Les Grosses Têtes: LE LIVRE DU JOUR - "Jean de La Fontaine - portrait d'un pommier en fleur" de Jean-Michel Delacomptée

RTL RTL 10/11/23 - Episode Page - 8m - PDF Transcript

Oui, vous avez bien entendu, pour une fois il ne s'agit pas d'une pub, pour une bagnole

ou une assurance, mais d'un conseil, pour un bien culturel de première qualité.

Le chat et les 40 bougies, nouvel album du chat, 64 pages de gag hilarant.

Vous voulez un exemple ? L'alcool ne résout rien, cela dit, le lait, l'eau gazeuse ou

le jus d'orange non plus, et il y en a des centaines comme ça, le chat et les 40 bougies

aux éditions Casterman.

RTL, Le livre du jour.

Le livre du jour est publié au Cherch Midi, il est signé Jean-Michel de la Comté qu'on

aura au téléphone dans un instant.

Il est consacré à quelqu'un que je vous demande d'abord d'identifier d'où ma question

pour Monsieur Francolla de Saint-Victurnien en Haute-Vienne, quel est le nom de ce célèbre

académicien français qui avait écrit lui-même son épitaph ? Il s'en a là comme il était

venu, mangeant son fonds après son revenu, croyant le bien-chose peu nécessaire, quant

à son temps bien su le dépenser de part en fi dont il savait passer l'une à dormir

et l'autre à ne rien faire.

Les mots sont dans l'ordre ?

Oui, c'est du vieux François, mais c'est pas ça.

C'est pas jeune-jeune.

En gros, il t'est en train de dire qu'il a passé son temps, ou à dormir, ou à ne rien

faire.

Ce qui n'est pas tout à fait vrai, un académicien français.

C'est très vieux, et on est au 17e siècle.

C'est un écrivain qu'on connaît tous, il y a l'école, c'est même l'école qu'il

a rendu célèbre.

Ah, Charlemagne ! Charlemagne, académicien français.

Oui, mais moi, je ne savais même pas qu'il y avait l'académie française au 17e siècle.

Mais Charlemagne, il était là avant le 17e siècle ?

Oui, mais l'école l'a rendu célèbre.

D'accord, il s'incréait Charlemagne, mais c'est Frans Galle, surtout, alors qu'il

a rendu célèbre.

Tu pourrais dire la fontaine ?

Pardon ? La fontaine ?

Mais bien sûr, ces gens de la fontaine, bonne réponse de Roselyne Bacchelot.

Bonjour Jean-Michel de la Comté.

Bonjour.

J'ai eu raison de dire que c'est l'école qui a rendu célèbre la fontaine.

Très largement, raison.

Surtout à partir du 19e siècle, en effet, oui.

Enfin, avant, il était célèbre quand même.

Bien sûr.

Mais c'est la troisième république qui, dans les écoles françaises, a fait qu'on

a encore plus appris qui était la fontaine et surtout appris ses fables.

Oui, tout à fait.

Je l'ai écouté de tout à l'heure quand vous parliez d'un hasard, mais j'adore

le foot.

Vous dîtes, je cherchais un hasard, pas la gloire, mais ça amusait.

C'est un peu ça aussi, la fontaine.

C'est le haine d'un hasard de la littérature, alors ?

Eh oui, peut-être pas, mais il y a quelque chose comme ça.

Ou hasard était le la fontaine du football.

Mais...

Ah, il y a du bref.

Vous écrivez en sous-titre de votre portrait, car ça n'est pas une biographie de la fontaine,

c'est bien un portrait que vous écrivez.

Et d'ailleurs, c'est dans ce sous-titre, portrait d'un pommier en fleur.

Vous pouvez nous l'expliquer d'ailleurs, pourquoi ce choix de sous-titre, portrait

d'un pommier en fleur ?

C'est qu'il y avait une grande dame, il était l'ami, et qui disait qu'il écrivait

si facilement ses fables que c'était comme un pommier qui produit des pommes, ça tombait

comme ça tout naturellement.

Ce qui était vrai est un peu faux, parce qu'en fait, il travaillait beaucoup la fontaine,

en fait.

Contrairement à ce qu'il écrit dans son épitaph, donc il n'a pas passé sa vie à dormir

et à ne rien faire.

Mais il en a écrit beaucoup, au total, des fables ?

Ah oui, plus de 250.

Mais il ne peut pas...

Il s'est quand même inspiré des oeufs, et...

Ah oui, c'est vrai.

Alors, il s'est inspiré, mais lui-même disait qu'il était imitateur, c'est ce que

vous écrivez dans votre livre.

C'est la vérité.

Mais enfin, c'est un imitateur extraordinaire, parce qu'il change tout.

C'est-à-dire qu'il réinvente complètement le genre des fables, il était un genre mineur

à l'époque, et lui, il en fait quelque chose de génial, le point que les fables de la

fontaine d'aujourd'hui ont continué de les apprendre à l'école pour revenir à

ce que vous disiez tout à l'heure.

Mon imitation n'est point un esclavage, voilà ce qu'il écrit lui-même, mon imitation

n'est point un esclavage, je ne prends que l'idée et l'étour et les lois que nos

maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.

On ne fait que recommencer, mais on met à s'assaut, c'est évidemment des histoires

qui est le reste déjà.

Mais c'est vrai que cet homme-là était un homme un peu spécial, dites-vous, il a écrit

beaucoup pour répondre à la question de Beau Grand, non seulement des fables, des contes,

on va dire un peu libertins, mais aussi un opéra, d'ailleurs tiens pour faire plaisir

à Mme Bachelot.

Un opéra ?

Oui, il a écrit un opéra, mais qui n'a eu qu'un succès.

En fait, la seule chose qui est vraiment du succès, c'est ces contes libertins d'abord,

et puis un petit peu après, par ces fables, et tout ce qui reste de lui en vérité, ce

sont les fables.

Vous allez dire que dans ces contes libertins, par exemple, à la fin de l'histoire, le

renard se fait le corbeau ?

On nous raconte, et c'est dans le livre très très bien décrit, on nous raconte qu'à

table lors des fameux dînés, mais on m'ondint si j'ose dire de l'époque, sa parole était

rare.

Vous d'ailleurs titrez un chapitre, « Parole rare, plume, fait conde ». Vous dites même

qu'il était peut-être autiste Asperger.

C'est extraordinaire.

Quand on parle de lui à l'époque, il apparaît comme un « original ». Et tout le monde

le dit, et c'est tellement insistant aussi, mais c'est quand même curieux, parce que

en effet, c'est les symptômes du syndrome d'Asperger, ça ressemble à ça, mais tout

le monde l'aimait, la fontaine.

On l'appelle le bonhomme, c'est un type formidable, extrêmement attachant, c'est

pour ça que j'ai écrit ce livre d'ailleurs.

Et est-ce que c'était un coureur à ce point, puisqu'il semble manifestement que Mme

la fontaine ait eu de jolis cornes ?

Oui, tout à fait, moi, il y en a donné aussi des cornes.

Ce que vous dites aussi, c'est qu'au fond, il écrivait de façon très, comment dire ça,

très poli.

Mais poli, au double sens du terme, c'est-à-dire que rien ne choquant, et en même temps poli,

parce qu'énormément travaillé comme on poli une pierre, et vous donnez l'exemple

fameux du fameux « héron au lombais quand manchait d'un long coup » en une phrase,

« l'animal, l'oiseau est décrit ».

Quand on le lit, on voit ce dont il parle, on le voit.

C'est pour ça que je dis que c'est un homme qui fait des rimes, c'est un rimeur visuel,

quoi.

Mais c'est pour ça que d'ailleurs, vous l'aurez certainement noté, la fontaine est

inséparable des illustrations qui ont toujours accompagné l'édition des fables.

C'est-à-dire que les plus grands peuvent être français, tout simplement.

Et le roi, alors, le roi, le roi, il l'aimait, Louis XIV aimait la fontaine ou pas ?

Non, il l'aimait pas.

Je pense que pour Louis XIV, la fontaine et ses fables comptaient pas pour grand-chose.

Mais ça dit, il ne l'a jamais été sévère avec la fontaine, simplement il ne l'a jamais

donné de gratification.

C'est tout.

Mais enfin, la fontaine était protégée par des grands déjà, par Mme de Mothespem,

par exemple, vous voyez.

Et Louis XIV acceptait les fables que lui offrait la fontaine.

Et on sait très peu de choses sur sa jeunesse, sur son enfance.

C'est ce que vous nous dites aussi dans ce portrait de la fontaine, dans les écrits

qui nous restent.

Sa mère n'apparaît nulle part.

On a même longtemps cru qu'il était orphelin, atteur.

Il avait une vingtaine d'années quand sa mère est morte.

À aucun moment, il nous l'évoque, même dans sa correspondance.

Oui, c'est vrai.

Il parle très peu de son père également.

Et c'est pas du tout un homme de famille.

C'est pas quelqu'un qui vénère de toute manière la famille.

C'est un homme, c'est un individu au sens fort du terme.

Mais c'est un homme d'amitié.

Un homme honnête.

Un homme honnête est totalement libre.

Merci, merci.

Jean-Michel de la Contessine se portait de Jean de la Fontaine

aux Cherches Midi et c'est le livre du jour.

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Ecoutez Les Grosses Têtes du 11 octobre 2023 avec Laurent Ruquier.