La source: Le combat des prostituées de Lyon

Radio France Radio France 9/22/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

François Sainte-Aire

Aujourd'hui dans Affaires Sensible, le combat des prostitués de Lyon à l'Église Saint-Nisier.

En juin 1975, elles sont 70, puis 150, puis 200, à occuper avec le soutien du clergé local, l'Église Saint-Nisier, en plein cœur de la ville.

Pendant huit jours, elles dénoncent la répression policière qu'elles subissent et s'attellent à démonter les a priori de la société française à leur encontre.

Nous ne sommes pas des femmes de mauvaise vie ou de petites vertus, affirment-elles publiquement.

Nous sommes des femmes tout court et nous avons le droit d'exister en tant que telle.

En France, mais aussi à l'étranger, la presse relaie très largement cette mobilisation inédite qui trouve un écho inattendu auprès de l'opinion publique.

Mais les autorités, elles, font la sourde oreille.

Pourtant, le mouvement SM est rapidement des centaines de prostitués occupent les Églises dans toute la France pour revendiquer leur droit au effort.

Retour sur une semaine de lutte sans précédent, huit jours de solidarité et d'engagement collectifs,

durant lesquels les femmes prostituées de France, pour la première fois, font entendre leur voix.

Notre invité est aujourd'hui l'Union Mathieu, sociologue, directeur de recherche au CNRS,

au Centre Max Weber et à l'ENS de Lyon, spécialiste de l'étude de la prostitution et des mouvements sociaux.

Affaire sensible, une mission de France Inter, diffusé en direct, récit documentaire Jean Maillard,

coordination Franconnière, chargé de programme à Rebecca Donante, réalisation Frédéric Milano.

Lyon, la bourgeoisie austère et sourcieuse, Lyon, la sérieuse, n'en revient pas.

Que sa police n'ait pas réussi à empêcher le développement de la prostitution

qui envahit petit à petit le cœur de la ville entre Rhônes et Saônes, passent encore.

Mais qu'elle l'organise et qu'elle en profite, alors on ne comprend plus.

Le Baby Hotel, au cœur de la ville, une société à responsabilité limitée d'apparence anodines.

Sources de revenus, la prostitution, propriétaire, un agent immobilier, Antoine Colombani et deux policiers.

Le dossier de l'affaire du Baby Hotel semble si simple qu'on peut se demander

si les policiers n'étaient pas un peu naïfs, naïfs ou bien très bien protégés.

C'est en tout cas ce qu'ils ont dit avec une certaine arrogance aux juges d'instruction Monsieur Anato.

C'est aussi ce qui fait penser ici à Lyon qu'il y aura bientôt d'autres inculpations.

Nous sommes en 1972.

Des policiers de la Brigade des Meurs sont arrêtés puis condamnés à Lyon pour proxénétisme.

Et le scandale ne s'arrête pas à la mondaine, comme on appelle la Brigade de répression du proxénétisme.

Non, certaines personnalités politiques de droite, issues de la bourgeoisie locale,

sont suspectées d'entretenir elles aussi des liens avec le milieu du proxénétisme lyonnais,

ce qui est évidemment du plus mauvais effet.

Quelques 400 prostituées, des femmes à l'époque majoritairement françaises,

travaillent alors dans des hôtels de passe,

depuis que les maisons close ont été interdites par la loi Martrichard en 1946.

Mais pour mettre fin au scandale, ces hôtels sont fermés

et les prostituées lyonnaises sont désormais contraintes de travailler dans la rue ou chez elles,

donc isolées et à la merci des clients les plus violents.

À l'été 72, une trentaine d'entre elles décident de tenter une action collective.

Et c'est une première pour ces femmes très marginalisées.

Le 25 août, elles se regroupent, places des Jacobins,

avec l'idée de défiler jusqu'à l'hôtel de police de Lyon.

Il y avait du rifi-fi aujourd'hui sur les trottoirs de Lyon.

En effet, beaucoup attendaient, places des Jacobins, les dames de petites vertus,

qui, excédées par les descends de police dans les hôtels,

avaient décidé de manifester dans les rues de la ville.

La police était aussi au rendez-vous,

et ces dames, pour chasser, n'ont pu mener à bonne fin leur marche de protestation.

Toutefois, certaines d'entre elles, à qui bien sûr,

nous avons promis l'anonymat, nous ont confié leur vindication, les voici.

Les femmes de petites vertus, dit ce journaliste, au premier degré apparemment.

Les prostitueux Lyonaise, dont la presse a relayé la mobilisation

avec un regard amusé, sont placés en garde à vue par des policiers

qui sont aussi parfois leurs clients.

Les passants, eux, observent la scène comme au spectacle.

Cette première tentative de mobilisation, ratée,

marque les prostitueux Lyonaise au fer rouge.

Et pourtant, au fil des ans, leur condition de travail ne cesse de se dégrader.

Au début de l'année 1975, la police Lyonaise se met à appliquer

avec elles deux articles oubliés du code pénal,

afin de rassurer la population sur la fermeté face à la prostitution.

Et surtout, après le scandale généré par l'affaire des policiers proxèvents.

Toute attitude, je cite, de nature a provoqué la débauche.

Votre désormais amende et peine de prison Lyonaise, quand, à rappelons-le,

elles ont été contraintes par la fermeture des hôtels de travailler dans la rue.

En France, la prostitution n'est pourtant pas interdite,

et au regard du droit, les prostitués sont considérés comme des victimes.

Amende abusive et arbitrairement distribuée jusqu'à 5 PV par jour.

Brimade, agression, ponctue le quotidien de ses femmes que personne ne protège.

L'année précédente, trois d'entre elles ont été assassinées,

sans que la police ne cherche sérieusement les coupables.

Mais au printemps 1975, s'en est trop.

Trois ans après l'échec de la manifestation des Jacobins,

les prostitués Lyonaise aspirent de nouveau à affirmer leur droit,

et cette fois, elles vont se faire entendre.

Au printemps de cette année-là,

on compte une trentaine de prostitués Lyonaise emprisonnées

depuis le début de l'année, et trois sont dans l'attente d'un jugement.

Attitude, de nature, a provoqué la débauche.

C'est ce que s'ensionne ces peines de prison,

alors que la prostitution râblons-le est autorisée dans ce pays.

Pour mener à bien leur combat contre l'arbitraire

d'une répression policière incessante,

les prostitués de Lyon vont solliciter l'aide d'une association

qu'elles connaissent bien, le NI.

Et pas question, cette fois, comme en 72,

de se livrer au moquerie des bourgeois de la ville.

Excepté pour certaines,

quelques expériences lycéennes en mai 68,

ces femmes ne sont ni politisées ni militantes.

Donc, il leur faut des appuis,

qui eux connaissent les tenants et les aboutissants

d'une mobilisation réussie.

Le NI est une association abolitionniste

issue de la jeunesse ouvrière chrétienne

qui accompagne les prostitués au quotidien

et les aide à se réinsérer.

Abolitionniste, c'est-à-dire

que l'œuvre a la disparition de la prostitution.

Une mission contradictoire

avec la revendication des prostitués lyonaises

qui demandent elles à pouvoir travailler

dans de meilleures conditions.

Mais le NI met de côté l'abolition.

Il s'agit maintenant de permettre

aux prostitués de s'emparer de leur existence

via l'auto-organisation.

Et la première étape,

c'est la médiatisation de leur cas,

rendue possible par les contacts

que l'association entretient avec des journalistes,

donc l'autre jagué de libération.

C'est ainsi que le 29 avril 1975,

la France découvre une parole rare à la télé,

celle d'une prostituée

pseudonyme Hula,

ou Hula,

mère de famille lyonaises,

diplômée en droit,

la trentaine,

le visage dissimulé dans l'ombre,

elle intervient dans les dossiers de l'écran,

sur antenne 2.

Et elle y raconte

comment la faillite de son dancing

l'a menée à la prostitution

et sa volonté d'être reconnue

comme une femme à part,

à part entière et fréquentable.

C'est pas la profession qui menace

l'association, elle a toujours été,

puis je pense que,

selon l'évolution des temps,

elle sera qu'encore pas mal de temps

dans le courant des mœurs.

C'est nous-mêmes,

c'est nous en tant que femmes

qui sommes menacées.

Nous revendiquons rien,

nous ne sommes pas nés

à la Régie de Renaud,

on est chez Berlier.

Nous en revendiquons pas

au stade des syndicats

des revendications.

Nous voulons simplement

que l'ensemble de l'opinion publique

comprenne qu'on voudrait

un tout petit peu

notre dignité de bonne femme,

entre guillemets toujours,

parce que nous sommes des femmes,

comme toutes les femmes

qui se promènent dans la rue,

et socialement parlant actuellement,

personne, personne ne s'attache

à notre problème.

Après les médias,

c'est vers le préfet de police

que les prostitués lyonnais

se tournent

sur les conseils de leurs amis

d'Uni.

Mais celui-ci, le préfet,

contacté par l'être,

refuse de les rencontrer.

D'accord pour discuter

avec l'Uni,

mais pas avec les intéressés elle-même.

Alors,

pour qu'on les écoute,

il va falloir qu'elle crie plus fort.

Et c'est l'occupation

d'une église

qui est décidée conjointement

avec l'Association d'Uni

d'inspiration chrétienne, justement.

Un choix,

à la fois symbolique et stratégique,

puisque les églises

sont traditionnellement perçues

comme des lieux d'asile

que la police ne peut évacuer

sans l'accord des prêtres.

Reste à trouver la paroisse

qui acceptera d'accueillir

les quelques soixante-dix femmes

qui constituent

le cœur de la mobilisation à venir.

Eh bien, ce sera Saint-Misier,

l'une des plus vieilles

églises de Lyon

dans le quartier des corps de Lyé.

Son curé, le père Béal,

connaît quelques prostituées

ferventes qui assistent à ces messes.

Quant à l'architecte de Lyon,

M. Ronard,

il ne s'oppose pas à l'occupation

et se déclare publiquement

et je le cite,

conscient des situations douloureuses

et regrettables

dans lesquelles se trouvent

ces personnes.

80 respectueuses lyonnaises,

protestant contre la répression

dont elles estiment être

l'objet de la part

de tous les services de police,

occupent depuis ce matin

l'Église Saint-Misier

au cœur même de la cité.

Le mouvement de révolte

lancé sous la conduite du lac

qui participe à l'émission

des dossiers de l'écran

ne se limite pas

à cette manifestation.

Un mot d'ordre de grève

a été lancé

et des tractes

sont distribués aux passants.

Le 2 juin 1975,

à 9h du matin,

elles sont 78

à s'installer dans l'Église Saint-Misier

avec bagages, couvertures

et thermos de café.

Sur les tractes

que l'association d'unis

distribue sur le parvis de l'Église,

la vie et la population

commencent par ces mots.

Elles sont des mères

qui vous parlent.

Car s'ils récalent

la fin des peines de prison

à leur rencontre,

c'est parce que l'immense

majorité d'entre elles

ont des enfants

dont la garde risque

de leur être retirée

à chaque fois

qu'elles sont incarcérées.

Les femmes

qui acceptent de répondre

à la télévision locale,

toujours cachées

derrière des foulards

et des lunettes,

expliquent aussi vouloir

changer l'image

des prostituées

auprès de l'opinion.

Elles ne sont pas

des corps qui se vendent,

elles sont des femmes

et des mères.

On bute actuellement

pour trouver notre respect

d'être femme.

On ne demande pas

la liberté des femmes

ou non,

parce qu'on ne fait pas

partie du groupe féministe.

On demande simplement

le droit d'être accepté

comme des femmes,

seulement rien que ça.

Enfin, c'est très peu

ce qu'on demande.

Être des femmes,

avoir le droit à l'appareil

et donc qu'on n'en crache pas

dessus toujours

parce que si la police

agissait de notre façon

avec nous,

la population agirait

aussi d'une façon

tout à fait différente.

C'est pas le métier

que vous faites,

qui vous fait penser

que vous n'êtes,

c'est le ghetto

dans lequel vous maintiens

la société.

C'est la société

qui fait que

on ne respecte pas.

C'est la société actuelle

qui accepte la pornographie,

qui accepte l'échec se shop,

mais qui n'accepte pas

les prostitués.

Cette femme

qu'on entend sur Antaine II

se fait appeler Barbara.

Avec Hula,

qui c'est la première

exprimée dans les dossiers

de l'écran,

elle est la porte-parole

du mouvement de Sanisier.

Ancienne institutrice,

mère de deux enfants,

c'est l'une des seuls

à par le visage découvert.

Hula et Barbara

ont déposé avec leur consort

des recours

en grâce

auprès du président

de la République,

Valérie Scardesta.

Sans réponse,

pour le moment.

Elles ont également

sollicité publiquement

François Giroud,

la secrétaire

à la condition féminine

du gouvernement

de Jacques Chirac.

L'année 1975

a été déclarée par

l'ONU,

année internationale

de la femme.

Et les prostitués lyonaises

entendent bien obtenir

une entrevue

avec celle quitte

les femmes

chargées en France

et je cite encore

d'améliorer

la condition féminine

et d'éliminer

les discriminations

dont les femmes

peuvent faire l'objet.

Mais François Giroud

refuse de les rencontrer

et les renvoie

vers le ministre

de l'Intérieur.

Pour Barbara,

la porte-parole

du mouvement,

le message est limpide.

On ne nous considère

pas comme des femmes,

mais comme des délinquantes.

Que toutes les femmes

de France

qui se sont concernées,

même si ce ne sont

pas des prostituées,

mais toutes les femmes

viennent nous aider

par ces églises

où il y a des prostituées

qu'elles viennent nous aider

parce que nous avons besoin

d'elles

parce que maintenant

ce n'est plus le fait

que ce soit des prostituées

c'est le fait que nous

sommes des femmes

et que Mme François Giroud

refuse de s'occuper de nous

parce que elle

ne nous considère pas

comme des femmes

elle nous considère

comme des prostituées

donc des putains

donc rien du tout.

Et on nous dit

que c'est Monsieur Ponatozki

qui doit s'occuper de nous.

Monsieur Ponatozki,

pour l'instant,

ne veut pas s'occuper de nous

parce que ce n'est pas non plus

son problème.

Alors c'est le problème

qu'on a à part,

et nous mettre au courant

pour nous disant

qui ça regarde.

Au soir du lundi 2 juin 75

elles sont 80 se coucher

en randonnions sur les tapis.

Il y a aussi le perluï blanc

l'homogne d'une nuit

qui les accompagne.

Mais passer le fori

les premières heures

passe à l'angoisse.

Combien de temps

dormiront-elles là?

À même le sol de l'église

et loin de leurs enfants.

Après une mauvaise nuit

les nouvelles s'enchaînent

au petit matin.

Les bonnes d'abord.

Des femmes du quartier

leur ont apporté un petit déjeuner.

Puis il est mauvaise.

Seul le journal Libération

leur consacre sa première page

et le monde a même

arrangé l'affaire

dans sa rubrique fait d'hiver.

Et puis toujours

aucune réponse

aux demandes de recours en grâce

pour les prostitués

menacés d'incarceration.

Dans l'église Sanisier

cette deuxième journée

d'occupation s'écoule

dans le calme.

On organise des tours

pour la vaisselle,

on écoute la radio,

on discute, on fume,

sur le parvis

les curieuses et les curieuses

s'amassent.

Plutôt encourageant d'ailleurs

pour la plupart.

Remarquent avec surprise

celle qui garde la porte

de l'église

même si certaines réprouvent

leur choix d'occuper

un bâtiment religieux.

Prête l'église.

Prête l'église à des femmes

qui font le métier à la rue.

Je ne suis pas contre ces femmes

loin de là.

Elles font leur métier.

J'ai trouvé un normal déplacé.

J'ai trouvé un normal déplacé.

J'ai trouvé un normal déplacé.

J'ai trouvé un normal déplacé.

J'ai trouvé un normal déplacé.

Il va y avoir des placédités,

Qu'est-ce qui est triste?

Quelsres sont obligés

d'venir là pour parler en prison.

Mais il faut comprendre les hommes.

Mais, les hommes qui n'ont pas de femmes,

il faut comprendre.

Je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin, je suis témoin

Bien sûr, il a déjà eu Rollcourt et une prostituaire raconte-t-il Gognard à la télé

Après avoir expliqué que, si l'on veut supprimer la prostitution en France, il faut couper le Zizi à tous les Français

L'expression est reprise par tous les journaux, aujourd'hui on appellerait ça un buzz

A la différence du gouvernement, les journalistes sont de plus en plus nombreux à s'intéresser à l'occupation de Saint-Nizier

Les porte-paroles, ce sont répartis la tâche, à Barbara, les médias étrangers, anglais et italiens, notamment à Hula, les grands journaux nationaux

Les revendications des lyonnaises ainsi relayées partout en France et jusqu'en Australie, trouvent un écho tout particulier auprès de celles qui ailleurs souffrent également d'être sans cesse stigmatisé, sanctionné, violenté

Ce sont d'abord 50 prostituées marseillaises qui rejoignent Saint-Nizier, bientôt suivis d'autres femmes venues de Montpellier, Toulouse, Nîmes ou Paris

Elles étaient 70 au 1er jour, elles sont désormais 200 à occuper l'église

Elles s'étaient trompées de temps et n'avaient trouvé que le vent, meurtrie à peine éclose

Mon rose rose biais trop belle, déjà meurtrie ma presque velle, qui voudrait c'est malgré le froid

Et contre toute vraie semblance, croyez que le prêtant commence

Rose, vous ressemblez à moi, rose, vous ressemblez à moi

En plein décembre j'ai trouvé la rose qui me ressemblait au pétal de givre

Non pas la rose d'un été, non pas la rose de bouquets et de la joie de vivre

Mais rose, rose, pas très belle, rose à l'espérance fidèle

Au risque d'y perdre le cœur, vous qui refusez la tempête et redressant toujours la tête

Comme moi, Nîmes et le malheur, comme moi, Nîmes et le malheur

En plein décembre je vous ai cueillis, comme je le pouvais déplacer dans un verre

Une larme bien oubliée du temps où je savais pleurer, attacher ma paupière

Rose, rose, de courage, un peu frippeux, un peu sauvage

Les jardinières iront de nous, tant pis si le froid me démembre

Je fleurirai même en décembre et que me comprennent les fou, et que me comprennent les fou

En plein décembre, ce matin, et sous la neige du jardin, j'ai trouvé une rose, une rose

Aujourd'hui, le mouvement des prostitués à Lyon

France Inter, affaire sensible

Jeudi 5 juin 1975, au 4e jour de l'occupation, les prostitués sont très exactement 204

Dans l'église sanisie de Lyon, venus réclamer la fin des amendes, des peines de prison et des violences arbitraires

dont elles font les frais à Lyon, mais aussi un peu partout en France

Car au fil des jours, il apparaît évident qu'il s'agit d'une réalité nationale et pas seulement lyonnaise

Au 4e jour, alors que des dizaines de femmes ont rejoint l'église depuis tout le pays, l'ambiance est à la fêter au partage

Une association de jeunes cinéphiles de la Croix-Rousse projette des films dans l'église

et dans la journée, ce sont des musiciens qui viennent distraire avec leurs instruments les femmes de sanisier

Des liens secrets ont danse et surtout on chante ensemble

et pour se donner de la force, les textes que les prostitués diffusent sont écrits collectivement

En ce 4e jour, d'autres militantes vont rejoindre la mobilisation et notamment les féministes du MLF, le mouvement de libération des femmes

Pour elles, pourtant, la prostitution n'est pas une thématique dont elles débattent vraiment

Elles connaissent même très mal ce milieu

Mais alors que l'Assemblée nationale vient d'adopter le texte sur l'IVG, le moment se prête à une nouvelle mobilisation

La réalisatrice féministe Carole Rousseau-Poulos, qui a notamment filmé un avortement par aspiration en 1973

dans le film Yaka Pabese, va mettre en place à Sanisier un dispositif étonnant

Elles filment l'intérieur de l'église avant de faire participer les femmes au montage

et de diffuser les bandes sur des postes à l'extérieur pour que les passants et les passantes, qui voudraient assister aux discussions

qui se tiennent à l'abri des regards, puissent le faire

Il y a le même est selon l'exploitation pareil, parce que l'ouvrier qui est en bas, c'est bien lié

il est exploité par 150 personnes avant d'arriver en haut, alors toute manière l'exploitation n'est pas exclusive à la prostitution

L'exploitation, c'est une exploitation de la société, c'est pas une exploitation de la prostitution

Moi de toute manière, je dénonce complètement, c'est ce matraquage de la fille

sous prétexte de pouvoir atteindre la prostitution, c'est pas vrai

L'État se donne bonne conscience pour m'attraquer les prostitués et de dire que c'est pour avoir les prostitution

L'analyse des militants du MLF qui viennent soutenir les prostitués de Saint-Isier est la suivante

Qui avec son patron ? Qui avec son mari ?

Pour garder son emploi et sa sécurité matérielle, il n'y a pas que sur le trottoir que les femmes sont amenées à se prostituer

Pour elles, la prostitution n'est qu'une des formes de l'oppression des femmes par les hommes

et en particulier par les hommes au pouvoir, c'est-à-dire l'État

Les anges très locaux qui ont amené les prostitués lyonnaises à occuper Saint-Isier

se partent d'universels au contact des militants féministes

Au cinquième jour de mobilisation, des femmes prostituées de Saint-Etienne décident d'occuper une église dans leur propre ville

et elles sont rapidement suivies par d'autres, à Montpellier, Nice, Cannes, Toulouse, Grenoble et Marseille

Au total, la mobilisation s'étend à 25 villes françaises

Reportage à Montpellier

Le 3 à 4 millions pour qui 7 millions et cet argent, personne ne l'a et personne ne le payera

parce qu'il est inadmissible qu'on nous fasse payer des impôts et qu'on nous fasse payer des amendes

où nous payons des impôts, où nous payons des amendes, donc où on reconnaît la prostitution, où on ne la reconnaît pas

si on la reconnaît, on ne paye les impôts, si on ne la reconnaît pas, nous payons des PV

Samedi 17 juin 1975, sixième jour de la lutte de prostitués de Lyon contre la répression policière et fiscale qu'il est harcèle

et c'est autour des parisiens de rejoindre le mouvement avec l'occupation par plusieurs dizaines d'entre elles

de la chapelle Saint-Bernard près de la Garmand-Parnasse

À Paris comme ailleurs, les revendications rejoignent celles des pionnières Lyonnaises

Les prostitués de la capitale réclament également la suppression des arrêtés qui prévoient des amendes

et des peines de prison pour attitude de nature à provoquer la débauche

Elles demandent à être reconnues comme des femmes et comme des mères et dénoncent les agressions qu'elles subissent impunément

dans les bois de Boulogne et de Vincennes

Elles s'opposent également à la réouverture des maisons closes que les prostitués rejettent unanimement partout en France

pour protéger leur indépendance

Mais petit à petit, de nouvelles revendications éclosent celles-là

en particulier la reconnaissance par l'État de la prostitution comme une profession

Ce qui permettrait à celles qu'il exerce de bénéficier d'une fiscalité plus juste de la sécurité sociale et de la retraite

C'est en tout cas ce que demande cette femme, anonyme

Le tapin de maintenant, c'est plus valable là

On est censé s'emmerder d'abord, on n'a pas de sécurité ni rien

Faut faire tout attention, pas se faire attaquer ou quoi que ce soit

C'est plus possible de tapiner comme ça, en parlant du Garmand

D'abord, on veut que la police nous emmette beaucoup moins

Ou alors elle nous fasse payer des impôts aux parents

Et qu'on ait la sécurité sociale

Mais si vous n'obtenez pas satisfaction, qu'est-ce que vous allez faire ?

On contestera, jusqu'à ce qu'on nous entend

Hula et Barbara, les porte-paroles yonaise de la contestation, ne se reconnaissent pas

dans cette volonté d'organiser la prostitution et d'en faire officiellement un métier

En revanche, et c'est une certitude

Outre la question des amourdes, il faut changer la loi sur le proxélatisme

Car en regard de la législation française de 75

Quiconque vit avec une prostituée, compagnon, camarade, parent

Et considérée comme proxénète par cohabitation

Et donc, hors la loi

C'est ce qu'explique Barbara Hula devant la caméra de Carole Rousseau-Poulos

Dans le film, les prostituées de Lyon parlent, tournées dans l'église de Sanisier

On est tous d'accord, non, les gens ne comprennent pas d'or

Et les gens devraient comprendre que si un jour on nous trouve bratsu bratsu avec un mec

Bon, c'est pas parce que c'est un proxénète, c'est parce que c'est un gars qui nous plaît

Un point, c'est tout

Maintenant, c'est évident que si ce gars y gagne 200 000 balles par mois

Puis moi j'en gagne 300 000, si on met notre cane et c'est en commun

C'est évident qu'automatiquement il va profiter plus ou moins d'argent que j'aurais gagné

Ou de toute façon, moi je connais des personnes mariées, légitimement, les gens honnêtes

Dans le bonhomme, il n'a jamais la foutue de sa vie parce qu'il n'a pas envie de travailler

La bonne femme va travailler, bon mais c'est d'aller dans le gros âme-ménage

On ne peut jamais de questions pour savoir comment ça se fait que le barbe homme ne travaille pas

Je pense qu'elle fait un travail honorable

Alors je suis désolée, la prostitution n'est peut-être pas honorable

Mais c'est quand même un travail et un métier

Le vrai proxénète affirme là aux médias qui l'interrogent

Ce n'est pas son mari qui joue pourtant à l'occasion d'euroles de souteneurs, non

Le vrai proxénète, c'est l'État

Qui gagnerait, selon les chiffres qui circultent à l'époque

L'équivalent de 230 millions d'euros chaque année

Sur le dos des prostitués sans qu'elle n'aide aucun droit en retour

Pour les militants féministes qui ont attrapé le train de la mobilisation en marche

La question du proxénétisme reste compliquée à appréhender

Insoluble même

Comment comprendre sa femme qui se déclare libre tout en vendant leur corps

Parfois pour le compte de ce qu'elles appellent leurs amis

Comment les défendre contre la police, contre le gouvernement de Vali Rijskardestin

Sans favoriser en creux le proxénétisme qui existe de fait

Au septième jour de mobilisation

La rubeur enfle dans les médias

Porté par le ministre de l'Intérieur, Michel Poignetowski lui-même

Médimenti par les principales intéressés

Et par l'association du NIC qui les accompagne

L'occupation de l'Église Sanisier aurait été orchestrée

Cette affaire de prostitution qui est de tous les temps

Pose deux problèmes graves

Le premier qui est celui du racolage public

Et le second celui du proxénétisme

Le proxénétisme représente des intérêts considérables

Par exemple, en la seule région parisienne, 6 milliards et demi

C'est-à-dire, cela représente le chiffre d'affaires du Tiersée en une année en France

Et ce sont ces organisations de proxénète

Qui ont poussé à ces manifestations dans les Églises

Samedi-sept-juin 1975

Hula, Barbara mais aussi Minouche, Carol, Martine, Mireille, Christine

Et les autres prostitués mobilisés pour leurs droits

Attendent avec impatience des réponses officielles

La veille, elles ont contacté Michel Poignetowski

Que vous venez d'entendre et qui les accuse d'être manipulés par leurs souteneurs

Mais le week-end passe

Sans messes dans les paroisses occupées

Et sans réponses de qui que ce soit de la part du gouvernement

Le 9 juin rapporte le monde

Il y a bien une rencontre place Beauvau entre Maître Jurami, avocat au barreau Marseille

Mandaté par les manifestantes

Et le directeur de la réglementation du ministère

Un coup d'épédant en l'eau

Pour les prostitués de Lyon et d'ailleurs

Qui dorment à l'Église dans des sacs de couchage depuis plusieurs jours déjà

Le silence des autorités devient lourd, trop lourd

Les troupes sont fatiguées, démoralisées

Mais il est décidé collectivement de rester une nuit encore

Un jour de plus

Ce sera le mardi 10 juin, le jour de trop

Toutes les églises occupées ces derniers jours par des prostitués sont maintenant évacuées

Si Monsieur Poignetowski disait-elle

Nous considère comme du bétail

Nous croyons que les hommes et les femmes de ce pays sont capables d'autres sentiments

Bien sûr, elles n'ont pas compris pourquoi les forces de police sont intervenues

Alors que l'opinion publique semblait avoir quelque sympathie pour leur cause

Il est très tôt ce mardi 10 juin 1975

Quand la police fait évacuer, sur ordre du ministère de l'Intérieur

Toutes les églises occupées en France

Une réponse musclée

Au lieu du dialogue que les femmes mobilisées ont tenté 8 jours durant d'instaurer avec les autorités

Aucune d'entre elles n'a pu s'entretenir avec l'un des représentants de l'État

Que ce soit le président, le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Santé

La secrétaire d'État, la condition féminine

Ou le préfet de police de Lyon

A Saint-Isier, ce sont 100 officiers de police qui entrent de force dans l'église avec chien

Matraque et bombes lacrymogènes pour déloger celles que Michel Pognetowski considère comme des fauteuses de trouble

Quand elles ne sont pas placées en garde à vue, c'est à l'hôpital que sont envoyés la lyonnaise

Comme Hula, évacué, après avoir été blessé à la tête

Barbara, l'autre porte-parole du mouvement, annonce la suite des événements sur France 3

Hula n'a pas arrêté de disparu

Hula n'a pas arrêté de disparu

C'est à dire qu'Hula est à l'hôpital

Il n'y en a absolument aucune nouvelle d'elle

Elle est en robe de chambre, sans argent, sans clé, sans rien

Elle n'est plus du tout à l'hôpital

Alors on voudrait savoir où elle est

Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?

Nous allons nous réunir

Et je pense que toutes les femmes de France, enfin toutes les prostituées de France sont d'accord

Pour que nous renvoyons dans toutes les villes, par quartier, par rue

Et que nous groupions afin que nos revendications soient toutes les mêmes

Et parce qu'on espère fortement arriver quand même à quelque chose de raisonnable

Vous allez constituer un syndicat ?

Un syndicat mais pas politique parce que nous n'apportions aucun groupe politique

Un syndicat de prostituée

À peine sont-elles sorties de garde à vue

Que les prostituées lyonnais se réunissent au cinéma le quennu à la Croix-Rousse

Pour déterminer comment faire durer le mouvement

Malgré l'évacuation de l'église

Elle décide notamment de l'élection de délégués de quartier

Et de l'organisation d'états généraux de la prostitution au niveau national

Pendant ces 8 jours de lutte

Beaucoup ont appris à s'organiser collectivement

À prendre la parole devant une assemblée

Bref, à faire front

Alors pas question pour elle d'abandonner le combat

D'autant que Giscard a nommé un magistrat Guipino

Pour mener une mission d'information sur la prostitution

Un monsieur prostitution comme l'appelle la presse

Qui doit rendre un rapport à la fin de l'année 1975

À première vue

Et malgré l'évacuation brutale de l'église

Elles ont plutôt une victoire pour les femmes de Sanisier

Le retentissement de leur mouvement

Inattendu

Leur appermis de s'offrir entendre au-delà des frontières de la ville

Et de changer le regard que les françaises et les français portaient sur leur activité

Oui, on a découvert l'opinion publique

Les prostitués sont comme tout le monde pour cette opinion publique

Elles peuvent avoir des émotions, des enfants, des revendications

Le 27 juin 1975, moins d'un mois après le début du mouvement

Un jugement de la Cour de Lyon

Exemple de prison les prévenus qui étaient à l'origine de la mobilisation

Une autre victoire, judiciaire cette fois

Mais qui ne suffira pas à pérenniser le mouvement

Faut d'intérêt des dirigeants politiques

En décembre de cette fameuse année 1975

Le rapport Pino, pourtant réclamé par Valérie Giscard d'Esteins

Est enterré avant d'avoir été examiné en Conseil des ministres

Quant aux états généreux de la prostitution

Bien qu'ils renforcent la conscience collective de celles qui y participent

Ils ne mèneront pas à l'organisation espérée

Hula et Barbara, les portes paroles médiatiques

Quittent bientôt à la prostitution

Tandis que les féministes se tournent vers d'autres causes

Et peu à peu, les prostitués, leurs revendications, tournent de nouveau dans l'oubli

Un succès en demi-teinte, donc, pour ce combat inédit

Qui marquera malgré tout l'histoire des luttes sociales

Aujourd'hui encore, et dans le monde entier

Le 2 juin reste la journée internationale des luttes des travailleuses et travailleurs du sexe

Qu'elles rigolent, paroles, paroles

C'est pas tous les jours qu'elles rigolent

Oh le

Car même avec des pieds de grue

Car même avec des pieds de grue

Faire laissant pas le long des rues

Faire laissant pas le long des rues

C'est fatigant pour les guiboles

Paroles, paroles

C'est fatigant pour les guiboles

Oh le

Non seulement, elles ont des corps

D'eux de perdre, ils mesh encore

D'eux de perdre, ils mesh encore

C'est fou, ce qu'elles usent de growne

Paroles, paroles

C'est fou ce qu'elles usent de grosses

Oh le

Y'a des clients, y'a des salauds

Qui se trampent jamais dans l'eau

Qui se trampent jamais dans l'eau

Faut pourtant qu'elles les cage automne

Paroles, paroles

Pourtant qu'elle le décâche, oh le

Qu'elle leur fasse la courte échelle

Qu'elle leur fasse la courte échelle

Pour mon terre au septième ciel

Pour mon terre au septième ciel

Les sous croyaient pas qu'elle les vole

Parole, parole

Les sous croyaient pas qu'elle les vole

Oh le

Elles sont méprisées du public

Elles sont méprisées du public

Elles sont bousculées par les flics

Elles sont bousculées par les flics

Et menacées de la vérode

Parole, parole

Et menacées de la vérode

Oh le

Bien toute la vie, elle fasse l'amour

Bien toute la vie, elle fasse l'amour

Qu'elle se marie vingt fois par jour

Qu'elle se marie vingt fois par jour

La nance est jamais pour leur fiorre

Parole, parole

La nance est jamais pour leur fiorre

Oh le

Fils de Pécor et de Minus

Fils de Pécor et de Minus

Rie pas de la pauvre Vénus

Rie pas de la pauvre Vénus

La pauvre vieille casserole

Parole, parole

La pauvre vieille casserole

Oh le

Ils s'en fallait de peu mon cher

Ils s'en fallait de peu mon cher

Que cette putain ne fut amère

Que cette putain ne fut amère

Que cette putain ne fut rigole

Parole, parole

Que cette putain ne fut rigole

Oh le

C'est pas tout les jours qu'elle rigole

Tout est dit ou presque

C'est ça les génie

Qui sont les personnes qui se prostituent

à l'époque

Quel est leur profil

Est-il vraiment différent de celui des

autres époques

Ne parlent pas du pleu vieux métier du monde

Alors

Si on veut comparer avec la

l'éducation

C'est pas tout les jours qu'elle rigole

Tout est dit ou presque

Alors, si on veut comparer avec la

situation française, ce qui marque

la principale différence

c'est que la plupart des femmes

prostituées

qui vont se retrouver dans un église sanisier

ou dans d'autres églises sont françaises

Ce que

on peut repérer dans leur parcours

parce que un bon nombre d'entre elles vont par la suite

raconter leur histoire

porter leur témoignage

c'est que ce sont souvent des filles

maires pour reprendre une catégorie

de l'époque

C'est-à-dire des jeunes femmes qui ont eu

des enfants sans être mariés

et qui ont, puisque c'est considéré

comme une faute dans les meurs

de l'époque, été

ostracisés, stigmatisés

violemment pour cela, qui ont perdu leur

emploi, qui ont été

éventuellement placés dans

des foyers du bon pasteur

qui étaient des institutions religieuses

de type semi-carcérale

extrêmement

brutales et où leur travail était exploité

qui ont été

rechassés de leur famille

et

voilà, ça c'est aussi un élément peut-être

significatif

de différence par rapport à l'époque

cotemporaine

ce qu'on appelle aujourd'hui les familles

monoparentales, les maires célibataires

ne suscitent plus

et c'est heureux la même au propre

social

Par rapport aujourd'hui maintenant

donc le profil a changé

le profil des prostitués

de la prostitution aujourd'hui

absolument, alors autre

élément qui

intervient de différence c'est que

il y a une prostitution

masculine et notamment

travestie qui coexistent

à la prostitution féminine

dans les années 70 mais sans

véritablement lien entre elles

alors il y a des travesties qui vont essayer

de se joindre au mouvement

de l'occupation des églises mais

les prostitués femmes

vont être plutôt embarrassés

et vont refuser

cette coalition

parce que ça leur ferait perdre aussi

des arguments de légitimation

de leur lutte qui est d'être des maires

vous l'avez dit, les premiers tracts

commencent par

ce sont des maires qui vous parlent

et évidemment

la figure du travestie

dans un contexte là aussi

placé où l'homophobie

est omniprésente

la figure du travestie

du prostitué masculin

ne s'ajuste pas

au paysage

la façade que le mouvement

essaye de se construire

alors c'est là dit pourquoi à l'époque

les prostitués ne revendiquent-elles pas

un statut professionnel

autrement dit qu'on reconnaisse leur activité comme un métier

ça semblait pas une priorité pour elles

alors la priorité c'est

échapper à la prison

et ne plus être exposé

à une répression policière

extrêmement brutale

constante

donc c'est sa l'urgence

lorsque les prostitués de Lyon

se mobilisent

à partir du début de l'année 75

c'est pour

ne plus être exposé

à ce harcèlement, à cette répression

par contre

et ça aussi votre documentaire

le souligne

de manière adjacent

il y a une situation paradoxale

de femmes qui sont soumises à des impôts

qui sont soumises à des amendes

auquel

l'État demande beaucoup d'argent

sur lesquels l'État

prélève de l'argent mais sans rien

donner en retour

et notamment sans protection sociale

et surtout

surtout sur aucune base

les échanges se font en argent liquide

en plus

il n'y a pas de déclarations

qui soient vérifiables

oui mais alors ça je dirais

c'est dans nos sociétés

personne

n'est susceptible d'échapper

à l'impôt à partir du moment où on déplace

le minimum imposable

et c'est aux prostitués de faire

une déclaration de revenus

si elle ne relevé pas

d'une économie informelle

très largement

donc c'est pas

en soi le fait

d'être soumis à l'impôt

si on gagne suffisamment d'argent

pour dépasser le minimum imposable

n'est pas en soi scandaleux par contre

mais le problème c'est que la protection sociale

en France ne dépend pas

de l'État

et n'est pas financé par l'impôt

mais par les cotisations sociales

si votre activité n'est pas reconnue

vous n'avez nulle part aucune caisse

d'assurance maladie de quelle se retraite

ou quelle versée des cotisations

et une nouvelle fois lorsqu'on exerce

une activité informelle

la question ne se pose pas

dans ces termes-là

pour les personnes qui exercent cette activité

je remarque que dans les années 70

on accepte la pornographie

les villes sont remplies de cinéma

mais pas la prostitution

pourquoi ?

on accepte la pornographie

depuis très peu de temps

c'est-à-dire que c'est en 75

qu'il y a un lieu qui a été instauré

une loi qui rend légal

la diffusion dans des salles spécifiques

de films pornographiques

on va que la CX

donc c'est quelque chose d'assez récent

et puis c'est une économie

qu'il s'agile aussi

d'asseigner de contrôler

de prélever des taxes

le cinéma pornographique

est beaucoup plus taxé

que le cinéma normal

la prostitution

elle fait partie du paysage urbain

il y a beaucoup plus de tolérance

à sa visibilité que aujourd'hui

ça c'est aussi des grandes différences

par rapport à la période contemporaine

pour autant

il y a une réputation

d'illégalité

dans ce que dit

Michel Poniatowski dans votre documentaire

on voit bien comment il associe

immédiatement cette activité

à la criminalité

parce qu'il contribue à la rendre

on va dire illégitime

par contre elle est beaucoup plus

intégrée on va dire à la vie sociale

au paysage urbain

et je dirais la sexualité masculine

Lyon Mathieu on va faire

un saut dans le temps et arriver en 2016

parce qu'en 2016 il s'est passé quelque chose d'important

l'Assemblée nationale a voté la loi

qui pénalise les clients de la prostitution

je me dis les clients

écoutez ce qu'en pense Marie Bonnet de l'association d'Antèse Paloma

qui soutient les prostituées

elle est interrogée par Franconniard

alors l'objectif

à la base du législateur

était de se dire

l'idée c'est d'abolir la prostitution

donc si on veut abolir la prostitution

on va pénaliser les clients

et donc il n'y aura plus de clients

donc il n'y aura plus de personnes qui proposent des services sexuels tarifiés

dans les faits ça ne s'est pas vraiment passé comme ça

on a surtout vu

à Paloma avec notre expérience de terrain

une inversion du rapport de force

il y a vraiment

cet argument de la part des clients

de négocier des tarifs, de négocier des pratiques

parce qu'ils prennent le risque de se faire contrôler par la police

je précise quand même

qu'on fait une différence entre des clients

qui respecteraient le contrat

et qui ne chercheraient pas à négocier quoi que ce soit

des agresseurs qui eux

vont négocier les tarifs

vont demander à expérer l'argent après la phase

vont demander à avoir un rapport sexuel sans préservatifs

pour

quelques euros de plus

vous avez employé tout à l'heure

le verbe abolir

il y a ceux qui souhaitent abolir la prostitution

il y a tout un vocabulaire

dans ce milieu

abolition, prohibition, réglementation

quelles sont les grandes différences

si on doit être pédagogique

si on veut essayer d'être pédagogique

on est sur un modèle abolitionniste en France

l'idée de ce modèle abolitionniste

c'est effectivement d'abolir la prostitution

parce qu'on part du principe que c'est un

un mal en soi

et qu'il faudrait

abolir la prostitution

et donc pénaliser

les clients et les tiers se personnes

mais pas les travailleurs et travail du sexe

parce qu'on part du principe que ce sont des victimes

ça se différencie

avec le prohibitionnisme

pardon qui pour le coup

part du principe qu'effectivement la prostitution

est un mal aussi en soi

un fléau moral

et que donc on pénalise absolument toutes les parties

dans le cas du prohibitionnisme

les travailleurs et travail du sexe

ne sont pas considérés comme victimes

mais plutôt comme étant les personnes

qui sont à l'initiative

de ce mal

donc là toutes les parties

sont pénalisées d'une manière ou d'une autre

ça c'est un modèle qu'on peut retrouver

par exemple en Russie ou dans beaucoup de pays

aux Etats-Unis

et après on a plutôt le modèle réglementariste

qui lui organise la prostitution

le but c'est de contenir un peu

avec des guillemets

les nuisances associées aux phénomènes

que ça peut représenter pour l'ensemble de la société

et du coup il y a un peu cette idée

d'encadrer et de réglementer

mais aussi d'avoir

un espèce de contrôle hygiéniste

pour empêcher la propagation

des maladies sexuellement transmissibles

et donc à Paloma

on se retrouve dans aucun des 3 modèles

que je viens de citer

nous on se retrouve plus sur le modèle de la décriminalisation

qui viserait plus

l'annulation des lois

qui sont aujourd'hui faites

à l'encontre des personnes

et qui ont vraiment

des conséquences négatives

pour leur santé et leur sécurité

qu'est-ce que ça vous inspire

Lyon Mathieu notamment sur le dernier point

abordé

Lyon Mathieu

oui oui je suis toujours là

je pourrais pulver le temps

de réfléchir à votre question

je dirais que

cette distinction

entre les régimes abolitionnistes

prohibitionnisme réglementariste

a pas forcément beaucoup de sens aujourd'hui

historiquement

c'est un leg

mais on voit lorsque on compare

les politiques qui sont adoptées

dans les différents pays à l'échelle

notamment européennes

que les enjeux restent souvent les mêmes

et de faire disparaître

une activité dont la visibilité

dans l'espace urbain et dérangeante

et

de contrôler des flux migratoires

ou la prostitution

et en grande partie exercées

par des personnes migrantes

l'autre aspect c'est

effectivement le paradoxe

ou la difficulté de confier

une politique qui se veut

qui se prétend en tout cas féministe

et de secours

à des victimes

aux forces de police

et c'est là qu'on rejoint

un petit peu l'épisode de 1975

c'est à dire que

l'institution policière

n'est pas forcément celle qui est

dans les meilleures dispositions à l'égard

des populations marquées

par une certaine marginalité

et qu'il faudrait

éventuellement plus secourir

que réprimer

et l'application de la loi

que ce soit la loi sur le racollage

instauré en 2003 par Nicolas Sarkozy

ou la loi de pénalisation

des clients

donne quand même la priorité

de pénalisation

et avec les mêmes conséquences

de dispersion

et d'invisibilisation

et de clandestinité

accrue de l'activité prostitutionnelle

ce qui rend le secours

aux personnes prostituées

ou de l'assistance

ou la protection plus difficile

L'Ian Mathieu

on va continuer notre conversation

à presque trop mal et qui chante

c'est de circonstance ou presque fiste de joie

être seul c'est difficile

et là ça fait des années

et de juger c'est facile

surtout quand on n'y a pas goûté

le plus dur

bah c'était la première fois

puis le plus dur c'est de savoir

qu'on sera la dernière fois

c'est vrai je suis pas contre

un peu tendresse de temps en temps

et puis cette fois-ci

bah je pourrais le faire en l'insultant

oui tout est négociable

dans l'avis moyenne en paiement

en plus je suis sûrement son meilleur client

mais oh

laissez dont ma maman

puis je sais

c'est vrai qu'elle n'est pas parfaite

c'est un héros

et ce sera toujours fièrement

que j'en parlerais

que j'en parle

je suis un fils de pute comme ils disent

après tout ce qu'elle a fait pour eux

pardonne leur bêtise

aux chers mères

ils te déshumanisent

c'est facile

les mêmes te convertissent

et tout le monde a faire mes yeux

pourquoi tout le monde me déteste

alors que c'est moi qui les nourris

leur vie serait bien plus modeste

sans moi elle serait pourrie

le lit et la sécurité ont impris madame

ben oui dans la vie tout se paye

on te l'avait donc jamais appris

on m'accuses de faire

de la traite d'être humain

mais 50, 40, 30

ou 20% c'est déjà bien

faudrait pas qu'elle se prenne

un peu trop pour des mannequins

mesdames ou devrais je dire putain

mais oh

laissez dont ma maman

puis je sais

c'est vrai qu'elle n'est pas parfaite

c'est un héros

et ce sera toujours fièrement

que j'en parlerais

que j'en parle

je suis un fils de pute comme ils disent

c'est ce qu'elle a fait pour eux

pardonne leur bêtise

aux chers mères

ils te déjumanisent

c'est plus facile

les mêmes deux mordises

et tout le monde de faire mes yeux

France Inter

affaire sensible

aujourd'hui le combat des prostitués

à Lyon en 75 et ailleurs

on a parlé des militants du MLF

qui soutenaient les prostitués

en 1975

en 2023 quelle est

la position des mouvements féministes

par rapport à la prostitution

sachant que s'il faut aider ces femmes

qui sont les femmes, qui sont les mères

leur métier quand même a dossé

un rapport de domination de l'homme sur la femme

la prostitution

c'est autant que le voile

un thème vivant à l'intérieur

du mouvement féministe en tout cas en France

avec

toute une partie majoritaire

du féministe français

qui est ralliée

à l'idée

au projet d'abolition de la prostitution

qui serait intrinsèquement un rapport

d'exploitation de violences sexuelles

et sexistes

du patriarcat

à l'encontre du corps des femmes

et une fraction

de ce même mouvement féministe

qui, je dirais, des fractions

sans doute un peu plus jeunes

plus influencées par les théories queer

par exemple, ce qu'on appelle le féminisme

pro-sexe qui prend

jusqu'au dernier extrémité

l'idée de libre disposition de son corps

c'est-à-dire d'en faire également

un usage commercial

donc de la même manière

que sur le voile, même si les oppositions

ne se recoupent pas totalement

c'est un thème extrêmement clivant

à l'intérieur du féminisme

il se dégage une majorité

d'un côté ou de l'autre

je dirais que la majorité

de la plus grande partie

c'est difficile à quantifier évidemment

mais le féminisme le plus institutionnel

on va dire

est très clairement abolitionniste

on entend souvent l'expression

travailleur et travailleuse du sexe

qu'est-ce que ça signifie par rapport au mot prostitué

est-ce que nous sommes dans le

politiquement correct ou au contraire

dans une façon parlée plus juste

c'est une catégorie militante

à la base de travail du sexe

c'est une manière

de repousser

de mettre à l'écart la dimension

stigmatisante et victimisante

du terme prostitué

qui est un participe passé prostitué

donc ça induit

une idée de passivité

travail du sexe c'est une manière

de mettre en avant

que c'est une activité qui permet aux personnes

qui l'exercent de gagner leur vie

ça veut pas dire qu'elles adorent cette activité

ça veut pas dire qu'elles l'ont choisi

mais en tout cas

c'est ce qui leur permet de gagner leur vie

et étant à travail

il devrait être

du point de vue de ceux qui portent cette idée

ce projet être reconnu

comme un métier comme un autre

et permettre d'accéder

à la protection sociale

qui revient

aux activités, aux métiers

considérés comme légitimes dans notre société

c'est un objectif de normalisation

merci

merci infiniment

je rappelle que vous êtes sociologue spécialiste de l'étude

de la prostitution et des mouvements sociaux

merci pour vos éclairages

au revoir

c'est d'ailleurs

faire sensible aujourd'hui

le mouvement des prostitués en 1975

une émission que vous pouvez réécouter

en podcast bien sûr

à la technique qu'aujourd'hui il y avait

Philippe Duclos

merci

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:54:27 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, le combat des femmes prostituées de Lyon à l’église Saint Nizier. - réalisé par : Frédéric Milano