La source: Le catholicisme de gauche

Radio France Radio France 10/21/23 - Episode Page - 49m - PDF Transcript

France Inter.

Citoyens et citoyennes.

Camarades.

Frontfagno.

Travailleuses.

Travailleurs.

Française.

Français.

Suivez-moi en quête de politique pour compléter notre collection de ismes et tenter de mieux comprendre les idées et les mots de la politique.

Leurs significations et leurs histoires.

Enquête de politique.

Thomas Legrand sur France Inter.

Aujourd'hui les Cato de Gauche.

En 1941, la plupart des chrétiens étaient avec le Maréchal Pitain.

Et nous étions contre puisque nous étions avec de Gaulle.

Maintenant, nous nous battons avec tous ceux qui aspirent à un monde plus fraternel et plus juste.

Dieu n'est pas conservateur parce qu'il aime les hommes là où ils sont.

Et quand il y a des peuples, des personnes malheureuses, Dieu est encore moins conservateur.

Il voudrait que ces conditions changent.

Les Cato de Gauche, ils ne s'affichent pas forcément comme telles.

Ils sont pratiquants ou pas.

Certains même ne croient pas.

Mais ils sont restés fidèles au message de l'évangile et à la figure morale du Christ avec lesquelles ils ont été élevés.

Ils ont décidé qu'il fallait mettre en cohérence dans leurs actions politiques,

ce qu'ils ont entendu ou entendre toujours le dimanche à la messe, ce qu'ils ont lu,

ou liste toujours dans la Bible.

Les Cato de Gauche se sentent et ils le sont minoritaires dans leurs deux familles.

Le catholicisme, leur famille spirituelle et la gauche, leur famille politique.

Alors, ce ne sont pas des minoritaires opprimés, non juste mal compris, incongru,

ou regardés avec une sympathie distante.

Mais leur foi ou leur conviction, leur réflexe ont pesé plus qu'on le croit

sur les politiques menées depuis la libération et même avant depuis la révolution.

De Henri Lacordaire à François Ruffin en passant par Jacques Delors,

de Labé Lemir à M. Gaillot, une lignée de prêtres et de responsables politiques

ont fait vivre, plus ou moins en sourdine, le catholicisme de gauche

ou plus largement le mouvement des chrétiens de gauche.

Aujourd'hui, à la CFDT, aux partis socialistes, à la France Insoumise

et surtout chez les écologistes et à la tête de nombreuses mairies de grandes villes,

on retrouve beaucoup de responsables qui ont fait leur classe

dans le scoutisme catholique ou protestant,

ou aux jeunesses, ouvrières et étudiants de catholique.

Entre le conservatisme atavique de l'institution

et le caractère révolutionnaire du message,

eh bien le catholicisme est soumis à une rue de tension depuis la révolution.

C'est ce que nous allons d'abord retracer avec Anne-Philibert,

normalienne et narque historienne autrice d'une biographie de référence

sur Henri Lacordaire, Henri Lacordaire aux éditions du serf.

Je suis allé la rencontrer chez elle dans l'ouest catholique à Saint-Malo.

Anne-Philibert, on va commencer par se demander

ce qui, dans la Bible, le nouveau et l'ancien testament,

peut permettre aux catholiques de gauche de trouver de l'inspiration.

Il y a beaucoup de choses dès l'ancien testament,

notamment le fait que le peuple des hébreux est un peuple opprimé en Égypte,

qui doit partir pour gagner sa libération,

avec cette phrase du Deterronome qui dit

« Accueille toujours l'étranger car souviens-toi que tu as été étranger en Égypte ».

Donc en fait cet exode, c'est un récit de libération.

Et puis d'autre part, parmi ce que dit Jésus,

il y a dans les béatitudes heureux ceux qui ont fin et soif de justice,

heureux ceux qui sont persécutés pour la justice.

Et ça c'est un point très important parce qu'effectivement la justice,

c'est un projet social.

Et quelqu'un comme François Moriaque, quand il parle de sa foi,

il ne dit pas « moi mon souci dans la vie c'est de faire mon salut,

il dit moi mon souci c'est le royaume de Dieu et sa justice ».

Je pense que je suis un chrétien non croyant.

François Ruffin, député insoumis.

Moi je cite Jaurès, je peux citer des écrivains comme Jules Valès,

mais dans ma mythologie, il y a le Christ, dont je sais qu'il est réel,

je sais qu'il a existé, je ne crois pas au miracle du Christ,

je ne crois pas à la résurrection du Christ.

D'abord on peut être habité par un certain nombre de paraboles

quand c'est une histoire qui est répétée, moins ma famille,

ma grand-mère elle a fait le catéchisme, ma mère elle a fait le catéchisme.

Du Christ je pense que le Christ de la compassion,

pour les plus faibles, pour les handicapés,

pour les pauvres qui entreront plus facilement au paradis,

le Christ est avant tout un homme de parole,

un homme qui parle et qui met les gens debout.

Moi je ne crois pas à la tomaturgie et que ça soit touché,

qu'il arrive à mettre les corps debout,

mais il arrive à relever les âmes par la parole.

Au commencement était le verbe.

On retrouve Anne-Philippe, historienne du catholicisme.

Il y a le rapport à l'argent, à l'égalité, au partage évidemment aussi.

Alors il y a le rapport au partage qui est présenté par exemple

dans les actes des apôtres où on dit que les gens mettaient tout en commun.

En fait les historiens pensent que c'est plutôt

une sorte de programme mobilisateur

que absolument la réalité de ce qui se passait,

mais il y a eu quand même des grands débats dans la communauté primitive

sur le partage et l'aide par exemple aux veuves.

Et ce n'est pas une charité individuelle,

c'était une organisation à l'intérieur du groupe

d'une justice redistributive.

On va retrouver un peu plus tard Anne-Philippe,

notamment pour évoquer les figures de félicité de l'amnêt

et de Henri Lacordaire,

deux personnalités catholiques de l'ère post-révolutionnaire

et justement de la révolution,

il va en être question avec 2 nipeltiers,

directeur de l'école pratique des Hautes études,

spécialiste dans l'histoire du catholicisme français

et auteur de l'ouvrage phare sur le sujet des catholiques de gauche

à la gauche du Christ au seuil avec Jean-Louis Schlegel.

Je suis allé voir Denis Pelletier chez lui à Paris.

Denis Pelletier, de quand peut-on dater

l'idée du catholicisme de gauche

ou l'existence de chrétiens de gauche ?

Là, il faut remonter à la révolution française

et au retombé de la révolution française.

C'est-à-dire au moment où une partie des catholiques,

en l'occurrence, une partie du clergé,

je pense à quelqu'un comme la Bégrilloire,

qui va en rupture avec l'ancien régime,

avec l'ordre traditionnel, essaye d'inventer autre chose.

C'est difficile de les qualifier de catho de gauche,

parce que le terme n'a pas de sens à cette époque-là,

mais on a, à partir de ce moment-là,

un paysage politique moderne qui se dessine

à l'intérieur de l'église catholique en France.

Et là, on peut commencer à parler d'une jeunesse

de ce qui deviendra ensuite les catho de gauche.

Alors pendant la révolution,

justement, les prêtres catholiques sur le terrain,

globalement, ils sont plutôt fidèles

qui le mènent à la hiérarchie,

et donc à l'ordre ancien que la révolution voulait détruire,

quel est le taux, est-ce qu'on sait,

de petituré, de campagne,

qui prennent fête et cause pour la révolution

et qui décide peut-être de mettre en application

des idées plus égalitaires en cohérence

avec ce qu'ils lisent tous les dimanches à leur fidèle.

On sait que, contrairement à une légende répandue,

les pays catholiques étaient déjà divisés

autour de la question du rapport au peuple.

Vous avez une partie du clergé français

qui considère qu'il y a une sorte d'unité

quasiment mystique qui doit se créer entre le clergé et le peuple

et qui s'oppose à un clergé, on va dire, plus classique.

Ça, c'est tout au long du 18e.

Au moment de la révolution française,

vous avez un moment qui est très intéressant pour moi,

c'est le moment où la révolution demande

aux prêtres de jurés, de prêter serment à la révolution.

Et là, le clergé français se divise

et c'est à peu près 50% de prêtres jureurs

et 50% de prêtres non-jureurs.

Je jure de veiller avec soin

sur les fidèles qui me sont confiés,

de maintenir de tout mon pouvoir

la constitution décrétée par l'Assemblée nationale

et acceptée par le Roi.

Cette division-là, elle est extrêmement intéressante.

Elle se passe donc en 1791, 90-91, au moment des premiers serments.

Ensuite, de quoi les relations entre le catholicisme

et la révolution se dégradent

et la révolution devient anti-religieuse.

Il faut maintenant, avec Denis Pelletier et Anne-Philippebert,

passer quelques personnages importants

qui ont été à l'origine de ce que l'on appelle aujourd'hui

les cathodes gauches.

Denis Pelletier.

Il y a un intellectuel prêtre

qui est félicité de l'amener,

première moitié du XIXe siècle,

qui est d'abord dans sa jeunesse

un jeune prêtre catholique,

un transigeant conservateur

et qui, à travers l'héritage d'une conception,

d'une relation mystique forte entre le clergé et le peuple,

va petit à petit devenir à la fois un catholique libéral,

c'est-à-dire en difficulté avec Rome,

et en même temps l'un des premiers à penser

ce qu'on va appeler le socialisme chrétien.

C'est par la franchissement du travail

que chaque travailleur pourra recueillir en entier

le fruit du sien.

Lecture d'un passage du journal de félicité de l'amener,

député en 1848.

Et quand tous les produits du travail appartiendront au travailleur,

ne sera-t-il pas réellement maître du monde ?

Félicité de l'amener, il n'est en 1782 à Saint-Malo

dans une famille d'armateurs.

Anne-Philippebert.

L'amener est quelqu'un qui a toujours eu

une extrême sensibilité à l'air du temps

et qui a eu des espèces de prémonitions.

Il a commencé vraiment du côté des ultra,

et puis il finit à l'extrême-gauche,

mais une extrême-gauche qui reste quand même chrétienne.

Et donc l'amener, son grand souci,

c'est la liberté d'église,

parce qu'il considère que l'église,

telle qu'elle est organisée par le concordat

et les articles organiques de Napoléon,

n'a pas du tout la liberté dont elle jouissait

sous l'ancien régime.

Et donc finalement, il décide de rendre avec le galicanisme

et de revendiquer dès 1829

la liberté de l'église.

Donc la séparation de l'église et de l'État,

c'est quand même quelque chose qui peut paraître

un peu contradictoire à Anne-Philippebert

pour un esprit d'aujourd'hui.

On a l'impression que défendre la séparation

de l'église et de l'État est une démarche laïque,

presque anti-religieuse.

L'amener défend la séparation

de l'église et de l'État

pour rendre l'église plus libre.

Alors on pourrait penser que la rendant plus libre

c'était pour la rendre aussi plus

naturellement conservatrice.

Mais non.

Que ce soit reclamé par les gens qui seraient laïques

ou par les gens qui seraient catholiques,

de toute façon c'est un peu comme dans un divorce,

il y a deux personnes.

Donc déjà il y a cet aspect-là.

Chacun reprend sa liberté.

Chacun reprend sa liberté,

mais ce qui a fait à l'amener le plus d'ennemis

au sein de l'église,

c'est qu'en réclamant la séparation

de l'église et de l'État,

en fait il réclame aussi la pauvreté de l'église,

puisque c'est la suppression du budget nucléergé.

Et donc pour beaucoup d'hommes d'église

qui étaient des hommes paisibles et charitables

avec les ports, c'est un pur scandale,

parce qu'ils considèrent que finalement

le traitement du clergé

n'est qu'une mince compensation

de la confiscation des bien-naceauds.

Enquête de politique cette semaine,

le catholicisme de gauche

et on continue notre galerie

de figure de ce mouvement politique

peu tapageur, mais influent

depuis la Révolution.

On retrouve Anne-Philippe Berre

pour évoquer Henri Lacorder

auquel elle a consacré une biographie.

Donc Henri Lacorder, c'est quelqu'un

qui vient en fait de l'extrême gauche

en quelque sorte,

puisqu'enfant, il perd la foi

et à partir de l'âge de 12 ans,

il se met à lire Rousseau.

Et donc au moment de la restauration

en 1814-1815,

lui c'est un fervent partisan

du contrat social de Rousseau.

Ensuite, il va avoir une évolution,

il va accepter l'idée d'une monarchie

selon la Charte

et il se met à lire la Bible

de façon extrêmement assidue,

mais il sait ce que c'est

que d'être incroyant.

Il connaît toutes les objections

des incroyants, puisqu'il est passé

par là et ça va profondément

changer sa pastorale, puisqu'il va

toujours s'adresser à tout le monde

en postulant que tout le monde

est de bonne foi.

Donc on peut le classer comme libéral

au sens avec l'acceptation

des mots libérales du XIXe siècle

qui est à gauche.

Oui, et puis en 1848,

il va y avoir une autre grande fracture,

donc effectivement c'est la révolution

de 48, face à un régime

qui est considéré comme courant pu,

comme n'ayant plus d'autorité morale,

et dans un climat de grande misère

économique, depuis les récoltes

de 1846 qui a été une catastrophe.

Et là, la Cordère dit, je suis

un républicain du lendemain,

donc il adhère de façon très sincère

à tel point qu'il est élu,

il va siéger à l'extrême-gauche

pour bien montrer que lui, son adhésion

elle n'est pas juste transitoire,

elle n'est pas accidentelle, elle est définitive.

Après l'écrasement

des journées de joie, qui sont causées

par la peur de la fin

d'une partie de la population, à juste titre

parce que la situation économique est dramatique,

la Cordère va de façon

extrêmement ferme

prendre systématiquement

la défense des pauvres

qui sont vouées aux gémonies

et sur lesquelles, en quelque sorte

les conservateurs se déchargent de la responsabilité

intégrale des événements, ce qui bien sûr

est complètement faux. Et à ce moment-là

il se fait beaucoup d'ennemis,

déjà l'accus d'être un communiste.

La Cordère et l'Amenée

furent, on vient de l'entendre,

des parlementaires de la 2e République.

1848, c'est un moment important

dans l'histoire du catholicisme progressiste

Denis Pelletier.

La révolution de février 48

est une révolution qui se fait en grande partie

au nom du christianisme

au nom d'un, je dirais

d'un Christ romantique

qui serait le premier des ouvriers

qui serait le premier des démocrates

et là vous voyez naître quelque chose

qu'on a appelé la première démocratie chrétienne

et qui est un

des jalons de la fabrication

de la tradition catholique de gauche

le socialisme chrétien de 1848

la première démocratie chrétienne

y compris des gens comme la Cordère

celui qui a réintroduit l'ordre dominicain

en France, là vous avez une première génération

qui est vraiment intéressante

par son lien très fort qu'elle et nous

avec le peuple.

Denis Pelletier il faut

à ce moment de notre discussion qu'on différencie

catholique de gauche

et catholicisme social

les riches, les puissants

le sont naturellement

ils doivent donc être respectés par les pauvres

en échange de quoi ?

ils leur doivent protection

ce système là est défendu par un certain

de catholiques partisans de l'ancien régime

ils font partie des fondateurs

du catholicisme social

c'est les gens comme Albert II

comme Jean II

je dirais une droite qui fabrique du catholicisme social

qui défend

les ouvriers d'une certaine façon

parce qu'ils veulent que les ouvriers

soient mieux payés

et que la richesse des bourgeois

soit moins exubérante

mais ils veulent une stabilité sociale

oui, ils considèrent que

la société industrielle

est une société malade

cette maladie sociale

créée par le capitalisme

créée par la révolution industrielle

doit être soignée et vous aurez un catholicisme

social conservateur

sur le plan politique partisan

d'une politique sociale

ou alors vous prenez le pli

de la société industrielle

et vous fabriquez un catholicisme social

plutôt à gauche, du côté du peuple

mais dans une perspective démocratique

et vous aurez notamment à la fin du 19e siècle

tout le courant des abeilles démocrates

ces abeilles, la bélemire, la béguero

qui sont souvent des députés

qui sont souvent des journalistes

et qui eux défendent

l'idée d'une république sociale catholique

Enquête de politique

Anne-Philippe

historienne du catholicisme

La bélemire c'est donc le député

de Asbrook, c'est un prêtre

extrêmement pieux qui fait sa retrait de sa sœur

de tal tous les ans, qui consigne ses bonnes résolutions

pour l'année qui vient dans son cahier

suite à sa retraite etc

et en même temps, comme il vit dans la zone

d'Asbrook qui est une zone extrêmement

pratiquante etc, il a été élu

de façon presque naturelle par les habitants

de cette zone, il a été élu député

et donc en fait c'est un homme

extrêmement affable, extrêmement doux

qui considère que son devoir

comme et en tant que prêtre, c'est de parler

et d'être bienveillant

envers tout le monde, donc il parle avec tout le monde

et en fait en 1899

Val d'Ecrousseau devient

président du conseil

c'est un républicain radical

qui lui est soucieux de savoir

ce qui s'est passé réellement

au sujet de l'affaire Dreyfus

et donc en fait c'est un moment

de tension extrême et la bélemire

va être accusée d'être l'homonier

du bloc, c'est le bloc qui a constitué

donc Val d'Ecrousseau, président du conseil

et en fait

il devient pour un certain nombre de catholiques

l'homme à abattre

Guidé par un sentiment de complète

fidélité à l'encyclic sur la condition

des ouvriers

Discours de la bélemire en 1905 avec la

voix d'Ori Vierloge pour France Culture

en 1982

de l'église et du peuple en aidant

les travailleurs de tout ordre

à se grouper pour la défense

de leurs légitimes intérêts

Denis Pelletier, un autre moment

très important pour la gauche et évidemment

le front populaire en 1936

quel rôle joue les catholiques à ce moment-là

les catholiques progressistes

Pour ces catholiques, l'irruption du front populaire

a été une véritable épreuve

au sens fort du terme

d'autant plus que vous avez ce moment

où Maurice Torres tend la main

aux catholiques

Je te tend la main, un catholique mon frère

Ce discours de Maurice Torres

Alors il n'y a pas d'enregistrement

de la célèbre déclaration

de la main tendue aux catholiques de Maurice Torres

mais 30 ans plus tard

Jacques Duclos, candidat communiste à la présidentielle

de 1969

réitère cet appel

Je trouve ces verres d'aragons magnifiques

celui qui croyait au ciel

et celui qui n'y croyait pas

et c'est vraiment ce qui s'est passé

pendant la résistance des communistes

et des catholiques sont tombés

dans le même combat pour la libération

de la patrie

Déjà en 1936

Maurice Torres lança un appel solennel

Nous te tendons la main

catholique

parce que tu es notre frère

moi aussi, aujourd'hui

je tend une main fraternelle

à tous les catholiques sincènes

Retour à la main tendue de Maurice Torres

en 1936 avec l'historien

Denis Pelletier

La très grande majorité

des catholiques

refuse le fond populaire

refuse la main tendue

nous avons un petit groupe catholique et protestant

de ce genre qu'on appelle des socialistes chrétiens

qui l'ont accepté

mais la

l'adhésion au fond populaire a été

très minoritaire

mais le fond populaire a été une épreuve

c'est ça qui est intéressant

en gros le catholicisme français on le sait bien

il est plutôt de droite

mais il y a un pluralisme politique

d'une part et d'autre part tout événement politique

est une épreuve pour ces gens-là

et 1936 c'est plutôt une mise à l'épreuve

c'est-à-dire une interrogation sur

qu'est-ce que nous avons fait du peuple

pourquoi avons-nous perdu le peuple

Denis Pelletier, à chaque fois qu'il y a un événement politique

qui met le peuple en avant

une contradiction

entre les textes, la Bible

et ce qu'ils vivent

les moments historiques forts

mettre le doigt sur cette contradiction

une contradiction qu'ils vivent tous les jours

à faible dose évidemment mais qui quand il y a

un événement

historique fort

cette contradiction est fortement soulignée c'est ça

mais oui le christianisme c'est une religion

le croisement des temporalités

absolument centrale

vous avez une histoire longue qui est l'histoire du salut

de la création du monde jusqu'à la fin du monde

et normalement ça doit bien finir

on doit être sauvé à la fin

et cette histoire longue est très régulièrement

percutée par un événement

et donc à chaque fois qu'il y a un événement

de type front populaire

ou de type défaite de 1940

parmi les clés de compréhension

de ce qui va être le catholicisme de gauche

vous avez la question de

ce qu'on appelle le requisite de la conscience

c'est-à-dire la décision

que je dois prendre devant cet événement

est-ce que je dois l'apprendre

en fonction d'une autorité

qui m'impose une prise de décision

ou est-ce que je dois l'apprendre

en fonction de ma conscience

ça c'est la question que se posaient

les dréfusards

je pense qu'une partie de la résistance chrétienne

en 40-44

une partie de la résistance spirituelle

la résistance de témoignage chrétien

c'est une forme de dréfusisme chrétien

que m'impose ma conscience

à un moment où l'église soutient le régime de Vichy

alors quel est le poids

de cet événement dans l'histoire

du catholicisme de gauche

la chute en juillet 40

de la France et de la République

globalement

l'église catholique

en tant qu'institution a été péténiste

majoritairement

durablement, fermement

il n'y a pas de doute là-dessus

en même temps, lorsque naît la résistance

vous avez un courant qu'on a appelé la résistance spirituelle

dont le principal

acteur

est la revue clandestine

témoignage chrétien

fondée par les jésuites lyonnais

autour du perchaillet en 1941

ces gens-là font primer

le témoignage de la conscience individuelle

sur l'obéissance à la hiérarchie

c'est ce primal de la conscience

sur l'obéissance à l'autorité

qui est essentiel et qui fait que

ils vont être des résistants

témoignage chrétien c'est une histoire

absolument magnifique quand on pense

à ces 14 numéros

tirés pour un satan d'entre eux

à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires clandestinement

témoignage chrétien va devenir

une sorte de référence

de toutes celles et de tous ceux

qui dans les années d'après-guerre

feront primer le réquisit de la conscience

sur l'obéissance à une autorité qui reste conservatrice

qui est l'autorité romaine ou l'autorité des évêques

en 1941 la plupart

des chrétiens étaient avec le maréchal pitain

et nous étions contre puisque nous étions avec de Gaulle

Georges Montarron directeur de témoignage chrétien

ici en 1973

sur France Inter pour célébrer les 30 ans

du magazine phare des Cato de gauche

ensuite nous avons été

avec tous les peuples qui ont eu

à se débarrasser du colonialisme

et nous avons lutté avec

les algériens

pour que soit leur soit reconnu

le droit à l'indépendance et le droit de leur dignité

plus précisément maintenant

nous nous battons avec tout ceux

qui aspirent à un monde

plus fraternel et plus juste

c'est pourquoi l'équipe de témoignage chrétien

s'est engagée comme disons dans la voie socialiste

tout en restant intimement

lié à la masse des catholiques

et des chrétiens de ce pays

France Inter

en quête de politique

et en bas

celui qui croyait au ciel

celui qui n'y croyait pas

qu'importe comment s'appelle

cette clarté sur le repas

que l'un fut de la chapelle

et l'autre si dérobat

celui qui croyait au ciel

celui qui n'y croyait pas

tous les deux étaient fidèles

des lèvres du coeur et des bras

et tous les deux disaient qu'elle vive

et qui vivra verra

celui qui croyait au ciel

celui qui n'y croyait pas

quand les blés sont sous la grêle

fou qui fait le délicat

fou qui songe à ses querelles

au coeur du commun combat

celui qui croyait au ciel

celui qui n'y croyait pas

du haut de la citadelle

la sentinelle tira

par deux fois il enchancèle

l'autre tombe qui mourra

celui qui croyait au ciel

celui qui n'y croyait pas

qu'importe comment s'appelle

cette clarté sur le repas

que l'un fut de la chapelle

que l'autre si dérobat

celui qui croyait au ciel

celui qui n'y croyait pas

la louette et l'irondelle

la rose et le résida

bernard la villier sur france inter

la rose et le résida texte de louis aragon

et c'est le poème

auquel faisait référence jacque du clou il y a quelques minutes

et on poursuit notre galerie de portraits

du catholicisme de gauche avec

Denis Pelletier et on évoque maintenant

Marc Sanier et son mouvement

très important le sillon

Marc Sanier est un

jeune intellectuel qui en

1895

crée un tout petit mouvement au départ

qui s'appelle le sillon

et qui est un mouvement catholique intellectuel

social et le sillon

va prendre au cours des années

du 1895-1914

une importance de plus en plus grande

s'engager assez fortement

au moment de la séparation des églises

de l'état et devenir

un courant qu'on peut considérer

comme un courant catholique de gauche

Marc Sanier essaye de

transformer le sillon en un

parti politique qu'il veut appeler le plus grand

sillon. Rome le lui interdit

en 1911 le plus grand

sillon est interdit

Sanier qui est un bon catholique

obéit à Rome et renonce à créer

son parti politique ou plus exactement il en crée

un autre qui l'appelle la jeune république

et la jeune république

est un parti, un tout petit parti

absolument passionnant. Ce sont eux

qui en 1936 ont 4 députés

qui vont défendre le front populaire

en 1940

ce sont 4 députés qui refusent

les pleins pouvoirs au maréchal pétain

et dans les années 60-70-60-70

quand on essaye de créer la nouvelle

gauche, il y a quand même OPS

comme OPC, enfin la SFIO comme OPC

une méfiance à l'égard des catholiques

de gauche parce qu'ils sont catho au nom

de la laïcité et

la jeune république de Marc Sanier

qui est un vieux monsieur dans les années 50

continue de jouer un rôle parce qu'elle

est le courant catholique

dont on sait que depuis

toujours il est laïque

et la jeune république est un tout petit courant politique

qui a joué un rôle hors

de proportion avec son poids réel

dans la fabrication

de la nouvelle gauche

En quête de politique, les catho de gauche

ont continué avec Denis Pelletier

auteure de à gauche du Christ au seuil

les catho de gauche sont sans domicile

fixe après la guerre

Alors il y a entre 1945

durant les années 60

un vrai problème pour les catholiques

qui veulent s'engager à gauche

ils aimeraient bien aller

à la SFIO

mais la SFIO ne veut pas d'eux

pas sur la laïcité

le Parti communiste français aimerait bien

que ces chrétiens de gauche viennent

au PCF mais Rome leur interdit

d'aller au PCF

et donc c'est ce que moi j'ai appelé

une gauche sans domicile fixe

et donc on la retrouve sur le terrain social

on la retrouve autour de l'expérience

des prêtres ouvriers

on la retrouve autour de ce qu'on a appelé

le progressisme chrétien

c'est-à-dire tout ce courant de gens

qui ont essayé de faire une lecture chrétienne

qui ont essayé de créer un lien

entre la mouvance catholique et la mouvance ouvrière

donc de négocier, d'aller voir

la CGT

d'aller voir le PCF, de travailler avec eux

sans s'y inscrire en quelque sorte

et là il y a un vrai moment très intéressant

de vitalité intellectuelle

d'activisme social

il faut d'avoir un parti politique

où ils pouvaient s'engager

ils ont très massivement investi le terrain social

et donc le terrain syndical

pas seulement la CFTC

il y a des militants chrétiens à la CGT

dans les années 50-60

la CFTC et la partie de la CFTC

qui va devenir la CFDT dans les années 1960

et là on s'approche

des catholiques de gauche au sens

classique du terme

et puis toute la mouvance

de l'action catholique spécialisée

la jeunesse ouvrière chrétienne, la jeunesse étudiante chrétienne

il y a tout un

un tissu militant

qui est extrêmement intéressant

parce que lorsque, à la suite de la guerre d'Algérie

la gauche classique

va rentrer en crise

ces gens là seront prêts à jouer un rôle

et ils joueront un rôle

dans la recomposition de la gauche

au cours des années 1960 et 1970

il faut évoquer maintenant

deux personnalités cadres de l'église

qui ont marqué le catholicisme de gauche

ou progressiste

l'évêque des vœux, Jacques Gaillot, évêque médiatique

militant contre les essais nucléaires

de le mariage homosexuel

pour une plus grande taxation des riches

il était pendant les années 80

de tous les combats de la gauche radicale

et écologiste, il a été relevé

bien sûr de ses fonctions en 1995

mais à ses obsèques

en avril 2023

fut lui un message plutôt chaleureux

du pape François

on l'écoute ici, on l'écoute Jacques Gaillot

sur France Culture en 1990

je pense que l'église doit vivre avec son temps

et qu'elle doit rencontrer son temps

et quelquefois qu'elle prend du retard

qu'elle accumule du retard par rapport

à des positions qui me semblent

de dépasser

à propos de la 2e guerre mondiale

vous reprochez à l'église son silence

par rapport notamment à la manière dont les juifs

ont été persécutés

effectivement, alors là je crois que

l'église aurait eu une parole forte

qui aurait été formidable pour le peuple juif

vous avez été en Algérie

et vous avez regretté là encore

que l'église ne prenne pas position contre la torture

certainement, avec le recul du temps

je me dis que ça aurait été formidable

qui est une parole forte de l'église dénonçant

les tortures en Algérie

dans un tout autre style

beaucoup plus polissé, François Marty

archévec de Paris nommé en 1968

alors il épousa bien son époque

dans la lignée du pape réformateur

Jean 23, Jean 23 est mort en 1963

il ne se

qualifie pas comme de gauche

le cardinal Marty, mais

il avait fait une réputation de progressistes

en affirmant que Dieu n'était pas conservateur

ici, il s'en explique

sur Antoine II en 1978

Dieu

n'est pas conservateur parce qu'il aime

les hommes là où ils sont

ils ne leur dictent pas telle forme

de société, telle forme de vie

non, ils les aiment partout

il n'a cependant un désir dans son amour

pour tous les hommes

c'est que les hommes trouvent déjà sur terre

le bonheur, puissent dépanouir leur personnalité

puissent vivre le

et quand il y a des

personnes malheureuses

Dieu est encore moins conservateur

il voudrait que ces conditions

changent

pour parler du catholicisme de gauche actuel

j'ai interrogé Anthony Favier

membre du comité éditorial de témoignage chrétien

historien, auteur

de Jean-Paul II L'ombre du Saint

avec Christine Pédotich et Alba Michel

il faut d'abord évoquer la Joc

la jeunesse ouvrière chrétienne, une organisation

toujours influente

en Belgique, dans les années 20

il y a un prêtre, l'abbé Cardaigne

qui pense que les ouvriers sont capables

de même d'avoir une organisation catholique

donc il va inventer l'action catholique spécialisée

et c'est un prêtre français

l'abbé Georges Guérin qui importe la formule

dans le diocèse de Paris

avec l'accord de ses supérieurs

de l'archévec de Paris et qui fait

la première organisation catholique

d'ouvriers entièrement

en prise en charge par des ouvriers

c'est-à-dire que le président, le secrétaire

et c'est pareil pour les filles, sont des cadres

ouvriers et que

ça doit être par une action sociale

concrète, on fait des enquêtes

on se documente, on fait des bureaux

de placement, on aide les jeunes à partir

en vacances aussi l'époque, des auberges de jeunesse

du camping, on répond à des problèmes concrets

et c'est comme ça qu'on se rapproche de Dieu

alors bon, aujourd'hui ça peut paraître

un peu évident mais c'était une petite

révolution entre guillemets à l'époque

et la Bégeorgie Guerrin va fonder la première

organisation pour les ouvriers et ça va tellement

bien marcher que ensuite les ruraux vont suivre

avec la Jacques et puis les dissérents

les étudiants avec la Jacques, etc

et dans ces organisations

la Jacques, la Jacques

flotte une idéologie

plutôt de gauche, c'est-à-dire

le progressisme, si on prend

ces trois organisations après-guerre

cette fois-ci, le progressisme

d'après-guerre imprègne

ces organisations qui vont

être le nid et presque le centre

de formation de beaucoup

de leaders syndicaux

et politiques de la pré-guerre

à l'origine, ils sont plutôt sur l'idée

qu'il faut contourner le politique par le social

vraiment, faut pas les meilleurs

débouchés, c'est le syndicalisme

syndicalisme chrétien-gricol, le syndicalisme

ouvrier

la CFTC, voilà exactement dans les années

2030, le politique est quand même

mis à distance

ce qui va les conduire vers le politique

à l'étention des années 40-50

et notamment l'épisode assez traumatisant

qu'à la seconde guerre mondiale

qui met les militants au prise de réalité

assez compliquée

sans forcément avoir l'accord des évêques

ils vont comprendre qu'ils peuvent pas les suivre

dans le péténisme donc ils vont remettre

en question leur loyauté

puis alors après, il y a des tas de théologies

qui circulent dans l'action catholique

par exemple Montuclart

ou Yves de Montcheuil

qui vont commencer à édire, on sera pas

crédibles auprès des noms catholiques

tant qu'on aura pas réglé les questions de justice

c'est-à-dire tant que quelqu'un ne sera pas

nourri à sa faim ou quand qu'il y aura pas

de l'emploi pour tout le monde

ou tant qu'il y aura des injustices flagrantes

on sera pas crédibles donc on va penser

on va lier l'évangélisation

à toucher les structures de la société

pour pouvoir être crédible

face aux autres êtres chrétiens

et cette bascule elle est beaucoup plus années

1940-1950

où les militants d'action catholique

vont moins hésiter

à un peu s'affranchir de la tutelle des évêques

et à un peu plus

passer vers une action plus politique

mais ça c'est vraiment dans les années 40-50

les noms de militants

n'est pas exceptionnel mais

c'est un militantisme assez virtuose

c'est-à-dire que c'est une pédagogie très exigeante

au niveau du temps qui fait

des cadres militants qui sont très efficaces

que l'école des cadres politiques

ou syndicaux alors ils sont très efficaces

quand ils sont catapultés dans le champ laïque

par rapport à leur homologue

qu'ont pas eu une formation dans l'éducation populaire

ils ont beaucoup plus performant

parce qu'il y a souvent un côté acétique

dans le militant d'action catholique

il y a plusieurs réunions par semaine

une discipline de vie

quand ces militants-là passent à une action plus laïque

souvent ils émergent parce qu'ils ont été très bien formés

On retrouve Denis Pelletier pour évoquer le rôle

et le poids des chrétiens

dans ce que l'on a appelé la deuxième gauche

de l'éducation catholique

Là il y a le PSU

le Parti Socialiste Unifié

où on retrouve des catholiques de gauche

le PSU à cette époque-là

est un parti un peu fourre-tout

où on trouve de vrais gauchistes

et puis des futurs sociodémocrates

comme Michel Rockard qui lui est protestant

mais c'est un havre

pour quelques catholiques de gauche aussi non ?

Le PSU c'est le premier parti

qui a vraiment joué un rôle

effectivement pour les catholiques de gauche

pour les chrétiens de gauche catholiques et protestants

ce qu'on va appeler ensuite la nouvelle gauche

ou la deuxième gauche

ce sont des déçus du communisme

ce sont des déçus de la séfio

et ce sont des déçus du MRP

c'est-à-dire des déçus de la démocratie chrétienne

qui vont essayer de repenser la gauche

dans les années 1960-1970

quelques déçus de

des gaullistes sociaux, des gaullistes de gauche

gaullistes de gauche qui étaient souvent chrétiens

Pisani, Buron

c'était l'homme idéal

l'homme politique selon leur coeur

Gilles Martinet figure de la deuxième gauche

journaliste et ambassadeur ici en 1998

chez l'ami Emmanuel Laurentin

sur France Culture

il évoque Pierre Madès France, juif agnostique

l'homme politique préféré des catholiques de gauche

il apparaissait comme un homme honnête

un homme rigoureux

qui dans la détermination

des chrétiens évoluant vers la gauche

est fondamental, c'est d'ailleurs pourquoi

la séfio n'a jamais eu

un militant chrétien dans ses ronds

On ne peut pas évoquer les chrétiens gauches

pas simplement les catholiques

sans parler des protestants

Michel Rocard protestant est l'autre homme d'état

préféré des catholiques de gauche

à l'un du AML sur France 2 en 1999

Les protestants étaient souvent des républicains

part de seul marché fournissait souvent

des élites sociales et intellectuelles

les républicains ils en jouaient et ils étaient disponibles

ils étaient moins compromis par les régimes précédents

beaucoup de catholiques reconnues

et symboliques de l'époque

ils ont joué un rôle immédiat dans l'établissement

de la république, ils ont joué surtout un rôle

par le canal de l'éducation

d'instruction publique dans lequel ils ont fourni

de nombreux ministres

il y a eu une empreinte protestante

discrète qui d'ailleurs enragait les catholiques de l'époque

il faut bien le dire

Quand on prend Michel Rocard

Pierre Jacques

ou Lionel Jospin

disons qu'ils prennent les choses au sérieux

qu'ils ont plutôt

le goût du service public, le sens du l'état

ils sont assez sobre de style

en règle générale un peu solennelle

ça m'amuse beaucoup quelquefois quand j'entends

Rocard, il y a des moments où je me dis

ça c'est un rythme de psaume ou presque

ils sont en règle générale quand même

plutôt moins démagogues que les autres

assez intellectuels finalement

Je n'aime pas que l'on mette mon catholicisme

en bandoulière

Jacques Delors, l'une des rares personnalités socialistes

a revendiqué son catholicisme

où l'on retrouve l'influence

d'Emmanuel Mounier

Je n'aime pas cela parce que

j'ai appris pendant la guerre

à respecter les non-croyants

j'avais eu reçu une éducation religieuse

mais

pendant la guerre j'ai vu des hommes

qui ne croyaient en rien

me quitter joyeusement en sachant

qu'ils n'en reviendraient pas

et ça ça m'a beaucoup marqué

et donc dès ce moment-là

ton catholiciste

tu le gardes pour toi

en revanche le fait que

j'ai la foi

explique mon itinéraire

j'ai été choqué

à l'école communale

lorsque j'ai vu que moi je pouvais aller où lisser

et que mes camarades ne pouvaient pas y aller

mais il est vrai que c'est la pensée

d'Emmanuel Mounier, la pensée personnaliste

qui m'a inspiré

même si aujourd'hui

Emmanuel Mounier soit critiqué à tort

soit ignoré

On retrouve Anthony Favier

de témoignages chrétiens, 2015

les débats sur le mariage pour tous

divisent les catho-progressistes

et y a-t-il un wokisme catho

et des hadistes catho ?

Faut pas non plus

exagérer non plus en 1968

lorsque le pape Paul VI

condamne le recours à la contraception chimique

pour les couples, pas pour les jeunes filles

à 15 ans, pour les couples

L'intergénéral de la jeunesse ouvrière chrétienne féminine

n'a d'être pas vieux

et pour le pape

contre la contraception chimique

aujourd'hui

lorsqu'il y a eu les débats

ce du mariage pour tous en 2013

l'exemple la joque de Nantes avait pris partie

en tant que fédération de Nantes

pour le mariage

on peut les retrouver

les catho de gauche

comme vous les appelez

sont traversés des mêmes clivages

de gauche

c'est-à-dire que cette opposition sociétale

sociale peut fonctionner

dans ces milieux-là

c'est-à-dire que le plus important

c'est le changement de structure sociale

c'est l'égalité, c'est la lutte des classes

et c'est pas les nouveaux combats de l'identité

même si réellement sur le terrain

ces jeunes militants d'action catholique

sont plutôt pour la recherche

d'un accord avec ce qui vive au quotidien

donc ils ont plutôt des pratiques inclusives

est-ce que c'est une question

un petit peu provocatrice

et peut-être un peu caricaturale

est-ce qu'il peut exister

un wokisme kato

un wokisme kato

est-ce qu'il y a une heure

je renvoie nos auditeurs

à notre émission sur le wokisme

qui montre bien que ce terme est tout à fait piégeux

mais je l'utilise avec de grosses guillemets

est-ce que

la théorie du genre

l'évolution de la pensée

sur toutes ces questions du genre

entre les hommes et les femmes

toutes les questions LGBT

est-ce que la vague mytho par exemple

on a vu que l'église était

tout à fait concernée

par tous ces sujets est-ce que ces questions

traversent le monde catholique

et engendrent

une réflexion sur la place

de l'homme, de la femme, sur la place

de la sexualité et du genre

oui alors quand on dit

que l'intime peut être changé

par la loi donc à partir de la contraception

l'avortement c'est les années 70-70

on va ponctuellement

retrouver des catholiques

dans des combats de la démocratie sexuelle

Jeanette Lahault

de la CFDT

va être dans les collectifs pour l'avortement

donc là on a une militante chrétienne

la fondatrice française

du planning familial

elle est ancienne gestiste

donc en fait on en a toujours eu

est-ce que comme

Jean Gabin dans Le Président

c'est comme les poissons volants

c'est pas la majorité du genre

oui c'est pas minoritaire

c'est pas minoritaire, n'empêche que

là on a pas encore parlé

d'homosexualité mais la plus vieille

organisation

homosexuelle de l'intérieur LGBT

à Paris est David et Jonathan

donc l'association chrétienne

qui a été fondée par des prêtres catholiques

donc comment dire, ils sont pas majoritaires

dans leur camp confessionnel

ils sont pas majoritaires dans leur camp idéologique

ils sont féministes ou pour la révolution LGBT

mais ils sont encore une fois présents

parce qu'ils ont des ressources militantes

des réseaux, une assise pour exister

donc oui dans les années 60

on a des féministes catholiques

après elles ont pas un débouché institutionnel

très fort au sein de leur groupe confessionnel

et que parfois

tous les militants confessionnels

chez les LGBT ou chez les féministes

on peut aussi les renvoyer

à leur appartenance religieuse

donc ils ont toujours un positionnement

parce que vous diriez qu'ils sont minoritaires

mais comme ils sont catholiques

le fait qu'ils aient ces positions

finalement ça leur confère

un pouvoir de conviction

sur la société

supérieure. Est-ce que c'est un facteur

d'accélération du progressisme ?

Alors sur le terrain des valeurs

du quotidien mais on pourrait avoir la même réflexion

en France et en Belgique

s'il n'y avait pas eu des organisations militantes

chrétiennes dans les associations

familiales de base

dans un endroit de la société

il n'y aurait pas eu un basculement de valeurs

sur la contraception

puis bien plus tard sur l'homosexualité

puis peut-être demain sur la transidentité

mais ça oui l'éthique de conviction

portée par des personnes chrétiennes

a sûrement pu rallier

des personnes sur ces thématiques

En France est-ce qu'aujourd'hui

dans le monde politique, le monde syndical

le monde médiatique

vous sentez une influence

du catholicisme de gauche

et de l'information en Denis Favier

sachant qu'on voit très bien

que les nouveaux prêtres

qui sont ordonnés ont l'air plutôt

de venir du scoutisme

d'Europe ou de la droite

et d'un monde plus réactionnaire

Alors ça dépend comment on regarde

c'est vrai qu'on a un peu une conjonction

des planètes, on est un Sophie Binet

qui est une ancienne de la jogue de Nantes

mais qui a toujours dit à fréquenter la jeunesse

ouvrière chrétienne sans avoir été croyante

c'est elle-même qui le dit

qui a fini son mandat à la CFDT

qui est clairement dans la matrice intellectuelle

des chrétiens de gauche

on a la maire de Poitiers, Europe Ecologie

les Verts qui est pareil et vient des éclaireurs

on a le maire de Grenoble

le maire de Lyon

tous ont revendiqué

Cécile du Flot, tous ont revendiqué

une appartenance à ça

mais il ne faut pas que ces têtes de pont

du midi d'identisme

politique ou sociale nous fassent oublier

la dure réalité de la sociologie

électorale

la France pratiquante

qui va à la messe

et plus à droite que le reste de la société

française, ça n'empêche pas qu'il existe

des minorités qui ne se conforment pas

à ce que vote la majorité

par contre ce qui est sûr c'est qu'on a

des organisations nouvelles, on voit un petit

frémissement, on peut voir

autour de certains cafés, catho

parce que c'est quelque chose qui marche bien aujourd'hui

le Simone

Alion, le Dorothi

à Paris, des jeunes

qui montent des organisations qui se revendiquent

de choses plus à gauche, Dorothi

le Dorothi dans 19e Vendissement de Paris

c'est en honneur de Dorothider

une anarchiste chrétienne américaine

qui volait dans les supermarchés pour donner

aux gens qui avaient faim. Quand on regarde ces nouvelles

organisations par exemple le Festival des poussières

qui a eu lieu du collectif Anastasis

on n'est quand même pas

non plus sur la culture des autres gauches chrétiennes

on est beaucoup plus dans

l'anarchisme chrétien, dans la critique de l'État

on n'a pas un discours de forte

acceptation de la laïcité, de la défense

de la laïcité. En fait

les catho de gauche d'aujourd'hui ont les mêmes clivages

que les autres forces de gauche

donc on peut retrouver chez eux

une sorte, je vous parlais de wokisme de gauche

c'était un peu caricatural, il y aurait peut-être

un zadisme de gauche. Oui c'est un plus

oui c'est à dire l'idée qu'il ne faut pas attendre

de l'État tout et que ce sera

le premier opérateur du changement

ce sera des petites communautés utopistes

qui d'elles-mêmes vont

faire une société plus juste et fraternelle

ça parle beaucoup plus à ces jeunes catho de gauche

mais ça pose des tas de questions et c'est peut-être

lié à leur sociologie d'extraction

parce que souvent ils sont issus d'une bourgeoisie

droite et que qu'ils le veuille ou non

ils ont un peu transféré un rapport critique

à l'État et à la République

dans leur façon de voir les choses.

Misericordieux aujourd'hui

tout le monde est formidable, même Remisistillaga

qui est à la technique, demain dimanche

aujourd'hui seigneur, vous pouvez réécouter

cette émission comme tous les dimanches

à 23h et la podcastée quand bon vous semble

d'ici là n'oubliez pas

si vous ne vous intéressez pas la politique

c'est la politique qui s'intéressera à vous

merci

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durée :00:48:14 - En quête de politique - par : Thomas Legrand - Le catholicisme de « gauche », isme issu de l'union selon des points de vue le plus souvent largement divergents, de branches du christianisme et d’inclinations politiques, a engendré depuis la révolution française jusqu’à nos jours toute une lignée de prêtres et de responsables politiques.