont pas d'idées, la société n'avait rien à voir.
Ils s'attachaient à des dogmes.
Comme nous sommes dans une société
où il faut admettre les opinions de tous
et de toute la condition, bien sûr,
qu'elle ne soit pas susceptible de tomber
sous une qualification pénale,
pourquoi pas ?
C'est-à-dire qu'en gros, l'opinion est prête,
et vous vous sentez l'opportunité,
à travers ce procès-là,
de mobiliser l'opinion pour arriver à la loi.
C'est le bon moment en quoi.
Il y avait un terrain, si je puis dire,
un terrain qui était plein de cela,
on ressentait, je vous dis,
comme quelque chose de parfaitement obsolète,
de dire à une femme,
vous ne pouvez pas faire ça,
parce que n'oubliez pas que déjà,
et c'est ça qui avait aussi facilité
la loi de Simon Veil.
Il y avait tout ce que nous avions fait ensemble
avec Simone de Beauvoir,
mon corps m'appartient,
il y avait eu le manifeste des 343 femmes,
où nous disions toutes,
nous avons avorté,
nous le disons,
pas nous le proclamons,
et nous réclamons pour toutes les autres femmes
un droit libre à l'avortement.
C'était Simone de Beauvoir
qui avait lancé ça,
qui me l'avait passée,
elle allait-y essayer de voir
quelle signature un peu au-dessus de la mêlée,
qui pouvait donc influencer un petit peu
la pensée publique,
vous pouvez trouver, je lui dis,
bien sûr, d'ailleurs je vais le signer,
elle m'a dit, non, pas vous, pourquoi pas moi,
parce que vous, vous risquez ce qui était vrai, d'ailleurs,
comme avocate.
De conseil, de l'ordre.
Quand vous décidez de faire de cette affaire,
ça n'est pas la première affaire d'avortement
dans laquelle vous vous impliquez comme avocate.
Je suppose que vous avez défendu
des tas de femmes avant.
Pourquoi celui-là ?
Pourquoi ces femmes-là ?
Est-ce qu'elles sont d'accord,
ou est-ce que vous leur tordez un petit peu le bras ?
Parce que c'est le bon moment.
Pour d'autres raisons,
mais celle-là je vais répondre à votre question.
Pour d'autres, les vraies raisons,
c'est que c'est un,
comment vous dire, un vocabulaire
et une approchation d'avocate.
On a quelquefois ce qu'on appelle
des causes en or.
Ça veut dire qu'on sait
que tout va assez bien marcher
et que même si le procureur
de la République est notre ennemi
entre guillemets dans le procès,
ne va pas nous chercher
noises
pour quelque chose qui nous générait.
C'est-à-dire que même lui, vous présentez que même lui,
ne pourra pas vraiment accuser
ces femmes au-delà de la limite.
Exactement. Il va être un peu gêné,
il va être un peu pour d'ailleurs
parce que tout de même on est
intelligent dans notre pays
et on considère que tout ça c'est du passé.
On avait surtout
l'impression que
ceux qui n'étaient pas
a priori pour l'avortement
s'y sont ralliés parce que
ils ont dit
c'est comme ça. C'est comme ça dans le monde.
Il faut s'y faire.
Il faut pas qu'on soit un pays,
nous sommes un pays moderne
et tout ça. Et c'est comme ça
que c'est venu.
Et donc le procureur lui-même
a eu
des mots qui n'étaient pas
très clairs. On savait plus très bien
s'il voulait. Puis finalement il était
là pour requérir. Il faut qu'il fasse son boulot.
Donc il a dit
et il a dit une des peines de principe.
Voilà. Et ces deux femmes
vous les choisissez.
Cette fille et sa mère
et leur complice
qui ont été en rôle vraiment annexes
et dont on peut déjà sentir qu'on va droit
à la relaxe les concernants. Mais
vous les choisissez parce qu'elles sont sympathiques
parce que vous sentez qu'elles vont toucher
le cœur des Français ?
Il faut d'abord dire, je les ai pas choisis.
Elles étaient venues déjà inculpées.
Bon. Je me suis dit
la question que je me suis posée c'est
est-ce que je pourrais leur imposer
ce que j'appelais un procès politique
entre guillemets de l'avortement.
Car tout le monde ne peut pas
assumer ça. Assumer. Parce qu'il ne faut pas seulement
dire oui, j'ai avorté. Il faut l'expliquer
et il faut un certain niveau
de la défense. Et puis je ne me sentais pas
le droit de les emmener
là-dedans. Et donc je les ai
pas du tout choisis bien sûr
puisqu'elles étaient inculpées. Mais je les ai avertis.
Elles étaient d'accord. Je leur ai dit
voilà, commencez la défense. Il y a
la défense qu'on fait toujours.
Oui, j'ai avorté.
Mais monsieur le Président, j'ai déjà quatre enfants
je peux pas en avoir un cinquième.
Oui, j'ai avorté. Mon mari est chômeur.
Je ne trouve pas de travail, etc.
Ce qu'on plaide
d'ailleurs en circonstance atténuante
mais non pas en culpabilité.
Puisqu'on commence par dire oui j'ai avorté.
Moi le sceau
important je crois que vous voulez faire
c'est non seulement j'ai avorté
mais je le dis
et je le réclame comme un droit.
Donc c'est plus du tout
la même note. Et elles ont accepté.
Et je leur ai dit je vous préviens
ça peut être le maximum
parce que ça gasse les jus.
Ils sont là, ils vous disent écoutez c'est la loi
ça suffit, etc.
Elles ont tout dit on y va.
Elles n'étaient pas militantes. Pas du tout.
Elles le sont devenues après. Exactement.
C'était des brave femmes
qui avaient le sens de la justice, je vais dire
le sens inné.
Intuitif.
Voilà, mon corps m'appartient
comment il peut avoir une loi qui me met en prison
parce que je dispose de mon corps
il y en a même une qui est allée jusqu'à des fois
parce qu'il fallait avoir une conscience
pas politique mais historique
de la chose en disant
mais sinon je suis une esclave
parce que c'est vrai que quand votre corps
nous appartient plus vous êtes
l'esclave d'un maître.
Un point qu'on a un peu de mal à comprendre
pourquoi est-ce que Marie Claire et sa mère
ne disent pas pendant l'instruction
que Marie Claire a été violée
pourquoi est-ce qu'on découvre
qu'elle a été violée au procès
devant le tribunal pour enfants ?
Pour une raison très simple
qui tient à la procédure
il ne suffit pas que vous disiez
devant le juge d'instruction que vous êtes violée
pour qu'on le croit
il faut qu'à la passe partir de ce moment-là
vous avez le flot des questions
qui vous a violée
à quel moment
ou or elle était menacée par son violeur
Qui habité pas loin, qui habité en bas
Oui, qui habité à côté
qui lui a dit je te ferais ta fête
donc elle ne pouvait pas vraiment le dire
elle avait peur
et sa mère avait peur
pour sa fille
donc moi je le savais
fallait-il le dire comment
enfin c'était tout
le thème et la problématique
d'un procès
qu'est-ce qu'il fallait faire
mais en même temps il ne faut
je crois jamais oublier que ce procès
je le faisais bien sûr
comme tous les procès
ou l'acquittement
ou le meilleur résultat
mais je le faisais, j'avais senti
que c'était le moment
il y avait déjà des revendications
comme vous savez
il y avait les signatures des 343 femmes
célèbres entre guillemets
qui revendiquaient l'avortement
il y avait dans la population
un terrain très favorable
une écoute
je ne dis pas que à ce moment-là on aurait voté
comme ça le droit d'avortement
mais on était à l'écoute
est-ce qu'on est un vieux pays
est-ce que les femmes ont des droits
ou pas etc.
le fait qu'on ne sache pas
que Marie-Claire a été violée
au fond ça vous évite quand même de passer
par une case un peu facile
et qui n'était pas votre objet
qui consistait à dire
puisque c'est un viol on peut faire une exception
or ça n'était pas une exception que vous vouliez
exactement, exactement
je voulais que ce soit quelque chose
qui devienne la généralité
de la loi
et qui donc s'applique
à toutes les femmes qui n'ont pas
comme
des circonstances atténuantes
ça je n'en voulais pas parce que c'était facile
d'être
toutes les circonstances atténuantes
à ce moment-là on lui donne
50 fondament d'avec sur ci
je voulais faire admettre
que le droit d'avorter
ou de ne pas avorter
est un droit qui doit
être donné uniquement à la femme
et uniquement à la femme d'avorter
alors vous choisissez un axe
social qui est je pense assez en écho
avec l'époque on est
après 68 le discours
les riches les pauvres
n'était pas indispensable
pour porter cette cause-là
il résonne avec l'époque
non il résonne avec la réalité
au moment où nous d'avons cette affaire
il ne faut pas oublier comment Marie-Claire
avait avorté
il a fallu emprunter
elle a fait des hachecs sans provision
pour trouver une avorteuse
il a fallu qu'on fasse tout ce comité
pour la soutenir
ça n'était pas à ce point admis
c'était si je puis dire tolérer
dans certaines circonstances
mais pas admis
mais le côté riche contre les pauvres
est-ce que ça ne vous coupe pas stratégiquement
d'une partie de l'opinion
ça nous a pas coupé je vais vous dire pourquoi
au moment du procès
je crois que c'est Simone de Beauvoir
qui l'a fait valoir justement
elle l'a dit avec beaucoup d'intelligence
ce qui est sa marque de fabrique
elle l'a dit
effectivement
là il y a les circonstances
qui aident
mais moi-même je ne demande pas
de circonstances atténuantes
j'ai plaidé le droit de la femme
à disposer de son corps
je n'ai jamais dit
c'était la réalité des faits
on les mettait en avant
mais c'était pas au nom de cette réalité
c'était avant tout
faire entendre et faire admettre
que
le corps d'une femme
la disposition du corps des femmes
n'a partené ni à la loi
ni à l'homme
législateur
ni à l'homme géniteur
il n'a partené qu'à la femme elle-même
alors il y a la scène
assez extraordinaire
j'ai tenu à la garder
parce qu'elle rencontre d'une époque
de cet assemblée général de choisir
et du MLF
où vous proposez votre stratégie des grands témoins
y compris de grands témoins hommes
parce que la réalité de l'époque
et que les professeurs de médecine de l'époque
sont des hommes il faut faire avec
et où on vous dit non non non
t'as rien compris Gisèle
il faut des femmes et rien que des femmes
et pas besoin d'hommes et de femmes célèbres
ça dit quoi ça
de l'état du féminisme à l'époque
c'est vous qui aviez créé ce mouvement
il vous déborde un peu
pas tellement
parce que je vais vous dire par exemple
c'est amusant ce que vous dites
parce que je l'évoquais hier avec Régis de Bré
pourquoi Régis de Bré
parce que dans la salle
il y avait sa mère
bien plus âgée que moi
et que toutes les femmes qui étaient là
et qui est venue dire il faut le faire
donc c'est une chose
qui ne m'a pas débordé
ça a débordé un certain moment
quand il y a eu une assemblée
il y a eu une assemblée générale
des femmes pour ce procès
et il y a eu effectivement
je dois même dire
que j'ai été mise en minorité
mais ça dit quoi de ces femmes
qu'elles n'ont pas compris
qu'elles détestent les hommes
à ce moment là de leur histoire
non je crois pas
à faire ce procès
je crois qu'elles ont compris
si vous voulez c'est le maximum
le débordement du mon corps
m'appartient
c'est ça
mais c'est pas un radicalisme
non si mon corps m'appartient
je vois pas pourquoi un homme viendrait me dire
ce que je dois faire de mon corps
mais c'était pas du tout
quelque chose qui était tourné contre les hommes
c'était pour dire aux hommes ça
vous ne pouvez pas légiférer pour nous
parce que vous ne pouvez pas sentir
ce que nous nous sentions
au contraire c'était une manière
de rendre le droit
à l'avortement plus proche
des femmes
même qu'ils n'avortaient pas
et d'une certaine manière c'était tenté
et on y a réussi de rendre
cette question proche des hommes
puisque finalement ils sont venus
pour nous appuyer
les grands professeurs sont venus dire
qu'ils étaient pour l'avortement
selon vous de tous ces hommes
qui ont parlé et femmes
de tous ces grands témoins
que vous avez fait témoigner à ce procès
le président était
excédé par leur présence
il en avait marre
et vous le comprenez parce que c'est pas la logique
de la justice que d'entendre des sachants
oui absolument
il avait pas d'accord
il faut aller vite et aller au but
qui a été le plus
juste
que ça faisait mal
et qui a été au fond le plus efficace
le plus juste
à mon point de vue
de féministe Simone de Beauvoir
parce qu'elle est venue dire
mon corps et c'est ce que nous nous disons
le plus efficace
c'est le professeur Milleze
parce qu'il était catholique
catholique est contre l'avortement
pas seulement catholique
est contre l'avortement
et je dois dire que c'est
le professeur Milleze
grâce au professeur Mono
qui était mon voisin
nous étions très amis
lui il m'a dit
aller voir le professeur Milleze
et essayer mais je vous préviens
il est tout à fait opposé
et c'est pour ça je crois que je l'ai raconté
ça comment il m'a reçu
il m'a entendu tout ça
il m'a reçu le soir tard chez lui
j'ai ouvert mes dossiers
et j'ai été un peu
avoir son attitude comme ça
d'écoute formidable
parce qu'il y avait ça chez lui
il y avait cette dualité
et il m'a dit oui je comprends
en définitive non je peux pas
vous comprenez il m'a fait tout un discours
qui m'a un peu agacé
moi toute ma vie
j'ai défendu toujours
comme professeur dans les hôpitaux
j'ai défendu la vie
j'ai sauvé des femmes
qui avaient les reins abimés
justement
c'est un argument pour moi
d'un avortement clandestin
s'il avait été fait par un médecin
comme on le fait on peut le faire maintenant
il n'y aurait pas eu
cette femme complètement j'ai envie de dire abimé
donc
c'est un homme qui avait fait du chemin en fait
un chemin énorme
parce que jusqu'au bout
il m'a dit non
je peux pas
comprenez moi
ils ont des mêmes pardon mais je peux pas
alors bon j'ai compris qu'il n'y avait rien à faire
et il est venu
j'ai rangé tous mes dossiers et je suis parti
il m'a rattrapé quand j'avais
j'ouvrais la porte
de son appartement
pour aller prendre l'escalier
pour partir
il m'a vraiment attrapé
comme ça par mon manteau derrière
et il m'a dit non
écoutez non revenez
non je ne peux pas
de ne pas intervenir
venez je veux vous parler
et c'est là que
j'ai eu si je puis dire mon meilleur témoin
parce que lui il venait de là où venait
les juges probablement
et il avait fait un bout de chemin
non non il n'est plus loin
des opposants de ceux qui défilaient
qui nous vouaient au gémonie
etc oui
tout à coup et ça ça a été
la chose la plus importante
je me souviens des journaux de l'époque
je crois qu'à l'époque
il y avait
paris soir ou quelque chose comme ça
un journal du soir en tout cas
il y avait 5 colonnes à la une
sur le professeur
qui disait
il soutient le procès
il soutient Marie Claire
et ça ça a été formidable
alors il y a des combats politiques
dans cette affaire
il y a un combat politique
mais il y a aussi quand même
à l'époque je sais
d'expérience que la mise en avant
de soi n'était pas
votre affaire
vous étiez militante, vous étiez avocate
mais vous-même vous ne vous metiez pas
en avant mais ce qu'aujourd'hui
le temps ayant passé
vous admettriez que
c'était aussi une affaire de vous
je ne sais pas comment vous le dites
je dirais oui
parce que c'est une histoire que j'ai vécu
moi-même
l'avortement
oui oui un avortement
avec émoragerie et tout ça
donc moi je l'ai vécu
dans mon pays d'origine
en Tunisie et j'ai senti
à quel point c'était
désespérance
c'est le moment où j'ai senti
que je comprenais très bien
que les femmes qui n'étaient pas aidées
qui ne pouvaient pas
faire un avortement dans les bonnes conditions
choisissent quelquefois
de se mourir, de se suicider
de se laisser aller aux émorageries
tout ça
c'est très difficile à exprimer
vous savez même à votre micro
mais est-ce que
à un moment donné
vous vous dites
sur ce coup-là
j'ai un destin
personnel
non parce que je l'avais excusez-moi
mais je l'avais avant
c'est arrivé à 7 ans
pour l'indépendance
des pays colonisés
par la France
c'était honteux qu'on ne pouvait pas être français
faire ça alors mes parents me disaient
de quoi tu te mêles bon c'est vrai
mais pas ça mais ils étaient
pour la légalité
pour le président de la République
et tout ça
pas de concession reçue
de Gisèle Alimi
une sorte d'aventure personnelle
mais non pas du tout
c'est une aventure
à d'autres niveaux
à d'autres plans
pour d'autres objets j'avais vécu
j'étais quelquefois je me disais
mon père me disait
que j'ai agacé d'ailleurs
il me disait tu n'as que ce mot-là la bouche
c'est injuste c'est injuste
pour moi j'ai eu un réflexe
qui était pas du tout d'embrasser
tout ce que j'ai fait par la suite
mais le sens de la justice
et il m'est venu je dis de l'éducation
c'est à dire on disait
que mon frère, mes frères
j'en avais deux, pouvaient tout faire
parce que mon père et ma mère surtout
disaient c'est des garçons
et que moi je n'avais le droit
ni de sortir ni de choisir mes études
et tout ça
donc j'ai une éducation extrêmement contraignante
mais contraignante très précise
dans ce sens
homme-femme
donc si vous voulez tout ça
je voulais me convaincre
qu'on pouvait arriver malgré cette éducation
à avancer
et à faire avancer
sauf si je...
donc c'est à la fois nourri de votre éducation
et construit contre votre éducation
oui c'était construit contre
beaucoup
oui nourri, oui parce que
nourri c'était la révolte
construit contre c'était mon engagement
c'était le patriarcat
c'était un patriarcat tout le temps l'absolu
ma mère on la mariait à 16 ans
elle connaissait pas mon père
heureusement que mon père était un type épatant
et très beau d'ailleurs
que j'ai beaucoup aimé
donc elle a eu de la chance
mais c'était comme ça, elle l'avait jamais vu avant
donc pardon mais c'est une histoire personnelle
aussi
peut-être mais alors il faut se poser la question
si j'avais pas eu ça
est-ce que je l'aurais fait, je crois que je l'aurais fait quand même
vous voudriez croire
oui
aujourd'hui 50 ans après
oui déjà
si vous en aviez la force
contre quoi est-ce que
vous élèverez
aujourd'hui
pourquoi vous reprendriez la robe
reprendre la robe je ne sais pas
ça c'est autre chose mais
contre quoi mais moi je me battrais contre
enfin c'est toujours la même
la même bataille
qui n'a jamais été gagnée
et sera-t-elle gagnée un jour
c'est qu'on a changé les lois
mais que les mentalités résistent
on continue de dire
je vous envoie quelqu'un je vous préviens
c'est une femme mais
mais elle est intelligente
mais ça
ça me fait bon dire mais je vous assure
que c'est comme ça encore aujourd'hui
et si c'était inextinguible
si c'était
irréversible
si c'était l'héritage que nous avions des animaux
que le mal d'homile la femelle
non mais moi je considère
que
l'héritage que nous avons des animaux
nous sommes bien au-dessus
puisque nous sommes des êtres pensants
et que les amis haut ne le sont pas
et si c'était ça
nous devrions nous faire la preuve
que d'une époque justement
elle a considéré
elle a apporté comme
dépassé comme révolu
ce que vous venez de dire
il ne vous est jamais venu un esprit
qu'au fond le patriarcat
le machisme
était quelque chose
de presque
insoluble dans la société humaine
non
ça je dirais non seulement
j'ajouterais ça ne m'est venu jamais à l'esprit
mais ce qui m'est toujours
ce que j'ai toujours eu à l'esprit
c'est que
ce matriarcat c'est injustice
et
est une profonde
comment dirais-je
hors du temps
hors du temps surtout aujourd'hui
on parle d'aujourd'hui
d'aujourd'hui je ne vois pas
en quoi un homme est supérieur
à une femme il faudrait que vous me disiez
alors la force physique on s'en fout
bon
force physique vous prenez un balai etc
et puis il a une éponge dans la tête
ça n'avance pas bien la société
donc
en quoi un homme aujourd'hui
serait supérieur
il n'est pas supérieur
mais le malheur veut que la société
ça se sont les ancrages
de la société
que la société a gardé comme ça des scories
des idées qu'on n'ose pas
exprimer comme je vous le dis
mais qu'on a dans la tête
quand on vous dit oui elle est très bien
mais c'est une femme ça veut dire quoi
ça veut dire quoi
méfiez-vous
elle va vous faire un coup
elle est pas solide ça veut dire quoi
en moi je dois vous dire
j'ai employé à mon cabinet
ça fait plus de 50 ans que je suis avocate
et que je continue de l'être
donc j'ai employé à mon cabinet
à peu près autant
de jeunes avocats
que de jeunes avocats
alors je vais pas jusqu'à vous dire
que les avocats étaient plus intelligents
tout plus fort non
mais il y a une écoute
si vous voulez au départ
et c'est ça je vais dire le malheur masculin
le malheur masculin
c'est qu'il arrive au départ
dans sa vie tout de suite
c'est un homme
et comme c'est un homme
déjà il est plus haut
avant qu'il ait rien fait
je dirais presque en naissant
moi je sais très bien
j'ai mis trois garçons au monde
je sais très bien comment chaque fois
moi je faisais oh parce que je voulais une fille
au moins une fille
et qu'autour de moi on me disait
elle a trois garçons
enfin voilà
donc il naît avec
cet héritage séculaire
donc la femme elle doit
déjà être confrontée
à ça
elle doit déjà l'analyser bien
elle doit déjà le dépasser
pour elle-même
et elle doit le combattre
mais le combattre pas avec un couteau
d'une mitraillette
mais le combattre avec sa sensibilité
avec son expérience
avec je dirais pas
je ne veux pas tellement d'indulgence
voilà je dirais
parce que je pense que
vouloir de l'indulgence pour faire comprendre ça aux hommes
ce serait admettre qu'il soit
qu'il soit idiot
est-ce qu'elle aurait été belle
et excitante votre vie
est-ce que ça aurait été une belle vie
magnifique je dis souvent
à Sandrine
qui est ma fidèle secrétaire depuis longtemps
plus j'ai réfléchi
et plus je me dis j'aurais jamais voulu avoir
une autre vie
jamais parce que j'ai été
comblé dans ce que je voulais
comme combat
j'ai été comblé en amour
ça compte aussi parce que on vous dit tellement
ah les femmes qui font quelque chose
les hommes s'en détachent
ils n'aiment pas ça
je dirais moi je peux témoigner que c'est l'inverse
les femmes qui font quelque chose elles existent
elles existent
elles sont une interlocutrice pour vous
elles sont une interlocutrice
elles peuvent vous aider
elles peuvent aller dans votre sens
ou vous dire que vous faites fausse route
donc je dirais l'inverse
donc pour moi j'ai qu'est-ce que j'aurais voulu
avoir une autre vie en plus
merci Giselle Alimi
Sous-titres par la communauté d'Amara.org
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
L’histoire de Marie-Claire Chevalier, 17 ans en 1972, qui avorte après un viol et se retrouve devant le tribunal de Bobigny. L’histoire d’un combat, celui de l’avocate Gisèle Halimi, pour la légalisation de l’avortement.