Les Grosses Têtes: LE LIVRE DU JOUR - "Cow-boy noir", préfacé et traduit par Thierry Beauchamp

RTL RTL 10/2/23 - Episode Page - 8m - PDF Transcript

RTL, le livre du jour.

Pour Chantal Abou, qui habite Chalin la poterie,

c'est dans le Mané Loire, Chalin la poterie,

une question qui concerne un livre dont on va avoir,

j'allais dire l'auteur.

Non, d'ailleurs, ça n'est pas l'auteur qu'on aura au téléphone,

mais on va dire le préfacier, le traducteur de ce livre,

parce que ce livre, il est signé d'un cowboy,

Nat Love, c'est un livre qui a été publié en 1907,

et c'est vrai que ce cowboy n'est plus de ce monde,

donc on aurait eu un peu de mal à l'avoir au téléphone aujourd'hui.

Oui, il est mort, je crois, dans les années 1900.

Avec ChatGPT, c'est possible.

Oui, c'est vrai qu'aujourd'hui, tout est possible.

Il est mort dans les années 1920,

d'ailleurs, je crois, 20 ans après avoir publié son ouvrage,

qui est une autobiographie,

et je vais vous demander d'ailleurs quel est le sous-titre de cette autobiographie,

Nat Love, le cowboy...

Le cowboy noir.

Noir, bonne réponse de Paulin Carrat.

Bonjour, Thierry Beauchamp.

Bonjour, ravi d'être parmi vous,

dans le dernier endroit où l'on peut rire de tout.

Ça, c'est vrai, vous avez raison de dire qu'on peut rire de tout,

parce que, lui, au fond, il avait de l'humour aussi,

Nat Love, parce que dans son autobiographie,

on comprend quand même qu'il exagère un peu,

qu'il a un peu de tendance à se surestimer, non ?

C'est le moins qu'on puisse dire, mais en fait,

c'est une tradition qui était assez partagée

dans le milieu de l'Ouest américain.

C'est un territoire où on aimait raconter ce qu'on appelle des tôtesses,

des histoires énormes, des galéjades.

Et alors, évidemment, dans son autobiographie,

il se perd un peu et de temps en temps,

il donne l'impression de raconter quelque chose qui est arrivé,

on a plutôt l'impression que c'est arrivé à Hercules

ou à un héros de la mythologie grecque.

Et parfois, il revient sur Terre et raconte,

de manière assez descriptive,

qu'elle était vraiment le métier des cowboys,

qui était un métier difficile physiquement.

Il fallait beaucoup de patience,

rester en salle de longues heures,

parfois des jours et des jours.

Il faut dire que c'était le roi du Rodeo.

Il avait été esclave dans un premier temps

et puis c'était affranchi, comme on dit,

et il est devenu, effectivement, cowboy, le cowboy noir.

Ce sont d'ailleurs les deux premiers chapitres

sur la période où il était esclave, enfant.

Donc, pendant la guerre de Césation,

ils sont très intéressants parce qu'ils permettent de comprendre

ce qui s'est passé juste après la guerre

et pourquoi il y a une migration de jeunes esclaves noirs,

en général des hommes, vers l'Ouest,

où on avait besoin en fait de cowboys.

Et comme ils occupaient déjà très souvent des bêtes

dans les fermes et les plantations d'où ils venaient,

ils ont été une main d'œuvre assez facile à récupérer

par les grands ranches, notamment dans le Texas,

où il y avait déjà beaucoup d'esclaves cowboys,

puisque c'était un état confédéré,

un des états confédérés, le Texas.

Et donc ils ont été très nombreux,

recrutés juste après la guerre de Césation,

pour récupérer le bétail qui était dispersé pendant la guerre.

Et ce qui est surprenant, c'est que c'est dans la première partie,

effectivement, dans son enfance, quand il est encore esclave,

qu'il évoque, on va dire, sa couleur, le fait qu'il soit noir,

mais après il n'en parle quasi plus jamais.

Non, et c'est ce que je dis dans ma préface,

je pense que c'était sa manière de gérer ce problème.

D'abord, on rejoint le monde des cowboys,

c'était rejoindre un monde où finalement on était surtout jugés

pour sa compétence professionnelle,

même si à mon avis il y avait aussi de la ségrégation.

Et c'était un moyen aussi de se réincarner

dans une espèce de super race,

parce qu'en fait il épouse les côtes des blancs,

il tient des propres racis dans son autobiographie

contre les Amérindiens, contre les Mexicains.

On voit bien qu'il ne se voit plus comme un noir,

il se voit comme un blanc,

mais c'est aussi dû au fait qu'à mon avis raconter ses histoires

dans sa seconde vie, ou sa troisième vie,

qui était celle d'un employé des wagons lit pullman,

il avait l'habitude de raconter ses histoires aux passagers

qui étaient évidemment des blancs.

Oui, c'est simple pour caricaturer,

on peut dire qu'il a fini contre leur SNCF en quelque sorte.

Oui, absolument.

Et alors il avait une épouse, il a dédié son livre,

je trouve ça très touchant, madame Alice, d'abord Love.

D'où vient le nom d'ailleurs Love ?

Alice Love et Nat Love.

Vous savez que les esclaves n'avaient pas de nom en fait,

ils avaient des prénoms,

et on leur attribuait le nom du propriétaire de l'exploitation

qu'il faisait travailler.

Donc là c'était le nom de Robert Love,

un grand planteur du comté de Davidson dans le Ténétie.

Son propriétaire entre guillemets en quelque sorte,

donc Nat Love épousait, j'imagine une Alice,

qui a pris son nom ensuite Alice Love.

Ça a été un grand séducteur ?

Lui se présente à un moment dans son autobiographie,

comme quelqu'un qui était plutôt, qui rencontrait beaucoup de femmes,

mais en fait il a eu que deux amours dans sa vie, sinon dans quoi.

C'est une belle mexicaine qui est morte trop tôt,

et cette Alice, qui l'a rencontrée plus tard à Denver,

à la fin de sa carrière de cowboy,

et qui avait déjà quatre enfants quand même.

Comme on est aux grosses têtes,

on est évidemment obligés de parler de son surnom tout de même,

parce que son surnom à Nat Love c'est pas le cowboy noir,

c'est Deadwood Dick.

C'est-à-dire, on va dire en gros, beat de bois mort, c'est ça ?

Non, en fait, le mot Dick dans la langue populaire américaine,

il a eu bien des significations,

et je pense qu'à l'époque, le Dick, appelé quelqu'un Dick,

c'était comme l'appelais du pont Marcel, c'est un nom très commun,

c'était une manière de dire, c'est le type de Deadwood.

D'accord.

Et en fait, c'était une double référence, cette histoire.

C'est une référence à la ville de Deadwood,

où il a participé à un concours de tir et de lasso,

qu'il a remporté, et il raconte qu'on lui a donné ce titre de gloire,

de manière un peu moqueuse,

mais je pense aussi qu'il associe ce nom à celui d'un héros de la littérature populaire de l'époque,

mais on ne peut pas dire que c'est inspiré par le héros de la littérature populaire américaine de l'époque,

parce que ce héros n'a été créé qu'en 1877,

or on lui a donné ce sobriquet en 1875.

Oui, donc ça marche pas.

Alors comment vous l'avez retrouvé ce manuscrit de Nat Love ?

Ça a été publié aux États-Unis déjà depuis longtemps ?

Oui, le texte aux États-Unis, il est édité et réédité depuis longtemps,

notamment grâce au mouvement pour les droits civiques dans les années 60,

et c'est là où on l'a sorti de l'autorité, en fait.

Mais ça n'avait jamais été traduit en français ?

Jamais, et je dois dire que c'est parce que j'avais travaillé avant sur des récits d'esclaves

et des contumouristiques des esclaves nord-américains,

que j'ai été amené à découvrir Nat Love,

parce qu'en fait, il fait partie de ces récits d'esclaves auxquels on ne prête pas attention,

parce qu'il n'a pas vraiment de discours politique sur l'esclavage,

il n'y a pas, c'est pas quelqu'un qui fait échapper des plantations,

comme par exemple Frédéric Douglas,

donc il est passé un peu à travers les écrans radar,

en plus on a très peu de preuves de ce qu'il raconte.

On a des preuves de sa naissance, de l'endroit où il a grandi,

on a des éléments sur sa vie d'employer des juin de serre,

sur le monde des cowboys il raconte beaucoup de choses,

mais on n'a que son témoignage pour vérifier que c'est vrai.

Alors évidemment, il se vente un peu, il se hausse du col comme on dit,

ou du col, peut-être je devrais dire.

En tout cas, ça s'appelle Koba U Noir,

c'est une autobiographie qui date du début du 20e siècle,

mais c'est traduit par Thierry Beauchamp et préfacé par notre interlocuteur.

C'était notre livre du jour Nat Love, Le Koba U Noir.

Merci Thierry Beauchamp.

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