La source: Le phénomène Paul-Loup Sulitzer
Radio France 9/26/23 - Episode Page - 48m - PDF Transcript
François Sainterre
Aujourd'hui, droit à faire sensible, cap sur les A des 80 et sur le phénomène Paul Loup-Sulisère.
Un homme que le Financial Times compare à la Polléon et que le magazine Fortune qualifie de prophète des profils.
En somme, un homme affaire brillant, admiré, qui écrit également
et qui inaugure un nouveau genre, le western financier.
Immédiatement, ces livres deviennent bestsellers.
On parle alors de 40 millions d'exemplaires vendus dans le monde entier, parfois de 60 millions.
À vrai dire, on ne parvient plus à compter.
Ces trois premiers titres, monnaies, caches et fortunes.
D'autres programmes qui étonnent aujourd'hui, mais qui épousent bien l'esprit de l'époque.
Celui d'une France qui traverse une crise inédite, la fin d'être en glorieuse et qui prend de plein fouet le tournant de la rigueur.
Une France socialiste devenue schizophrène, où tout s'achète, tout se vend et où tout se montre ostensiblement.
Alors, comment en est-on arrivé là ?
Comment est-on passé de l'ère de 68 à celle du marketing ?
Et quel est le parcours de cet écrivain clivant qu'on accuse ici et là d'être un imposteur ?
Notre invité aujourd'hui, Thierry Gandillon, ancien grand reporter au Nouvelle-Ox, à l'Express, puis à Chalange.
Il a bien connu ces années-là.
Affaire sensible, une émission de France Inter, récit documentaire Sophie Baubert, coordination franco-gnard,
chargé de programme Rébecca Donante, réalisation Stéphane Cohn.
Fabrice Drouel, Affaire sensible, sur France Inter.
Huit ans d'enquête, des milliers de pages de procédures, 42 prévenus, pas moins,
il va falloir 5 mois de procès pour éclaircir les responsabilités de chacun dans l'affaire de Langola Gates.
Le rappel des faits avec vous, Christian Bittner.
C'est une histoire éminemment politique.
La preuve tout commence par une plainte du ministère de la Défense de l'époque, Alain Richard, gouvernement Jospin,
pour trafic d'armes.
Et l'affaire est juteuse, 790 millions de dollars, de chars, d'hélicoptères, de Kalashnikov, etc.
Et grâce, selon l'accusation toujours, au bon office d'un certain nombre d'intermédiaires français,
moyennant d'importantes commissions. Affaire éminemment politique.
Affaire politique au casting impressionnant,
la liste est longue, Charles Pasquois, Jacques Attali, Jean-Charles Marquiani, Jean-Christophe Mitterrand,
ou encore Paul Loup-Sulitzer.
Octobre 2008, les journalistes sont nombreux devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il faut dire que l'affaire est exonante.
Elle mêle corruption, diplomatie parallèle et vente d'armes provenant de Russie.
Le tout, à hauteur de 790 millions de dollars.
À quoi s'ajoutent des sous-sons de financement occulte de partis politiques
sur fonds de relations franco-africaines.
Une enquête tentaculaire, menée par le juge courroi, qui pose la question,
jusqu'où l'élite française est-elle impliquée ?
Car l'affaire révèle de nombreux intermédiaires au nom prestigieux,
Jean-Christophe Mitterrand, Jacques Attali, Charles Pasquois, mais aussi Paul Loup-Sulitzer.
Solicité pour son réseau et pour sa connaissance des paradis fiscaux,
il ne comprend pas la sénitité de la justice à son encontre.
Même si l'admets, je le cite, avoir mis la main dans le pôle miel,
un pôle miel à 150 000 euros.
Le voilà donc, mis en examen pour recel d'habit de confiance,
recel d'habit de bien-socio et trafic d'influence.
Bien, mais que vient faire Paul Loup-Sulitzer dans cette affaire ?
Homme d'affaires, certes, mais surtout connu pour être l'écrivain star des années 80.
Une star, violemment conspuée dans le milieu des intellectuels.
Comment comprendre ?
C'est que Paul Loup-Sulitzer est un vrai symptôme de cette France des années 80,
à la fois socialiste et obsédé par l'argent facile, souvenez-vous.
Monsieur Bonsoir, conseil des ministres exceptionnels,
aujourd'hui à l'Elysée, le porte-parole du gouvernement
vient à l'instant d'en révéler la teneur.
Le gouvernement a arrêté une série de mesures d'urgence
destinées à enrayer la gravation des déficits des dépenses publiques
à commencer par la sécurité sociale.
Les retraites, leur montant, sera réduit de 20 à 70 % selon les catégories.
L'indemnisation des chômeurs sera diminuée de 20 %.
D'autres mesures seront annoncées demain,
mais déjà, ces décisions du gouvernement
apparaissent évidemment comme un événement politique et économique majeur.
Rien n'avait filtré de leur préparation,
même si la gravation de la conjoncture en explique l'urgence.
Nous sommes en février 1984.
Et en moins de deux minutes,
Christy Locrent ravage le moral de 20 millions de téléspectateurs
en annonçant une puissante réduction de leur prestation sociale.
Sauf que cette annonce est une fiction,
un fake, comme on dirait aujourd'hui,
au service d'une émission d'un genre inédit baptisé vive la crise.
Et soudain, c'est Yvon Montan qui apparaît l'écran.
Acteur solide, anciennement communiste,
adulé par les Français, c'est lui qui, ce soir-là,
se charge de faire l'aleçon.
Durant une heure et demi,
il exhorte ses compatriotes à ne plus se laisser porter par l'état-providence,
mais à se tourner vers l'initiative individuelle,
en somme, à goûter aux fruits du libéralisme.
Inédite l'émission Cider et fait un tabac.
Il faut dire qu'elle est produite par Pascal Brognon,
la créatrice de Jim Tonic,
l'émission culte de Véronique et Davina,
deux corps qui se trimoussent à la télé
en voivre Bernard Tapie, qui vient exhiber le sien qu'il croyait si beau.
Mais Pascal Brognon est une femme qui a du fleur pour saisir l'ère du temps,
ainsi que les opportunités médiatiques fustelles vulgaires.
En ce début 1984, elle sent bien que la France s'interroge,
car après trois ans, au pouvoir et trois remaniments,
le gouvernement Mont-Roy est en difficulté.
Le déficit budgétaire se creuse, le franc est dévalué à trois reprises,
et les capitaux ont fui les pays.
Alors, que faire ?
Eh bien transformer la crise en nôbène.
Il n'y a plus d'argent ?
Ou aux citoyens de se remonter les manches pour ancrer ?
Diffuser sur le service public, avec l'accord du gouvernement,
l'idée est donc de rendre cette crise excitante,
et de transformer le France et moyen en un champion des temps modernes.
Ce qui est possible, bien sûr,
puisque Yves Mont-Roy le dit.
Voyez-vous, je ne sais si nous vous avons convaincu,
mais moi, je retire une idée de tout ça.
C'est que finalement, tout ce qu'on peut dire, tout ce qu'on peut faire,
c'est vous, et vous seuls qui trouverez la solution.
Il n'y a pas de sauveur suprême, il n'y a pas de supercaïbes,
il n'y a pas de superman.
C'est vous, prenez-vous par la main, sachez ce que vous voulez,
demandez-le, voyez ce qu'on peut faire, et avancez.
Alors, on aura la crise,
ou on sortira de la crise, et dans les deux cas, on aura ce qu'on mérite.
Voilà, excusez-moi d'être un peu comme ça, mais on arrive à la fin.
Bonsoir, et à bientôt.
En somme, à chacun de se débrouiller pour ne pas sombrer dans la précarité,
c'est la loi du plus fort.
Pourquoi pas pour s'enrichir ?
Alors, faut-il investir dans la bourse ou dans l'immobilier ?
Et comment éviter la faillite ?
Les Français sont aux abois.
Comme il semble loin le temps, François Mitterrand fut stigé,
l'argent qui corrompt, qui achète, qui écrase,
l'argent qui pourrit tout, jusque dans la conscience des hommes.
La vérité peut parfois s'incliner devant l'air du temps.
C'est de vérité.
Elle était exposée en 1971 par François Mitterrand lors du Congrès d'Épinée,
une critique du capitalisme réitérée en 1976 sortée à fin.
J'ai une certaine défiance à l'égard de l'argent.
C'est vrai qu'il en faut, et qu'il serait typocrite de prétendre
qu'on devrait contraindre tout le monde à un point à voir, par assaises,
l'argent qu'auront.
En tout cas, l'accumulation de l'argent, le goût de la possession qui s'accroît toujours,
tout cela me paraît très redoutable et finalement très méprisable.
Le siècle que nous vivons, qui a fait de l'usure et de l'intérêt de l'argent,
le dieu moderne, est une société perdue.
Le goût où il modérait la capitalisation de l'argent est finalement
une des causes de la destruction de toutes les valeurs profondes
qui font que l'homme peut aller vers le progrès.
Et là, en 1984, l'état de grâce est terminé.
L'argent ne corrompt plus, il s'ouvre.
Étrange tournant qui désormais porte un nom, le tournant de la rigueur.
Interrogé par le journal Libération 2006, le sociologue François Cussé affirme
la mort des idologies et l'idéologie des années 80.
C'est-à-dire que Souda, les anciens 68, se reconvertissent dans les valeurs libérales
qui deviennent un contournable et même un mot à la mode.
Mais, ont-ils le choix ?
Le PC ne désigne plus le parti communiste mais l'ordinateur.
L'époque prôde les clips, la aerobique, la libération des corps et les épaules carrées.
Et c'est sans compter avec Jacques Lang qui lui multiplie les fêtes,
histoire de faire oublier le chômage, le sida et les sœurs de Jean-Marie Le Pen.
Alors va pour la fête !
C'est ainsi qu'une sorte de consentement joyeux et cynique au père
comme le raconte un chiffre dans l'Express le 5 janvier 1995.
S'il faut esquisser le portrait de l'homme nouveau des années 80,
nous dirons qu'il veut de l'espace.
Un dada des années tonton.
Rien n'est à sa taille.
Ils flottent dans ses lestons, habitent des loftes monstrueux,
fréquentes des boîtes gigantesques,
applaudit au chaud pharaonique de Jean-Paul Goud et de Jean-Michel Jarre.
De leur côté, les gens sérieux ne convoquent plus des réunions,
mais s'il vous plaît, des étages généraux.
Ils prennent le TGV.
Il y a une folie des grandeurs dans cette époque.
Une folie des grandeurs tant qu'on garde des manières intellectuelles, ça passe.
Enfin, pas chez tout le monde.
Une expression n'est alors pour désigner ce pan de la gauche
qui flotte avec les signes ostentatoires de richesse, la gauche caviar.
Le terme, entre même à l'Assemblée,
lorsqu'en février 1982, un député UDF s'écrit,
la gauche caviar, cela existe.
Et ceux qui apprennent à jouer l'international sur un piano à queue,
ils existent aussi.
Le terme fait floresse tant il illustre la schizophrénie
ou la tartufferie des intellectuels face à l'argent.
Et enfin, comment résister à cette ère du temps
qui exige de réussir à tout prix et qui impose de nouveaux décors ?
Par exemple, les couleurs crépusculaires façon dernier tango à Paris
laissent place au noir et blanc désigné par André Poutman,
puis aux couleurs fluo,
dans le livre Nos années 80,
qui accompagne l'exposition Exé, Mode et Underground
dans les années 80,
cette décennie qualifiée de créatives, kitsch et traumatisantes.
En fait, tellement paradoxale.
S'il est un homme qui illustre parfaitement la vulgarité de cette époque,
c'est Bernard Tapie, le cynisme en bandoulière
jusqu'à se positionner comme un homme de gauche,
un soutien de socialiste jusqu'à devenir ministre de France Amiterrand
avant d'en faire un tour en prison.
Mais il en est un autre, un homme qui est un homme de gauche,
mais il en est un autre,
un homme qui force la porte du milieu littéraire
en y introduisant la notion de l'argent.
Cet homme est en rond, jovial,
il accepte toutes les invitations.
Son nom, Paul Lou Célisair.
Sa première apparition dans les médias remonte à 1968 au micro de France Inter.
Cette semaine, c'est avec le plus jeune président directeur général de France
que nous avons rendez-vous.
Son nom, Paul Lou Carl Célisair.
Votre originalité, c'est vraiment une carrière extraordinaire.
Vous êtes le plus jeune PDG français,
et vous avez seulement 22 ans.
PDG à 22 ans.
Waouh, voilà qui impressionne.
C'est que le jeune homme a de l'audace
et une sérieuse revanche à prendre.
Son enfance dorée s'était fondrée après la mort de son père
qui avait bâti un empire, les remords que titans.
La famille est alors spoliée dans des conditions suspectes.
En tout cas, un vrai traumatisme.
Alors, à 16 ans,
voilà qu'il quitte l'école pour, à son tour,
fonder un royaume.
Il s'improvise chef de chantier,
conduit des camions en Israël avant de passer en Angleterre
où il découvre la mode des gadgets made in China.
Nous sommes en 1964
et la folie pour les porte-clés est nue.
Et c'est lui qui le premier les importe d'Asie.
Le succès est tel qu'on lui donne même un nom.
La Paucléphilly
est que le journal François publit une bourse aux porte-clés
dans une rubrique intitulée Le coin des collectionneurs.
Et bientôt, voilà que la Paucléphilly s'élargit à la gadgetomanie.
Celui-là a déjà des goûts de luxe.
En 68, il offre un cheval de course à la comédienne
Lynn Chardonnay qu'il va épouser.
Et derrière ses succès,
pointe déjà à l'envie d'aller plus loin.
J'écris les pièces et puis je fais des nouvelles.
Il y en a déjà qui ont été publiées sous un pseudonyme aux États-Unis.
Et pourquoi ne voulez-vous pas vous faire publier ?
Parce que vous savez, je fais des affaires.
Les gens, vous savez,
un homme qui fait des affaires,
qui en plus écrit,
l'homme orchestre, je vois déjà ça.
Alors qu'est-ce que vous voulez faire de plus extraordinaire ?
Parce que déjà en trois ans, ce n'est pas mal.
Non, mais ça, si vous voulez...
Je veux arriver à faire une réussite,
si vous voulez qu'il soit aussi dans un domaine
peut-être plus public, plus artistique,
puisque j'ai choisi des domaines là.
Pour l'instant, j'ai fait une réussite dans un petit domaine.
Bon, d'accord, c'est peut-être parce que je suis jeune.
Mais j'espère que si je dois faire une réussite,
si vous voulez qu'il soit de participer à mon époque.
Participer à son époque,
il veut qu'il va exaucer au-delà de ses espérances.
Car les Galgettes, ils passent à l'immobilier
puis à la Bourse.
Ils voyagent à New York, Berlin, Pékin, en Somme,
partout là où l'argent est roi.
Ce leader se ferait un chemin
au sein de ce qu'on appelle alors la finance internationale.
Et c'est aussi un menteur.
Sinon, on en croit, en tout cas,
cette scène vécue et rapportée par l'éditeur
Philippe Scali en 1978,
raconté dans Le Jour de l'Allemande, le 5 juillet 2001.
Il m'avait invité à déjeuner chez lui,
à venir Raphaël dans le 16e,
assis de part et d'autre d'une grande table
et servi par un majeur d'hommes,
nous discutons, lorsque soudain,
la sonnerie du téléphone retentit.
Il prend et je l'entends répondre,
énerver, écouterai bon.
Je n'ai vraiment pas le temps,
je suis à table, rappelle-moi.
Là, il raccroche et me lâche,
c'était rémon barre.
Je suis son conseiller financier.
Je me suis dit, où c'est vrai
et c'est incroyable, où ce n'est pas vrai
et c'est encore plus fort.
Des années plus tard, il m'a avoué
qu'il n'avait jamais conseillé rémon barre.
Précisons que le rémon barre est alors
et à l'époque, premier ministre,
nous sommes en 1978.
Au même moment, deux journalistes de Paris Match,
Agathe Godard et François Pédron
contactent celui de Zaire pour lui consacrer
un chapitre de leurs nouveaux livres,
titres, accrocheurs, l'argent fait le bonheur.
Là, nous sommes en 1979
et cette publication a changé la vie
du businessman.
Car à Paris, dans le quartier des éditeurs,
un homme vient de lire ce livre.
Il s'appelle Albert Blanchard,
il dirige les éditions de Noël
et immédiatement, il flair le bon filon.
Alors, il téléphone à ce lisaire
pour lui proposer de publier ses mémoires.
Or, ce dernier refuse.
Non, trop jeune.
Bon, Blanchard insiste et une idée surgit.
Ce lisaire lui dit,
mon métier m'a permis de côtoyer un monde
passionnant, qui est celui de la finance internationale.
C'est là que se trouvent
les derniers aventuriers, les nouveaux Marco Polo.
Il y a des centaines d'histoires
à raconter que le public y dort.
Je suis sûr que ça peut le fasciner.
Feu vert de Blanchard,
avec qui l'aventure éditoriale commence,
accompagné d'un avaloire de 20 000 francs.
Les trois premiers livres,
Monnaie, Cache et Fortune,
paraissent en 80, 81 et 82.
Un rythme étonnamment rapide
pour des romans de 400 pages.
Mais pas importe.
Puisqu'immédiatement, ces trois livres
font une entrée remarquée dans le Librairie.
Conçu comme des polards à la James Bond,
saupoudrés de vulgarisation économique,
ils inaugurent un nouveau genre,
le western financier.
C'est peu dire qu'en ces années où la France
est obsédée par l'argent, les ventes vont décoller.
...
...
...
...
...
...
Aujourd'hui, Paul Lousson isère.
...
France inter,
affaire sensible.
...
Vous pouvez vous demander quand même avant de partir
dans l'alchimie d'un succès.
Je crois qu'il y a les trois As,
mais vous me direz qu'elle est le dosage.
Il y a amour, aventure et argent.
C'est ce qui est souvent le cas dans vos romans, non ?
Je veux dire, dans l'alchimie d'un succès,
il y a d'abord le public parce que personne ne peut forcer
500 000 Français,
c'est la moyenne de votre tirage.
Oui, mais je dois dire que je crois que c'est le public
qui fait un bestiaire.
C'est-à-dire que si le public ne s'ennuie pas
à acheter un livre et content,
à passer un bon moment, à apprendre quelque chose,
effectivement avec les trois, mais finalement les trois,
c'est ce qui intéresse tout le monde,
l'amour, l'argent, la passion.
C'est-à-dire que ça intéresse tout le monde,
même ceux qui s'en défendent.
En conséquence, je crois que
il y a là, l'ingrédient du succès,
c'est d'abord de faire un livre qui intéresse
et qui fait que lorsqu'on ouvre la première page
et qu'on ferme la dernière, on dit
ah bah c'est déjà fini.
Je crois que c'est ce qui fait le succès d'un film,
c'est ce qui fait le succès d'un roman.
Nous sommes au 10 avril 1985,
Paul Le Sous-Lizère a pris de l'avance
et pour cause, ses livres sont en tête de toutes les ventes.
Radio, télé, presse et vitrique,
partout s'affiche son allure de notaires,
tout droit sorti d'un roman de Balzac.
On le voit dans son appartement du 16e,
ou à Manhattan, filmant de gros cigars
côtoyant les plus belles femmes
lorsque ce ne sont pas des clichés de lui
souriant dans une piscine de dollars.
L'homme ne s'en cache pas,
il est avant tout un homme d'affaires
pour qui l'attlage pub livre
n'est pas contre nature.
Ainsi, liens-t-il l'idée de signer un contrat avec Martinie
qui en échange d'un chèque de 80 000 francs
l'invite à rendre le héros de son livre
accro à cet alcool.
Autre idée de génie solente et trébuchante
distribue gratuitement les 30 premières pages
de son nouveau livre
Le roi vert dans le métro de New York.
Ravi, les passagers le lisent
avant de se ruer en librairie
pour connaître la suite.
Et acheter donc.
Il n'y a pas qu'en France aux Etats-Unis
que le roi vert fascine.
En URSS également, mais oui,
le président de l'Empire soviétique
sous Lizar personnellement.
En Roumanie, Ceausescu,
lui remet la médaille Staline.
On mange à tous les retoliers.
Anastar de Bernard Tapie,
Paulou sous Lizar semble incontournable.
Chaque année, à la manière du Beaujolais,
il réapparaît avec un nouveau livre
sans compter les produits dérivés.
Ici, le stylo sous Lizar.
Là, les jeux de société,
l'agenda sous Lizar,
et même la pétanque sous Lizar.
Des méthodes diablement efficaces
et dérangeantes.
Insidieusement, on le jalouse
et souvent, on le déteste
chez les artistes, notamment.
Où l'argent a toujours eu
un goût douteux, sauf quand on en a.
Mais, publiquement, le fric
est moralement répréhensible.
Il est d'opposture difficile à tenir
car l'époque a changé.
Yves Montant lui-même l'a expliqué,
alors on tente de rester subtil, nuancé.
Car au pays des Lumières,
l'artiste jouit d'un statut à part, quasi sacré.
Raison pour laquelle on crie au sacrilège
devant cet homme présenté dans le hous
ou comme l'écrivain et homme d'affaires.
Quelle scandale !
A-t-on déjà ouvert un de ces livres ?
Raremment.
A l'instar de Jerome Garcin, qui avoue,
j'ai dû lire quelques lignes autrefois
et ça m'a suffi. Je n'en pense rien.
Seulement, voilà. Le grand public
Vélère, celui de Zerre.
En 1986, d'après un sondage
saufresse Françoise Irlemonde,
le voilà classé cinquième au rang des
écrivains les plus importants du XXe siècle.
Derrière Sartre et Camus, certes,
et ouf, mais devant Paignol et Malraux,
biga.
Vendredi 3 mai 1987,
Jacques Chancel l'invite
en direct dans son émission quotidien plurielle.
Après s'être attaqué
à son appétence pour l'argent,
voilà qu'il le pousse à se confier sur un étrange
pressentiment.
Je ne dirais pas que j'ai peur, mais je sens
de toute façon, je sens très nettement
que... Vous sentez quoi ?
Bon, on m'a pardonné un best-seller,
de best-seller, je veux dire ce que je sens.
Je sens qu'il y a des gens qui s'énerve,
qui ne sont pas très contents, qui sont jaloux,
mais je crois qu'il faut être blindé,
et je crois que toute personne dans chaque domaine
qui a un succès, entre guillemets,
a ces genres de problèmes, il vaut mieux
faire envie que pitié. Mais vous ne pouviez pas le prévoir, Paul de
celui de Zerre ? Non, ce succès.
J'en dirais votre frère, je voudrais savoir ce que vous pensez
d'un livre comme celui-là, ou d'une aventure
comme celle de Paul de celui de Zerre ?
Il est exemplaire, je veux dire, qu'est-ce que vous les condise d'autre ?
Il se vient d'arranger pour qu'il soit exemplaire,
et même il se plaint d'être incompris, il est quand même
un luxe, et je crois pas qu'il soit si jalouse
que ça, je crois que là,
il s'autoflate. Il aimerait,
il aimerait, il aimerait. Il a le goût du martyre.
C'est-à-dire qu'il a la marre,
que l'on puisse dire, et en plus
c'est un brave type. Voilà, et en plus
il est agréable à connaître, agréable à rencontrer,
et charmant, et voilà. Alors ça,
ça le déprime. C'est vrai, non, avouez-le
que ça vous déprime. Mais non, mais
ça me déprime quand même quand on vous bâte un tout petit peu.
Non, mais je me rends compte que les gens...
Vous va trop bien, ça me dit pas ça. Non, non, non.
Plus dur sera la chute. Non, mais ne croyez pas ça,
parce que je veux dire, plus dur sera la chute, peut-être.
Ça, ça reste à prouver.
Voilà des années que la sphère intellectuelle
rêve de voir celui Zerre chuter.
Eh bien, douze jours plus tard,
le piège se referme.
Nous sommes le vendredi 15 mai 1987
sur le plateau d'Apostrof,
la plus importante émission littéraire de l'époque.
Une messe, d'ailleurs, selon certains.
Eh bien, puis vous, on serait le grand prêtre.
Il est un peu plus de 22 heures.
L'émission s'achève.
Lorsque soudain, le présentateur
lâche sa bombe.
La joie signalée que Lou Durand a écrit le texte
un autre roman qui vient de paraître
cette semaine. La femme pressée
de celui Zerre.
Excusez-moi, ben n'appuyez-vous jamais écrit le texte
lignes ? Oui. Vous êtes sûr ?
Absolument certain. Bon, ben écoutez,
il faut la belle délégation, mais moi je maintiens
ce que j'affirme, publiez l'édition stock
et l'édition numéro. Non, non, non, non, aucun cas.
Je ne sais pas les suites que c'est
le Zerre, le Zerre, le Zerre, le Zerre,
c'est pas grave.
25 secondes.
C'est le temps qu'il faut à Bernard Pivot
pour bouleverser l'avis de Paul Lousselizerre.
Un lapouse d'autant si rapide
que l'était les spectateurs
n'ont pas le temps de saisir de quoi il s'agit
Or, les protagonistes, eux, l'ont très bien compris.
Et en premier lieu,
un certain Loup Durand
présent sur le plateau pour défendre son livre
d'Adi. C'est à lui que Pivot s'adresse
en lui signifiant que le véritable auteur
des livres de Solizerre, c'est lui.
Loup Durand, dément, bien sûr,
mais c'est trop tard. La vérité
vient déclater.
Solizerre n'est pas un auteur, c'est un imposteur.
Et Loup Durand
et son nègre, comme on qualifie
à l'époque que les auteurs cachaient.
Solizerre est effondré.
Comme le raconte son éditeur Philippe Scalli
il a répété « Je suis cuit, ma carrière est foutue.
Personne ne me le pardonnera.
Il a fallu des jours
pour calmer le pauvre homme.
Puis il a trouvé la parade.
Comment ? En assumant.
Et en publiant 8 jours plus tard,
Paris Marche, la liste de ses 38 collaborateurs
ont accompagné de ses explications.
Je suis un metteur en livre,
comme d'autres sont des metteurs en scène.
Je travaille à l'américaine.
Et la Yatola Pivot s'est comportée avec moi
comme un commerçant de petites zones.
Quant à Loup Durand, c'est mon ami.
Quand je l'ai connu, il gagnait le smic.
Il avait un talent fou, mais il ne vendait pas beaucoup de livres.
Alors je me suis associé
avec lui et il s'y met à gagner un fric fou.
Le fric.
Encore et toujours.
Comme seule philosophie.
Alors,
quelques jours plus tard,
le magazine Lire publie en une ce titre.
La vérité sur le système
pour le solidaire.
Un dossier à charge sur 10 pages.
Cette fois,
c'est son directeur Pierre Asseline qui accuse
et qui enfouce le clou au micro de François Gonnais
sur France Inter.
Vous êtes très durs dans cette enquête.
Solidaire dit être le seul auteur de ces livres.
C'est faux. Solidaire dit connaître
Loup Durand depuis 15 ans.
C'est une décente en flammes.
C'est pas une décente en flammes.
Là, vous lisez le communiquer.
Mais l'enquête elle-même est une enquête d'investigation
très paisible, très sereine.
Ce n'est pas un brûlot.
Disons que depuis trois semaines, Solidaire
a multiplié les déclarations dans la presse,
à la radio qui a fait monter un petit peloton
et qui est devenu extrêmement polémique.
Mais quand on lit l'enquête,
on s'aperçoit qu'elle est tout à fait sereine.
Je serais pour dire plutôt que Solidaire
est un homme qui vend ses livres.
C'est un homme de relations publiques, c'est un homme de médias.
Ces livres, ce sont des produits. Ce ne sont pas des livres.
Au sens où nous, on l'entend.
A l'évidence, le mépris
qui prouve Pierre Asseline est immense.
Les livres de Paul Loup Solidaire ne sont pas
des livres au sens où nous, nous l'entendons.
Non, ce sont des produits, dit-il.
façon de bien séparer les écrivains des afferistes.
Lui, c'est lui et nous, c'est nous.
Comprenez que Solidaire
n'est pas de ceux qui, dans la solitude
de leur chambre, au creux de la nuit,
souffrent pour écrire des histoires dans le plus beau style.
Face à cette image d'épidale,
la figure de Solidaire
opère comme un du pouvantail.
Preuve en es, avec la réaction de Kavana,
co-fondateur de Charlie Hebdo
face aux affirmations de Louduran.
Je veux mettre les choses une fois pour toutes
au point, je travaille avec Solidaire,
je le conseille,
mais s'il y a quelqu'un au monde
qui sait que Solidaire est un écrivain, c'est moi.
Je l'ai toujours suivi depuis le début de sa carrière,
avant, nous étions amis, je le sais parfaitement.
Personne d'autre que moi
et lui, ne peut savoir exactement
quelle est la part
de l'un et de l'autre. Je le sais, moi.
Je le dis très catégoriquement.
Si Solidaire est un auteur, c'est un écrivain
à part entière, il n'y a aucun doute de justice catégorique.
Bien, voilà les éléments du dossier, Kavana.
Je trouve que c'est poignant de
faire parler à un employé contre son patron,
le pauvre vieux que vous voulez vous qu'il dise d'autre.
Bon, ensuite, qu'est-ce que c'est que
cette histoire du type qui donne des idées
ou à l'autre qu'il fait que techniquement
écrire. L'idée n'est rien,
l'écriture est tout. Et que c'est comme si on disait
qu'un peintre, que le modèle
qu'il a fait poser est son collaborateur.
Mais Kavana, vous savez très bien, par exemple,
qu'il y a des auteurs célèbres autrefois
ou qu'il y a des peintres célèbres
qui signaient des œuvres, qui étaient
mis en page, mis en route,
commencé par d'autres, par des collaborateurs.
Et alors, que vous n'avez pas trouvé
contrefois déjà, le monde était une gueuleuse.
Je ne voulais rien trouver, je voudrais essayer de vous voir.
Je regrette, mais il y avait des guerres,
il y avait des égorgements, des empalements,
qu'est-ce qu'on le fasse aujourd'hui ?
l'intelligence y a aidant tous ces états.
D'autant que plus Solitzer est attaqué,
plus il se montre.
Et les journalistes, bien sûr, en redemandent.
Quel bon client. On argumente,
il se défend, on se moque, il rit.
En 89, dans l'émission
tranche de Kenk, le journaliste Pierre Carle
décrit le nouvel appartement de Solitzer,
Ruth Varenne, qualifiant son
plafond à caisson typique de la renaissance
de Moulago-Aufra.
On en vient même à éviter des astrologues
et des plateaux télé pour le piéger.
Mais rien n'y fait, l'homme
reste un perturbable et plus opportuniste
que jamais.
Preuve en est, avec cette publicité
qu'il produit lui-même pour lancer
son nouveau livre Les routes de Pékin.
M. Solitzer, s'il vous plaît !
M. Solitzer, qu'est-ce qu'il vous réellement ?
Il y aura-t-il une suite aux routes de Pékin ?
Ecoutez, dans 370 12 pages,
vous collecterez le fameux d'histoire.
Les routes de Pékin, le nouveau roman
de Solitzer, position.
Prendre la vacherie
de Pivot comme levier publicitaire,
c'est malin.
Sauf qu'année après année, émission après émission,
ce phénomène commence à lasser.
Ne cite-t-il pas lui-même caricatures
et voire gadgetisées.
Nous sommes en 1989
et la folie des années 80 vise
ces derniers feux. Inauguerait
par l'arrivée de la gauche au pouvoir,
la décennie s'achève sur une célébration
du bicentenaire de la révolution, puis
sur la chute du mur de Berlin.
Une nouvelle ère s'annonce, plus légère,
plus complexe aussi,
et Poldo Solitzer va vite s'en apercevoir.
Car c'est son nom qui apparaît lors
de la diffusion d'un film consacré au procès
de Charossesco, exécuté en Roumanie
le 25 décembre 1989.
Quatre mois plus tard, voilà
que TF indiffuse les images de cet
événement sans autorisation officielle
avant même qu'elle ne soit diffusée
dans le pays concerné.
Les roumains sont outrés,
d'autant que le directeur de la télé
roumaine en avait confié l'exclusivité
à Poldo Solitzer,
qui doit donc s'en justifier
dans le journal de Trésor
de France 3.
C'est vous qui deviez négocier
la diffusion de cette cassette en France ?
C'est à dire pas cette cassette là,
j'avais dans le cadre d'autres accords
avec les roumains obtenu
l'exclusivité mondiale
de la diffusion de la cassette du procès
dans son intégralité,
ainsi que les documents y affirant.
Qu'est-ce qui s'est passé alors ?
Il apparaîtrait que TF1 est acheté
une cassette piratée en Roumanie,
je le dis bien en Roumanie car je ne pense pas du tout
que M. Carrero, Mme Cotta,
de près ou de loin mêlait
une moindre manipulation.
Ni moi d'ailleurs, pourquoi elle est cheffée ?
C'est parce que j'avais d'autres contrats qui sont ici d'ailleurs
en cours avec le gouvernement
roumain et qu'en échange de cela
on m'avait demandé comme un service
d'avoir par ma société de communication
la diffusion mondiale de cette cassette.
Alors il se trouve qu'aujourd'hui,
une cassette pirate est arrivée
de Roumanie alors qu'il a fait pourquoi comment
je ne le sais pas, c'est au roumain.
Vous ne mesurez pas les implications politiques que ça peut avoir ?
Je pense que ça peut avoir des implications politiques
je ne sais pas si c'est moi qui a été manipulé,
si c'était F1 qui a été manipulé ou tous les deux en même temps
ou la Roumanie, ou en tout cas
à qui peut servir cette histoire.
L'épisode j'étais un froid.
Celui d'Aire, un communicant qui bindent dans
des affaires douteuses,
un homme prêt à vendre aux plus offrants
des images expurgées ou compromettantes.
Cette fois, les journalistes n'ont plus envie
de rire et préfèrent détourner le regard.
Alors Celui d'Aire fait le don
et tente de se rendre sympathique
en accent sa communication sur ses problèmes de poids.
Il publie le régime solidaire
puis le tour de taille en 80 jours
plutôt bien trouvé d'ailleurs comme titre
et préfacé par le chirurgien
et député européen RPR Christian Cabolle.
En 1995,
avec l'élection de Jacques Chirac à l'Elysée,
il reprend espoir.
Il l'a déjà dit, Chirac est un ami, un type bien.
A l'annonce des résultats,
il fit le cul j'ai vu vainqueur
Avenu Dienna.
Puis, à la concorde,
il aimerait tant devenir chargé de mission
ou pourquoi pas se retaire d'État.
Mais Chirac ne le consulte pas.
Jusqu'à ce,
quelques mois plus tard,
une folle rumeur court dans Paris.
Le ministre de la Culture,
Philippe Doust-Blasie, nommerait Paul Le Sud-Zer
chargé de mission
pour optimiser l'exportation
des biens culturels français à l'étranger.
Immédiatement, les journalistes se gaussent.
Dans un faux matin, Olivier Vichler écrit
Nommé Sud-Zer à ce poste,
c'est un peu comme bombarder Rikazara
et à l'environnement
où Jackie Sardou
au développement du théâtre d'avant-garde.
On voit mal comment Paul Le Sud-Zer
va pouvoir s'immisser
dans un milieu pour lequel
il a toujours affiché le plus grand dédain.
Il faut dire que ce milieu le lui rend bien.
Philippe Doust-Blasie recule.
Celui-Zer ne sera jamais nommé à la culture.
Alors, l'intéressé continue de publier
les livres mais l'engouement
pour les western financiers est passé.
L'auteur a beau change d'écor,
de genre, de narration.
Les ventes sont en baisse.
Désormais, la mode est au minimaliste
et à l'esthétique grunge
qui disqualifie les valeurs matérialistes.
En 93, Pierre Bourdieu
publie la Miseur du Monde
qui met en lumière un détresse sociale.
80 000 exemplaires
de quoi faire rêver le fricologue Celui-Zer.
Est-ce pour autant la fin de Celui-Zer ?
Eh bien non.
En 2000,
voilà que son nom réapparaît
dans une affaire de manipulation politique
qui confina l'affaire d'État,
où il apparaît sur le band des accusés
aux côtés de Charles Pasquois,
Jean-Christophe Mitterrand et Jacques Attali
un cocktail explosif
et un désastre pour son image.
Ainsi, après la cassette des chaussesses,
voici l'affaire des Vendarmes
et une fois de plus,
il semble que l'homme ne comprenne pas.
Non, tout ne se vaut pas
et tout ne se vend pas.
La cassette de la bourde intire
n'est pas un produit
pas plus qu'un lance-roquette
à destination de l'Afrique.
L'enquête de Langalaged va durer 10 ans
et vampiriser son existence.
D'autant que sa troisième femme le quitte,
déménage outre-Atlantique
dans une bonne façon balasse.
La suite est une véritable série noire.
En 2002, un coma diabétique.
En 2003, un AVC qui le cloule.
Celui disait Rex Pippe.
Puis, René.
Dans des soirées mondaines,
au bras d'une polonaise de 21 ans,
qui s'insurge des moqueries et qui déclare.
Si je dis que c'est son intelligence
qui m'attire, on me traite de naïve.
Si je dis qu'il y a quelque chose
de particulier, on ne me croit pas.
Sept ans plus tard,
la jeune femme le quitte.
Et côté justice,
le réquisitoire est savers.
100 000 euros d'amende
et 15 mois de prison avec sourcil.
Pour Rocell d'abus de biens sociaux,
ainsi que pour avoir usé de son influence
dans les médias.
Aux yeux de celui d'Aire,
c'est une peine aux allures de cabal.
Moi, je ne me suis jamais occupé de Vendam.
Je suis incapable
d'acheter un pistolet plastique
à ma petite fille.
C'est bien que de trafic d'armes.
Moi, mon métier, c'était de prendre
les affaires qu'il avait industrielles
et de développer les relations publiques
de ces affaires.
Et c'est de M. Guintamac.
Pourquoi être payé en petites coupures usagées
dans des enveloppes, si c'était de l'argent propre ?
Non.
Moi, je dis que c'est de l'argent propre.
Des coupures usagées.
C'est aussi bien patronat au MEDEF
ou dans toutes les grandes entreprises.
D'ailleurs, je suis
dans une affaire où je deviens un bouc émissaire
pendant un moment assassiné littéralement
puisque je perds plusieurs millions d'euros d'un coup.
Le stress que j'ai subi,
de perdre autant d'argent,
de mon divorce qui est au même moment
et qui n'est pas d'ailleurs étranger à l'affaire,
je fais un accident cadeau d'escalier
et un coma.
On m'a ruiné.
Paul-Lucé Litzert ne fait pas appel
de cette décision de justice.
Il n'en a pas les moyens.
A la dépêche du MEDEF, il confie.
Pendant 9 ans, on m'a retiré mon passeport
qui est financier international.
Ce qui équivaut à une mort civile.
Ma crédibilité sur le plan international
a gravement été entachée.
Aujourd'hui, je suis ruiné.
Aujourd'hui, le phénomène
sous-Litzert dont nous allons parler
avec notre invité Thierry Gandhi.
Bonjour.
Alors, vous avez été grand reporter
de Nouvelle-Opse à l'Express, puis à Chalange
et vous avez bien connu ces idées-là.
Alors, il était inévitable que l'or
se réside avec cette chanson d'Alain Souchon,
qui date de 1993.
Donc, il cite le nom de Paul Loup-Soulitzert.
Et qui en fait un verbe.
On nous pollue Loup-Soulitzert
au le mal qu'on peut nous faire.
Alors, vous qui avez travaillé sur l'univers
de la chanson et du spectacle.
Aussi, que vous inspirez ces paroles ?
Il y a aussi, on nous claudia chiffère.
Trouvaille de génie, c'est formidable.
C'est une travail de génie.
Moi, je pense que c'est plus que sur les années financières.
C'est sur la critique de la Cité de Consommation.
Mais le plus drôle, c'est que
j'ai vu une déclaration de Paul Sussizert
c'est une marque.
Donc, j'aurais pu attaquer Alain Souchon.
Mais bon, je ne l'ai pas fait,
parce que c'est un garçon très gentil.
Bon alors, le monde a eu Paul Loup-Soulitzert.
Nous, on a eu Paul Loup-Soulitzert,
parce qu'on peut.
Vous d'accord avec les journalistes
François Baudot et Jean Demachy,
qui décrivent comme suit cette fin de siècle.
Donc, les années 80.
Ainsi, 100 ans de fureur et de bruit,
ce sont achevés sur cette décennie
brillante et blasée.
Brillante et blasée.
Vous adérez ?
Oui, je suis assez d'accord.
Qu'est-ce qui se passe ici ?
C'est la fin d'un grand récit
construit par la gauche,
depuis Karl Marx.
Donc, on passe par la commune,
on passe par, évidemment, le front populaire.
Et puis, il y a l'union de la gauche.
Donc, tout ça s'est fondé
sur les nationalisations,
sur l'autogestion.
On pense à tenir un récit
qui se tient et qui est,
évidemment, la souvrière
est portée en avant de ce combat.
Et puis, tout d'un coup,
Patatra, en deux ans,
vous l'avez dit très bien,
les déficits,
déficits intérieurs,
déficits extérieurs,
le front attaqué trois fois, etc.
Et donc, Mitterrand se dit,
Pierre Montroix et Jacques Delors se disent,
bon, alors qu'est-ce qu'on fait ?
Est-ce qu'on, et Fabius, surtout,
est-ce qu'on s'en fait ?
Donc, il y avait les fameux visiteurs du soir,
parmi lesquels Jean Riboux,
quand même, grand-grand patron
de Chaumbergé.
Autour du S.M.C,
serre pas au monétaire européen.
On en sort ou pas ?
Alors, on en sort ou pas ?
Et là, c'était vraiment le saut dans l'inconnu,
faire ça seul contre tous.
Mais quand même, Mitterrand,
il a vraiment hésité, il a...
Et finalement, bon, c'est le parti
de Jacques Delors et de Pierre Montroix
qu'il l'a emporté.
Bon, cette rigueur, elle n'est pas
si rigoureuse que ça.
En réalité, c'était...
Il s'agissait juste de ne pas...
On n'était quand même qu'à 3% de déficits.
Et puis, il s'agissait,
quand vous parlez d'excès,
il s'agissait aussi,
concernant ces excès, entre guillemets,
d'honorer les promesses électorales
de François Mitterrand de 81 à 83.
Il a changé la société,
parce qu'il avait annoncé,
il l'a fait, ça a coûté cher.
Donc, on change de braquets.
Voilà. Il y a eu un deuxième big bang.
Ça, les gens le savent moins.
C'est Béré Gauvois,
donc ministre de l'Economie.
Et Jean-Charles Laourie,
qui est son directeur de cabinet,
qui était un petit génie,
il a compris,
il a vu tout de suite
qu'il fallait dérèglementer
la place financière de Paris,
qui était ringarde.
Il fallait la déringardiser.
Il s'est lancé dans une déconstruction,
dans un moment poli absolument incroyable,
en créant le fameux matif
fait à terme des instruments financiers.
Parce que la bourse
était vraiment molassonne
depuis 20 à 25 ans.
Et les places étrangères,
au contraire,
étaient florissantes.
Donc, il fallait redonner
l'envie, le goût au français
et les privatisations.
La fin des nationalisations,
comme ça, c'est le point essentiel.
On avait quand même
nationalisé huit entreprises,
huit entreprises,
je ne sais pas,
une trentaine ou une quarantaine de banques.
Il a fallu détricoter tout ça.
Et Jean-Père Levin
a été d'ailleurs
des artisans de ce détricotage.
Et ça, ça a été véritablement
là où on a
lancé les années friques.
Il y a aussi comme quelque chose d'important,
c'est qu'il y a un contexte
international.
Occidental,
ce sont les Reganomix.
C'est-à-dire que Regan
arrive au pouvoir,
il va contaminer,
si je puis dire,
l'étature.
Je veux dire,
par le cheval de Troyes européens,
c'est l'étature.
C'est vraiment le cheval de Troyes
de Regan.
Et les pays vont tomber
comme des dominos
dans le libéralisme,
voire l'utra-libéralisme
qui a triomphé
et qui nous gouverne aujourd'hui.
Oui, oui.
Mitterrand,
je vous souviens de cette histoire.
Il a même donné le nom
d'une taupe
à Regan
pour lui faire bien comprendre
qu'il n'était pas communiste
parce que
quatre ministres communistes
au gouvernement,
pour les Américains,
franchement,
c'était
du stalinisme.
Et donc,
là,
il a voulu
donner un gage
qu'on restait dans l'Europe,
sur le plan politique
et diplomatique.
Ok,
on marchait avec les Américains,
l'OTAN, etc.
Mais sur le plan économique,
on gardait
nos fondamentaux,
si je puis dire,
français.
Effectivement,
il y a un mouvement
vers le liberalisme,
la dérégulation,
on a bien parlé,
mais
de là,
à mettre un acteur
qu'on avait connu
pour son engagement communiste.
Alors,
bien que les préconciences
appraient de son erreur,
ils vont en tant
qu'ils viennent vous dire,
vive la crise,
enrichissez-vous,
c'est la loi du plus fort,
c'est nouveau,
il y avait quelque chose
de choquant, quand même.
Il y avait un récit,
il fallait faire rentrer
dans l'idée d'Iran.
La chute,
ce qui raconte,
j'ai compris,
c'était absolument incroyable
ce qui raconte.
Allez-y, prenez votre...
Et donc, c'est là
qu'on a vu les entrepreneurs,
parce qu'il ne faut pas oublier
que quand même,
on parle de Paul Lucidiaire
et de Bernard Tapie,
mais que c'est le moment
où Vincent Breloré,
Bernard Arnaud,
Epineau,
prennent leur envol.
C'est-à-dire
qu'ils vont gagner
énormément d'argent,
et tout ça,
c'est des montages financiers
ultra sophistiqués
de la banque de Lazare,
qu'on appelle ça
les poulibrotones,
parce que vous avez
une société,
puis vous rachetez
un bout de la société
au-dessus
et puis encore au-dessus,
un petit effet...
Avec une petite somme d'argent,
vous avez un énorme effet de levier.
Alors, Solidiaire,
dans ce contexte,
selon vous,
qu'est-ce qu'il représente?
Alors, il est sûr,
le récit l'a dit...
Il n'a pas été très malin,
franchement.
Il dit très bien
dans une de vos archives,
en fait, non,
je ne vais pas écrire,
parce que comment,
il ne faut pas mélanger
les genres, etc.
C'est ça l'erreur,
c'est qu'il a mélangé les genres
et que, évidemment,
le monde littéraire
ne lui a pas pardonné,
il s'est fait piéger.
Ça, c'est clair.
Là où il n'a pas été malin,
c'est qu'au lieu de dire,
oui, mais attendez,
c'est un atelier d'écriture.
Regardez les rois maudits,
Druion.
Vous savez comment ils étaient
pour l'écrire?
Plusieurs.
30.
Ils étaient une trentaine.
Parmi lesquels,
quand même Edmond de Charlerou,
Mathieu Gallet,
Jacques de Lacretel.
Mais, c'était dit,
Sylvain Durand
écrivait tout.
Et l'autre,
il lisait son livre,
et encore,
et il allait simplement
faire la tête de Gondol.
Là, évidemment,
ça n'a aucun attaille.
Mais, il faut dire,
maintenant,
Balzac, il en avait.
Auguste Nacquet.
Et lui,
qui écrivait les bouquins.
Au départ,
après, il y avait la petite musique.
Colette.
Et Willy,
c'est Colette qui écrivait
les livres.
Des exemples comme ça,
de prêtes plumes,
ou de plumes fantômes.
Il y en a dans toute
l'histoire de la littérature.
Le seul truc,
c'est qu'il n'a pas été malin,
du tout.
Parce qu'il fallait dire,
attendez,
là,
il y a un truc,
je vois, je fais ça à l'américaine.
J'ai un staff.
Il y a une enquête de lire
qui dit que 20%
des livres publiés,
du magazine lire,
20% des livres publiés
sont vraiment,
vraisemblablement,
pas écrits par leur auteur.
Concerment,
Subitzer,
quels sont vos souvenirs de lui?
Est-ce que vous l'avez rencontré?
Oui, j'ai rencontré une fois.
Alors, pas du tout,
pas du tout,
Avenu Raphaël,
ou Rue de Varennes,
ou Lesors,
etc.
C'était un tout petit bureau.
Alors, je pense qu'il était déjà
un peu haut d'abord,
je pense.
C'était un tout petit bureau.
Il n'y avait absolument rien au mur.
Il y avait une table,
quasiment en formica,
un siège pour lui,
une chaise pour moi.
Et je me souviens d'une chose,
c'est que la seule chose
qu'il y avait sur la table,
c'était une boîte de Kleenex.
Et il a passé son temps tellement,
il transpirait,
je pense, d'angoisse,
à s'essuyer les mains avec ses Kleenex,
et à s'emponner le front à Kleenex.
Moi,
j'ai la question
de quelqu'un qui avait peur,
en face de moi.
Peur de quoi?
Je ne sais pas,
de tout.
Il était dans le tourbillon,
dans le maelstrom,
il avait peur que je le coince,
que je lui sorte
des preuves,
de ceux-ci.
Mais c'était après Pivot,
ou avant?
Oui, c'était après.
Oui, forcément.
Je pense qu'après le passage
chez Pivot,
ça lui a fait mal.
Probablement,
ça l'a traumatisé.
Alors, on le retrouve
dans Langola Gate,
et avec Chao,
qu'est-ce qu'il fait là?
Qu'est-ce qu'il fait là-dedans?
Je suis con.
Comme vous l'avez dit,
je crois,
c'est lui qui le dit.
On n'y comprend rien,
cette histoire de chez Scou,
est-ce que vraiment,
il y a eu
des cassettes pirates,
etc.
Je pense que là,
personne n'en sent jamais rien.
Langola Gate,
il y a eu un procès quand même.
Là, pour le coup,
le marché des armes
est quelque chose
qui ne vous l'apprend pas
extraordinairement complexe,
que la corruption est
à tous les étages,
et que ça dure depuis
l'aube des temps.
Le tout dans ces histoires,
c'est de ne pas se faire prendre
les mains dans la confédure
ou dans le pot de miel,
comme vous le disiez.
Merci infiniment, Thierry Gondio.
Sous-titres réalisés par la communauté Amara.org
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:47:53 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, cap sur les années 80 et sur le phénomène Paul-Loup Sulitzer.